[bghumain] Anàrion

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

Modérateurs : Conseillères, Admins et GMs

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Perceval
Anakim
Messages : 872
Inscription : dim. 10 avril 2011 à 15h53
Personnages : Ellyrion

[bghumain] Anàrion

Message par Perceval » ven. 15 février 2013 à 02h55

  • _______________________________________________________________________________________________________________
    Spoiler:
    Métier : Seigneur de Gludio, Chevalier.
    Compétences :
    • Combat : À deux lames & une seule.
      Magie : Mage des vents.
    Métamorphoses : Aucune.

    Alignement : Chaotique bon.
    Langues parlées : Commun, Patois Althénien & Orennois.

    Caractère : Assez variable.
    Naissance : Noblesse de sang & d'épée.
    Ascendance : Frère de l'Empereur Adalbert Ier.

    Situation financière : Très riche.
    Comportement social : Proche du peuple.
    Type d’éducation reçue : Lettré & Militaire.

    Croyances :
    • Einhasad : Respectée et priée.
      Gran Kain : Ignoré.
      Eva : Respectée.
      Shilen : Ignorée.
      Sahya : Respecté.
      Pa’agrio : Respecté.
      Maphr : Respectée.
    Relations extérieures :
    Il ne possède aucun à priori sur les races ; mais il a une tendance à préférer les Humains de par leur grande diversité, et une certaine méfiance mêlée à de la fascination pour les Sombres.
    ______________________________________________________
    Description :
    À première vue, l'individu présente tous les traits d'un gentilhomme : une taille des plus honorable ‒ en effet, il mesure près de soixante-dix pouces ‒ et une musculature presque inexistante. Pourtant, lorsqu'il s'agit de se mettre en garde, le jeune homme parvient toujours à s'illustrer et il n'est pas rare qu'on le voit remporter quelque tournoi populaire d'escrime. Sa corpulence est l'expression même de sa mesure, ni trop épais ni trop chétif, il est l'équilibre parfait du combattant et du flâneur. Un chapeau à plume lui sert de couronne et il est coutume de l'apercevoir coiffé par celui-ci. Du haut de ses vingt-sept ans, le garçon semble par ailleurs bien assuré. Lorsqu'il se promène en ville ou à la campagne, son habit se trouve être un superbe vêtement léger aux teintes marines, bordé de cuir et parfait à l'aide d'une cape très sobre. Ce dernier satisfait la plupart des regards, signifiant au passage une qualité certaine. Deux lames se frottent régulièrement aux jambes de leur maître. Assez travaillées, elles sauront attirer l'attention de la masse commune. Quant aux gants qui recouvrent sa main, ils empêchent la vue d'une superbe chevalière. Si tant est qu'il vous la dévoile, vous verrez que cette dernière est frappée d'un « M » tenu par un volatile recouvert d'or blanc, au long bec et aux yeux de jade ; et désormais bien connu en Aden.

    Il coiffe ses cheveux dorés et lisses vers l'arrière, sans quoi ils lui obstrueraient tout son champ de vision. Son visage ne laisse paraître aucune cicatrice et il présente une expression peu commune : de la douceur mêlée à un regard pour le moins sombre. À l'observer, peu parviennent à trancher. Est-il un doux rêveur plongé dans des lectures sans fin ou un être obscur qui cache sans cesse son vrai visage ? Quoiqu'il en soit, ses traits vous rappelleront toujours ceux d'un autre et la première fois, vous penserez l'avoir déjà vu.
Dernière modification par Perceval le ven. 21 juin 2013 à 17h05, modifié 9 fois.
« Laissez-les nous haïr, pourvu qu'ils nous craignent. »

Avatar de l’utilisateur
Perceval
Anakim
Messages : 872
Inscription : dim. 10 avril 2011 à 15h53
Personnages : Ellyrion

Re: [bghumain] Anàrion

Message par Perceval » ven. 3 mai 2013 à 17h33

  • Chapitre I — Jour de Sacre
    [ image externe ]
    Été de l'an 53 — Cité d'Albâtre.
    1.1 ‒ Quatuor chez M. de Clairvois.
    Les cloches d’Einhasad venaient de sonner dix heures. Les menuets terminés, on s’apprêtait à donner la contredanse. Assises, les femmes brûlaient qu’un danseur vienne les délivrer de leur insoutenable attente. Anàrion s’approcha pour choisir sa cavalière. Chacune souriait, agitant son éventail et pouffant avec ses voisines ; c’était un cortège d’attentions et de charmes déployé au service de la séduction. Bien que toutes resplendissantes, l’attention du jeune homme se porta rapidement sur une fille isolée, assise dans l’embrasure d’une fenêtre de la salle. Elle avait les traits plus fins que les autres dames et ses cheveux blonds, ondulés, reflétaient la lumière de la soirée. La qualité de la jeune femme ne faisait aucun doute, mais elle n’en demeurait pas moins différente. Il s’interrogea un instant à son sujet, puis soupira.

