[BGHumain] Mariel.

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Shimy
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[BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » jeu. 22 juillet 2010 à 13h01

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Description : Mariel a retrouvé un semblant de sourire, mais garde une tristesse certaine, dessinée sur son visage.
Sa grande maladresse et son pusillanime persistent, lorsqu'elle est confrontée à un grand groupe d'inconnu, mais elle se sent à présent nettement plus à l'aise avec les personnes qu'elle connaît.
Elle garde pourtant quelques mimiques de timidité qui ne semblent pas pouvoir s'effacer.
La jeune fille, malgré son apparent changement, garde son visage d'adolescente. Mais elle n'a plus cette incertitude, et cette allure candide dans son regard. Elle paraît changée. Ses yeux autrefois d'un clair bleu océan ont virés au bleu sombre, nuit. Une lueur inhabituelle est apparue dans ceux-ci, comme une énorme culpabilité. Renforcée par des cheveux noirs de jais qui lui entourent le visage et tombent en cascade sur ses épaules.

Autres (particularités) : Discret collier elfique accroché à son cou. Effrayée par les chats.

*

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Beaucoup d’histoires se ressemblent. On choisit une voie, nos parents ne sont pas d’accord avec celle-ci, on s’enfuit et on devient le plus grand des héros.

Je n’ai jamais connu mes parents. Parfois, j’en suis heureuse. Peut-être qu’eux non plus n’auraient pas approuvés mes choix. D’ailleurs, si je ne les ai pas connus, c’est qu’ils ne m’ont pas approuvée tout court.

C’est en voyant passer une jeune elfe que mes souvenirs refirent surface. Étendue à l’ombre, mordillant un brin d’herbe, je remerciais à nouveau le ciel d’avoir mis l’un de ses semblables sur ma route.


Non, je n’ai pas été élevée par les loups. J’ai été retrouvée au bord d’un lac de l’Île aux Murmures, suite aux nombreux hurlements poussés à cause de la faim qui me rongeait les entrailles. Celui qui m’a recueillit ne savait pas depuis quand je criais. Moi non plus d’ailleurs, mais au moins, il était là. Mon sauveur s’appelait Elros. C’était un Elfe, oui un Elfe. Le seul qui eut l’esprit d’aller voir d’où venaient les cris était un Elfe. Je m’en souviens grâce à l’éclipse de ses oreilles, qui formait une ombre agréable sur mon visage, et me faisait sentir la légère et rare brise qui se faufilait entre ses cheveux d’or, me chatouillant le nez de temps en temps. On m’a plus tard conté que dès lors où il me prit dans ses bras, je me mis à rire, comme si jamais un sourire n’avait éclairé mon visage. Amusé par tant de joie, et pensant que j’avais été rejetée par mon propre peuple, l’Elfe m’emmena chez les siens, au Village de Cefedellen. Probablement le lieu le plus sacré de ce monde, et me laissa chez Vairaë, sa tante.
C’est elle, qui eut ma charge durant quelques années..
*

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Mes premiers souvenirs commencent ici. Une maison lumineuse, des draps fins et duveteux toute l’année, et une éducation elfique célèbre pour sa politesse et son respect. Vairaë prit soin malgré tout de m’apprendre la langue humaine, et quelques bases de la culture du peuple que je n’avais jamais connu. Elle mit le doigt sur la religion fortement respectée par notre race, ce qui, je m’en rends compte aujourd’hui, dû peut-être la gêner, étant donné le paganisme de certains Elfes.

Dès que la capacité m’en fût donnée, je m’enfuis à la bibliothèque, lire le plus d’ouvrages parlant des miens. Qui étaient-ils ? Pourquoi les elfes avaient-ils un tel enclin à l’entraide plus évolué que les autres races ? Quelles étaient les autres races d’ailleurs ? Étant jeune, je ne comprenais pas tout ce que me disaient ces bouquins… J’avais alors compris que d’habitude, les Orcs et les Elfes Noirs étaient souvent mauvais, et que les elfes étaient bons. Alors que les humains pouvaient avoir des tendances plus aléatoires. C’est ce j’ai retenu de ces livres, du haut de mes 8 ans.


C’est un jour que j’étais plongée dans le livre « Capacités extraordinaires Humaines » que j’entendis des pas derrière moi. Des pas insistants. Une démarche que je connaissais. Je levais la tête et découvrais Elros, que je n’avais pas vu depuis 5 ans. Je me levais dans un sursaut de bonheur de me jetais dans ses bras. Je ne sentis aucun bonheur émanant de lui. Aucune émotion en réalité. Les livres que j’avais lus sur les elfes étaient donc vrais. Une fierté envers leur race qui les empêche parfois d’avoir un quelconque sentiment tangible envers une autre espèce que la sienne. Il me caressa furtivement le dos, et ramassa le lire que j’avais fais tomber.


« _ Et toi Mariel, quelles sont tes... "capacités extraordinaires" ? me demanda-t-il d’un air dégagé.

_ Et bien..., hésitais-je, et bien.. Toi, que fais-tu ?

_ Moi ? Il sourit. Je chante Eva pour qu’elle me donne le pouvoir d’abattre mes ennemis !

_ Et que faisait Vairaë lorsqu’elle avait encore la force de combattre ?

_ Tante Vairaë maniait la dague à la perfection. Et sa vitesse en plaines était telle que même les meilleurs yeux ne pouvaient la voir passer. »

Devant ma moue perplexe, il me posa à nouveau la question.

« _ Et toi Mariel ?

_ Ça me fait peur toute cette violence. Moi j’veux pas combattre…

_ Tu sais, me répond-il, on dit toujours ça lorsqu’on est jeune. Et puis, lorsqu’on a quelqu’un à venger, la peur n’existe plus… Et si vraiment tu n’aimes pas la guerre, aide au moins ceux qui la font, et ceux qui te protègent. »


Après ces brèves paroles, je sentis enfin un sentiment émanent de lui. Assez indescriptible je dois dire. Un mélange de compassion et de générosité. Il voulait que je devienne quelqu’un. Et il m’a donné cette envie. Cette envie d’aller plus loin, de me battre pour les miens, de protéger ceux que j’aime. Mais le problème restait le même. J’avais peur du combat. J’ai essayé pourtant. Elros m’ayant parlé du chant d’Eva, je voulu tester. J’eu une bien mauvaise surprise en apprenant que ces compétences étaient réservées aux elfes. Je me suis alors entraînée à tenir une épée. Le résultat fût catastrophique, je me sentais honteuse. Principalement quand Elros me regardait, aussi discrètement soit-il.
En même temps, j’avais 11 ans à l’époque.

L’elfe me mit alors un bâton de mage entre les mains. Les résultats furent plus concluants. J’arrivais à faire un peu de lumière. Quelques étincelles jaunes par-ci, quelques étincelles rouges par-là… Mais lorsqu’Elros me demanda de tester sur un petit mannequin de paille, je restai bloquée. J’imaginais avec horreur une personne réelle, ou une bête sans défense. J’étais paralysée, tétanisée par l’idée de devoir faire du mal à quelqu’un. La brise était alors un bon prétexte pour fermer les yeux. Et je sentis au plus profond de moi des larmes, de honte à nouveau.
Après deux ans d’essais non fructueux, mon sauveur m’enleva le bâton des mains. Je n’ai apprit qu’à cet âge qu’Elros signifiait Écume d’Etoiles. A croire qu’il venait vraiment des cieux. Il ne perdait pas espoir. Enfin, semble-t-il…


« _ Bien, lâcha-t-il dans un soupir, tout en gardant un léger sourire pour ne pas me faire perdre espoir. A première vue Mariel, tu as raison, l’attaque n’est pas faite pour toi. »

Il s’accroupit pour arriver à la hauteur de mon visage.

