[bghumain] Paresse

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Niyaven
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[bghumain] Paresse

Message par Niyaven » ven. 9 juillet 2010 à 18h45

Nom : Paresse
Sexe : Masculin
Race : Humain
Age : 18
Taille : 169cm
Alignement : Chaotique Neutre
Classe : humain mage (gameplay parlant, fainéant RP parlant)
Langue parlées : commun
Croyances : aucune
Il est possible d'accéder à une partie du BG en jeu, se trouvant dans la poche de Paresse.

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Description physique :
Paresse est un jeune humain qui a, à vue de nez, environ quinze ans. Plutôt mince et frêle, voire maigre, il n'est pas très grand. Certainement à cause de sa dénutrition. Ses yeux sont de couleur noisette, et ses cheveux sont d'une couleur peu ordinaire, tirant un peu vers le vert foncé. Peu coiffés, ils sont fins, secs et fragiles. Paresse est généralement adossé contre un muret, ou en train de dormir au pied d'un mur. Son sommeil étant complètement décalé, il peut tout aussi bien dormir le jour que la nuit. Il baille excessivement souvent, et s'étire fréquemment les bras ainsi que les jambes. Lorsqu'il marche, il est assez lent, même lorsqu'il est en danger.

Profil psychologique :
Paresse est assez souriant, sauf en cas de fatigue trop importante pour lui. Curieux, il est très ouvert sur les autres, et n'hésite pas à aborder les personnes qu'il croise. Il est très facilement impressionnable, et tend à admirer certaines choses qui ne sont pourtant pas si extraordinaires (exemple : voyager de Aden vers Giran). Il est ainsi assez craintif. Sa paresse le poussera cependant à appeler les gens plutôt qu'à les confronter directement, sauf s'il a vraiment faim. Sa fainéantise est si grande que le moindre déplacement lui est couteux, et Paresse s'assure toujours que ses déplacements sont utiles. Ainsi il est difficile de rivaliser avec lui en terme de paresse... S'il ne demandait pas de nourriture aux passants, il serait probablement mort depuis longtemps.

Il aiderait volontiers les personnes qu'il croise, mais considère généralement que cela serait trop fatigant et y renonce rapidement. Qui plus est, son manque de confiance en lui fait qu'il est rare qu'il envisage qu'il soit utile à quelqu'un. Son seul talent « inné », ou issu de son passé si obscur soit-il, est au niveau du dessin. Mais la fainéantise l'empêche de poursuivre sérieusement cette voie.

Attaquer quelqu'un, armé ou désarmé, ennemi ou ami, est tout simplement impossible pour Paresse. Premièrement car il est trop paresseux pour se battre, et secondement parce que de toute façon, il ne sait pas se battre. Peut-être qu'il tenterait si une personne qui lui est chère en dépendrait, mais rien n'est sûr et de toute façon, une telle personne n'existe pas encore. Si c'est aux dépens de sa propre vie, tout dépendra de son humeur ; il pourrait très bien se laisser mourir.
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Les lettres sont écrites au fusain sur un calepin, de façon maladroite - presque illisibles au début. Paresse se trompe au début en écrivant de droite à gauche, puis se corrige..

...long, fatigant... maiS. lire sais je puisque simple être devroit celA. écrire à apprendrE

Un trait horizontal est tiré, partant de l'extrême gauche, s'arrêtant au milieu.

[right]vais eJ[/right]
Je vais écrire qui je suis... Je suis un humain. J'ai, au vu de mon physique, environ quinze années derrière moi - et probablement peu devant. Je ne connais pas mon nom... Je me réveillai il y a quelques mois à Giran. Avec quelques adenas. Je ne connais labeur, car éreintant il est. L'art du combat m'est étranger, tout comme celui des soins. Je ne sais ni fabriquer, ni vendre, ni livrer. Tout est si fatigant.

Les gens sont méchants. Ils veulent que je m'épuise, que je travaille. Moi, je veux juste vivre. Voir, entendre, parler, manger, boire, marcher. Telle est ma passion, tel est mon travail : vivre. Il parait que cela ne suffit guère, que ce n'est point une occupation, de vivre. Alors on me répugne. De logis je n'ai point. Je dors contre les murs. Je trouve l'eau autour de la ville, c'est un peu loin mais elle est fraîche. Et des poissons y vivent. J'aime les regarder, je les envie. Et je mange, parfois. L'Elfe de tout à l'heure m'a donné de la viande sèche, c'est bon.

Les habitants de Giran me disent indolent, mou, fainéant, paresseux, apathique. Ainsi, l'on m'appelle Paresse. Car je suis son incarnation, paraît-il. Cela ne me dérange point. Et puis, l'on m'a dit que cela sonnait bien. Alors, tant mieux. Ce n'est qu'un nom, quelques lettres pour indiquer que l'on s'adresse à moi. Je suis heureux d'en avoir un, cela veut dire que l'on parle de moi, et que l'on veut me parler. Sinon, je resterais sans nom.

Les voyageurs qui viennent ici sont tous incroyables. Souvent vêtu de beaux accoutrements : armures, robes, tenues de cuir ; ces derniers passent. Voyager doit être fatigant, mais si enrichissant... J'aimerai partir aussi, mais, c'est vraiment exténuant. Et dangereux. Ainsi cela ne m'embête pas tant que ça, de rester ici. J'aime Giran, sa place, sa statue, ses rues... Mais je n'aime pas écrire. Toutes les lettres doivent se ressembler... C'est lassant, il faut faire attention. Ce doit vraiment être compliqué d'écrire avec de l'encre.

Le dessin doit donner plus de liberté...


Paresse leva les yeux, puis las d'écrire, commença à dessiner la statue qui se tenait devant ses yeux.
Son esquisse à moitié complète, Paresse laissa tomber ses bras, fourra dans sa poche le calepin, et après s'être étiré, s'endort contre un mur. Avant de sombrer dans le monde des rêves, il pensa « Dessiner est encore plus éprouvant... ».

Quelques heures plus tard, Paresse ouvrit de nouveau ses yeux. Un voleur de passage se tenait en face de lui, mangeant le reste de la viande séchée que l'Elfe lui avait donné, tout en tenant son calepin. Paresse, ordinairement indifférent aux larcins dont il était victime durant son sommeil, sentait cette fois une pointe de tristesse monter... Mais l'exprimer, cela aurait été trop éprouvant. Le sommeil était plus simple. Par chance, le voleur laissa le calepin, désintéressé.

Quel est le passé de Paresse ? Cela doit être ancré dans sa mémoire... mais si ennuyant de s'en rappeler.
Dernière modification par Niyaven le lun. 20 décembre 2010 à 01h05, modifié 2 fois.
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » sam. 7 août 2010 à 01h51

• Une version plus agréable et plus large ici.

Sinon l'image plus petite et moins agréable à lire. [HRP]Le lecteur attentif saura que ce message en dit plus qu'il n'en a l'air.[/HRP]
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » mar. 31 août 2010 à 11h43

Écrit à l'encre, sur un papier posé dans la table de nuit de Paresse au gîte de Dion. On peut voir que l'encre est abondante en début et fin de phrase, donnant l'impression que son auteur marquait des temps d'arrêt. Ces phrases venant d'un trait, espacée de quelques secondes ou minutes.
Petit papier a écrit :
Les Dieux ont fait ce monde trop grand.
C'est innoportun pour nous, petits et craintifs humains.
Dans l'immensité de ce monde, nous ne pouvons mesurer la distance qui nous sépare.
Nous sommes des millions, et pourtant... nous sommes tous seuls.

C'est pourquoi nous la cherchons tous désespérément.
Cette personne pour qui l'on a pas de distance.


Puis, je rencontrai Gaila.
Ceux qui connaissaient Paresse l'ont peut-être remarqué. Il changeait. Il se mêlait de moins en moins aux affaires louches et dangereuses, comme prenant conscience des risques et les fuyant. Mais surtout, il traînait moins souvent dans les rues et places des villes. Cela arrivait toujours, bien sûr. Le plus souvent accompagné de sa fiancée Gaila. Mais moins souvent. De même, ses rencontres avaient désormais bien plus fréquemment comme interlocuteurs des personnes qu'il connaissait - des amis. Certes, des incidents arrivaient toujours, comme ce pendentif détruit dont il ne reste que les miettes que Paresse conserve dans un sachet de tissu. Ou encore cette rencontre avec le Trinitium voulant en apprendre plus sur la Main Rouge, négociant ces informations contre la bonne santé de sa bien aimée.

Oui, après tout. Jamais Paresse n'est allé les chercher, les ennuis. Ils sont simplement venus et... la paresse le dissuada de les éviter. Quoiqu'il en soit, le jeune homme avait remis la main sur son passé. Non pas que ce lien soit renoué... Pas encore. Mais cela faisait longtemps maintenant qu'il s'était remis à invoquer ses amis félins. Un moment aussi qu'il combattait pour les entraîner, dans divers lieux, le plus souvent des catacombes. Un moment qu'il réfléchissait à ce passé qu'il avait abandonné.

Sa préoccupation principale était inconnue de tous, cependant. Pas même Gaila en était consciente. Devenir plus fort, pour mieux se protéger, lui et ceux qui étaient chers. C'est ainsi que progressivement, son lien avec les chats devint important. Fort. Ainsi que ces trois tatouages firent leur apparition. Le premier partant de sa clavicule droite pour remonter vers la base de son cou, formant une chaîne discrète de runes. Le second ondulant légèrement à partir de son rein gauche pour s'échapper vers une côte du même côté et disparaître, lui aussi constitué de runes aux lignes arabesques. Et le dernier, masqué par ses cheveux, sur la nuque, représente un sceptre surmonté d'un œil droit ouvert.

Chacun de ces tatouages était discret, effilé et de petite dimension. Mais l'ambition n'était ni symbolique, ni esthétique. Il les obtint en échange d'une petite fortune en ancienne monnaie, ceux-ci ayant pour objectif d'harmoniser son corps. Bridant son corps, mais l'améliorant sur d'autres points. Un équilibrage, somme toute. Un échange, même. Quoiqu'il en soit, Paresse avait fait de nombreux progrès. Mais... il en avait conscience ; il ne méritait pas encore son véritable nom. Plus tard, plus tard.

À côté de cette ambition cachée, restaient toujours d'autres préoccupations. Celles que d'autres penseraient plus prioritaires. Par exemple, sa vie au gîte de Dion, et le fait qu'il doive le quitter tôt ou tard. La recherche d'une nouvelle maison, celle dans laquelle il vivra et, un jour, élèvera ses enfants. Mais aussi l'organisation du mariage durant lequel il s'unira officiellement avec Gaila. Sans parler des morts et disparitions de plusieurs habitantes du gîte. De nombreuses préoccupations qui, couplées à son entraînement intensif, épuisaient ce jeune homme. Combien de temps ? Combien de temps pourra-t'il continuer ainsi ? Tôt ou tard, cet épuisement se fera sentir.

S'en doutait-t'il seulement ?

Souvenirs de Paresse.
« - Alice ! C'est l'heure ! s'écriait une voix fatiguée, depuis l'extérieur de la maison.
- Oui ? J'arrive ! répliqua la jeune fille.»


De longs cheveux verts, fins, tombaient jusqu'à la moitié de son dos. Alice, jeune humaine qui avait alors onze ou douze années derrière elle, se précipitait à travers la maisonnette qui bordait la rivière. À la fois excitée et enjouée, elle sautillait de pièces en pièces, rassemblant ses affaires dans un sac en tissu.

« - Alice ! Tu vas me mettre en retard si ça continue... déclara sur un ton sans reproche une voix jeune et timide.
- Mais non voyons, j'ai presque fini, répondit la jeune fille avec un sourire se valant rassurant.
- Papa, pourquoi est-ce qu'Adelphe ne vient pas, lui aussi ? demanda la jeune voix timide.
- Oh tu sais, ton grand frère, ça ne l'intéresse pas tout ça. Il doit sûrement rêvasser sur une rive au lieu d'aider sa mère à moissonner le champ. Allez maintenant file, il faut pas faire mauvaise impression ! »


La main du paternel ébouriffa le jeune enfant, puis le poussa vers sa sœur Alice d'une tape dans le dos. Le garçon alors âgé de sept ou huit ans attrapa la main de la jeune fille, qui l'entraîna au pas de course au Sud de la maison, vers le village. Manquant de trébucher à chaque pas, forcé par l'allure, le jeune garçon grimaçait un peu. Puis, voyant Adelphe assis au bord de la rivière comme l'avait prédit son père, il le salua. Aucune réponse ne vint de la part de ce dernier, alors à peine plus âgé. Il semblait rêvasser à son habitude, écoutant l'eau s'écouler.
Puis les maisons du village se firent plus proches, entourant le temple. Sur la place du village, quelques autres enfants attendaient avec agitation l'arrivée du maître. Aujourd'hui, l'école commençait. Alester et Alice en étaient bien conscients, elle coûtait cher cette école. Et s'ils ne réussissaient pas, ils étaient bons pour retourner aux champs avec Adelphe, papa et maman.

La jeune fille ralentissait le pas, laissant un peu de répit à Alester, qui reprenait un peu son souffle. Les cloches sonnant à l'instant même où ils arrivèrent sur la place, les deux jeunes enfants se fondirent dans les quelques dix ou onze autres enfants qui entraient au temple, baissant le ton en voyant en le maître aux bras croisés attendre devant la porte. Un jeune gamin de six ou sept ans, les cheveux bruns en bataille, sembla attirer l'attention de ce dernier. Franchissant à peine le pas de la porte, une main l'attrapa par le col, et le tira en dehors.

« - Je ne me rappelle pas avoir vu tes parents mon petit. Qui es-tu ? demanda le maître.
- Je... Je m'appelle Halsen mons- maître ! répondit d'une voix hésitante le jeune garçon.
- Hmm... dehors et que je ne te revois pas dans les parages. Ici c'est pas gratuit. Tu comprends ? Soulevé et écarté de la file, le jeune garçon fut congédié, le tout agrémenté par une fessée sans retenue.
- Alice... j'ai pas envie de rentrer. Il a l'air méchant le monsieur, déclara d'une voix sans assurance Alester.
- Mais non on a rien à craindre ! Il a été méchant parce que les parents de Halsen ils ont pas payé donc il a pas le droit de venir. Comme pour Adelphe. »


Sur ces mots, le maître referma la porte derrière lui une fois tous les élèves autorisés entrés. La plupart avait pris place sur l'un des bancs, un petit sac posé sur les genoux ou aux pieds, restant calmes mais intimidés. Quelques échos de chuchotement se dissipèrent lorsque le maître s'éclaircit la voix en raclant sa gorge, puis se présenta aux élèves. « Maître Professeur Hohen Alvarik, mais vous vous contenterez de m'appeler Maître. », expliqua-t'il à l'assemblée. Ayant passé deux années et demi à la Grande Tour d'Ivoire, il venait s'attarder dans la campagne Florannaise afin de perfectionner ses techniques d'enseignement. « Si des bambins ignares issu de la plus pauvre des campagnes parviennent à tirer quelque chose de mon enseignement, alors il sera incontestable aux yeux de tous que je suis d'un talent fou. » ajouta-t'il d'un ton sévère.

Tout de noir vêtu, la peau bien plus blanche que celles des élèves, qui pour la majorité avaient passé le clair de leur temps sous le soleil qui illuminait Floran, Alvarik était un humain. Âgé de la quarantaine, on sentait à vingt mètres son arrogance. Ses vêtements, constitués de nombreuses étoffes de tissu et de soie, étaient absolument inappropriés au climat local. Des gouttes de sueur perlaient régulièrement sur les tempes et le front de cet enseignant, malgré la fraîcheur du temple. Mais il n'était pas question de s'abaisser aux tenues vestimentaires des autochtones. Sous ces tissus d'arrogance, on notait un peu d'embonpoint, plus de gras que de muscles. Ses cheveux courts et noirs, grisonnant un peu, couvraient sa tête, elle-même guettée par un début de calvitie.

Le premier cours dispensé en déçu plus d'un. Alvarik expliquait simplement aux élèves présents qu'ils devaient être honorés de la présence d'un tel mage dans un tel lieu. Qu'ils allaient assister pour quelques modiques pièces à des cours dignes des plus hautes instances de la Grande Tour d'Ivoire, comme il l'appelait. Au début enjoués, la plupart perdit concentration au bout de trente ou quarante minutes, moment où il expliquait encore que ce qui les attendait était si grandiose qu'ils ne comprendraient pas grand chose.

Mais fort heureusement, au bout de trois heures et demi, les cours purent enfin commencer. Pendant une demi-heure tout du moins, la pause déjeuner approchant et résonnant à coups de gargouillis de ventre dans les voûtes du temple. Le cours n'avait somme toute rien d'extraordinaire, mais cela restait une leçon de qualité acceptable. Elle portait alors sur chaîne alimentaire, expliquant aux élèves son fonctionnement, la place des six races dedans. Après s'être restaurés, les cours reprirent. Et ce fût au tour de l'histoire du monde. Des Dieux, des guerres. Une introduction dans la matière. Puis, les cloches sonnèrent l'heure de la fin de la journée.

Rassurés de voir qu'Alvarik n'était pas finalement si mauvais professeur, les élèves rassemblèrent leurs affaires et sortirent en hâte.

« - Alors, tu as aimé Alice ? demanda Alester.
- Oh oui !! Beaucoup ! Je préfère ça aux champs en tout cas, répondit-elle d'un beau sourire.
- Tiens donc, Adelphe ne semble pas avoir bougé. ADELPHE ! s'écria-t'il, faisant de grands signes.
- Salut vous deux... vous revenez du village ? Ah oui... l'école. Ça va être usant votre histoire, c'est quand même pas la porte à côté le village, rétorqua Adelphe, lentement, à peine tourné vers ses deux fraternels.
- On s'y fera je pense ! N'est-ce pas Alester ? répondit d'un ton enthousiaste la jeune fille.
- Oui c'est certain ! Et puis c'est intéressant après tout. Tu nous accompagnes ? Papa doit être en train de faire le stock de bois pour cet hiver, il doit avoir besoin d'aide pour rassembler le petit bois.
- Heu... ouais ouais. Partez devant, je vous rejoins, déclara Adelphe. »


Bien évidemment... Adelphe ne vint que deux ou trois heures plus tard, ce qui coïncidait non sans hasard à l'heure du dîner.
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » ven. 3 septembre 2010 à 10h50

Au dos du précédent papier, probablement écrit quelques heures plus tard. L'écriture semble plus régulière.
Dos du papier a écrit : La baleine saute.
Aussi haut qu'elle puisse l'imaginer, si lourde soit-elle.
Perçant l'océan, de vagues en vagues, est-ce le désir ardent de refléter le ciel dans ses yeux ? Et si elle voulait plus que le ciel, comme quelque chose de bien plus haut ? Si elle connaissait l'éclat infini des étoiles, ses rêves s'envoleraient-ils si haut ?

Même si l'on ne sait pourquoi, vivre c'est se surpasser.
Tel était devenu l'esprit du jeune homme que presque tous surnommaient Paresse. Quand on veut, on peut ; se disait-il alors. Et il était vrai que ses progrès en invocation étaient significatifs. Ignorant les avertissements cinglants du passé, il continuait son entraînement avec persévérance. Insistance. Ardeur. Tant de mots qui avaient jadis disparu de son âme. L'amour l'avait-il rendu fou ? Ou était-ce la raison qu'il venait de retrouver ? La frontière était mince. Et il ne s'attardait pas sur ce genre de détail, ni même le remarquait pour dire vrai.

Une perte de connaissance, chute de tension, et décélération subite du système respiratoire n'avaient pas suffit à l'arrêter. Même évanoui sur la place de Giran puis traîné au temple, il gardait intérieurement cette ambition de retrouver une « valeur » qu'il jugeait perdue. Il accusa ses récents tatouages d'être mal ajustés, l'affaiblissant considérablement. Mais... au fond, lui-même savait qu'ils étaient hors de cause. Se l'avouer, c'était autre chose, en revanche.