    Il lui fallait simplement une compagne élégante pour briller, le reste était superflu. Décidé, il s’avança vers elle, puis la tenant par le bout des doigts, il l’attira sur le parquet lustré. Les deux se mirent en ligne avant que ne survienne promptement le coup d’archet. Ils commencèrent lentement, prenant de la vitesse au fil des tours. Et, se balançant au rythme des mélodies, Anàrion glissait en avant, en arrière, entraînant sa compagne jusqu’au bout de la galerie. Ses pas offraient une telle aisance que ceux restés sur les banquettes ne détachèrent bientôt plus leur regard du jeune couple. Quelquefois, lorsque les instruments reprenaient leur souffle, on entendait la foule vanter la mesure de cet inconnu ; puis tout reprenait, les pieds se mettaient à nouveau en mouvement, les bas et culottes se frôlaient, les mains passaient.

    Il leva les yeux vers celle avec qui il s’amusait, puis lança : « Vous m'intriguez. De quelle ville venez-vous ?
    — Floran, » dit-elle, baissant la tête ; et, lui relevant derechef, il poursuivit :

    « Puis-je entendre la raison de cette gêne ? Si vous y avez un problème, je puis vous aider. J'y ai de nombreuses relations, je ne peux rester sans rien faire pour une aussi bonne danseuse.
    — Vous me flattez ; arrêtez, je vais me mettre à rougir. En réalité, c'est simplement qu'ici mon village me paraît bien petit. Ceux qui me reconnaissent doivent se demander ce que je fais dans un décor si somptueux. Je devrais peut-être partir, j'éviterais ainsi les railleries des autres invités.
    Cessez. Vous n'êtes pas mois légitime que ces bougres-là. Je connais Aden, ses gentilshommes et ses bourgeois à la perfection. Mes valets ont plus de valeur. Et puis, rappelez-vous, votre village fournit du blé à ma Cité. N'oubliez jamais, Madame, que les petits font les grands. »

    Quand la danse fut achevée, ils se séparèrent, allant chacun à une table différente. On lui tendit un verre de vin qu'il savoura ; puis des domestiques en livrée s’empressèrent de servir les invités.

    « Selon toi, qui a fait la fortune de notre hôte ? Loterie, esclavage, butin de guerre, larcin ? Je n'entends rien à cet homme-là.
    — De Clairvois ? On raconte que c’est un cousin de l’Empereur. Il s’est arrangé pour faire remonter ses liens de parenté auprès du monarque. Notre souverain lui a garanti une condition très enviable.
    Encore un parvenu ! L’Aden méritante s'est définitivement éteinte. Il n'y a plus que cynisme et corruption désormais. C'est à celui qui aura le verbe le plus fin, ou la dague la plus aiguisée.
    — Ce n'est pas nouveau. Notre Cité décline depuis plus d'une décennie. Espérons au moins que ce souverain-ci ne soit pas aussi dément que la précédente, ou qu’il ne soit pas aussi fuyant qu’Angueran. »

    Attablé à côté de deux curieux, Anàrion écoutait leur conversation, souriant à demi, jusqu’à ce qu’ils baissent le ton. On servait les plats : des homards, des dorades, des cailles ; chacun allongé sur sa mousse. Quelques fruits confits enrichissaient le tout, ajoutant aux mets un agréable fumé. Alors, les deux bavards cessèrent de parler, appréciant la table de celui qu’ils médisaient plus tôt. Anàrion se resservit de ce vin de Goddard et la tête ne tarda pas à lui tourner, si bien qu’il sentit le besoin de sortir.