« _ Mais tu sais, il y a encore un noble métier que tu peux exercer. Il sourit. Je t’ai parlé d’aide aux autres, de protection, te souviens-tu ? Voilà ce que tu peux faire.

_ Et c’est quoi ce métier ? Demandais-je, pas vraiment convaincue. »


Il me regarda un moment. C’est la première fois que je voyais cela dans ses yeux. De la malice, une sorte de complicité.

« _ Pourquoi n’irais-tu pas voir à la bibliothèque ? Me glissa-t-il dans l’oreille, avant de se relever, et de disparaître dans l’Eglise. »
Toujours pas convaincue, je restais un moment assise, à contempler l’Arbre Mère. Le vent glissant dans ses feuilles et le clapotis des oiseaux dans la grande fontaine formaient une mélodie harmonieuse. L’espace d’un instant, du haut de mes 13 ans, je ne voulais rien faire de mon futur. Juste rester là, et profiter de la magie du village Elfique. Ne plus quitter le cocon qui m’avait si bien élevée.
Je me décidais après quelques pensées philosophiques. Je repris le livre d’il y a 5 ans. « Capacités extraordinaires Humaines ». Je regardais les différents métiers qu’avait tenté de m’apprendre Elros. Puis, tout en bas, il y avait clerc. Avec deux bifurcations : La première pour soigner les autres. L’autre pour les aider au combat.

Peut-être étais-je vouée à être une guerrière pleine de rage. Le prénom que m’ont choisit les Elfes signifie pourtant « Celle qui élève » , étais-je alors prédestinée à aider les autres ?
Animée par un nouveau désire d'apprendre, et étant dans l'incapacité de m'approcher d'une goutte de sang, je me penchai sur la seconde voix.


« Celui qui est à terre ne peut aider celui qui tombe. »


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Dernière modification par Shimy le dim. 25 mars 2012 à 22h35, modifié 4 fois.
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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » jeu. 22 juillet 2010 à 13h03

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De l’entraînement, de l’entraînement…

Je voulais aider. Faire sourire. Faire le bien. Faire tout en même temps.
C’est quand je quittais pour la première fois la région Elfe pour l’Ile aux Murmures, sur le bateau en partance de Gludin, que je me suis sentie vraiment seule. Arrivée sur place, je me rendis au temple, et expliquais mon Histoire au grand Prêtre. C’est là que j’ai commencé mon apprentissage. Les gens me donnaient 18, 19 ans, et trouvaient que je commençais bien tard, mais peu m’importait, j’avais trouvé l’Envie.
L’Envie, l’Envie…
C’est la seule chose que m’aidait. Je marmonnais jours et nuits des formules simples, mais qui devenaient au fur et à mesure plus puissantes. En une semaine, je devins clerc au temple d'Althéna. Enthousiasmée par l’apparente facilité du métier, je continuais dans la même voie.

Malgré ma timidité, je réussis à rencontrer de généreuses personnes, qui m’offrirent un toit. C’est Jaëlle qui m’invita dans son gîte de Dion. Gîte où je croisai d’autres individus, tous plus accueillants les uns que les autres, et aux histoires souvent bien plus palpitantes que la mienne.


Ravivée, mais aussi rassurée par tant de bonté et de sourires, je m’aventurai plus confiante en ces terres hostiles. Et c’est là, étendue dans l’herbe et voyant passer une jeune elfe, que j’ai commencé à vous conter mes souvenirs.
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Dernière modification par Shimy le mar. 30 novembre 2010 à 12h34, modifié 1 fois.
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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » dim. 15 août 2010 à 10h57

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Heine, face à la mer. Je n’avais pas besoin d'aller chercher loin mes souvenirs, car beaucoup de faits marquants se sont passés au court de ces quelques semaines. C’est en souriant que je m’en remémorais quelques uns, et avec tristesse que j’essayais d’oublier les autres.

La notoriété. Beaucoup en Elmoreden souhaitent l’acquérir. Je me suis toujours posé la question quant à son utilité. Mais à première vue, ça rassure les gens d’être connu et reconnu des les rues des villes et villages. Être abordée n’importe où et par n’importe qui est quelque chose qui m’effraie. Cette timidité ne me mènera pas bien loin je suppose. Mais pour l’instant elle ne m’a pas encore faite reculer.

*

Je m’étais arrêtée au gîte de Dion, précédemment. Lieu bien atypique, mais où je rencontrais des personnes comme moi, que le combat repousse. Comme Jaëlle, médecin dont la sociabilité me rendait parfois jalouse, et toujours enjouée de voir quelqu’un dans son gîte. Le quelqu’un, ce fut généralement moi. Moi et Paresse, qui étions souvent à discuter dans le salon. Cet adolescent, lui aussi rencontré au gîte, était la personne avec laquelle je passais le plus clair de mon temps. Et c’est quand je pense à nos conversations que je me demande pourquoi certains cherchent la notoriété.

J’ai appris beaucoup sur lui. D’ailleurs, c’est l’un des seuls à en avoir beaucoup apprit sur moi. Il savait à peu près d’où je venais, et pourquoi j’étais ici. Il m’a aidé dans mon cheminement vers le métier d'ecclésiaste, et c’est ensuite pourquoi je l’ai aidé dans sa recherche de.. Je ne sais pas. Informations confidentielles sur des laboratoires secrets où l'on tenterait des expériences interdites… Tout ce qu’il m’a confié était surement très important. Je n’ai malheureusement pas compris de quoi il s’agissait. Je savais juste que c’était plutôt dangereux, vu l’état dans lequel est revenu l’adolescent après en avoir visité un, et le temps que Jaëlle a mit pour le soigner.

C’est pendant ces soins que je me pris d’affection pour Keren, une elfe qui tenait le gîte avec Jaëlle. Cela faisait plusieurs centaines d’années qu’elle parcourait les terres d’Elmoraden. Elle me racontait les histoires de la maison où elle habitait depuis longtemps, les quelques aventures qui lui étaient arrivées, mais surtout les avantages et les contrariétés d’être restée aussi longtemps sur ces terres. Elle aimait le fait de tout connaître par cœur, les moindres recoins d’Elmoreden, elle les connaissait comme sa poche. Mais malheureusement, je vous laisse deviner les inconvénients que posent une telle longévité. Rencontrer des gens, les apprécier, les voir disparaître. Qui sait, peut-être me verra-t-elle disparaître aussi.

*

Prendre confiance, voilà ce qui me préoccupait. Ayant lu une petite affiche placardée à Giran annonçant une soirée masquée, je me suis lancée.
Je souriais bien plus encore en me remémorant celle-ci. Enfin.. Me remémorant… On peut vraiment dire que c’est une façon de parler. Me rappeler ce que les gens m’ont racontés le lendemain serait plus concret… J’ai honte de dire que je n’ai aucun souvenir de ce bal. Si, celui d’un cochon, peut-être. Mais surtout, la révélation que cette saltarelle fut organisée par des vampires. C'est cependant avec amusement que Paresse me racontait que ma timidité n’était plus d’actualité lors de cette soirée.

Je me rendais régulièrement au temple. Je voulais continuer à lire, à apprendre, à savoir. Je voulais étudier. Et c’est un jour ensoleillé de brilleblé que mes compétences furent assez élevées pour que le Grand Prêtre me donne enfin la qualification d'ecclésiaste.

Prendre de l’assurance, encore. C'en devenait dramatique.




