[Bg Orc] Serek'Tei

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SerekTei
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[Bg Orc] Serek'Tei

Message par SerekTei » jeu. 4 juin 2020 à 20h38

Nom : Serek'Tei
Surnom : Sandales
Age : 39 ans
Sexe : Masculin
Race : Orc

Métier : Ex-Mercenaire
Compétences :
  • Combat : Masse
    Magie : Renforcements
Métamorphoses :

Alignement : Neutre
Guilde : Sans
Faction : Sans
Langues parlées : Orc et Commun

Description physique : Orc fin et élancé, tatoué sur le visage et le crâne. Il porte souvent un chapeau , et a un calumet au bec en toutes circonstances.
Caractère : Posé et réfléchi, pragmatique et analytique.
Autres :

Situation financière : Moyenne
Comportement social : Classe populaire
Type d’éducation reçue : Militaire et religieuse
Popularité et/ou influence : Limitée
Pensée politique : Partisan du principe de l'autocrate éclairé

Croyances : ( avis sur les Dieux )
  • Einhasad : Indifférent
    Gran Kain : Indifférent
    Eva : Indifférent
    Shilen : Indifférent
    Sahya : Indifférent
    Pa’agrio : Croyant / pratiquant
    Maphr : Indifférent


Relations extérieures :
  • Elfes : Bonnes relations, les apprécie
    Humains : Les tolère, mais trouve qu'ils ont une fâcheuse tendance à ne voir le monde qu'à travers le prisme humain.
    Kamaels : Les considère comme des membres d'une secte avec qui c'est marrant de causer cinq minutes, mais guère plus
    Nains : Bonnes relations, aime bien les taquiner
    Orcs : La famille
    Sombres : Les tolère, mais trouve qu'ils sont prétentieux comme pas deux

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Re: [Bg Orc] Serek'Tei

Message par SerekTei » ven. 5 juin 2020 à 21h19

Assis en tailleur sur un rocher, Serek'Tei observait la scène d'un air pensif. Un rond de fumée s'échappait de sa bouche, avant de prendre une forme tout à fait surprenante, celle d'un loup. Tant qu'il restait quelques étincelles de magie en lui, autant les employer à quelque chose de fondamentalement futile. Et fumer le calumet de façon artistique était de loin l'occupation la plus magnifiquement futile qu'il connaisse. Ses yeux orangés comme le feu de Son Père se posèrent sur la sculpture blanche éphémère, la laissant se désintégrer tout doucement dans l'atmosphère pesante qui l'entourait.

Son esprit vagabondait, encore chancelant de ce à quoi il venait d'assister. Le besoin se faisait pressant de mettre des mots sur l'évènement, d'en graver l'instantané dans la mémoire de l'orc, d'acquérir là la possibilité de le raconter autour du feu le moment venu. Catastrophe était un euphémisme, trop simpliste, trop commun. Fiasco correspondrait peut-être aux faits qui s'étaient déroulés, mais le mot avait une dimension quasi comique et ça ne collait pas. Débâcle. Il avait finalement trouvé. Autour du feu, il raconterait la débâcle des Limiers de l'est. Il décrirait Aldébaran le colosse, une véritable montagne humaine, le capitaine intimidant de la compagnie mercenaire. Il parlerait de l'oeil unique d'Horel le borgne, le vénérable lieutenant qui tenait à peine sur ses cannes tellement il était vieux, mais qu'on respectait plus que tout autre, parce que vivre vieux dans la profession, ça méritait le respect. Il conterait les aventures de Relzcyk le balafré, de Quartz et de Polochon, de Sticot et du Poney fulgurant, de ceux qui avaient suffisamment vécu et combattu à ses côtés pour qu'il se souvienne de détails mémorables. Ce serait sa façon de les honorer, de les faire vivre à jamais à ses côtés, ses frères et sœurs d'arme tombés au champ d'honneur. Seulement après, il raconterait leur chute.