Qu'allait-il faire, qui allait-il devenir ? Il comprit rapidement que pauvreté et force ne rimaient pas. Que continuer à se battre sans même une arme, en tenue de ville, ne pouvait fonctionner davantage. Progresser avait alors un coût. Élevé, il l'avait amèrement remarqué. Les millions en ancienne monnaie déboursés pour ses trois malheureux tatouages en témoignaient. Mais Paresse n'était ni un riche marchand, ni un héritier de quoi que ce soit. L'argent ne tombait pas du ciel, et les récoltes des chasses n'étaient pas toujours fructueuses. Non, c'est certain.

C'est ainsi qu'il se renseigna dans des livres sur une voie courante chez les nains : la recherche de matériaux. Il fallait avoir l'œil, ainsi qu'une certaine habilité pour réussir à extraire des butins pour le moins intéressants sans les abîmer pour autant. Une nouvelle voie, mais de nouveaux moyens également. Les bases dans cette voie allaient non seulement lui apporter des matériaux rares et précieux, pour son équipement ou pour la vente, mais aussi un accès au savoir de la cristallisation. Désormais, pour ses invocations, il se fournira seul pour ses cristaux. Une chance, pour lui. D'autant qu'il pouvait garder des habits légers durant son entraînement, malgré les armes plutôt inhabituelles pour lui.

Mais qu'importe, un but le hantait. Défendre sa bien aimée, ses amis, et ne plus vivre dans la nécessité.

Pendant une fraction de seconde, Paresse réalisa. Était-il heureux avant ? N'était-ce pas un bonheur creux qu'il vivait ? Peut-être découvrait-il enfin le sens de ce mot. Gaila doit être loin de se douter à quel point elle m'a changé, pensa-t'il un instant. Puis, secouant sa tête, il se replongea dans ses livres.
Spoiler:
Subclass Bounty Hunter.

Souvenirs de Paresse

Alors que les cloches sonnaient au village, Alester et Alice s'attendaient tous deux au pire, se souhaitant mutuellement bonne chance. Le jeune garçon regardait sa grande sœur avec un peu d'admiration, la considérant comme modèle, et s'avança sans grande assurance vers le temple. De son côté, Alice était mitigée. Contrairement à son petit frère, elle savait déjà ce qui allait en découdre. Heureuse pour lui, c'est certain, mais déçue. Déçue de ne pas avoir été à la hauteur. Elle l'accompagna au temple, avec une certaine appréhension, pensant que le moment était arrivé.

Le maître Alvarik se tenait à sa place habituelle, debout, la stature décontractée. Portant un regard sévère aux enfants qui s'asseyaient face à lui. Puis, un silence nerveux prit place dans le temple. Alvarik fourra sa main dans sa poche, et en sorti un papier froissé, le dépliant sous le regard des élèves. Portant ses deux yeux noirs sur la note chiffonnée qu'il tenait dans ses mains, il annonça après s'être raclé la gorge, sous un ton de discours, mais se comportant comme s'il s'agissait d'un sermon.

« - Nous arrivons à la fin de cette deuxième année. Comme l'année dernière, voici le classement. Certains noms n'y figureront pas, car je n'ai pas estimé que leur place était méritée, déclara-t'il en levant les yeux, la tête toujours penchée sur la note, puis les ramenant sur le bout de papier. En partant du bas : André, Olmer, Emily, Lorain, Athrea, Alice, Jaedin et... Alester. »

Comme l'an passé, les chuchotements envahirent les lieux. Le jeune Alester n'en revenait pas. Des deux, ce sera sa soeur qui devra abandonner l'école pour retourner aux champs. Elle, de son côté, adressa un sourire triste à son frère, le félicitant. Désolé de lui-même, il tenta bien de réconforter sa soeur. Mais à peine eût-il le temps de passer son bras derrière elle que le maître s'exclama, pestant de rage et de colère.

« - Il suffit ! Je n'ai donné aucune permission. Taisez-vous ! Quant à toi, Alester, suis-moi. »

Froissant de nouveau la note et la jetant dans une corbeille bordant un pupitre, il tourna le dos ne laissant guère le temps à Alester de faire ou dire quoi que ce soit. Après s'être vaguement excusé du regard auprès de sa soeur, le jeune humain s'en alla vers son maître, le pas rapide et maladroit, sous la vingtaine de regards concentrés sur lui dans un silence dérangeant. Alvarik s'enfonçant dans son bureau, au fond du temple, Alester hésita à le suivre, se demandant s'il doit attendre à l'entrée. Puis un cri énervé du maître lui demandant ce qu'il faisait planté là l'amena directement à l'intérieur.

Les étagères poussiéreuses supportaient tant bien que mal le lourd poids de nombreux grimoires et livres. Reposant parfois sur des bibliothèques elles entouraient la salle, donnant l'impression que la salle était ronde, avec au centre le bureau du maître. Curieusement, rien n'était posé dessus, excepté un parchemin, un encrier et une plume. Il n'y avait qu'une chaise. Alvarik la pris, s'asseyant dessus de tout son poids, et porta un regard à Alester. Puis, se grattant la barbe qui poussait à peine, il commença :

« - Qu'on se comprenne bien, tes résultats étaient minables. Si t'es ici dans mon bureau, c'est pour la magie.
- Mais ?.. Et pourquoi me placer premier alors ? demanda le jeune humain surpris, mais voyant une chance pour sa sœur.
- Tes parents sont venus, pour m'informer que le moins doué de vos deux repartira aux champs. Et, étant donné que je suis un Grand Mage des Hautes Instances de la Grande Tour d'Ivoire, je ne pouvais pas te laisser filer, déclara-t'il d'un ton pompeux et non sans orgueil.
- Pourquoi ? demanda Alester voyant que le silence se prolongeait.
- ... J'ai, par erreur, insufflé de la magie en toi. Et donc tu as du potentiel. Je ne veux pas que tu rates cette occasion de devenir un mage, rejeton de mon savoir, annonça-t'il simplement, commençant à écrire.
- Donc... je fais quoi ?
- Tu sors. Vas devant la porte du bureau, j'en ai assez. »


Alester s'éxécuta, perplexe, heureux, triste. Il apprenait qu'il était premier... mais pour de faux, pour empêcher sa soeur de prendre sa place. Puis il apprenait qu'il allait devenir mage. Mais au final, tout cela parlait peu à un enfant de dix ans. Quelques minutes plus tard, le maître tendit le parchemin scellé, ordonnant le gamin de rejoindre ses parents.

Bien évidemment, personne au village ne savait ce qui se passait. Alvarik s'était passé d'avouer qu'il n'était qu'un mage médiocre n'ayant pas pu faire ses preuves. Qu'il avait menti à ce pauvre enfant, qui avait naturellement une affinité avec la magie. Ainsi que sur ses intentions, qui n'étaient rien d'autre que devenir un véritable enseignant en magie, lui donnant une image plus grande. Mais... à part lui-même, personne n'était au courant.
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » ven. 22 octobre 2010 à 12h03

Un nouveau petit papier s'était ajouté à la table de nuit de Paresse. Désormais l'écriture était plus régulière, comme si son auteur avait pris l'habitude d'écrire.
Petit papier a écrit :Si le cœur d'un homme est une mer, ses eaux doivent stagner.

Si nous devions nommer ces vagues qui troublent sa surface, peut-être serait-ce « joie » et « rage ». Mais ces mots sont trop superficiels pour décrire cette mer.

Pour découvrir ce qui repose dans ces profondeurs, on doit ouvrir ses yeux au cœur de ces eaux, et continuer de battre des jambes pour s'enfoncer dans ces eaux froides, lourdes.

Pour se connaître, qu'il y ait ou non un fond...
Marié à une magnifique femme, habitant au bord d'une plage au sable blanc, maintenant assez riche pour ne plus travailler jusqu'à la fin de leurs beaux jours. Loin des vampires, loin des démons, loin des villes qui attirent tant les problèmes, loin de tous ces tracas. Maintenant capable d'assurer la défense grâce à ses compétences au combat avec les chats invoqués, qui continuent toujours de s'améliorer, tout danger était écarté. Paresse vivait désormais dans ce petit havre de bonheur, menacé par personne - et s'il l'était, protégé par de vaillants serviteurs. Rien ne pouvait porter atteinte à son bonheur, ou presque.

Cette tâche, ce passé. Ce qu'il avait pu faire était horrible à ses yeux, et rares étaient les jours sans que cela n'occupe son esprit. Oui, depuis qu'il avait accepté de renouer son présent et son passé... désormais il était hanté par cet abandon. Comment avait-il pu laisser sa famille ? Comment avait-il pu se marier sans les convier ? Et comment pourrait-il vivre plus longtemps, sur tant de richesses, à se prélasser sur la plage, à côté de sa femme ? Il y avait réfléchi. Faire un don anonyme d'une grosse somme d'adenas aurait pu attirer les soupçons à l'égard de ses parents, peut-être auraient-ils été accusés de vol dans l'incapacité de donner l'origine de cet argent.

Mais était-ce seulement une question d'argent ? Non. Quel enfant ne veut plus voir ses parents, sa sœur, son frère. Personne ! En tout cas, certainement pas Paresse. Il redoutait le refus, le rejet, en conséquence à son abandon. Mais espérait un sourire et des rires réjouis de le voir revenir. Qu'importe, qu'il soit accepté ou refusé, il s'était décidé. Il lui fallait revoir sa famille, et lui porter assistance si elle en avait besoin. Ce n'est pas en se posant la question, se tourmentant ou se lamentant que la situation avancera, et si famille ne souffrait peut-être pas, lui souffrait.

Résolu, mais à la fois inquiet et heureux, un subtil mélange de confusion à l'esprit, Paresse fit finalement route vers la campagne de Floran. Reconnaissant le paysage, une pointe de nostalgie s'empara de lui. Il passa non loin du village, ne s'attardant pas, et longea la rivière. Plus il s'approchait de la maison, plus un sentiment de joie prenait l'ascendant. Pourquoi ai-je mis tant de temps à prendre cette décision, pensa-t'il un instant. Regrettant ses moments de faiblesse, où il considérait la situation comme inébranlable. Plus il approchait, plus son pas se hâtait, pour finalement atteindre une course effrénée. Il distinguait sa maison, celle où il avait grandi et rit, à l'horizon - là, tout proche. Il ne prêta même pas attention au moulin ou aux champs où temps n'avaient pas été toujours heureux.

Puis la maison était de plus en plus visible, dévoilant des vitres brisées, des poutres calcinées et murs éventrés, noircis par les flammes. Un jardin où les mauvaises herbes se délivraient une bataille folle, et un champ en jachère. L'incompréhension, la peur, le déni, la rage, le regret. Tant d'émotions qui submergeaient respectivement l'esprit du jeune humain. Ralentissant ses foulées, titubant vers la maison, il était sans voix. Effrayé, redevenu l'enfant qu'il était, il mit un pied dans sa maison natale, qui lui révéla les traces d'un pillage sans demi-mesure. Affolé, il chercha la trace de sa parenté. Qu'il trouva une lieue plus loin, au cimetière. Quatre nouvelles tombes s'étaient ajoutées. Une pour son père, une pour sa mère, une pour son frère et une pour sa sœur. C'est tout du moins ce qu'il accepta de voir. Refusant de regarder la cinquième tombe, la sienne.

Désorienté, perdu intérieurement. Il retourna chez lui, et s'enferma deux jours dans sa chambre.

Quelques jours plus tard, Paresse se raisonna. Il avait lui-même consolé plusieurs personnes endeuillées, et si Gaila ne savait pas quoi dire ni faire, lui le savait. Non, il ne tombera pas dans le stéréotype du vengeur qui passera sa vie à chercher ces pillards. Non, il ne se morfondra pas toute sa vie à penser à cette terrible erreur qu'il commit. Non plus, il ne cherchera pas via de sombres moyens à ramener à la vie ces derniers. Il continuera de vivre avec ce qui lui reste : sa femme, des amis. Il ira de l'avant. C'est une étape douloureuse de sa vie. Qui n'est pas à oublier, certainement pas. Ou encore moins à ignorer. Mais qui ne doit pas l'arrêter dans sa progression.

Son passé, seule une personne le connaissait. Et maintenant, ce qu'il en restait, n'était plus. Alors, révéler à ses amis son deuil ne lui semblait pas nécessaire. D'autant que cela le retarderait plus qu'autre chose, il faut se tourner vers demain, pensa-t'il. Et ainsi, une idée lui vint. Depuis qu'il connaissait Gaila, il avait appris beaucoup sur la nature et les moyens de s'en rapprocher. Peut-être y avait-il une opportunité là-dedans. Une idée géniale, à ses yeux. Un moyen de se rapprocher de son épouse, de la nature, et de perfectionner son art.

C'est ainsi que Paresse se tourna vers l'invocation des licornes. Il apprendra ainsi de nouvelles méthodes en invocation, lui permettant d'élargir son éventail de compétences dans ce domaine. Mais aussi de se rapprocher de la nature, de la protéger avec ses défenseurs. Et par la même occasion, de se rapprocher de son épouse. Joindre les passions des deux conjoints comme tous deux s'étaient unis. Mêler Nature et Invocation. Si tout événement, triste ou heureux, a son revers... il avait peut-être trouvé celui de son deuil.

Ce n'était toutefois pas une chose aisée, l'invocation des licornes étant différente de celle des chats, et plus généralement réservée aux Elfes. Il se tourna ainsi vers la Tour d'Ivoire, où il lu différents ouvrages à ce sujet. Et puis, Gaila n'était pas non-plus désintéressée, et allait peut-être le rejoindre dans cette voie. Ainsi à deux, ils pourraient s'entraider et progresser plus efficacement. Et ainsi, son projet se précisa et se confirma. Paresse allait devenir invocateur de licornes, en plus d'invocateur de chats.

Si l'invocation avec les chats se faisait de façon aisée, il en était tout autrement avec les licornes. Malgré toutes les techniques lues dans les livres qu'il avait pu trouver... rien ne fonctionnait. Visiblement, il fallait véritablement nouer un lien avec les licornes. Rapidement, il prit conscience de sa sottise en pensant que des heures de lecture et d'études suffiraient. La puissance d'un invocateur nait du lien entre le maître et le serviteur. Et ce lien, en l'occurence, était peut-être fort avec les chats mais inexistant avec les licornes. Le pacte n'était aucunement signé, et s'il suffisait d'être humain pour invoquer un chat, l'affaire était plus compliquée pour les licornes à moins d'être un elfe.

Ainsi il se rappela du temps passé avec ses chats. De ce lien qu'il pu tisser au fil des ans, bien qu'interrompu pendant sa « mauvaise passe ». La tribu Kat n'avait aucun secret pour lui, et ses connaissances sur l'Elyseum avaient aussi pu croître à l'issue de ses discussions. Il fallait donc créer un lien avec les licornes... Une véritable impasse. Il n'avait aucune idée de comment se rapprocher des licornes, ni n'avait réellement pu en approcher. Il est vrai qu'il avait pu en admirer une ou deux, au loin, dans la Vallée Enchantée. Mais cela s'arrêtait là... Il décida de se repencher sur les livres pour en savoir plus. Leur mode de vie, leur fonctionnement, ce qui les attire ou ce qui les fait fuir.

Parallèlement à ces études, Paresse et sa femme étaient soucieux de ce qui se passait à quelques lieues de leur domicile. Le jeune humain n'était pas naïf, si une part de lui se réjouissait d'apprendre que Giran était en reconstruction. Que des abris allaient être bâtis pour ces Nains arrivés d'Afgard, et qui séjournaient à Gludio. Il savait que le penchant de la balance était lourd. Et un tribu mal réparti, qui allait une nouvelle fois frapper les forêts de Dion. Territoire dirigée par une femme répondant au nom de Sybille, et avec qui il avait eu une mauvaise expérience par le passé. Il avait par la suite ouvertement affirmé sa position sur son sujet, et parlé de cette affaire qui l'avait grandement déçu de sa part.

Gaila avait une solution en tête. Demander audience auprès de la Reine de Fées Timiniel. Habitant au cœur de la Vallée Enchantée, celle-ci pourrait très bien s'allier au couple pour lutter contre cette déforestation qui allait avoir lieu. C'était une certitude, elle aura certainement quelque chose à proposer. Mais grande fut leur déception en entendant son discours sur les cycles. « Ça repoussera », tenait-elle comme discours. Et si ça ne repousse pas avant longtemps, cela ne pénalisera que les races qui n'auront plus de bois pour se chauffer ou construire à nouveau. Il y avait du vrai dans ces paroles, Paresse le reconnaissait. Mais pour autant, il ne fallait pas abandonner l'espoir de faire perdurer une forêt et d'empêcher un futur mal de nous frapper ainsi. La Reine n'eut qu'un seul conseil : discuter avec Sybille, en profitant du bal pour le faire...

Avec grand regret, Paresse s'y résolu. Il accompagnera sa femme au bal, et tenteront de raisonner Sybille. Gaila aborda ensuite une sujet auquel le jeune humain n'avait pas pensé : les licornes. Et elle se mit à poser des questions sur le pacte. « Mais oui ! » s'illumina-t'il intérieurement. Il avait finalement trouvé la réponse à son impasse : la Reine Fée Timiniel. Elle devait certainement savoir des choses au sujet de ce pacte. Et c'était en effet le cas. Elle ne donna qu'un seul conseil : passer du temps avec les licornes de la Vallée. Une fois l'audience close, une nuit de sommeil passa, et à l'aube Paresse se dirigea vers la Vallée.

Désormais, il faisait des allez-retours entre son domicile et la Vallée Enchantée, à méditer aux côtés des licornes. Si ces dernières le fuyaient au pas au début, puis l'ignoraient, désormais un lien se forgeait. Elles se laissaient caresser le chanfrein, et donnaient l'impression d'apprécier la compagnie du jeune humain. Paresse continuait de lire des livres pour en savoir plus sur leur mode de vie, puis venait sur le terrain pour enrichir sa relation avec. Il n'était toutefois pas seul... Sa femme avait tout autant d'ambitions, et progressait tout aussi vite. Voire peut-être plus. Un seul regret pesait au cœur de Paresse : ne pas pouvoir travailler avec Gaila comme il le pensait au début. Il s'agissait surtout d'une relation entre soi-même et les licornes, et non entre le couple et ces dernières. Et, à ce titre, ils travaillaient indépendamment.

Les jours passaient, et les liens se nourrissaient. Cela prendra du temps, il en était conscient. Mais déjà il commençait à voir une nouvelle perspective : les licornes sont plus que des « armes » à utiliser pour défendre la nature. Ce sont aussi des êtres qui lui sont très proches de cette dernière, et qui lui offriront peut-être une part de leur sagesse pour l'aider à mieux comprendre l'environnement. Après tout, à quoi bon défendre quelque chose que l'on ne comprend pas ?
Spoiler:
Subclass Elemental Summoner

Souvenirs de Paresse
Le bois grinçait. Seul, face à long bureau en bois, le jeune humain se penchait sur divers livres. Quelques rayons de lumière perçaient les ouvertures, haut, tout en haut. La poussière qui volait tout autour était alors illuminée, scintillant et dansant à chaque changement de page. À cela s'ajoutait un léger murmure, celui de l'eau qui s'écoulait en dessous, sous ses pieds. L'on aurait pu croire qu'il était sur un bateau. Le jeune humain lécha son pouce puis tourna la page de son livre. Le soleil se couchait, et la lumière se faisait de plus en plus faible, rendant la lecture difficile.

Sa main se rapprocha alors de sa lampe à huile, posée juste à côté, sur ce même bureau de chêne. Il tira la mèche du bec, qui trempait au réservoir, et incanta un bref sort. Une petite flammèche prit forme et alluma la mèche. Il replaça cette dernière, et reporta son attention sur l'ouvrage qui suscitait son attention. La flamme de sa lampe était calme, régulière, et illuminait d'une chaude lueur la pièce. Il faisait un peu frais, et il n'y avait pas d'âtre dans de telles bâtisses. Frissonnant légèrement, Alester porta son regard au plafond, si haut. La chaleur m'abandonne pour ces hauteurs, pensa-t'il. Après un soupir, il vérifia l'heure en jugeant de la quantité et de la couleur des rayons du soleil.

