[BG Elfe] Syren

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Syren
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[BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 18h26

Image
© Art réalisé par Aries Bianco

Spoiler:
Nom : —
Prénom : Soren
Surnom : Syren
Titre :
Age : ~108 années
Sexe : Féminin
Race : Elfe

Métier :
Compétences : Muse
- Combat : Maniement de l'épée
- Magie : Inconnue
Métamorphose : Inconnue

Alignement : Esprit libre
Guilde : Aucune
Faction : Aucune
Langues parlées : Ancien elfique, elfique, commun

Situation financière : Aisée
Comportement social : Vagabonde
Type d’éducation reçue : Religieuse
Popularité et/ou influence : Inconnue
Pensée politique : Inconnue

Croyances :
- Einhasad : Indifférente
- Gran Kain : Indifférente
- Eva : Non-reconnue
- Shilen : Indifférente
- Sahya : Indifférente
- Pa’agrio : Indifférente
- Maphr : Indifférente

Relations extérieures :
- Elfes : Indifférente
- Humains : Indifférente
- Kamaels : Crainte
- Nains : Indifférente
- Orcs : Indifférente
- Sombres : Indifférente
Dernière modification par Syren le lun. 21 septembre 2020 à 23h49, modifié 2 fois.

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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 18h40

Préambule

Spoiler:
Pour une plus grande facilité de lecture et afin d'initier plus facilement le rôle-play, différentes légendes ont été utilisées durant l'écriture de ce background.

_--: Musique d'ambiance conseillée pendant la lecture.
👁⃤ _: Évènement pouvant être connu d'un point de vue rôleplay. D'autres personnages-joueurs peuvent en en avoir été témoins ou acteurs.
_ : Évènement pouvant être connu d'un point de vue rôleplay. D'autres personnages-joueurs peuvent en avoir connaissance (ex: rumeurs, etc).
_ : Évènement inconnu d'un point de vue rôleplay.

Les références pour l'écriture des textes elfiques;
_- https://www.elfdict.com,
_- https://fr.wikipedia.org/wiki/Quenya,
_- https://www.ambar-eldaron.com/telecharg ... -fr-A4.pdf,
* Des traductions seront toujours apportées en parenthèses pour les dialogues.

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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 18h52

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___Une nuit d’encre enveloppait la forêt de son épais châle. La lune, pourtant habituellement fièrement visible sur ces monts escarpés, avait déjà abandonné le combat. Les quelques braves rayons qui osaient malencontreusement s’hasarder entre les branches se mourraient avant même d’en atteindre le sol. Seul le vent semblait profiter de ces ténèbres, dansant entre les arbres à en faire crier l’écorce, chantant leurs odes sinistres au travers des feuillages. Une légère brume l’accompagnait dans ses malices, serpentant entre les grands pins aux courbes altières pour recouvrir de son voile la rosée naissante. Au loin, quelques hululements de retardataires fuyant les lieux se faisaient encore parfois entendre — mais disparaissaient tout aussi subitement, happés par la forêt. Mais sinon, le silence. Oppressant, glaçant, austère.

___« Encore une. »

___Le murmure fébrile de l’homme se mourut aussitôt qu’il quitta ses lèvres. Seul le crépitement de sa torche daigna lui répondre. Tout autour de lui, cette même obscurité silencieuse qui semblait être figée dans le temps — et pourtant, au creux de ses oreilles, son coeur battait la chamade dans un capharnaüm assourdissant. Il prit une longue respiration, tentant de se redonner une contenance. D’une main incertaine, il passa sa torche lentement devant lui, laissant les ombres chancelantes dansées sur le visage inerte de la jeune sylvaine. Son corps frêle était niché entre deux épaisses racines sinueuses, enveloppé d’une mousse noirâtre comme linceul de fortune. Les gouttes de sang qui perlaient de son sein partiellement arraché tombaient sur les feuilles tel un métronome. Tic. Tic. Tic. Tic. L’homme détourna son regard, le souffle court.

___« Jiyael... »

___Un sylvain plus âgé le dépassa à pas hâtifs avant de se figer devant le corps sans vie. Il l’observa quelques instants, silencieux, rigide.
___Elle était jeune. Très jeune. Des filets de sang encore chaud se glissaient dans les plis des haillons de la robe, avant de se mourir dans la brume à même le sol. Son visage endormi était apposé contre le tronc, la bouche légèrement entrouverte. Quelques hématomes contrastaient à sa peau perlée au niveau de son cou et de ses poignets, signes d’une lutte brave — mais vaine. La scène semblait presque surréaliste, comme peinte de la main démente d’un artiste des Anciens Temps. L’innocence bafouée par le vice, la pureté souillée par le sang. Et pourtant, la même triste conclusion: un simple cadavre.
L’ancien détourna lui aussi le regard un bref instant. Malgré des centaines d’années à contempler silencieusement les atrocités de ce monde, le meurtre barbare d’un enfant restait toujours aussi insupportable.

___« Aucune trace de son coeur. »

___La voix fébrile de son comparse le ramena brusquement à la réalité. Il ne prit néanmoins pas la peine de regarder à nouveau la victime pour attester les dires. Il le savait déjà. Toujours la même façon de procéder. Toujours les mêmes cibles. Toujours la même cruauté. Cette enfant n’était pas la première et, il en était certain, tout aussi loin d’être la dernière. Et pourtant… Elle en demeurait d’autant plus problématique.

