L'alchimie décodée

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Meliäa
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L'alchimie décodée

Message par Meliäa » mar. 10 juillet 2012 à 16h01

Spoiler:
* Type de connaissance : Livresque (Existant uniquement à l'écrit)
∆ Niveau rareté : Lettré (Les personnes qui ont soif de Connaissances)
■ Bibliothèque/Lieu de provenance : Bibliothèque de la Tour d'Ivoire
~ L'Alchimie Décodée ~
Préambule


L'alchimie fut jadis considérée comme une pseudo-science occulte, outrageant les diverses obédiences par l'usage hérétique qu'en faisaient les plus cupides : la synthèse de l'or à partir de métaux moins précieux. Il est aujourd'hui ancré dans les mœurs qu'il s'agit de l'art de la transformation de la matière. Beaucoup ignorent toutefois que l'alchimie représente bien plus qu'une science. Elle symbolise pour certains une véritable idéologie : la quête éternelle de la perfection. Fallait-il que l'avidité des Hommes fût sans bornes pour que l'Histoire voulût que cette doctrine trouvât ses origines dans la croyance selon laquelle l'or était constitué de métaux estimés comme « moins parfaits » enfouis sous terre, et qu'avec dextérité, concentration et assiduité, la transmutation était réalisable?

Les premiers alchimistes travaillaient avec l'arsenic et le soufre, les sels et les acides, l'or et le mercure ; utilisant des procédés allant de la distillation à la cristallisation, en passant par la sublimation. Ils pensaient que la composition de tout corps comprenait du soufre et du mercure en différentes proportions. A cette théorie succéda celle stipulant que les corps composés étaient également constitués de sel, symbolisant la terre ; le soufre et le mercure représentant respectivement quant à eux l'air et l'eau. Le feu était par ailleurs considéré comme impondérable ou immatériel. Leurs découvertes de nouvelles substances précédèrent la conception de nouveaux procédés alchimiques.

L'essor de l'alchimie a vu naître en son sein bien des mythes, tels que la Pierre philosophale, ou encore l'élixir de vie qui, comme chacun le sait aujourd'hui, n'est d'autre que la dissolution de * la suite a été grattée au stylet d'émeraude, si bien qu'un espace inoccupé remplace les mots *. Cette recette est d'ailleurs à l'origine du dicton suivant : « ce qui ne nous tue point nous rend plus forts ». La Pierre philosophale serait pour sa part le fameux élément inconnu et commun à tous, duquel dériveraient les quatre éléments. Parmi les plus dévots, certaines mauvaises langues associent encore cette pierre légendaire à Gran Kain. Ainsi longtemps le culte d'Einhasad considéra-t-il l'alchimie comme une hérésie Kainiste.

Quelques autres aspects de cet art qui demeurent méconnus par certains et bannis par d'autres, traitent notamment de la transmutation de l'âme. Si les vestiges des croyances populaire à ce sujet parlent de magie noire et de manipulation de l'ectoplasme en question, la vérité est toute autre. Il ne s'agit en effet ni plus ni moins que de l'éveil spirituel réalisable par tout un chacun. Une méthode simple et efficace en ce dessein est le chant. Pour ceux qui ne jouiraient point d'un organe gâté par la Nature, écouter de la musique peut suffire, pour peu que l'on configure judicieusement son répertoire.

Outre la purification de l'âme, les différentes Églises craignaient que les alchimistes ne se transmutassent eux-mêmes pour devenir des êtres parfaits, des surhommes aux pouvoirs quasi-illimités. Elles condamnaient par-dessous tout le tabou absolu : la création d'un individu des six races. Façonner un être de synthèse était passible de la peine capitale, car revenait à se considérer comme l'égal des Dieux. Quoi qu'il en fût, l'on n'entendit jamais parler d'un quelconque homoncule abouti.

