Extrait du grimoire de « L'Arbre Mère, les racines sinueuses ».
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Le vent soufflait délicatement en cette nuit du dixième augure de l'eau, laissant en son passage les herbes se plier et danser dans une union quasi parfaite. Il était tard, et la Lune, accompagnée par son amie la Nuit, s'était emparée des cieux pour étendre de sa douce aura les contrées d'Everthia, aux abords de la mer Jyfen. Les étoiles s'illuminaient sur le tableau des astres, alors que quelques rebelles s'enfuyaient vers l'horizon en laissant derrière leur apparition éphémère qu'une fine poussière étincelante. Le clapotis des vagues s'éteignant telle une caresse en aval de la grande plaine devint presque un doux chant dont on pouvait facilement se laisser bercer, se prônant maître des lieux où le silence était loi.
Cette contrée était un lieu que les Sylvains appréciaient particulièrement, et il n'était guère rare de voir plusieurs caravanes de Familles dépasser les frontières pour s'installer ici. Tous refusaient de pervertir une telle beauté naturelle par des constructions de grande ampleur ; les tours n'auraient fait que tâcher le ciel, et les monuments souillés la terre. C'était pour tous une immense toile digne des plus grands artistes qui ne devait être abîmée par les visiteurs chanceux.
Il était ainsi facile de découvrir avec plusieurs heures de marche plusieurs petits villages ou maisons isolées aux abords des forêts ou de la falaise. La majorité de la Contrée d'Everthia était une plaine dotée de quelques fleurs parsemant de leurs couleurs l'étendue verdoyante. La Forêt d'Hestia, qui était une de plus impressionnante de par sa taille et la richesse de sa flore délimitait les terres par le sud, alors que la mer traçait en des falaises abruptes les frontières des autres points cardinaux. Le seul chemin pour parvenir en Everthia était le sentier qui traversait la Forêt, empêchant ainsi un nombre considérable de maraudeurs ou de visiteurs.
Aucune hiérarchie n'avait été établie en ces terres pour ainsi favoriser le partage des biens et le respect d'autrui naturel. Cela ne posait guère de soucis aux Sylvains qui étaient bien heureux de pouvoir s'adonner à une entière liberté en la Mère Nature. De par ce fait, aucun véritable commerce n'existait, et tout était affaire de trocs ou d'échanges, partageant les biens équitablement dans une entente cordiale et fraternelle.
La famille Eldaron possédait une chaumière modeste se trouvant aux abords de la falaise à l'est qu'ils appelaient « La Falaise Rougeoyante » de par la naissance du soleil à l'horizon chaque matin qui donnait ce panel de couleur somptueux. Construite avec l'Art Elfique mais aussi une profonde modestie, la demeure n'était guère imposante mais chaleureuse avec ses courbes arrondies et l'épaisse fumée sortant presque continuellement de sa cheminée.
Ivaen Eldaron était un jeune Elfe de plus de deux siècles qui avait passé une bonne partie de son existence en les Bibliothèques en tant qu'Erudit. Rare arcaniste de la Contrée, il aimait apprendre et discuter longuement avec ses pairs pour satisfaire sa soif de connaissance. Beaucoup l'appréciaient pour son éternelle gentillesse, tout en montrant une certaine admiration à son égard ; et cela plaisait fort bien à celui-ci qui aimait particulièrement impressionner ou entretenir son public, au grand damne de son épouse.
Ewalyth Eldaron, quant à elle, était une honorable herboriste qui suivait l'artisanat familial de mère en fille. Profitant des nombreux spécimens de plantes et champignons se trouvant en la Forêt d'Hestia, elle passait la plupart de ses matinées à cueillir ses ingrédients ou de la nourriture pour revenir au zénith préparer le repas, et le reste de la journée à concocter ses onguents que bon nombre de Sylvains de la Contrée appréciaient. Elle était charmante et discrète, mais formait un parfait couple avec Ivaen : bien que très peu assidue de grimoires, elle aimait l'écouter pendant des heures raconter les légendes ou connaissances de ce monde.