    1.2 ‒ Aden la décadente.
    [ image externe ]


    « La nature a fait l'homme heureux et bon, mais la société le déprave et le rend misérable. » — Rousseau.
    Il quitta l’hôtel des Clairvois. A la grille, l’étourdi aperçut la foule tentant encore de s’y presser ; mais les domestiques ne laissaient passer personne qui ne fut conviée. Presque titubant, il parvint à se faufiler au travers de cette marée humaine tandis que, déchaînée, elle s’efforçait de faire céder les portiers sous la vigueur de ses vagues – répétées. Une fois au calme, il se dirigea vers la Grande Place, traversant les rues peu éclairées de l’Aden impériale. Quelques vaillants lampadaires se défendaient çà et là, soutenus par la voûte étoilée, contre la cendre nocturne. Ce quartier-ci était éteint, assommé par la nuit. À l’approche de sa destination, le jeune homme distingua des lueurs et des sons qui s'accrurent à mesure qu'il avançait. On y donnait encore un bal populaire. Ses narines regrettèrent rapidement les doux effluves du salon de M. de Clairvois lorsque vint l’odeur de vinasse mélangée aux urines des participants.

    Ici, de vieux hommes au visage rouge et suintant dansaient avec de jeunes demoiselles à la figure d’ange. Ailleurs, certains rendaient leur trop plein de mauvais vin, comme si le corps lui-même refusait cet infect liquide. D’autres, sur fond d’ivresse, se querellaient, jurant et hurlant qu’ils se tueraient. Tournant la tête, les yeux d’Anàrion s’écarquillèrent, un homme s’en prenait à une fille sans que personne n’intervienne. Il s’élança alors vers lui, invitant l’effarouché à s’éloigner. Remercié, Anàrion passa son chemin, repensant à la femme qu’il venait peut-être de sauver. L’aristocrate révolté eût voulu les prendre toutes, les amener chez lui et les soigner, comme elles auraient dû l’être, mais il ne le pouvait pas. Il savait que leurs visages angéliques et innocents se mueraient bientôt en traits de femmes trahies par les événements, mais il n’y pouvait rien. Dans cette société sclérosée, l’ascension n’appartenait qu’aux « héros » ou aux intéressés et pour espérer mieux, il fallait prendre son élan d’assez haut. Alors, il déplora que l’Empereur accorde plus d’attention à l’éclat d’Aden hors de ses murs qu’à l’intérieur.

    Anàrion poursuivit son chemin dans le tableau médiocre de l’auguste Aden. Cette fois-ci, il eût préféré l’obscurité, et, s’efforçant de naviguer entre les urines et les ivrognes, le jeune homme maudit cette animation notoire, regrettant presque la torpeur macabre qui l’avait précédée. En accélérant le pas, il marcha sur un bougre effondré, en reversa un autre, fut pris à partie dans une bagarre, poursuivi par un homme violent, aguiché par des prostituées, convié à plusieurs parties fines. Enfin, il surprit deux jeunes gens en pleine action. Aden toute entière était soûle, et il ne fut personne d’assez sobre pour arrêter ce déluge d’inconvenance. L’indigné quitta le quartier populaire. Las de marcher, il trouva refuge dans une auberge. Demain annoncerait son retour. Sortant enfin cette débauche généralisée, Anàrion pensa à tout cet argent gaspillé, investi dans des projets sans aucun lendemain. Il poussa un profond soupir.

    « Bah, voilà pourquoi cet homme est plus grand que moi. Il a le pouvoir d’abstraction. L’Empereur arrive à farder ce qui ne va pas et calcule toujours tout. S’il pense qu’il faut satisfaire le peuple par des festivités et passer par cet état déplorable, c’est qu’il doit se trouver quelque raison aux confins de son esprit. Du moins, je l’espère pour lui et pour Aden. » conclut-il, peu avant de s’effondrer sur son lit.
Dernière modification par Perceval le sam. 25 mars 2017 à 04h03, modifié 1 fois.
« Laissez-les nous haïr, pourvu qu'ils nous craignent. »

Avatar de l’utilisateur
Perceval
Anakim
Messages : 872
Inscription : dim. 10 avril 2011 à 15h53
Personnages : Ellyrion