Un nouveau rond de fumée succéda à celui qui s'était évaporé, et prit la forme d'un ours. L'orc saisit son chapeau de bambou du bout des doigts et le rabaissa légèrement. Il délia ses longues jambes et se mit debout lentement, en cherchant à limiter la douleur causée par les blessures. Les estafilades sur le torse et l’épaule n’étaient pas bien méchantes, mais la pointe de flèche fichée dans le mollet gauche faisait un mal de chien. Il laisserait Maman regarder ce qu’elle pouvait faire, mais là, elle devait d’abord aider ceux qui pouvaient encore être sauvés, si tant est qu’il y en ait. Aucune chance pour Aldébaran. C’était fou comme une fois la tête décollée des épaules, l’ancien capitaine invulnérable devenait un simple combattant vaincu par plus fort que lui. Avec le recul, ce n’était pas tant plus fort, mais surtout plus nombreux. Tout aguerris aux manœuvres d’embuscade qu’ils étaient, les Limiers n’avaient eu aucune chance contre la meute de Mahums qu’ils avaient du affronter. La protection de la caravane marchande entre Dion et Gludio était censée être une formalité, il suffisait de se montrer suffisamment menaçant pour effrayer d’éventuels pillards, ou des bandits de grand chemin. Mais personne n’avait prévu l’incursion des Mahums aussi loin à l’ouest, et la chute de Giran.

Serek’Tei se demandait encore comment il s’en était sorti, et pourquoi la tribu féline avait décampé aussi vite après le massacre, sans achever les blessés, ni même récupérer les marchandises de la caravane. Comme si tout ceci n’était qu’une diversion, ou un moyen de semer le chaos. Laisser des survivants pour qu’ils puissent raconter aux autres la défaite et la peur. Cette pensée lui arracha un grand sourire. De vengeance, il n’était pas question, de revanche pas plus. Mais il mettrait un point d’honneur à ne pas leur faire le plaisir de céder à la terreur ou de changer d’un pouce. Son Père l’avait créé pour la bataille et l’adversité, la défaite n’entamerait rien.

Deux pommes observait un cadavre, et il se demanda quelle méchanceté il allait lui adresser. Vu les circonstances, il lui faudrait se surpasser, trouver quelque chose de vraiment mesquin, qu’elle puisse monter dans les tours directement. Ce serait sa façon de lui remettre la tête sur les épaules et de la faire passer à autre chose. Rester trop longtemps sur place n’était pas une bonne idée, les charognards ne tarderaient pas, au sens propre comme au sens figuré. Et ils n’étaient plus de taille à les affronter. Il fallait bouger, vers l’ouest, et trouver rapidement un abri face à la vague qui menaçait de déferler et de tout emporter sur son passage. Mais d’abord, trouver Maman, qu’elle rafistole sa guibole.

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Re: [Bg Orc] Serek'Tei

Message par SerekTei » mar. 1 septembre 2020 à 09h11


Un carrefour, au nord de Giran. A droite, le chemin vers la passe de la mort, vers un affrontement sans fin contre des créatures qui finiraient par avoir sa peau. Il suffirait de laisser son chapeau à l'entrée vers les légionnaires en faction, avec un mot laconique qui dirait que tant qu'à faire, autant mourir comme ça, les armes à la main. Et ensuite s'enfoncer le plus loin possible, se frayer un chemin à coup de hache, avec Chien sur ses talons. Cela donnerait l'illusion d'une mort honorable, en combattant l'ennemi jusqu'au bout. Certains le pleureraient probablement, d'autres le maudiraient, ils auraient tous raison. Mais avant tout, ce serait la fin d'un calvaire, la délivrance après ses erreurs et ses échecs. Les légionnaires retrouveraient probablement son corps sans vie quelques jours plus tard, tombé par les armes plutôt que par le Néant qui l'envahissait petit à petit, plutôt que par la corde qu'il avait méritée.

