Mots empilables

Retrouvez ici les écrits n'ayant aucun rapport avec Lineage 2 et le RP IG [Pas de flood][HRP]

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aliakane2
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Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 07h32

Petite scène de la vie quotidienne...

De ces multiples yeux, la petite araignée qui vivait dans la chambre de la Chope suivait les mouvements environnants.
Bien installée dans un coin sombre de sa toile, elle attendait qu'une petite mouche dodue vienne s'échouer au creux des filaments gluants.

Tapie là, sans un bruit, elle assistait à une scène de la vie quotidienne. Témoin silencieusement et malgré elle des ébats enfiévrés de ces drôles de monstres géants à deux pattes.

Dans la nuit qui recouvrait de son voile la pièce, deux êtres n'avaient plus les pieds sur terre.
On pouvait sentir la chaleur de ces corps enlacés qui s'abandonnaient au bon vouloir de la Déesse Sunie.

Comment résister au goût divin des baisés d'un homme ?

Cela faisait plusieurs minutes que Khaaly ne se posait plus la question. Entre les mains de celui a qui elle avait tant de mal à dire non, elle sentait à nouveau le sang battre dans ses veines.
Les mains d'Alex ne cessaient de faire ressortir sa féminité et la douceur de ses lèvres laissait des traces humides sur sa chair à nue.
Elle lui appartenait ce soir et plus rien ne comptait...
Que cet instant rare : celui où deux âmes se rencontrent et s' unissent pour rejoindre le ciel.

La petite araignée assistait, muette, à ce drôle de spectacle. Elle, tout ce qu'elle voulait c'était sa petite mouche bien dodue.
Et pour ça, elle pouvait être un ange de patience.
Attendre des heures et des heures durant, sans lever un membre velu du piège à insecte dont elle avait tissé la toile.

En bas, après avoir rejoint les étoiles, les deux jeunes gens s'étaient endormis.

Au matin, la petite araignée s'affairait, toute heureuse, à envelopper, dans un cocon de soie, la gentille petite mouche dodue qui avait bien voulu répondre à son goulu vœux silencieux.
Voilà de quoi tenir durant quelque temps pensa-elle et elle sourit de toutes ces mandibules.

Khaaly était réveillée.
Elle bailla, les joues toutes roses, les cheveux emmêlés et se leva.
Sa tenue était indécente, mais ça n'avais pas l'air de gêner Alex.
Un sourire en coin, le jeune homme l' observait...
A contre-cœur, il la vit enfiler sa tenue de combat.

Elle lui sourit, le regarda avec ce petit air coquin qu'elle avait quand elle le voyait.
Il fallait qu'elle s'en aille. Le travail n'attend pas...
Mais ce taquin de négociant la prit dans ses bras et une fois de plus, il se coinça les doigts dans son armure.

- Il faut vraiment que je parte - lui lança-t-elle.
- Tu es vraiment obligée ? - dit-il.
- Oui !
Et dans un sourire radieux, elle s'arracha à son étreinte.

La matinée lui semblait plus lumineuse que d'habitude.
Elle sortie et referma la porte derrière elle.
Elle reprit un air sérieux, réajusta sa tenue et entreprit d'attaquer la journée à pleine dent.

Dans le coin sombre de la pièce, une petite araignée riait...
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 07h40

Le Capitaine

Un souffle...
Un seul...
Et je sais...

---

Le corps sanglant qu'ils protègent est si frêle, qu'on a du mal à croire que la vie bat encore dans ce cœur qui pulse avec lenteur.

L'une des leurs s'approche... Elle se penche avec grâce vers l'elfe qui la regarde de ses iris d'un bleu lagon, ressortant un peu plus à travers le rouge de ce sang qui la recouvre.

Le langage qui sort de cette voix douce est un apaisement...

Le regard de la créature est bienveillant, malgré les cornes qui surplombent sa tête.

- Tu es la dernière... *Dans un souffle*

Puis elle parle de ce langage si particulier, mélange de verbe et de gestes subtils, alors que son regard change de couleur suivant les mots qu'elle prononce.

Une lumière chaude vient entourer le corps de l'elfe, la soulevant dans les airs un instant avant de disparaître.

- Il est temps que tu reviennes !

---

L' Axagorne affronte la tempête avec courage, tout son équipage en action afin de le préserver de la colère d' Istishia.

Le regard grave, tenant la barre, elle fixe les mouvement de vague, cherchant le meilleur angle pour que la caravelle ne sombre pas.

A son bord, ses vingts meilleurs marins savent ce qu'il faut faire. Une dizaine d'autres tentent de suivre.

Sa voix résonne dans l'air, donnant ses ordres afin qu'ils restent tous en vie, mais elle ne peut retenir la colère du dieu et il finit par avoir son dû de vies humaines...

Comme toujours, c'est la consternation à bord, mais n'en a-t-il pas toujours été ainsi ?

Combien ? Combien sont morts sous ce regard immense, à la fois jeune et vieux, s'assombrissant parfois... Lorsque nul ne regarde... Et que le silence l'entoure alors de ses bras glacials...

Combien mourront encore avant qu'elle ne disparaisse à son tour ?
Sa mâchoire se serre.

Les bourrasques s'amusent à soulever sa longue chevelure de miel brun. Sa bouche a un pli sévère, inhabituel, seulement là lorsqu'il faut agir dans l'urgence, marquant ainsi sa volonté farouche de ne pas céder une personne de plus au grain qui les assaille.

Soudain... Elle voit leur porte de salut... D'un mouvement sec, elle donne un grand coup de gouvernail, faisant tanguer le navire sur la droite et franchir ainsi une lame monstrueuse.
Usant de toute sa force, elle garde tant bien que mal le cap. Ses iris percent la nuit et la pluie, voyant une lumière à l'horizon : Immersy !

Le dieu n'a qu'à bien se tenir : cette fois-ci, elle ne lui laissera pas décider du sort de l' Axagorne !

---

Devant les flammes de la cheminée, elle ne peut s'empêcher de sourire.

Dans la pièce, les hommes chantent une vieille chanson de marin, le rhum coulant à flot alors qu'il y a quelques heures encore, ils étaient ballotés par les vagues en furies.

Elle fixe les petits verres devant elle. La troisième bouteille vient d'y passer.
D'un trait, elle entame la dernière série qu'elle s'accorde pour ce soir.
L'alcool embrumant légèrement son esprit.
Ils sont saufs... Sauf Himelda et Jensen... Deux recrues que le dieu lui a soufflé.

Comme à chaque fois, elle pleure dans son cœur. Mais sur ce visage lisse et hâlé, rien ne transperce l'air rassurant qu'elle affiche.

Une fois de plus, il faudra ravaler la colère et la peine !
Une fois de plus, elle devra chercher, remplacer, comme si de rien n'était !
Une fois de plus...

Elle avale un autre verre... Cul sec !
Puis elle se lève, lentement, très droite et très digne, ramenant sa longue chevelure dans son dos, les habits usées par la tempête, mais recouvrant l'intégralité de ce corps qui semble menu et fragile, alors qu'il n'en est rien !

Puis elle part.
Un salut à ses hommes et au tavernier... Elle pousse la porte... Disparaît...

---

Dans un coin de la taverne, une ombre, reculée au fond de la grande salle observe.

Sa capuche recouvre son visage et aucune partie de son anatomie n'est visible.

Personne ne fait attention... Personne !
Comme si les ténèbres la cachait.

Son regard ne quitte pas un seul instant sa proie... Pas une seule seconde...

Alors qu'il la voit se lever, il s'apprête.
Il est temps... Enfin !
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 07h45

Mina

Je chute...
C'est vertigineux...
Je sens la morsure du froid dévorer avec envie chaque parcelle de ma peau, pénétrant au plus profond de ma chair sanglante...
Je ne sens plus mes ailes...
Je ne vois plus rien...
Mais je sens...
Oui...
Je sens bien que la terre se rapproche...
Elle cherche à me happer...
Elle m'attire inexorablement...
Et je sais qu'une fois de plus, je sentirai la douleur...
Mais je suis douleur...
Depuis l'aube des temps...
Au moment même où j'ai accepté de prendre la relève...
Le Messager...
J'ai l'impression qu'il n'y a pas de fin...
Je sombre toujours plus...
Ma tête...
Des images... Violentes...
Des réminiscences...
Je suis crucifiée...
Mon sang se répand au sol...
Je vois une Ombre...
Pourquoi ai-je peur ?
Ce n'est qu'une Ombre...
Mais je tremble...
Je voudrai m'enfuir...
Et je ne bouge pas...
Quelque chose me retient...
Une coupe... Mon sang...
L' Ombre s'éloigne...
Que fait-elle ?
Je dois voir...
Et je vois...
Un tableau...
Immense...
Et je me vois...
Le sang... Il m'aveugle... Le sang... HAAAAAAAA !
Ma chair se déchire...
La toile se dessine...
Et ma vie ne m'appartient plus...
Pourquoi ? Qui ? Dans quel but ?
Oh, Khale ! J'ai pensé que c'était toi...
Mais je me trompais...
Je me trompais...
La douleur...
Elle rentre...
Je la sens revenir... Son antre...
Elle s'infiltre... Reprend sa place... Mais mon sang est glacé à présent...
Je sens les clous que l'on arrache...
Je vois ses lèvres remuer... L'Ombre...
Je n'entends rien...
Je sais que c'est important, mais je n'entends rien...
J'ai envie de hurler... Où est ma voix ?
J' hurle...
Le silence...
J'entends un bruissement...
Je vois les plumes sombres...
Je ne sens plus le sol...
Combien de temps ? Combien ?
La Toile... Je dois la prendre... NONNNNNN !
Rendez-moi ma vie !
Un rire... J'ai froid...
Un rire... Je tremble...
Un rire... Le néant...
Puis le choc... Brutal...
Je crois que mes os n'ont plus de substance...
Mes ailes...
Où sont mes ailes...
Le froid... C'est... Dur...
La neige... Oui... La neige...
Et l'Ombre...
Non, pas l'Ombre...
Elle m'a laissé...
Elle a ce qu'elle voulait...
Je ne m'appartiens plus...
Un visage...
Un visage ancien...
La chaleur...
Mon coeur...
Le seul...
Son image revient...
La neige... Les odeurs... C'est... Familier...
Le sol dur sur ma joue...
Je suis déjà venu ici...
Où suis-je tombée...
Oui... Je sais... Je sais à présent...
Mais j'ai si mal...
Au secours... Aidez-moi....
Si mal...
Il n'y a personne... Personne...
Un nom... Silencieux...
Un souvenir...
Combien de temps ?
Si tu m'entends... Si tu ressens... Viens à moi...
Puis le noir.