Le couple était banal et peu désireux d'accomplir de grandes choses, connaissait ses hauts et ses bas, mais ils s'aimaient toujours et encore au-delà des années, et tel était leur plus grand bien.
De cet amour naquit une petite fille du doux nom de Syrwen, lors de cet dixième augure de l'eau. Et très vite, ses premiers cris sous le regard émerveillé et protecteur de ses parents résonna avec le clapotis des vagues telle la plus douce mélopée.
Cette contrée était un lieu que les Sylvains appréciaient particulièrement, et il n'était guère rare de voir plusieurs caravanes de Familles dépasser les frontières pour s'installer ici. Tous refusaient de pervertir une telle beauté naturelle par des constructions de grande ampleur ; les tours n'auraient fait que tâcher le ciel, et les monuments souillés la terre. C'était pour tous une immense toile digne des plus grands artistes qui ne devait être abîmée par les visiteurs chanceux.
Il était ainsi facile de découvrir avec plusieurs heures de marche plusieurs petits villages ou maisons isolées aux abords des forêts ou de la falaise. La majorité de la Contrée d'Everthia était une plaine dotée de quelques fleurs parsemant de leurs couleurs l'étendue verdoyante. La Forêt d'Hestia, qui était une de plus impressionnante de par sa taille et la richesse de sa flore délimitait les terres par le sud, alors que la mer traçait en des falaises abruptes les frontières des autres points cardinaux. Le seul chemin pour parvenir en Everthia était le sentier qui traversait la Forêt, empêchant ainsi un nombre considérable de maraudeurs ou de visiteurs.
Aucune hiérarchie n'avait été établie en ces terres pour ainsi favoriser le partage des biens et le respect d'autrui naturel. Cela ne posait guère de soucis aux Sylvains qui étaient bien heureux de pouvoir s'adonner à une entière liberté en la Mère Nature. De par ce fait, aucun véritable commerce n'existait, et tout était affaire de trocs ou d'échanges, partageant les biens équitablement dans une entente cordiale et fraternelle.
La famille Eldaron possédait une chaumière modeste se trouvant aux abords de la falaise à l'est qu'ils appelaient « La Falaise Rougeoyante » de par la naissance du soleil à l'horizon chaque matin qui donnait ce panel de couleur somptueux. Construite avec l'Art Elfique mais aussi une profonde modestie, la demeure n'était guère imposante mais chaleureuse avec ses courbes arrondies et l'épaisse fumée sortant presque continuellement de sa cheminée.
Ivaen Eldaron était un jeune Elfe de plus de deux siècles qui avait passé une bonne partie de son existence en les Bibliothèques en tant qu'Erudit. Rare arcaniste de la Contrée, il aimait apprendre et discuter longuement avec ses pairs pour satisfaire sa soif de connaissance. Beaucoup l'appréciaient pour son éternelle gentillesse, tout en montrant une certaine admiration à son égard ; et cela plaisait fort bien à celui-ci qui aimait particulièrement impressionner ou entretenir son public, au grand damne de son épouse.
Ewalyth Eldaron, quant à elle, était une honorable herboriste qui suivait l'artisanat familial de mère en fille. Profitant des nombreux spécimens de plantes et champignons se trouvant en la Forêt d'Hestia, elle passait la plupart de ses matinées à cueillir ses ingrédients ou de la nourriture pour revenir au zénith préparer le repas, et le reste de la journée à concocter ses onguents que bon nombre de Sylvains de la Contrée appréciaient. Elle était charmante et discrète, mais formait un parfait couple avec Ivaen : bien que très peu assidue de grimoires, elle aimait l'écouter pendant des heures raconter les légendes ou connaissances de ce monde.
Le couple était banal et peu désireux d'accomplir de grandes choses, connaissait ses hauts et ses bas, mais ils s'aimaient toujours et encore au-delà des années, et tel était leur plus grand bien.
De cet amour naquit une petite fille du doux nom de Syrwen, lors de cet dixième augure de l'eau. Et très vite, ses premiers cris sous le regard émerveillé et protecteur de ses parents résonna avec le clapotis des vagues telle la plus douce mélopée.
