Veene Wintershade

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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*Veldrin*
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Veene Wintershade

Message par *Veldrin* » dim. 15 novembre 2009 à 19h33

  • 1. LA NATURE D'UN SONGE
    Le vent glacial des longues nuits d'hiver sifflait dans les branches nues des arbres enneigés. J'errais dans la forêt couverte d'un voile de soie léger, comme une âme en peine enveloppée de son linceul.
    Les mains trainant sur l'écorce des vieux chênes, pieds nus, je marchais précautionneusement sur le sol mousseux du bois.
    L'air semblait emprunt de présences indicibles, de spectres inéluctables tourmentant et enivrants à la fois. Les yeux fermés je me laissais guider par ces forces chimériques probablement torturées depuis des temps immémoriaux.

    Le lieu dans lequel ces esprits m'entrainaient était empli d'histoires anciennes, de prospérité, de batailles et de guerres sans nom que les siècles avaient oubliés. Les pages de l'histoire concernant les elfes de mes contrées s'étaient envolées il y a bien longtemps, mais l'esprit de mon peuple hantait toujours cet étrange endroit.
    Les images des corps mutilés de centaines d'elfes noirs au sol me montrèrent à quel point mes ancêtres étaient violents. Le poids du passé s'effaçait petit à petit, laissant place en mon cœur à l'angoisse et la haine.

    Les elfes érigèrent une grande cité sur leurs nouvelles terres durement acquises. Tout finit cependant par mourir et même les plus belles choses ne peuvent rien contre l'éternité. La ville vint à dépérir et connut une exode massive. La nature y reprit ses droits.
    Des milliards de litres d'eau recouvrirent bientôt les ruines de l'ancienne cité.

    Je continuais mon voyage psychique à travers la forêt pour arriver à un grand lac dans lequel se reflétait le ciel étoilé ; une scène pittoresque.
    Sous les tonnes de liquide s'étendait la cité engloutie de mes aïeux. Mes sentiments me rattrapèrent rapidement ; s'agirait-il d'un océan de larmes ? Seraient-ce les pleurs des elfes de cette à jamais mystérieuse agglomération qui les auraient détruits ?...

    […]

    Je me réveille avec la conviction que cette aventure onirique n'est autre que le reflet de la réalité et l'illusion d'un passé révolu. Qui aujourd'hui pourrait se souvenir de ce peuple à la fin si tragique ?
    Eva a sans doute voulu me dévoiler une partie de la vérité. Mais jusqu'où...

    Ma raison se perd dans les antiques tableaux fanés que mon âme plus que mes yeux est convaincue d'avoir contemplé. La tentation est grande de me convaincre seule qu'il s'agit encore une fois des oscillations absurdes de mon esprit aliéné et de mon absence de conscience. Mais pourtant ces peintures fabuleuses n'auraient pu me venir sans l'intervention d'une force supérieure.
    • « Encore une fois je m'évade à travers mes illustres réflexions relatives à la fatalité. Dois-je croire en la bonté d'Eva ou craindre son courroux ? Que sais-je encore, est-il possible de lutter contre tant de mépris et d'amour à la fois ? Et davantage celle que je sers ne peut-elle être qu'une illusion, une chimère ou une invention de mon génie étriqué ? Car je ne saurais, à moins d'une illumination, si mon jugement, si lucide soit-il, est bienveillant, sans doute à défaut d'être convenable. J'affronte le vide stérile irréfléchi et déraisonné de ce que l'on appelle la Croyance. Eva ne m'en veut pas car je suis ta plus fidèle servante, et punis moi de mes insultantes questions. »
    Ma vie insipide me pesait jusqu'alors et ces révélations visionnaires venaient enfin y mettre un peu d'intérêt. Ainsi je décidais d'apprendre les coutumes de mon peuple et d'essayer de les préserver de l'influence sociétaire des races inférieures. Jamais je ne permettrais qu'un sombre ou un orc n'entache notre honneur et nos traditions millénaires. Je préfèrerais perdre la vie que de voir mes semblables en débâcle.

    Je commençais à m'entrainer à l'art de l'épée courte depuis mon plus jeune âge sur les conseils de mon géniteur. Il estimait, à juste titre, que savoir se défendre dans un monde aussi inhospitalier était une nécessité. Je voulais bien le croire, mais à présent j'en suis convaincue.
    Rien ne pourra être aussi noble que de m'appliquer à redorer le blason des elfes.

