Une épreuve de foi
Les batailles journalières pour garder le front étaient déjà une épreuve en soi. La légion azure, la compagnie du phénix ardent et les troupes kamaels luttaient de concert depuis plusieurs mois pour arrêter les vagues de l'ire bestiale ainsi que celles des créatures du néant et éviter une nouvelle invasion à Giran.
Leur
excursion dans la vallée des dragons quelques temps auparavant leur avait donné un répits de courte durée. Mais surtout ce moment de calme avait signé le début de
pertes conséquentes. Les créatures du néant furent vite remplacées par l'armée de l'ire bien organisée et revancharde. Un temps où les morts ne pouvaient être comptés tellement ils étaient nombreux. Le passage de la mort portait à ce moment si bien son nom...
Un temps aussi où tous étaient
unis sur un champ de bataille, mais où bien des querelles et inimitiés éclataient en dehors. Les innommés étaient dans l'épreuve au sein même de leur base fondamentale. Chacune de leur décision était contestée ou même critiquée par certains détracteurs ayant pourtant fait partie du groupe quelques temps avant. Ils avaient alors la possibilité de se prononcer et auraient pu être entendus, ainsi les choses auraient peut être été faite selon leur vision des choses. Ils ont choisis de partir et de faire cavaliers seuls, alors pourquoi ces critiques ? Enguéran ne comprendrait sûrement jamais...
Comment croire en ces moments aux femmes et aux hommes engagés dans cette lutte, quand même au sein d'une guerre qui peut amener la fin du monde ceux qui se battent ensemble pour survivre luttent aussi pour avoir le pouvoir sur les autres ? Comment croire en leurs chances alors que chaque problème résolu en amène d'autres ? Comment croire en Einhasad sans douter de son existence quand tant d'âmes sont rappelées à elle pour enrayer un mal qui s'apparente au divin ? Comment croire en la lumière, quand même au sein de la légion azure des hommes se sont détournée d'Elle pour pactiser avec le diable et pouvoir continuer à se battre ? Le passage vers les ténèbres, le sacrifice ultime de ces soldats pour pouvoir continuer le combat se sachant perdus et refusant leur sort. Comment Einhasad pouvait elle laisser faire ?
Toutes ces questions représentaient une foi qui vacille, tant elles devenaient nombreuses et tant l'acte divin qu'il espérait pour leur venir en aide tardait à venir. Tant de visages de compagnons perdus devenus flous avec le temps. Tant de déceptions..
Croire, il le faisait toujours pourtant. Et heureusement pour lui il pouvait compter sur des amis de confiance, il pouvait compter sur Hortense, il gardait espoir et croyait toujours en un symbole qui n'avait pas pris une égratignure, le bouclier de civilisation en la personne du Général Elion. Un soulagement pour cette épreuve de foi...
Capitaine Alaric
En plus des galères au front et des querelles intestines, une autre catastrophe vint entacher le tableau déjà bien garni des âmes perdues. Au plus fort de la pression ennemie sur les lignes dans la passe de la mort, trois mille hommes menés par le Capitaine Alaric
s'envolèrent tout simplement.
Alors que l'ire bestiale préparait sa plus forte réplique depuis la reprise de Giran, les alliés présents ne pourraient pas compter sur les renforts tant attendus. La situation était si critique que le gouverneur Elion pris la décision par décret d’enrôler des civils aptes au combat à Giran pour les placer sur le front face aux bêtes. Près de deux mille d'entre eux seraient donc à leur merci pendant l'assaut.
Le commandant pris une décision assez lourde avec l'accord du gouverneur, mais en somme toute logique. Les lanciers de la compagnie du phénix ardent restants se tiendraient devant les civils pour absorber le plus gros de la vague bestiale. La stratégie établie était valable bien que désespérée, laissant un petit groupe de volontaires se rendre derrière les lignes ennemis pour s'infiltrer dans la catacombe et y retirer son cristal dans le but de déstabiliser la cohésion de l'ire. Pendant ce temps les lignes de front devaient tenir coute que coute, sinon Giran subirait une nouvelle invasion.
L'assaut fut rude, les innommés et leurs alliés d'un côté avec les lanciers du phénix ardent et les civils armés autant que possible, et le gouverneur et la légion azure de l'autre. Ils subirent une déferlante de brutes enragées, si bien que les lignes ne purent tenir bien longtemps. Trois points de défense étaient décisifs pour garder l'armée alliée unie. Celui du centre fut le premier à tomber, permettant aux bêtes d'encercler peu à peu les deux points restants. La retraite était impossible, peu à peu la légion azure disparue de la vue du groupe du commandant, la situation devenait urgente.