Le véritable alchimiste vit en harmonie avec la Nature, et tous les ingrédients qu'il utilise s'y trouvent. En l'étudiant et en la comprenant, il sera réellement à même de la parachever en accélérant ses processus. Aussi tient-il compte des cycles lunaires ainsi que de la position des étoiles. C'est par exemple à la pleine lune que le recueil de la rosée s'avère le plus fructueux, rendant celle-ci on ne peut plus féconde. Cette rosée aide la matière, lorsque cette dernière cuit dan son jus, à être préparée au Grand Œuvre. On l'expose ensuite à la lumière de la lune et des étoiles. La rosée peut également être distillée pour obtenir un premier sel, qui sera quant à lui exposé à la lumière solaire. L'on peut donc considérer le soleil et la lune comme étant respectivement le père et la mère de la Pierre philosophale.

Afin de préserver leurs connaissances des esprits avides et malveillants, les alchimistes utilisent des symboles que seuls les esprits les plus éveillés et les plus sages sont susceptibles de bien interpréter. Ainsi, un ouvrage alchimique, lorsqu'il n'est pas entièrement composé d'illustrations, ne comportera que des représentations allégoriques. Nombre de contes et de fabliaux, et même quelques livres de cuisine, sont en réalité de précieux manuels d'alchimie.

Tout fervent pratiquant se doit de demeurer sensible aux éventuels signes qui s'offrent à ses sens, tout en conservant une approche sceptique. Il lui faut nécessairement considérer avec la plus grande ouverture son environnement, sans jamais pour autant s'y fier. L'expérimentation seule fait acte de démonstration. Lorsque l'on affirme qu'un alchimiste doit recevoir la bénédiction des Dieux, il s'agit en réalité pour lui de ne jamais tourner le dos à ce que la Nature lui offre à voir.
Symboles

Aigle : Volatilisation ; acides employés dans l'Œuvre ; air. Aigle dévorant un lion : volatilisation du fixe par le volatil.
Animaux :
  • 1) Animaux de la même espèce et de sexe différent : Soufre et Mercure préparés pour l'Œuvre ; fixe et volatil (mâle = le Soufre, principe fixe ; femelle = le Mercure, principe volatil). — Ces animaux sont unis : conjonction ; ils se combattent : fixation du volatil ou volatilisation du fixe.
    2) Animal terrestre-animal aérien : fixe et volatil.
Arbres : 1) Arbre portant des lunes : petit magistère ; 2) Arbre portant des Soleils : grand magistère.
Bain :
  • 1) Dissolution de l'or et de l'argent.
    2) Purification de ces deux métaux.
Carré : Quatre éléments.
Chaos : Matière première indifférenciée.
Chambre : Œuf philosophique.
Chêne creux : Athanor (fourneau).
Chien : Soufre ; or. Chien dévoré par un loup : purification de l'or par l'antimoine. Chien-chienne : fixe-volatil.
Circonférence : Unité de la matière.
Corbeau : Couleur noire que prend d'abord la matière de l'Œuvre quand on la chauffe.
Couronne : Perfection métallique (métal transmuté en or).
Cygne : Blancheur.
Dieu : Gran Kain : chaos. Einhasad : lumière. Shilen : eau ; voir « Lune ». Eva : eau ; voir « Soleil ». Pa'agrio : feu. Maphr : terre.
Dragon : Dragon dans les flammes : feu. Dragons se combattant : putréfaction. Aulakiria : lumière ; voir « Soleil ». Valakas : feu. Antharas : terre. Farfurion : eau. Lindvior : air. Noct : voir « Lune ».
Enfant : Revêtu de la pourpre royale, ou couronné : Pierre philosophale.
Épée ; faux : Feu.
Fleurs : Couleurs du Grand Œuvre.
Fontaine : Voir « Bain ».
Grain : Matière de la Pierre philosophale.
Homme et Femme : Soufre et Mercure. Se mariant = conjonction. Enfermés dans un sépulcre = Soufre et Mercure dans l'Œuf philosophique.
Lion vert : Vitriol vert.
Loup : Antimoine.
Lune : Principe femelle, volatil ; argent préparé pour l'Œuvre.
Mariage : Conjonction Soufre-Mercure.
Oiseaux : S'élevant dans le ciel : volatilisation, sublimation. Tombant à terre : précipitation, condensation. Opposés à animaux terrestres : air.
Pélican : Pierre philosophale.
Phénix : Couleur rouge de la Pierre.
Prison : Œuf philosophique.
Rebis : synonyme d' « hermaphrodite ».
Roi et Reine : Voir « Homme et Femme ».
Rose : Couleur rouge.
Salamandre : Feu.
Sépulcre : Œuf philosophique.
Serpent : Trois serpents : les trois principes. Serpent ailé : principe volatil, — sans ailes : principe fixe. Serpent crucifié : fixation du volatil. Serpent qui se mord la queue (Ouroboros) : unité de la matière.
Soleil : Or préparé pour l'Œuvre.
Les trois principes