____

Je la regarde tomber.
Je l'ai ramené.
A présent, tu es mienne Mina.

____

De ceux qui seront témoins de la chute d'un ange noir, il sortira que le ciel est devenu sombre une seconde lorsque le corps ailé a touché le sol froid.
Sur les hauteurs, un corps gît, inconscient et meurtri...
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 07h49

Iree, journal d'une future impératrice

La faim, toujours la faim...
Et la fuite... Celle de cet ennui mortel que je ressens depuis des siècles et qui a emporté tant des miens.
Je cherche sans fin ce qui me rendra à nouveau vivante, telle que j'étais autrefois, lorsque la vie avait encore de la saveur.

Le danger, le frisson de la peur...
Je n'ai jamais pu résister à l'appel des ténèbres... Jamais !
Derrière ce sourire, l'ombre rôde, chaque jour plus grande.
Je ne peux renier mes origines, ni ce que je suis au plus profond de moi-même : un prédateur !

Parfois, la grâce me touche au détour d'une rencontre.
Mais la faim me dévore, toujours plus envahissante et je me sers dans ce vivier si tentant, ces êtres de passage que j'enroule dans les filets de mon désir carnassier.
Je les dévore, toujours plus, sans pudeur, le corps tel un appât ultime.
Leurs parfums, le goût de leur peau, la douceur de cette chair dont j'abuse immoralement, la douleur qui m'est si délicieuse, mmmhhh...

Et lui...
Ce démon flamboyant qui attise toutes la synthèse de mes gourmandises les plus viles...
Terrible, majestueux, fascinant et cruel.
Tout ce que j'adore.
Peut-être est-il ma rédemption...

Quand aux autres...
Je n'ai jamais pu résister à un bon cru...
Surtout lorsqu'il a un petit goût d'interdit.

Tiens, me voilà arrivée.
Le caillou volant est rempli d'endroits charmants.
Je sens l'odeur du chaos et du sang. J'ai croisé bon nombre de créatures peu scrupuleuses et leur odeur délicieuse m'a enivrée plus que de raison.
Peut-être vais-je me faire un petit nid douillet au sein de cet univers miniature, qui sait !
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 07h55

Il y a fort, fort longtemps...


Dans le palais de cristal noir, des milliers de chandelles se reflétaient sur les murs prismatiques.
Un orchestre réunissant les meilleurs bardes jouait un air enjoué.
Des centaines d'invités en tenue de bal faisaient un brouhaha qui couvrait la mélodie joyeuse.

Du haut de l'immense escalier, quatre silhouettes observaient ce petit monde d'un air impassible.
De loin, on aurait pu dire quatre statues à la beauté troublante, chacune d'entre elles possédant un charme particulier.

L'une d'elles, une femme sculpturale, à l'allure paradoxale, à la fois martiale et altière, plongeait son regard rouge sang sur le flot de personne.
Sa robe blanche et translucide semblait cousue à même sa chair. La complexité de la trame en faisait une véritable œuvre d'art. De longs fils de soie recouverts de minuscules diamants couvraient ses épaules par endroits.
Son buste était enserré dans une guêpière si légère qu'elle paraissait faite d'air.
Le dos révélait une échancrure particulièrement vertigineuse, laissant entrevoir l'orée de son fessier. Les reste du tissu fragile tombant comme une rivière moirée le long de ses longues jambes à la peau laiteuse.
Ses longs cheveux de neige cachaient en partie ce déluge de provocation.

En bas de la salle, un regard fixait attentivement le Général des armées de sa Majesté. On ne pouvait rester indifférent après avoir croisé son chemin, il le savait, mais la réalité dépassait ses espérances.
L'observateur murmura son nom silencieusement : Iree.

L'une des quatre femmes déploya d'immenses ailes noire de jais d'un coup sec et sonore, le bruit faisant tourner toutes les têtes.
Un silence pesant figea l'espace et le temps dans l'immense hall du palais, l'orchestre cessant de jouer : tous retenaient leur souffle.

Se déplaçant avec une grâce proche de celle des anges, l'Impératrice s'avança, ses escarpins précieux foulant les marches lentement.
A sa suite, la Conteuse et la créature ailée suivaient.
Le Général terminait la marche, chacun retenant sa respiration devant ce spectacle imposant.

Avant que la dernière marche ne soit foulée, tout les nobles mirent un genoux à terre, s'inclinant respectueusement.
Le regard de l'Impératrice se posa un instant sur cette foule bigarrée, ses prunelles d'azur à la lueur carnassière perçant ce petit monde avec un esprit froid et calculateur.
Seul son sourire paraissait faire oublier qui elle était.
D'un geste lent, elle dessina des volutes complexes dans l'air.
Les milliers de chandelles semblèrent s'éteindre un instant, puis une lumière éclatante jaillit en millier de rayons pour inonder la salle d'une lueur éblouissante.

_ Que la fête commence !

La voix était douce, mais ferme. Le ton impérieux.

Le plafond du palais s'ouvrit vers le ciel étoilé, comme une fleur qui éclot, et un vol de dragon d'or passa dans une pluie d'étoiles.
Le tonnerre gronda et une explosion de feu d'artifice fit blanchir le ciel.
La musique démarra comme un appel à la liesse, merveilleuse, entraînante, les violons se déchaînant avec passion.

Accompagnée de ses Dames, l'Impératrice commença à ouvrir le bal. Quatre cavaliers de haute naissance leur donnant le bras.
Ce n'est que lorsque le reste des invités se mirent à danser, qu'Iree quitta discrètement cette débauche de luxe pour se diriger vers les jardins du palais.

Un peu plus loin, son admirateur secret suivait...



De nos jours...

[ image externe ]

Assise sur un fauteuil confortable, se massant les tempes, Iree essayait de se détendre un peu.

Cela faisait du bien de retrouver le Manoir Drakke.
En arrivant, Thorondor, son valet de chambre, l'avait délesté de sa lourde armure de Parade.
L'Impératrice devait lui donner de nouvelles directives. Elle ne pouvait échapper à son devoir.

Les coudes sur son bureau en bois rouge, elle se tenait la tête, pensive.
Une coupe de vin elfique la narguait. Mais elle n'avait pas le goût à la dégustation ce soir.

Trop d'affaires importantes en cours.

Cela faisait déjà plusieurs mois qu'elle réunissait le métal précieux dans un coffret orné de pierres précieuses.
Les ordres étaient précis : il fallait agir afin de protéger la cité.
Elle savait la conséquence de ses actes.
Cela ne l'inquiétait pas.

Il y avait aussi une autre mission à remplir, plus obscure, moins noble.
Elle avait sourit lorsqu'elle l'avait avertie de son projet.
Son Impératrice était vraiment délicieuse. Elle aurait donné sa vie sans hésiter une seule seconde pour elle.

Elle ferma sur son regard ses longs cils blancs.
Elle pouvait encore sentir la douceur de sa main sur son visage.
Son parfum imprégnait encore sa peau.
La fleur pourpre dont il en était l'essence l'enivrait.
Oui, sa vie n'était rien pour celle qui menait son peuple avec art.

Un autre visage apparut, différent, lui aussi ancien.
Elle ne pu retenir un sourire machiavélique.
De vieux souvenirs remontèrent à la surface.
Des souvenirs cruels, douloureux, tout ce qu'elle chérissait.

Son regard se tourna sur l'âtre où un feu joyeux crépitait.
Thorondor vint déposer un plateau avec du raisin rouge et croquant près d'elle.
Le valet dévisagea sa maîtresse.
Elle avait maigri. Il s'en inquiéta. Mais Iree lui demanda de prendre congé. Elle aimait profondément son majordome. Mais elle ne voulait pas l'inquiéter.

Elle savait que quelque chose la rongeait depuis plusieurs siècles déjà. Elle n'avait pas peur de cela.
Elle craignait juste que cela l'empêche un jour de mener à bien les projets de sa régente.
Cela avait commencé il y avait tellement longtemps !

Une fois de plus, elle passa sa main sur son front, lasse.
Elle ne pouvait rester qu'une journée dans son fief. Une seule.
Le lendemain, il lui faudrait retourner sur cet autre terre par la voix des airs.
Là-bas, l'attendait un destin qui lui serait peut-être fatal, mais défier la mort était un piment dont elle avait du mal à se passer.

Elle se leva lentement, la soie de sa robe d'intérieur rouge sang se noya sur le sol recouvert de tapis précieux.
Elle traversa l'immense chambre d'un pas félin, puis monta les quatre marches qui menaient à l'imposant lit à baldaquin entièrement sculpté dans du cristal.
Sa vue se brouilla un instant, une douleur lancinante lui vrillant le cerveau.
L'espace d'un instant, le monde vacilla autour d'elle, puis de fut le noir.
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h03

A la pâleur de la nuit...

Admirant l'astre à la peau pâle, Iree savourait la pluie tiède qui coulait le long de son corps, cachée par d'immenses Véroas au feuillage rouge sang.