Et puis, plus rien. C’est une phrase qui aurait pu être prononcée. Cependant, quelques semaines passèrent, et non à vide. Petites et agréables rencontres, comme Khira, toujours prête à aider. Et puis, cet étrange duo, composé d’une elfe ennuagée et d’un orc très terre-à-terre… Sympathiques et toujours enclin à l’entraide, très penchés sur la sauvegarde des terres. Mais surtout particulièrement attachants.

Rencontre plus étrange encore. Abordée en pleine rue par un homme qui s’est accroupit vers moi, m’a regardé dans les yeux, et m’a seulement dit que j’étais une observatrice, ou je ne sais quoi.. Devant s’absenter, il me confia qu’il était régulièrement au Village des chasseurs. Quelle idée. Non, pas « quelle idée » pour son « invitation », mais « quelle idée » m’est passée par la tête pour m’y rendre et l’y attendre. Il vint comme il m’avait prévenu. Après un bref échange de parole, je pris conscience de mon geste ridicule que d’être venu le voir, bégayait de plus en plus, et partit. Bien plus embarrassée et bien plus gênée que je ne l’avais été le jour où il vint me parler pour la première fois.

Lui ayant confié ma phobie pour le sang, c’est ici-même, à Heine que je l’ai revu une troisième fois. Et qu’il me proposa son aide pour annihiler cette peur. Il tenta, c’est vrai. Mais mon effroi était sans doute à la hauteur de mon gêne et de ma timidité. L’homme s’adressait à moi comme à une élève, et me dit qu’il fallait qu’il revoie sa technique. Peut-être est-il encore en train de la peaufiner, en tout cas, je ne l’ai jamais revu. Seryn, si je me souviens bien. C’était un médecin… Mais je n'ai plus de détails…

Il connaissait Gali. Paladine du gîte de Dion. Gali, qui apprenait l’exorcisme et avec laquelle je me suis liée d’amitié grâce à Paresse. Nous avons découvert l’intérêt commun d’aider un jeune elfe nommé Eannor, toujours accompagné d’un poulet à deux têtes… Il voyait des esprits semble-t-il, depuis qu’il s’est retrouvé face à face avec un spectre. Et une tâche étrange était apparue sur son front. Le jeune elfe a pourtant disparu avant que nous puissions faire quoi ce ce soit pour son cas.

*


Et puis, plus rien. Et cette fois-ci, c’était vrai. Plus rien. Pas l’ennuie, mais l’égarement. J’étais juste perdue. Tant d’événements s’étaient passés, et presque plus appelée. En réalité, le sentiment d’être inutile. Me rappelant avec tristesse les ruines de Giran, presque à l’image de mon moral tombé au plus bas. Ne sachant presque toujours pas qui fait le bien et qui fait le mal, en Elmoreden. La disparition soudaine de Paresse et Jaëlle influait sans doute dans la baisse de mon état psychique.

*

Je levais un moment les yeux au ciel. Ces études ne sont pas terminées. Une légère brise s'était levée à Heine, ville de médecins, et où j’aimais passer mon temps, à présent. Et ces sans cesse lectures m’embêtaient. Est-ce si utile, d’apprendre les prophéties des Dieux alors que tant d’excellents médecins peuvent faire des miracles après un combat.
Les Dieux aident ceux qui agissent.

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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » dim. 29 août 2010 à 19h29

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Les jours passaient sans grand changement. J’aidais les quelques personnes qui en avaient besoin, mais elles restaient rares. Mon moral bas stagnait, mais je voulais continuer mon apprentissage. Les bibliothèques d’Heine et de la Tour d’Ivoire étaient devenues mes deuxièmes maisons. J’y passais sans doute plus de temps qu’au gîte du Havre Blanc. Gîte qui semblait d’ailleurs se vider, au fur et à mesure.

*

C’est un frais matin, lorsque je me rendais à Giran pour me rendre compte des changements que la ville avait subit depuis ma dernière venue, qu’un sourire réapparut enfin sur mon visage après plusieurs semaines d’amère errance. La silhouette d’un adolescent s’était dessinée à côté de la passeuse, je la reconnue aussitôt. Paresse n’avait donc pas disparu. Il m’expliquait qu’il avait rejoint sa fiancée, et qu’il n’avait pas vu le temps passer. Il allait se marier avec celle-ci, et cherchait quelqu’un pour les lier, et les bénir lors de leur mariage. Il me demanda, l’air de rien et c’est avec fierté, mais aussi beaucoup d’angoisse, que j’acceptais d’être ce quelqu’un.

Nous parlâmes longuement de ce qui s’était passé durant ces semaines. Les affaires du gîte m'inquiétant, il s’attardait sur le sujet pour m’expliquer qu’il avait tenté d’inviter quelques autres personnes. Mais que peu à peu, d’autres partaient. Laën et Gali ayant rejoins la Vindicte, elles ne s’arrêtaient presque plus au Havre Blanc. Il me conta la triste disparition de Cala, que je n’ai jamais connu. Le départ d’une certaine Vesperle, et sans doutes, bientôt, la sienne. Nous n’avions pas encore évoqué Jaëlle, mais elle vint rapidement dans nos conversations. Elle ne reviendrait apparemment plus, car emprise d’un démon qui la rongeait de l’intérieur. Ses réactions seraient alors incertaines face à nous, car elle ne nous reconnaîtrait plus. Jaëlle, en s’enfuyant, aurait donc éloigné ce démon qui aurait pu faire du mal aux autres, mais aussi et surtout à elle-même. Cette nouvelle, même si elle restait incertaine, bouleversait toutes personnes qui la connaissaient de près ou de loin, car la médecin était connue et reconnue pour sa gentillesse et sa dévotion.

Je rencontrais quelques jours après Meilina, une des résidentes permanentes du gîte, et aussi celle que je n’avais encore jamais rencontré. Elle me confirma, souriante, mon entrée au gîte, et mon statut de membre en leur sein. Je n’étais désormais plus une invitée, mais une résidente du Havre Blanc.

Les gens souriaient lorsque je feintais d’être attendue à Heine, en plein milieu d’une conversation, alors qu’en réalité je passais mon temps dans la bibliothèque de la ville. J’avais dévoré en quelques semaines plus de dix manuscrits parlant des Dieux, et les prophéties leurs étant liées. J’avais la chance d’apprendre vite, et un jour, étonnamment, les livres vinrent à manquer. Je m’étais renseignée auprès de beaucoup de bibliothécaires, même ceux de la Tour d’Ivoire. Et plus aucun livre sur les Divinités, la foi, les pratiques, les prophéties…, n’était disponible à la lecture. En sommes, j’avais finis mes études. Le Grand Prêtre m’avait confié que mes connaissances religieuses étaient telles que je pouvais être qualifiée d’Hiérophante, à présent.

La théorie, c’est bien ; mais la pratique, c’est mieux. Mes connaissances étaient peut-être grandes, mes bénédictions en revanche n’étaient pas toutes adaptées. Il ne me restait donc plus qu’à apprendre comment utiliser les prophéties apprises.