___« Qu’allons-nous leur dire ? »

___L’ancien poussa un léger grognement. L’inquiétude du jeune sylvain en devenait palpable, et son débit de paroles en était la preuve. Ses murmures, aussi hésitant soient-ils, semblaient assourdissant dans cette forêt maudite. Il avait besoin de se concentrer. De silence. Et de réponses.
___D’un bref regard, il toisa l’obscurité autour d’eux comme pour la défier. Il sentait à travers ses vieux os les griffes de la nuit se refermer. Quelque chose de malsain résidait dans ces lieux.
Quelque chose de profane.

___« Tenons-en nous au discours officiel. » Finit-il par murmurer, de sa voix rauque.

___Il se détourna du cadavre avant de porter un mouchoir à son nez. L’odeur de la mort, emportée par les caresses de la brume, devenait étouffante. D’un pas fragile mais sûr, il entreprit de faire marche arrière, sous le regard abasourdi de son comparse.

___« Mais le peuple...
___— Le peuple croira ce que je lui dirai de croire. »

___Il se retourna et défia son apprentice du regard. Ses yeux, bien que ridés, étaient encore aussi perçants que la lame d’un jeune écuyer. Il ne fallut qu’un bref instant pour que le jeune sylvain abdique, abaissant la tête en signe de soumission. Des frissons lui parcoururent l'échine — l’ancien l’apeurait tout autant que cette forêt.

___Alors qu’il s’apprêtait à lui emboîter le pas, résilié, un hurlement strident retentit au loin. Un cri si puissant que son écho semblait résonner à travers toute la forêt pour se briser à leurs tympans et leur en fragmenter l’âme. Les deux sylvains se figèrent, le sang glacé. La douleur dans cette voix était si palpable qu’elle s'immisçait en eux à leur en tordre les boyaux. Puis, le silence.
___Ils se regardèrent alors, mortifiés. Le disciple cherchait désespérément dans le regard de l’ancien une once d’assurance, mais son bouclier était brisé. Ses pupilles s’agitaient, comme une caisse de résonnance à un cri martelant encore son esprit. Il regarda tout autour de lui avant de poser son attention sur le cadavre de la sylvaine. Elle semblait lui sourire.

La Forêt venait de donner vie.
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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 18h56


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_______Lamb, tell me a story.

There was once a pale man with dark hair who was very lonely._________


_______Why was it lonely?

All things must meet this man, so they shunned him.___________


____________Did he chase them all?

He took an axe and split himself in two.____


____So he would always have a friend?



.______-.-
.______-.-
Image______



Spoiler:
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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 19h01

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE
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— I.I —
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( Une page est déchirée. )
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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 19h09

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE
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— I.II —
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Citation de Jean-Napoléon Vernier ; Les fables, pensées et poésies (1865)
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___Des plantes bien étranges...
___La jeune sylvaine observait cette rampante d’un oeil intrigué. Le végétal ondulait le long de l’arbre tel un serpent autour de sa proie, plantant ses épines acérées en sa chair. La sève qui s'écoulait des blessures perlait comme le sang d’un condamné. Avec une lenteur sadique, la plante resserrait son étreinte contre l'écorce, l'obligeant à céder sous la force exercée dans un maigre craquement. L’enfant était fascinée par ce spectacle qui s'offrait à elle. Sous son regard innocent se dessinait son premier souvenir de la mort — une image qui, elle ne le savait pas encore, n’allait jamais quitter son esprit.

___Elle approcha sa main maladroite et hésitante de la spirée. Du bout de ses doigts, elle entreprit de caresser lentement la tige, intriguée par ce prédateur naturel. Quel spectacle fascinant ! La nature était finalement aussi belle que effrayante. En nous condamnant à vivre, elle semblait nous laisser que deux précieuses ressources: la mort pour finir les maux qui nous déchirent, et la mélancolie pour nous faire supporter la vie dans tous les maux qui nous flétrissent. Et l’Homme, dans sa fébrilité, ne pouvait qu’espérer la comprendre en lui résistant.
___Elle sortit de ses pensées en sentant son doigt se heurter à un obstacle. Une jeune épine solitaire se dressait fièrement là, pointant vers le royaume des dieux dans toute son arrogance. L’enfant fronça les sourcils avant d’avancer son visage pour la regarder de plus près. Devant ses grands yeux grisés teintés d’innocence se dressait donc une des coupables. C’était elle et ses consoeurs qui avaient tué son arbre préféré. Mais elle ne ressentait aucune animosité, ni une seule once de colère. Non, bien au contraire. Elle était fascinée. Elle continua de glisser son doigt le long de l’épine avant de l’arrêter sur la pointe. La douleur se fit immédiatement ressentir, mais l’enfant ne réagit point. Son regard continuait de fixer la scène, détaché. Sans même s’en rendre compte, elle se mit à exercer une légère pression jusqu’à ce qu’une fine goutte écarlate apparaisse. La perle de sang glissa alors le long de sa peau de porcelaine avant de se mourir dans les hautes-herbes. Un léger craquement derrière elle la sortit de sa transe.

___Deux jeunes sylvaines étaient en train de l’espionner, cachées vulgairement derrière un arbrisseau. La peur se lisait dans leurs regards. A peine eut-elle le temps de les remarquer que les deux enfants s’enfuirent d’un pas hâtif, ne laissant comme seul souvenir de leur passage des gloussements étouffés. Elle regarda les deux crinières ébènes disparaître dans le champ de blé, alors qu’un sentiment de solitude l’envahissait. Cette amie d’enfance qui, aussi loin qu’elle se souvienne, n’avait tristement jamais quitté ses côtés.