    […]

    Aujourd'hui je suis fin prête. Les dangers des contrées d'Aden et d'Elmore n'ont plus de secret pour moi. Et je jure que je ne laisserais jamais quiconque insulter les miens.
    Je suis une tueuse sans foi ni loi si ce ne sont celles d'Eva.
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Re: Veene Wintershade

Message par *Veldrin* » lun. 16 novembre 2009 à 01h12

  • 2. LE STIGMATE D'ELH'VALAS
    Je n'ai connu d'homme aussi méprisable que mon frère.

    […]

    J'attrapais furtivement une dague cachée dans la ceinture de ma longue robe beige. « Je te vois te cacher dans les ombres. Rase les murs, pour ton salut. Et ose te montrer, rat, que je t'éviscère. »
    Si j'avais pu rêver de ces courts instants pendant des années, rien n'était plus pareil dans la réalité. Malgré ma détermination, je commençais à regretter de m'être engagée sur cette pente glissante. Ma main tremblait et j'apercevais déjà sa silhouette se mouvoir jusqu'à moi, ses mains enserrer ma gorge et la presser comme pour en faire jaillir tout le sang de mon corps.
    Silencieusement je me déplaçais jusqu'à l'entrée de la cuisine et je le regardais s'empiffrer goulument, la peur envahissante s'emparant de ma bravoure et son aura puante me souillant au plus profond de l'âme.
    Susurrant quelques vulgarités sur un ton haineux je m'apprêtais à lui ouvrir les côtes de bas en haut, doucement pour savourer ces longues années de supplices, pour qu'il sache avant de mourir qui j'étais devenue.
    Je m'élançais enfin en hurlant avec hargne.

    D'un simple coup de coude il réussit à m'éjecter sur le côté et ma tête frappa la dalle. Je perdis connaissance un très court instant et je le vis assis sur moi, m'empêchant de respirer et me souriant cruellement tout en agitant de la main son couteau.

    […]

    Il me viola et me tortura. Il finit de jouir en m'arrachant l'œil gauche de la pointe de sa lame. Je ne connu jamais pire douleur.
    Il n'y a de moment de réflexion plus intense que le ventre ouvert et les tripes à l'air. Là, flottant dans l'urine et le sang, je réfléchissais, inconsciente, à mon acte. Je m'étais faite doubler. Et j'étais la seule responsable.
    Je pleurais dans mon coma de mon œil encore valide.

    […]

    L'on m'a conté mon sauvetage. Ils m'ont trouvée et ont fait venir les prêtres.
    Aujourd'hui mon œil gauche est vitreux et ciselé de bas en haut d'une fine cicatrice.
    • « Elh'valas mon frère tu ne trouveras de repos que lorsque je t'aurais trouvé et tué. D'ici là je prie pour qu'Eva ne te punisse pas à ma place. Et je me réserve le privilège de t'offrir un océan de douleur qui te suivra dans la mort. »
    La conception même du fratricide est incompatible avec mes principes et ceux d'Eva, tout comme celle de la vengeance. Mais dans ce cas tout devient légitime. Tout est permis. Tous les coups.
    Il m'a défigurée et invalidée ; je porterais à jamais sa signature.
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Re: Veene Wintershade

Message par *Veldrin* » jeu. 10 décembre 2009 à 20h22

  • 3. HARMONIE ET FRATRIE
    La rage de l'orage faisant retentir le cri strident des éclairs, la toile d'étoiles de la nuit déchirée, je repartais dans ces oniriques visions chimériques.
    Un réel potentiel de divination où l'occultation d'absence de sens laissait un soupçon d'hésitation. Quant à la vérité je laisse le soin à Eva de me la révéler.

    Je sors de mes rêve pour arriver dans la brume ; des nausées et migraines me torturent comme après une noyade à l'alcool. J'observe les restes de poudre blanche éparpillés sur le plancher de la chambre.

    En descendant les escaliers qui mènent à la salle principale de l'auberge je me heurte à un homme accompagné d'une prostituée qui montent faire la bête à deux dos. Le retour à la réalité est troublant. Rien n'est beau, rien n'est vraiment intéressant. Dans cet état de stase la seule chose à laquelle je peux porter mon attention est de déglutir.
    Je jette négligemment son du en or au tenancier de l'établissement avant de le quitter pour de bon. Ce soir je coucherais dehors.

    Après avoir vomis toute la bile que mon foie ait pu produire je m'évanouissais de fatigue, et sans doute d'autre chose. Le positif de ce produit est gravement contrebalancé par ses nombreux aspects négatifs. Qu'à cela ne tienne mes investigations imaginaires ne se termineront pas ainsi.