*

Mais ces prophéties m’importaient peu, à présent. Heureuse d’être qualifiée d’un des plus hauts grades de l’Eglise, je décidais de retourner au village où j’avais grandis, pour montrer à Elros que ses efforts n’avaient pas été vains. Arrivée au paisible et harmonieux village, je me dirigeais vers la demeure de Vairaë. Rien n’avait changé, les chants des oiseaux formaient toujours une douce mélodie lorsqu’ils étaient mélangés au bruit de la grande fontaine, et les rayons du soleil qui se faufilaient entre les branches et les feuilles de l’Arbre Mère dispersait dans le village d’agréables jeux d’ombres et de lumières. J’entrais silencieusement chez celle qui avait prit soin de moi pendant près de vingt années. Là aussi, tout était identique. Les meubles anciens mais entretenus dégageaient un charme que l’on ne trouvait qu’ici, l’odeur des plantes elfes disposées aux quatre coins du logis me rappelait de façon nostalgique les heureux moments que j’avais passés ici. Je souriais, inconsciemment. Quels merveilleux souvenirs. La porte de la cuisine était entrouverte, et je respirais d’agréables effluves émanant de celle-ci. Vairaë tourna la tête et ouvrit totalement. Je remarquais dans son regard que pendant un instant, elle ne m’avait pas reconnue. Après ce moment, elle sourit, et s’avança pour m’enlacer.
« _ Quel bonheur de te revoir aussi changée, Mariel. Tu sembles tellement plus mature et sûre de toi. »

Je me séparais de son étreinte et souriais à mon tour.

«_ Bon nombre de personnes rencontrées riraient s’ils t’endentaient dire ça, Tante Vairaë ! »
Devant son regard interrogateur, je lui expliquais longuement mes nombreuses rencontres et péripéties, depuis le jour ou j’ai quitté Cefedellen à aujourd’hui. Mon horrible timidité, mes nouveaux pouvoirs, mon nouveau statut, le gîte de Dion… Et tout ce dont je vous ai parlé jusqu’à maintenant. Je lui expliquais aussi que j’étais venue principalement pour Elros, ce qu’elle comprit parfaitement.

Elle me confia qu’il était partit au sud de la Zone Neutre, où il avait aperçut des individus suspects rôder autour des terres elfiques, et qu’il reviendrait sous peu. Mais trop impatiente pour attendre, je décidais de le rejoindre sur place.
Mauvaise idée.
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Enjouée de faire une surprise à Elros, je m’équipais, et pris la passeuse pour la zone neutre. Après quelques minutes de marche à tourner la tête à chaque chemin pour tenter de l’apercevoir, je m’arrêtais devant de grandes ruines elfes. J’avais entendu du bruit, parmi elles. Des cris même, de souffrance. J’aurais pu prendre peur et rester cachée, mais le son de la voix implorante était familier. C’était Elros. Je détournais une colonne blanchâtre tombée à terre à cause des siècles, et découvrais mon bienfaiteur à genou, courbé vers l’avant, la tête baissée. Mon cœur se serrait. Une rapide silhouette s’échappait, au loin. Je m’approchais lentement, angoissée par ce que j’allais trouver. Elros cillait, mais tenta de lever la tête, comme pour prouver à son attaquant qu’il ne l’avait pas achevé. Mais c’est en me découvrant, tremblante, le regard horrifié, les poings fermés, qu’il s’écroula.

Je pense qu’il n’aurait jamais voulu que je le vois ainsi. Ses yeux émeraudes étaient écarquillés, implorants, comme s’il voulait que je le laisse seul, ici. Mais j’étais là, et ne pouvais partir. C’est en m’approchant que je découvrais, dans le creux de son cou, une entaille de la longueur de ma main. Peu profonde, mais assez pour que le sang coule aussi vite que les larmes qui apparurent sur mes joues. Je tentais de le prendre dans mes bras, le retenir. Mais il me rejetait. Il me connaissait mieux que personne, et savait que cette approche du sang me changerait à vie. Pourtant, je résistais, et Elros ne pouvait combattre bien longtemps. Je voyais que ses forces le quittaient peu à peu. J’essayais quelques formules sans doute inutiles, mais mes études des prophéties incluaient un peu de médecine, et une aura jaunâtre éclairait mes mains, que je plaçais à la hauteur de son cou. Ces soins étaient trop superficiels. Il fallait un vrai médecin. Je continuais de trembler, et mes larmes se mélangeaient au sang qui coulait sur mes mains. J’aurais voulu crier, appeler à l’aide, quémander la clémence des Dieux mais ma gorge était nouée. Je m’étais agenouillée près d’Elros. Il ne voulait me regarder dans les yeux, mais parla, d’une voix rauque, et haletante...
« _ Je ne te demande pas ce que tu fais là, Mariel, tu aimes toujours tu mettre dans les plus mauvaises situations. Je pourrais presque croire que tu as un don pour cela. Mais voilà, tu es là, je ne sais pourquoi. Cependant en te voyant, j’ai faillis ne pas te reconnaître. Tu parais être devenue quelqu’un Mariel, et j’en suis fière. Je ne veux pas te changer. La vengeance n’est pas faite pour toi, ne te lance pas dans des péripéties sans fins et dangereuses. Reste comme tu es, je t’en prie… »

Sauf que non, je ne pouvais rester comme j’étais après ça.

« _ Je suis devenue Hiérophante, Elros. Lui dis-je, la voix tremblante, les larmes ne cessant de perler sur mes joues, tout en forçant un sourire. »
A ces mots, il m’adressa un honnête et digne signe de tête, comme pour m’encourager à poursuivre dans cette voie.
C’est quand ses yeux se sont clos, pour ne jamais se rouvrir, que j’ajoutai : « Et oui, je te vengerai. »


*


Oui, mauvaise idée de l’avoir rejoint. Mais rester à l’attendre à Cefedellen n’aurait-il pas été pire ?

Je suis restée une journée entière, agenouillée, à le pleurer. Je ne pouvais y croire. Je ne voulais y croire. Je voulais contrôler le temps, revenir en arrière, arriver plus tôt au village elfe et le prévenir de ne pas le quitter. Mais rien n’était possible. Mon chagrin me prenait toutes mes forces. Je ne pouvais même pas me lever pour aller boire au ruisseau coulant juste à côté. Ma robe était entachée de sang. Mes mains et mon visage aussi, l’ayant serré à plusieurs reprises contre moi. Un sentiment d’injustice, de culpabilité et de haine m’envahit. Comment assassiner la plus généreuse des personnes ? J’aurais dû poursuivre cette silhouette qui s’enfuyait. Retenir son visage. Pour lui faire subir la même chose qu’Elros avait enduré.

Je tremblais toujours autant, mais les larmes avait séchées sur mon visage rougit et parsemé de sang. J’entendais les pas de plusieurs personnes derrière moi. Des cris aussi. Mon chagrin allait être partagé, je le savais déjà. Je sentais de puissantes mains m’empoigner les épaules, et me lever sans problème pour m’éloigner du corps sans vie. Je ne résistais pas. J’avais tenté d’offrir toutes mes forces à l’elfe gisant devant moi, sans succès. Je n’avais alors plus aucune vigueur. Une demi-douzaine d’elfes s’était mis à nous chercher. Dont Vairaë, qui s’empressa de m’envelopper d’une couverture, et de me serrer contre elle. J’étais docile, me laissais faire, et regardais les autres elfes s’occuper d’Elros. Je les suivais du regard, ne voulant le quitter. Ils le soulevèrent, et commencèrent à marcher lentement, en direction du village elfe.

Je restais là, ne bougeais pas, entre les bras de Vairaë. Elle savait ce que je ressentais, c’est pour ça qu’elle restait aussi silencieuse. Aucune parole n’était utile à ce moment précis. Je voyais les larmes apparaître sur le doux visage de celle qui m’avait élevée. Sa douleur devait sans doute être plus profonde que la mienne. Mais la célèbre fierté elfique lui permettait de se retenir.
Nous restâmes ainsi un moment. Au crépuscule, elle ouvrit enfin la bouche.
« _ Partons, Mariel… »
J’acquiesçais brièvement, et murmura un mot, qui nous fit retourner immédiatement dans la demeure de Vairaë, qui avait soudain changé d’allure. Comme si tout avait changé, alors que tout était à l’identique. J’avais l’impression de ne plus rien éprouver.
*

Après une petite semaine cloitrée chez l’elfe, refusant presque toute nourriture, je me décidais à sortir. Vairaë avait récupérer toutes les affaires d’Elros, et me proposa de les prendre.
Sans même lui offrir une réponse polie, je m'en emparai.
C’est à ce moment que je me rappelais les paroles de celui que j’avais tant pleuré.
« _ Tu sais, Mariel, on dit toujours qu’on est effrayé par le combat lorsqu’on est jeune. Et puis, lorsqu’on a quelqu’un à venger, la peur n’existe plus…»
C’était vrai.