* Ecole de Magie : L'Ecole fut détruite après la Grande Trahison. Ce sont à présent des ruines. (Elven Ruins, sur Talking Island) http://img3.imageshack.us/i/elvenruins.jpg/
* Obélisque de la Victoire : Le monument représente une colonne se dirigeant vers les Divins avec les Quatre Héros de l'Alliance de chaque côté. (Obelisk of Victory, Talking Island) http://img190.imageshack.us/i/obeliskofvictory5.jpg/
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Les jours passaient et se ressemblaient, mais la petite Syrwen ne le remarquait pas.
Possédant de grands yeux bleus comme son père et de longs cheveux blonds bouclés comme sa mère, elle était d'une beauté fragile et innocente comparable à une poupée. Tout en son être était gentillesse et naïveté, lui conférant ce petit air adorable et apaisant que les voisins aimaient regarder.
Elle passa la plupart de sa jeunesse à écouter avidement les dires de son père au bord de la Falaise Rougeoyante ou à suivre sa mère en ses marches dès l'aube. L'éducation riche et surveillée conférée par ses parents lui permit rapidement à lire, écrire, et ainsi à s'intéresser davantage en fouillant dans les bibliothèques de la chaumière. Syrwen appréciait particulièrement les légendes qu'elle trouvait dans certains grimoires poussiéreux, et passait beaucoup de temps à regarder l'horizon en s'imaginant qu'au-delà de la mer Jifen se passait mille-et-un périples entraînant d'impressionnants guerriers ou puissants mages. L'imagination était sa plus fidèle compagne, la suivant de l'aurore jusqu'à ses nuits.
La jeune Syrwen ne s'intéressait point à une chose en particulier, mais préférait s'adonner à de nombreuses activités autant futiles qu'importantes. Son père, à la stupeur de tous, semblait même apprécier cela en affirmant que « en un certain sens, elle peut même se montrer reconnaissante de ne pas avoir été vouée à un secteur d'intérêt particulier : en évitant des buts spécifiques, elle évitait des limitations spécifiques. Le monde entier, la vie elle-même s'offraient maintenant à elle. »
Tous ne pouvaient qu'acquiescer comme d'habitude à de si sages paroles.
La mère, quant à elle, accordait la vérité en ses propos, mais s'inquiétait néanmoins pour son avenir.
Les inquiétudes d'Ewalyth se dissipèrent très rapidement quand sa fille se voua une passion incommensurable pour l'Art. Depuis que le Vieux Harod lui avait joué un morceau de son vieux violon sous son regard émerveillé, elle se rendait chaque matin à sa demeure pour l'écouter encore et encore, assidue et assoiffée des moindres notes. Quel fut son bonheur lorsque l'Ancien lui céda son instrument, par une matinée d'été !
Dès lors, Syrwen passa la plus grande partie de son temps à s'entraîner au violon sous le regard bienveillant de son nouveau tuteur qui était bien heureux lui aussi de partager sa jeunesse rafraîchissante. Les deux acolytes s'adonnaient à leur Art loin de toute habitation pour ne déranger leurs pairs, et passaient des heures et des heures à faire danser l'archet sur les cordes du vieil instrument. La jeune Sylvaine écoutait les conseils de son mentor avec sagesse, et s'inspirait « de chaque élément, chaque bruit environnant, pour laisser sa main dessiner les courbes de ces bruits » comme il ne cessait de lui dire. Très vite, elle excella en ce domaine mais était encore bien trop timide pour jouer devant quiconque. Elle refusait au grand dam de ses parents ne comprenant une telle timidité ; mais pour Syrwen, la perfection était la seule chose qui devait demeurer écoutable, et elle n'avait la prétention de cela.
Possédant de grands yeux bleus comme son père et de longs cheveux blonds bouclés comme sa mère, elle était d'une beauté fragile et innocente comparable à une poupée. Tout en son être était gentillesse et naïveté, lui conférant ce petit air adorable et apaisant que les voisins aimaient regarder.