Re: [bghumain] Anàrion

Message par Perceval » ven. 3 mai 2013 à 17h34

  • Chapitre II — Sire
    [ image externe ]
    An 54 — Aden
    2.1 ‒ Retour au palais.
    Anàrion se dirigeait vers la plus illustre des demeures : le Palais Impérial ; mais son air serein n’était qu’apparence car de nombreux doutes agitaient son âme. À mesure qu’il avançait, les traits de cet édifice se dessinaient. Des murs d’albâtre s’élançaient de part et d’autre, se courbant en différents endroits pour former des arcs ornés de pierres précieuses et couverts de sculptures à la gloire d’antiques souverains. Une fresque aux reflets bleu sombre et retraçant les anciens jours tournait autour de ces murailles, mémoire d’un triomphe et d’une hégémonie évanouie. Des montants d’ébène, suivis par un linteau d’argent et des arabesques d’or, se dressaient sur le seuil de marbre. Taillés dans le corps de garde, deux aigles aux yeux de jade protégeaient l’entrée ; leurs ailes, déployées, rappelaient sans cesse aux arrivants qu’ils devaient demeurer prudents. Sur la pierre s’abattaient les rayons du soleil, flèches inépuisables. Ils offraient une teinte éclatante au château, le couvrant de draps dorés et enveloppant ses portes d’un éblouissant voile argenté. Plus haut, des étendards, placés au sommet de grandes tours, défiaient les zéphyrs et les aquilons ; les vents caressaient leurs longues bannières et l’oiseau des césars, perché dessus, regardait passer la foule et le temps dans une immuable impassibilité, ou un olympien désintérêt. Eux seuls avaient pourtant demeuré face à la valse, presque continuelle, des dirigeants.

    Hors du Palais se trouvait, près des portes, un immense jardin de plusieurs lieues ; et autour de lui une première muraille se prolongeait de chaque côté. Pommiers, grenadiers, poiriers, figuiers, oliviers ; toute sorte de végétation poussait en cet endroit et les chemins, bordés d’arbres luxuriants, menaient continuellement à de nouvelles merveilles. Là, des plantes exotiques, ailleurs de splendides parterres de fleurs : myosotis, roses, bleuets, lilas, et des incroyables lys. Les différentes sources et l’eau projetée par les fontaines reflétaient la lumière du soleil, toujours plus intense. Le jeune homme avançait dans ce formidable décor, le cœur un peu plus embaumé à chaque pas. Pourtant, derrière lui, d’affreux moutons grisâtres cachaient le ciel, plongeant la Cité dans une obscurité grandissante tandis que son palais absorbait les ultimes raies de lumière ; c’était un contraste magnifique. S'accordant un instant pour inspirer, il se retourna une dernière fois vers la ville, avant de rentrer dans l’enceinte du palais. Sans leur adresser la parole, Anàrion présenta sa chevalière aux officiers de la garde. Plusieurs hommes le désarmèrent, avant de le mener vers la salle du trône. Un soldat annonça d’un ton bref et sec « Un dénommé Anàrion, Sire. — Faites-le entrer », ordonna le jeune souverain.

    2.2 ‒ De Stygian.
    « Ainsi, vous venez me proposer vos services, et au poste de Général en plus ? » Anàrion, acquiesçant, répondit : — En effet, j'ai appris la disparition des deux généraux de l'armée impériale Georges de Clairvois et Henri de Vartelle ainsi que la mutinerie du I. Corps. À l'heure où l'Empire est menacé de toute part, nous ne pouvons le mettre plus en péril par des scissions internes. Aussi, je vous propose de m'en charger. Je sais comment leur parler et puis vous garantir que ces hommes-là sauront m'écouter. »

    — Vous êtes un personnage énigmatique, Sieur Anàrion et vous ne manquez pas d'audace. Votre visage ne m'est pas vraiment inconnu, et pourtant votre nom ne m'évoque pas le moindre souvenir. Enfin - dit-il, l'air fatigué. Vous me semblez un peu jeune pour cette dignité. Vos qualités d'orateur ne suffiront pas forcément à satisfaire ces soldats et je doute que vous ayez la moindre compétence militaire, non ?

    Oserais-je me présenter devant vous sinon ? J'ai fait l'École Militaire. Du reste, cela m'a permis un temps de servir sous le grade d'officier dans la garde impériale, mais je l'ai quitté à la mort de l'Empereur. Quant aux accusations que vous portez à ma jeunesse, permettez-moi de les retourner. N'aviez-vous pas le même âge que moi lorsque Adalbert vous nomma au poste que je convoite ? Ou lorsque vous commandiez les armées de Dion, ou même la milice de Gludin, à peine débarqué de votre île ?

    Alors, le Roi Warog recula de quelques pas, stupéfait. Il écarquillait les yeux, son visage trahissant quelque expression d'effroi. Il lança, balbutiant :

    — Qui êtes-vous ? Peu de personnes partagent mon histoire. Reprenant le contrôle de son être, il s'avança vers Anàrion, gagnant même un peu de terrain sur son interlocuteur. Il répéta sa question sur un ton plus inquisiteur : Je vais paraître insistant. Répondez, ou mes hommes auront moins de patience que moi.

