Dans la demeure, un cri de nourrisson raisonne. Premier cri, premier pleur, face à ce nouveau monde qui s’offre à ce petit être. Mylène, l’heureuse mais épuisée mère tend les bras vers son nouvel enfant que la sage femme vient de succinctement laver et emmailloter. Elle est belle. Déjà le regard aimant et protecteur de sa mère la calme, adoucissant ses peines. Emilion, son père, est proche de son épouse, venant la serrer dans ses bras avec leur nouvel enfant, leur troisième fille. Ainsi est née Blanche, comme cette nuit à l’hiver exceptionnellement enneigé sur ces terres environnantes de Gludin, les terres de la famille de Beauvallon. Haute dans le ciel, la lune était présente, veillant déjà sur le repos de cette nouvelle vie fraichement éclose.
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Troisième fille, mais cinquième enfant. Deux frères également, plus âgés qu’elle. Elle fut la dernière. Au tempérament doux et calme, Blanche bénéficia d’une vie privilégiée, loin de toutes peines et contraintes en dehors de son éducation. Pour certains, elle pourrait paraitre réservée. Mais bien vite, ils peuvent se rendre compte qu’il n’en est rien, restant simplement discrète et attentive, écoutant et observant, n’intervenant que si nécessaire.
Son éducation suivit les nécessités du statut de sa famille. Elle apprit à lire et à écrire dès qu’elle fut en âge de le faire, à se tenir en société, à monter à cheval, à tenir sa place là où elle était attendue.
Ce qui fut cependant une de ses particularités revient à son précepteur. Celui ayant suivit ses ainés ne pouvant s’occuper de son éducation du fait de son âge avancé, ce fut un elfe qui la prit en charge. Connaissance de la famille, il avait accepté de s’occuper de son enseignement, lui apprenant certaines choses de la vie, mais surtout, suite à la curiosité insatiable de Blanche, à lire, écrire et parler l’elfique.
Son enfance fut donc calme et placide. Ses parents présents lui donnèrent l’attention que leur permettaient leurs activités mondaines. Aimants, ils répondirent à ses moindres demandes, d’autant aisément plus qu’elles étaient rares et raisonnables.
Son précepteur resta auprès d’elle jusqu’à sa seizième année. Par la suite, Blanche dut quitter la demeure familiale. Fervents fidèles d’Einhasad, du moins, de notoriété publique, Mylène et Emilion avaient décidé d’offrir leur cadette au culte de la Très Sainte Mère. C’est lorsqu’elle fut en âge d’apprendre et de comprendre sa destiné qu’elle partit pour le Temple de Gludin, rejoignant l’Ordre des prêtres et prêtresse, commençant ainsi sa formation au service de la déesse.
La séparation ne fut pas des plus aisée. Intérieurement, Blanche était attachée à sa famille, même si elle comprenait et ressentait l’honneur d’un tel choix et d’une telle vocation. Elle prit donc sur elle, et se lança corps et âme dans cette nouvelle vie tournée vers les autres et vers Einhasad.
Elle resta deux années au service du Temple, commençant à recevoir l’enseignement des soins principalement. Herboristerie, pharmacopée, soins traditionnels, elle aidait les guérisseurs, apprenant la théorie et pratiquant auprès d’eux, les observant, affinant ses connaissances. Le reste de son temps était partagé entre la théologie et la découverte de la bibliothèque du Temple.
Ce fut bien cette dernière qu’elle apprécia sans doute le plus et qui lui permit de mieux s’adapter. Une soif de connaissance s’était développée face à l’immensité -du moins à ses yeux- des connaissances présentes dans ses livres si soigneusement rangés et classifiés. Ce fut sans doute inconsciemment un échappatoire pour mieux vivre cette séparation. Mais elle passait le plus clair de son temps libre à la bibliothèque, parcourant livres et parchemins. Ils traitaient principalement d’Einhasad, de témoignages de prêtres et prêtresses passés, de soin, de théologie. Quelques rares écrits parlaient des terres de son pays qu’elle ne connaissait finalement pas, tous ceux-ci furent lus et relus.
Elle serait restée probablement quelques années supplémentaires au Temple de Gludin, voire même quelques décennies, si un évènement tragique n’était survenu. Sans crier gare, la cité se trouva assiégée puis envahie. Arrivés par la mer, plusieurs navires pirates accostèrent et prirent le port, puis la cité. L’alerte fut donnée, mais bien tardivement. Le Temple fut en partie évacué afin de mettre en lieu sûr les malades et blessés qui y étaient. Encore jeune novice, Blanche fit partie de ceux qui les menèrent. Elle se retrouva finalement à Giran, capitale royale, avec les réfugiés apeurés et désespérés. Rejoignant le Temple, elle y resta au service du culte, aidant de son mieux en cette période de trouble.
Celui-ci était plus imposant, plus grand. Sa structure interne était différente également, de même que l’ambiance qui y régnait, moins provinciale.
Blanche resta sans nouvelle de sa famille, ne sachant dire s’ils étaient menacés par ce qu’elle apprit être plus tard les Marins. Elle n’avait pu qu’entrapercevoir leur chef sur place, reconnaissable à son charisme et à l’arme imposante et scintillante qu’il portait. Le peu qu’elle avait pu voir montrait une sauvagerie sans égal, à glacer le sang.
Elle angoissait intérieurement, bien que cherchant à étouffer ce sentiment qui ne lui apporterait rien de bon, détournant simplement son esprit des tâches qu’elle devait accomplir.