Elle passa la plupart de sa jeunesse à écouter avidement les dires de son père au bord de la Falaise Rougeoyante ou à suivre sa mère en ses marches dès l'aube. L'éducation riche et surveillée conférée par ses parents lui permit rapidement à lire, écrire, et ainsi à s'intéresser davantage en fouillant dans les bibliothèques de la chaumière. Syrwen appréciait particulièrement les légendes qu'elle trouvait dans certains grimoires poussiéreux, et passait beaucoup de temps à regarder l'horizon en s'imaginant qu'au-delà de la mer Jifen se passait mille-et-un périples entraînant d'impressionnants guerriers ou puissants mages. L'imagination était sa plus fidèle compagne, la suivant de l'aurore jusqu'à ses nuits.
La jeune Syrwen ne s'intéressait point à une chose en particulier, mais préférait s'adonner à de nombreuses activités autant futiles qu'importantes. Son père, à la stupeur de tous, semblait même apprécier cela en affirmant que « en un certain sens, elle peut même se montrer reconnaissante de ne pas avoir été vouée à un secteur d'intérêt particulier : en évitant des buts spécifiques, elle évitait des limitations spécifiques. Le monde entier, la vie elle-même s'offraient maintenant à elle. »
Tous ne pouvaient qu'acquiescer comme d'habitude à de si sages paroles.
La mère, quant à elle, accordait la vérité en ses propos, mais s'inquiétait néanmoins pour son avenir.
Les inquiétudes d'Ewalyth se dissipèrent très rapidement quand sa fille se voua une passion incommensurable pour l'Art. Depuis que le Vieux Harod lui avait joué un morceau de son vieux violon sous son regard émerveillé, elle se rendait chaque matin à sa demeure pour l'écouter encore et encore, assidue et assoiffée des moindres notes. Quel fut son bonheur lorsque l'Ancien lui céda son instrument, par une matinée d'été !
Dès lors, Syrwen passa la plus grande partie de son temps à s'entraîner au violon sous le regard bienveillant de son nouveau tuteur qui était bien heureux lui aussi de partager sa jeunesse rafraîchissante. Les deux acolytes s'adonnaient à leur Art loin de toute habitation pour ne déranger leurs pairs, et passaient des heures et des heures à faire danser l'archet sur les cordes du vieil instrument. La jeune Sylvaine écoutait les conseils de son mentor avec sagesse, et s'inspirait « de chaque élément, chaque bruit environnant, pour laisser sa main dessiner les courbes de ces bruits » comme il ne cessait de lui dire. Très vite, elle excella en ce domaine mais était encore bien trop timide pour jouer devant quiconque. Elle refusait au grand dam de ses parents ne comprenant une telle timidité ; mais pour Syrwen, la perfection était la seule chose qui devait demeurer écoutable, et elle n'avait la prétention de cela.
Extrait du grimoire de « L'Arbre Mère, les racines sinueuses ».
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C'était une fraîche matinée d'hiver, la jeune Syrwen s'en souvenait fort bien.
Les tambours de guerre avaient résonné de l'autre côté de la lisière de la Forêt d'Hestia à l'aurore, réveillant bon nombre de Sylvains. Les regards se tournaient tous, apeurés et inquiets, vers cette étendue verdâtre qui semblait bien obscure depuis les notes s'envolant comme un requiem. Que se passait-il, de l'autre côté, en la Contrée d'Herwëën ? Nul ne le savait, et les pires fabulations s'inventaient et se dissipaient en chaque esprit pour les embuer davantage.
La jeune Elfe se rappelle avoir entendu dans la froideur de cette matinée avec les autres à la lisière, le regard perdu entre la végétation, emmitouflée d'une peau de mouton donnée par sa mère. Son petit être était emprisonné en les bras protecteurs de son père qui restait muet malgré les murmures de son épouse. Il se doutait de ce qu'il se passait, mais préférait taire l'impensable.
Soudainement, les ombres d'une Légion de plusieurs centaines de Guerriers Sylvains se dessinèrent sur le sentier escarpé, sous les petits cris d'étonnement des villageois. Plusieurs hommes s'avancèrent vers eux d'un pas rapide pour poser les questions que tous se posaient en un brouhaha conséquent, et la réponse tomba aussi lourdement que la hache du bourreau : la Guerre approchait à grands pas, et le Corps Armé des Humains arriverait d'ici une poignée de Lunes ici.