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Dernière modification par Shimy le mar. 30 novembre 2010 à 13h01, modifié 2 fois.
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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » ven. 7 janvier 2011 à 18h44

*

« La vengeance habite mon cœur, la mort guide ma main, le sang et le revanche martèlent mon esprit.»
W. Shakespeare

*
[ image externe ]

Il y eut le froid.
Il y eut la peine.
Il y eut le désarroi.
Il y eut la haine.


*
J’avais l’impression que la culpabilité qui me rongeait serait éternelle. Ma tristesse était à la hauteur du vide qu’avait créé Elros à sa disparition. Je me retrouvais si seule. J’avais beau en parler autour de moi, je n’arrivais pas à faire disparaître ce supplice psychique. Mes amies m’écoutaient avec le plus de compassion possible, je le sentais. Mais que pouvaient-elles faire ? A peine leur avais-je raconté mes infortunes, que quelques jours après elles les avaient oubliées. Sauf une, peut-être. Une seule m’avait aidé.

Je ne la connaissais pas vraiment, à-vrai-dire. Mais je trouvais en elle une sorte de réconfortante émanation de malice. Une jeune elfe, Harane. Elle porte toujours un masque, je n’ai jamais vraiment sût pourquoi, mais ça lui donnait un petit air enfantin que je trouvais apaisant. Elle m’a donc aidé, dans cette passe douloureuse. Elle a cherché avec moi qui aurait pu être l’auteur du crime infondé qui avait fait pour victime l’être qui m’était le plus cher. Mais les pistes étaient nombreuses, et ne menaient souvent à rien. Nous nous étions penchées sur des voleurs du village des chasseurs qui en voulaient certainement à des parures elfiques, et qui avaient, malgré eux, fait Elros pour victime. Quelle torture. J’espérais de tout mon cœur que cet échappatoire était faux. Savoir que mon bienfaiteur avait été le martyr de voleurs peu scrupuleux aurait été le coup de grâce.

Plusieurs lunes s’étaient écoulées depuis nos recherches. Harane avait alors disparu. Sans laisser aucun signe de vie. Comme beaucoup d’autres, d’ailleurs.

*

Mon moral avait remonté, depuis. J’essayais d’effacer mes plus mauvais souvenirs, pour n’en garder que le meilleur, et en tirer des bénéfices. J’avais alors écrit de longues nuits, pour préparer le discours attendu du mariage dont je devais être la prêtresse. Celui de Paresse et Gaila. Et ce jour arriva…
Spoiler:
Après des longues heures de préparations, le jour si spécial aux yeux de Paresse et Gaila arriva.
Le buffet fût installé, les chaises parfaitement alignées, et la décoration bien terminée. Il ne manquait plus qu'une chose : les invités. Attendus au point de rendez-vous prévu : Aden.
Paresse, après avoir éclaircit les derniers endroits d'ombres dans le discours de Mariel, partit les chercher, en les invitant à le suivre jusqu'aux Chutes.

La prêtresse prit alors la parole, une fois que les convives furent assis.

Frère, Sœur.
Puisque vous avez été choisis par Einhasad,
Que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés,
Revêtez votre cœur de tendresse et de bonté,
D'humilité, de douceur et de patience,
Supportez-vous mutuellement,
Et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire.
Agissez comme Mère Einhasad.
Elle vous a pardonné, faites de même.
Par-dessus tout cela, qu'il y ait l'amour :
C'est lui qui fait l'unité dans la perfection.
Et que, dans vos cœurs règne la paix de la Nature
A laquelle vous avez été appelés
Pour former en elle un seul corps.

Gaila, Paresse, Vous avez écouté la parole des divinités conviées, qui a révélé au peuple de ces terres le sens de l'amour et du mariage.
Vous allez vous engager l'un vers l'autre. Est-ce librement et sans contrainte ?


-Oui
-Oui

Vous allez vous promettre fidélité, est-ce pour toute votre vie ?


-Oui, pour toute notre vie.
-Oui, pour toute notre vie.

Dans le foyer que vous allez fonder, acceptez-vous la responsabilité d'époux et de parents ?


-Oui, nous l'acceptons.
-Oui, nous l'acceptons.

<Les deux amoureux se demandèrent alors leur main, angoissés mais aussi heureux de voir leur amour aboutir à un événement si important.>

-Gaila, veux-tu être ma femme ?
-Oui, je le veux. Et toi, Paresse, veux-tu être mon mari ?
-Oui, je le veux Gaila, je te reçois comme épouse et je me donne à toi pour t'aimer fidèlement tout au long de notre vie.
-Paresse, je te reçois comme époux et je me donne à toi, pour t'aimer fidèlement tout au long de notre vie.

<Ils s'échangèrent les alliances, et s'offrir un baiser, le premier, en tant qu'époux.

Ensuite, vinrent les remerciements des mariés..>

<<Nous voulions vous remercier, vous tous ici présent, d'être les témoins de l'engagement que nous venons de prendre devant Einhasad.
Venus de chemins différents, nous voulons maintenant poursuivre la route ensemble dans le respect l'un de l'autre.
Nous savons que le quotidien nous rappellera rapidement nos limites. Mais nous remercions Einhasad de nous avoir unis.
Nous souhaitons que notre foyer soit un lieu d'accueil pour chacun et qu'il accueille les enfants qui feront toute notre joie.
Mère Nature, toi qui es amour, nous te remercions de notre amour.
Aide nous à nous aimer chaque jour davantage à fortifier notre amour pour qu'il nous rende heureux et qu'il soit source de vie.>>


<Puis, la prêtresse entama ses bénédictions finales, afin d'unir à jamais les nouveaux époux..>

Désormais, vous êtes unis par les Dieux, et par le sacrément du mariage.

Einhasad notre Mère,
Bénis, protège et fortifie
L'amour de ces deux nouveaux époux.
Que leur amour soutienne leur fidélité ;
Qu'il les rende heureux
Et leur fasse découvrir
La joie du don total à celui qu'on aime.
Que leur amour, semblable à ton amour, Mère,
Devienne source de vie ;
Qu'il les garde attentifs aux appels de leurs frères
Et que leur foyer soit ouvert aux autres.
En s'appuyant sur leur amour,
Qu'ils prennent une part active à la construction d'un monde plus juste et plus fraternel
Et soient ainsi fidèles à leur vocation d'Hommes.

Eva, Einhasad, Maphr, créateurs et protecteurs de la nature,
Regardez avec bonté ces deux nouveaux époux et daignez répandre sur eux vos bénédictions.
Qu'ils soient unis dans un même amour,
Et avancent vers une même sainteté.
Qu'ils aient la joie de participer à votre amour créateur,
Et puissent ensemble éduquer leurs enfants.
Qu'ils vivent dans la Justice et la charité,
Pour montrer la lumière à ceux qui vous cherchent.
Qu'ils mettent leur foyer au service du monde,
Et répondent à l'appel de leurs frères.
Qu'ils soient fortifiés par les sacrifices et les joies de leur vie,
Et sachent témoigner de leur fois envers vous.
Qu'ils vivent longtemps sans malheur ni maladie,
Et que leur travail à tous deux soit béni.
Qu'ils voient grandir leurs enfants !
Qu'ils aient le soutient d'une famille heureuse, et d'amis présents !
Qu'ils y parviennent enfin,
Avec tous ceux qui les ont précédés,
Dans votre demeure où l'amour ne finira jamais...