Les alchimistes distinguent deux principes opposés : le Soufre et le Mercure. Ils associent à ces derniers un moyen terme : le Sel (également appelé Arsenic). Remarquons que ces noms ne désignent point les corps chimiques éponymes, mais représentent certaines qualités de la matière : le Soufre désigne les propriétés actives (combustibilité, corrosion des métaux...), le Mercure les propriétés dites « passives » (éclat, volatilité, fusibilité, malléabilité...) ; quant au Sel, il s'agit du moyen d'union entre le Soufre et le Mercure, et se trouve fréquemment assimilé à l'esprit vital unissant l'âme au corps. Le Mercure constitue la matière, le principe passif, féminin ; le Soufre, la forme, le principe actif, masculin ; quant au Sel, c'est le mouvement, moyen terme par lequel le Soufre donne à la matière toutes espèces de formes. Le Soufre et le Mercure symbolisent donc les deux propriétés opposées de la matière : il existe deux propriétés de la matière, l'une active, l'autre passive. La première est de la nature du chaud, l'autre du froid. Le Soufre est le principe fixe, le Mercure le principe volatil.
De ce constat les alchimistes déduisent tout une théorie de la genèse des métaux, d'où les qualificatifs de père et de mère de ces derniers donnés au Soufre et au Mercure : dissociés au cœur de la terre, les deux principes, attirés inéluctablement l'un vers l'autre, se combinent en diverses proportions pour former sous l'influence du feu central, métaux et minéraux ; et la différence seule de cuisson et de digestion produit la variété dans l'espèce métallique.
Tétrasomia
Afin d'éviter tout quiproquo, il convient d'insister sur ce point : les quatre éléments (Eau, Terre, Air, Feu) ne désignent point les réalités concrètes éponymes. Il s'agit en l'occurrence d'états, de modalités de la matière. Il s'avère en effet que les quatre éléments répondent aux apparences et aux états généraux de la matière. La Terre est le symbole et le support de l'état solide. L'Eau est le symbole et le support de la liquidité. L'Air est le symbole et le support de la volatilité. Le Feu, plus subtil encore, répond non seulement à la notion du fluide éthéré, support symbolique de la lumière, de la chaleur et de l'électricité, mais aussi à la notion phénoménale du mouvement des plus petites particules du corps. Les alchimistes distinguent deux éléments visibles, la Terre et l'Eau, renfermant en eux deux éléments invisibles, le Feu et l'Air, et associent ces quatre éléments aux quatre qualités traditionnelles (chaud, froid, humide et sec). Concernant le Sel, on décrit un cinquième élément, l’Éther ou Quintessence, sorte de conciliateur entre les corps et la force vivifiante dont ils sont pénétrés.