C'est au moment le plus opportun pour lui même que le capitaine Alaric sonna alors la charge de ses troupes, arrivées bien tard. A peu près au même moment le cristal fut délogé, rendant l'effet de surprise d'Alaric et sa garde de fer dévastateur pour l'ennemi. Cependant au lieu de mettre en déroute les bêtes sur les deux lignes Alaric se contenta d'une seule percée pour atteindre les campements des officiers et les détruire, laissant Elion et ses légionnaires à leur sort.
Trahison, pensa alors le commandant alors qu'il hurlait qu'il fallait secourir le gouverneur sinon il était perdu. Personne n'écoutait, la pression de l'ire encore fraichement ancrée puis l'intervention d'Alaric avait eu un effet assommant. Tout le monde suivi la percée, même le commandant et ses troupes restantes. L'enchaînement de la suite de la bataille ne fut que massacre en retour du mal infligé par les bêtes, et la garde de fer poussa jusqu'à la forteresse d'Antharas.
Le bilan même si la victoire était acquise fut l'un des plus lourds depuis le début de la reconquête. Si bien que sur les troupes girannaises il ne resta que quatre cent hommes, blessés compris, et que tous les civils enrôlés furent exterminés jusqu'au dernier. Contre toute attente, le gouverneur parvint à regagner la forteresse, l'effet du cristal délogé sur les bêtes lui aura sûrement sauvé la vie. Un hôpital de guerre prenait alors place dans là bas, où près d'un millier de blessés devaient être soignés.
Les lanciers capables de rentrer furent renvoyés au plus tôt vers Giran. Enguéran ne put s'y rendre suite à la bataille, devant rester un temps parmi les blessés, touché par un léger poison. Ce n'est qu'à son réveil, et pas encore remis de leur pseudo victoire et des pertes subies, qu'il eut échos des dernières rumeurs de la ville, où un nouveau drame avait eu lieu pendant la bataille...
Laëb, première partie
Laëb, un diable marchand d'âmes lié à Giran, dont les innommés n'avaient pas encore réussi à se débarasser, profita d'un moment de flottement en ville, où il ne restait que quelques forces kamaels pendant que le reste des troupes étaient sur le fil au front du nord, pour déchaîner sa haine sur les ailés.
Plus d'une centaine d'entre eux furent massacrés par la créature, alors qu'elle était seule selon les témoignages. Le commandant ne put que constater avec effroie à son retour après la rude bataille qu'ils avaient mené qu'une autre plaie béante affligeait désormais Giran. D'un côté, l'alliance avait pu gagner du terrain au prix de nombreuses vies à nouveau, de l'autre elle se fragilisait vis à vis du peuple kamael qui ne tarda pas à tenir Enguéran responsable de ce désastre.
Ce dernier avait pris l'affaire Laëb à la légère jusqu'à maintenant, déléguant plutôt l'enquête et les initiatives à d'autres Innommés pour se concentrer sur d'autres problèmes qu'il jugeait plus urgent. Il jugeait la menace tierce car le diable ne faisait jusqu'ici pas trop parler de lui, c'était plutôt le calme avant la tempête. Quelle erreur il avait commis, et même si il se reprochait de ne pas en avoir fait plus il ne pouvait plus rien y changer. Des hommages furent rendus aux défunts, et une étroite collaboration fut mise en place entre Giran et Gévurah pour tenter de mettre fin au règne de Laëb.
Le diable n'était pas un ennemi comme un autre cependant, il était maître dans l'art de brouiller les pistes et de semer nombres d'embuches. Nombre de ceux qui ont voulu rassembler des informations sur lui en avaient déjà fait les frais, sans compter ceux qui avaient tout simplement disparu.
Entre les évènement touchants directement Giran et ceux qui concernaient l'ire bestiale et le néant, le commandant choisit de répondre par le nombre pour sécuriser le territoire et pouvoir retourner au front...
L'armée du Phénix Ardent
Le front avait déjà été plus que couteux en vies de braves engagés dans le combat contre l'ire, et Laëb avait achevé le restant des troupes kamaels envoyées par le hiérarche Mao. Quatre cent hommes restaient pour protéger Giran toute entière et ses territoires.
Le Gouverneur, ayant bien conscience de cette faiblesse, décida de laisser autant d'hommes de la légion en faction à Giran, prétextant qu'ils devaient passer par l'infirmerie et prendre du repos. Un évènement plus que bienvenu, bien que le commandant y perçu là un coup de pouce d'Elion pour éviter qu'un autre drame se reproduise. Ils devaient faire vite pour réorganiser les défenses de la ville.
Enguéran se tourna alors vers des amis fidèles ayant déjà soutenus les innommés et la légion azure de nombreuses fois, ayant même quelques membres dont leur chef au sein du groupe. Des amis qui avaient fait de gros efforts pour participer à la remise en état de Giran, il était donc tout naturel pour lui de se tourner vers eux.