___« Hína. » (« Enfant. » )

___La silhouette de sa mère se dessinait dans le contre-jour. Le soleil, si ardent en cette journée d’Astrée, lui donnait l’apparence d’un mirage aux courbes effacées. L’enfant baissa la tête pour cacher une légère moue en se relevant. D’un mouvement discret, elle tenta vainement de s’essuyer ses genoux couverts de poussière et de remettre en place sa petite robe en lin. Sa mère détestait qu’elle ne soit pas présentable — presque autant qu’elle détestait qu’elle s’aventure dehors. Toujours le regard tourné vers le sol, elle se fit très vite enveloppée par l’ombre qui se dressait devant elle en silence. Elle sentait la pression de son regard, alors que ses mains serraient instinctivement le tissu de sa robe pour se donner contenance.

___« Hína. » Répéta-t-elle d’une voix douce, mais ferme. (« Enfant. » )

___L’enfant redressa la tête pour la regarder dans les yeux. La femme qui se trouvait devant elle ne lui ressemblait en rien. Ses longs cheveux auburns étaient attachés dans un chignon formel et discrètement orné, dégageant un visage à la beauté fade. Aucune marque ostentatoire n’était apparente, si ce n’est la splendeur de ses yeux émeraudes. Ses mains étaient pieusement liées entre elles devant sa longue tunique ecclésiastique. Les années étaient légèrement visibles sur sa peau halée, mais sa vie de dévotion l’avait préservé des plus gros ravages du temps.

___« Man-ie, Soren? » (« Qu'est-ce donc, Soren? » )

___Sa mère se saisit de son poignet d’une main ferme. Sa peau glaciale, malgré cette journée étouffante, fit frissonner la jeune sylvaine. Elle regarda le doigt de sa fille encore ensanglanté, silencieuse, avant de plonger son regard dans le sien.

___« Munta, Amillë. Murmura-t-elle d’une voix tremblante. (« Rien, Mère. » )
___— Munta, quēta? » (« Rien, dis-tu? » )

___Soren sentit les doigts de sa mère se resserrer autour de son poignet tel un étau. Elle grimaça de douleur tout en baissant la tête.

___« Á tule hyamë. » Siffla la sylvaine en tirant sa fille derrière elle. (« Viens prier. » )

___La jeune enfant se laissa emporter en jetant un dernier regard à l’arbre asphyxié. Les épines de la spirée brillaient légèrement sous le zénith, narguant de ses lames les prochaines victimes à sa portée. Le mancenillier lui rendit son dernier souffle. Sa dernière feuille se décrocha, virevoltant quelques instants dans le regard de Soren, avant de rejoindre la terre. Un léger frisson parcourut son échine alors que son coeur se mit étrangement à accélérer. Devant ses yeux innocents, la nature se dévoilait entièrement, muraillant l’être entre deux constantes immuables: la vie écourtée, encerclant la mort à l'infini.

___La douleur des cailloux sous ses pieds nus la ramena brutalement à la réalité. Elles venaient d’atteindre le Kúne Malle. Ce chemin de fortune, traversant la contrée d’ouest en est, était utilisé depuis des siècles comme route de pèlerinage par les Palantirs. Elle reliait le village d’Aurinde et ses côtes maritimes à l’autel de Galathil, à la lisière de Deldúwath. Enfin, c’était le discours officiel de toutes les autorités religieuses de la contrée. La vérité était que la route continuait plus loin, beaucoup plus loin, au-delà de la forêt et de tous ses dangers. Communément appelée l’Hae, son nom était presque exclusivement mentionné par des murmures pour alimenter le folklore local. Terre de naissance de toutes les créatures de contes pour enfant, peu d’informations véritables circulaient à son sujet. Le simple fait de prononcer son nom était connu pour attirer le mauvais oeil — et bien peu de croyants étaient prêts à s’y risquer. Soren entendit parler de l’Hae une seule fois dans sa courte existence. Elle s’en souvenait très bien. Sa mère, exaspérée par son manque de rigueur dans sa dévotion, lui conta l’histoire de l’Ulundo: une bête abominable aux crocs acérés qui traversait la forêt pendant la nuit pour venir dévorer les enfants qui ne priaient pas avec ferveur. Bien que ce conte lui fut raconté plusieurs fois par la suite, plus jamais elle n’entendit ce nom.

___La seule mention de l’Hae qui avait été laissée visible par le clergé se trouvait dans le temple principal d’Aurinde. Taillée à même la roche, les fidèles pouvaient lire les textes fondateurs de la contrée, dont la légende du Kúne Malle. Il était raconté qu’Eva, alors tout juste élevée au rang de Mère pour tous les elfes, avait construit ce chemin pour les plus pieux et parfaits de ses enfants afin de les mener à la terre promise. Ces nouveaux-nés, encore immaculés, devaient être préservés des autres enfants déjà souillés par le vice de leur précédente mère. Après des jours de marche et guidés par la foi, ces Élus arrivèrent à une plaine fertile qui devint, au fur des siècles, le berceau d’une toute nouvelle civilisation.

___« Nalmë amna sanomë. » (« Nous y sommes presques.» )

___La voix de sa mère, bien qu’encore monotone, semblait plus fébrile. Soren réalisa alors que la main qui la tenait auparavant fermement était maintenant moite et incertaine. Deldúwath. Cette forêt avait toujours eu cet effet particulier sur sa mère, aussi loin qu’elle s’en souvienne. Passage obligatoire pour atteindre l’autel de Galathil, elle était aussi tristement connue pour les nombreuses morts dont elle fut témoin — ou coupable. Durant le dernier siècle, plusieurs jeunes filles avaient été retrouvées sans vie en son sein. Ces enfants étaient nées d’Ulcaerdë, des impis s’étant glissés dans le rang des Élus pour semer la graine du doute et de la profanation. Poussées par le vice coulant dans leurs veines, leurs progénitures tentaient de rejoindre l’Hae pour apporter misère et malédiction sur l’Aurinde et son peuple. Mais Deldúwath, bénie par la grâce d’Eva, les en empêchait en les perdant dans un labyrinthe sans fin. Du moins, c’est ce que l’histoire disait. Les plus sceptiques accusaient l’Ulundo. D’autres, une démence collective. Mais la seule vérité demeurait des jeunes filles mortes, et des parents exécutés. De quoi alimenter encore plus la légende et la crainte de l’Hae.