Au matin, sa résolution était ferme. Il prendrait à droite, et irait affronter sa mort, droit dans les yeux. Il irait chercher un semblant de dignité dans son trépas, pour ne pas faire honte à ses ancêtres, à son père, à son peuple. Et alors qu'il les convoquait mentalement pour être les témoins de sa fin, il prit conscience qu'il avait oublié jusqu'à leurs visages. Depuis combien d'années n'avait-il pas fait appel à eux ? Depuis combien d'années ne s'était-il pas souvenu d'un seul conseil de son père ? Depuis combien d'années ne s'était-il pas remémoré les coutumes que son grand-père lui avait transmis au coin du feu ? Le choc fut rude à encaisser. Il avait oublié les siens, oublié qui il était, se fondant dans la masse, niant sa culture et son identité. Et là, il les voyait tous, ses ancêtres sans visage, autour du feu, en train de rire. La colère le gagna, elle était sa compagne permanente depuis qu'il avait été infecté, elle était toujours à l'affût, prête à surgir au moindre détail. Et ils rirent de plus belle, ignorant les vociférations qu'il leur adressait. Il n'y avait pas même de place pour lui, autour du feu, ils ne lui permettaient pas de rejoindre le cercle, ils ne lui permettraient pas de le faire une fois passé de l'autre côté. C'était profondément injuste, il était prêt à mourir pour se faire pardonner, prêt à mourir pour retrouver sa dignité. Et alors seulement, il comprit pourquoi ils riaient tous. Et la colère retomba d'un seul coup, plus vite encore qu'elle n'était venue. Ils riaient de sa naïveté, du fait qu'il puisse croire qu'il y avait quelque chose de digne à mourir lâchement, à abandonner le combat, à refuser d'affronter ses échecs et ses peurs. Et tout vacilla.

Il prit à gauche, vers ce qu'il devait vraiment affronter, vers les sept mille qui n'étaient plus, vers Gludio. Assumer sa responsabilité dans les évènements qui s'y étaient produits, il croyait l'avoir fait, il l'avait dit, il l'avait écrit, il l'avait clamé haut et fort, et pourtant il se rendait compte désormais que ce n'avait jamais été le cas. Il avait accueilli la nouvelle de sa condamnation à mort comme une punition méritée, et l'accepter avait déjà consisté à trouver une porte de sortie, un moyen de fuir son crime impardonnable. Il avait accusé le mal noir de l'avoir influencé, et c'était partiellement vrai, mais le parasite faisait partie de lui désormais, et il lui fallait l'assumer comme tel, ne pas s'en servir comme d'une excuse pour camoufler ses erreurs. L'exécution, ou la non exécution plutôt, il l'avait vécue avec un détachement complet, comme s'il était hors du monde, ne comprenant ni pourquoi le gouverneur était venu les gracier, ni pourquoi tout avait tourné à l'affrontement, pourquoi d'autres étaient morts. Il en avait voulu à tout le monde après, à Elion d'être venu alors qu'il aurait du les laisser mourir, à Clébard de continuer comme si de rien n'était, à Maman de ne penser qu'à son moustachu, aux autres de ne pas leur en vouloir, à lui-même de ne pas être resté là au milieu du gibet, de ne pas avoir parlé à la foule, de ne pas leur avoir offert sa vie pour les calmer, une fin digne d'être contée et plus de soucis à se faire sur comment réparer ses erreurs. Dignité, tu parles. Là encore, il s'était fourvoyé, il avait oublié.