Bientôt, enfin, ça y est. Il attendait ce moment depuis... ce qui correspondait à une éternité pour lui. Il écarta avec sa main le livre, le laissant ouvert, et poussa quelques piles qui jonchaient la table. Il plaça les mains derrière la tête et, prenant appui de ses pieds contre le bas du mur, se bascula en arrière. Il continua, attendant impatiemment les dernières minutes. Bien assez tôt, il stoppa son mouvement pour se repencher sur son bureau, s'accoudant dessus et pianotant des doigts. Il jeta un œil blasé au livre encore ouvert, puis tendit l'oreille. Mais quand allait-elle arriver ? Suspectant chaque grincement de bois d'être un bruit de pas, chaque ruissellement de couvrir les bruits, il patientait.

Agacé, il souffla bruyamment et tira le livre qu'il venait de pousser. Il marmonna, ronchonnant, avant de se repencher sur la lecture. Lorsque soudain, la serrure de la porte venait d'accueillir une clef. Aussitôt, d'un geste vif, il se désintéressa du livre pour faire face à la porte et il se figea. Avait-il rêvé ? Non, c'est l'heure. La porte s'ouvrit alors, dévoilant ce qu'il attendait si impatiemment. Son regard pétillant d'impatience fut souligné d'un sourire qui s'étendait jusqu'aux oreilles. D'un bond, il se leva de sa chaise, la faisant presque tomber derrière lui sous l'élan. Puis, son sourire se modéra, et une peine vint pâlir la gaité de son visage.

Il regarda sa mère s'approcher, tenant son plateau et un repas chaud, fumant. Combien était-il heureux de la voir ? Nul n'aurait su l'estimer. Peut-être est-ce parce qu'il était incomparable. Certains auraient pu penser qu'il était heureux d'avoir un repas bien mérité. D'autres qu'il était heureux de voir sa mère, et qu'il se fichait éperdument du repas. Mais tous deux connaissaient la réponse. Il était ravi de voir sa mère, plus que ravi, et il ne saurait faire l'affront de rester indifférent à un repas cuisiné avec amour.

Bêtement, le jeune humain restait debout, immobile. Sa mère posa le plateau sur la table, et prit le précédent. Après un sourire maternel, elle tourna les talons et s'en alla en refermant la porte derrière elle. Ce fut bref, comme toujours. Il ne fallait pas déconcentrer ni importuner Alester longtemps. D'ailleurs, il n'avait pas encore réalisé qu'elle était déjà partie. Il ne voulait pas y croire. Son regard se posa sur le repas encore fumant, un repas copieux. Salade, tomate, poivrons, maïs, oignons, pommes de terre, du pain frais, du poisson et même un peu de viande. Il était bien conscient que de tels repas ruinaient sa famille, et de ce fait, chaque bouchée lui était difficile.

Son repas terminé, il baissa les yeux. C'est fini, il va falloir maintenant attendre. Longtemps, si longtemps. Un regard mélancolique parcourra la pièce, modeste. Un lit, un bureau, une chaise. Des livres, tant de livres. C'était de la folie. La gorge nouée, il décala sa chaise vers le côté du bureau envahi de livres, et se repencha. Désespéré, il jeta un œil sur la lampe à huile. Qu'allait-il faire ? Un tel dilemme. La laisser allumer, ou l'éteindre. Travailler, ou dormir. Il regarda le plateau que sa mère avait amené. Il faut le mériter, j'imagine, se dit-il à voix basse.

Il décida de se basculer à nouveau. Il prit appui sur le bas du mur avec les pieds, fléchit les genoux, et... Crac. Un des deux pieds de la chaise encore au sol fit céder une planche du plancher, entraînant un déséquilibre général. Les genoux du jeune humain heurtèrent le dessous de la table, faisant sauter la planche de ses pieds. La lampe à huile glissa, les piles de livres s'effondrèrent. Tout s'écroulait. Alester tomba à la renverse, ses épaules touchant le sol. Un des chevrons de la table glissa, renversant tout ce qu'elle supportait si difficilement. Dans un brouhaha, Alester se rua vers la lampe. Tout allait brûler.

S'élançant, il tendit les mains vers la lampe brûlante et il l'accueilli non sans mal ni douleur dans la paume de ses mains. Il cria, hurla même. Sortant le bec de la lampe rapidement, il s'empara de la mèche, et il l'écrasa au sol pour l'éteindre, entre le plancher et la manche de sa tunique. Le bureau démonté, le plancher troué, la chaise renversée, les livres étalés au sol, la lampe défaite et la lumière éteinte ; Alester était plongé dans l'obscurité, les mains brûlées et enseveli de livres. L'enfant pleurait. Était-ce la douleur ou le désespoir ? Un peu des deux. Plus aucun bruit, pas même le grincement du bois qui semble s'être tu devant la scène. Ne restaient que les murmures de l'eau. Le jeune humain décida de dormir, ce soir-là.

Au matin, la lumière perçait à nouveau les hauteurs du moulin, laissant apercevoir l'étendue des dégâts. Misère, ô misère. Les livres en désordre, la vaisselle du plateau brisée, le réservoir de la lampe à huile vidé au sol, la mèche à replacer. Le bureau à remonter. Plus jamais il ne se balancerait, ah ça non, plus jamais ! Il ferma les yeux un instant, pris sa respiration et s'intéressa au bureau. Il le remit en place, heureusement pour lui, assez facilement. Puis il rassembla les bouts de vaisselle éparpillés au sol, se protégeant les doigts avec du tissu. Finalement, il regarda les livres qui jonchaient le sol. Sa main se saisit d'un premier livre, et le posa sur le bureau vide.

La scène, dans tout autre contexte et d'un tout autre point de vue avait quelque chose de comique. Tous ces livres éparpillés au sol et UN livre sur le bureau. Non, ce n'était pas un livre. C'était LE livre. Tous les autres n'avaient aucune importance. Il fallait ce livre, rien d'autre. Il était la clef. Il s'amusa à penser ça, et il releva la chaise. Marchant en évitant les différents ouvrages et grimoires au sol, il prit place face au bureau. Il haussa les épaules, et commença à regarder l'intitulé du livre sur la couverture.
« L'exil de la tribu Kite en Elyseum
L'invocation du premier compagnon. »
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » lun. 1 novembre 2010 à 00h44

[ image externe ]

Souvenirs de Paresse


À son habitude, le bois grinçait. Un léger vent soufflait dehors, ce qui illuminait la pièce de bruissements de feuilles, les arbres dehors étant remués. L'air se renouvelait, et rafraîchissait les idées du jeune humain. C'était un bel après-midi de brilleblé. Le visage plongé sur un livre aux pages jaunies par le temps, il était si absorbé qu'il se serait presque levé de sa chaise. Il lisait à toute allure, habité par la passion et la soif de savoir, tournant chaque page de plus en plus vite. Puis, à chaque chapitre, il s'arrêtait. Penchant la tête vers l'arrière du dossier, il épiait les quelques toiles argentées qui couvraient le plafond, si haut.

Enfant qu'il était, il soufflait. De plus en plus en fort, il soufflait à s'en vider les poumons. Il continuait, respirant de plus en plus vite pour souffler encore et encore. Inertes, les toiles étaient solidement fixées aux poutres qui se réunissaient en haut, les quelques araignées calfeutrées dans leurs ombres. Un vent vint effleurer les fils d'argent qui se mirent à danser subitement, l'enfant assis tout en bas soufflait de tout son corps et sourit finalement en regardant le spectacle. Il avait vidé son esprit, fait le ménage dans sa tête et était prêt à aborder un nouveau chapitre.

Aussitôt, avec vigueur et rigueur, ses yeux se rivèrent vers la page suivante, comme s'ils n'avaient jamais attendu que ce moment précis. Dévalant les mots, jonglant avec les lignes, faisant valser les pages, la lecture prenait des airs de musique effrénée. Vite, vite, vite ! Non cette fois, ce n'était pas parce que son maître venait lui apporter un examen. Non, il ne s'était pas dit que plus vite la besogne faite, plus vite il pourra se reposer. C'était davantage la hâte d'avoir de la compagnie. Un assistant s'il est assez avancé dans ses études ? Certainement pas. Un déménagement dans une école de magie ? Encore moins. Une visite guidée à la Grande et Majestueuse Tour d'Ivoire ? Oh que non. Cette fois, il allait invoquer. Pas quelqu'un, mais un chat. Oui, un chat. De la Tribu Kat, réfugiée dans l'Elyseum ou exilée par les humains mages, tout est question de point de vue.

Cette fois, c'était presque une lubie. Il voulait et devait. C'était sa volonté propre, il avait enfin trouvé un moyen dans ces fichus bouquins d'avoir quelqu'un à ses côtés. Une nouvelle voie s'offrait à sa vie de solitude. Alors, il était impatient, et étudiait nuit et jour. Il en était à son troisième livre, et il était plus que sûr que sa vie sera dévouée à ces invocations. Une vraie voie, quelque chose qui lui plaît. Il avait presque tous les ingrédients : patience, savoir, magie. Que manquait-il ? Des cristaux. Oui, car l'on n'invoque pas sans cristaux. Ceux-ci doivent être savamment utilisés, et tout un livre est dédié à ces minéraux si particuliers.

Il en savait tant sur eux : types, couleurs, méthodes de synthèse, origines, applications, réactions, prix, tailles, poids... Il n'en avait jamais véritablement vu, mais avec tous ces livres, il savait déjà tout d'eux. Et maintenant, pour patienter, il étudiait les suites des ouvrages traitant de l'invocation. Tome IV, La bénédiction du vent. Voilà où il en était. Ces livres le passionnaient, et ils jonchaient de tous parts son bureau de chêne. L'on ne pouvait s'accouder sur ce dernier sans faire écrouler une pile, et un grand mystère résidait. Comment ce bureau pouvait-il soutenir tant de livres ? Seul Alester en avait la clef.

Si l'on pouvait penser que ces livres ont été entreposés au hasard, il en était tout autrement. Une journée entière avait été dédiée au tri des livres « Intéressants » de ceux qui sont « Pas franchement intéressants ». Pour ne pas dire ennuyeux au point de s'en décrocher la mâchoire. Pour résumer, il avait ceux en rapport avec l'invocation, et les autres. Chaque livre était précisément placé, avec une équilibre sur chaque pied frôlant le gramme, et déplacer un ouvrage au hasard pouvait mettre en péril le bureau lui-même.

Alors que la lecture absorbait toute l'attention d'Alester, un chapitre venait de se clore. Il soupira. Presque agacé, il tourna la tête vers la porte, comme espérant qu'à ce moment précis elle ne s'ouvre. Il était là. Posé, au sol. Une illusion ? Quel vil personnage pourrait donc lui jouer un si sale tour. L'objet de toute ses envies, de toute son attention. Il était là ! Et depuis quand ?! S'insurgeait-il contre lui même. Secouant la tête, il se vautra au sol pour l'attraper, comme s'il allait s'échapper. Le saisissait avec une étonnante douceur et attention, au vu de sa précipitation, le jeune humain s'agenouilla au sol et brandit le cristal. Sa teinte bleutée offrit de légères teintes bleutées aux murs de la pièce.

Pendant ce qui lui sembla de simples secondes, il observa le cristal pendant de longues minutes. Ça y est. Enfin. Quelqu'un observant la scène aurait pu trouver cela exagéré, ou même comique. Lui brandissant un cristal, au milieu, avec un tel respect, une telle estime pour un simple minéral retravaillé. Pourtant, pour Alester, c'était clair. Il tenait entre ses mains la clef de sa vie. La clef de voûte, même. Il détaillait les différentes facettes de l'objet à travers la lueur de l'Astre perçant la fenêtre, si haute. Plus aucun bruit n'osait se dévoiler, pour interrompre ce moment unique. Un silence religieux avait pris place, et la poussière dansait dans l'air, telle une poudre de diamant.

Fébrilement, l'enfant se releva. Il se dirigea vers le bureau. Son excitation l'avait quitté, laissant place à concentration, rigueur, ambition, admiration. Poussant prudemment le livre qui était jadis le centre même de son attention, il tira d'un rouleau posé contre le pied du bureau un parchemin vierge. Son index et son pouce coincèrent une plume qu'il s'empressa de tremper dans de l'encre. Puis, il toujours le cristal à la main, il le dessina de la main opposée. Sous ses moindres détails. Ce n'était pas pour laisser une trace du cristal après l'avoir consumé, pas non plus pour s'assurer de le connaître sous ses moindres recoins, non. Juste pour le plaisir de le dessiner.

Insatisfait, il observa son esquisse détaillée. Noire comme le charbon, elle était loin de représenter la beauté légère et cristalline du bleu qui habitait ce cristal. Mais soit. Il roula le parchemin qu'il glissa à côté de très nombreuses esquisses. Il tira un autre livre, sans même quitter des yeux le minéral qu'il tenait dans la main, et faisait passer les pages. Il posa ensuite le cristal sur la page, qu'il s'empressa de relire. Il la connaissait, par cœur, il s'assurait juste de son contenu.

Calmement, il récita les formules. Concentrant sa magie, la canalisant dans le cristal. Alester sentait la magie déborder de ses mains, le cristal résonnait légèrement et vibrait doucement. Une lueur émanait de ce dernier, affichant des reflets naissant de la forme anguleuse de l'objet de ses attentions, donnant des arrêtes au visage du jeune apprenti mage.

Puis, doucement, la lueur s'éteint. Les vibrations se dissipèrent, les bruits de la résonance se turent.

Et rien.
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » lun. 20 décembre 2010 à 01h04

[Vidéo de l'errance de Paresse]
[La version YouTube, de mauvaise qualité]
Son errance sans fin se poursuivait. Le hasard ou la chance, selon les croyances, amena Alester dans un lieu tout
particulier. Il jeta un oeil à cette maison abandonnée, et pourtant familière. D'instinct, il se fraya un chemin à travers les hautes herbes, pour prendre place sur ce banc. Assis, face à l'océan bordé de sable blanc, il patientait. Sans savoir ce qu'il attendait ni ce qui l'attendait. Le temps passait, et alors que son regard plongeait dans les couleurs de l'herbe, des bruits de pas dérangèrent le bruit du flux et reflux. Les bruits de pas s'approchèrent, suivis d'une ombre. À la fois étrangère et familière, cette impression de déjà vu traversa l'esprit du jeune humain.

Il leva alors les yeux. Non, non. Ce n'était bien évidemment pas Gaila. C'était Geriel, coiffée d'un étrange tricorne. Un doute s'empara alors du jeune homme, qui, comme si de rien était, commençait la discussion. La folie avait-elle pris le dessus ? Ou Geriel, la vraie Geriel, se tenait devant lui ? Au fil des phrases, la brume opaque qui dérangeait son esprit se dispersait. Il réalisa enfin. Il était devant chez lui, en train de discuter avec une amie. Mais qu'avait-il fait jusqu'à présent ? Il ignorait quelle folie l'avait éloigné si longtemps.

Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas dit mot. Si longtemps qu'il n'avait pas écouté quelqu'un - de réel du moins. Si longtemps qu'il n'avait pas eu une discussion ayant réellement lieu, et non un de ces délires qui étaient devenus son quotidien. En quelque sorte, il reprit goût à la vie. Sans le savoir, Geriel venait très certainement de sauver la vie du jeune homme, et de lui redonner goût à vivre.

Alester s'était décidé. Il allait reprendre le cours de sa vie. Mais avant, une chose à régler : remercier convenablement Geriel pour son aide. Mais inconsciemment, Alester venait de faire un choix. Clore la recherche de sa femme, et en faire son deuil, craignant de sombrer dans la folie une nouvelle fois.

Souvenirs de Paresse
Ce jour là était épris d'une averse tépide et quelques gouttes d'eau venaient abattre la poussière, humectant l'air Floranais. À l'abri, le jeune enfant se penchait sur son bureau, considérant tout son savoir jusqu'à la suée. Une crise d'angoisse s'était emparée d'Alester, redoutant l'impensable, et le doute consumait son esprit chaque seconde passant. Tant de pensées l'éloignaient de son dessein. Machinalement, il s'accouda à la table de ses deux bras et plongea son visage entre ses mains, puis il les remonta pour s'ébouriffer.

Closant ses yeux, il tenta de libérer son esprit de ses doutes afin de déceler ce qui lui faisait défaut. Sa connaissance des cristaux pouvait rivaliser avec celle d'un vrai mage et son étude sur l'invocation s'était avérée approfondie. Le jeune humain vérifiait chacune des formules apprises, mais pas la moindre semblait erronée. S'infligeant une Géhenne sans fin, il s'enquérait de ses défaillances. Pourquoi ne parvenait-il pas à invoquer un serviteur maintenant qu'il fut en possession d'un cristal ? Nul doute que s'il eût pensé à sa discipline in globo, le dénouement de ses tourments aurait fait surface bien plus tôt.

Les journées et nuitées se suivaient sans qu'aucune réponse correcte effleura l'enfant. Accablé par sa débâcle, s'étant pourtant tant investi dans l'invocation, l'apprenti fit dos à cette dernière. S'il n'en fut pas moins chagriné par cette décision, il se convainquit pourtant ne simplement pas être talentueux dans cette discipline. Ainsi, plutôt que de s'aheurter plus encore, sa perspective d'étude s'ouvrit à la magie élémentaire. Un nouveau tri s'imposa alors dans ses ouvrages. Ceux traitant de l'invocation prirent place dans la pile de ceux inintéressants, alors que les grimoires détaillant la magie ardente gagnèrent en intérêt.

Alester soupira brièvement en amenant à son bureau un livre dont il ne garda que de piètres souvenirs. Au demeurant, s'il fut déjà capable d'illuminer l'extrémité de ses doigts d'une flammèche, le mérite en revenait à cet ouvrage qu'il eût parcouru les premiers jours durant. L'enfant madéfia le bout de son index, et tourna les pages, survolant les premières qu'il eût déjà lues. Arrivé au deuxième thème du livre, le jeune humain se redressa et débuta une lecture diligente.

Le jeune humain en resta inconscient, mais sa démarche venait d'évoluer. Le zèle et l'empressement venaient de céder leur place à la concentration, à la patience et à la rigueur. Sans doute apporter du nouveau à son esprit allait éclairer ses pensées.

À partir de ce jour, son quotidien devint sévère. Sans doute son évolution dans son instruction le guidait vers des méthodes relevant plus de l'andragogie que de la pédagogie, et s'avéraient ainsi inadaptées. Mais si des personnes par l'avenir trouvèrent Paresse, cet ancien Alester, mature et sage pour son âge, sûrement était-ce à cause de ce choix si singulier qu'il fit instinctivement.

Alester leva ses yeux, observant ce plafond en voûte de bois, et estima l'heure. Calmement, il prit appui sur ses deux jambes et se leva. Une fois qu'il fût étiré, en tendant ses bras si haut que possible, il s'avança lentement vers la porte qui s'ouvrit au même instant. Un sourire froid s'adressa à sa sœur, portant ce qu'il nommait désormais pitance. Prenant de ses mains le plateau, il laissa sa germaine refermer la porte. L'apprenti reprit place sur son bureau, ingéra le repas puis poussa le plateau. Il alluma la lampe, et repris sa lecture, studieux.
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » ven. 14 janvier 2011 à 07h56

Le retour était fait, mais ce qui semblait auparavant insurmontable l'était encore plus. Reprendre le cours d'une vie normale ? Avec tant de questions sans réponses, de regrets, de craintes et de tristesse en amont ? Alester n'était sûr que d'une chose : l'avenir qui se proposait à lui n'avait plus cet éclat qui le rendait attrayant. Peut-être refusait-il de se l'avouer, ainsi qu'à ses proches amis, mais il ne voyait guère clair dans son futur. Il avançait au hasard, reprenant ses « marques ». Il se surprenait à s'asseoir au pied du pilier donnant sur la rue Nord, à Giran. Se surprenait à errer à Gludio, adossé à ce mur derrière la passeuse, derrière l'ambassade des Elfes Noirs.