Et vous tous, ici présents,
Que les divinités toutes-puissantes vous bénissent !


Les feux d'artifices fusèrent, pour le plus grand bonheur des yeux émerveillés.
Après les nombreux applaudissements, et nombreuses félicitations des invités, le banquet fût ouvert, bien accueillit par ceux qui n'attendaient que ce-dernier.

Les deux amoureux, après avoir remercié un par un leurs convives, s'enfuirent intimement, au galop sur leur monture, prendre la caravelle d'Heine, et profiter de leurs premiers instants.. Mariés..
Ce fût une difficile épreuve. Et j’en garde un souvenir indéfinissable. Je ne saurais dire si cette expérience était plaisante ou non. Quoi qu’il en soit, les invités semblaient enjoués, et les deux amoureux satisfaits. Je n’irais pas m’en plaindre.


*


Vinrent par la suite des événements qui eux, auraient été à oublier. D’épaisses fumées s’étaient répandues, autour de la Tour d’Ivoire. Et d’étranges phénomènes se produisaient, autour de celle-ci, depuis sa fermeture pour soient-disant travaux. A mon entrée en Elmoraden, je ne me serais jamais aventurée dans un périple qui visait à voir ce qu’il se passait dans cette Tour. Sauf que celle-ci m’était devenue chère. C’était une bibliothèque extraordinaire dans laquelle j’avais passé un temps fou. J’y suis donc allée, accompagnée de quelques personnes. Connues et inconnues. L’accès nous a, la première fois, été interdit. Dans les jours qui suivirent, un groupe nettement plus important d’aventuriers s’étaient rassemblé, envieux de savoir pourquoi la Tour avait été fermée. C’est cette fois-ci, que je n’aurais pas dû y aller. Après plusieurs combats acharnés dans lesquels je ne me risquais pas, et auxquels je ne participais qu’en quémandant la clémence des Dieux pour répandre sur les combattants une lumière bienfaitrice et protectrice, le groupe arriva aux portes de la Tour. Tous les mages ont alors rassemblés leur puissance magique pour tenter d’ouvrir une brèche dans le portail infranchissable formé à l’entrée. Épreuve simple, comparée à ce qui allait suivre. Une fois rentrés, une petite fille nous attendait. Après plusieurs interrogations mal fondées, une jeune elfe prénommée Vamea sembla s’emporter. Elle banda à plusieurs reprises son arc en direction de la petite, et tira quelques inutiles flèches. Mauvaise, très mauvaise idée. La créature du mal avait levé sa main en l’air, la paume en direction de l’elfe innocente, qui n’avait pour seul désire que de protéger son Roi.

[HRP/ Attention, ça peut dégoûter un peu../HRP]
L’enfant écarta les doigts. L’elfe fût propulsée. Du sang jaillit alors du visage et de la poitrine de la sylvaine, comme si des milliers de lames l’avaient tailladées. Sa naturelle beauté était alors entachée de nappes de sang, qui la recouvrait de la tête au pieds. Je vois encore ces images défiler dans ma tête. Son regard criant de peur. Ses larmes ne furent pas assez rapides pour apparaître sur son visage, tout comme ses pensées ne furent pas assez rapides pour qu'elle ouvre la bouche et dise une dernière fois « Adieu » à son aimé. Elle s’effondra sur le sol, déjà inondé de sang dans un grand bruit d’éclaboussures, son arc tombant de sa main inerte, séparée de son corps, comme les autres membres de la jeune elfe.
L’effroi.
Glissant, chancelant, Ilsendir, régent d’Oren et fiancé de Vamea, se précipita alors sur les restes de celle qu’il avait aimé, dont le visage était à présent rouge luisant, ses mains blanches crispées sur les restes de sa poitrine ensanglantée. A ce moment précis, je pense que nous avions tous oublié pourquoi nous étions dans cette Tour. Le pauvre elfe ne semblait plus savoir ce qu’il disait. Il se laissa tomber à genoux dans les restes macabres de son aimé, baignant dans une marre de sang qui semblait s‘agrandir au fil des minutes passées, et dont l’auteur était toujours là, même si oublié, l’espace d’une seconde.
La terreur.
Ce sont surtout ces images qui me sont restées en tête. Une force démoniaque, émanant de cette fille, nous a ensuite tous mis à terre. Beaucoup s’en sont sortit presque indemne. Beaucoup aussi ont eu du mal à se relever. Abasourdie par les événements, j’aidais comme je pouvais, pratiquants les premiers soins à ceux qui en avaient besoin. Comme Thyla, bailli de Gludio qui semblait fort mal en point. Aidée par quelques médecin, nous parvînmes à emmener à la Clinique les blessés les plus graves. Préconisant aux autres beaucoup de repos.
C’est à partir de ce moment là, que je n’ai plus participé aux autres attroupements, visant à sauver la Tour d’Ivoire et ses environs. Je me tenais au courant, mais ne voulais pas assister à nouveau à une scène aussi traumatisante.

Se sentir protégée. C’est un sentiment que j’avais oublié. Lors de ce tragique épisode de la Tour d’Ivoire, certaines personnes, par un simple sifflement, ont appelé d’imposantes créatures. Les leur. Des loups. Je me suis alors renseignée. Oklaas. C'est le nom que j'ai trouvé à la boule de poils que j'avais trouvée, et qui grandissait bien vite.
*

[ image externe ]

La maison est derrière.
Le monde est devant.
Nombreux sentiers ainsi,
Je prends.
A travers l’ombre,
Jusqu’à la fin de la nuit.
Jusqu’à la dernière étoile qui luit.
Brumes et nuages,
Noyés dans l’obscurité.
Tout va se mêler.
Tout va se mêler.


Malgré les quelques réticences du clergé, j’ai passé mon sacerdoce. Acte ultime de la foi diront certains. Suicide, diront d’autres. Je participais à l’ouverture de la bibliothèque d’Aden, grâce à laquelle je revoyais avec joie quelques connaissances.

Et à l’ouverture de l’hospice de la même ville, je revoyais Keren. Changée. Complètement. Elle semblait abasourdie, perdue. Elle était au bord... De tout. Elle cherchait désespérément à ne pas oublier Jaëlle. Et y parvenait très bien, cela étant dit. J’apprenais avec effroi qu’elle était retombée dans toutes les plus mauvaises choses qu’elle avait connues avant que Jaëlle ne s’occupe d’elle. Ce fut difficile à entendre. Des choses insoutenables et inimaginables s’étaient produites dans sa vie. Jamais je ne me serrais douté de ce qu’il lui était arrivé. Sauf que Jaëlle n’était plus là. Et que seules les filles du gîte pouvaient maintenant l’aider. Ce que Keren n’arrivait pas à concevoir. C’est sans doute la première fois que je me suis énervée sur quelqu’un que j’aimais, lorsqu’elle me parla de ses envies de mettre fin à ses jours. Et encore plus lorsque j’appris qu’elle y avait déjà intentée.


Une petite lune s’était écoulée. Je restais souvent dans l’église d’Aden, me sentant plus en sécurité en ce lieu sacré.