La milice financée au départ par la légion azure devait grossir, la compagnie du phénix ardent devait s'émanciper et se diversifier. Ils ne compteraient plus uniquement que des lanciers parmi eux, mais toute unité des corps d'armée, ainsi qu'une quantité dissuasive d'engins de siège. Enguéran se tournerait vers des personnes de confiance pour former et mener ses nouvelles troupes.
Ainsi Vernalis, à la demande du commandant des innommés, en plus de ses tâches existantes, fit le choix de participer au financement des défenses de la cité tout en aidant les forges à tourner à plein régime, et à la construction des engins.
Cet accord, même si il fut discuté, marquait le début d'une nouvelle ère pour la ville de Giran.
La soirée du Dies Natalis
Une soirée de
communion ordinaire, pour rendre hommage à Aurélien, fondateur de l'Empire. Enfin c'est ce qui était prévu...
Le rassemblement avait lieu sur la grande place de Gludin et les invités étaient nombreux. Mais au moment où la cérémonie commença le Commandant tomba raide, sans pouvoir lutter.
Il se réveilla dans un "autre monde", avec la surprise d'y retrouver Hortense et tous les autres innommés et alliés habituels contre l'ire bestiale et le néant. Étonnement ça avait l'air d'un rêve, ou plutôt d'un cauchemar mais tous semblaient le partager avec lui de manière lucide.
Une lueur vint à eux en leur disant qu'ils n'avaient rien à faire ici puisqu'ils venaient du monde des vivants. Qu'ils devaient sortir avant qu'il ne soit trop tard et surtout qu'ils devaient rester dans la lumière. Un légionnaire présent avec eux juste avant eut le malheur de s'éloigner du groupe par peur, et ses derniers cris furent plutôt dissuasifs quant à l'envie de n'importe qui d'enfreindre les directives de la lueur.
Elle leur traça un chemin en disant qu'elles les aiderait à sortir, mais le chemin comportait pas mal d'obstacles. Au niveau de quelques embouchures ils croisèrent ce qui pouvait s'apparenter à des visions. Pendant que certains étaient occupés à repousser des vagues d'ennemis types morts vivants, d'autres cherchaient ce que ces visions pouvaient signifier. Des légionnaires étaient parfois représentés en unités, ou des glaives, des fioles mais aussi des innommés ou alliés proches d'Elion. Des ordres de missions accompagnaient ces visions.
Ce n'est que quelques temps après qu'ils comprirent réellement là où ils étaient quand ils tombèrent nez à nez avec la grande faucheuse elle même. Ils avaient franchit la frontière de l'au delà... voilà pourquoi tout était aussi sombre.
Personne ne savait comment ils étaient arrivés là, et c'est au prix de nombreux efforts et batailles qu'ils ont pu s'échapper, talonnés de près par la grande faucheuse qui réclamait leur tête pour s'être invités chez elle.
Une fois sortis de cette pénombre, ils se réveillèrent tous au milieu de la foule comme si le temps s'était arrêté. Les présents ne comprenaient pas pourquoi ils avaient soudainement perdu connaissance, du moins pour ceux qui avaient remarqué leur chute. En parlant entre eux ils purent constater que ce n'était pas un rêve mais une expérience commune qui aurait très bien pu tous les tuer si ils avaient été rattrapés.
Quant aux fameuses visions, ils tombèrent tous d'accord. Elles concernaient les proches d'Elion, amis, préfets, et tous les ordres de mission associés étaient en réalité des ordres d'exécution...
Lumière et ténèbres
A part se préparer du mieux qu'ils pouvaient et prévenir les principaux concernés par les visions, le groupe ne pouvait consacrer davantage de temps à ces possibles ordres d'exécution. Les visions restaient des visions, et tant qu'aucune d'entre elle ne devenait réalité elles étaient abstraites.
Le combat pour la reconquête quant à lui était bien concret et n'attendait pas. La prochaine étape était de pousser le front de la forteresse d'Antharas jusqu'à reprendre Oren. Seulement la pression de l'ire bestiale était encore forte, même après le recul important qu'ils avaient concédé dans la passe de la mort.
L'imprenable, comme avait été surnommée la ville, avait pu tenir grâce à des résistants courageux et organisés. Seulement se frayer un chemin jusqu'à Oren couterait le prix fort si l'assaut était mené de front. Une
idée avait germée dans l'esprit des dirigeants de la légion azure, et le groupe des innommés et ses alliés ne s'attendaient certainement pas à cette rencontre là.