___Enfin, le chène blanc apparut devant elles. L’autel de Galathil, lieu sacré des Palantirs. Cet immense arbre millénaire se dressait fièrement au milieu d’une toute petite plaine cachée dans la forêt, à l’abris des regards. Le Kúne Malle menait jusqu’à son pied, avant de se scinder en deux pour en faire le tour dans un cercle parfait. Tout autour du chène, de nombreux symboles de protection elfiques étaient formés à l’aide de silexs charbonneux — ces mêmes pierres qui constituaient le chemin sacré menant jusqu’ici. Le Galathil était d’une taille considérable, perçant avec une facilité déconcertante le plafond de la forêt pour en forcer un puit de lumière. Doté de feuilles pourpre à cinq lancéolés, il était avant tout reconnaissable par son tronc d’un blanc immaculé. La caresse des astres le faisait luire en tout temps comme un marbre des plus précieux, accentuant ses courbes pour le rendre d’autant plus imposant. Ses racines, profondément ancrées dans le sol depuis des millénaires, enlaçaient de part et d’autre le Kúne Malle sans jamais le détruire. Sa magnificence était telle qu’il était dit qu’il pouvait convertir le plus hésitant des païens en un regard.

___« Hyamë. » (« Prie.» )

___Soren baissa son regard le long du Galathil pour retrouver sa mère à son pied, assise en tailleur et mains liées.

___« Hyamë. » Siffla-t-elle à nouveau entre ses dents, trahissant une certaine impatience. (« Prie. » )

___L’enfant rejoignit ses côtés en pliant à son tour genoux au sol. Alors qu’elle allait fermer les yeux, quelque chose attira son regard au pied du grand chêne. Une jeune spirée, d’à peine quelques centimètres, avait déjà commencé son inexorable ascension le long de l’écorce bénie.
___Elle regarda du coin de l’œil sa mère qui, déjà en transe, récitait des psaumes inaudibles. Soren reporta alors son regard brièvement sur la rampante, avant de joindre ses mains entre elles et fermer les yeux à son tour. Le sourire aux lèvres.
Dernière modification par Syren le lun. 21 septembre 2020 à 20h03, modifié 1 fois.

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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 19h11

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I wonder how they see me._________


_______Ashes on wool.



____________What sound do they make?




._______-.-
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Image______



Spoiler:
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Dernière modification par Syren le lun. 21 septembre 2020 à 19h47, modifié 1 fois.

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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 19h24

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE
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— I.III —
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Image
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___« ...lossē. » (« ... neige. » )

___Elle se réveilla en sueur, le souffle court. Son coeur battait la chamade si fort qu’il semblait en faire trembler son corps frêle. Paniquée, elle se redressa partiellement pour chercher du regard quelqu’un, ou quelque chose. Mais elle était seule, perdue dans un horizon de mer laiteuse. Elle posa les mains sur son visage pour reprendre son souffle et ses esprits. Juste un mauvais rêve.

___Ses yeux finirent par s’habituer à la lumière aveuglante. L’hiver était enfin arrivé dans la contrée, habillant les côtes d’Andúnië de sa plus belle robe blanche. Andúnië… Que faisait-elle ici? Elle remarqua alors que, à quelques centimètres seulement de ses pieds nus, la falaise ouvrait goulument sa bouche pour l’avaler. En contre-bas, l’Aina Wendë s’écrasait contre les rochers avec une rare violence. Elle poussa un léger cri de surprise avant de tirer son corps plus loin à l’aide de ses mains fébriles. La jeune fille, enfin hors de danger, s’écroula dans la neige.

___Que faisait-elle ici? Et depuis combien de temps?
___Ces questions ne cessèrent de marteler son esprit alors que les flocons s’écrasaient doucement sur son visage. Elle ouvrit les yeux et admira la mer de nuages moutonneux passer devant elle. Elle poussa un soupire et se redressa à nouveau, tirant ses genoux contre sa poitrine avant de les enlacer de ses bras. La chaleur de la peur commençait à se dissiper. Elle cacha le bout de son menton entre ses jambes, ne laissant que ses grands yeux gris balayés l’horizon.

___L’Andúnië formait la frontière naturelle à l’ouest et au sud du village d’Aurinde. Ces côtes maritimes, bien que extrêmement escarpées, étaient très prisées par les Palantirs. Les hommes tentaient depuis des années à les dompter pour la pêche et le minage. Plusieurs escaliers avaient été construit durant les siècles pour relier la mer à la terre, osant braver la centaine de mètres de l’éperon rocheux. Un port de fortune avait été construit en contrebas, pouvant accueillir un peu moins d’une dizaine de barques. Seuls les plus téméraires osaient arpenter les eaux à la recherche de vivres pour le village — la plupart préférant la sécurité des champs ou de la chasse. Ces hommes, souvent considérés comme peu fréquentables, alimentaient le folklore local de leurs contes et légendes rencontrés en mer. Peu de personnes osaient les croire, mais leurs regards depuis longtemps éteint en faisaient douter certains. Les femmes, quant à elles, se rendaient uniquement ici pour l’Aina Wendë. Cette mer, habituellement calme, était principalement connue pour son apparence laiteuse. Bien qu’il fut prouvé depuis maintenant plusieurs années que cela était le fruit d’une algue rare poussant en grande quantité sur ces côtes, les fidèles continuaient de vénérer ces eaux comme mentionné dans les textes anciens. Il était dit que les Élus comprirent qu’ils étaient arrivés en terre promise lorsqu’ils posèrent leurs yeux pour la première fois sur l’Aina Wendë. Eva serait alors sortie de la mer pour les accueillir et les bénir de ses prières, avant de disparaître en son sein pour toujours veiller sur eux. Depuis, plusieurs rumeurs de pèlerins et marins affirmant l’avoir entre aperçus danser dans ces eaux s’étaient ajoutées à la légende, transformant le folklore en texte fondateur.