C’est un ardent jour de brûleblé que je me rendais à la bibliothèque d’Aden, afin de voir si des livres traitants de la religion, et que je n’avais pas encore lu y étaient. J’eus la triste surprise de voir que les portes étaient fermées. J’ai alors cherché un responsable de la ville. Un garde, ou quelqu’un qui faisait sa ronde. Quelqu’un qui pourrait me renseigner, en somme. J’ai trouvé, c’est vrai. J’ai bien été renseignée, c’est vrai. Les portes m’ont même été ouvertes. Mais je me serrais sans doute mieux tenu, si j’avais su dès le début que mon « Sauveteur » était… Comment dire… Le Roi ?

Oui, le Roi. J’ai rencontré en pleine ville et demandé mon chemin à Iann de Rune. J’eus honte sur le coup. Ne même pas connaître le visage du Roi d’Aden, et lui parler comme à un garde qu’on rencontre dans toutes les auberges mal famées, c’est un peu.. Honteux, oui. J’eus tout de même le plaisir de voir qu’il rangeait très bien son honneur dans ses chaussettes, et que son dévouement était à la hauteur de sa courtoisie et de sa bienséance, tout comme les rumeurs le rapportaient. C’est alors avec plaisir que je l’ai recroisé lors d’un tournois, pendant lequel il m’invita dans la tribune royale. Malgré ma désagréable habitude rougissante et mes genoux qui jouaient des claquettes, je parvins à monter, et fit la rencontre d’Eilistraee, gérante de la bibliothèque d’Aden, et intéressée en matière de religion rares et rites oubliés. C’est après une longue discussion que les combats se terminèrent, et que je rentrais paisiblement au gîte de Dion.

Vide.


Toujours aussi vide.



Tout comme mes pensées, sur lesquelles se refermèrent mes paupières.

Je m’étais endormie sur la table du salon du gîte, bercée par les pépiements des oiseaux, l’imposant museau d’Oklaas posé sur ma cuisse.

C’était le vide. Le vide, toujours laissé par Elros. Que non, je n’oubliais pas.
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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » jeu. 17 février 2011 à 01h51

*
[ image externe ]
La bataille s’était préparée.

Mais avant cela, c’est avec euphorie et angoisse que je préparais le Mariage de Laën et Angueran, qui m’avaient sollicitée pour célébrer celui-ci. Réjouissances, liesses. C’est sous les étoiles d’un tiède crépuscule que s’étaient réunis les invités et les mariés pour célébrer les noces attendues depuis longtemps, et dont Sayuri et Deirdre furent les témoins.


Spoiler:
Vous luisez ensemble, et ensemble vous serez toujours.
Vous serez ensemble quand les blanches ailes de la mort disperseront vos jours.
Oui, vous serez ensemble, même dans la silencieuse mémoire d’Einhasad.
Mais laissez l’espace entrer au sein de votre union.
Et que les vents du ciel dansent entre vous.
Aimez-vous l’un l’autre, mais ne faites pas de l’amour une chaîne.
Laissez-le plutôt être une mer, dansant entre les rivages de vos âmes.
Chantez et dansez ensemble et soyez heureux, mais laissez chacun d’entre vous être seul.
De même que les cordes du luth sont seules pendant qu’elles vibrent de la même harmonie.
Donnez vos cœur, mais pas à la garde l’un de l’autre.
Car seule la main de douce Eva peut contenir vos cœurs.
Et tenez-vous ensemble. Mais pas trop proche non-plus :
Car les piliers d’un temple se tiennent à distance,
Et le chêne et le cyprès ne croissent pas à l’ombre l’un de l’autre.

Eva, Einhasad, Maphr, créateurs et protecteurs de la nature,
Regardez avec bonté ces deux nouveaux époux, et daignez répandre sur eux vos bénédictions.
Qu’ils soient unis dans un même amour,
Et avancent vers une même sainteté, toujours.
Qu’ils soient protégés par votre lumière, qu’ils méritent,
Et resplendissent de vos saints rayons, qui crépitent.
Qu’ils soient reconnus pour les joies de leur vie,
Et que chaque moment témoigne de leur espérance épanouie.

Que les plus rares fleurs écloses pour eux sous les cieux les plus beaux.
Que dans leur cœur s’enflamment toujours de vastes flambeaux.
Qu’à jamais, leurs esprits soient jumeaux.

Qu’ils y parviennent enfin,
Avec tous ceux qui les ont précédés,
Dans votre demeure, Mère, où l’amour ne finira jamais.

Que leurs âmes, incendies,
Eclair brûlant de voluptés,
S’élancent, rapides, hardies,
Vers les vastes cieux enchantés.

Lune, eau sonore, nuit bénie,
Ainsi qu’arbres : Frissonnez autour,
Votre pure mélancolie
Est le miroir de leur amour.

Vos cœurs, comme des hirondelles, volèteront tout joyeux,
Et planeront librement à l’entour des cordages.
Votre navire voguera sous un ciel sans nuages,
Comme un ange enivré d’un soleil radieux.

( Mariel )


[hr][/hr]

A la vie, à la mort, ma vie est à présent tienne.

Je te donne en offrande ma mortalité, et mon éphémère,
Prêt à offrir mon âme au Malin pour ton sourire.

J'ai mis ton monde dans mes veines et ma vie au creux de tes lèvres;
T'offrant le droit de mon existence par tes rêves et ambitions.

Eva et Einhasad pourront me blâmer, le Panthéon pourra me châtier,
Rien ne cadenassera mes sentiments, rien n'arrêtera ma dévotion.

A la vie, à la mort, ma vie est à présent tienne.
Par cette bague, nos cœurs sont scellés et destins liés.
A jamais.

( Angueran )


[hr][/hr]

Dans un monde d'incertitudes, nous nous sommes découverts l'un l'autre ;
Différents mais égaux, nous avons décidés d'unir nos vies et de continuer à grandir ensemble... peu importe nos ethnies.
L'amour est immortellement jeune, et les façons de l'exprimer sont et demeureront éternellement vieilles.
Tu es digne de toutes les dignités imaginables ;
Un empereur ne te vaut pas ni moi non plus ; mais me voilà, moi, et tu m'as choisie.
Je me sens honorée de la chance que j'ai.

( Laën )
La bataille s’était préparée.

A la hâte, peut-être, mais elle s’était préparée. Bataille dans laquelle je n’avais aucunement besoin de mettre les pieds. Vraiment, aucunement.

C’est emplie de frayeur que je m’y étais pourtant rendue, après conseils de Sayuri et Laën. C’est emplie de frayeur aussi que j’avais tenté de protéger les combattants, de m’opposer au danger, de poursuivre Zaken aux côtés de la Vindicte Écarlate. C’est donc emplie de frayeur que j’ai vu la bataille se terminer… Et que j’ai cru perdre la tête. La folie aurait pu me happer d’une façon bien plus violente. Elle n’a pourtant fait que m’effleurer, me caresser de ses doigts disgracieux. Ce sang, ces cris d’épouvante, ces corps étendus à terre sur lesquels nous marchions pour en apercevoir d’autres. Ces cadavres que nous enjambions pour en faire de nouveaux. Cette guerre. J’ai pensé ne jamais pouvoir me relever. Ne jamais pouvoir à nouveau aligner mes mots pour parler correctement. Tout semble pourtant pouvoir s’effacer. Sans pour autant s’oublier.

Événements sur événements. Atrocités sur atrocités.

C’est du courage qu’il me manquait. Une témérité certaine que je n’ai jamais su trouver, même après avoir assisté à la plus sanglante des scènes, même après avoir été spectatrice des épées s’entrechoquant dans des combats sans merci. Ce manque de courage ne m’a pas alors pas permise de me rendre à ces frontières. Ces frontières sombres. Cet enfer. Seules les rumeurs m’informaient de ce qu’il s’y était passé.