    […]

    Quelques jours plus tard je fis à nouveau la rencontre d'un frère avec qui j'eu le plaisir d'échanger. Un certain Sendo Dirlhein. Le Meilleur archer du Village. Rien de plus honorifique.
    L'organisation à laquelle il est lié m'intéresse et son représentant m'est dors et déjà connu : Ealindir selon ses dires.
    Enfin je rencontrais des frères et sœurs qui croyaient encore en notre peuple. A force de voir s'accoquiner les miens avec ces humains pédants ou pi encore avec les fils de Shillen j'avais presque perdu espoir de retrouver un jour d'honnêtes semblables.

    J'entrais dans un vaste hall de pierre au fond duquel un elfe buvait tranquillement du lait de chèvre dans une vulgaire coupe en terre cuite tout en lisant un ouvrage qui me sembla fort ancien.
    « Permettez ma soeur que je vous présente le second, Melyn. »
    S'en suivit une discussion intimidante pareille à un interrogatoire sur des sujets relativement vagues comme la religion, la fraternité et quelques autres principes idéologiques basiques. Je partageais leur pensée et eux la mienne faisant planer dans la grande salle à l'ambiance auparavant assez froide une complicité naissante.

    Et lorsqu'enfin je reçu des mains du délégué le médaillon de la licorne l'anxiété laissa place au soulagement.
    « Vous êtes une Alfirin ma sœur. Qu'Eva vous garde. »
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Message par *Veldrin* » dim. 13 décembre 2009 à 04h12

  • 4. UN NOUVEAU VOYAGE
    Ça y est. Je suis en montée. L'hallucinogène agit. Mes yeux se ferment peu à peu, je sens la fatigue me prendre et plonger toujours davantage mon inconscient dans son univers onirique. Le voyage s'entame.

    Dans les rues fourmillantes de la cité s'agitent mes pairs. Commerce, échanges, discutions, rires, quelques choppes d'hydromel se consomment, une paisible ronde de la garde, des nobles et des prolétaires... L'humeur ambiante est à la joie, à la tranquillité et à la simplicité.
    S'entendent-ils tous ? Éventualité refoulée par ma conscience qui garde sa maigre place. Je fouille sans le vouloir dans mon esprit altéré, faisant apparaître d'autres images, d'autres lieux, d'autres personnages. Un en particulier.

    Je suis loin à présent. Le sommet est proche. Je me vois gravir la montagne la plus haute du monde en portant sur mes épaules le poids de l'imprudence. Mais l'océan d'efforts versés ne suffit plus.
    • « Eva ne m'abandonne pas ! »
    Les larmes de ma déesse embrument mes yeux et les miennes embrument les siens. Aucun lien n'est aussi fort. Je me sens proche, je me sens forte, je me sens faible et je pleure du châtiment des dieux car aucun courroux n'est aussi fort que celui de notre muse.

    La descente s'amorce. La réalité revient au galop lorsque mes yeux s'ouvrent enfin. Ma vue est perturbée par des mouvements la faisant osciller comme si j'observais un vortex nuageux. Je vois flou. Je n'entends rien. Le moindre mouvement me fait ressentir l'attraction terrestre si bien que rester allongée est encore la meilleure alternative à mon sort.
    La nuit entière des perles sillonnent mes joues tandis que le temps passe sans que je m'en aperçoive, regardant la lune inexpressive achever chaque jour son cycle éternel.

    La folie s'est emparée de moi comme une jouissance tangible et me quitte dans un cri sans fin sans que je puisse la retenir. Mais plus je touche à ce remède et plus longtemps elle reste. Sans doute un jour resterais-je dans cet état pour la fin de ma vie.

    Cette fois j'en avais pris trop. Je l'appellerais la cénesthésie.

    Je sombre derechef dans l'inconscience la plus totale. Un trou noir. La vision de ma mort, sans doute de ma vie ou peut être encore de la vacuité de l'univers. Par intermittence je dégorge ce qu'il reste de mon repas mélangé à ma bile. Parfois du sang, parfois même rien ne sort. Je m'endors.
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Re: Veene Wintershade

Message par *Veldrin* » lun. 1 mars 2010 à 20h28

  • 5. SOUVENIRS D'UNE GRANDE ENFANT

    http://www.youtube.com/watch?v=CB4fO-f33K0
    Cette étrange famille n'inspirait personne d'ordinaire. Le père n'était que rarement présent, la mère accablée d'une maladie incurable ne pouvait prétendre être proche de sa progéniture. La fillette et son frère étaient laissés à eux-mêmes et à la garde des domestiques qui malgré leurs efforts ne parvenaient à les garder à l'œil.
    La chaleur du foyer était inconnue pour la jeune enfant. La violence de son frère et le manque d'amour parental la meurtrirent et la durcirent ; Veene devint solitaire par la force des choses.
    La solitude n'est pas une fin en soi. Elle peut être avantageuse ou conduire à de sombres extrémités.