Lorelei Mag'na les guida jusqu'à la tanière d'un dragon des plus imposants. Leur mission était d'obtenir une alliance avec le groupe de dragons qu'il dirigeait. La surprise fut telle que la plupart se retrouvaient plutôt démunis face à la créature et c'est l'ambassadeur kamael Asharim qui pris le risque de parler avant les autres. Contre toute attente les négociations furent un succès, et ils obtinrent la parole du dragon pour l'aide à la reprise d'Oren.
Les réjouissances furent cependant de courte durée, puisque la même idée avait traversé l'esprit de l'ennemi. A peine les négociations closes "Numéro deux" apparu devant le groupe, et les dragons furent dans l'obligation de défendre le ciel contre des abominations du néant. Un petit groupe de ses sbires l'accompagnait, tous dans un apparat des plus sombres.
Numéro deux eut juste le temps de dire qu'il avait eu le même plan que le groupe mais qu'il était trop tard, avant que Revel ne se jette sur lui pour tenter de le rouer de coups. Les hostilités étaient lancées, les dés étaient jetés. Le groupe entier des innommés et leurs alliés s'engageait alors dans un combat contre le néant et le bras droit du marionnettiste.
Leur unité en combat si efficace habituellement n'a jamais été aussi mise à mal qu'à ce moment précis. Force bestiale, puissance écrasante, insensibilité aux coups, rapidité fulgurante. Numéro deux frappait fort, et ses acolytes semblaient invulnérables tout comme lui. Si bien que les héros ne pouvaient rivaliser malgré tous leurs efforts... la fuite était inévitable, et c'est après de nombreuses blessures encaissées que la retraite fut sonnée.
La sombre qui les avait guidé jusqu'ici ouvrit un portail permettant au groupe de s'enfuir. Les premiers hésitèrent, refusant de laisser les autres derrière, mais le choix ne leur appartenait plus. C'était fuir ou mourir. Pendant que ceux qui pouvaient encore se battre couvraient la retraite, les autres passaient le portail. Enguéran et Hortense furent dans les derniers à passer mais n'eurent pas le temps de se retourner.
Lorelei devait maintenir le portail, alors elle devait passer la dernière. Tous purent passer, tous arrivèrent saints et saufs, exceptée une. Sandales fermait la fuite et il aura pu saisir les derniers instants de Lorelei Magna. Le groupe était encore abasourdit par l'attaque quand le témoignage de l'orc au chapeau tomba.
Personne n'y croyait, tous les gros acteurs de la reconquête avaient toujours pu s'en sortir. Enguéran était plutôt dans le déni, à chaud, mais compris peu à peu que cette fois c'était fini pour la sombre... ils avaient perdu quelqu'un d'important, ils avaient faillit, ils avaient fuit. Cette défaite lui rappela amèrement celle de Giran lors de l'invasion de l'ire où la seule échappatoire était aussi la fuite.
Le commandant des innommés se rendait alors compte qu'ils n'avaient strictement rien pu faire face à cet ennemi, pourtant ils étaient au complet. Un sentiment d'impuissance et de fatalité l'envahit, il ne savait pas comment réagir. Même face au gouverneur désemparé, il ne savait pas quoi dire. Elion et Lorelei se connaissaient de longue date, ils étaient amis et marchaient ensemble depuis longtemps pour la reconquête. Non seulement l'alliance avait perdu quelqu'un d'important, mais Elion pris un sérieux coup au moral en ayant perdu son amie.
Cette fois l'ennemi avait envoyé un message fort à tous les acteurs de la reconquête.
Cette fois les ténèbres avaient soufflé une des bougies de la lumière qui se dressait devant elles.
Cette fois la légion azure, les innommés et leurs alliés n'avaient pas gagné.
Cette fois c'est Lorelei qui aura fait preuve du plus grand courage, celui du sacrifice, pour qu'ils puissent tous continuer à œuvrer pour la reconquête...
Le sauvetage de l'imprenable
Jaërt Tallerion. C'est le nom du lieutenant conseiller d'Alaric qui pris les devants pour tenter de réunir les innommés et leurs alliés à celui qu'ils avaient pratiquement tous pris en grippe. Le boucher comme il était ainsi appelé depuis le massacre de la révolte de Gludio avait un passif avec pratiquement chacun d'eux.
Jaërt était différent d'Alaric sur biens des points, et choisit une approche bien plus cordiale que son supérieur. Même si de prime abord la relation fut plus que glaciale, le lieutenant parvint à ce que le groupe travail d'un commun accord avec la garde de fer. Il réussit même le luxe de gagner la confiance d'Enguéran, chose que le capitaine Alaric ne pouvait se targuer d'avoir obtenu.
A cette période l'effectif des troupes de Giran était à peine reconstitué à hauteur d'un millier d'hommes, mais le commandant décida de faire confiance au lieutenant de la légion et une nouvelle fois la compagnie du phénix ardent participa à la défense de la forteresse avant de se positionner en réserve.