Le passage qui suit semble être difficile à trouver, selon les dires de certains. Parfois, il se trouverait dans le livre, parfois pas. Une magie à l’œuvre, peut-être ? Nul ne le sait. Reste qu'il est parfois possible de lire son contenu, sous certaines conditions que personne n'a jamais réussi à identifier jusqu'alors ...
Le Grand Œuvre
Les alchimistes discriminent de bon gré deux Œuvres, représentés par deux arbres, l' « arbre lunaire » et l' « arbre solaire » :
— le Petit Œuvre, ou Petit Magistère, consiste en l'obtention de la Pierre blanche, capable de changer les métaux imparfaits en argent ;
— le Grand Œuvre, ou Grand Magistère, conduit à la confection de la Pierre au rouge, habilitée à opérer la transmutation en or.

Le processus des deux Œuvres se révèle pourtant strictement identique : le Petit Magistère amène à l'apparition de la couleur blanche, mais peut être poussé jusqu'à l'acquisition de la Pierre rouge, ce qui parachève le Grand Œuvre.
Préliminaires
Le véritable alchimiste construit lui-même ses appareils, et installe son laboratoire en un lieu qui lui est exclusivement accessible. Soucieux du rythme des saisons, il débute d'ordinaire la confection du Magistère au Printemps, réputé parmi les adeptes comme étant la période la plus favorable au potentiel de conception de la Nature.
D'aucuns pourront insister sur l'assistance d'une grâce divine : celle de Pa'agrio, concrétisée par un « feu secret » provenant de son volcan et qui nourrira l'athanor.
Préparation de la matière du Grand Œuvre
La préparation de la matière constitue la clef de l'Œuvre, ainsi que la phase la plus ardue de celle-ci. Il s'agit en effet de former un nouveau corps à partir des deux principes antagonistes, préalablement extraits à l'état de pureté absolue.
À priori, dans la mesure où tout dans la Nature est formé de la même matière unique, diversifiée en deux principes antithétiques, n'importe quelle substance peut être employée, qu'elle soit végétale, animale ou minérale.
Supposons à présent que l'on choisisse de tirer notre matière des végétaux (herbes, arbres et tout ce qui naît de la terre), l'extraction du Mercure et du Soufre nécessitera une longue cuisson. L'élection des animaux pour cette tâche conduirait à travailler sur le sang, les cheveux, l'urine, les excréments, ou encore les œufs, pour là encore extirper d'une longue cuisson et le Mercure, et le Soufre. Or, la Nature nous offre ces deux éléments déjà tout faits. La voie minérale se révèle donc être la plus pertinente.
C'est à l'or et à l'argent que l'on fait le plus souvent appel. Utilisés en petites quantités, il tiennent lieu de ferment et permettent des transmutations aux effets considérables, agissant par ce qui apparaît comme une multiplication. Respectivement symbolisés par le Soleil et la Lune, il est d'usage de considérer ces deux métaux comme les corps les plus riches l'un en principe Soufre, l'autre en principe Mercure. Les deux astres représentent ainsi d'autant plus légitimement le père et la mère de la pierre.
Ni le Mercure ni le Soufre ne peuvent, individuellement, engendrer des métaux. Ce n'est que par leur union qu'ils donnent naissance aux divers métaux ainsi qu'à de nombreux minéraux. Il relève donc de l'évidence que notre Pierre doit naître de ces deux principes. Ce Mariage philosophique du Soufre et du Mercure est ordinairement représenté par l'alliance d'un roi vêtu de rouge et d'une reine vêtue de blanc (le prêtre célébrant le mariage représente alors le Sel).
L'or et l'argent (auxquels est parfois joint le vif-argent ou mercure vulgaire, reconnu pour sa haute teneur en Sel, influence dissimulée convergeant vers l'union des deux « frères ennemis », le Soufre et le Mercure) constituent ainsi la matière éloignée de la Pierre. Ils ne peuvent toutefois être employés tels quels : pour constituer la matière prochaine du Magistère, le mélange du Soufre extrait de l'or et du Mercure extrait de l'argent, ils doivent être préalablement purifiés (exception faite de l'or natif, selon certains praticiens). Cette purification de l'or et de l'argent est usuellement représentée par une fontaine dans laquelle le roi et la reine viennent se baigner. L'on purifie d'ordinaire l'or avec l'antimoine et l'argent avec le plomb ; la purification doit être réalisée par trois fois, de sorte qu'il en résulte « l'or et l'argent des philosophes », c'est-à-dire dénués de toute impureté.