Sa robe, alourdie par l'eau, moulait son corps affolant comme une seconde peau. Ses longs cheveux étaient ramenés en arrière, des mèches folles entrelacées au hasard de ses doigts.

Il s'approcha doucement, puis ses mains vinrent explorer ce corps qui était devenu son écrin depuis plusieurs nuits.

Elle posa sa tête contre son épaule, profitant de ce moment, loin de toutes les contraintes auxquelles elle devait faire face. Quelques notes de musique leur parvenaient, mais suffisamment lointaines pour ne pas rompre le charme de cet instant.

Ses lèvres vinrent effleurer son cou, la faisant frémir dans un doux soupir. Deux silhouettes spectrales dans la nuit éternelle.
Puis un bruit vint rompre le charme.
Il disparu en un instant alors que déboucha d'un buisson épais un des hommes de la garde personnelle de l'Impératrice.

- Sa Majesté vous demande, Général. Elle vous attend dans le petit boudoir.

- Bien, vous pouvez disposer.

L'homme s'en alla aussitôt, la laissant remettre un peu d'ordre dans sa tenue.
D'un murmure, elle fut entourée d'une bulle protectrice, de légers mouvements de ses longs doigts fins dessinant des volutes dans l'air enivrèrent la magie qui lui répondit.
En quelques secondes, sa robe avait repris sa tenue parfaite, sa chevelure de neige fluide et sèche courant le long de ses reins à nu.

Ses pas la faisaient glisser vers les lumières du Palais, mais ses pensées étaient ailleurs. Elle posa ses doigts sur ses lèvres, comme pour retenir un baiser invisible, soupira, puis le chassa.
Le temps n'était plus à la bagatelle...


De nos jours...

Revêtue de son armure officielle, Iree se dirigeait vers le Palais de cette terre volante. Bien au chaud dans sa besace, un coffret précieux trônait.
Les ordres avaient été donnés la veille, alors qu'elle était revenue une fois de plus dans sa chambre du Renard Rouge.

Elle traversa le magnifique jardin où elle était venue tant de fois jeter des pièces dans la fontaine au mille vœux. Puis son regard se posa sur l'édifice à l'architecture imposante. Elle prit une inspiration et poussa les portes immenses.

Un garde vint l'aborder, faisant son office. Sa voix résonna dans la pièce aux murs de pierre, profonde et chaleureuse, comme à l'ordinaire.

- Je suis Iree Drakke, je viens demander audience auprès de l'Hypogriffe en tant qu'Ambassadrice de la Régente de la Cité de Wilparell.

Le Garde la toisa, puis il lui dit de patienter, avant d'aller informer qui de droit.
Elle remit une mèche rebelle en place. Il ne lui restait plus qu'à attendre...


Voilà... Le coffret est entre de bonnes mains...
J'ai accompli mon devoir, comme d'habitude...
J'espère simplement que cela retardera l'inévitable.
Au moins, cela laisse un peu de temps à la découverte d'une solution moins chaotique...

Il est temps que je prenne un peu de repos.
Ça devient de pire en pire.
Elle m'a demandé d'être forte...
Elle sait que je n'ai jamais failli...
Pas même lorsque tout semblait vouloir me mener à ma perte.
Elle a aussi compris ma décision.
Les autres ont été avertis.
Vassilissa n'est plus très loin, je le sens...
Mais aurai-je le temps de la voir ?
Cela devient urgent...
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h04

Sombre est la nuit...

Je suis partie.
J'aimerai que la douleur cesse, mais autant espérer que les étoiles quittent la voûte céleste : tout est vain !
Ce qui m'attend n'a rien de glorieux.
Même si certains penseront le contraire...
J'aimerai fermer les yeux et me réveiller dans ma chambre, regarder par le balcon et admirer une dernière fois la Cité.
J'aimerai sentir encore sa peau contre la mienne... Ce sentiment que je ne croyais plus étreindre en mon cœur... Plus jamais...
Tous ces visages qui vont me hanter... Ces souvenirs qui seront ma seule compagnie dans le silence qui m'attend...
J'espère que cela sera rapide...
Je sens cette chose en moi qui me dévore chaque jour un peu plus...
Elle tend vers sa liberté, mais je ne laisserai pas faire...
Le prix fut trop lourd à payer la première fois...
C'était il y a si longtemps...
Un souvenir noir de cette existence.
Je me sens si fatiguée...
Je ne veux que revoir encore et encore son visage, ressentir sa présence en moi, son parfum, entendre ses mots... Si doux... Tellement loin de ce que nous sommes, finalement...
Des prédateurs... De simples prédateurs...
Il faut que j'oublie la douleur...
Affronter... Cela en a-t-il été autrement durant ces millénaires ?
Mais cette fois, je crève de trouille...
Et si il n'y avait plus d'espoir ?
Alia Kane
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h07

Comme le temps passe...

Je regarde les éléments qui se déchaînent autour de moi.
La violence du vent, la pluie qui frappe fort contre ma peau, les éclairs dans le ciel : je ressens et les pensées affluent...

Nos enfants sont à l'abri à Wilparell.
Je songe à repartir.
Je songe à retrouver ma cité si belle, loin des tourments que j'ai en partie semée.
Légion est définitivement hors d'état de nuire.
Sin m'a encore sauvé et j'ai enfin compris ce qu'il était réellement.
La vie continue de couler en moi, vorace.

Sin...
Je ne peux m'empêcher de sourire.
Quel couple nous formons...
Deux volcans en fusion...
La passion dévorante et pourtant... Au delà de ça, bien plus...
Comment cela est-il possible ?
Je pensais que l'ennui finirait par me tuer...
Et puis...
C'est drôle, encore une fois, elle me réserve une surprise et voilà que je sombre devant une créature sauvage, hors de contrôle...
Je me demande encore à présent comment il a pu s'enticher de moi.
Il connait mon âme... Il aurait du fuir...

Je regarde une nouvelle fois le chaos autour de moi.
Tout s'embrase. Le ciel est vivant.
J'aime ce temps, comme j'aime un paradoxe.
Mon époux... Mon autre...
Nous aurions pu être du même sang lui et moi...
Même si je refoule ce qu'il n'hésite pas à exprimer.
Il n'y a que peu de bon en moi...
Et pourtant...

Je me pose des milliers de questions, comme toujours.
Je regarde autour de moi.
Je peux sentir l'ouragan approcher.
Déchaîner les éléments, je l'ai si souvent fais...
J'ai placé mes pions.
Mon souffle leur a donné la vie.
Et à présent, je les regarde évoluer.
Le libre arbitre...

L'humanité...
Dire que ce mot n'existait pas de mon temps...
Ces êtres qui se battent et qui espèrent...
Je trouve cela touchant...
Et agaçant...

Je dois taire la bête qui sommeille en moi, bien qu'elle s'amuse énormément ces derniers temps.
Les monstres n'ont pas forcément un visage ingrat...
Ce monde change...
Il y a quelque chose qui travaille à sa perte... Et cette chose, je la connais... Nous l'avons libérée
Encore une fois, je prends place et j'observe.

Je ressens, oui...
Je ressens tellement !
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h10

L'espoir dans sa petite main...

Thorondor regardait sa maîtresse. Kat dans ses bras, il savait quand cela n'allait pas.
Il se faisait du soucis.
Il pouvait voir ce que très peu pouvaient percevoir, parfois, lorsqu'elle reprenait sa forme originelle.
Il avait toujours été fasciné par ses immenses ailes.
Lorsque les étoiles naissaient et disparaissaient, il pouvait lui aussi le ressentir.
Pourquoi cacher quelque chose d'aussi magnifique ?
Il continuer à se poser la question, bien que depuis le temps, il avait sa petite idée.
Quelle bêtise avait-elle encore faite ?
Il sourit.
Elle avait toujours été impossible, même enfant.
Il la revit courir vers lui, riant, radieuse, ayant fait un tour de cochon à l'un de ses frères.
A présent, il était le seul à pouvoir encore la regarder. Les siens avaient eux aussi disparus de la surface de ce monde.
Kat s'était endormie.
Il alla la poser dans le lit.
Comme elle lui ressemblait...
Il se tourna et regarda les garçons.
Eux étaient plus le portrait de son époux.
Trois petits diables, pourtant tous différents, il le savait.
Encore une fois, il sourit.
C'était un tel miracle de voir de si petits êtres en ces murs ancestraux !
Avaient-ils finis de payer ?
La veille, elle était venue le voir. Elle lui avait raconté. Il avait longuement caressé ses longs cheveux de neige. Il était resté silencieux, la laissant s'exprimer à son aise.
Et puis elle s'était endormie, la tête sur ses genoux, sa robe blanche se perdant sur le grand tapis de la chambre.
Doucement, il l'avait portée dans son lit, puis comme si souvent, il l'avait bordée, pensif.
Il était resté là un long moment, à veiller sur son sommeil, puis s'était retiré, voyant que tout allait bien.
Certains pensent que les dieux sont intouchables, nichés dans leur tour inaccessible à s'amuser au dépend d'autrui...
Personne n'imaginait à quel point ils étaient fragiles et vulnérables.
Il suffisait d'une seule chose, une seule...

Au petit matin, lorsqu'il était venu lui apporter son petit déjeuner, elle n'était plus là.
Dans la pièce, il sentait encore son parfum.
Au sol, des traces lumineuses.
Elle avait ouvert le vortex cette nuit.
Encore une fois, elle l'avait quitté.
Il soupira.
Il savait qu'il n'y avait pas d'espoir.
Un bruit de pas se fit entendre derrière lui : une petite fille le fixait de ses immenses yeux rubis. Ses boucles blanches entouraient son visage aux traits fins. Marchant maladroitement, elle vint s'accrocher à sa jambe.
Il savait qu'encore une fois, il serait pris au piège.
Et pourtant, il sourit...
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h16

Un nouveau départ...