Après plusieurs escarmouches et l'aide des résistants de Loudun, le moment décisif de la reprise de la ville avait sonné. La bataille ne laissa guère de chance aux bêtes, puisque cette fois ci les alliés pouvaient compter sur une aide de camp de taille. Aussi, au coeur de l'affrontement, le dragon qui promis son aide se posa l'espace de quelques secondes sur la place et ravagea de ses flammes une partie de la ville et de ceux qui n'avaient pas eu le temps de se mettre à l'abri.
Fort heureusement, les pertes à déplorer en nombre furent celles du côté ennemi. Néanmoins lorsque la ville fut déclarée libre, que l'odeur de chair brulée s'estompa un peu et que le décompte des morts commença, une autre perte conséquente était à mettre au tableau déjà noircit de celle de dame Mag'na. Le jeune lieutenant Tallerion fut retrouvé le corps lacéré parmi des cadavres ennemis, et emmené aussitôt par la dirigeante des résistants de Loudun.
A ce moment précis le début d'alliance qui existait entre l'ouest et les résistants vola en éclat parmi le flots d'informations et d'évènements qui secouait l'empire, et Enguéran, faute de pouvoir faire la lumière sur cette disparition et l'arrêt des relations avec Loudun préféra se concentrer sur les urgences et garder ce qui venait de se produire en tête pour le futur, quand le temps viendrait d'honorer la mémoire de Jaërt Tallerion comme il se devait.
Le massacre des Phénix Ardents
Cette fois Alaric s'entretint en personne pour confier aux innommés une mission qu'il qualifiait vitale pour la suite de la campagne. Oren était sauve, mais son château était toujours sous l'emprise des bêtes qui pour le moment parvenaient à alimenter en renfort les troupes retranchées à l'intérieur.
La mission était simple à première vue, faire en sorte que l'ennemi n'ai plus accès à l'eau. Seulement, toute tentative d'empoisonnement de la source suggérait également un empoisonnement des troupes alliées et des civils. Pour faire participer un plus grand nombre à la prise de décision et au partage d'avis sur la manière à aborder la stratégie à appliquer, Enguéran choisit de tenir une réunion avec les innommés et éventuels volontaires pour cette quête.
Ce fut sa première erreur, puisqu'à part sur le fait qu'empoisonner l'eau était à écarter, les divergences d'avis fusèrent aussitôt. La réunion était digne des précédentes, et au final les débats s'éternisèrent.
La stratégie retenue consistait à créer une diversion par une attaque à distance des engins de siège pour pouvoir s'infiltrer à l'intérieur des souterrains et faire sauter par des explosifs nains l'endroit où les bêtes puisaient l'eau. Ne pouvant pas participer à cette mission, Enguéran n'eut que des témoignages et le rapport détaillé d'Anvil. Même si la stratégie paraissait bien rodée, le bilan fut mitigé sur l'objectif, et le tribu des vies de la compagnie du phénix ardent jamais aussi lourd.
La deuxième erreur du commandant fut de croire que ses troupes seraient soutenues pendant la diversion. Pas un kamael, pas un garde de fer, pas un lion de heine. Les Phénix Ardents s'exposèrent au feu nourri de l'ennemi avant même de pouvoir tirer, les pertes furent catastrophiques. Le commandant compris à ce moment par la force des choses que l'entraide ne fonctionnait pas forcément à double sens.
Sa troisième erreur était d'avoir voulu aller au bout de la mission alors qu'elle était assez délicate pour que certains se retirent, à l'image de l'ambassadeur kamael et ses troupes. Il aurait du imiter Asharim et laisser Alaric avec son sabotage. Même si le château se trouvait désormais bien fragilisé et que la position des bêtes était compromise, le sacrifice humain payé était jugé bien trop lourd par Enguéran.
Des centaines de compagnons du phénix tombèrent ce jour là, mais la chose commençait à devenir un peu trop banal dans les esprits. Puisque c'était le combat de la garde de fer depuis la passe de la mort, et que Giran avait déjà bien assez donné de ses braves au front, le commandant replaça ses troupes en réserves pour protéger les engins de siège de Vernalis. Il en resterait ainsi jusqu'à nouvel ordre tant que d'autres "soutiens" de l'ouest ne prendraient pas part à la reconquête.
Laëb, deuxième partie
Un malheur n'arrivant jamais seul, c'est en cette période que Laëb faisait encore parler de lui. Quelques badauds dans le besoin avaient formulé le souhait en présence du diable déguisé de sortir de la misère dans laquelle la vie les avait placé. Sans le vouloir, et sans le savoir, le sort de leur âme était scellé.