___« Telellië... » Soupira Soren, repensant à cette histoire. (« Foutaises... » )

___La jeune fille, maintenant adolescente, se leva enfin. Le froid avait eut raison d’elle. Elle perdit son regard une nouvelle fois dans la mer en croisant les bras pour se réchauffer. Les vagues blanchâtres dansaient entre elles avant de s’écraser en silence contre la côte charbonneuse, offrant un spectacle monochromatique époustouflant. Depuis toute petite, Soren aimait venir lire et se reposer aux abords de l’Andúnië. Le son de la mer avait quelque chose de reposant. Il parvenait à couvrir le bruit assourdissant des prières et des traditions.

___Elle remit en places quelques mèches rebelles virevoltant sur son visage, avant de se retourner. Beaucoup de questions restaient en suspens, mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps en ces lieux. La peur de sa mère était plus forte que sa soif de réponses, spécialement aujourd’hui. C’était l’Aryantë. Journée célébrant l’arrivée des premiers Palantirs en ces terres et, par conséquent, de la création des textes fondateurs. Parmi l’ensemble des fêtes religieuses, celle-ci était sans aucun doute la plus sacrée et symbolique. Elle signifiait la naissance de leur peuple et de leur civilisation, et, par conséquent, de la volonté d’Eva. À cette occasion, la vie à Aurinde se figeait dans le temps: chaque personne quittait sa place prédéfinie dans la société pour se vouer corps et âme à la prière, de l’aurore au crépuscule. Au zénith, une grande marche cathartique était organisée en partance du village. Les fidèles devaient se rendre tout d’abord jusqu’à l’Andúnië, où se trouvait présentement Soren, pour prendre un bain dans l’Aina Wendë afin que Eva, dans sa grande bonté, les lave de leurs péchés et pensées profanes. C’était aussi à ce moment précis que les nouveaux-nés étaient baptisés par l’ancien et la grande prêtresse, en faisant un jour particulièrement attendus par les parents. Fraîchement purifiés, les fidèles pouvaient alors prendre la route du Kúne Malle pour se rendre à l’autel de Galathil, lieu où se déroulait la cérémonie principale de l’Aryantë.

___Sa mère, en tant que haute-prêtresse, officiait l’ensemble des cérémonies. La présence de Soren était donc indispensable. Non pas uniquement car cela était son devoir en tant que fille et future Manwë, non. Mais car tout cela était organisé pour elle. Elle, l’Élue des Palantirs. Elle, la descendante directe d’Eva.
___Elle, l’objet de culte de tout un peuple.
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___Les nombreuses bougies qui recouvraient la plaine de l’autel de Galathil faisaient danser des ombres effrayantes dans la forêt. L’odeur puissante de cire chaude se mélangeait à celle de l’encens, rendant l’air difficilement respirable. Les thuriféraire, posés à même le sol, dégageaient une fumée épaisse de manière continue. Elle serpentait à la surface de la neige dans une lenteur chimérique, avant d’embrasser l’écorce de l’arbre millénaire et de se mourir dans la nuit d’encre. Dans le ciel, la lune et les étoiles s’étaient cachées, laissant place à un plafond de nuages qui semblaient figés dans le temps. Des dizaines de personnes tournées vers le grand chène blanc demeuraient immobiles. Emmitouflées sous d’épaisses coules en laine pourpre, ces silhouettes se perdaient à l’horizon dans un silence mortuaire. Seul le crépitement des flammes se faisait entendre.

___Au pied de l’arbre sacré, Soren attendait patiemment. Elle jeta un regard discret au Galathil par dessus son épaule. Il semblait à l’agonie. Une épaisse rampante s’était emprise de lui. Enroulée tout du long de son tronc, elle l’étouffait petit à petit dans une lenteur sadique. Son écorce, auparavant si blanche, s’était grisée et fissurée sous la pression de la spirée. Une épaisse sève écarlate perlait de ses blessures, gouttant tel un métronome dans la neige souillée. Il était trop tard. Les épines étaient déjà profondément ancrées dans sa chair.

___Une cloche se mit à tinter. La jeune sylvaine porta à nouveau son regard sur la foule devant elle, silencieuse. Une personne se tenait là, au milieu du Kúne Malle. Elle reconnue immédiatement sa mère par la coule qu’elle vêtissait, bien différente des autres. D’un blanc écrémé, elle possédait une longue cape où étaient brodés plusieurs symboles elfiques dans un noble pourpre. Les mêmes symboles qui se trouvaient tout autour de l’autel de Galathil. Dans sa main droite, un thuriféraire en fer forgé crachait une épaisse fumée blanchâtre qui stagnait dans les airs dans son sillage. Dans sa main gauche, une fine clochette était fièrement tenue à bout de doigts. Elle la fit tinter une seconde fois avant de la tendre à une autre personne à ses côtés. Les flammes dansantes des bougies lui éclairaient le visage de façon sinistre.

___La haute-prêtresse brava la distance les séparant, quittant le Kúne Malle pour enfoncer ses pieds nus dans la neige fraîche. Enfin à portée, elles se fixèrent longuement dans les yeux sans un bruit. Aucune expression ne transparaissait sur leurs visages, si ce n’est une profonde indifférence. Le même sang avait beau couler dans leurs veines, elles n’en restaient pas moins que deux inconnues.