L'espace d'une seconde, une odeur étrange envahit la pièce.
Puis la réalité vacilla.
Au milieu de la pièce, quelque chose se déchira.
Des flux d'énergie firent vibrer les meubles.
Le vortex se matérialisa et elle fut vomit par ce trou béant, tombant sur ses jambes fléchies, les mains au sol, ses longs cheveux embrassant les dalles froides de l'immense salle.

Comme si de rien n'était, elle se releva tel un félin, puis un pas après l'autre, elle se dirigea vers les escaliers qui menaient à l'étage.
D'un geste nonchalant de la main, elle remit ses mèches folles en place, ne prêtant attention ni aux esclaves, ni aux serviteurs qui s'affairaient dans le manoir.

Pourtant, certains regards se posaient sur elle, intrigués.
Dans les alcôves, des chuchotements et des bruissements de tissus brisaient le silence des lieux.
La maîtresse était rentrée bien plus tôt que prévu et les murs s'emplirent d'inquiétude.

Le bruit de ses bottes de cuir sombre claquait à chaque coup de talon sur le marbre d'obsidienne qui recouvrait le sol de ce long couloir.
Son visage était totalement fermé.
Seul son regard en disait long et cela ne présageait rien de bon.

Elle murmura et la lourde porte ciselée de sa chambre s'ouvrit avec fracas.
Elle entra et cette dernière se referma avec la même violence.
Dans le couloir, des pas rapides se firent entendre.
Un homme de taille massive et à la beauté troublante arriva.
Il prit une longue inspiration, puis pénétra dans la pièce après avoir frappé.

Ses yeux violets étaient habitués à la pénombre.
Il la vît. Mais jamais son sourire ne franchît la limite de son esprit.
Il profita de la seconde où elle était encore le dos à lui, perchée sur le balcon qui dominait la cité, pour l'observer.
Il admirait cette chevelure sauvage que le vent féroce s'amusait à rendre indomptable.
Il sentit ce parfum qu'il était impossible d'oublier, même lorsqu'elle partait durant des jours.
Son attention se posa sur ses mains, fines et fortes à la fois, jointes au creux de ses reins nus.

Il perçut les mouvements de son armure.
Longtemps, lorsqu'il était enfant, il s'était demandé de quoi elle était faite. Et puis, avec le temps, il avait oublié.
Au fond, cela n'avait pas d'importance, tant qu'il la voyait sur la peau de celle à qui il avait juré fidélité.
Des souvenirs revinrent.
Des affrontements dont il ressentait encore la morsure.
La sueur, le bruit du métal , les feintes, les petites traîtrises dont elle usait pour le bluffer alors qu'elle lui enseignait les rudiments du combat.
Ce qu'il savait, il le lui devait. Mais pas seulement...
Il y avait bien plus...

Il se racla la gorge, un genou posé au sol, la main sur la garde de son épée, la tête à présent baissée, respectueux devant son Général.
Elle se retourna et s'attarda un instant sur le jeune homme.
Un long moment de silence suivit ce simple mouvement.
Elle le regardait... Profondément... Comme elle savait si bien le faire.
Elle se sentît terriblement vieille d'un coup.
Comme si le poids de toutes ces années pesait lourdement sur ces épaules.
Elle aimait ses hommes. Elle avait entraîné plusieurs d'entre eux : les plus prometteurs.
Combien devait-elle en sacrifier ?

Une ombre voila un instant son regard sanglant.
Son cœur se serra une seconde, puis elle se reprit.
Il y avait des moments où il fallait être dure, oublier tout sentiment.
Tel était le prix à payer lorsque tant de responsabilités reposaient sur ses épaules.
Sa voix s'éleva, se répercutant sur les murs de sa chambre. Ses ordres tombèrent les uns après les autres, comme des lames tranchantes.
Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle voyait le visage de son Commandant changer perceptiblement.
Elle pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert.
Pourtant, elle savait qu'il ne discuterait pas ce qu'elle venait de lui demander.

Depuis son départ et la mort prématurée de l'Impératrice, Wilparell avait sombré dans les méandres malsaines d'une noblesse qui se dévorait le pouvoir dans le sang de son peuple.
Jusque là, elle n'avait pas réagit, préférant laisser les loups s'entretuer entre eux, mais dernièrement, quelque chose était arrivé et il était à présent hors de question qu'elle reste neutre.
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h21

Le jour où Légion...

Il y a une éternité de cela à présent.
Mais je m'en souviens comme si c'était hier.
Parce que j'en étais non seulement le témoin, mais aussi l'une des actrices.
Pour un observateur néophyte, le spectacle aurait eu de quoi lui faire battre le cœur et les émotions l'auraient submergée.
A perte de vue, une armée composée de chacune des races qui vivaient sur Terrafaers se tenait sur le plateau des Marches d'Arilyx.
Des millions de créatures, mâles et femelles, aussi mauvaises que bonnes, unies pour une même et seule cause : anéantir Légion.
Dans le ciel, des dragons chevauchés par des dragonniers en armures rouges assombrissaient le ciel.
Sur la terre, des cavaliers montant des chevaux armurés et flamboyants se dressaient, fixant l'horizon.
Sous terre, des créatures des profondeurs faisaient un travail de titan.
Oui...
Si quelqu'un avait pu voir cela de son regard neuf, il n'aurait pu rester neutre face à la beauté de ce que notre armée représentait.
L'armée du désespoir...
Car, alors, nous n'étions, au final, que cela.
La volonté de vivre, nous l'avions tous, en cet instant.
Et cela, même sachant que l'espoir nous était refusé d'avance.
Légion n'avait, jusqu'ici, jamais été vaincu.
Le Dévoreur de monde n'en avait jamais assez.
Il fallait qu'il grignote, dévore, assimile la vie, comme un vampire assoiffé de sang.
Et moi... J'étais là... Sur mon noble destrier... Le regard fixant ce que tous, nous observions : Lui !
Il m'était arrivé d'avoir peur par le passé, après tout, je suis tellement plus humaine que je ne l'aimerai !
Mais là... Ce que je ressentais n'avait pas de nom.
Comme si un Heydris sulfureux s'amusait à retourner mes intestins dans tous les sens, la chair à vif, déchirée, offerte à son sadisme tortueux.
Combien je haïssais me sentir ainsi... Moi... Alia... Fille de Bella Drakke, frère de Hamstrop Drakke, époux de notre chère Impératrice Electra de Wilparell et épouse chérie du Duc Kane, mon amour si pervers.
Je jetais un regard vers mon aimé.
Il se tenait près d'elle, avec les deux autres protecteurs.
Je pouvais sentir le moment où son regard se posait sur moi.
Mais là, je savais que ses prunelles ne me voyaient pas.
Je reportai alors mon regard à ma droite.



Iree me sourit, comme pour me rassurer.
Elle posa sa main gantée sur ma joue, douce.
Je me demandais comment elle faisait pour ne pas me montrer sa propre terreur.
Je me forçais à lui rendre son sourire, mais je savais qu'elle me connaissait trop bien.
Je l'entendis dans mon esprit, sa voix si chaude me disant de ne pas m'en faire, qu'elle veillerait sur nous tous.
Mais que pouvait-elle faire ?
Que pouvions-nous faire ?
Il allait nous dévorer tous et il ne resterait plus rien de notre monde... Rien !
Je sentis son doigt sur ma bouche.
Oh, Iree, je me sens si impuissante, moi qui devrait honorer notre race si fière et noble, je me fais dessus comme un Argnon des forêts.
Une autre main se posa sur moi.
Je tournais la tête et je vis Vassilissa qui me fixait, le regard sévère.
- Cesses de te montrer si faible, Alia ! Cela n'est pas digne de toi ! Souviens-toi de notre combat contre les Tréos. Tu te battais avec la rage des nôtres alors et tu ne te posais pas autant de questions.
Il y a toujours de l'espoir. Toujours ! Alors relève la tête et montre l'exemple à notre peuple. Nous, Drees de sang pur, n'avons pas le droit de faillir et tu le sais !
Ses paroles m'avaient piquées à vif.
Je continuais de trembler intérieurement, mais mon visage changea d'expression, se faisant déterminé.
Vassilissa... Je sais que tu as aussi peur que moi... Tu sais mieux le cacher, tout simplement... Mais merci d'être là et de remuer ce qui reste de combatif en moi.
Je regardais à nouveau l'horizon.
Il se rapprochait, sa forme intangible mais si puissante faisait trembler la plaine.
Une plume d'un noir de jais tomba sur ma selle. Je la pris, puis levais les yeux au ciel.
Mina me fit un clin d'œil chaleureux. Elle n'était qu'à une dizaine de mètres au dessus de moi.
Soudain, elle prit de l'altitude, ses immenses ailes noires se déployant majestueusement.
Elle reprit son regard si mélancolique et rejoint l'une de nos troupes aériennes dont elle avait la charge.
Elle était peut-être la plus douce de nous cinq.
Et pourtant, la charge sur ses épaules n'en était pas moins grande.
Être le Messager n'était pas la fonction la plus réjouissante.
En la regardant, je comparais ma souffrance à une goutte d'eau dans un océan de Myrthol.
Je sursautai presque.
Une autre voix, à laquelle je ne m'attendais pas, me parlait.
Elle...
La plus précieuse d'entre nous.
Mon Impératrice.
Je fermais les yeux, mon esprit lui appartenant en cet instant.
Nous aurions tous donné notre vie pour la sienne.
_ Alia...
_ Oui votre Altesse ?
_ N'oublies jamais qui tu es et ce qui nous unit. Quoiqu'il arrive, je t'aimerai toujours et je serais fière de toi. Ais confiance...
Sa voix douce mais ferme était, en cet instant, bienveillante.
Mon coeur se serra.
Mon Impératrice...
J'ouvrai à nouveau les yeux, mais la peur n'étreignait plus mes entrailles.
Je ne sais pourquoi, mais, en cet instant, je su que nous vaincrions.
C'est alors que Vassilissa ouvrit les lèvres et sa voix s'éleva.
Le champ de protection se déploya au dessus de nos têtes tel une immense bulle vibrante d'énergie.
Puis tout devint noir...
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h26

Il n'y a pas si longtemps que ça...