Syrwen ne comprenait point ce qu'il se passait ou même l'ampleur de l'événement ; mais les pleurs de sa mère en disaient bien long sur la tragédie qui était en train de se tramer.
Lentement, les hommes de la Contrée furent obligés de rejoindre la Légion pour défendre la cause de leur Peuple, sous les sanglots de leurs familles qui tentaient de les retenir vainement. Ivaen en faisait de même, tel un damné, sous le regard embué de sa femme et l'expression d'incompréhension de sa fille. Il savait qu'il n'avait le choix, que ses connaissances en les Arcanes jouaient en sa défaveur, et qu'il devait agir ainsi. « Je ne pourrai plus jamais sourire si j'entache mon Honneur. Il est temps pour moi de continuer à écrire l'Histoire de notre peuple avec les nôtres ».
Ce fut la dernière fois que Syrwen vit son père, et même ses cris ne purent le retenir.
La Guerre débuta en la Forêt d'Hestia, et les cris des lames s'abattant ou des sorts sifflant aux quatre coins de la végétation résonnaient en toute la Contrée comme la plus douce horreur. Les Sylvains, accompagnés de leurs enfants, furent obligés de se retirer au-delà des monts où certains s'étaient arrêtés pour contempler le massacre en aval. La frondaison luxuriante qui cachait auparavant la bataille tombait peu à peu sous les marches et combats des deux corps armés, n'offrant derrière eux qu'un chaos inexplicable. Les tambours de guerre et les cris se mêlaient pour s'envoler vers les cieux, se laissant parfois entrecouper par le bruit sourd de canon envoyant leurs boulets s'écraser au loin sur l'adversaire.
Syrwen se rappelle très bien de cette Guerre qu'elle comprenait peu à peu à mesure que l'ignoble spectacle se déroulait sous ses yeux. Elle se souvient de la main glaciale de sa mère qui protégeait son regard, laissant juste entrapercevoir des explosions de couleurs de part la Magie ou les flammèches s'embrasant aux quatre coins de la Forêt ; ou encore ses deux immenses et incroyables Araignées qui se battaient avec leurs pairs.
Puis vint alors l'Horreur. Un cataclysme comme le Monde n'en avait que peu connu, s'élevant sous forme d'un épais ruban bleuté vers les cieux pour pourfendre les nuages, avant de retomber avec fracas pour balayer sous forme d'onde toute forme de vie aux alentours. Le choc fut incroyable, au point d'embraser et détruire toute la Forêt d'Hestia en calcinant plaines et végétation, s'étendant même jusqu'aux Villages de la Contrée pour les souffler comme un château de paille. Sous la puissance, la terre se fendit et des parcelles s'écroulèrent pour sombrer en la mer en un brouhaha assourdissant. La colline sur laquelle se trouvait les Caravanes du reste d'Everthia fut partiellement détruite, entrainant plusieurs Familles en contrebas alors que le souffle balayait le reste.
Tout n'était plus que désert et mort, laissant cette auparavant somptueuse Contré comme le pire des Enfers. Les plaines n'étaient plus qu'une triste scène de linceul où les morts ne se comptaient plus, mais se pleuraient simplement.
Une mélodie d'un violon à la perfection et à la tristesse somptueuses s'envola quelques heures plus tard au-dessus de la feue Contrée d'Everthia, résonnant comme l'unique sanglot de tout un Peuple.
Les tambours de guerre avaient résonné de l'autre côté de la lisière de la Forêt d'Hestia à l'aurore, réveillant bon nombre de Sylvains. Les regards se tournaient tous, apeurés et inquiets, vers cette étendue verdâtre qui semblait bien obscure depuis les notes s'envolant comme un requiem. Que se passait-il, de l'autre côté, en la Contrée d'Herwëën ? Nul ne le savait, et les pires fabulations s'inventaient et se dissipaient en chaque esprit pour les embuer davantage.
La jeune Elfe se rappelle avoir entendu dans la froideur de cette matinée avec les autres à la lisière, le regard perdu entre la végétation, emmitouflée d'une peau de mouton donnée par sa mère. Son petit être était emprisonné en les bras protecteurs de son père qui restait muet malgré les murmures de son épouse. Il se doutait de ce qu'il se passait, mais préférait taire l'impensable.