    La drogue. Cénesthésie. Double psychique, évasion des sens, élévation de l'âme, hallucinations, exubérances, descente, perte de conscience. « La véritable fin sera la mort. Mais pas encore. Aujourd'hui je vis, je cours et je m'envole. Je vacille et je vrille. Je tombe et je rigole. »

    Mais l'esprit ne se contrôle pas toujours dans ce genre d'altération.
    • « Veene, rentre à la maison ! Ta mère est sur son lit de mort ! »
      (...)
      « Je t'aime maman. »
    La vue de sa mère nue de vie à dix ans imprime à jamais l'image de la mort dans la tête d'un enfant, pour la fin de ses jours. Et s'il y a une règle à respecter avec les hallucinogènes, c'est de ne jamais penser à ce genre d'histoires macabres. Ne jamais passer dans le négatif. Ne jamais en prendre pour étancher un manque. Surtout le manque d'une mère défunte.

    La fuite vers les territoires de Heine et les terres elfiques. La plongée dans les eaux claires du Jardin d'Eva. La course à l'Arbre Mère de râpage en chapelure... Je me repoudre le nez.
    La décision soudaine d'aller chasser de l'orc pour laver l'affront essuyé mena le groupe à Schutgardt. Là bas ils eurent leur heure de gloire. Malheureusement la peau tranchée n'était pas verte et les blessés ne furent pas ceux escomptés. Un nouveau conflit est peut être lancé.

    Une brise se lève et seule dans la plaine l'elfe danse les yeux fermés, portée par le vent comme les herbes folles, un air de piano faisant planer son esprit endommagé au dessus de sa tête et l'élevant alors à de nouveaux horizons.
    Le temps tourne à l'orage et les doux rayons de soleil laissent place à la pluie et au tonnerre. Les bras levés et les paumes vers le ciel elle continue ses tournoiements déphasés en louant la pureté d'Eva. Car sans son aide constante elle ne serait rien. Seule l'intervention divine peut la faire jouir de son pouvoir et de sa liberté, seule elle peut expliquer l'inexplicable, enfin seule elle peut lui donner la force de continuer à vivre après toutes ces années. Car l'elfe n'est plus seule depuis le jour où Eva lui montra le chemin du passé et la façon de fouiller dans la mémoire même des morts : la cénesthésie.
    La parole divine conduit à une apologie de la drogue. Le contraste se creuse et sillonne la raison déjà si fragile de la jeune femme qui en perd connaissance. Son corps tombe dans l'herbe verte de la plaine qui l'enchevêtre.
    Les psaumes des ecclésiastiques résonnent dans son crâne et la réveillent de son lourd sommeil d'inconscience et la ramènent au monde véritable, celui duquel elle doute chaque jour et qui, malgré sa volonté, lui semble être un éternel tourment. Elle est arrivée au point de non-retour : chaque pas achevé l'emmenait davantage vers son univers, si bien qu'aujourd'hui elle ne sait plus dans lequel elle vit. Mais l'épanouissement ne dépend pas des autres, seulement de ce que l'on fait de sa vie.

    Depuis quelque temps déjà il lui venait des troubles, des amis imaginaires, des présences qui n'ont pas lieu d'être mais qui pourtant la hantent dans les moments difficiles, comme pour combler un manque affectif ressurgit d'un passé pourtant révolu.

    Rien n'est plus simple à présent, rien n'est plus comme dans ses jeunes années où son innocence la rendait si attendrissante. Ses songes l'ont rattrapées et la conduisent d'une certaine façon, comme si une page avait été tournée, celle qui dirait : ta vie sera éloignée de celle des autres, tu te feras des amis parmi ceux qui n'existent pas et tu rongeras ta peau comme pour témoigner d'une souffrance enfouie et inavouée.
    Le vrai prix de la drogue ne se paye pas avec de l'or.

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Re: Veene Wintershade

Message par *Veldrin* » jeu. 20 mai 2010 à 18h24

  • 6. A TRAVERS MONTS ET VAUX
    En cette période d'hiver mes songes étaient noirs et l'absence de vie ne faisait qu'empirer l'onirisme constant de ma conscience qui se transformait toujours davantage en affreux spectres. Rien n'y faisait.
    Aux grands maux les grands remèdes ; je laissais pour un temps tout ce que je connaissais, j'oubliais principes et règles et décidais de partir. Et je suis partie plus loin de chez moi que je n'ai jamais été.