Assise sur le trône impérial de Wilparell, Iree observait l'immense salle vide devant elle.

Son visage fermé était le signe qu'il ne fallait en aucun cas la déranger.
Faisant tourner le vin dans sa coupe trop riche, ses prunelles rouges se perdaient sur le tombeau que sa garde personnelle avait ramené.

Elle détaillait les sculptures sombres sans vraiment les voir.
Il n'y avait qu'un nom qui revenait sans cesse, encore et encore : Mina !

Encore un sang pur de moins...
Et pas des moindres.

Le Messager n'était plus.
Un nouveau Messager était né. Mais qui ?
Ce qu'elle ressentait était très étrange.

Malgré sa contrariété, elle essayait de réfléchir.

Soudain, la porte s'ouvrit et une petite fille d'environ 10 ans pénétra dans la pièce, l'air enjouée.
Elle couru vers l'Impératrice et, s'arrêtant à un mètre, posa un genou au sol et s'inclina.

Iree ne pu retenir un sourire.
Oui, Roxanne avait ce pouvoir là sur sa tante, celui de lui ôter sa mauvaise humeur d'un coup.
Elle était fière de voir que l'enfant suivait l'éducation de son frère chéri... Darkan.

Elle reposa son regard sur le tombeau.
Mina...
Un soupir bref s'échappa de ses lèvres et elle revînt sur sa nièce.
Elle lâcha sa coupe qui resta suspendu dans l'air.
Puis elle tendit ses bras à l'enfant chérie.

Roxanne ne se fît pas prier et vînt profiter de la chaleur maternelle offerte.
Après tout, à présent, et en mémoire de son amie et belle-soeur, elle devait s'occuper d'elle et lui enseigner ce qu'il lui serait utile pour l'avenir.

Iree était fière de son frère.
Autant Vincento avait été un traître malade et imbuvable, autant Darkan avait hérité de la noblesse des Drakke.
Il y a plusieurs mois, elle lui avait fait part de son désir de le voir prendre l'empire en main.
C'était là une petite révolution car jamais le pouvoir n'était passé aux mains des mâles de la dynastie.
Mais voilà, c'était tout elle ça !

Et puis, à vrai dire, sa vie de bohème lui manquait.

Serrant Roxanne contre son cœur, elle imaginait sa vie future, très loin, une nouvelle fois, de Wilparell.
Quelles aventures allait-elle vivre cette fois ?

Soudain, ses sourcils se froncèrent et elle ressentie une ancienne brûlure au fond de son être.
Il cherchait à revenir.
Encore et encore, cette épine à son pied tentait de venir reprendre ce qui lui avait été refusé.
Elle se demanda pourquoi Faerlindryla avait libéré Légion de sa cage.
L'humanité devait-elle encore subir cela ?
La dernière fois avait été un désastre !

Le rouge sang de son regard admira un instant le miracle si près d'elle.
Chaque nouvel enfant à Wilparell avait le goût de la rédemption.
Elle songea à ses propres enfants, ayant gardée quelques secrets vis-à-vis de son propre peuple.
Mais elle avait vu l'avenir.
Et malgré tout cela, l'ombre d'un sourire éclaircit son visage.

Les deux premiers joyaux avaient trouvé leur vaisseau de chair.
Bientôt, les quatre derniers feraient de même.
Alors, et seulement alors, la partie d'échec commencerait...

[ image externe ]
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h30

Sombre est la nuit...

[ image externe ]

Assise au coin du feu de la pension Deville, bien loin des regards, la jeune femme est songeuse.

Le silence règne, les clients sont couchés et la nuit est bien avancée.

Nul ne peut la regarder et voir ce sérieux sur son visage, bien loin de son sourire coutumier.

Elle fixe les flammes comme une poupée immobile, sa peau fraîche ayant pour seul compagnon, en cette nuit, son cœur à vif.

Elle déglutit, priant pour que ses larmes restent bien à leur place.

Un inspiration profonde et elle remonte ses jambes sur le fauteuil, comme pour se replier en elle-même, encore et encore.

Sa peine, elle la garde pour le silence.

Pudeur bien étrange chez une telle femme, et pourtant bien présente.

Elle donnerait tout pour remonter le temps, retrouver ces instants entre ses bras.

Parce que c'était lui et nul autre.

Lui qui continue à la faire rêver, à hanter son esprit et personne d'autre.

On peut aimer une personne au delà de la raison.

Elle regarde, dans sa main froissée, ce dessin qu'elle avait commencé... Un loup au pelage sombre et au regard aiguisé...

Elle cherche à comprendre sa faute, le pourquoi.

Ne surtout pas pleurer.

Mais aujourd'hui, elle a perdu celui qu'elle aimait.

Et alors qu'elle déambule dans les neiges d'Embria après ça, il continue à la hanter sans cesse.

Elle ferme les yeux, imaginant son visage... Sa barbe... Sa chevelure épaisse... Ses doigts légèrement râpeux... Son regard sur elle qui la rend belle.

Elle désire ses bras, son être, quitte à aimer un fantôme. Elle préfère cela... Oui.

Ses yeux clairs s'ouvrent sur le feu à moitié éteint.

La blessure est plus que vive. Elle l'aimera en secret, loin des regards, de ce que l'on peut dire ou croire.

Elle finit par s'endormir, le dessin glissant de ses mains pour rouler sur le plancher froid.

Dans la fange, pousse les plus belles roses.
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h39

Une erreur de jeunesse


http://www.youtube.com/v/aPBzfo9sj1Q

La nuit porte conseil dit-on.
Rien n'était plus vrai que pour pour la jeune femme.
Et au petit matin de ce jour blanc, c'est avec le sourire qu'elle se leva.

Près de son lit confortable, Chrome était allongé, fidèle protecteur, créature délicieuse, ami de toujours et bien plus encore.
Le seul à en savoir long sur Sambre.

Elle se leva et posa ses pieds nus sur le parquet. Elle ne sentait pas le froid, étant elle-même ce froid.
S'étirant comme une chatte, elle se dirigea à la fenêtre de la pension et posa ses prunelles de cristal sur cette vue marine, observant les mouvements de foule d'un air radieux.

La liberté.
Comme cela était grisant de se laisser à nouveau bercer par cette sensation.

Nestor, son valet à présent libre et fidèle, grassement payé pour ses multiples services, vint lui porter son déjeuner.
C'est de bon appétit qu'elle avala ses tartines et but son thé vert.

Elle lui donna quelques consignes afin qu'il s'occupe de sa chambre, puis ce dernier l'habilla et la coiffa avec art.
Elle lui enseignait depuis quelques temps déjà certaines choses délicates et indispensables afin d'être servie au mieux et suivant ses caprices.

La veille, elle avait passé un long moment alanguit dans un bain parfumé d'huiles délicates, quelques bougies allumées, de l'encens fumante et odorante lui laissant ce sourire de bien-être que son corps sublime méritait amplement.

Puis, dans son peignoir en soie noir, elle avait rejoint ses appartements et prit le temps de réfléchir aux derniers évènements passés.

Oui, elle avait eu la faiblesse d'aimer.
Mais à présent, elle retirait son amour comme en s'enlève une épine du pied.

De ce qui en restait, elle l'enterra sous une motte de terre de son jardin secret et aussi facilement qu'on écrase une mouche d'un claquement de la main, elle effaça le nom de Valérien.
Car Valérien ne valait rien.

Et dans un petit rire, elle plaça ce dernier dans : erreur de jeunesse et enfoiré affectif.
Puis elle fit disparaître son petit carnet rouge car à présent, son esprit allait être occupé à des choses bien plus intéressantes.

La première serait de revoir le mystérieux 'D' et de profiter non seulement de son intelligence, mais aussi de sa charmante compagnie.
Cet homme possédait certains atouts non négligeables et il avait éveillé sa curiosité intellectuelle.
Elle avait du travail pour lui.

Ensuite, elle devait voir le Baron afin de discuter de ses projets commerciaux.
Elle avait une idée très précise de ses ambitions personnelles et, femme de tête, elle savait parfaitement quoi faire pour y arriver.

Puis elle devrait voir la délicieuse Deirdre et lui parler de certains projets.
Il faudrait aussi qu'elle contacte ce chevalier, Lyonkin, porteur de son infinitésimale parcelle de la Toile.

Et enfin, pour son pur plaisir, elle irait voir son cher Luc, ami précieux et homme séducteur à souhait afin de réaliser son vieux rêve d'enfance.
Comme on dit, le meilleur pour la fin...

[ image externe ]
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h43

C'est une belle journée et je vais me coucher...

"Comme une journée bien remplie nous donne un bon sommeil, une vie bien vécue nous mène à une mort paisible." (Léonard De Vinci)

[ image externe ]

Sambre était plus que satisfaite.

La journée avait été fructueuse et riche.
Aussi bien pour ses affaires que pour ses relations personnelles.

D'abord, elle avait pu parler avec Deirdre et lui proposer de participer à son projet de tour arcanique neutre.
Une femme réellement charmante et avec une intelligence pétillante.

Puis elle avait pu rencontrer le Baron Desdémonia.
Il lui avait remis une lettre de recommandation pour la guilde des marchands.
Pour sa demande de citoyenneté, elle devait voir un milicien au plus tôt.

Elle sourit lorsque le Baron jeta sur elle un regard appréciateur avant de partir.
Visiblement, cet homme avait du goût.