Il avait pris un bâton de marche et il s'appuyait dessus, pour soulager ses efforts, et faire en sorte de ne pas tomber. Le chemin serait long, il en était conscient. Et la toile souterraine avait été son bâton de marche après Gludio. La perspective de réparer ses torts, de faire reculer le Néant, de se rendre utile, d'éviter que d'autres ne contractent le mal qui le rongeait de l'intérieur, c'est ce qui l'avait empêché de tomber. Le golem, les hypothèses sur le fonctionnement des cristaux, les plans à deux, trois ou sept mouvements de cristaux, les stratégies qu'il élaborait mentalement à la manière d'un joueur d'échecs pour avoir des coups d'avance sur l'Ire, cela permettait d'occuper son esprit, de le focaliser sur autre chose que Gludio. C'était la voie de sa rédemption, son seul salut. Et dans la tour de Cruma, alors qu'il observait la représentation de la toile, il n'avait pas cillé en ne voyant rien bouger. Cela faisait partie des hypothèses plausibles, ce premier mouvement de cristal ne devait pas nécessairement rallumer un tronçon, et s'il était là, c'était justement pour voir et analyser les impacts. La compréhension totale des mécanismes n'arriveraient pas avant deux ou trois autres mouvements, c'était prévu, pas inquiétant. Jusqu'à l'arrivée des autres, jusqu'au moment où il avait lu la déception sur leur visage, jusqu'au moment où il avait vu le cristal brisé en morceaux. Et en même temps que le cristal, son bâton de marche se brisa. D'un coup sec, il n'y avait plus rien pour le retenir de tomber. Il n'était pas seulement déçu ou abattu, il était dévasté. Le chemin de la rédemption n'existait plus, il ne restait plus qu'à attendre la fin.

En route vers sa destination, il avait cherché à se rappeler des conseils de son paternel, à retrouver les souvenirs de ses phrases, de ses grimaces. Et comme il n'en retrouvait pas trace dans son esprit, il avait cherché au dehors, ouvrant sa conscience à ce qui l'entourait, aux esprits qui résidaient dans les pierres, dans les arbres, dans le lit des rivières qu'il longeait. Et à mesure qu'il avançait vers Gludio, il sentait avec une acuité de plus en plus sensible que l'air autour de lui changeait. Les plaintes se faisaient de plus en plus audibles dans son esprit, elles étaient encore là bas, ces milliers d'âmes, au moins pour lui, et plus il s'en rapprochait, plus cette certitude grandissait en lui. Il ne pourrait pas retourner sur place, mais ça ne l'empêcherait pas de mener à bien ce qu'il avait à faire. Il trouva une colline suffisamment éloignée pour être à l'abri, mais sur laquelle il avait une vue dégagée sur la cité. De là, il entendait les âmes errantes mugir et il savait qu'elles l'entendraient aussi.

Il s'assit en tailleurs, posant son chapeau à sa gauche, son bâton à sa droite. Chien vint se coucher juste à côté, son énorme museau posé sur le bâton. L'orc ferma les yeux, et entonna son chant, grave et rocailleux. Depuis combien d'années n'avait-il pas chanté. La dernière fois, c'était pour grand-père, il s'était assis avec les siens autour du feu, et il avait chanté avec eux pour accompagner grand-père de l'autre côté, célébrer sa vie et le remercier d'avoir été, lui souhaiter que la nouvelle soit faste. Depuis lors, il n'en avait jamais retrouvé la force, l'envie ou la foi. Il avait oublié, à la fois qui il était et d'où il venait. Son père n'avait pas eu droit à son chant, pas plus que les limiers tombés au champ d'honneur. Et il se souvenait désormais. La mélodie s'envolait et enflait. Autour du feu, les ancêtres n'avaient toujours pas de visage, et nulle place n'était libre pour qu'il vienne les rejoindre, mais ils chantaient eux aussi, ils chantaient avec lui pour accompagner les âmes de ceux qui étaient tombés par sa faute vers leur prochaine vie.