Les premiers temps furent chaotiques, le Temple devant se réorganiser et subvenir aux nécessités en soins et logements des réfugiés, d’autant plus accablés par ce froid incroyablement présent. Puis les évènements se calmèrent petit à petit, une nouvelle organisation prenant place, un nouveau rythme de vie. Elle avait à faire, elle n’était pas démunie, mais elle se sentait seule, presque vide parfois. Elle trouvait dans l’aide aux autres un réconfort certain, mais un trou s’était creusé en elle, un vide, un espace insondable, dont elle n’arrivait à déterminer précisément l’origine. Elle n’en montra rien cependant, ne pouvant, et ne voulant, laisser percevoir cette faiblesse. Prenant sur elle, elle chercha à la comprendre, à la combler, essayant d’elle-même à combattre ce malaise qui l’envahissait insidieusement, mais irrémédiablement.
Son éducation suivit les nécessités du statut de sa famille. Elle apprit à lire et à écrire dès qu’elle fut en âge de le faire, à se tenir en société, à monter à cheval, à tenir sa place là où elle était attendue.
Ce qui fut cependant une de ses particularités revient à son précepteur. Celui ayant suivit ses ainés ne pouvant s’occuper de son éducation du fait de son âge avancé, ce fut un elfe qui la prit en charge. Connaissance de la famille, il avait accepté de s’occuper de son enseignement, lui apprenant certaines choses de la vie, mais surtout, suite à la curiosité insatiable de Blanche, à lire, écrire et parler l’elfique.
Son enfance fut donc calme et placide. Ses parents présents lui donnèrent l’attention que leur permettaient leurs activités mondaines. Aimants, ils répondirent à ses moindres demandes, d’autant aisément plus qu’elles étaient rares et raisonnables.
Son précepteur resta auprès d’elle jusqu’à sa seizième année. Par la suite, Blanche dut quitter la demeure familiale. Fervents fidèles d’Einhasad, du moins, de notoriété publique, Mylène et Emilion avaient décidé d’offrir leur cadette au culte de la Très Sainte Mère. C’est lorsqu’elle fut en âge d’apprendre et de comprendre sa destiné qu’elle partit pour le Temple de Gludin, rejoignant l’Ordre des prêtres et prêtresse, commençant ainsi sa formation au service de la déesse.
La séparation ne fut pas des plus aisée. Intérieurement, Blanche était attachée à sa famille, même si elle comprenait et ressentait l’honneur d’un tel choix et d’une telle vocation. Elle prit donc sur elle, et se lança corps et âme dans cette nouvelle vie tournée vers les autres et vers Einhasad.
Elle resta deux années au service du Temple, commençant à recevoir l’enseignement des soins principalement. Herboristerie, pharmacopée, soins traditionnels, elle aidait les guérisseurs, apprenant la théorie et pratiquant auprès d’eux, les observant, affinant ses connaissances. Le reste de son temps était partagé entre la théologie et la découverte de la bibliothèque du Temple.
Ce fut bien cette dernière qu’elle apprécia sans doute le plus et qui lui permit de mieux s’adapter. Une soif de connaissance s’était développée face à l’immensité -du moins à ses yeux- des connaissances présentes dans ses livres si soigneusement rangés et classifiés. Ce fut sans doute inconsciemment un échappatoire pour mieux vivre cette séparation. Mais elle passait le plus clair de son temps libre à la bibliothèque, parcourant livres et parchemins. Ils traitaient principalement d’Einhasad, de témoignages de prêtres et prêtresses passés, de soin, de théologie. Quelques rares écrits parlaient des terres de son pays qu’elle ne connaissait finalement pas, tous ceux-ci furent lus et relus.
Elle serait restée probablement quelques années supplémentaires au Temple de Gludin, voire même quelques décennies, si un évènement tragique n’était survenu. Sans crier gare, la cité se trouva assiégée puis envahie. Arrivés par la mer, plusieurs navires pirates accostèrent et prirent le port, puis la cité. L’alerte fut donnée, mais bien tardivement. Le Temple fut en partie évacué afin de mettre en lieu sûr les malades et blessés qui y étaient. Encore jeune novice, Blanche fit partie de ceux qui les menèrent. Elle se retrouva finalement à Giran, capitale royale, avec les réfugiés apeurés et désespérés. Rejoignant le Temple, elle y resta au service du culte, aidant de son mieux en cette période de trouble.
Celui-ci était plus imposant, plus grand. Sa structure interne était différente également, de même que l’ambiance qui y régnait, moins provinciale.
Blanche resta sans nouvelle de sa famille, ne sachant dire s’ils étaient menacés par ce qu’elle apprit être plus tard les Marins. Elle n’avait pu qu’entrapercevoir leur chef sur place, reconnaissable à son charisme et à l’arme imposante et scintillante qu’il portait. Le peu qu’elle avait pu voir montrait une sauvagerie sans égal, à glacer le sang.
Elle angoissait intérieurement, bien que cherchant à étouffer ce sentiment qui ne lui apporterait rien de bon, détournant simplement son esprit des tâches qu’elle devait accomplir.
Les premiers temps furent chaotiques, le Temple devant se réorganiser et subvenir aux nécessités en soins et logements des réfugiés, d’autant plus accablés par ce froid incroyablement présent. Puis les évènements se calmèrent petit à petit, une nouvelle organisation prenant place, un nouveau rythme de vie. Elle avait à faire, elle n’était pas démunie, mais elle se sentait seule, presque vide parfois. Elle trouvait dans l’aide aux autres un réconfort certain, mais un trou s’était creusé en elle, un vide, un espace insondable, dont elle n’arrivait à déterminer précisément l’origine. Elle n’en montra rien cependant, ne pouvant, et ne voulant, laisser percevoir cette faiblesse. Prenant sur elle, elle chercha à la comprendre, à la combler, essayant d’elle-même à combattre ce malaise qui l’envahissait insidieusement, mais irrémédiablement.