La voie de l'oubli, peut-être. Il l'avait déjà empruntée, et savait où elle l'avait mené. Oublier sa famille fut une terrible erreur aux lourdes conséquences : remords, peine, culpabilité et surtout, en premier lieu, la mort de cette dernière dont il s'accusait. Alors, il se refusa d'à nouveau emprunter ce sentier tortueux à l'issue incertaine. Comme il le disait souvent à ses interlocuteurs, ces derniers temps : « Nul ne sait ce que l'avenir nous réserve... ». Ce qu'il pensait ensuite en revanche, sans pour autant le dire à voix haute, était « Mais l'on sait ce qu'il nous a par le passé déjà réservé. ».

Avant d'apprendre des erreurs des autres, il faut savoir apprendre des siennes. Et voilà qu'il en avait commis une grave : s'isoler de tous ses amis, les abandonner, et se morfondre dans une quête perdue sans espoir. Il était revenu, mais à présent, il était hors de question de répéter cette faute. Alors peut-être l'issue de ses difficultés à affronter l'avenir se trouvait à ses côtés et ne demandait qu'à l'aider. Essayer de refaire ce qu'il avait fait par le passé n'était peut-être pas le choix le plus avisé.

Alester eut l'occasion de revoir nombre d'amis proches : Geriel, Laën, Mariel, Nolwaen... Mais aussi ceux plus lointains mais qu'il ne portait pour autant pas moins dans son cœur. D'autres manquaient à l'appel, tandis que certains l'avaient oublié. Pour autant, il demeurait bien accompagné, et s'en complaisait. Son amie Geriel était d'un grand soutien, et régulièrement venait lui rendre visite. Le jeune humain reprenait contact avec la vie, et de nouveau l'appréciait.

Nul ne sait que l'avenir nous réserve... peut-être cela n'était pas applicable à tout le monde, après tout. Mais une chose, si Alester parvenait -souvent par hasard- à anticiper les choses, il n'avait absolument aucune idée du cadeau que la vie s'apprêtait à lui offrir. Une chance que certains ne connaissent jamais au cours de leur vie, et qui, du haut de ses quelques années humaines, allait de nouveau chérir Alester. Ce don du ciel n'attendait plus que lui, depuis déjà longtemps, mais il n'en savait rien.

Sa dette de reconnaissance envers Geriel, pour lui avoir sauvé la vie, était inestimable. Quoiqu'après tout, il y avait bien une chose qu'il lui restait à accomplir. Combler son cœur de cette souffrance qui la torturait depuis les prémices de sa vie : la disparition de son jumeau. Le problème était de taille, car Geriel l'avait déjà ardemment cherché pendant longtemps déjà. Et si elle ne l'avait pas trouvé, Alester, bien qu'aux contact facile et aux liens nombreux, n'avait pas plus de chance qu'elle de le trouver. Il pensa alors que partager son expérience avec sa femme disparue aussi, soulagerait la peine qu'elle portait. L'aider à lui faire tourner la page, en somme.

Mais à peine avait-il commencé son discours, que le jour même, il fit une curieuse qui enflamma ses espoirs. Un humain, à l'âge avoisinant Geriel. Visage similaire, cheveux à la couleur ressemblante. Il porte le même nom. Il rêve chaque nuit d'une fillette de l'âge de dix ans, et la cherche... serait-ce son souvenir de Geriel ? Son esprit réaliste tenta de le raisonner. Mais il était pourtant certain d'une chose : il ne lâchera pas les semelles de ce Warel avant de l'avoir fait rencontrer Geriel.

Il continua de le questionner à la taverne de Giran, autour d'un verre. Les doutes devinrent plus précis, et il avait annoncé penser connaître cette jeune fille. Sans pour autant être trop précis, car il était loin d'imaginer qu'il s'agissait de sa jumelle. Aussi Alester était terrorisé, au moins autant que lui : était-il sur le point de créer de faux espoirs ? L'attente de la jeune femme, qui allait infirmer ou affirmer ses doutes, devenait insoutenable. Certains pourraient penser qu'il y tenait tant pour effacer sa dette, mais en réalité, il n'y pensait même plus. S'il avait l'occasion de la rendre heureuse, il en serait plus que ravi.

Et c'est ainsi qu'arriva, indifféremment, Geriel. Il du l'interpeller. Lui présenter cet homme, Warel. Les voyant côte-à-côte, il reconnaissait un air de famille. Mais Geriel ne parlait que peu. Et un grand doute le dévorait de l'intérieur : s'était-il trompé ? Heureusement pour lui, ça n'était pas le cas. Réjoui de voir les deux jumeaux à nouveau ensemble, il décida de les laisser entre eux, dans leur intimité.

Cela venait de conclure son retour. Il était heureux d'être là, et curieusement, ses doutes sur son avenir s'étaient dissipés : il allait vivre commee avant, attendant de voir ce qui viendrait, avec impatience. Et encore une fois, il était loin de s'imaginer ce qui l'attendait. Cette seconde chance, que certains ne connaissent même pas une fois, au cours de leur vie.

Sa vie reprenait, lentement, mais sûrement. Il revit Geriel, à Giran. Elle était radieuse, et ne l'avait que rarement -sinon jamais- vu si heureuse. Il ne pouvait retenir ce sentiment de satisfaction, et partageait son bonheur. Peu à peu, les deux humains s'approchaient. Les plus perspicaces l'auront compris, ce qui l'attendait était l'amour d'une femme. Mais ils auraient tort. Aux yeux d'Alester, cet avoeux avait bien plus de valeur ; il s'agissait de l'amour de Geriel. C'est ainsi qu'il apprit qu'elle éprouvait ce sentiment depuis bien longtemps.

Tout devint clair. Son attitude distante au mariage. Son soutien, son aide, sa présence. Était-il aveugle à ce point ? Il semblait bien. Était-ce une erreur qu'il avait là commise ? Non.

La situation était « compliquée », penseraient certains. Au contraire, elle était simple. Juste dure. Alester venait de perdre sa femme, était-ce immoral d'aimer si rapidement après -même pas un an-, une autre femme ? À cette question, sa réponse était claire : c'était immoral. Il aurait probablement critiqué quelqu'un qui aurait pris la femme décision que lui. Mais Alester fit le choix qu'il voulait faire. Il aimait Geriel, elle aussi. Ils seront ensemble.

La jeune humaine s'était probablement posée la même question, puisqu'elle demanda à son aimé s'il souhaitait garder secret cette relation. Il expliqua que la relation n'avait rien d'illégitime, et que de toute façon, tôt ou tard, tout se sait. Tenter de cacher cette relation n'était pas alors plus la solution la plus avisée. Mais il du la prévenir, il n'était pas encore prêt. Il avait besoin d'un peu de temps, pour reprendre pied sur terre, pour finir son deuil. C'est ce qu'il fit, même si les avances de sa douce mirent un terme à cette hésitation plus vite qu'il ne l'eut envisagé.

Son nouveau départ, sombre et plein de doutes, épris par les affres du passé, avait prit un tournant qu'il n'avait jamais imaginé pouvoir prendre. Comblé de bonheur, il reprenait sa vie. Une vie qui, encore, lui réservait bien des surprises. Une vie qui valait la peine d'être vécue.

Souvenirs de Paresse
Le dos courbé de l'enfant plongeait son visage dans l'ouvrage qui suscitait son attention. Sa sueur perlait sur son front, s'écroulant dans un petit éclat à la surface du papier. Ni la tension, ni la concentration, bien qu'à leurs combles, n'en furent l'origine. La fièvre qu'il couvait embuait ses esprits, et s'il ne souffrait pas d'une suée proche de l'hidrorrhée, ce sont des frissons qui prenaient par surprise le jeune humain. Pour autant, son assiduité n'en était pas moins amoindrie, de même que d'aucune sorte il ne lui serait vint à l'esprit de se plaindre de sa condition. Les mains chevrotantes vinrent tourner les pages, unes à unes, alors que ses yeux empourprés et humectés en assuraient leur lecture.

S'il eût bien des malheurs, il fut bien fortuné que personne ne le vit dans une pareille condition. Il ne fait aucun que si quelqu'un d'aventureux eût croisé le personnage, il aurait pris ses jambes à son cou ou agit dans d'hostiles manières. Bien qu'à ce moment précis, il fut bien aise de ce que l'on pu penser de sa personne.

Alors le défilement des feuilles du grimoire se poursuivait, il freina sa lecture. Fronçant les sourcils, le jeune humain leva les yeux pour reporter son attention vers une planche. Cette dernière était accrochée au mur circulaire qui l'entourait, retenue par le bas qui était enduit de cire de bougie. Le haut de ce tronçon de bois, visiblement emprunté au plancher, témoignait de quelques brûlures superficielles. Ses yeux vinrent ensuite observer un verre d'eau, puis sa main gauche, dont le dos avait une généreuse échaudure.

Tout en silence, son attention en revint au livre. Il porta ensuite son pousse à ses lèvres, et croisa son autre bras, en même temps qu'il baissa son regard. L'enfant réfléchissait. Quelques minutes écoulées, il tourna sa tête vers une pile d'ouvrages entassés au sol, et d'un geste las il se mit debout pour ensuite s'accroupir devant cette dernière. Habilement, Alester tira un livre de la pile, et s'en alla le poser à côté de l'autre. Les deux livres ouverts, il lisait l'un, puis rapidement tournait les pages de l'autre.

Les minutes, puis les heures vinrent s'écouler. Même si sa toux fragile était malmenée par les grains de poussière qu'il inhalait, sa lecture demeurait rigoureuse. La tâche s'annonçait périlleuse, et l'apprenti mage s'en doutait sûrement : traduire un texte de magie écrit en langue Sombre n'est pas de tout repos. C'est ainsi qu'il alternait entre dictionnaire bilingue et grimoire de magie...

Mais bien assez tôt, les larmes envahirent les yeux d'Alester. Il ne put retenir un juron, échappant « Satanée fièvre ! », et après deux minutes de lecture floue, il résolu à s'accorder du repos.

À son réveil, quelques heures plus tard, il reprit son instruction. La tâche n'était pas des plus aisées, mais il progressait. Jusqu'au moment où il leva la tête, arborant un visage déterminé. Sa main s'empara d'un bâton de saule à la tête tordue, sur lequel il prit appui pour se lever. Il tourna la tête jusqu'à ce qu'il aperçoive sa table de chevet. Sur un ton de lecture, il déclara à voix basse : « Incantez jusqu'au terme du sort, à moins que vous n'aperçussiez une torsion du catalyseur, laquelle perturbera ce premier. ». Se donnant pour objectif de créer un souffle afin que le meuble se meuve sur un ou deux mètres, il commença son incantation.

Les sourcils froncés, ses mains levant le bâton orienté verticalement, il commençait sa formule. Il sentit pour la première fois un ruissellement de mana parcourir son bras, pour investir le bâton. Lequel, réagissant au mana et à l'incantation, multipliait la puissance du sort. Alester serrait ses mains aussi fort qu'il le pu, alors que l'incantation semblait prendre plus de temps que prévu. Un craquement alerta le jeune humain, qui vit son bâton se tordre. Mais avant même qu'il pensa à interrompre son sort, il fut propulsé contre le mur, dans un fracas sourd, cognant la tête du jeune humain contre les briques. Son bâton quant à lui, fut projeté dans la direction opposée, se fissurant dans un ultime craquement sec.
Spoiler:
Début de justification sub spellhowler.
 /l、
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 l、۵ ΅ヽ
 じしf_, )ノ

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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » dim. 16 janvier 2011 à 18h01

Le jeune humain reprenait goût à la vie, et la vivait pleinement. Il appréciait chaque instant, mais il devait avouer avoir en lui quelques remords, enfouis. La mort de sa famille pesait toujours sur sa conscience, et il avait pour ambition de s'améliorer en magie afin d'honorer leurs sacrifices. Eux qui avaient donné tant de temps et d'argent pour qu'il devienne un mage... Qui s'étaient tant privés. Eux, qu'il avait trahi. Alester se devait de rattraper les erreurs passées, et il en était bien décidé. Déterminé à renforcer ses connaissances en magie, il commençait ainsi à suivre un enseignement qu'il avait par le passé délaissé, par peur. La magie du vent.

C'était l'élément avec lequel il avait durant ses débuts eu le plus de résultat, mais son absence de maîtrise de la magie l'avait alors presque tué, le propulsant contre un mur. L'eau avait coulé sous les ponts, et aujourd'hui il se sentait prêt à donner de nouveau un oeil sur cette magie qu'il avait par le passé fuit. Mais il était hors de question d'avancer à l'aveugle, il lui fallait des livres, voire même un maître. Mais il ne voulait pas d'un maître ; craignant le décevoir, ne pas être à la hauteur. Et puis, cette magie étant principalement utilisée par le peuple Sombre, il avait aussi de l'appréhension quant aux possibles enseignants.

Mais alors même qu'il commençait à s'intéresser à cette magie, on lui fit une proposition. Thyla, Bailli et récemment Comtesse de Gludio, décidait de reprendre en main la guilde de magie de Gludio. Elle siégeait dans une Tour aux formes impromptues, où étaient entassés différents livres. La plupart ne permettaient qu'un enseignement de base, mais c'était un bon début. Et Thyla assurait avoir en sa possession quelques ouvrages plus rares.

Et c'est ainsi que Thyla proposa à Alester d'y travailler, et d'essayer de la remettre en « marche ». La première réponse qui vint à l'esprit du jeune humain était « Oui, bien sûr ! ». Mais une part d'incertitude le bridait dans son choix ; serait-il à la hauteur ? Il n'était qu'un simple mage, bien loin de tous ces maîtres. Il était absolument tout sauf certain d'être capable de mener à bien une telle tâche. Par conséquent, il fit part de ses inquiétudes de Thyla, qui lui répondit par des mots simples mais pleins de bon sens. Ce qu'elle cherchait n'était pas un mage surpuissant, mais quelqu'un en qui elle avait confiance.

Ces mots réjouirent le jeune humain, qui d'une part retrouvait une once d'ambition, et d'une autre était flatté qu'elle lui fasse confiance au point de lui confier une telle tâche. Et très rapidement après, il tira plusieurs conclusions. Il avait là l'occasion de ne pas décevoir quelqu'un qui avait confiance en lui, et ainsi de ne pas commettre la même erreur qu'il avait fait avec sa famille. C'était un moyen de se repentir de ses erreurs, et d'apprendre à ne plus les faire. Et, d'une autre part, c'était aussi l'opportunité idéale pour ses projets : devenir un vrai mage, respectable, afin d'honorer les sacrifices qu'avaient fait ses parents dans ce dessein.

Le jeune humain prit alors la tâche avec beaucoup de sérieux, et se convainquit d'être capable de mener à bien le projet. Il accepta ainsi la proposition de Thyla avec grand plaisir. Il entreprit alors diverses actions pour exercer sa fonction ; notamment l'ébauche d'un traité d'alliance avec la Tour d'Ivoire qui prenait une très bonne tournure et qui était sur le point d'aboutir. Aussi, une expédition au monastère du silence afin de renflouer les bibliothèques de nouveaux ouvrages passionnants.

Alester, le temps passant, changeait peu à peu. Il travaillait de plus en plus souvent dans la Tour, rédigeant des lettres à droite et à gauche, laissant son fidèle serviteur félin jouer le rôle de coursier. Et en parallèle à tout cela, il était aussi ravi car Geriel s'intéressait à son tour à l'invocation. Il l'aidait donc, lui prodiguant quelques conseils pour réussir dans sa voie. Il écrivait également un livre, qu'il remplissait chaque jour. Des formules, des conseils, des leçons, des exercices, de l'histoire, de la théorie... il écrivait tout ce qu'il savait sur les invocations. Tout ce qu'il avait appris.

Et ainsi se déroulaient ses nouvelles journées, il écrivait des lettres, les envoyait, écrivait un livre, enseignait auprès de Geriel, recherchait des mages à travers le Royaume, rangeait la Tour... Et le soir, il rentrait dans sa nouvelle maison. Elle avait été aménagée par Geriel, et il en était très satisfait. Encore une fois, non loin de la mer, pas loin des bois. Elle était parfaite pour lui car il s'y sentait chez lui, et c'est ce qui était le plus important. Sa vie prenait une voie agréable, et il profitait de ses jours. Il aimait ce qu'il faisait, et c'était l'essentiel.

Il gardait toutefois pour lui cet amer passé, l'abandon de sa famille. Et son nouveau logis n'étant qu'à quelques lieues de ses terres natales n'aidait pas à le lui faire oublier. Peut-être était-ce le seul défaut, la seule tâche noire... Après tout, rien n'est jamais blanc. Quoiqu'il en soit, Alester profitait de son nouveau travail pour continuer à étudier la magie, et ses liens avec les félins jamais ne furent-ils si forts. Il continua toutefois son entraînement avec la magie du vent, pour être un mage plus compétent et digne de porter ce titre. C'est ainsi qu'on le surprenait à dévorer des ouvrages, s'exerçant avec la masse que Geriel lui avait offerte...
Spoiler:
Mise à jour pour l'entrée de Paresse à la Mingol Throng Azul ; poursuite de la justification sub spellhowler.

Souvenirs de Paresse
Les heures s'écoulaient et le jeune humain gisait toujours au pied du mur. Durant les premières minutes, une flaque de sang s'était étendue autour de son visage, laissant sa joue baigner dedans. Rapidement elle cessa de s'agrandir, le saignement s'étant arrêté. Tout comme son cœur. C'est dans ces circonstances qu'arriva sa mère, au soir, venue apporter le repas habituel. À peine eût-elle ouvert la porte qu'elle laissa tomber le repas dans un fracas retentissant. Horrifiée par la scène, elle demeurait immobile pendant quelques secondes, avant de se jeter sur le corps de son enfant, gisant au sol.

Elle saisit le corps du jeune enfant, le remuant dans des pleurs, comme pour essayer de le réveiller. Les larmes coulaient à flot sur les joues de sa maternelle désolée, qui se perdait dans des pleurs et des reniflements. Rapidement arrivèrent le père et la sœur, alarmés par les cris. La nuit tombait, et tous deux courraient vers le moulin d'où venaient les désolations. Leurs visages s'horrifièrent à leur tour, affligés par la scène. La mère aux manches trempées de sang, tenant dans ses bras le défunt membre de la famille. Le visage du mort était marqué par la surprise. Ce fut la dernière expression du jeune enfant, à la vie écourtée.

Adelphe, lui, était resté à la maison. Il observait la rivière, depuis la fenêtre. Impassible, assis seul à la table de la salle à manger. Tapotant des doigts sur la table de en chêne massif, il attendait le retour des trois autres qui ne tardèrent point. Alors revenus, leurs visages décomposés fixaient Adelphe, et le père tenait Alester dans ses bras. Sans vie. Le grand frère sourcilla un instant. Il soupira ensuite. Le silence était pesant, dérangé par quelques pleurs et reniflements. Les quatre restèrent à se regarder, pendant quelques longues minutes. Puis Adelphe se décida à parler, demandant « Qu'est-ce que vous comptez faire ? ».

Il ne le savait pas, mais ses mots venaient de blesser à nouveau sa famille. Peut-être aurait-il pu mieux formuler sa question. Peut-être aurait-il pu dire « Qu'est-ce que nous allons faire ? ». Le père, tentant de se montrer fort et d'agir en tant que chef de la famille, déclara alors « Nous allons... l'enterrer, l'honorer et... prévenir maître Alvarik qu'il ne sera plus nécessaire d'apporter des livres... ». Sur ces mots, la mère et la sœur d'Alester fondirent en larmes. Adelphe, afficha un air peiné en les voyant ainsi. Puis il s'en alla dans sa chambre, comprenant que ce soir, il n'y aurait pas de repas.