___« Luhta-se. » Siffla sa mère entre ses dents, de manière à ce qu’elle seule entende. (« Incline-toi. » )

___Soren n’en fit rien. Stoïque, elle continuait de défier son autorité en plongeant ses grands yeux grisâtres dans les siens. Le visage de la haute-prêtresse se referma, alors que ses rides prirent forme pour trahir une colère naissante. Elle se pinça les lèvres, avant de réitérer sa demande d’un ton glacial, à peine audible.

___« Luhta-se. » (« Incline-toi. » )

___Après quelques instants, la jeune sylvaine s’exécuta sans quitter sa mère du regard. Elle s’agenouilla devant elle, enveloppée dans la fumée dense du thuriféraire. Elle sentit alors cette main ferme et glaciale se poser sur le sommet de son crâne. Les ongles de la Manwë se plantèrent lentement dans sa peau. Soren serra les dents mais ne trahit aucune émotion, continuant de la fixer. Alors qu’elle la força à baisser sa tête, la jeune sylvaine eut le temps d'entre apercevoir un sourire sadique sur ses lèvres. Elle prit une profonde inspiration pour se donner de la force, les yeux fixés sur un point invisible dans la neige devant elle. La fumée s’insinuait dans ses bronches tel un poison. L’air devenait rare, ses pensées confuses.

___Elle surprit une larme glisser sur sa joue, avant de fermer les yeux. Des psaumes commençaient à être chantées au loin. Ou était-ce à côté d’elle ? Elle n’avait plus aucun repère. Le monde semblait s’écrouler sous ses genoux fébriles, emportant avec lui l’ensemble de ses sens. Sa respiration devint haletante alors que son coeur tambourinait dans sa poitrine. Autour d’elle, un noir absolu.
Soren sentit la pointe d’une lame se poser au milieu de son front. Lentement, elle glissa le long de son visage, embrassant les courbes de son nez aquilin avant de se poser sur ses lèvres. Elle lui offrit son dû, un simple baiser, afin qu’elle puisse continuer son chemin. La lame caressa le bout de son menton avant de se perdre vers sa carotide. La froideur de lame sur son cou la fit trembler de tout son être. Son esprit s'assombrissait. Elle perdit connaissance.

___« Aia Eva ! » (« Avé Eva ! » )

___La jeune sylvaine ouvrit à nouveau les yeux. Seulement quelques secondes s’étaient écoulées et pourtant, cela lui paraissait une éternité. Autour d’elle, des ombres semblaient la fixer. Tout était flou, comme si les ténèbres avaient inhibés sa propre réalité. Plus rien n’avait de sens.

___« Aia Eva ! » (« Avé Eva ! » )

___Une main s’empara de la sienne pour l’aider à se relever. Ses jambes flageolantes n’arrivaient plus à supporter son propre poids. Toute sa force, ses pensées et ses convictions semblaient l’avoir quittées. En se redressant, elle sentit le tissu de sa robe glisser le long de son corps. Ses bretelles avaient été coupées pour la mettre à nue. Mentalement, et physiquement.

___« Aia Eva ! » (« Avé Eva ! » )

___Les ombres continuaient à scander cette phrase dans un capharnaüm abrutissant. La psaume martelait son esprit déjà si embrumé pour s’y inscrire au fer rouge. Elle sentit différentes mains s’emparer de ses poignets et de sa taille pour la maintenir debout, telle un pantin de chair. Elle voulait hurler, mais son corps ne lui appartenait plus. Elle allait à nouveau perdre connaissance quand une main s’empara fermement de son menton. Elle entrouvrit les yeux et crut reconnaître les yeux émeraudes de sa mère. Derrière elle, les ombres avaient maintenant des visages déformés. Leurs bouches étaient ouvertes de façon inhumaine, se dévoilant comme des trous abyssaux dépourvus de langues et de dents. Leurs yeux, entièrement noir de jais, semblaient exhorbités. Elle tenta d’hurler à nouveau de peur, mais ses propres lèvres semblaient ficelées entre elles.

___« Aia Eva ! » (« Avé Eva ! » )

___À la lisière de la forêt, deux silhouettes attirèrent son regard. C’était Eux. Elle le savait. Elle le sentait au plus profond de son être. Ils restaient immobiles, comme ancrés dans une autre réalité. Était-elle en train de perdre la raison? Son champ de vision fut à nouveau entravé par le visage de sa mère. Elle sentit ses deux mains se poser sur ses tempes pour la contraindre à la regarder.

___« Aia Eva quanta Eruanno, i Héru aselyë, aistana elyë imíca nís. Airë Eva Eruo ontaril, á hyamë rámen úcarindor, sí ar lúmessë ya firuvammë: násië. » Scanda-t-elle au visage de sa propre fille, ses yeux plongés dans les siens. (« Avé Eva pleine de grace, les Dieux sont avec toi, coeur béni parmi les femmes. Sainte Éva, Mère des Dieux, prie pour nous pécheurs, maintenant et jusqu'à notre mort: Amen. » )

___Soren sentit toutes les mains qui tenaient son corps se retirer afin de la relâcher. Elle s’écroula dans la neige, entièrement nue, comme une vulgaire poupée de chiffon. Depuis combien de temps étaient-ils là ? Encore abasourdie, elle tira ses jambes difficilement contre elle pour s’emmitoufler. Elle était glacée. Son corps, parsemé de spasmes, semblait prêt à se disloquer. Autour d’elle, le silence était revenu.
___Elle entrouvrit difficilement les yeux, le regard encore voilé. À travers les mèches collées à son visage par la sueur, elle aperçut l’ensemble des fidèles inclinés vers elle, faces contre le sol. Sa mère, à quelques centimètres seulement, se tenait dans la même position de soumission. Le regard de la jeune fille se hasarda à la lisière de la forêt mais les deux silhouettes avaient maintenant disparus. Avaient-elles seulement existé?