    Pris au piège, Anàrion montra simplement sa chevalière au monarque. Il continua : — Je suis navré, mais si cela peut vous faire patienter un peu, contentez-vous en. Il m'est impossible de tout vous dire pour l'instant. Bientôt ; et alors vous comprendrez.

    — Soit. De toute manière, il l'aurait souhaité ainsi je pense. »
    [Sub Paladin, Rapprochement Astrée.]
Dernière modification par Perceval le sam. 25 mars 2017 à 04h09, modifié 2 fois.
« Laissez-les nous haïr, pourvu qu'ils nous craignent. »

Avatar de l’utilisateur
Perceval
Anakim
Messages : 872
Inscription : dim. 10 avril 2011 à 15h53
Personnages : Ellyrion

Re: [bghumain] Anàrion

Message par Perceval » ven. 3 mai 2013 à 17h42

  • Chapitre III — Vient la nuit
    [ image externe ]
    An 56 — Gludio


    Chasser l'amertume.
    [ image externe ] — Dites-moi. À quoi pensez-vous là maintenant ? Inutile d'essayer de chercher une réflexion de façade.

    Réprimant d'abord un mouvement de sourcil, le jeune homme ne put empêcher son visage de partager la surprise qui venait de l'envahir. Pourquoi demandait-elle cela ? Comment pouvait-elle deviner le désarroi qui l'habitait ? Il ne connaissait l'elfe que depuis quelques minutes, et elle se permettait une question à laquelle son esprit lui-même se refusait de répondre. Après quelques grimaces, il rétorqua péniblement :

    Aux milliers d'âmes que j'ai vu s'éteindre durant ce siège. Elles hantent mon esprit le jour et mes songes la nuit ; je les revois mourir, pourfendues par mon épée, celle d'un ami ou la folie du Baron.
    — Et pensez-vous bâtir une Cité sur des marais putrides de remords ou de dégoût ? C'est une cicatrice qui demeurera à jamais dans votre cœur ; mais en êtes-vous vraiment le responsable ?
    Je le suis dans la mesure où j'ai décidé d'attaquer et chasser Vélik Bashère de son trône. Sans moi, et mon action, des milliers de Gludiens vivraient encore paisiblement entre ces murs.

    Alors, s'efforçant de sourire, l'elfe posa sa main sur l'épaule d'Anàrion, visiblement compatissante. Impassible, comme à son habitude, il se contenta de lui rendre son sourire. Elle poursuivit néanmoins :

    — Il aurait fallu tôt ou tard lui ôter sa couronne. N'oubliez pas que vous êtes celui qui a relevé les manches, et qui s'est mis à l'ouvrage ; vous avez traversé la moitié du Continent pour cela. Avant de convaincre vos hommes ou votre peuple, il faut que vous vous persuadiez vous-même du bien fondé de vos actes.
    N'ayez crainte, les plus grands noms de l'histoire ont tous des milliers de choses à se reprocher. Cependant, ils sont devenus grands car ils ne regardent que rarement en arrière. Peut-être votre frère s'est-il une fois tourné trop longtemps vers l'arrière ; c'est ainsi qu'est arrivé le poignard.

    Anàrion hocha simplement. Ces paroles raisonnaient dans son cœur, et il savait que Kaffinia n'avait que trop raison. Puis il s'éloigna, un livre en main ; il l'avait découvert dans les décombres d'une des demeures détruites, l'ouvrage traitait de magie, il brûlait d'en apprendre davantage - de s'y oublier.
    [Prise de Gludio, sub SPH.]

Quinze années se sont écoulées depuis la victoire sur Krakatur. Mais le peuple sombre nous a une nouvelle fois réservé une surprise à la hauteur de leur folie. Un grand sacrifice a eu lieu et le monde a changé. Que pouvons-nous véritablement faire à présent ? Seulement survivre, rassemblés sur l'Île des Murmures avec les ruines d'un autre monde comme voisines. Après un autre cataclysme, la vie reprend petit à petit et notre nouvelle ville est devenu un endroit sûr, stable, et hétéroclite, mais le seul désormais vivable.
Notre seul foyer, à tous.
« Laissez-les nous haïr, pourvu qu'ils nous craignent. »

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité