Premier Ecrit sur Nimbre

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Mouette
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Premier Ecrit sur Nimbre

Message par Mouette » mar. 27 juillet 2010 à 20h57

Voici le tout premier BG qui était l'histoire de Nimbre, la fille de l'absurde.
J'ai refait un autre BG pour ici, ayant fait vivre cette autre Nimbre durant une année, je voulais un peu changer.
Pour ceux que ça intéresse...
Pour ma part je préfère tout de même celui-ci, il faut dire, j'y ai pris plus de temps pour l'écrire...:


Nimbre, fille de l'absurde

~~~~La Folie D'Eloi~~~~


[ image externe ]
J'aimais sentir ce vent dans mes cheveux. On aurait dit le souffle des fourmis tous unis pour me nuire.



Chapitre I

Mon frère pouvait rester des heures à observer les flammes d’un feu carbonisant le bois innocent. Il disait de temps à autre quelques mots à l’intention des braises ; leur intimant leurs beautés ou son avis à propos des charmes qu’elles créaient autour d’elles.

- Mes belles...Vous rendez vous compte à quelle point vous êtes magnifiques ? Vous savez rendre les gens heureux avec vos yeux luisant de force et d’intelligence. Regardez la pièce, grâce à vous, elle reluit aussi de sérénité et de convivialité... Vous êtes si merveilleuses...

Son regard était si statique que l’on aurait pu croire que sa pensée continuait d’exaucer milles paroles pour les braises quasi cendre.

- Sans bois, vous mourrez. Sans air je meurs. Nous sommes pareille...

L’on me disait: "Ne reste pas si près de lui! Sa tête est folle!" ou alors " si tu continues de le côtoyer ainsi, tu deviendras comme lui!", oh merveille! Lui ressembler!Pourquoi le prenait-on pour un garçon insensé?

Comme d'habitude, je restais assise en tailleur à côté du fauteuil sur lequel était assis Eloi. Mes oreilles l'écoutaient, ma bouche silencieuse. Mon admiration mûrissait au fur et à mesure que ses mots s'élançaient dans l'air. Les miens, de mots, étaient toujours si maladroits, jamais aussi gracieux que les siens!
Le voir ainsi parler au feu me transportait ailleurs. En effet, sa manière de parler me faisait penser à cette sainte ambiance que procurent les cérémonies du temple.
Mon imagination voyait cela: revêtu d'une grande toge blanche et de broderie d'or, Eloi élevait ses bras, alors que sa voix portait en échos à travers la salle de son auditoire attentif. Dans mes rêveries, je me voyais aussi, debout, les yeux écarquillés devant ce jeune prêtre ayant tant de talent et de savoir... Eloi.

Je ne le considérais pas de manière normale, c'est ce que disait ma grand-mère, il y a peu. Évidemment que je ne l'ai jamais vu comme un simple frère! Il était si différent des autres qui entouraient ma jeune vie, et comment! En comparaison de ces idiots de mômes qui crachent en haut des ponts, Eloi, lui, restait toujours calme, parlait de choses toujours intéressantes et connaissait la magie des mots! Comment devoir se comporter en petite sœur banale, avec un frère ayant une personnalité si riche?!

- N’oublie jamais d’encrer dans ta mémoire les sensations. Touche tout, écoute tout, goûte tout, hume tout, regarde tout. Les sens sont précieux. Imagine si tu perds un jour la vue, ou si tu te coupes les mains. Tu perdras les sensations. Avec ma méthode, tu auras toujours ton jardin de sensation dans ta tête...

Mon frère n’avait que dix ans. Mais à force de rester cloîtré entre quatre murs, il n’avait que bouquin à lire pour s’occuper. La méditation était son passe-temps favori. Pour mes parents, Eloi n’était pas normal, un enfant de dix ans aurait dû jouer, même en état de maladie. (Qui, je note, à duré plusieurs années...)

- Nimbre, mon confort.

De six ans mon aîné, et de plus, atteint d’une pneumonie, il s’autorisait tout les droits sur moi. Son caractère ne m’est resté que bien flou, mais mon esprit candide se souvient d’une personne très curieuse et agréable à vivre. Exigeant néanmoins. Du haut de mes quatre ans, je lui obéissais toujours très adroitement.

Je me levais alors pour aller quérir le coussin de son lit et alla le lui placer derrière son dos.

Sa maladie effrayait ma mère. Peu de gens l’approchaient, de peur d’attraper la mort. En fin de compte, j’étais la seule qui acceptait de bien vouloir lui tenir compagnie. Je pense que s’il n’avait pas été mon frère, je lui aurais sans doute lancé des boules de neige comme le faisaient la plupart des bambins du voisinage les rares fois qu’il sortait de la maison...
Et cela, sans culpabilité ! Je n’aurais pas connu la formidable épopée du sens contraire de la vie. L’absurdité du courant de pensée des gens autour de nous... Les mots seraient restés pour moi, un système de langage. Et rien d’autre. Non pas un trésor à donner aux gens.

Mais les autres ne savaient pas l’intelligence de mon aîné. Ils se cachaient tous derrière une barrière d’égoïsme ; un malade devait mourir le plus vite possible, avant d’éparpiller à tous, son état pitoyable.

Il était donc fou pour la grande majorité de gens.
Et j’allais donc devenir folle.


Chapitre II
Je me souviens très bien de l’expression qu’avait Eloi ce matin-là. Il s’était réveillé sans quinte de toux, ni soubresaut habituel d’issue au cauchemar. Ses tempes n’étaient pas humides de sueur, son front n’était pas chaud. Ni froid. Normal.

Il s’était redressé, assis. Tout simplement. Il fixait l’âtre du feu en face de lui. Sans sourire. Le bouillon bouillant et l'immonde tisane au tilleul placés sur le plateau que tenaient mes deux petites mains se retrouvèrent ridiculisées toute la journée. Eloi ne mangea pas ce jour-là.

Ses premiers mots avaient été : «Il s’éteint ». Je lui avais répondu que non, le feu brûlait bien. Il ne me regarda pas et tourna la tête vers la fenêtre de sa chambre.

- Nimbre..., murmura-t-il.

- C’est moi, répondais-je en retour.

Il observait le manteau blanc qui recouvrait le cerisier du jardin. Je le regardais avec inquiétude.

- Va dehors compter les flocons pour moi.

Je restais un moment, le plateau encore en main, pour détailler dans ma tête ce qu’il me demandait de faire. La proposition effaça mon anxiété concernant son étrange réflexion sur le feu: l'absurde demande me plaisait bien trop! Une fois le plateau posé, mes pieds glissèrent dans mes bottines et mes bras se logèrent dans le petit manteau de lin.

Le vent emmenait la neige en une petite valse douce. Mon intrusion à sa danse dû l’agacer car il me gifla de son glacial salut. J’enfonçais mes bottes dans la lourde poudre blanche, décidée à ne pas me laisser intimider. Le milieu du jardin avançait petit à petit vers moi. J'apportais un regard vers la fenêtre où mon frère se trouvait: il me regardait d’un air neutre, passif. Mon travail débuta après avoir soigneusement salué mon frère en de larges signes de bras. Le menton relevé, les minuscules cristaux de neige me semblèrent tout d’abord insupportable. Leur contact aussi froid que leur meneur venteux, s'étalait sur ma peau. Mes cils furent bientôt des éventails à neige. Je clignais des yeux deux fois toute les trois secondes pour ne pas transformer ma vue en regard de bonhomme de neige. Les flocons semblaient venir de si loin que je ne savais où commencer. Je me décidais de fixer un seul point. Les petits fragments de neige n’auraient qu’à venir d’eux même vers ce point de rassemblement.

Je commençais à compter. Ces charlatans ne venaient pas en rythme. Il était dur pour moi qui n’avais que quatre ans de compter aussi vite. Je devais rendre hommage aux heures d’intenses études que mon frère m’avait imposées. Je m’efforçais de faire de mon mieux. Je restais aussi longtemps que le chiffre le plus haut que je connaissais.

- Septante-six ! m’écriai-je.

Mes jambes ne firent pas long pour courir vers la porte de la maison, tant elles tremblaient de rage envers mon entêtement de calcul.

- Alors, combien ? me demandai mon frère.

- Septante-six !

- Étonnant, répliqua mon frère d’une voix basse, j’en étais certain. Qu’en retires-tu ?

Mes sourcils se froncèrent pour réfléchir.

- Il y en a beaucoup, concluais-je.

- Penses-tu les avoir tous vus ?

- Non. Je ne pense pas.

J’ôtais mes bottes, puis au même moment ma mère arriva dans la chambre, alors qu’Eloi continuait :

- En effet, il y a...

- Par Einhasad mais d’où viens-tu comme ça ?! coupa notre mère avec effroi. Tu es bleue comme... Comme...

Elle paniquait et ne trouvait plus ses mots. Elle ôta mes vêtements et m’emballa vite dans une couverture. J’essayais de lui expliquer le sens de mon excursion si longue dans la neige, mais rien ne pût lui convaincre du sens que cela avait. Elle gronda mon frère avec une voix si imposante de culpabilité que je m’en voulais d’avoir compté si lentement.

- Souhaites-tu que ta sœur te rejoignes dans tes douleurs !? Aie un peu de bon sens, bonté divine ! Tu ne penses qu’à toi ! Cela t’amuse de la voir approcher la mort ainsi ?!!

Je fermais les yeux devant le feu. Je n’eus même pas le temps de me réchauffer les mains que ma mère m’emportait en dehors de la pièce.

- Ne reste pas vers lui ! Il va t’amener à la mort ! Sa démence t’envahira bientôt !

Ses phrases me déchiraient le cœur. Elle ne comprenait rien. Personne ne comprenait mon frère. Sauf moi.
Ce jour là, je ne mourus pas de froid.


Chapitre III
Je survécu. Et par mon égoïsme j’évacuais mon froid dans le corps de mon frère. Lui qui avait eu l’air de s’éveiller en bonne santé ce matin-là. Je m’en voulais une fois de plus de l’entendre gémir de douleur, ainsi.
Plus la journée avançait, plus les degrés de son corps montaient. Ma mère m’interdit formellement d’entrer dans sa chambre. Seul le médecin et ma mère pouvaient y accéder. Je n’allais donc jamais savoir pourquoi mon frère m’avait fait compter les flocons. Car toute action qu'il me demandait avait un sens et un but.
Peut-être voulait-il vérifier que je savais compter... ? Ma tête semblait vouloir exploser. A cinq ans je savais faire tant de chose grâce à Eloi. Soudain ma mémoire s’activa.

- Il s’éteint !

Mes petits pas devinrent élans de fenrir, je tambourinais la porte de mon frère derrière laquelle se trouvait ma mère. Mon père arriva derrière mon dos et posa une main calme sur mon épaule.

- Ne t’inquiète pas, Nimbre. Eloi a juste une crise. Tu sais que cela lui arrive souvent.

Hors de moi je me débattis de sa main affectueuse.

- Non ! Il va mourir ! Je dois luis parler ! Laissez-moi entrer !

Mon père m’emprisonna de ses bras.

- Nimbre ! Calme-toi ! Le médecin s’occupe de ton frère ! Ne fais pas tant de bruit !

Suites à de nombreux débats dans l’étreinte forte de mon père, je me calmais, puis éclatais en sanglots. Jamais plus je n’ai pleuré ainsi. Le monde était injuste, je haïssais tous le monde, le médecin était un troll et ma mère une morue et mon père un elpy des... Enfin bref...

Le soir, mon frère mourut.

Son souffle avait cessé de combattre la chaleur qui l’avait envahie vers les six heures du soir. Je me souviens de ce silence atroce. Jamais la maison n’avait arrêté de craquer ses planches aussi longtemps. J’étais certaine que tout le jardin même avait stoppé ses mouvements.

Honneur à mon frère.

Ce garçon qui observait et détaillait tant de choses qu’aucun n’apportait d’importance.
Ce garçon qui avait prit son temps pour m’apprendre la curiosité et l’étendue de l’esprit.
Ce garçon qui avait fait d’une fillette de quatre ans, une cultivée de la vie non commune.

Honneur à mon frère. Et silence intense.

Mes parents ne parlèrent jamais plus de l’excursion flocons de neige. Surtout ma mère. Elle se sentait coupable de la mort d’Eloi. L’avoir grondé était maintenant la raison de sa mort. Il était fou et n’avait pu supporter un tel poid d’émotion.
A nouveau, mon peu d’âge ne pût convaincre ma mère qu’il l’avait su, le matin même.

Il s’éteint. Son corps s’éteint. Son cœur s’éteint. Ses yeux s’éteignent. Son esprit s’éteint. Sa vie s’éteint.

J’en voulu toute ma vie à mes parents de ne m’avoir pas laissé voir mon frère alors qu’il était tout juste encore vivant. Aujourd’hui encore. Mais je suis infiniment reconnaissante envers Eloi de m’avoir instruite. Mes yeux se sont développés différemment de ceux des autres petites filles. Et depuis, la vie est bien différente qu’à ceux que je côtoie.

Après l’enterrement de mon frère, je ne parlai plus à personne. Choc émotionnel d’après les médecins et ma mère. D’après moi, colère aigüe envers ma famille ; car je continuais de parler, mais aux braises et à bien d’autres choses...

Les humains m’agaçaient et manquaient totalement de bon sens de mon point de vue. Plus je grandissais, plus je me rendais compte que le monde entier était absurde. Et plus je grandissais, plus le monde entier me trouvait absurde.

Les rumeurs couraient que j’avais hérité de la folie de mon frère.

J’étais donc folle.

[ image externe ]

La réflexion est importante. N’oublie jamais d’y remédier. Si un jour tu es prévoyante, c’est que tu deviens une personne comme toutes les autres.
Eloi
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~ Courir pour dépasser les saisons, percevoir le vide et compter l'infini ~
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