Au matin, si Alice avait eu l'espoir d'y voir plus clair avec l'aide de la nuit, elle s'était trompée. Rien n'avait changé. Tous devaient se montrer forts. Le père était parti tôt au temple, prévenir maître Alvarik. Ce dernier, dans son immondice habituelle, s'offusqua alors :

« - Mort ?!... Mais comment cela a-t'il pu arriver ? demanda Alvarik, fronçant les sourcils.
- Nous.. nous ne savons pas... son bâton était à l'opposé de la pièce, cassé.
- Pfft. Lui il a raté un sort et il est mort... c'est malin ça !! Il va falloir me payer. J'ai passé beaucoup de temps à lui enseigner la magie, et j'ai prêté des ouvrages de grande valeur !!
- Je.. mais enfin !.. Comment pouvez-vous nous dire ça ! Il est mort ! C'était mon fils !! déclara le père, la douleur du deuil étranglant sa voix.
- Je vois pas ce que ça change, vous me devrez me payer un million d'adenas. C'est ce qui était convenu, s'il n'abandonnait pas, j'en faisais un mage. S'il abandonnait, vous me deviez un million d'adenas.
- Mais ! Il n'a pas abandonné ! Il est mort !!
- Le résultat est le même, rétorqua-t'il d'un ton placide.
- Ça non ! Ça ne se passera pas comme ça ! s'écria le père offusqué.
- Voyons voir ça. Un paysan défiant l'autorité d'un mage de la Grande Tour d'Ivoire ? Haha, on aura tout vu. Faites, faites ! On verra qui aura le dernier mot.
- Mais.. même si nous le voulions, nous ne pourrions.. jamais rassembler une telle somme... ajouta le père, dépité.
- Ça il fallait y penser avant. À moins que... Alvarik laissa un silence, pour mariner et profiter du spectacle du père endeuillé.
- À moins que ?.. Quoi ? Vous avez une alternative ??
- À moins que vous ne le remplaciez. Oui, ça peut marcher. Alester était mauvais et progressait peu, de toute façon. Tout ce qu'a à faire votre remplaçant c'est travailler sur les cristaux, les invocations et la magie du vent.
- Comment ça... « remplacer » ?
- Hé bien.. trouvez quelqu'un qui deviendra Alester. Bon j'ai pas que ça à faire moi. C'est ça, un million d'adenas, ou la justice. Vous avez une semaine. »


Sur ces mots cruels, le maître humain s'en alla ; laissant le père accablé par la sévérité de ses mots. Il retourna à la maison, et vit Alice aux champs, en train de travailler. La mère, elle, était toujours enfermée dans la chambre, pleurant la mort de son fils. Il ne restait plus qu'Adelphe, assis dans l'herbe. Attendant on ne sait quoi. Il décida alors que remplacer Alester... était impossible, mais qu'Adelphe pourrait au moins faire quelque chose de sa vie. Il rentra à la maison pour se vêtir d'une tenue de travail, et s'en alla rejoindre sa fille, dans les champs. Il bêchait la terre, pensif, réfléchissant à cette « alternative ». C'était lui, le chef de la famille. C'était alors à lui de prendre les décisions. Les bonnes décisions.

La semaine s'était écoulée, Alester était enterré. Sa tombe fleurie s'était ajoutée aux autres, au cimetière du village. Le soir de l'enterrement, le père avait annoncé à la fin du repos la nouvelle, comme un cheveux sur la soupe :
« - Adelphe. À compter de demain tu n'existeras plus. À compter de demain, Alester reprendra vie. Tu n'as pas le choix. Nous n'avons pas le choix. C'est ça, un million d'adenas, ou le cachot. Donc, tu deviendras Alester. Prendras ses habitudes, son savoir, son comportement. Son nom. »
Un long silence s'installa. Alice et sa mère étaient déjà prévenues. Elles restaient toutefois affligées par cette décision, bien que convaincue que c'était la moins pire. Alester, lui, fixa les trois membres de sa famille un long moment. Puis il déclara, contre toute attente :
« - D'accord. »

Et sur cette réponse, il se leva immédiatement, quittant la maisonnée pour ce moulin. Ce moulin où son frère avait perdu la vie. Ce moulin où, lui aussi, il allait étudier la magie.

Adelphe n'était pas sot. Certains disent que la fainéantise amène à réfléchir davantage. Cela pouvait être vrai pour ce jeune humain, qui était à peine plus âgé qu'Alester. Physiquement, tous deux se ressemblaient, à la différence qu'Adelphe avait un air qui se distinguait des autres membres de la famille. Un regard lent, mou. Cela trahissait très souvent son esprit qui était bien plus vif qu'il ne le laissait paraître. Le jeune humain était peu connu du village. En effet, jusqu'à présent il avait passé ses journées dans la nature. Il regardait l'eau couler, les papillons voler, les paysans récolter. Observateur, c'est ce qu'il était.

Il avait jusqu'à présent toujours vécu à part. C'est pourquoi cette expérience d'isolement au moulin ne l'intimidait pas plus que cela. Sa mère parlait souvent de lui comme son « enfant différent ». Tout ce qu'il vivait, c'était de façon passive. Une étrange tournure des choses avait fait que durant toute sa vie, il n'avait rien subi. Toujours esquivé sans pour autant bouger. Ainsi il n'avait jamais réellement travaillé dans les champs. Mais pour autant, il avait évité ce labeur sans trop insister. Il n'était pas allé à l'école. Mais il n'avait pas pour autant tout fait pour ne pas y aller. C'est pourquoi, devenir Alester, travailler comme un forcené... c'était quelque chose d'inimaginable pour Adelphe. Inconcevable pour sa famille, du moins. Et pourtant, il avait accepté, à leur grande surprise.

Sa sœur et ses parents l'observaient depuis la fenêtre, le regardant se diriger vers le moulin. N'y croyant presque pas. Mais pour autant, une part d'eux n'était pas si surprise ; on ne savait jamais ce qui passait par la tête d'Adelphe. Il était pour le moins mystérieux, et personne n'avait idée de ses pensées. Quoiqu'il en soit, une crainte était née dans la famille, depuis la mort d'Alester. Celle d'avoir fait une erreur en confiant leur enfant à ce mage. La crainte d'être responsable de cette mort ; et aussi celle de commettre à nouveau cette erreur en confiant Adelphe aux mains de cet ignoble monsieur. La crainte aussi, quelque part, qu'Adelphe ait accepté si facilement cette responsabilité en espérant y trouver à son tour la mort. Après tout, il ne semblait pas porter une affection particulière à sa vie - à quoi que ce soit, en fait.

Puis Adelphe entra dans le moulin. Les lieux n'avaient guère changé, et pourtant, tout semblait si différent. Le grincement du bois était devenu sinistre, glauque. La désuétude du lit et du bureau donnaient un côté hanté à la bâtisse. Et puis, cette marque de sang au sol, au pied de ce mur. Ce témoin de la douleur. L'ensemble du moulin semblait hostile et ténébreux. Le remplaçant d'Adelphe se secoua la tête puis prit place sur la chaise faisant face au bureau. Il se pencha sur les deux ouvrages encore ouverts : un livre sur la magie élémentaire, sur le chapitre de la magie du vent ; et un dictionnaire de langue Sombre. Il soupira, puis comprit que c'était probablement les dernières phrases qu'avait lu Alester avant sa mort.

Il se pencha sur les livres, essayant d'y comprendre quelque chose. Le nouvel Alester prit la peine d'observer une page. Il n'avait aucune notion de magie, aucun talent particulier, aucun enseignement. Ce combat était perdu d'avance, et il ne voulait pas se fatiguer - ça n'était pas dans ses habitudes, faut-il préciser. Il se leva alors, et prit en main le bâton tordu et fissuré. Tentant quelque chose d'absolument stupide, il avança d'un coup son bâton, comme espérant qu'une boule de feu en jaillisse. Voyant que rien ne se produisit, il se contenta d'un « Hm. ». Il lâcha alors le bâton, puis reprit place sur la chaise.

Tordant ses lèvres, il observa à nouveau le livre. Puis, après dix bonnes minutes d'observation, il se rua sur les autres livres. Ils les ouvrait, tous, à une page. La même, la vingt-et-unième page. Il défaisait les piles, posant tous les livres, sur le bureau, sur le lit, au sol. Partout. Le moulin entier était tapissé de livres ouverts à la vingt-et-unième page. Sa subite frénésie tirait plus de la folie compulsive que d'autre chose. Mais il continuait ainsi, pendant au moins une heure. La nuit était tombée depuis longtemps, et il n'y avait que la lumière de la lampe pour l'éclairer. Et le jeune enfant se penchait sur les livres, les parcourant uns à uns, et s'attardant sur ceux illustrés ; plus particulièrement sur la légende des illustrations.

Il continua ainsi toute la nuit.

En fait, Adelphe ne savait pas lire.

Au matin, les divers poulaillers environnants sonnèrent le lever du jour. Une lumière vint alors envahir le moulin, et Adelphe en profita pour éteindre la lampe. Quelques cernes soulignant ses yeux étaient apparues, mais il était là. Toujours à essayer de comprendre quelque chose. Il était pour le moins singulier, et dans d'autres cultures, il serait très certainement passé pour quelqu'un de fou. La chance lui avait toutefois sourit, puisque dans tous ces ouvrages, il en avait trouvé un qui allait le guider. Cet ouvrage rassemblait uniquement des illustrations, de divers phénomènes. Tous avaient une légende, et peu à peu, Adelphe apprenait avec ces images la langue écrite. Ainsi sous une illustration de chêne, il était était écrit « Chêne ». Peu à peu, toutes ces lettres prenaient un sens pour le jeune humain.

Mais, le nouvel Alester n'était pas du genre lettré. Les illustrations étaient pour lui bien plus parlantes ; de même que tous ces cercles d'invocation à tracer au sol. Fort heureusement pour lui, ainsi que pour tout le village, les invocations de démon étaient très mal explicitées et il n'en invoqua aucun accidentellement.

Étonnement, le nouvel Alester apprenait à une vitesse largement supérieure à l'« ancien ». Il comprenait, mais surtout, il réussissait. Son affinité avec la magie surpassait celle de son défunt frère. Mais ça, personne ne l'avait remarqué puisqu'honnêtement, personne ne s'intéressait réellement à Adelphe. Probablement parce qu'il ne s'intéressait à personne. Et c'est ainsi que jour après jour, le nouvel apprenti suivait les traces des études de l'ancien Alester. La magie du vent, la magie de l'invocation, les cristaux.

Les mois défilaient, et son rythme de vie était très différent. Il lisait environ deux pages par jour, et le reste du temps il s'allongeait sur son lit. Depuis son lit, il scrutait l'ouverture en haut du moulin, laissant apercevoir un bout de ciel. Il regardait la couleur du ciel, les nuages qui défilaient, leur couleur, les rares oiseaux qui filaient de temps à autres. La pluie, le soleil qui passait aussi. Et quand le vent soufflait très fort, il voyait même les feuilles défiler. Puis il allait lire une page, et revenait s'installer sur le lit. Il n'était pas rare qu'il prenne un fusain pour dessiner quelques idées qui lui passaient en tête. Mais il ne finissait jamais ses dessins.

Ce mode de vie ne lui déplaisait pas, mais il savait qu'Alester, le vrai, en avait horreur. Alors il se forçait à râler. À ne pas apprécier le lieu, les études, la magie. En un sens, ça l'agaçait. Mais de l'autre, il venait de découvrir quelque chose d'auparavant inconnu : la reconnaissance de sa famille. Elle était heureuse grâce à lui, et cela lui plaisait. Il était content d'être responsable de leur bonheur. C'est probablement pour cette raison qu'il étudiait de temps à autres. Le fait que l'ancien Alester ait été médiocre en magie l'arrangeait bien : il avait pas à travailler beaucoup pour rester « fidèle à l'original ». Alors il faisait mine de travailler comme un forcené et d'aboutir à de maigres résultats, alors qu'en réalité il se prélassait dans son lit à longueur de journée.

Pourtant, Adelphe se prit au jeu. La magie de l'invocation suscita en lui un intérêt. Et il voyait toujours ce cristal posé sur le bureau. Il savait qu'avec, il pourrait invoquer un ami. Le nouveau comme l'ancien Alester souffrait de la solitude. Les venues du repas qui n'excédaient pas les trois minutes par jour étaient bien maigres, et il avait bien envie d'avoir des discussions. Bien que la plupart des discussions avec Adelphe étaient à sens unique : il ne parlait jamais de lui. Et puis, il avait quelque chose qu'Alester n'avait pas : la curiosité.

Alors, le nouvel Alester reprit en main ce livre marqué d'annotations de l'ancien Alester. Il n'avait pas vraiment envie de travailler, mais il était très curieux. À quoi ressemblent ces félins ? Ont-ils un accent quand ils parlent ? Comment est leur monde ? Que pensent-ils ?... Tant de questions qui suscitaient l'attention d'Alester - non sans épuisement.

Toujours est-il que beaucoup de lecture s'annonçait et qu'il n'était toujours pas habitué... alors, ça attendra.
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » ven. 11 février 2011 à 12h09

Le quotidien d'Alester commençait à se calmer. Il enquêtait sur Sybille, qui contrôlait Dion et Floran. Ses motifs et à la fois personnels et professionnels. De prime abord, cela concernait sa région natale. Là où il était né, là où il avait grandi. Là qu'avait vécu sa famille, mais aussi là où était le gîte... À Dion il avait également des souvenirs de Mariel, Laën, Gali, Jaëlle, Keren, Meilina. Tant de souvenirs bafoués par un démon... cela lui déplaisait. Qui plus est, il habitait désormais une maison au Sud de la région de Floran, et la menace était palpable. Tôt ou tard, les lieux n'allaient plus être sûrs. Enfin, Sybille était déclarée ennemi public, et donc Gludio étant menacée, il enquêtait également dessus.

Toutefois, ce n'était pas une tâche évidente. Il s'agissait de fouilles d'archives, ci-et-là. Tant de documents à fouiller pour essayer d'en savoir plus sur elle... Il n'avait hâte que d'une chose : que cette histoire se finisse. Il avait hâte que les armées se réunissent et viennent attaquer Dion une bonne fois pour toutes, quitte à ce que les pertes soient lourdes... Après tout, lui n'allait pas participer au combat. Ça n'est pas son rôle de combattre, le sien est de penser.

Sa vie avec Geriel était des plus plaisantes, il était ravis de vivre à ses côtés. Une ombre planait toutefois sur lui, au plus profond. Des doutes, des craintes. Il les enfouissait, et ne s'en portait pas plus mal. Alester espérait juste que jamais ces craintes ne fassent surface. Et il vivait ainsi. Il était fier, très fier, de Geriel. Cette dernière venait de réussir à invoquer un félin, ou plus exactement, une féline. Il était aussi heureux pour elle, car elle allait découvrir le monde de l'invocation, qu'il trouvait si intéressant.

Si l'on pouvait penser que son entrée à la Tour de Gludio allait grandement changer sa vie, ça n'était pas vraiment exact. Il rencontrait toujours autant de voyageurs, puisqu'il travaillait le plus souvent au bas d'un mur dans une ville du Sud. Aden, Giran, Gludio, Gludin, Heine... il cottoyait toujours ces lieux, simplement. Il n'allait à la Tour que lorsque c'était nécessaire. Pour enseigner, pour aider, pour fouiller dans des livres ou pour d'autres tâches similaires. Pour autant, il ne délaissait pas la tâche. La preuve était la récente alliance avec la Tour d'Ivoire, dont le traité venait d'être signé.

Si Dion occupait une place importante dans ses préoccupations, c'était également le cas pour ses amitiés. Tout particulièrement Laën et Nolwaën, toutes deux traversant des moments difficiles. Il essayait d'être le plus présent possible, et d'aider autant qu'il le pouvait. Alester n'avait guère le sentiment de réussir dans cette tâche, mais il faisait de son mieux, et ne comptait pas abandonner. Nolwaën semblait aller mieux maintenant, mais Laën traversait toujours une passe difficile...

Toujours est-il que dès qu'il avait un peu de temps libre, et que Geriel était occupée à autre chose, il s'entraînait à la magie. Il continuait à essayer de manipuler le vent, de façon plus efficace. Ça n'était pas toujours évident, mais il y parvenait, au fil des mois... Le plus difficile dans son apprentissage était qu'il disposait de peu d'ouvrages, d'aucun maître, et de très peu de temps. Son avancée était donc très lente... mais il s'en contentait. Il avançait lentement, mais sûrement... il ne pouvait pas s'offrir le luxe de « mourir une seconde fois ».

Souvenirs de Paresse
Les jours défilaient, telles les pages d'un livre appelé la Vie. Mais que se passe-t'il lorsque l'on doit revenir en arrière, changer ce que l'on a écrit ? Tout en restant cohérent avec la suite ? On ne peut pas. Il est impossible de modifier le passé, car ce qui est révolu appartient à l'immuable. Et pourtant. Un nouvel Alester devait naître chez quelqu'un d'autre, et ces deux avaient un passé radicalement différent - opposé, même. Adelphe, lui qui n'avait jamais rien fait de sa vie, devait désormais accomplir l'inconcevable.

Il y parvint, sans le moindre affront. Comment s'y prit-il ? Il ne fait aucun doute que sa famille n'en eût pas la moindre idée. Le nouvel Alester n'aimait pas réfléchir, il n'aimait pas « s'embêter ». Il préférait faire. Ainsi quand il lui a été dit de devenir Alester ; il le devint. Il le fit sans se questionner. Sans chercher à savoir pourquoi, comment, quand. Il le fit de façon spontanée, et il réussit. Les mauvaises langues ajouteraient que ce ne fut jamais que la seule chose qu'il réussit de sa vie. Ils avaient peut-être tort.

Devenir Alester impliquait savoir ce qu'il savait. Être capable de ce qu'il était capable. Choisir les choix qu'il eût choisi s'ils s'étaient présentés à lui. Aimer ce qu'il amait ; haïr ce qu'il haïssait. Mais pas seulement. Il était facile pour qui que ce soit d'agir ainsi, dans la mesure où cela demeurait possible. Parfois la tâche était ardue, mais elle demeurait réalisable. Non la difficulté qui en aurait arrêté plus d'un, était que devenir quelqu'un a son revers. C'est aussi oublier ce que l'on savait. Parfois aimer ce que l'on haïssait et parfois haïr ce que l'on aimait. Ne plus faire les mêmes choix.

Devenir quelqu'un d'autre, ce n'est pas se transformer. C'est s'oublier. Le nouvel Alester en avait conscience, et chaque jour « Adelphe » s'effaçait au profit d'« Alester ». Il ne se posait pas la question de savoir s'il l'acceptait, ni de pourquoi il le faisait. Ni de s'il allait réussir. Toutes ses questions ne devaient pas lui venir à l'esprit ; car après tout, il était Alester non ? Et ce ne sont pas ses questions, donc elles n'ont pas lieu d'être.

Au delà de tous ces sacrifices, il se devait également d'être « fidèle à l'original ». Ainsi, tout se divisait en « Alester » et « pas Alester ». Passer huit heures d'affilées à regarder l'eau de la rivière couler n'était pas Alester. Se passionner pour un sort de flammèche était Alester. Le monde entier était ainsi réparti. Chaque geste, chaque envie, chaque émotion, était soumise à cette vérification. Tout. De toute façon, ce tri devint rapidement instinctif.

Progressivement Alester renaissait en Adelphe. Il continuait à vivre à travers Adelphe qui suivait ses pas, et apprenant la magie. Il savait lire, manipuler sommairement les éléments, utiliser les cristaux. Si l'on pu croire que tout se déroula se de façon naturelle et aisée, il s'agissait en réalité d'un effort insurmontable qu'exerçait quotidiennement le nouvel Alester, et non sans ahans. Une lutte irraisonnée, pour ainsi dire. Chaque jour était insupportable...

Lui qui était né pauvre mais heureux, en se complaisant dans son apathie et son indolence, s'effaçait au profit d'une vie de calvaire qui ne lui appartenait pas. Il était malheureux, mais il s'interdisait en même temps de l'être. Il devait être heureux de sa condition car... Alester devait l'être. Il n'y avait plus de place pour lui, nulle part. Ce qui au début lui semblait être un jeu, un défi, devint sa sentence. Une sentence qui ne devait pas même exister, selon sa logique, puisqu'elle était celle d'Adelphe, et non celle d'Alester.