C'était sa méthode, se fondre dans la masse et pousser ceux à qui il parlait de souhaiter quelque chose qu'il pourrait leur offrir. Ainsi ceux qu'il avait trompé pouvaient jouir d'une vie nouvelle selon leur souhait, sans pour autant savoir que quelques années après leur âme serait réclamée. C'est ainsi que les contrats étaient passés.
Ce fut le cas d'un certain Manil Verdamt, qui échappa de peu à son sort grâce à l'intervention de certains héros de l'ouest. Un malheur n'arrive jamais seul, ils auront pu faire la connaissance d'une créature semblable à Laëb nommée Decarbia, venue prélever l'âme de l'humain.
Elle lança un ultimatum à Giran, chaque jour qui passerait sans qu'elle obtienne l'âme du condamné, une vie innocente serait prise en échange. Quel dilemme pour Enguéran, sacrifier une vie civile pour en sauver d'autre fut une épreuve de taille... d'autant que Manil s'était fait rouler par Laëb, ayant passé un contrat avec lui sans même sans rendre compte. Au final l'humain était déjà mort vu le contrat sur sa tête, contrairement aux autres innocents qui mourraient à sa place.
Poussé par Hortense et Jabot, le commandant pris la décision de livrer Verdamt à Decarbia. Les meurtres cessèrent aussitôt, mais avec le sentiment d'avoir plié sous la volonté des diables.
Entre temps, un sommet avait été organisé pour faire le point sur l'affaire Laëb et décider d'une marche à suivre une bonne fois pour toute. Une réunion de plus avec ses désaccords. Asharim, ambassadeur kamael, outrepassa son statut pour tenter d'imposer sa vision des choses et sa manière de faire pour Giran. Même si Enguéran considérait qu'il devait se venger pour le massacre de la nuit des brûleplumes, il ne laisserait pas l'ambassadeur décider pour la ville dont il était responsable.
Malgré cette parenthèse, le groupe trouvait un terrain d'entente sans Asharim, et était bien déterminé à anéantir une bonne fois pour toute le diable de Giran.
Un nouveau départ pour la foi
Et comme une défiance, comme une provocation, c'est en cette période qu'un symbole reprenait vie peu à peu. La cathédrale était encore en ruine depuis la reprise de la ville, et semblait comme le dernier monument à ne pas avoir été restauré.
Avec l'aide des ouvriers de Vernalis, assistés par ceux de Murdoc, les travaux de déblaiement étaient tout juste terminés. Les carrières avaient déjà donné des pierres de tailles conséquentes pour rebâtir ce que l'ire avait détruit.
Le clergé d'Einhasad était autrefois en nombre et répandait la foi de la lumière dans le coeur et l'esprit des habitants. Giran était restée trop longtemps sans ce guide spirituel, et il était temps de remédier à ce manque.
Une fois le matériel acheminé sur la place, c'est sous bonne garde que les ouvriers purent commencer à reconstruire la cathédrale de la fille aînée de l'église.
Où est Elion, première partie
Les ténèbres, étendues à perte de vue malgré la reconquête en cours. Toujours présentes là où ils s'y attendaient le moins, toujours surprenantes par ses desseins.
Le dernier coup porté par le néant faisait encore écho parmi les alliés qui venaient de rendre un dernier hommage à Lorelei Mag'na lors d'une cérémonie funéraire plus qu'honorable. Le gouverneur était présent et même si il faisait du mieux qu'il pouvait pour rester digne, son mal être était palpable pour ceux le connaissant un tant soit peu. C'est la dernière fois qu'Hortense et Enguéran ont pu voir Elion en public.
Même si pour le couple Lorelei ne leur était guère proche, sa mort était un évènement difficile à vivre. Et bien qu'ils n'en parlaient pas vraiment entre eux, ils étaient marqués et une question taraudait de temps à autre l'esprit d'Enguéran... qui serait le prochain à tomber ?
Ce n'est qu'après un certain temps inquiétant sans nouvelles d'Elion qu'ils se décidèrent à partir à sa recherche. Une décision prise sans concertation avec le reste du groupe, peut être parce qu'ils avaient besoin de souffler aussi. Pour Hortense, c'était suivre celui qu'elle avait juré de veiller, en plus d'être sa compagne. Pour lui, c'était partir à la recherche d'un homme qui représentait bien plus qu'un supérieur hiérarchique.
Elion ne faisait pas de reproches, il parvenait à mener ses idées en chacun de ses interlocuteurs sans jamais hausser le ton.
Elion montrait bienveillance et savait écouter ceux qui n'étaient rien à côté de lui et prendre en compte leurs avis avec sagesse.
Elion savait réunir à une table des gens de tous bords pour les unifier.
Elion connaissait les enjeux bien au delà de la reconquête des territoires et ce qui allait suivre.