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Re: [Bg Orc] Serek'Tei

Message par SerekTei » mer. 2 septembre 2020 à 10h31


L'aube le vit se relever, après une nuit blanche à chanter. Sa gorge était sèche, terriblement sèche, il lui faudrait trouver de l'eau en chemin. Après avoir épousseté son pagne, il ramassa chapeau et bâton et se remit en marche. Chien ouvrait la voie, comme s'il connaissait déjà la destination de son maître, alors que celui-ci n'en était pas encore conscient. Il savait que ce n'était pas un simple voyage qu'il effectuait, mais bien un pèlerinage, un retour aux sources, et Gludio n'en était que la première étape. Une première étape nécessaire et viscérale. La fatigue était là, bien présente, autant en raison du manque de sommeil que du fait du mal noir insidieux. Il aurait peut-être été sage de prendre du repos, de goûter à un sommeil qu'il espérait réparateur. Mais ce n'était pas le moment, il l'avait senti en se levant, son esprit était plus clair qu'il ne l'avait été durant les dernières semaines. Chanter pour les âmes perdues ne lui avait pas apporté la paix, il savait au fond de lui qu'il ne la retrouverait jamais, mais cela lui avait permis de se retrouver lui-même dans les méandres de sa culpabilité. Le temps de l'apitoiement sur lui-même était révolu, son esprit analytique s'était remis en branle, classant les évènements et les faits, les reliant, construisant des hypothèses et des embranchements, interrogeant les actes et les motivations des uns et des autres, plaçant les pièces de puzzle et mettant en évidence là où il en manquait.

Cela faisait longtemps que l'exercice mental auquel il se livrait n'avait pas été exécuté avec la rigueur nécessaire, et le volume de données à traiter s'en faisait ressentir. Rapidement, il avait décidé de placer dans les faits majeurs tout ce qui avait trait à l'Ire, au Néant et au Marionnettiste, et de ranger dans un coin pour plus tard tout le reste. Pourtant, contre sa volonté, son esprit ne cessait de revenir au château de Giran. Il commença par essayer de s'en défaire, considérant Laëb comme un ennemi dangereux mais pas comme la priorité du moment. Mais ses raisonnements finissaient toujours par glisser à nouveau vers ce soir là. Quelque chose le taraudait, sans qu'il arrive à mettre le doigt dessus, et il finit par se résoudre à y réfléchir en profondeur, se disant que ce serait probablement le seul moyen de s'en affranchir. Et alors que son intuition sur le château l'envoyait directement vers le marchand d'âme, il se rendit compte bien vite que ce n'est pas ce qui le tracassait. Et au bout de quelques instants, l'évidence lui sauta aux yeux. Ils avaient pris l'apparence de l'ennemi par le truchement d'un sortilège d'illusion. Pas un instant, il ne s'était interrogé sur la façon dont ça pouvait fonctionner, pour une simple et bonne raison, il en connaissait les mécanismes. Et avant qu'il n'ait pu pousser sa réflexion plus avant, il était revenu loin dans le passé, dans son enfance.

Son grand-père fumait le calumet et il envoyait des ronds de fumée fabuleux. Ceux-ci se déplaçaient, s'entrelaçaient jusqu'à effectuer une danse merveilleuse, changeant de forme et de taille au bon vouloir du vieux shaman. Le jeune orc qu'était Serek'Tei observait la scène avec une véritable fascination, rêvant de pouvoir imiter Grand-père. La curiosité avait toujours été forte chez lui, et il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir toujours chercher à tout comprendre, même au risque de briser la magie. Jusqu'à ce jour, il n'avait toujours posé que des questions idiotes sur la magie des ronds de fumée. Et quand il posait une question idiote, Grand-père se contentait de hausser les épaules et continuait comme si de rien n'était. Mais là, quand Serek'Tei avait demandé si les ronds de fumée faisaient vraiment ça ou si c'est juste lui qui le croyait, Grand-père avait levé les yeux et avait fixé l'enfant, cela voulait dire que la question n'était pas idiote. Quelques instants de silence passèrent, l'enfant savait qu'il ne fallait pas pousser la réflexion trop vite, il était crucial de laisser le temps à Grand-père de formuler sa question.
- Comment est-ce que tu vois, Serek'Tei ? Avec tes yeux ?