Mais il se surpassa, et se surpassait, jour après jour. Mois après mois. Et Adelphe n'était plus, il n'y avait plus là qu'Alester. Ou tout du moins, c'est ce qu'il pensa.

Un vent typique de Floran brassait la bâtisse, et les rayons crépusculaires s'engouffraient par les ouvertures placées en haut, si haut, dans ce moulin. Alester tenait dans sa main droite le cristal qui allait servir lors de sa première invocation. Le jeune humain prit de son autre main le bâton tordu qui avait servi lors de son premier sort d'aéromancie et figea son regard sur le parchemin posé sur le bureau. Ses yeux noisette arboraient un regard froid et sérieux. Il souffla pour chasser quelques mèches de son visage, et commença à lire le parchemin. Parallèlement, il levait sa main gauche, élevant par la même le bâton.

Le cristal tenu dans son autre main commençait à offrir de nouveaux reflets, tout en s'illuminant. Le jeune humain répéta à plusieurs reprises la même formule, haussant le ton, et se concentrant plus encore. La lumière abondait tant dans sa main droite que l'on ne pouvait plus distinguer les angles du cristal. Sa voix se mêlait à un bruit cristallin émis par la magie employée et par le cristal. Puis soudainement, la lumière se tu, tout comme Alester. Le minéral qu'il tint durant l'invocation n'était plus. Il posa alors son bâton torsadé au sol, appuyé contre un rebord du bureau, et tourna le visage vers la nouvelle silhouette qui venait de faire son apparition.

Deux yeux d'or brillaient dans la pénombre, surmontés par deux oreilles triangulaires qui se démarquaient de la silhouette. Le nouvel arrivé s'avança avec méfiance vers le jeune humain, dévoilant ses attributs félins : son museau, ses crocs, ses poils, ses pattes. Le pelage noir, quelques moustaches grises, un regard neutre. Il portait un costume luxueux, armé d'une épée attachée à sa taille. Se mouvant avec souplesse, grâce et fierté, Alester arbora une expression de circonstance : surpris, impressionné et admirateur. Aucun doute, c'était bien un chat qu'il venait d'invoquer. D'une voix plate, le chat déclara : « Tu n'es pas Alester. ».
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » lun. 21 février 2011 à 14h57

Alester arrivait à la maison, Geriel dans ses bras, alors assoupie par fatigue. Son chat, qui était invoqué, s'empressa d'ouvrir la porte de la modeste demeure. Avec précaution il entra dans la pièce principale, au sol encore cramé par une mésaventure passée. La tête de sa tendre reposée sur ses avants-bras, le jeune humain s'empressa de se diriger vers la chambre. L'ensemble de la maison était sombre, la nuit tombant.

Il tenta d'allumer une bougie posée sur le chevet, à l'aide d'un faible sort de feu. Sa main fit le geste, et à voix basse il récita la formule, mais sans grande surprise pas même une étincelle n'en résulta. Le souffle court de l'avoir portée jusqu'à la maison, dans un ultime effort il se dirigea vers le lit où il la posa avec douceur. Une fois déposée sur le lit, il tira une couverture pour la couvrir, et adressa un regard bienveillant.

Reprenant son souffle, il tenta en hâte un second sort de feu, en y mettant toute sa concentration. Une maigre flamme illumina alors la bougie, et Alester soupira. Il se dirigea vers le bureau, tira de sa besace un parchemin et une plume qu'il trempa aussitôt dans l'encrier. De son autre main il aplati le papier, et commença à gratter sa surface avec la plume. Cette fois-ci il n'écrivait pas une lettre, ni une leçon. Non, il écrivait ses pensées, inquiétudes, et se servait de ce texte comme exutoire.
La vie est un présent des Dieux qui peut basculer d'une seconde à l'autre. Alors que rien ne le laisse présager, le spectre de la mort veille, et un jour, la vie s'éteint. Un accident, un assassin, une maladie, l'âge... tant de risques et réalités qui peuvent avorter la vie. Si certaines pierres sont précieuses de par leur rareté et leur beauté, la vie l'est surtout par sa beauté mais aussi par sa fragilité. Et nous tous qui vivons heureux ne sommes pas à l'abri de ce funeste destin, car tôt ou tard, nous nous éteindrons à notre tour, ne laissant derrière nous que des souvenirs que le temps se chargera de fausser.

La mort est douloureuse et difficile à accepter quand il s'agissait de quelqu'un de cher. On refuse souvent la réalité et l'on se remémore le passé afin d'élaborer différentes versions où la mort aurait pu être évitée. On se remet en cause, on accuse, soi-même ou quelqu'un d'autre. On essaie d'expliquer l'inéluctable. Mais les choses sont là, et si au début on n'a pas réalisé l'ampleur de la situation, rapidement après, la réalité vient frapper notre esprit avec rudesse. L'être qu'on aimait n'est plus, et ne sera plus jamais.

Ce coup du destin est dur, et parfois, on préfère s'ôter la vie pour « rejoindre » cette personne perdue, plutôt que de continuer à vivre.

La vie est si fragile.
Sa plume décolla enfin du parchemin, et Alester commença à lire ce qu'il venait d'écrire d'une traite. Il passa sa main dans ses cheveux, les ébouriffant. Sans avoir fini sa lecture, le jeune humain se releva et lança un regard mélancolique vers la fenêtre. La nuit était éclairée par la lune, et l'on voyait un peu de brume — la fenêtre faisait face au Nord — lui rappelant avec douleur l'emprise de Sybille. Il soupira alors, avant de souffler sur la bougie qui illuminait le bureau, et de rejoindre sa bien aimée dans leur chambre. Il entra doucement afin de ne pas la réveiller, referment la porte en essayant de minimiser le bruit.

Avant de s'endormir, il repensa à Mariel. Elle qui était venue à Rune pour aider à repousser Zaken, et qui avait été faite captive des vampires. C'était pour lui un sujet douloureux, car après tout, il la connaissait depuis maintenant longtemps. Souvent Alester se rappelait le passé, ses premières rencontres. Tant de personnes qui avaient changé, disparu. Mariel n'en était pas exempte, elle était même loin, très loin, d'être celle qu'il avait rencontrée. Rien n'est fait pour rester figé, et il en avait bien conscience, mais ses discussions avec elle lui manquaient tout de même. La voir devenir quelqu'un de différent l'ennuyait aussi.

D'émotive elle était passée à une personne sans expression ni émotion. Presque rangée du côté des vampires. Alester espérait que tout allait s'arranger comme pour Nolwaen qui était de nouveau heureuse, auprès d'Ilsendir. Tout comme Laën, qui avait retrouvé Angueran, ainsi que son sourire. Mais il n'avait joué aucun rôle déterminant dans ces retrouvailles, et doutait pouvoir réussir à ramener Mariel à elle-même. Une situation à laquelle il se sentait impuissant, en fin de compte. Se secouant la tête, il tourna son visage vers sa tendre au visage bleuit par les hématomes, et soupira.

« Quelle journée... » pensa-t'il.

Souvenirs de Paresse
La surprise, ou même une quelconque émotion, s'affichant sur le visage d'Adelphe était hors du commun. Quelques personnes le connaissant disaient qu'il était trop fainéant pour daigner changer les traits de son visage afin d'exprimer une émotion. C'était peut-être vrai pour Adelphe, mais désormais il s'agissait d'Alester. Et intérieurement, il était fier de lui d'avoir spontanément exprimé une émotion en présence de sa première invocation. Mais sa surprise n'était pas qu'une émotion ; la phrase que venait de prononcer son chat le laissait perplexe.

Le félin, renouvela d'une voix plate sa phrase :
— Tu n'es pas Alester.
— Parce que tu le connais ? demanda le jeune humain, sa voix étant au moins aussi plate que celle de son invocation.
— Suffisamment pour savoir que tu n'es pas Alester, répondit le chat aussitôt, comme s'il s'était attendu à ce que l'on lui pose la question.
— Et qu'ai-je de si différent ?
— Alester m'appelait car il se sentait seul, et avait besoin d'un compagnon. Toi, tu m'a appelé car tu devais le faire…
— Alors Alester avait réussi à t'invoquer ? demanda-t'il, sans expression particulière.
— Non m-
— Alors je fais mieux que lui, coupa le nouvel Alester.

Stoïque, le félin regarda le jeune humain quelques instants. Alester fit de même. Les deux se fixèrent l'un et l'autre pendant de longues minutes. La scène était curieuse. Le temps était comme figé, les deux s'observaient en silence. Le chat invoqué semblait jauger le potentiel de l'humain, alors que ce dernier semblait… dormir les yeux ouverts. Un moment très curieux et étrange pour quiconque les aurait regardés. Ce qui sembla durer plusieurs heures s'acheva au bout d'une quinzaine de minutes.

Le chat annonça alors :
— Erwin, je m'appelle Erwin. Il n'y a pas de temps à perdre, je crois.
— En effet.

Et aussitôt, les deux se mirent à travailler de concert. Une sorte de lien, de complicité, semblait s'être établie entre les deux êtres, sans qu'aucune explication ne puisse en sortir. Qui sait, peut-être était-ce là la magie de l'invocation... Et ce dont avait besoin Alester. Erwin, son chat, semblait empreint d'une grande expérience, et souvent, il travaillait bien plus que ne le faisait Alester. En effet, il fouillait les livres, faisait de l'ordre, et au final, il ramenait exactement ce dont avait besoin l'apprenti mage. En quelque sorte, il lui mâchait le travail.

Cela arrangeait bien Alester, qui en attendant, faisait plusieurs croquis… S'inspirant parfois de ce qui l'entourait, parfois utilisant son imagination, d'autres fois utilisant ses souvenirs. Il dessinait énormément, très certainement plus qu'il n'étudia. Et au fil des jours, des livres entiers se remplissaient d'esquisses faites à l'encre et au fusain. Des livres d'image comme il les appelait. Souvent, il se plongeait dans les esquisses qu'il avait tracées, s'immergeant dans un monde qui était sien. Un autre monde, un monde où il était libre — loin de ce moulin. Exactement ce dont aurait rêvé le « vrai » Alester…

La compagnie d'Erwin l'aidait beaucoup. Il était heureux de ne plus être seul, d'avoir avec qui parler. Heureux d'avoir réussi à utiliser la magie à sa convenance. Heureux d'avoir quelqu'un l'aidant dans son apprentissage. Même si le premier contact avait été froid, et mystérieux, les deux s'entendaient à merveille à présent. Et la curiosité d'Alester le poussait parfois à interrompre son compagnon dans son travail pour lui poser toutes sortes questions sur le monde d'où il venait — Elyseum — utilisant alors ce qu'il entendait pour garnir ses livres d'esquisses de bien d'autres croquis.

La magie avait offert au jeune humain une nouvelle vie ; une vie où il s'évadait. Il se plaisait souvent à penser que c'était son destin, de prendre la place d'Alester…
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » dim. 20 mars 2011 à 11h11

J'ai besoin de réfléchir. Laisse moi quelques jours. Geriel.
Ce mot, il ne l'avait ni anticipé, ni compris, ni ne s'en doutait. Ce mot posé sur son bureau, à son réveil ; pourquoi ? Le jeune humain était inquiet. Besoin de réfléchir sur quoi ? Il n'en avait que de vagues idées, toutes fausses. Il craignait qu'elle renonce à une vie paisible, qu'elle reparte au Nord enquêter, risquer sa vie. Reprendre un rythme tumultueux. Il n'en n'était rien… Il chercha à l'auberge, à la maison au Sud de Floran, il chercha à Gludin. Puis il comprit que vu qu'elle n'était dans aucun de ces lieux, c'est qu'elle ne désirait pas être dérangée. Soit, pensa Alester. Il accepta, et attendit à la Tour, patiemment — et inquiet. Que se passait-il ? Pourquoi devait-elle s'éloigner de lui pour réfléchir ? Réfléchir à quoi ? Toutes ces questions se dissipèrent peu à peu, le jeune humain se convainquant qu'il ne devait remettre en cause les choix des son aimée. Si elle avait besoin de quelques jours… Il se devait de la comprendre, et de les lui accorder. Il avait confiance en ses choix, même s'il demeurait inquiet. Inquiet que ce mot cache quelque chose de grave. Inquiet, et même pétrifié de peur, à l'idée qu'elle ne revienne pas…

Mais elle revint, un jour. Devant le pas de la porte, elle était là, les yeux rouges d'avoir pleuré toutes les larmes de son corps. À sa droite, se tenait Ilsendir — pourquoi ? Il la regarda, à la fois réjoui et soucieux de son état. Il s'approcha vers elle, vérifiant avec soin qu'elle n'était pas blessée. Cherchant à comprendre d'où venaient ces larmes qui avaient rougi son regard. Ilsendir partit rapidement, laissant Geriel sur le pas de la porte. Alester s'approcha pour l'étreindre, heureux, si heureux de la retrouver. Mais à la fois inquiet, si inquiet, de ce qui s'était passé. Mais l'incompréhension prit la place de l'inquiétude. Son aimée resta froide, distante. Elle se serait dégagée de son étreinte qu'il sembla qu'elle aurait apprécié. Alester eut l'impression qu'il ne serrait plus l'élue de son coeur dans ses bras, mais une parfaite inconnue, comme s'il s'était trompé de personne. Pourquoi, pourquoi me rejete-t'elle ?

Tous deux vinrent s'asseoir devant l'âtre. Le jeune humain ne tarda pas à comprendre : tout était de sa faute. Pire que tout, il ne s'en était même pas douté. Il ne s'en était pas aperçu. Il avait aveuglément blessé sa tendre, sans même le remarquer. Il se rendit compte qu'il n'avait pas tout dit à Geriel au sujet de Sybille alors qu'ellle essayait désespéremment de se montrer « utile », de le seconder. Lui haïssait Sybille et n'avait guère envie d'en parler tout au long de la journée, en enquêtant et même avec la personne qu'il aime le plus au monde. Mais elle, elle pensa qu'Alester n'avait pas confiance en Geriel. Qu'il se fiait aux rumeurs comme quoi elle était rangée du côté du Sombre. Elle pensa qu'il avait trahi sa confiance. Mais là n'était pas le réel problème pour Alester. Tout ceci, ce n'était que minime. Non, le véritable problème, c'est qu'il avait profondément blessé son aimée, au point qu'elle s'absente plusieurs jours sans même expliquer pourquoi, pour revenir le corps vidé de ses larmes. Avait-il été si sourd et aveugle ?

Il s'en voulu, si terriblement. Il se haïssait, lui qui venait de blesser au plus profond la femme qu'il aimait, et ce, sans même en prendre conscience. Il repensa à ce passé qui le suivait. Son égoïsme et son égo-centrisme l'avaient poussé à abandonner brutalement ses parents qui avaient tant donné pour lui. Ses parents, qui, dans la pauvreté et la misère, ont perdu la vie. Il avait perdu sa femme, aussi, sans savoir pourquoi, comment, ni même si elle vivait encore. Était-ce aussi parce qu'il s'était montré sourd et aveugle à ses souffrances ? Alester se rendit alors compte sa gorge était serrée, que ses yeux ruisselaient de larmes, qu'il serrait les dents pour cacher ses pleurs et souffrances. D'une main tremblante, il sortit d'une poche de son veston une broche à cheveux, qu'il avait acheté pour l'offrir à Geriel, lors de son retour. Pourquoi pleurait-il ? Ce n'était pas parce qu'il était peiné par la condition de Geriel. Pas parce qu'il repensait à ses parents, sa soeur. Ni même parce qu'il pensait à feu son épouse.

Non, les larmes qui coulaient, elles étaient là pour autre chose. Il savait que plus jamais il ne reverrait Geriel, et que ce serait le mieux pour elle. Alester tendit sa broche en annonçant « Avant que je ne parte… j'aimerais te faire ce cadeau… ». Après une étreinte, un baiser, un compliment, il s'en alla.
« Au revoir, Geriel… »
Alester s'en alla vers le généraliste de Gludio pour s'offrir une corde de chanvre. Puis, il quitta la ville.

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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » mar. 22 mars 2011 à 13h13

Vide, si vide. Plus même son ombre n'était là. Plus de sourire, plus d'expression, d'émotion, plus de peine ni de joie. Une fatigue, une paresse, un dépit. Plus aucune force, pas même celle de verser une larme. Il avait dû effacer son existence pour reprendre celle de son frère, se relever et tenir bon. Il le fit. Il voulu retrouver sa liberté et fuit la demeure de ses parents pour ne jamais revenir, suivre sa propre voie. Il le fit. Il apprit que ceux-ci périrent dans la misère, alors qu'il aurait pu les aider. Il s'en accommoda et se releva de cette lourde culpabilité. Il tomba amoureux, se maria. Il perdit sa femme, erra longuement. Il se releva, encore, et trouva ce second amour. Alors même qu'ils parlaient de se marier et qu'ils allaient enfanter, il la perdit à nouveau. Pourquoi continuer à se relever ? Ses ailes brisées et émiettées gisaient au sol, il n'avait cette fois-ci plus la force de rester.

Il regarda la mort, cet éternel repos qu'il désira par le passé lorsqu'il perdit Gaila. Il la regarda, envieux. Mais apprit que sa compagne, Geriel, ne restait avec lui plus que pour éviter d'être responsable de sa mort. Qu'elle voyait la corde qu'il s'était offert comme une menace. Alors, lui qui la déchirait déjà en Sud et Nord… Il ne put se permettre de s'offrir le luxe de mourir et d'ainsi la faire souffrir plus encore. Il regarda la vie qu'il avait menée jusque là, se demandant quel était le but de tout cela. Il avait pu parler avec quelques amis, et se convainquit de rester là, au sol, en morceaux, car eux ne voulaient pas non-plus qu'il parte. Il quitta la tour de Gludio en laissant un mot à l'attention de Geriel.
Spoiler:
Geriel,

J'ai appris pour tous les maux dont je suis l'instigateur, toutes les souffrances et peines que j'ai causées et continue toujours de provoquer. J'ai compris qu'auprès de moi Tu ne trouves pas Ta place, alors qu'aux côtés d'autres personnes si. Je Te libère alors de ces chaînes que j'ai inconsciemment — ou vicieusement — liées à Toi et qui Te font tant souffrir. Ces mêmes chaînes qui égoïstement m'ont rendu si heureux tandis que j'ignorais Ta peine.

Ce même bonheur dont je me suis si avidement abreuvé, dans l'ignorance de Tes plaintes, lorsque chaque fois Tu me souriais. Lors de ces plats préparés avec amour, aux surprises parfois étonnantes. Lors de ces chaudes étreintes et ces mots doux que Tu me réservais. Dès que Ta voix s'éveillait pour sonner des phrases ; à vrai dire, toujours pleines de bon sens et de vérité.

La honte me couvre lorsque je vois le mal que je Te porte en échange de tout cet amour que Tu m'offres. Un égoïsme intransigeant semble pervertir mon âme, et injustement faire souffrir la Tienne. Je souhaiterais bien Te dire « Je m'excuse », ou « Je suis désolé », mais je sens comme un écho creux dans chacun de ces mots, qui ne se dénotent que par leur inutilité ; car ce qui est fait est fait.

Bien évidemment, je ne pousserai pas plus le vice à Te faire culpabiliser de ma mort, alors je ne me la donnerai pas. Je vivrai, quelque part, suffisamment loin pour éviter de Te blesser à nouveau.

Puisses-Tu voler là où le bonheur Te porte, et trouver l'amour que je n'ai su t'apporter.
Paresse.
Il parait qu'elle y répondit, laissant un message sur son bureau — mais ce n'était plus le sien. Il n'était plus là, et à vrai dire, il n'avait même plus l'envie de répondre quand on l'interpellait, se demandant s'il existait encore.

Le plus dur, ce n'est pas la chute, c'est atterrissage.