Ensuite, et là, ce fût des plus intéressants, elle rencontra ce jeune homme, Alek Darinson, sous l'effet, sembla-t-il, de l'adrénaline.
Sautillant et rapide, il lui demanda une entrevue pour parler affaire.
Et cela fût fait.
Entre autre mots suggérant l'intérêt du personnage pour l'or et la luxure, ils s'accordèrent sur l'avenir et elle signa donc un contrat juteux avec lui.
Elle trouva amusant qu'il sembla connaître certaines choses sur elle.
Visiblement, soit quelqu'un avait parlé, soit les espions étaient partout.

Néanmoins, elle quitta le messire en le laissant avec ses fantasmes.
Elle n'avait point la tête à la bagatelle, mais beaucoup plus à ses désirs personnels de travail intensif.

Puis, comme si tout cela ne suffisait pas à son bonheur époustouflant, elle fit la connaissance d'un jeune homme intéressant.
Narm.
Après plusieurs échanges de mots, elle décida de l'engager comme assistant.

Le reste de la journée passa, encore des rencontres, dont Markius, puis elle finit par aller se reposer, souriante, Narm l'accompagnant dans sa chambre.
Le pauvre se vu proposé le canapé pour seule couche, à son grand amusement.
Et c'est avec un sourire malicieux qu'elle s'endormit paisiblement, tout à fait satisfaite.

Le lendemain serait encore plus attrayant...

http://www.youtube.com/v/yY0OY0LbjeU
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Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h48

Profiter du silence

"Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas : la solitude, l'indifférence, la patience, le silence." (Georges Perec, extrait de "Un homme qui dort")

http://www.youtube.com/v/aGSKrC7dGcY

Alors que Narm quittait la chambre, laissant Sambre dans les draps encore chauds, un grésillement se fît entendre, puis une sorte de vortex s'ouvrit et Chrome en fût vomit, ses pattes félines se posant sur le parquet froid.

Alors qu'il avançait, tout son être changeait, passant de sa forme animale à sa véritable forme humanoïde.

Il vînt s'asseoir près de sa protégée et se mit à l'observer longuement.

Il connaissait la jeune femme mieux que quiconque, l'ayant vu grandir, lui-même développant sa croissance et ses dons naturels. Et il semblait soucieux.

Sambre ouvrit les yeux et les posa directement dans ceux de son protecteur.

Entre ces deux là, le silence était bien plus parlant que tout un discours.

Et ils parlèrent longuement, en ce matin où le soleil baignait de sa lumière les pavés envahis pas cette neige éternelle.

Puis Chrome tendit une missive à Sambre.

Elle portait le sceau de sa famille.

Il la regarda lire, l'admirant, comme toujours, intérieurement. Il n'avait aucun droit sur elle. Juste celui d'être là.

Il vit son visage devenir dur.

Il savait que la nouvelle ne lui ferait pas plaisir. Et il avait raison.

Mais il fut très surpris que, pour une fois, elle ne le montra pas... De façon plus physique.

Il la regarda se lever et, comme d'habitude, il la suivit, pour la vêtir.

Elle n'avait jamais eu besoin de le lui demander. Il aimait faire cela. Non pas comme un serviteur, mais comme son plus intime et proche ami. Enfin... C'était aussi un peu plus que cela.

Il aimait à coiffer cette longue chevelure. Déjà enfant, il prenait son peigne et venait lisser cette profusion de fils blancs.

Il natta ces derniers en une couronne complexe, ses doigts agiles entrelaçant les longues mèches avec dévotion.

Puis il recula son siège pour qu'elle se lève, ce qu'elle fit.

A aucun moment ils n'avaient échangé un mot.

Elle posa son regard contrarié dans le sien. Il lui offrit un sourire paisible. Puis ses bras.

Alors qu'elle y prenait place, il songea à ces derniers jours.

Il revenait de Thay. Là-bas, tout était très différent de cette cité où elle était venue se perdre.

Il revît sa discussion avec Avalon, le frère jumeaux de Sambre.

Il ne devait rien, ni à celui-ci, ni à la famille De Vries. Et si il était encore là, ce n'était que pour elle. Juste elle. Et cela pour une raison obscure, bien au delà des sentiments les plus absolus.

Il la sentit soupirer contre lui. Elle avait pris une décision. Il fallait agir et elle ne se déroberait pas à ce qui l'attendait.

Alors qu'elle quittait sa chaleur semi animale, il la vit écrire un mot expliquant son absence à Narm et un autre pour Luc.

On ne peut se dérober à certains devoirs.

Elle lui lança un regard qui voulait dire qu'elle était prête.

Alors, il reprit sa forme animale et un second grésillement rompit le silence de la chambre. Le vortex apparut et ils furent aspirés tous les deux.
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 08h57

Partir et revenir...

"Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant." (Paulo Coelho)

http://www.youtube.com/v/dvgZkm1xWPE
Spoiler:
Avant, je dirigeais le monde
Les océans se soulevaient quand j'en donnais l'ordre
Maintenant je dors seul le matin
Je balaye les rues qui m'appartenaient
Avant, je jetais les dés,
Je sentais la peur dans les yeux de mes ennemis,
J'écoutais la foule chanter :
"Le vieux roi est mort ! Longue vie au roi !"
Une minute je tenais la clé
Celle d'après on m'enfermait
Et j'ai découvert que mes châteaux reposaient
Sur des piliers de sel et des piliers de sable

[Refrain]
J'entends sonner les cloches de Jérusalem,
Chanter les chœurs de la cavalerie romaine
Soyez mon miroir, mon épée et bouclier
Mes missionnaires sur un champ étranger
Pour une raison que je ne peux expliquer
Une fois que tu étais parti il n'y avait jamais, jamais une parole honnête
C'était quand je dirigeais le monde

(Ohhh)

C'était le vent mauvais et sauvage
Qui renversait les portes pour me laisser entrer
Fenêtres brisées et le son des tambours
Les gens n'arrivaient pas à croire ce que j'étais devenu
Les révolutionnaires attendent
Ma tête sur un plateau d'argent
Juste un pantin tenu par un fil
Oh qui voudrait un jour être roi ?

[Refrain]
J'entends sonner les cloches de Jérusalem,
Chanter les chœurs de la cavalerie romaine
Soyez mon miroir, mon épée et bouclier
Mes missionnaires sur un champ étranger
Pour une raison que je ne peux expliquer
Je sais que Saint Pierre n'appellera pas mon nom
Jamais une honnête parole
Et c'était quand je dirigeais le monde

(Ohhhhh Ohhh Ohhh)

[Refrain]
J'entends sonner les cloches de Jérusalem,
Chanter les chœurs de la cavalerie romaine
Soyez mon miroir, mon épée et bouclier
Mes missionnaires sur un champ étranger
Pour une raison que je ne peux expliquer
Je sais que Saint Pierre n'appellera pas mon nom
Jamais une honnête parole
Mais c'était quand je dirigeais le monde

(Ooo Ooo Ooo)

Bien sur, il va sans dire que tout a une fin.

Bien sur, elle revînt, tout comme elle était partie.

Le grésillement du vortex et ses pieds posèrent leurs talons sur le sol de la chambre froide.

Sambre était de retour.

De ce qui s'était passé à Thay, elle n'en parlerait pas.

Encore une clé, encore un souvenir à balayer, son cimetière personnel dépassant de loin le nombre d'emplacements prévus.

Aller de l'avant, n'est-ce pas ce qui est le mieux ?

Mais est-ce que le mieux n'est pas un leurre vers la médiocrité... Ce que tout le monde fait... Bien gentiment.

Les châteaux peuvent s'effondrer et quand on pense qu'ils sont faits d'une pierre solide, on se rend compte trop tard qu'ils ne sont que de sable.

Elle eut une dernière pensée pour Avalon, puis plus rien.

Bien sur, son frère était comme le demi d'un tout.

Son absence, comme une morsure dans sa chair fraîche.

Mais les choses étaient ainsi.

Un autre moment... Une autre vie...

Son regard se porta sur ce paysage qu'au fond, elle ne portait pas particulièrement en son cœur. Elle faisait avec. Comme avec certains crétins à l'esprit étroit et qui ne chercheraient jamais à dépasser leurs frontières rassurantes et pourtant si fragiles.

Y a-t-il un moment où l'on se dit qu'une évolution est possible... Que l'humanité, au lieu de régresser, peut ouvrir les yeux et avancer... L'ennuis... La répétition... Finalement, Valérien avait raison sur un point : les hommes étaient bien misérables.

Se rapprocher de ses cousins ? Cela semblait relever du défit.

Les anciens ont aussi leurs défauts. Non pas que cela soit un mal, mais... Ne s'étaient-ils jamais demandés pourquoi le noble peuple s'éteignait ?

Elle avait sa petite idée sur le sujet, mais surtout, ne jamais exprimer ce genre de pensée... Ce monde archaïque n'était pas fait pour cela. Les gens n'aiment pas entendre ce qui ne se veut pas de leur opinion. Ils entendent, sans plus, mais n'écoutent pas.

Il n'y avait qu'à voir les erreurs du passé, toujours renouvelées, ici encore.

Elle avait pu observer nombre de choses, alors que sa bleue attitude avait titillé les esprits biens pensants, mais qui, le soir, se couchaient dans la même luxure, suant la même eau sous couvert de petits gémissements et de joues roses.
Pauvres midinettes cachées derrières leurs ombrelles qui n'étaient pas mieux que la fille de joie dans l'ombre.

Et ce pouvoir dérisoire qui, au fond, finirait dans un cimetière où l'oubli est la véritable fin ultime avec l'ignorance.

Elle profita de ce long moment de silence, observant les gens, d'un regard lointain.

Et déjà, elle savait qu'il faudrait faire avec car on n'aime pas les esprits rebels et encore moins l'inconnu.

Elle soupira longuement et songea aux diverses tâches qui l'attendaient.