Elion croyait en Enguéran depuis le début alors qu'il n'était qu'un vulgaire mercenaire honteux d'avoir fuit devant l'ennemi lors de l’invasion de Giran.
Elion était bien plus qu'un général ou un gouverneur, c'était le symbole de la liberté et de la mise en déroute de l'ire bestiale. C'était le bouclier de civilisation.
Le triste constat était qu'on parlait de moins en moins de lui, et qu'il semblait s'effacer de plus en plus pour on ne savait quelle raison. C'était étrange pour le commandant des innommés, et à la fois inconcevable... comment pourraient ils faire sans lui ? Comment pourrait on oublier celui sans qui probablement personne ne serait encore debout ? Sans qui même Gludin aurait sombré.
Alaric avait pris le relais sur le front depuis un moment, s'affirmant de plus en plus pour occulter les agissements du gouverneur. Dans quel but ? Bien trop de questions sans réponses, surtout du principal intéressé.
Ils commencèrent leurs recherches à la magistrature de Gludin , pour au final écumer tout le territoire reconquis et même certains endroits reculés où des rumeurs l'avaient parfois signalé de passage. Un temps à Althéna, un temps à Gludin, puis Gludio... un temps où ils étaient juste tous les deux, avec un simple but en tête. Un temps d’insouciance comme avant, même si ils savaient qu'ils ne pourraient pas faire de ce laps de temps une éternité...
Changements
La plupart ne comprenaient pas après quoi Enguéran courrait, mais lui en avait pleinement conscience... c'était l'espoir, et Elion était son symbole. Avec sa disparition, la normalisation de la guerre devint de plus en plus présente. Les villes et territoires libérés avaient repris le cours de leur existence, et leurs peuples respectifs le cours de leur vie. La routine devenait la même, enrôler, former, combattre et perdre des compagnons d'armes, inlassablement. Et cerise sur le gâteau, la politique devenait monnaie courante et l'unité bien mince quand il était question de protéger ses propres intérêts.
Aussi, si pour le moment le champ de bataille n'avait pas eu raison de la volonté d'Enguéran, les conflits internes, les critiques quoi qu'il soit entrepris comme action ou pas, la politique, les courbettes et l'hypocrisie l'auraient à coup sur à l'usure selon lui. Ainsi sa volonté de faire des concessions pour garder un semblant d'unité s'amenuisait considérablement au fil du temps. Il ne parvenait plus à être assez conciliant pour faire profil bas et tout accepter, préférant de plus en plus monter au créneau peu importe les mécontentements. Le sentiment d'être informé juste de manière suffisante pour qu'il entre dans le jeu devenait également de plus en plus important, ce qui n'arrangeait en rien son pragmatisme naissant, il avait de plus en plus l'impression d'être utilisé comme un vulgaire pion. Hortense partageait son opinion et bien qu'ils se soient à plus d'une reprise remis en question à ce sujet en croyant se faire des idées, l'impression reprenait de plus belle peu de temps après.
La période de recherche du gouverneur fut plus que troublée par les nuits agitées du commandant, ou quelques cauchemars s'ajoutaient également à ses états d'âme. Outre le fait de la lassitude qui grandissait en lui, il avait pris conscience que ses responsabilités avec Hortense ainsi que leur combat pour la reconquête prendraient bien plus de temps que ce qu'il avait cru, et que les dangers qui y étaient liés paraissaient bien plus grands aujourd'hui. Il se souvenait de la soirée du Dies Natalis, et avait entendu que le préfet de Dion avait été sauvé in extremis et que Sandales aurait pu y passer aussi si il n'avait pas été vigilant. La peur s'invitait parfois dans ses cauchemars et même à son réveil... sentiment humain après tout.
Il estimait qu'il avait bien plus que certains à perdre dans cette guerre, car contrairement à beaucoup il avait encore ce qui lui était le plus cher en ce monde. Hortense, et tout le chemin parcouru jusqu'ici à ses côtés, avec toutes les promesses qu'ils s'étaient échangés. Que se passerait il si elle disparaissait ? Continuerait il ? Ou pire... que ferait elle si il tombait comme déjà nombre de leurs soeurs et frères ? Il ne pouvait se résigner à l'imaginer marcher seule sans lui... voilà pourquoi il éprouvait une certaine angoisse, son esprit ayant le temps de vagabonder au gré de ses pensées et interrogations pendant leurs recherches.
Quoiqu'il en soit et quoi qu'ils fassent dans leur situation actuelle, ils devaient étudier et mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires à leur survie car tôt ou tard et Enguéran en était persuadé, ce serait à leur tour de se défendre...