L'enfant allait hocher la tête, la réponse était évidente. Bien sûr qu'il voyait avec ses yeux, il n'était pas aveugle. Mais il s'interrompit au dernier moment. Grand-père ne posait jamais des questions avec des réponses évidentes. Souvent, il n'y avait même pas de bonne réponse. Il fallait réfléchir, sans quoi Grand-père hausserait les épaules et n'expliquerait rien du tout. Et il faudrait tout recommencer depuis le début, trouver une autre façon d'approcher le problème pour qu'il daigne montrer à l'enfant ce qu'il savait. Serek'Tei se concentra avant de réciter une phrase qu'il avait entendu de son père plusieurs mois auparavant et qui l'avait marqué. Il venait seulement de la comprendre.
- Père dit que les yeux ne voient que ce qu'on veut bien leur montrer. Mieux vaut voir avec son esprit.

Grand-père avait souri. Et il lui avait appris à créer des illusions avec des ronds de fumée.

Chien se retourna et observa son maître avec étonnement. Son odeur était là, aussi le canidé n'avait pas sauté au cou du Mahum qui avait remplacé son maître. Mais il convenait d'évaluer la menace, peut-être l'avait-il mangé. Chien grogna. Et l'orc dissipa l'illusion, laissant son compagnon hébété. Il lui faudrait s'entraîner, affiner la représentation, travailler sur les autres sens pour améliorer ses chances mais l'idée était là. C'était risqué mais faisable, le jour viendrait où il aurait besoin d'un tour de ce genre dans sa manche. Chien passa à autre chose et reprit sa route, flairant un elpy sauvage.

Les larmes coulaient abondamment sur les joues de l'orc. Grand-père avait souri. Il se rappelait du visage de Grand-père.
Transfo Oel Mahum

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Re: [Bg Orc] Serek'Tei

Message par SerekTei » jeu. 3 septembre 2020 à 09h57


Au sommet de la colline, il s'arrêta un instant, admirant l'océan en contrebas à seulement quelques lieues de là. Il connaissait ce paysage par cœur, il était ancré en lui depuis toujours, et il n'avait plus de doutes sur sa destination. Il tourna la tête vers la droite, cherchant à apercevoir Chien qui devait gambader non loin, et il poussa un soupir en le voyant chasser un insecte. Ce devait être une sauterelle en fait vu les bonds qu'effectuait le canidé, et vu son gabarit, pour la malheureuse proie, ça ressemblait plus à des tremblements de terre qu'autre chose. L'orc planta son bâton de marche dans le sol et entreprit la descente vers la petite hutte sur la gauche, à mi chemin avant la falaise et l'océan.

En entrant dans cette hutte, des réminiscences l'assaillirent sous forme d'odeur. Ainsi donc, c'était ça qu'ils voulaient dire quand ils parlaient de rentrer à la maison, ou de leur foyer. Chaque chose était à sa place, seules les toiles d'araignée trahissaient l'abandon et l'absence des occupants. On aurait pu croire que la simple hutte n'aurait pas tenu le choc des années, mais elle était plus solide qu'elle n'en donnait l'air, et nul n'était venu chercher à la piller ou à la détruire. Serek'Tei n'hésita pas un instant, il écarta les toiles qui bloquaient son chemin, souleva la peau de grendel qui servait de tapis et il dégagea la planche qui fermait l'accès à la cache juste en dessous. Les provisions de secours étaient dans un sale état, mais ce n'était pas ce qu'il était venu chercher. L'objet était enveloppé dans un tissu grossier et suffisamment massif pour qu'il n'ait pas à fouiller, il s'en saisit avant de ressortir. Il passa une cordelette au deux extrémités et l'enfila sur le dos, en bandoulière.