Soudainement, les ombres d'une Légion de plusieurs centaines de Guerriers Sylvains se dessinèrent sur le sentier escarpé, sous les petits cris d'étonnement des villageois. Plusieurs hommes s'avancèrent vers eux d'un pas rapide pour poser les questions que tous se posaient en un brouhaha conséquent, et la réponse tomba aussi lourdement que la hache du bourreau : la Guerre approchait à grands pas, et le Corps Armé des Humains arriverait d'ici une poignée de Lunes ici.
Syrwen ne comprenait point ce qu'il se passait ou même l'ampleur de l'événement ; mais les pleurs de sa mère en disaient bien long sur la tragédie qui était en train de se tramer.
Lentement, les hommes de la Contrée furent obligés de rejoindre la Légion pour défendre la cause de leur Peuple, sous les sanglots de leurs familles qui tentaient de les retenir vainement. Ivaen en faisait de même, tel un damné, sous le regard embué de sa femme et l'expression d'incompréhension de sa fille. Il savait qu'il n'avait le choix, que ses connaissances en les Arcanes jouaient en sa défaveur, et qu'il devait agir ainsi. « Je ne pourrai plus jamais sourire si j'entache mon Honneur. Il est temps pour moi de continuer à écrire l'Histoire de notre peuple avec les nôtres ».
Ce fut la dernière fois que Syrwen vit son père, et même ses cris ne purent le retenir.
La Guerre débuta en la Forêt d'Hestia, et les cris des lames s'abattant ou des sorts sifflant aux quatre coins de la végétation résonnaient en toute la Contrée comme la plus douce horreur. Les Sylvains, accompagnés de leurs enfants, furent obligés de se retirer au-delà des monts où certains s'étaient arrêtés pour contempler le massacre en aval. La frondaison luxuriante qui cachait auparavant la bataille tombait peu à peu sous les marches et combats des deux corps armés, n'offrant derrière eux qu'un chaos inexplicable. Les tambours de guerre et les cris se mêlaient pour s'envoler vers les cieux, se laissant parfois entrecouper par le bruit sourd de canon envoyant leurs boulets s'écraser au loin sur l'adversaire.
Syrwen se rappelle très bien de cette Guerre qu'elle comprenait peu à peu à mesure que l'ignoble spectacle se déroulait sous ses yeux. Elle se souvient de la main glaciale de sa mère qui protégeait son regard, laissant juste entrapercevoir des explosions de couleurs de part la Magie ou les flammèches s'embrasant aux quatre coins de la Forêt ; ou encore ses deux immenses et incroyables Araignées qui se battaient avec leurs pairs.
Puis vint alors l'Horreur. Un cataclysme comme le Monde n'en avait que peu connu, s'élevant sous forme d'un épais ruban bleuté vers les cieux pour pourfendre les nuages, avant de retomber avec fracas pour balayer sous forme d'onde toute forme de vie aux alentours. Le choc fut incroyable, au point d'embraser et détruire toute la Forêt d'Hestia en calcinant plaines et végétation, s'étendant même jusqu'aux Villages de la Contrée pour les souffler comme un château de paille. Sous la puissance, la terre se fendit et des parcelles s'écroulèrent pour sombrer en la mer en un brouhaha assourdissant. La colline sur laquelle se trouvait les Caravanes du reste d'Everthia fut partiellement détruite, entrainant plusieurs Familles en contrebas alors que le souffle balayait le reste.
Tout n'était plus que désert et mort, laissant cette auparavant somptueuse Contré comme le pire des Enfers. Les plaines n'étaient plus qu'une triste scène de linceul où les morts ne se comptaient plus, mais se pleuraient simplement.
Une mélodie d'un violon à la perfection et à la tristesse somptueuses s'envola quelques heures plus tard au-dessus de la feue Contrée d'Everthia, résonnant comme l'unique sanglot de tout un Peuple.
Extrait du grimoire de « L'Arbre Mère, les racines sinueuses ».