Ennuis, quand tu nous tiens...

Son regard se posa sur les draps défaits. Nestor n'avait pas encore rangé la chambre. Tant mieux !
Elle prit l'un des oreillers et huma son parfum comme on s'ennivre d'un souvenir merveilleux.

Elle espéra que cette fois, il n'y aurait pas de tombe...
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 09h01

Aux portes de l'enfer

Il suffit d'un atome pour troubler l'oeil de l'esprit. (William Shakespeare Extrait de Hamlet)

[ image externe ]

C'est à ce moment là... A ce moment précis... Que la faille se révéla... Et que tout fût scellé.

Gisant au sol, le corps de la jeune femme saigne abondamment, ses os brisés, ses plaies béantes, dans un abime de douleur.
Réaction lacrymale, coulent les larmes de la souffrance et la rage de l'impuissance, paralysée.

Elle veut lutter avec ce corps fragile, mais il l'abandonne, terrible leçon du physique sur l'esprit.
Un esprit déterminé, engoncé dans un carcan érigé par des années d'études militaires.

Tout est supportable, tant qu'elle le voit se battre, même cette déchirure atroce par où sa vie s'enfuit.

C'est alors que le temps semble se ralentir à travers ses yeux humides.
Le chaman pousse une sorte de cri incompréhensible.
Le ciel semble répondre à l'appel de cette bête immonde qui a déjà volé tant de vies.
Elle a déjà les yeux levés, voyant l'ombre sur elle, un craquement terrible fendant les airs, le trait de foudre jaillissant vers elle.

La puissance de la nature est sans appel et cet être semble la maîtriser.

Elle regarde la lumière cruelle foncer sur elle.
Peut-être est-ce son imagination, mais il lui semble entendre quelque chose.

Un bouillon de sang la fait tousser, vrillant sa chair d'une douleur affreuse.
Elle tourne la tête, cela semble si long, si difficile.

Elle le voit, ses lèvres se tordant dans un cri alors que son corps puise dans ses dernières forces pour se propulser.
Elle sait que son armure est aussi lourde que la sienne.
Il serait impossible de s'élancer ainsi sans la volonté du désespoir.

La lumière approche... Le corps semble suspendu dans l'air pendant une seconde... Puis une souffrance plus atroce encore quand le choc des armures se fait.
Tout devient blanc et ses yeux ne distinguent plus rien.
Le bruit est assourdissant, un bourdonnement dans ses oreilles.

Elle se sent écrasée, paniquée, sa gorge incapable de hurler.
Il y a l'ombre d'un autre cri, puis un silence de mort.
La lumière s'estompe et alors elle voit et comprend.

C'est à ce moment là, oui, à ce moment exact que le miroir s'est brisé.
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » dim. 20 mars 2011 à 09h06

De nos jours...

L'enfer est pavé de bonnes intentions

"L'étroite voie de notre ciel propre passe toujours par la volupté de notre propre enfer." (Friedrich Nietzsche, "Les flammes de l'enfer"

[ image externe ]

Observant les flammes crépiter, la jeune femme tente d'oublier les images de ses cauchemars.

Certains concernent l'acte qu'elle a fait. Les autres restent incompréhensibles, mais tellement marquants.

Elle sort lentement de sa poche un bel écrin d'argent, puis l'ouvre, découvrant le magnifique diamant qui y trône.
Il est tel une larme cristallisée enfermée dans un tombeau précieux.

Était-il possible que la grenouille ait eu un instant de grâce dans son esprit dérangé ?

Elle saisit délicatement la pierre, puis se lève.
Ses pieds nus malgré le froid vont sans faiblir.

Elle trouve enfin l'endroit, puis se baisse, fouillant la terre de ses ongles, laissant une douleur légère s'emparer d'elle.
Le petit tombeau fait, elle y dépose la pierre lentement, la respiration profonde, le regard froid comme la mort.

Elle enterre cette seule et unique larme pour une âme corrompue et sale.
Elle lui offre ce seul hommage, tout en le maudissant.
Elle sait qu'il haïssait la faiblesse.

Doucement, elle prend une graine qu'elle dépose près du diamant.
De cette graine, elle sait qu'il surgira un chêne immonde, symbole posthume de ce que fût le dénommé Sidius De Mérinius.

Elle sait qu'à chaque fois qu'elle passera devant ce lieu, elle se souviendra de son épée dans sa chair putride, de ce moment où sa haine et sa vengeance ont pris la forme d'une lame froide et sans pitié.

Elle touche son visage, comme pour se souvenir de l'atroce douleur.

Puis elle retourne là où elle se sent bien.
Elle s'assoit et pose un dernier regard sur le petit écrin qu'il lui a offert.

Dans cet écrin, elle enferme son enfer.
Un claquement sec et les démons sont scellés en ce lieu étroit et sombre.
Puis elle la range symboliquement.

Seul sa famille de l'ombre sait la vérité : un monstre peut en cacher un autre.

Elle ferme les yeux et prend une profonde inspiration.

L'enfer, ce n'est pas les autres, c'est se retrouver seul avec soi même.
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » jeu. 14 avril 2011 à 15h18

Le songe d'Alexander

Il y a 28 ans...

Il s'était endormi comme une masse, entre les vapeurs d'alcool et le doux parfum de la créature qui avait donné son exotisme à la soirée.

Le sommeil était venu vite, lourd.

Il ne savait pas ce qui l'avait réveillé et, à présent, il n'était même plus certain de l'avoir été.

Cette vision occultait tout ce qu'il aurait pu avoir en tête.

Ce... Songe !

La cabine du Griffon était à nouveau vide, dans un désordre étudié par lui seul, la faible lumière d'une bougie éclairant une carte de la mer du nord.

Il tendit la main et prit la bouteille poussiéreuse qui trônait sur son bureau. Il la porta à ses lèvres encore pâteuses et vida ce qu'il restait, soit, d'après son évaluation, l'équivalent de deux bons verres.

Il la reposa, vidée, à la même place.

Ses yeux verts se posèrent sur cette vision du ciel qu'il avait à travers les vitraux du navire. Un ciel de nuit nuageux. Ca sentait la tempête !

Les flammes s'amusaient à mettre de l'or dans ses cheveux aux boucles flamboyantes, révélant parfois des ombres sur son visage coupé au couteau.

Le Capitaine Vanaheim n'était pas particulièrement bel homme. Pourtant, il possédait une sorte de charme indéfinissable, parfois énervant, qui, accompagné d'un verbe acéré et taquin, arrivait à faire de lui la coqueluche des belles du port.

Il était coutume de le voir accompagné de dames bien gentilles, à profiter des saveurs nocturnes et ennivrantes des tavernes que l'on trouvait toujours sur les quais des bas fonds portuaires.

Souvent, lui et ses hommes prenaient d'assaut une place, y ajoutant une ambiance plutôt festive entre les beuveries et les jeux de hasard.
Dans le brouillard des salles sombres, ils ouvraient le bal à une activité pouvant parraître rustre aux gens de la noblesse.

Pourtant, il en était tout autre lorsque, loin sur la mer, ils se serraient les coudes pour affronter une mer parfois colérique, amante capricieuse, mais irrésistible.

Alexander était un homme d'expériences et quand il maniait la barre, ses ordres étaient sans appels, précis. Il y avait longtemps qu'il avait su gagner le respect de ses hommes, à la fois dur, mais juste, courageux et intrépide. Un homme néanmoins à la morale parfois douteuse, n'hésitant pas à profiter des bienfaits de la vie.

C'était aussi un affairiste redoutable en plus d'un fin bretteur.

Les océans avaient leur part de danger et il fallait savoir se défendre.

Pourtant, là, dans cette pièce en chantier, il semblait presque fragile, très loin de l'image assurée qu'il donnait.

Qu'avait-il réellement vu ?

En tout cas, il avait la certitude absolue que cela n'était pas humain. Cela ne lui semblait même pas appartenir à ce monde. Et ça, il ne savait comment, mais il en avait l'intime conviction.

Ce qui le perturbait, c'était ce regard doré et si profond, à la fois là et ailleurs, le fixant comme si son âme s'ouvrait et révélait ses lignes les plus lointaines, personnelles, entre l'ombre et la lumière.

Durant l'année qui suivrait, ces yeux d'or le hanteraient toutes les nuits...

[ image externe ]
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Re: Mots empilables

Message par aliakane2 » jeu. 14 avril 2011 à 16h53

La part de l'ombre...
Spoiler:
Une nouvelle fois, mon appétit se délecte.

Un nouveau parfum. Délicieux. Mes petites dents pointues aimeraient dévorer cette chair si tendre, mais ce n'est pas encore le moment.

Ah mais... C'est vrai... Je n'ai pas de dents ! *Rire fou*

- Arrêtes !

Que... Qui es là ? Toi ? *J'ouvrirai bien mes yeux si j'en avais*

- Qui veux-tu que ce soit ?

Pourquoi tu viens toujours quand je ne m'y attends pas ?

- Je suis toujours là, tu le sais bien... Enfin, non, c'est vrai que j'ai ta mémoire entre mes mains.

*Je sens son sourire. Ça sourit. Quelle chance ! Moi je n'ai pas de lèvres !*

- Tu n'es rien. Qu'une création de plus. Mais tu es nécessaire.

Ce n'est pas vrai ! *Je m'insurge, je déteste quand ça me dit ça*
J'existe ! Même si personne ne peut me voir !

- Heureusement, ils ne pourraient pas te contenir. Je te demande néanmoins de laisser ce parfum là. Il m'appartient.

Quoiiii ! Non ! Je l'ai vu avant toi ! Tu n'as pas... *Silence ! Tu connais ses façons de faire, alors tais-toi !*

- Tu connais en effet mes façons de faire.