___Elle sentit son esprit la quitter une nouvelle fois. Alors qu’un voile noir obscurssissait sa vue, elle eut tout juste le temps d’entre aperçevoir sa mère crachant discrètement un caillot de sang à même la neige. Elle ferma enfin les yeux, le coeur plus léger.
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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 19h25

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE
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— I.IV —
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( Une page est déchirée. )
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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 19h35

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE
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— I.V —
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Poème en Quenya de Tolkien appelé "Nieninque" (Snowdrop)
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___Assise sur le sable noir, les pieds dans l’eau, elle laissa les vagues emporter les dernières notes de sa mélodie. Sa voix cristalline semblait pleurer des larmes dans la brise. Elle avait la voix des dieux, avaient dit certains. Le genre de voix qui pourrait attirer les marins vers la mort, une voix qui pourrait briser mille navires. Elle avait la voix du vent et de la tempête. Elle avait la voix de la lune alors qu'elle glissait sereinement à travers le ciel, et des étoiles alors qu'elles dansaient derrière. Elle avait la voix du vent que les mortels n'avaient jamais entendue, qui se précipitait et soufflait et marquait le début et la fin des temps. Sa voix était une mélodie qui ne quittait pas les esprits.

___Elle glissa ses doigts dans le sable pour se sentir vivante. Les yeux fermés, elle se laissait bercer par la caresse de ses cheveux dansant sur son visage et des remous sur ses jambes nues. Elle se sentait pour une fois en paix. Loin de tout, son esprit voguait au-delà de cet horizon. Elle s’imaginait le monde au delà de ces frontières. Des terres pleines de merveilles et d’aventures, elle en était certaine. Un endroit où elle serait libre.

___« Hína ! » (« Enfant ! » )

___Une fissure vint soudainement balafrer les tableaux dépeints dans son imaginaire. La réalité l’avait retrouvé, la saisissant à sa gorge nouée. Elle ouvrit les yeux et tourna la tête. Au loin, elle vit sa mère l’attendre droitement au milieu des grands escaliers de l’Andúnië. Vêtue d’un épais châle, elle croisait ses bras dans un air réprobateur.

___« Hína ! » Hurla-t-elle à nouveau, voyant sa fille ne pas réagir. « Á tule hyamë. » (« Enfant ! Viens prier. » )
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___L'eau de la théière sifflait sur le feu. Soren, perdue dans ses pensées, ne le remarqua même pas. Le regard plongé à travers la petite fenêtre de la cuisine, elle admirait les jeunes filles de son âge vaguer au loin dans les ruelles du village. Le Sumbra était un jour de forte activité en Aurinde: cette journée de la semaine marquait le retour des marins sur la terre ferme. À cette occasion, il était coutume que les Palantirs se réunissent pour assembler un grand marché sur la place centrale où se vendaient leurs poissons et autres victuailles. Les femmes, toujours dans leurs tenues de fidèles, se chargeaient de suivre les hommes dans leurs pérégrinations. Il n’était pas rare de voir des rassemblements de sylvains discuter entre eux pendant plusieurs minutes alors que leurs épouses, quelques mètres en arrière, les attendaient en silence. Discuter entre elles était vue comme des commérages — et il était bien connu qu’une bonne Evaildë était trop occupée à réciter des prières dans sa tête à la gloire d’Eva pour parler. Mais c’était leur uniformisation qui était la plus frappante. Toutes vêtues de longues tenues ecclésiastiques en lin écrémé, presque aucune parcelle de leur peau halée était visible. Leurs mains étaient la seule partie de leur corps qui était exhibée fièrement: en effet, une épouse respectable se devaient de les avoir abîmées par les prières et la labeur. Ainsi, les cornes aux doigts étaient certainement les plus beaux bijoux dont elles pouvaient se paraître. Leurs cheveux auburns étaient tous coiffés dans un chignon formel et strict pour dévoiler leurs visages. Les plus hautes placées dans le clergé étaient les seules autorisées à l’orner de quelques bijoux afin d’afficher leur rang. Elles étaient toutes semblables, oui, mais elles étaient heureuses. Deux choses que Soren ne pouvait se targuer d’avoir.

___Avec sa peau laiteuse et ses cheveux aussi pâles que l’ivoire, elle était source de fascination depuis sa plus jeune enfance. Ils la surnommaient “l'Immaculée”. La pureté encore épargnée des vices de ce monde. L’histoire des Palantirs qui semblait se répéter, encore et encore.
___Ils voyaient sa différence comme une bénédiction, mais elle la portait tel un fardeau. Depuis toute petite, elle ne rêvait que de se fondre dans la masse. Disparaître de leurs regards insistants. S’évanouir dans la foule. Mais cela n’était pas possible, car elle était cette Immaculée. Cette Élue. La progéniture directe d’Eva.