Si l'or est le plus parfait de tous les métaux, et par cette qualité le père de notre Pierre, il n'en est pas la matière pour autant : il recèle cette matière. Afin d'obtenir les deux principes opposés extraits des deux métaux parfaits, l'or et l'argent sont dissous ; la chaleur se charge de décomposer les sels obtenus une fois ceux-ci cristallisé ; les acides, symbolisés par des lions dévorant le Soleil ou la Lune, dissolvent le résidu. L'on obtient alors la matière prochaine de l'Œuvre, symbolisée par un liquide enfermé dans une fiole. Cette matière est enfermée dans l'Œuf philosophique : le roi et la reine s'y accouplent, symbolisant la conjonction du Soufre et du Mercure ; ce n'est qu'après ce mariage ou union que la matière prend le nom de Rebis, symbolisée par un corps à deux têtes ou un hermaphrodite, l' « hermaphrodite alchimique ».
Cuisson de la matière dans l'Œuf philosophique
La matière de l'Œuvre est donc enfermée dans l'Œuf philosophique, petit ballon de cristal dont l'orifice doit être hermétiquement clos une fois la matière introduite. L'appellation d' « Œuf philosophique » vient autant de la forme du vase que de l'analogie avec l' « Œuf du monde », sorte de représentation miniature de la Création ; c'est de cet œuf que doit sortir la Pierre philosophale après incubation (d'où le nom plaisant de « maison du Poulet »), représentée par un enfant couronné et vêtu de la pourpre royale.
On qualifie parfois l'Œuf philosophique de « prison », car les époux philosophiques qui la pénètrent s'y voient enfermés, et ce jusqu'à la fin de l'Œuvre, — de « chambre nuptiale », car il s'agit du lieu de mariage ou d'union philosophique du Soufre et du Mercure, — de « sépulcre », car les époux y meurent après leur union ; à cette mort succède la putréfaction, qui donne naissance à leur fils, la Pierre Philosophale.
L'Œuf philosophique est placé sur une écuelle remplie de cendres ou de sable, et doit être chauffé dans l'athanor suivant certaines règles. Ce fourneau à réverbère empêche le feu de mourir avant la fin de l'Œuvre. C'est la partie supérieure de l'athanor qui réverbère la chaleur ; la partie moyenne est constituée de trois saillies en triangles, où reposent l'écuelle et l'Œuf ; la partie inférieure abrite le foyer, et se voit percée de trous donnant accès à l'air extérieur, ainsi que dotée d'une porte. Il est nécessaire, pour assister à l'Œuvre, de percer également la partie moyenne de deux trous opposés, fermés par des parois de cristal.
La difficulté réside dans la graduation des degrés de chaleur nécessaires à l'Œuvre. Il y a en tout quatre degrés : le premier est de 60 à 70° environ ; le deuxième se situe entre le point d'ébullition et celui de fusion du soufre ordinaire ; le troisième est inférieur à la température de l'étain ; le quatrième enfin est légèrement inférieur au point de fusion du plomb.
C'est lorsque le feu se met à brûler que le Grand Œuvre proprement dit peut débuter : divers phénomènes – appelés opérations – se produisent alors (cristallisation, dégagement de vapeurs donnant lieu à une condensation, etc.) ; la matière prend au cours de celles-ci différentes colorations, les couleurs de l'Œuvre, distinguées en couleurs principales (successivement noir, blanc et rouge) et en couleurs intermédiaires (gris, vert, jaune, arc-en-ciel, etc.), qui font office de transition entre les couleurs principales.
Le succès du « mariage philosophique » se solde par la coloration en noir : il s'agit de la phase dite de putréfaction, symbolisée par un cadavre, un squelette, un corbeau, etc...
La Pierre devient alors progressivement blanche:il s'agit de la résurrection, donnant lieu à nombre d'allégories (le cycle du phœnix, par exemple). Symbolisée par un cygne, la Pierre blanche peut être utilisée pour changer les métaux en argent, mais il demeure plus intéressant de poursuivre l'Œuvre.
Après la succession de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, la Pierre affiche un rouge éclatant : il s'agit de la rubification, symbolisée par le phénix, le pélican ou un jeune roi couronné enfermé dans l'Œuf philosophique.
Préparation de la Pierre
En brisant l'Œuf philosophique et en recueillant la matière rouge, on récupère enfin la Pierre philosophale, rouge et parfaite. Il lui faut cependant subir une préparation avant d'être utilisable : la fermentation. La Pierre, friable, est mêlée à de l'or fondu, et, après un certain traitement, gagne considérablement qualitativement et quantitativement.