    J'ai traversé monts et vaux à la recherche de je-ne-sais-quoi en me rendant je-ne-sais-où. J'ai affronté la morsure du froid, j'ai enduré le manque d'eau, de nourriture, et chaque prière adressée à Eva faisait acte de pénitence.
    Puis la montagne eu raison de moi. Je me réveillais bien plus tard dans une charette, enfouie sous des kilos de couvertures. Je restais là quelques heures à somnoler malgré les chaos de la route, me remettant tant bien que mal de ma perte de connaissance. Puis la charette s'arrêta. Je me découvris alors pour apercevoir une vieil homme – dont la nature semblait inqualifiable – qui me regardait avec un sourire généreux et appaisant. "Bonjour", me dit-il d'un air tranquille, "comment vous sentez-vous ?" Avant toute réponse je détachais mon regard de cet énergumène et constatait avec bonheur que le printemps était là, la vie s'épanouissait, les oiseaux chantaient et les arbres portaient des feuilles d'un vert éclatant. Une biche s'abreuvait dans le ruisseau non loin de la route, éclairée par les doux rayons de soleil qui filtraient parmi le feuillage. Elle releva la tête et me regarda. La scène semblait irréelle.

    Je me réveillais à nouveau, cette fois ci dans la montagne où j'étais tombée d'épuisement. Une silhouette apparu dans le blizzard, et allongée dans la neige j'attendais qu'elle arrive jusqu'à moi quand tout à coup je reconnu le vieil homme de mon rêve. Une fois à mon niveau, emmitouflé dans d'épaisses fourrures, il me demanda d'un ton inquiet et pressé : "bonjour, comment vous sentez-vous ?" Puis je retombais dans l'inconscience.

    Je me ranima une dernière fois. J'aurais préféré rester inconsciente. Le vieil homme m'avait installé sur un traineau qu'il poussait dans la tempête avec force et conviction ; j'avais l'impression qu'il n'était jamais fatigué, qu'il ne perdait jamais espoir, et que quoi qu'il advienne il continuerait à pousser son fardeau aussi longtemps qu'il aurait à le faire.
    La grêle me fouettait le visage et mes lèvres, mes oreilles et mon nez portaient de multiples lésions dues aux engelures. Mais cette fois ci, j'avais beau essayer de me calmer et de me rendormir, la douleur était trop importante. Je gémissais de faim, de soif, d'affliction, de chagrin et de peine ; et le vieil homme ne m'offrait pas un regard, trop occupé à pousser son traineau. Je lui dois la vie.

    --------------------

    Les oreilles aux aguets stimulées par les crépitements d'un feu de bois et reconfortée par la chaleur des couvertures sous lesquelles je gisais, j'ouvris les yeux avec enthousiasme pour la première fois depuis trois mois. Le vieil homme m'apportait justement une belle crêpe fourée aux fraises : en effet, le printemps était arrivé. Au moment où j'attrapais le met, il me posa une question d'une voix douce : "bonjour, comment vous sentez-vous ?" J'avais l'impression d'avoir déjà vécu cette scène et me demandais si mon esprit ne me jouait pas un tour.
    "Je... je vais bien, je pense." Puis j'entamais ma crêpe avec impatience.
    "Je suis le père Salades. Je vends des légumes de mon potager et j'organise des fêtes de village. J'aime les fêtes de village !" L'étrange vieil homme repartit ensuite dans la cuisine de la petite chaumière qui flairait bon la tarte aux poireaux.

    Je vécu aux côtés du père Salades deux mois durant, l'aidant à faire toutes ses tâches ménagères et à entretenir son jardin. Il s'absentait parfois pendant plusieurs jours, puis réapparaissait sans nulle explication.
    Et, un jour, il me dit ceci : "Je pars vers le Royaume d'Elmore pour y vendre mes légumes et organiser des fêtes de village. Si vous le souhaitez nous pourrions faire route ensemble." Et c'est ainsi que nous repartions arpenter les chemins sinueux des montagnes et fouler les plaines printanières des régions qui m'étaient inconnues jusque là. Nous arrivâmes en Elmore après trois nouveaux mois de voyage.

    Je repris conscience de mes qualités de Paladin ; lorsque je revis les miens, ils me montrèrent notre chateau. Le chateau d'Oren. Et je fis très vite la connaissance du majordome, un certain Jacques.
    Je revis quelques jours plus tard le père Salade qui vendait ses légumes au marché de Giran. Je lui proposais alors de poser sa roulotte à Oren pour pouvoir le voir plus souvent, et à ma grande surprise il accepta.

    Désormais, le père Salades vend ses choux et carottes sur la place d'Oren et je cache ma cénesthésie dans son logement mobile.

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