Toujours aussi lourde, toujours aussi peu probable qu'il puisse la manier. Il n'avait pas la carrure de Père, il ne l'avait jamais eue et clairement il ne l'aurait jamais. Pourtant, il était clair pour lui qu'il était venu chercher son épée et qu'il devrait s'en servir. Il n'y avait pas de hasard dans le fait que Père l'ait laissée là, pas plus que dans le chemin qu'il avait suivi. Tout tendait vers ce moment, et il s'approcha de l'océan, découvrant l'imposante épée à deux mains. Père s'exerçait souvent ici, juste au bord de la falaise, donnant des coups de taille dans le vide qui auraient découpé en deux n'importe quel Mahum. Enfant, Serek'Tei s'inquiétait en le voyant faire, il était si proche du précipice, le moindre faux mouvement et c'en serait fini. Maintenant il comprenait que c'était exactement ce que Père cherchait dans cet exercice, une maîtrise parfaite, sans droit à l'erreur.

L'orc tenta d'effectuer quelques moulinets, de donner coups d'estoc et de taille, avant d'éclater de rire. Un rire franc et limpide, se moquant de lui-même et de son côté présomptueux. Comme si sa force physique allait se décupler juste comme ça, parce qu'il devait le faire. Il était en sueur, et se rendait bien compte qu'il n'avait aucune chance de se servir de ça efficacement. Son passé de militaire lui avait conféré suffisamment d'expérience des batailles et de techniques pour appréhender parfaitement le maniement de cette arme, mais il n'en avait tout simplement pas les moyens physiques. Ne pas renoncer, pas sans avoir essayé. Le chêne non loin était massif, son écorce solide. L'orc mit toutes ses forces dans son coup, sans pour autant l'égratigner, la lame avait rebondi. Et l'orc se retrouva plongé dans une certaine perplexité, ne sachant plus trop ce pour quoi il était réellement là.

Il s'assit au bord de la falaise, en tailleurs, l'énorme épée à deux mains posée à plat sur ses cuisses, et il ferma les yeux, cherchant à convoquer Père. Lui pourrait avoir des réponses, et il sentait sa présence flotter dans l'air. L'âme de Père ne se manifesta pas, il était trop tôt, et cette certitude s'était immédiatement emparée de Serek'Tei. Un jour prochain, il serait là. Mais pas maintenant, pas ici. Il se releva doucement, hésita un instant à jeter l'épée dans l'océan, se disant que cela serait un beau présent. Avant de se raviser et de la repasser dans son dos.

Il n'avait probablement pas compris tout ce qu'il aurait du ou pu. Mais il savait qu'il était temps de rentrer désormais, la guerre ne l'attendrait pas, la mort non plus. Chemin faisant, il s'interrogeait sur l'utilité qu'il pourrait trouver à l'épée de ses ancêtres, une décoration, un présent diplomatique, une esbroufe pour impressionner l'adversaire. Mais l'image qui revenait le plus souvent restait l'épée en question plantée à travers le crâne de Granstak, ce qui paraissait peu probable tant qu'il serait celui qui la maniait. A moins que. La lettre de l'autre empaffé de cardinal lui revint en mémoire tel un caillou lancé sur son front à pleine vitesse. La solution, il l'avait sous les yeux. Il se mit à rire, et laissa libre cours aux mauvais souvenirs, aux humiliations, aux remarques assassines. Il avait cherché à contenir le mal noir, à dompter sa colère, à l'étouffer complètement, à la faire disparaître. Pourquoi ne pas plutôt la canaliser. Il décrocha l'épée, et prit pour cible un chêne similaire à celui de la falaise, avec la rage pour seule compagne. Revenu à lui, il constata que l'entaille était conséquente, il lui faudrait s'entraîner, mais l'ironie seule de la situation suffisait à le satisfaire. Son pire ennemi lui avait donné une arme pour le combattre.

Il reprit sa route et hâta le pas. La guerre ne l'attendrait pas, la mort non plus.



Maj Destro

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