Que comptait-il faire ? Rien. Quitter la tour de Gludio, quitter toutes ces affaires et enquêtes. Il n'avait fait cela que pour celle qu'il aimait, et si elle n'était plus là, à quoi bon ? Il marcha, se rendit sur cette plage de sable blanc. Regarda le banc devant avec mélancolie, et entra dans cette demeure au mobilier de pierre, pour ne plus en ressortir. Il invoqua son félin, sans savoir vraiment pourquoi. Et il versa une larme, s'étonnant d'en avoir encore. Les yeux rouges, il prit place sur un fauteuil en face de cet âtre éteint. Et il attendit, il attendit qu'elle vienne le chercher. Quand allait-elle venir ? Il ne savait pas. Mais il savait juste qu'un jour, elle viendrait le prendre en son sein, car un jour où l'autre, nous finissons tous par faire sa rencontre.

Souvenirs de Paresse

Sa vie n'était désormais plus qu'un souvenir.
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » mar. 19 juillet 2011 à 00h09

L'eau avait coulé sous les ponts. Le temps passait, les amis défilaient. La pente avait été rude, les traces de corde autour de son cou rappelaient sa proximité avec la mort. Mais il était là, décidé à être « comme avant ». Il se retira toutefois sur une île lointaine, temporairement, pour prendre du recul.

[HRP] Le récit suivant a volontairement été écrit différemment. À compter d'aujourd'hui, une mise à jour sera postée tous les deux jours — le texte est déjà rédigé mais c'est un trop gros pavé pour être posté d'un bloc. Toute remarque et critique sera grandement appréciée. Il s'agit des dernières mises à jour du BG de Paresse. [/HRP]

De l'autre côté de la porte s'étend un monde couvert de neige. Les belvédères de la ville colorent le blanc pur de la neige. La rue est couverte d'un fin duvet dans lequel mes pas s'enfoncent jusqu'aux chevilles. À chacun de mes pas un craquement murmure doucement dans ce monde tranquille. Les flocons qui tombent de cette nuit épaisse ne ressemblent aucunement à des flocons de neige. Le vent est tombé, alors ils dansent autour de mon corps. On dirait des plumes. Il neige depuis hier, et rien n'indique que cela changera les jours à venir. Ici, la neige est habituelle, mais les gens sourient car nous aurons un nouvel an tout blanc. Cela me rappelle combien le temps passe vite. Pour autant, je ne sais exactement quoi faire de mes journées, comme toujours. J'ai bien essayé de m'installer dans certaines rues, mais cela ne m'a pas remonté le moral. J'ai abandonné et me suis retranché dans ma chambre, à l'auberge, pour m'assoupir.

À mon réveil, la nuit était tombée et les coups de minuits déjà sonnés. J'ai alors réalisé. Mon carnet de dessin n'était plus avec moi, alors j'ai décidé de me rendre dans la rue où j'ai passé ma matinée. C'était aussi l'occasion de profiter de cette belle neige. Je suis parti sans me couvrir, et il neige plus fort que je ne l'eus cru, alors mon corps est tacheté de blanc, comme si des fleurs venaient éclore sur moi. Le souffle de la nuit et les flocons qu'il emporte viennent se heurter à mon visage, me donnant l'impression de plonger dans de l'eau glacée. À vrai dire, c'est agréable, car j'avais trop chaud dans ma chambre. La rue descend doucement et je fais attention à ne pas glisser sur un pavé.

J'arrive finalement à la rue où j'ai passé la matinée. Je me rappelle avec amusement un des passants, puis j'époussette mes vêtements et secoue ma tête pour en faire sortir la neige. Je sors mon monocle de ma poche intérieure, puis le mets. Je ne sens plus mes doigts, mais je creuse quand même là où j'étais assis. Ils sont gelés, ce qui ne rend pas la tâche facile. J'abandonne finalement pour chercher avec mes pieds. Dans un mouvement accompagné d'un bruit de feuille, je sens mon pied droit pousser quelque chose, alors je me penche et trouve mon carnet. Il est ruisselant de neige fondue et très froid. Je reprend mon chemin pour rentrer à ma chambre. Je regrette de ne pas m'être couvert. Je fais mes premiers pas fatigués sur le chemin lorsque soudain je perds toute sensation de mes pieds.

J'ai pensé avoir peut-être glissé sur un pavé. Je ne sens ressens plus mes pieds comme avant, je perds mon équilibre et tombe sur mes mains. Mon monocle s'envole non loin de mon point de chute. J'essaie de me lever, mais je n'y parviens pas. Mes mains rebondissent sans fin sur le sol, incapables de porter mon poids. Je retombe sur mon dos dans la neige. Un rugissement orageux remue l'air et transperce mes tympans. Au début, j'ai cru qu'un Dragon s'était éveillé. Le cri était intense à ce point. Je ne peux pas m'accrocher au sol, si fort pus-je essayer. Je parviens à relever ma tête pour regarder la rue. Je ne suis pas sûr de ce que je vois. La rue ondule, les maisons et boutiques se tordent comme du flan. Je comprends enfin que le problème ne vient pas de moi. Si je ne parviens pas à me relever, c'est parce que le sol est violemment secoué.

À l'instant où je comprends que c'est un séisme, mon corps est jeté dans les airs et le monde disparaît.

J'entends des tuiles glisser derrière moi. Le sol gronde comme un fenrir farouche. Je roule tant sur le sol que je ne sais plus si le ciel est en haut ou en bas. Je rebondis sur les pavés comme un poisson vivant s'asphyxie sur la rive d'un ruisseau. Mon dos heurte quelque chose de dur. Puis quelque chose de doux me couvre. Je vois tout blanc au début, mais la lumière est rapidement éteinte par quelque chose. Il semble que je sois enseveli par la neige. Pendant une seconde, je me dis que je vais mourir enterré vivant. Mais mon corps bondit du sol et rebondit sur la neige l'instant d'après. Je ne comprends plus rien. Je ferme mes yeux et me recroqueville.

J'entends des vitres exploser, de gros objets s'éclatent sur le sol, près de moi. J'entends les troncs des arbres se plaindre et rompre. Le temps semble s'écouler lentement. Je suis plus calme que j'aurais pensé l'être, dans cet instant de ralenti. Je pense à beaucoup de choses. Je sais déjà que c'est un séisme, et qu'il est le plus fort que jamais je n'eus connu. Pour ainsi dire, le seul. Je me demande de quoi j'ai l'air, à rebondir ainsi. Peut-être que je ne suis pas secoué aussi fort que j'en ai l'impression. Peut-être l'obscurité et la neige me font imaginer cela. Mais cette pensée optimiste est très rapidement réfutée. J'entends les décombres danser autour. Mon corps joue aussi cette danse. Je ne sais pas quelles sont mes chances de survie.

Je suis totalement inutile face à tant de force. Tout ce que je peux faire, c'est me recroqueviller. C'est comme si je n'étais qu'un grain de poussière. J'oublie la peur et laisse la nature faire son chemin. Je ne peux dire depuis combien de temps cela dure. Mon bon sens me fait dire que cela ne dure pas depuis si longtemps. J'ai l'impression de rouler et rebondir depuis une heure ou deux, mais ça n'a pas dû durer plus de dix minutes. Peut-être même cela n'a duré que deux minutes. L'espace entre chaque secousse s'allonge, et le tremblement s'amoindrit.

Le monde retrouve finalement son calme, et la neige continue tranquillement sa chute, comme si rien ne s'était passé. Par chance, je suis allongé sur ce duvet blanc, ni blessé, ni écrasé. Mon champ de vision s'élargit et presque toutes les lumières de la ville sont éteintes, sauf quelques incendies, tandis qu'un noir profond a avalé la scène désastreuse. Tout ce que je puis voir n'est qu'une vaste étendue de neige. Mon corps est tout endolori et couvert de bleus, mais il semble que je ne souffre d'aucune blessure mortelle. Mes vêtements sont déchirés et couverts de neige mêlée à de la boue, mais je devrais être heureux de ne souffrir de rien d'autre. Je ne retrouve plus mon monocle. Je reste immobile le temps de m'habituer à l'obscurité. Le monde prend lentement forme à mesure que je cligne des yeux.

La ville que je discerne vaguement s'est complètement transformée. Presque aucun des bâtiments n'est resté le même. Aucun n'a été épargné. Les belvédères sont sortis du sol, penchés, tordus, parfois même retournés à l'envers. Je ne vois personne, mais j'entends des hurlements et des cris tout autour de moi. Je reconnais à ma gauche la bibliothèque que j'étais venu consulter. Tous les livres sont tombés. Tout ce qui pouvait casser a volé en éclats, comme les verres, les fenêtres, les encriers. Je vois des morceaux éparpillés dans des coins vraiment inattendus. Les murs sont brisés, le parquet a éclaté, le toit s'est effondré. Je n'ose imaginer ce qui serait advenu d'une personne restée à l'intérieur. Elle aurait été attaquée par des objets voltigeant de tous parts.

Du sang commence à couler alors que je regarde en bas, et je réalise finalement que j'ai une coupure au front. Je ne sens aucune douleur, même quand je touche ma blessure. Je m'observe dans quelques débris de miroir et me voit couvert de sang, de boue et lacéré. Je décide de remonter la rue pour rentrer à l'auberge, retrouver mes affaires laissés à la chambre. Je crois que je me foulé le genou. Ici et là la rue est complètement fissurée, démontée. Je me dépêche sans prendre gare aux obstacles qui jonchent le chemin pavé. Des secousses refont surface de temps à autres et j'entends à chaque fois des bâtiments s'effondrer. Je ne sens aucune douleur, je ne sens rien. Je ne sais pas pourquoi.

Au début j'ai cru m'être trompé d'endroit, mais il s'agit bien de la pancarte de l'auberge. La grande bâtisse s'est affaissée, et ma chambre qui était au second étage est à présent au rez-de-chaussée. Sa porte est tordue et cassée, mais en forçant je parviens à entrer. J'ai l'impression de revoir cette bibliothèque éventrée. Tout ce qui pouvait casser a explosé. Tout ce qui pouvait bouger a voltigé. Tout est éparpillé, détruit. Je n'ose imaginer comment c'était à l'intérieur pendant le séisme. Je serais sûrement mort si j'étais resté. Il fait trop sombre alors je cherche ma besace. Son contenu a été vidé et dispersé partout lors de la secousse. En cherchant bien, je retrouve un cristal, que j'utilise alors comme lampe.

La lumière aveugle mes yeux maintenant habitués à l'obscurité. Je regarde mes seuls bagages : le contenu de ma besace. Mes écrits sont éparpillés, trempés, déchirés, écrasés. Ma plume, mon encrier aussi. Les feuilles d'Elbereth... je ne les trouve plus. Rien ne semble avoir été épargné. Rien ne sera plus comme avant. Rien ne remplacera ce qui a été perdu, ou cassé. Je réalise que la vie que je menais vient de s'arrêter. Je commence à fouiller les décombres pour récupérer tout ce qui peut m'être utile.

Je prends une carte, je rince ma coupure au front avec le contenu d'une flasque d'alcool qui était sûrement sur une table de l'auberge. Ça brûle, mais au moins, ce sera désinfecté. Je regarde si je n'ai pas d'autres blessures que je n'avais pas encore remarquées. Puis, je prends cette flasque, une miche de pain humide, la carte et un cristal, pour les mettre dans ma besace. Le sol remue encore et les murs craquent, se fissurent. Alors je pars au plus vite. Je prends au passage la veste la plus chaude qui soit à portée, m'emmitoufle dedans et passe par la porte défoncée.

Un monde surréaliste s'offre à mes yeux, où que je pointe mon cristal. Il y a très probablement des morts sous chacune de ces décombres. Pourtant, je ne ressens aucune tristesse. Ma vue valse comme si j'avais trop bu. Je décide de me rendre à la grande place. Les rescapés ont sûrement pris refuge là-bas. Mais la route est un parcours d'obstacle. Des bâtiments effondrés l'obstruent et les pavés sont sortis. Pour couronner le tout, de la neige et du gel les recouvre. Si je ne veux pas glisser, je suis forcé de faire attention. Parfois, je marche à quatre pattes. Mon genou me fait mal. À chaque secousse, je m'écroule au sol. Je porte beaucoup de vêtements sur moi. Je suis essoufflé, j'ai mal quand je respire, car je ne suis pas habitué à autant d'exercice.

Je ne connais pas bien la ville, mais tout est différent. Je n'ai plus aucun repère. Je crois que je suis perdu, malgré la carte. La neige et le vent m'empêchent de bien voir, derrière ou devant moi. Je commence à beaucoup transpirer sous mes vêtements. Je crois que la grande place est encore loin. Je ne sais pas combien de temps il me faudra pour réussir à l'atteindre, je ne sais pas non-plus quelle heure il est ni combien de temps s'est écoulé depuis la première secousse. Je passe devant des ruines en feu, les flammes lèchent le bord des fenêtres et de la fumée noire s'en échappe. Une fumée blanche nappe la rue. L'odeur est âpre. Parfois il y a un habitant, au regard vide, qui observe sa maison en train de brûler. Plus loin c'est une famille qui hurle la perte d'un enfant. De l'autre côté, c'est un loup à la patte cassée qui erre à la recherche de son maître.

Je regarde chacune de ces scènes d'horreur à mesure que je marche. Je trouve finalement une route sans beaucoup de bâtiments autour, c'est plus plat et je marche avec plus d'aisance. Soudain j'entends une plainte. Je regarde autour mais je ne vois que des ruines. Le vent trompe mon ouïe et je ne sais d'où cela venait. J'écoute ma respiration et calme mon esprit, j'ai dû rêver. Puis j'entends une voix très claire.
  • « - Il y a quelqu'un ? »
Ce n'est pas très fort, mais c'est proche. Le vent n'a pas réussi à détourner cet appel. Il s'agit de la voix d'une femme. Elle reprend alors.
  • « - Quelqu'un est là ? »
Je n'ai pas rêvé, il y a vraiment quelqu'un. La voix venait d'un bâtiment en pierre, qui semble avoir été plus chanceux que d'autres. Je grimpe par dessus la clôture pour entrer dans la cour. Il y a beaucoup de neige, je m'enfonce jusqu'aux genoux. À chaque pas, je sors intégralement ma jambe de la neige, et c'est épuisant. Alors que j'arrive devant l'entrée fissurée, je demande si quelqu'un m'entends. La voix me réponds alors.
  • « - Oui !… Je suis désolée… je suis coincée… vous pourriez m'aider ? »
J'entends cette réponse dans les ténèbres, alors je pointe mon cristal pour y voir. Tous les objets ont subi le même traitement que ceux de ma chambre. Plusieurs murs porteurs ont cédé et des morceaux du toit sont tombés, permettant à la neige d'entrer allègrement. Je m'avance avec précaution pour éviter de tomber, et j'arrive au fond de la maison. Des dessins d'enfant sont sur le sol, ou pendent sur des murs fissurés. Et il y a des cadeaux au sol, à l'emballage humidifié ou au paquet écrasé. La voix poursuit.
  • « - Par ici… par ici je vous en prie. »
La voix semble venir d'une pièce d'à côté, alors je me tourne dans cette direction. Une voix plus jeune répète, d'une façon très étrange et gaie.
  • « - Par ici… par ici je vous en prie. »
Un enfant ? Je continue de m'avancer avec prudence. Je découvre alors une très jeune fille, debout, immobile. Elle regarde fixement le cristal qui brille sans prêter attention à moi. Vêtue d'une robe blanche, elle est pieds nus. Elle a l'air très calme, comme si elle ne voyait pas la même chose que moi. Son air vide et son calme qui fait contraste avec la situation me donnent l'impression de voir une apparition. La pièce est dans un état horrible. Des armoires, des vêtements, des bureaux, des bijoux et des tiroirs, ainsi que l'étage qui s'est effondré, jonchent le sol. Il y a des poutres éclatées ci et là. Je décide de briser le silence.
  • « - Vous m'entendez ?… »
Elle ne répond pas et fixe toujours le cristal que je tiens dans ma main. La première voix me répond.
  • « - Je m'excuse… je n'arrive pas à bouger. »
La voix vient de plus bas, et je découvre aux pieds de la jeune fille une autre femme plus âgée — sa mère ? — allongée, face contre terre. Des décombres recouvrent tout son corps. Elle reprend.
  • « - L'étage s'est effondré sur nous. »
Je passe à côté de l'étrange jeune fille, et m'agenouille auprès de la femme. Il y a de la crème et du chocolat par terre, comme le nappage d'un gâteau. Je crois qu'elles fêtaient un anniversaire. Je demande finalement.
  • « - Comment vous sentez-vous ? Vous êtes blessée ?
    - Comment vous sentez-vous ? Vous êtes blessée ? répète la jeune fille, sur un ton gai, sans me regarder.
    - Ne ne vous inquiétez pas pour elle, me répond la femme coincée. Merci infiniment, je ne pouvais rien faire, reprend-t'elle en respirant rapidement.
    - Avez-vous mal ?
    - Non, je n'ai pas mal. Mais je sens quelque chose de chaud, par contre, me répond-t'elle. Je crois que ma jambe est coincée.
    - Excusez-moi, repris-je. »
Je me penche sur elle, ma tête posée contre sa nuque, pour regarder sous les décombres. Ils ne sont pas directement sur elle, il y a un petit espace entre et une chance pour que j'y voie quelque chose, avec mon cristal. Je ne parviens pas à voir clairement, alors je m'allonge complètement sur le sol, en posant ma tête contre la sienne.
  • « - Merci beaucoup… après le séisme tout allait bien, mais une secousse a finalement achevé l'étage… » me confie-t'elle.
Ce que je vois est si étrange que je n'en crois pas mes yeux. Je passe alors ma main sous les débris pour toucher ce que je crois voir, et je confirme ainsi mes doutes. Quelques débris nous tombent dessus. Je me dis que nous pourrions mourir instantanément d'une seconde à l'autre. Je prends mon temps pour confirmer mes doutes. J'aurais préféré m'être trompé, mais ce n'est pas le cas. Je retire alors mon bras, et m'assieds à côté. Je demande finalement :
  • « - Vous êtes sûre de ne pas avoir mal quelque part ? je la fixe.
    - Non, mais ma jambe coincée me fait un peu mal par contre, me répond-t'elle. Son visage est pâle lorsqu'elle me répond. Rien de surprenant.
    - Est-ce que… vous pouvez voir ceci ? Je lui montre alors ma main sortie des débris.
    - Votre main ?… Je suis désolée… je vois très flou, et il fait si sombre… N'est-elle pas un peu noire ?
    - Je vois. »
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Re: [bghumain] Paresse