Une cible de choix
Pendant qu'Hortense s'attelait à parfaire sa formation de prêtresse à l'académie, Enguéran usa du temps qu'il avait en dehors des recherches à ressortir la dague et la tunique que Gavros lui avait déniché il y a un long moment. Il avait fait en sorte de garder secret le fait d'apprendre à manipuler ce genre d'arme, bien que sa compagne eut tôt fait de découvrir qu'il en portait une.
Savoir lutter à la lance ou à l'épée est un art, le faire efficacement avec ce type d'arme là en est un autre et il connaissait juste les rudiments. Il put apprendre toute les bases grâce à Hortense, et s'octroya même le luxe de fouiner dans quelques ouvrages. La rapidité qu'il avait naturellement sans sa lourde armure était un atout, et les points vitaux à atteindre restaient les mêmes que dans un combat normal. Il se refusa cependant à tout penchant pour la fourberie ou les attaques déloyales dont usaient couramment les manieurs de dagues.
Son entraînement à ce type de combat de mêlée avait aujourd'hui un autre but. De prime abord il avait désiré se fondre dans la masse pour infiltrer les serres ardentes et pouvoir se défendre au cas où ça tournerait mal, mais sa notoriété d'aujourd'hui l’empêcherait de mener à bien cette mission là. Il serait démasqué facilement et serait en danger inutilement. Cette fois, cette fameuse dague servirait en cas de force majeur si nulle autre échappatoire ne lui était offerte, et c'est sa vie qu'elle protègerait.
L'éveil du Paladin
Après quelques brefs passages à Giran, et une absence assez longue qui commençait à peser sur leurs compagnons, Hortense et Enguéran finirent pas stopper leurs recherches infructueuses pour reprendre leurs tâches quotidiennes. Aether avait pris le relais pour Laëb, aux cotés d'Eliadus qui l'assistait autant que possible, et Anvil gérait Giran et un nouveau problème qui l'affligeait elle et plusieurs autres villes portuaires.
Le couple pris conscience après quelques échanges qu'ils avaient délaissé leurs compagnons bien trop longtemps. D'autres avaient aussi disparu, comme Euria et Sandales, ainsi qu'Asharim, Aërya, Revel... c'en était même inquiétant tellement la liste était longue.
Concernant le nouveau problème, il s'agissait d'une vieille légende qui refit surface et semblait bien réelle, celle du pirate Zaken. Plusieurs navires côtiers, qu'ils soient de pêche ou de guerre avait été retrouvé telles de vulgaires coquilles vides sans âme qui vive. Les premières recherches des plus téméraires signalaient un énorme vaisseau tapis dans la brume, ayant l'air d'un navire fantôme. L'affaire était urgente car effrayait tous les pêcheurs, marchands et donc nuisait au commerce maritime ainsi qu'à la sécurité de toutes les villes portuaires.
Un nain au nom imprononçable, capitaine de vaisseau, jura la perte de Zaken ainsi que de son armée de morts vivants et engagea tous les volontaires disponibles pour une excursion sur son île maudite dans le but d'en finir avec lui. Hortense et Enguéran étaient de la partie, bien décidés à faire triompher la lumière face à ces créatures dénaturées, le commandant pourrait alors juger de sa formation de paladin achevée et la capitaine de celle de prêtresse d'Einhasad. Étonnement, un autre paladin était engagé pour l'excursion, et un sombre qui plus est. Un sombre maîtrisant ce savoir était bien rare à cette époque, Enguéran y perçut un signe.
L'entreprise était de taille, nombre de morts vivants de tous types jonchaient les moindres recoins de l'île maudite. Ajoutés au tableau des bonnes nouvelles, des prisonniers semblaient encore vivants et devaient être libérés au plus vite. C'est fort de ses prières et de sa foi qu'Enguéran se joint aux autres croyants pour exterminer les corps putréfiés qui se dressaient sur leur route. Le groupe avança prudemment mais du se hâter quand l'île toute entière semblait se mettre en mouvement, annonçant les intentions de Zaken de rejoindre la terre ferme pour une invasion.
Au prix de pas mal d'efforts autant physiques que mentaux, ils parvinrent jusqu'au capitaine damné. L'engagement fut brutal et le combat long et sanglant, mais ils triomphèrent des ténèbres et cette fois c'est bien la lumière guidée par leur foi qui fit vaciller les ténèbres où elle s'était engouffrée. Le bilan fut tout de même chargé puisque Nörir et Quetzal étaient à deux doigts de rejoindre l'armée de Zaken, passant de peu de vie à trépas en détruisant le cristal qui faisait se mouvoir l'île maudite. Le nain au nom imprononçable eut donc sa revanche mais avec un séjour prolongé à l'infirmerie en prime.
Zaken fut vaincu cette fois, mais déjà il annonçait son retour prochain et sa future vengeance...