___Le tremblement de la théière l’arracha de sa contemplation. La sylvaine s’empara rapidement d’un chiffon posé sur la petite table à côté d’elle pour la sortir de l’âtre. Lentement, elle en déversa son contenu dans un pot de terre cuite, laissant les herbes broyées se mélanger entre elles dans un joli vert viridien. Les effluves florales envahirent la pièce pour offrir une ambiance réconfortante. Sans attendre davantage, elle s’empara du breuvage entre ses deux mains pour rejoindre le salon à pas de velours. Sa mère l’attendait, sagement assise à la seule table de la chaumière. Perdue dans ses écrits religieux, elle n’avait même pas remarqué l'inattention de sa fille à quelques pas de là. Une tranquillité dont Soren ne saurait se plaindre. Alors que la jeune sylvaine entreprit de la servir, la haute-prêtresse prit rapidement un mouchoir dans sa poche pour l’appliquer devant sa bouche. Une violente quinte de toux la fit se tordre de douleur. Le tissu, déjà fort inhibé de sang, ne semblait être là que par bonne manière. Son état de santé depuis plusieurs années ne faisait que se dégrader. Elle était rongée par un mal invisible qui semblait la dévorer de l’intérieur et dont la médecine traditionnelle ne trouvait pas de réponses. Alors, elle se soignait de la seule façon qu’il lui restait et qu’elle connaissait: à travers une dévotion absolue.

___« Hantanyes, Hína. » Lui dit-elle, un léger sourire aux lèvres. (« Merci, Enfant. » )

___Soren se contenta de se joindre à la table comme seule réponse. Elle ouvrit son livre de prières devant elle en silence et entreprit de débuter sa lecture. Sa mère s'empressa de boire son breuvage pour tenter vainement d’apaiser ses maux, avant d’en faire de même. Plusieurs minutes se passèrent dans un silence religieux, laissant le crépitement du foyer et le chant des oiseaux donner le rythme de la demeure. Les deux femmes ne se regardaient pas, plongées dans leurs grimoires au cuir craquelé. Mais soudainement, sa mère fut prise d’une nouvelle quinte de toux, beaucoup plus violente que la première. Le sang craché était si important que même le mouchoir ne parvenait plus à le retenir, transpirant à travers le tissu pour couler entre ses doigts. Elle recula sa chaise dans un grincement sinistre, main sur le coeur, tout en continuant de cracher sa bile. De ses yeux implorants, elle cherchait de l’aide dans le regard de sa fille mais celle-ci ne réagissait pas. Au contraire, Soren demeurait parfaitement stoïque à la table, jambes croisées, son attention plongée dans sa lecture. Les spasmes commencèrent alors à prendre possession du corps de sa mère qui, fébrile, tenta vainement de s’agripper à la table. A bout de force, elle s’écroula au sol, emportant dans sa chute sa chaise et son thé.

___« Hí-- »

___Elle ne parvenait pas à parler tant le sang qui s’écoulait entre ses lèvres gercées manquait de l’étouffer. Baignant dans sa propre souillure écarlate, elle tenta de ramper jusqu’à sa fille dans un dernier élan d’espoir. Elle lui agrippa sa jambe nue, implorante.

___« Vous souvenez-vous de cet arbre que je chérissais tant, Mère ? » Lâcha enfin la jeune sylvaine de sa voix cristalline tout en refermant son grimoire.

___Sa voix était teintée de mélancolie, complètement détachée de la scène qui se déroulait à ses pieds. Sa mère tentait vainement de se tirer vers elle avec ses dernières forces, mais elles étaient déjà bien trop faibles.

___« Il était si beau, si fier. Une force brute de la nature, défiant le reste du monde de son arrogance. » Continua-t-elle en regardant au loin par la petite fenêtre de la cuisine, pensive. « Mais malheureusement, la mort est inéluctable. Elle rappelle chaque jour à l’homme sa finitude et sa faiblesse. »

___Sa mère relâcha sa prise, ne laissant que griffures et trainée de sang sur la jambe porcelaine de sa fille. Écroulée au sol, visage contre terre, le peu de vie qui lui restait s’écoulait inexorablement entre ses lèvres. Elle se noyait dans sa propre bile sanguinolente.

___« C’était un mancenillier. Peut-être ne le savez-vous pas, mais sa sève blanchâtre est probablement le poison le plus toxique de tout le règne végétal. »

___La jeune sylvaine s’empara de la cuillère survivante sur la table. D’un geste lent, elle la porta à ses lèvres, léchant de façon presque érotique la dernière goutte de thé qui trônait dessus. Elle se tourna alors vers sa mère, un fin sourire aux lèvres.

___« Ne trouvez-vous pas cela fascinant ? » Dit-elle amusée tout en se relevant. « Je dois néanmoins admirer votre persévérance. Il aura fallu bien des années pour qu’il puisse briser la pierre qui vous sert de coeur. »

___Soren plia un genou au sol tout en remontant délicatement sa robe pour ne pas la tâcher. D’un geste lent, elle passa la main dans les cheveux de sa mère pour lui en détacher la tiare en perle blanche qui maintenait sa chevelure grisonnante. Puis, dans une dernière caresse, elle prit le menton de sa mère pour la forcer à la regarder.

___« Ne vous en faites pas, Mère. » Murmura-t-elle d’une voix glaciale, alors que ses pupilles se dilataient entièrement dans un noir de jais.
« Vos prières ont été entendues. »
Dernière modification par Syren le mer. 23 septembre 2020 à 17h03, modifié 4 fois.

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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Syren » lun. 21 septembre 2020 à 19h36

CHAPITRE II : —
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— I.I —
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( À venir. )
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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Shimy » lun. 21 septembre 2020 à 19h40

Euria m'offre le privilège de m'occuper de toi! Mais je suis certaine qu'elle lira ton BG aussi. :3
Quel plaisiiiir de te revoir ici. <3
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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Shimy » mer. 23 septembre 2020 à 12h59

J'ai bien tout lu et attends la suite et l'arrivée (textuelle, pas IG hein!) de Syren sur ElmorAden pour valider tout ça. :3
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Re: [BG Elfe] Syren

Message par Shimy » mar. 27 octobre 2020 à 23h31

BG mis en attente du joueur!
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