Message par Niyaven » ven. 22 juillet 2011 à 15h54

Ma main est rouge jusqu'au poignet, dégoulinante de son sang.
  • « - Quelque chose ne va pas ? elle semble inquiète car je suis silencieux.
    - Je ne peux rien faire seul, il me faudrait de l'aide. Un puissant mage ou quelqu'un de costaud.
    - Ma jambe est si mal coincée ?
    - Votre jambe… je ne sais pas. Mais je vais être honnête. Une tige de fer est enfoncée dans votre ventre, et le transperce pour se planter dans le sol.
    - Qu…… ?
    - J'ai essayé de la bouger mais, elle tient ferme. Il faudrait un puissant mage pour léviter les débris, ou quelqu'un de costaud, afin de vous dégager. Mais vous avez perdu beaucoup de sang.
    - Ce… n'est pas possible… Elle reprend après un silence. Je ne sens vraiment rien… »
Un silence remplit la pièce tandis qu'elle regarde la masse de débris qui la piège au sol. Puis, elle reprend.
  • « - Je vais mourir, n'est-ce pas ? »
Je la regarde sans trop savoir quoi répondre. Puis, je réponds finalement.
  • « - Pour le moment, je ne sais pas. Je vais aller dehors chercher de l'aide. Si vous voulez me dire quelque chose avant, je vous écoute.
    - … Une dernière volonté, hein, dit-elle la tête posée face au sol, tandis que j'hoche en attendant ses derniers mots. Es-tu là, Danea ? Danea ?
    - Es-tu là, Danea ? Danea ? répond la jeune fille, le regard toujours posé sur du vide.
    - Danea… Pourquoi es-tu toujours si étrange… Ne veux-tu pas être comme tout le monde ? Oh… je vais sûrement mourir ici… se plaint-elle tandis que les larmes remplissent ses yeux. Danea recule en les voyant. La femme coincée essuie ses larmes en la voyant reculer, puis prend une grande respiration. Pardon… j'ai perdu mon calme.
    - Ce n'est rien, mais si vous voulez me dire quelque chose, faites-le maintenant. Je dois aller chercher de l'aide dehors.
    - Avant que vous ne partiez… laissez-moi vous demander quelque chose, dit-elle d'une voix déterminée. La jeune fille à côté s'appelle Danea. Elle est assez en retard… c'est pourquoi elle est si étrange. Puis-je vous demander un service ?… Je m'excuse, vraiment, mais…
    - Allez-y, dis-je en la coupant.
    - Je suis inquiète pour elle, si je meurs… elle n'aura nulle part où aller ni personne pour la comprendre.
    - Très bien, je m'en occuperai. Je reviens.
    - Attendez !… S'écrie-t'elle en s'agrippant à mon mollet.
    - Mais…
    - Personne ne viendra me chercher, n'est-ce pas… Il y a trop à faire ailleurs. Son regard se trouble et regarde le sol.
    - … ; j'hoche tristement en la regardant, dans un silence pesant.
    - Je crois que… je vais m'évanouir. Je commence à avoir mal, aussi, me dit-elle dans un murmure. Pourquoi n'ai-je pas eu cette douleur plus tôt ? Elle est terrible, j'ai mal. Il fait si sombre. Je ne vois plus rien, tout est noir. Alors… c'est ainsi que ça se finit ? elle soupire. Adieu, Danea.
    - Adieu, Maman ! répond la jeune fille sur un ton gai. Elle sourit et fait au revoir de la main. »
Un silence pesant tombe dans la pièce, et le vent qui jadis semblait crier donne plus l'impression de rugir et de gronder maintenant. Un violent air froid nous parcourt, son hululement se répète dans un écho abominable. Je suis presque certain que nous sommes au cœur d'un blizzard. Un grondement permanent semble nous entourer, sans que je sache ce que c'est. Je réalise que je suis en train d'attendre que la femme piégée meure et je me sens mal à l'aise. J'ai envie de partir au plus tôt. Je brise finalement ce silence pour demander :
  • « - Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? »
Elle ne répond pas, ses yeux sont clos. Le silence revient alors. Sa respiration devient de plus en plus fébrile, je la vois quitter notre monde. Ses lèvres remuent, je ne sais si c'est nerveux ou si elle essaie de me parler. Je crois qu'elle n'a plus aucune force. Je rapproche mon oreille de ses lèvres maintenant bleues pour l'écouter, tandis qu'elle respire et parle de toutes ses forces.
  • « - Oubliez… je retire ce que j'ai dit, me dit-elle d'une voix très faible.
    - Comment ça ?
    - Je vous en prie… tuez-la.
    - Hein ?
    - Tuez Danea… je vous en prie. C'est impossible, personne ne la comprendra. Elle n'aura plus de parents, plus d'argent. Elle ne pourra jamais vivre heureuse. Personne ne pourra prendre soin d'elle comme il le faut. S'il-vous-plaît, tuez la. Il faut la tuer, maintenant. Je vous en prie, tuez la ! Je ne peux pas la laisser dans un monde si cruel, tuez-la ! Elle ne va que souffrir, je vous en supplie, tuez-la !!
    - Je ne pourrais jamais tuer une enfant…
    - Oui… vous avez raison… Je suis si dure… Désolée… dit-elle en marquant une pause. Ses yeux vides se remplissent une dernière fois de larmes, puis elle reprend. J'aurais dû le faire plus tôt… »
Puis son souffle l'abandonne. Je crois qu'elle essaie de dire quelque chose d'autre. « Je suis désolée » ou quelque chose de similaire. Ses yeux se ferment doucement et elle se tait. Un silence gênant remplit ensuite la pièce. Je pose ma tête contre son dos. Son cœur ne bat plus, mais son corps est encore chaud. Mais il ne fait plus aucun bruit, c'est très troublant. Elle est morte.

Je remarque à côté du tas de gravats un sac rempli. Je pense qu'elle l'avait préparé. Il y a sûrement beaucoup de choses utiles dedans. Je le porte par dessus mon épaule. Je regarde Danea. Elle n'a l'air de ne souffrir d'aucune blessure, et son regard fixe le vide. « Partons. », dis-je. Elle ne réagis pas mais elle répond : « Maman ? Quand est-ce qu'on ouvre les cadeaux ? Je veux mes cadeaux, maman. ». Je décide d'attraper le poignet de la jeune fille, puis je l'entraîne dehors avant que la maison ne s'effondre sur nous. Comme je le pensais, le vent est encore plus fort. Le sac est lourd, souvent je perds mon équilibre et tombe. Danea semble perplexe et ne pas savoir où nous sommes. Elle ne comprends pas ce qui se passe, et à chaque fois qu'elle me voit chuter, elle reste immobile. Parfois elle s'arrête, et je suis obligé de la tirer derrière moi.

Mon genou me fait mal, et la neige a recouvert une bonne partie des ruines. Je suis complètement perdu. J'essaie de me dépêcher mais Danea, ainsi que mes bagages, me ralentissent, quand ce n'est pas le vent. « Allons-y, Danea. », dis-je, tandis qu'elle me répète d'une voie timide : « Allons-y, Danea. ». Puis elle reprend « Quand est-ce qu'on ouvre les cadeaux ? ». Je ne sais pas quoi répondre. Puis finalement, je lui dis « Plus tard, quand nous serons à l'abri. ». Elle répète alors « Quand est-ce qu'on ouvre les cadeaux ? ». Je soupire. Avant de partir je l'ai couverte d'un manteau chaud qui était dans le sac, et je lui ai mise des bottes. Mais je crains toujours qu'elle ne gèle. Elle ne se plaint pas du froid, ce qui m'inquiète encore plus.

La couche de neige a recouvert tous les dangers, tels que des pavés glissants, des pointes ou autres obstacles dangereux, alors j'ai pris une branche et m'en sert pour déblayer le chemin à mesure que j'avance. Ma veste est trempée, elle n'est pas faite pour de telles tempêtes. Je n'ai jamais vu de telle tempête, à vrai dire. Je ne vois ni les montagnes, ni les étoiles, ni les panneaux, pour me diriger. J'ai beaucoup de difficultés pour me repérer. Tous les monuments qui pourraient me guider ont été détruits et ensevelis par la neige. Pour arranger le tout, je crois que le séisme a changé la topographie des lieux. Je trouve des rivières là où je ne crois pas qu'il doit y en avoir, des pentes là où avait c'était une montée. Ou alors, je suis vraiment perdu. Je n'entends plus personne. Je ne vois plus personne. Je suis seul, avec Danea. Peut-être que les autres ont trouvé refuge. Peut-être suis-je le seul fou à marcher par un tel temps.

Je suis à cours de souffle. Mes jambes sont lourdes, épuisées. J'ai très mal à mon genou. J'ai froid. Je me sers plus de la branche comme canne plutôt que pour fouiller le sol. Je dois trouver un endroit où se reposer. Par chance, je vois qu'un bâtiment est relativement intact. Relativement, car quiconque de normal dirait qu'il est en ruine. Mais comparé aux autres bâtiments, il est en bon état. Ses murs sont fissurés, ses fenêtres explosées, et il est penché. Mais son toit a l'air de tenir. Je rentre alors dedans. Avec surprise, je découvre qu'il s'agit d'un temple. Il a l'air abandonné, mais c'est sûrement à cause du séisme. Le vent et la neige s'engouffrent à travers les vitraux brisés. Je demande :
  • « - Il y a quelqu'un ?
    - Il y a quelqu'un ? répète Danea. »
Je découvre alors qu'un homme se tient au centre. Ce dernier se retourne vers moi. Il tient à la main une lampe à huile, qu'il pointe vers moi, tandis que je fais de même avec mon cristal. Aveuglé par sa lumière, il cligne des yeux alors je baisse mon cristal. « Ça brille fort », me dit-il. Il sourit un peu alors que je cesse d'alimenter en magie le cristal. Il nous explique alors qu'il se nomme André, et qu'il est venu comme nous se réfugier ici en attendant que le blizzard cesse. Il se dirigeait lui aussi vers la grande place.

Le souffle d'André blanchit à chaque expiration, gelé. D'après ce qu'il me dit, j'étais effectivement perdu car je n'allais pas dans la même direction. Mais lui aussi a l'impression que le terrain a un peu changé.
  • « - Ce manteau de neige est vraiment entravant. Il réduit nos mouvements et la visibilité. Je crois qu'il est plus sage d'attendre que cela se calme avant de sortir, dit-il. Facile de se perdre par un temps pareil.
    - Oui, et il fait si froid. J'espère pouvoir me réchauffer un peu ici, mais avec ces fenêtres cassées, je crois que c'est perdu d'avance, dis-je.
    - Il y a bien trop de vent. Mais il y a un toit, c'est déjà beaucoup. Et personne n'habite ici, donc nous ne dérangeons personne. Je pense que c'est un bon refuge.
    - J'aurais préféré que quelqu'un habite ici.
    - Moi aussi, mais j'aurais trop peur qu'il meure écrasé par quelque chose, à cause des secousses. Je ne serais pas tranquille, me dit-il.
    - Oui, pas faux...
    - Elle n'a pas froid ? me demande-t'il en regardant Danea. Je me retourne alors pour la regarder. Il reprend. Elle a l'air étrange... encore sous le choc ?
    - Je crois qu'elle est toujours comme ça... Même si je ne peux pas trop dire, puisque je viens tout juste de la rencontrer.
    - D'accord... Il lève ensuite les yeux pour regarder le toit puis revient sur moi. Il y a une pièce plus loin, je vais essayer de voir si je peux trouver quelque chose d'utile. Tu peux surveiller les sacs pendant ce temps ?
    - Bien sûr. Faites attention.
    - À tout de suite ! »
Il s'éloigne alors vers le fond du temple, le bruit de ses pas se répétant dans un écho. Je regarde ensuite par la fenêtre le chemin d'où je viens. La neige et le vent sont battants alors je vois difficilement. Il fait très sombre. À vrai dire, je ne suis pas surpris de m'être perdu. J'abandonne la fenêtre pour m'asseoir sur un banc. Je retrousse mon pantalon pour regarder mon genou. Étrangement, il est intact. Aucune rougeur, ni blessure, et il n'est pas enflé. Je me suis peut-être fait des idées. Je remarque que Danea est accroupie au sol, en train de faire quelque chose, alors je m'approche et regarde par dessus son épaule. Elle est en train de reconstituer un vitrail cassé. Je suis impressionné. Elle prend les morceaux en les regardant à peine, comme s'il était évident que c'était eux, et les assemble sans en oublier un seul, dans le bon ordre. Même les petits bouts ne sont pas oubliés. Elle va à une vitesse folle. Alors que je la regarde faire, j'entends un bruit de pas derrière moi.

Il s'agit d'André, il tient quelques affaires dans ses bras. Il les pose sur un banc, puis éteint sa lampe en soufflant dessus. Le vent s'engouffre à travers les fenêtres et nous glace le sang. Danea, imperturbable, continue avec minutie sa reconstitution. Je l'abandonne alors pour me diriger vers André, et je regarde ce qu'il a ramené. Il y a du thé, des biscuits ramollis par l'humidité, et des étoffes de tissu. Il me propose du thé chaud, et je ne peux qu'accepter son offre. Il m'emmène dans la petite pièce au fond alors j'entraîne Danea avec moi en la tenant par la main. André constitue un petit foyer de feu au milieu de la pièce, et pose une bouilloire remplie de neige dessus. Comme pour détendre l'atmosphère, il me dit : « Au moins, nous ne manquons pas d'eau. ». J'acquiesce et je retire mes chaussettes pour les sécher près du feu. Après un silence, je rajoute : « Mais de tasses, si. ». André se gratte alors la tête. En dernier recours, je fouille le sac qu'avait préparé la mère de Danea. La jeune fille vient alors aussitôt, près du feu. Je la repousse un peu car elle est trop proche et va se brûler.

Le sac est rempli d'objets utiles, ce qui me fait penser que sa mère était prévoyante. J'y trouve des serviettes, des couverts, de la vaisselle solide, des gâteaux. Je suis pris d'un malaise et je regarde André. Il semble comprendre et hoche de la tête. Fouiller ce sac me donne l'impression d'être un pillard, mais je n'ai pas le choix. Je sors trois tasses du sac et André y verse du thé. J'en tends une à Danea. Étrangement, elle réagit très vite et la prends avec ses deux mains en disant « La tasse à maman ! », puis elle sirote le thé. La pièce est très obscure, la seule lumière est celle du petit feu. Il n'y a aucune fenêtre, mais au moins, nous sommes protégés du vent. Les murs sont fissurés. La pièce est vide, et je ne veux pas savoir à quoi elle sert. Une odeur agréable remplit la pièce peu à peu, celle de l'arôme du thé. L'homme me dit alors :
  • « - C'est si chaud. J'avais probablement plus froid que je n'aurais cru.
    - Il est brûlant, oui, dis-je en soupirant.
    - Tu as pas du sucre ? Je crois que Danea n'aime pas. »
Je la regarde et je vois qu'en effet, elle grimace à chaque gorgée. Je sors alors du sucre du sac et lui en verse dans sa tasse. Elle a l'air d'apprécier. Elle demeure très sérieuse quand elle boit son thé, mais je ne parviens pas à comprendre pourquoi. Chacun de ses mouvements est tendu, prudent. Peut-être a-t'elle peur de se brûler. Ou d'en gaspiller. Un silence remplit la pièce. Je le brise finalement.
  • « - Quel est votre métier, André ?
    - Je suis épicier. Ma boutique n'est pas très loin. Nous devrions y aller demain, je suis sûr qu'il reste des provisions encore intactes. Je baisse les yeux quand il dit cela, puis il poursuit. Car hélas, il sera difficile de se nourrir à présent. Et toi, que fais-tu ?
    - Je suis un voyageur. Cela me fait penser, je ne vous ai pas dit mon nom, dis-je en grimaçant, car je n'aime pas être impoli. Paresse, appelez-moi Paresse.
    - Enchanté. »
Contrairement à d'habitude, il ne me questionne pas sur mon nom. Je pense qu'il a l'esprit trop occupé. Le sol se met subitement à trembler. Encore une secousse. Le regard d'André et le mien se croisent, la peur se lit dans nos yeux. Quelques petits bouts de pierre, pas plus gros que des cailloux, tombent du plafond avec de la poussière. Danea s'agrippe à moi en me serrant fort, je suis surpris. Elle reste pendue à mon bras avec énergie. Puis, la secousse cesse. Au final, nous ne sommes pas plus en sécurité qu'ailleurs. Je demande à la jeune fille aggripée à moi :
  • « - Quelque chose ne va pas ?
    - Farine, œufs, saladier, sucre… dit-elle à voix basse, dans un flot de murmures incohérents.
    - Quoi ? demande-je en secouant sa main. »
Danea s'arrête alors de parler. Le silence revient. Encore, j'entends ce grondement distant. Un bourdonnement constant. On dirait de l'eau. Je pense que j'entends des choses, alors je préfère ne pas en parler. André se décide à parler.
  • « - Je ne suis pas un expert, mais je pense que nous plus en sécurité qu'à l'extérieur. Dehors le vent est fort, tout comme la neige. Nous finirions gelés, dit-il en souriant maigrement. Mais c'est quand même dangereux ici. Le toit pourrait nous tomber dessus. Mais ça a l'air d'aller pour le moment. Tu as vu quelqu'un dehors ?
    - Non, personne, dis-je en secouant ma tête.
    - Rha c'est dur de ne pas avoir d'information sur la situation ! Commente-t'il.
    - Vous cherchez des nouvelles de votre famille ?
    - Oh, non, j'étais avec eux lors du séisme, dit-il sur un ton neutre.
    - Ah ? Elle ne vous accompagne pas ? je suis surpris et ne peut m'empêcher de poser la question.
    - Lors du séisme, ma maison a pris feu, en fait. J'ai fait mon possible mais c'était trop dur. Ma femme, mon fils et mes parents ont brûlé dedans, dit-il sans joie ni peine. Je ne peux en vouloir à personne, les choses sont ainsi. C'est pathétique.
    - Pardon d'avoir demandé... dis-je sur un ton mal à l'aise.
    - Ce n'est pas grave. S'il y a un moment où il faut penser positif, c'est maintenant ! Sinon, on ne survivra pas, ajouta-t'il avec un sourire amer. »
J'hoche sans grande conviction et un silence déplaisant remplit la pièce. Je me sens mal à l'aise. J'essaie de me changer les idées.
  • « - Quand j'ai trouvé Danea, elle était pieds nus. Je me demande si elle est blessée, dis-je en me penchant vers ses pieds. Je les touche alors.
    - HIAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!! Danea se met alors à hurler sans raison, faisant sursauter André et moi, puis se recroqueville en se penchant en avant, puis en arrière, puis en avant... et ainsi de suite.
    - C'é…tait inattendu, dis-je en regardant André qui sourit un peu. Elle n'est pas blessée toutefois, c'est l'essentiel.
    - Tant mieux, nous avons beaucoup de marche pour rejoindre la grande place. »
    Le silence regagne la pièce. Je décide de briser le silence à nouveau.
    « - Nous n'avons pas d'autre choix que de rester ici en fait.
    - Hm ? André me regarde avec un interrogateur.
    - Le temps est exécrable, il fait nuit donc... nous devons attendre, en espérant que le toit tienne jusqu'à demain matin. »
Je soupire, et le silence reprend sa place. Je remarque que Danea s'endort peu à peu, ses yeux sont brillants, et elle vacille en arrière, les yeux clos, puis se reprend. Elle refait cela trois fois par minute environ.
  • « - Tu veux te coucher ?
    - ... »
Je touche sa main et elle murmure quelque chose d'inaudible, avant de s'endormir contre une veste étalée au sol. Je la recouvre. Sa façon de s'endormir instantanément m'apaise, et je crois que cela apaise aussi André. Nous discutons à voix basse de toutes sortes de choses, en évitant le sujet du séisme, pour éviter de nouveaux silences. Peu après, nous nous endormons près du feu. André se réveille toutes les heures pour rajouter des bouts de bois au feu. Il les prend des poutres cassées, des tables, des bancs. De tout ce qui peut brûler.

Il me secoue finalement l'épaule, et je me réveille. Rien n'a changé dans la pièce. J'ai l'impression de n'avoir dormi que deux minutes, mais il m'assure que je dors depuis plusieurs heures, je décide de le croire. Plus important, il me dit que le jour se lève, et qu'il doit être environ huit heures. Il m'avoue surtout que l'extérieur est très étonnant. Je regarde Danea, qui dort toujours profondément, et quitte la pièce avec lui en évitant de la réveiller. Je me rends compte à quel point la pièce était chaude en pénétrant l'allée aux fenêtres éventrées. Il fait très froid. Je suis André jusqu'à l'entrée du temple et je regarde l'extérieur. Il neige toujours aussi intensément. Les flocons portés par le vent martèle le sol, pour construire un amas épais de neige. Toutes les habitations se sont effondrées. Le poids de la neige n'a rien arrangé. Aucun bruit ne trouble le calme dérangeant de la neige. Le hurlement du vent a cessé. Il n'y a personne aux alentours — de vivant, du moins. Le ciel est presque blanc, je ne sais d'où se lève le soleil. Je n'arrive pas à distinguer l'horizon. Le ciel se confond avec le duvet blanc qui recouvre le sol. Mais avant tout, mes sourcils se froncent inconsciemment et je tourne la tête vers André. J'ai du mal à croire ce que je vois, mais le maigre sourire sur ses lèvres, signe de son amusement en me voyant médusé, me confirme qu'il voit la même chose.
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