La Pierre philosophale se présente sous la forme d'une poudre de la couleur du rubis, plutôt lourde et brillante. Elle devient une pierre translucide, fluide et liquéfiable, capable de pénétrer le mercure ainsi que tous les corps durs ou tendres pour les transformer en une substance propre à fabriquer de l'or ; elle ôte au corps humain tous ces vices et ses faiblesses, et lui rend la santé ; l'on peut forger grâce à elle le verre et colorer les pierres précieuses en un rouge brillant comme l'escarboucle.
La fameuse opération qui consiste à transformer un métal vil en or est appelée projection : l'on chauffe un métal, généralement du mercure ordinaire (vif-argent), parfois jusqu'à le fondre, en particulier le plomb et l'étain, et l'on « projette » dans le creuset un fragment de la Pierre, que l'on a d'abord enveloppé dans la cire. On peut alors opérer d'incroyables transmutations.
Certains alchimistes parmi les plus respectés lui accordent la propriété de susciter la forme et de la parfaire jusqu'à l'infini, la part de substance améliorée améliorant elle-même la suivante. Toute l'eau de la Mer, fût-elle du vif-argent bouilli, ou du plomb fondu, se changerait en or si l'on y saupoudrait un peu de notre Pierre.
Il va de soi que les propriétés médicales de la Pierre demeurent bien plus importantes. Tous ces renégats qui déshonorent cette science divine qu'est l'Alchimie pour s'enrichir, qui la prostituent par pure avidité, tous ceux-là n'ont de cet art sublime que des connaissances lacunaires qui les mèneront à leur perte. L'Alchimie a pour seul but d'extraire la quintessence des choses, de préparer les arcanes, les teintures, les élixirs, capables de rendre à l'homme la santé que la fatalité lui a arrachée.
La Pierre peut être employée sous deux formes : par voie saline, ou dissoute dans l'eau mercurielle, formant ainsi une sorte d' « or liquide ». La pierre philosophale guérit toutes les maladies, enlève le poison du cœur, libère les bronches, guérit les ulcères, et humecte la trachée-artère par-dessus le marché. Elle guérit plus précisément en un jour une maladie qui durerait un mois, et en douze jours une maladie censée durer une année entière. Elle rend aux vieillards la jeunesse. Elle constitue ainsi à la fois la Panacée et l’Élixir de longue vie. Elle ne confère pas l'immortalité pour autant : une mort accidentelle est toujours envisageable. Nonobstant cette connaissance, certains n'hésitent pas à affirmer qu'elle octroie l'accès à l'éternité des Bienheureux. D'autres encore lui accordent bien des pouvoirs, comme permettre à l'alchimiste de se rendre invisible, de commercer avec les puissances célestes, de connaître la raison dernière de toutes choses, de se déplacer à son gré dans l'espace... La liste n'en finit pas.
Introduction d'une thèse sur l'Alchimie réalisée par Niko la Flammelle, dans ses jeunes années.

Texte écrit par Elios

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