*Je sens ses caresses. Ça m'a toujours comme ça. Je déteste ça*

- Regardes... Tu sens ces émotions ? C'est si réjouissant. Une création unique.

Moui... *Je bouderai bien, mais je ne sais pas ce que c'est*

- Il est temps que tu oublies maintenant.

*Je bats des cils que je n'ai pas*

Son parfum... Mmm... Je la veux, je la veux, je la veux !
Je fais quoi moi ici ? Je me croyais là bas... *Étrange. Ça arrive de plus en plus souvent*

Je la croquerai bien avec mes petites dents pointues si j'avais des dents...


----------

La pièce est sans lumière.
Petite et humide, on dirait presque une sorte de cachot infâme.
Pourtant, une bougie presque en fin de course luit doucement, reflétant une ombre immense sur le mur de pierre.

Une silhouette est recroquevillée sur un lit usé.
De loin, elle semble effrayante.
Mais en s'en approchant, on peut voir un visage humain.
Ses traits sont fins, presque comme on se les imagine d'un ange.

Pourtant, son regard semble mort. Comme si toute la vie qui y brillait avant n'était qu'un souvenir lointain.
Des yeux si verts... Si verts...

Dans un coin de la pièce, une petite araignée tisse une toile, lentement. Elle espère de tout son cœur pouvoir bientôt se nourrir d'une gentille mouche idiote et inconsciente.

L'homme si charismatique au fond de la petite pièce noir ne semble pas s'en inquiéter. Statue immobile et vide, il fixe le néant.
Pourtant, autour de lui, luit continuellement une forme d'énergie sombre et bleutée.
En y regardant de plus près, le lit n'a pas de pieds. Il flotte, simplement.

Les vieux vêtements qui recouvrent son corps froid ont l'air d'avoir plusieurs années. Leur usure est visible. Ils sont crasseux et puants. Pourtant, celui qui tenterait une seconde de les lui retirer regretterait amèrement son geste.
Il y a encore son parfum dessus.

Cette obsession qui le maintient en vie...

Il a bien réussi par deux fois à échapper aux murs de pierre, mais cette chose infâme veillait.
La vieille, comme il l’appelle dans son univers de conscience.
La cathédrale de son esprit est immense et il y entrepose tout, jusqu'au moindre détail.

Il commence à y voir plus clair dans les plans. Il prépare tranquillement sa sortie. Elle sera imminente.

La petite araignée s'active. Elle a hâte de déguster sa future proie qu'elle aura, au préalable, liquéfiée de l'intérieur. Elle est particulièrement habile pour planter ses crocs empoisonnés dans la chair molle des petites mouches inconscientes.

Un bruit se fait entendre. Quelqu'un vient.
Seul un œil très avisé pourrait voir qu'il respire encore.
Ce regard bleu qui le fixe derrière l’œilleton de la porte de sa cellule.
Il sait qu'elle l'observe chaque jour. Il peut sentir sa peur venir nourrir ses rares sourires.
Tu payeras cher pour me l'avoir cachée.

Il entend ses manipulations. Les serrures. Les glyphes que l'on désactivent. Plus tout le reste.
Oui... Ils ont si peur...
Ils sont encore loin du compte...

Une lumière légère vient illuminer la petite pièce sombre.
Le froufrou léger d'une robe mauve qu'il ne connaît que trop.
Comme il voudrait voir un peu plus de peur dans son regard si limpide.
Elle va parler. Si je pouvais la toucher... Si je pouvais...

- Bonjour, Corwin. C'est moi...

Dans le coin de la pièce, la toile est enfin fini et, si on regarde bien, pour l'heure, elle est vide. Mais pour combien de temps ?
Spoiler:
Et soudain, le miroir se brisa...

----------

- Oh, oui ! Oh, oui ! Oh, oui ! *J'applaudis*

Je m'approche des longs cheveux sombres. Je me baisse et alors, je sens ce parfum, toujours le même.
Oh, bien sûr, personne ne peut le sentir celui-là. Il n'y a que moi qu'il appelle de l'autre bout du rien du tout.

Mmmhhh...
Quelle divine odeur !

Ça me donne faim, mais ce n'est pas encore l'heure.

Et si je volais des dents ?

- Arrêtes de dire des bêtises ! Tu m’agaces !

Hey ! Arrêtes de faire ça de suite !

- Non !

Mais.. Mais... Ce n'est pas juste !

- Je sais.

Et c'est tout ce que ça te fait ?

- Tu veux vraiment que je réponde ?

*Pourquoi je tremble soudain ?*

Heu... C'est très bien l'injustice...

- Tais-toi !

...


----------

Irina... Il... Protège... Savoir... Tu es...

Il envoya une décharge électrique dans toute la pièce.

- MONTRES-TOI ! SORCIÈRE !

Elle sentait sa respiration lente. La peur... Il fallait l'effacer et réfléchir vite.
Elle posa son regard au sol où les débris de toute une vie jonchaient le bois qu'elle avait tant foulée.
Quelque chose se brisa dans ses yeux d'un bleu de mer.

Il fallait le contrer, d'une manière où d'une autre et prévenir les autres.
Si il mettait la main sur la lettre, il saurait alors où chercher.
Elle serrait le parchemin fortement.
Sa main était en sang, mais ce n'était qu'une petite coupure.

Comme elle se sentait vieille à présent !
Si elle avait eu encore sa jeunesse, elle aurait pu contrecarrer ses plans.
Mais comment avait-il réussi à s'échapper ?

Pas le temps d'y penser.

- JE TE DONNE UNE MINUTE ! ENSUITE, TOUT CE QUE TU CHÉRIS SERA L'OMBRE D'UN SOUVENIR !

Elle entendît le frottement de sa robe sur le sol.
Il était si proche... Si proche...
Oh, ma chérie ! Que les dieux nous viennent en aide !

C'est alors qu'elle le vit, là, juste sous le fauteuil.
Comment avait-elle pu l'oublier !
Une lueur d'espoir vint illuminer son regard ancien.

Il faut que je fasse vite !
Quelle est la séquence déjà ?
Elle se mit à remonter dans sa mémoire, comme on remonte un automate.

Oui !
Ca y'est !

Alors, avant qu'il n'ait eu le temps de mettre en œuvre ses menaces, elle plongea, sa main saisit le miroir, récita la séquence ouvrant le portail et eut juste le temps d'entendre un cri de rage, imbibé de folie, avant que son corps ne soit aspiré vers une destination qu'elle seule connaissait.

En regardant autour d'elle, elle sourit. C'était toujours pareil. Le grand pommier et ce coucher de soleil...
Elle commençait à se détendre quand soudain, elle s’aperçut qu'elle ne tenait plus le parchemin.
Alors, devant ce spectacle grandiose, son cœur s'arrêta : que tous les dieux nous protègent !


----------

Sur le port de Wilparell, nombres de demoiselles jetaient un regard discret sur la silhouette qui avançait.

Un visage d'ange, entouré de longs cheveux sombres...
Un regard si vert... Si troublant...

Les pans de la robe d'un vert sombre ornée d'or flottaient autour de cet homme qui attirait tous les regards.
Derrière lui, trottinant comme il le pouvait, un petit gnome jovial portant une grosse malle semblait essoufflé.

- Maître... Maître... Pas si vite ! Ffff... Ffff...

Le Maître s'arrêta, puis il tourna son regard d'émeraude sur la petite créature à l'air joyeux. Il le fixa une seconde, une seule et durant tout le trajet qui suivi et même après, le gnome n'émit plus jamais un seul son.


----------

Le soir même, une tempête éclata, d'une violence peu commune.
Tous les navires étaient à quai, ballotés comme des fétus de paille, sauf un.

Au loin, sa voile rouge faisait tâche dans les zébrures du ciel électrique.

Sa masse fît frissonner plus d'un marin sur le port ce soir là.

Encore maintenant, on en parle encore pour effrayer les petits enfants...
Spoiler:
Un navire aux voiles rouge sombre accoste en pleine nuit au village des pêcheurs. Il a quelque chose de dérangeant, ce navire. En tout cas, il rend les quelques marins qui traînent nerveux.

De son bord, seules deux silhouettes en descendent.

La première, longue, racée, portant une grand manteau de velours vert foncé et une grande capuche se déplace d'un pas vif.

La seconde, petite, rabougrie, est celle d'un gnome au regard vide qui porte une malle imposante.

Dans le ciel, les nuages noirs s’amoncèlent...


----------

Ah ! la douce odeur du désespoir ! Comme je me sens en appétit ! Je vais me régaler ! J'en suis tout excité !

Petite âme, chair fraîche, parfum délicieux...

Je grignote, encore et encore...

Je m'étends, encore et encore...

Je vais te dévorer et tu sais quoi ? J'en pleure...

- Tu es amusant

Toi, arrêtes de faire ça !

- Non

Si ! Si ! Si !

- Tu veux vraiment que j'arrête ?

Non ! NOOOONNNNNN ! NOOOoooonnnn... *...*

**Et au delà des ténèbres, un cri silencieux brisa l'univers...**


----------


**Quelques mois auparavant...**

Un autre navire... Une autre nuit... Calme... Des voiles blanches et épaisses...

Trois silhouettes aux capes rouges, bleues et noires foulent le sol de l'île. Deux masculines, une féminine.

Pour le passant curieux, tous portent le même symbole sur eux. L'un à une broche fermant sa cape, le second à la chaîne qui retient une sorte de petit livre à la couverture d'obsidienne et la troisième à un médaillon.

Ce symbole a la forme d'une sphère dont le pourtour est gravé de runes et de glyphes. En son centre, la forme stylisée d'un œil dont la pupille est un masque sans bouche. La matière semble noble. Certainement un alliage particulier.

A peine arrivés, les trois se séparent, prenant des chemins différents. Leur pas sont assurés, comme si ils savaient exactement quoi faire et où aller.

Tout ne fait que commencer...
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