Noct. Ce dragon, fils de de la Déesse des ténèbres. Noct. Cette entité des enfers qui s’était soudain réveillée. Noct. Qui a réussi à détourner l’esprit de plusieurs de ceux qui étaient venus le combattre.

Et l’une d’entre ces âmes torturées était celle qui m’avait préservée de la folie après la bataille d’Althéna.
Les rumeurs appelèrent Sayuri « l’Emissaire ». Et de nombreux plans s’étaient rapidement élaborés pour contrer le démon habitant l’elfe. Plusieurs fois je l’ai croisée. Et à plusieurs reprises, donc, j’ai assisté aux horreurs qui étaient conséquences des actes du messager. J’en fus même la victime.
Spoiler:
*

Les rumeurs volent dans la garde d'Aden.
L'émissaire serait réapparu, et aurait demandé à voir un responsable. Il semblerait qu'il serait venu chercher quelque chose...
Mauvais moment, sans doute... Seules les jeunes Laën et Mariel étaient présentes dans la ville, et seules elles étaient donc aptes à répondre.
Elles se rendirent alors d'un pas pressé vers la porte Sud.

A partir de ce moment, différentes rumeurs circulent. Certains gardes affirment que Laën aurait tenu tête à l'émissaire de façon téméraire, tandis que les archers situés sur les tourelles nient ce courage, l'accusant de n'avoir pas fait le nécessaire pour sauver les deux gardes, qui furent proies de l'émissaire. L'un fut broyé, l'autre victime d'une violente décapitation.

Les rumeurs sont tout aussi floues quant à la suite de ces meurtres. Celles-ci rapporteraient que la jeune Prêtresse aurait été le dernier jouet de l'émissaire. Malmenée plusieurs minutes, la réaction de Laën ne se serait pas faite attendre, priant comme elle pouvait pour déconcentrer l'émissaire et tenter de la libérer.

Amusé, le démon habitant Sayuri aurait lâché prise, s'exclamant qu'elles faisaient plus souffrir son l'hôte que l'émissaire lui-même avec ce genre de réaction. Il s'en serait ensuite allé, laissant les deux magiciennes décomposées, affaiblies et choquées, promettant de revenir pour commettre des dégâts bien plus importants que ceux déjà commis.
Les deux amies seraient parties chacune de leur côté, sans même avoir la force de se regarder dans les yeux après un tel événement et de telles promesses.

Les gardent eux-mêmes, lorsqu'ils racontent leurs rumeurs, semblent traumatisés.



*
Je m’étais alors investie dans le plan final de Laën, visant à l’éliminer, tout en essayant de préserver la vie de son hôte.

Honte.

Seul sentiment perceptible.

Honte.

C’est ce sang-froid qu’il me manquait. Cette vaillance. Cette sorte d’intrépidité, d’héroïsme, que chacun semblait avoir, et dont chacun se louait. Mais que je n’avais pas. Et qui m’a empêché de me rendre à l’aboutissement d’un plan préparé depuis près d’une lune.

C’est encore les rumeurs qui me prévinrent que le plan n’avait pas échoué, et s’était déroulé sans énormément d’encombre. Et les rumeurs avaient dit vrai. C’est après m’être terrée plusieurs semaines dans l’Eglise d’Aden que je me décidais à sortir. Et les deux elfes furent ma première vision.
Troublée par l’embarras, je me fis discrète pour tenter de les éviter. Tenter. M’excusant comme je pus aux deux femmes, elles m’assurèrent avoir déjà oublié cet épisode. La confusion restait. Trahir une promesse n’était pas dans mes habitudes. C’est donc avec compassion que la nouvelle souveraine d’Aden me proposait de faire partie, à temps plein, de l’Eglise d’Aden. La foi n’a pas de frontière, et même si j’acceptais avec honneur cette nouvelle tâche, je gardais en tête la prière itinérante, pour répandre les idéaux Einhasadiens.
C’est par un froid matin d’Astrée, alors que le manteau immaculé qui recouvrait les plaines de tout le territoire commençait à fondre, et que quelques fleurs commençaient à bourgeonner dans les jardins Adennois, que ma décision se prit. Même si elle remontait à des lunes, je me remémorais la demande de Iann. Il m’avait proposé, dans les locaux de la Vindicte de Giran, de rejoindre ses rangs. J’avais cependant beaucoup à faire, avec le clergé, et tous les problèmes qui en découlaient. J’en avais touché quelques mots à Laën, lorsqu’elle m'avait fait visiter le château. Et c’est aujourd’hui, alors que les derniers rayons d’un timide soleil se couchaient derrière l’imposant château d’Aden, que la nouvelle souveraine de la ville réitéra la demande. Elle m’avait chaleureusement proposé une place dans son Église, pourquoi refuserais-je de rejoindre ses rangs ?
Son histoire me fut contée, ses buts décrits, ses membres présentés. J'étais des leurs.


« Le courage est la peur qui fait ses prières. »


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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » lun. 30 mai 2011 à 19h05

[ image externe ]



Tu l’as pris. Et avec lui, tu as happé le bonheur qu’avaient mes proches. Tu l’as volé à Laën. Tu l’as volé à Aden. Je voyais mon amie sombrer, tout comme tu l’avais fait sombrer. C’était ton but, sans doute.
C’était peut-être aussi ton but, de nous voir nous engouffrer dans ce labyrinthe gelé, dans cet abysse perdu. Tout comme l’étaient nos âmes, lorsque nous nous y sommes engagés. Ta voix résonne encore dans ma tête.
Et inconsciemment, je suis certaine qu’elle résonne encore dans les esprits de tous. Tu nous as emmené dans une folie passagère pour certains. Mais encore présente pour d’autres. Attirés par l’inconnu, nous nous jetâmes dans tes bras. Nous nous jetâmes dans une démence sans fin. C’est dans cette inconscience que nous nous perdîmes dans tes pensées. Tu as réussis, Sirra. Tu nous as séparé.
Tout le monde se le cache, personne ne le voit. Mais tu as réussi.


Un craquement.

La glace se brise sous mes pieds.
La glace se brise sous nos pieds, Gali. Regarde-la. Ces milliers de crissement que tu entends. Ces lacérations qui traversent le lac bleui par le froid. Nous tombons, Gali. Mais nous tombons à deux.
Nous étions sur ce lit de glace. Quel était le but de cette attaque ?
Nous sommes mordues, griffées. Mais nous sommes aussi meurtries. Ces créatures nous blessent, nous tiraillent et nous forcent à les suivre jusqu’au fond de leurs abysses. Nous sommes comme déchiquetées. Résiste, Gali. Nous sommes aidées. Assa nous aide.

Quand je te disais que tu avais réussi, Sirra !

Nous n’avons pas libéré Angueran, Sirra. Tu nous l’as laissé. Comme on laisse une coque de noix lorsqu’on en a mangé l’intérieur. Tu nous a laissé son enveloppe, Sirra, mais qu’as-tu fais de lui ?
Qui l’a vu ? Qui s’est aperçu que tu ne nous as pas laissé le même homme ?
Tu nous as laissé partir. Comme les chats laissent partir leurs proies pour mieux se jeter dessus une fois qu’elles se sentent en sécurité. C’est cet actuel sentiment qui est ambiant dans mon esprit. Cet actuel sentiment que tout le monde occulte, heureux d’avoir retrouvé l’être perdu.
Ont-ils réellement retrouvé l’être perdu ?
Ne vas-tu pas te jeter à nouveau sur nous, Sirra, telles des souris sans défense que nous sommes face à toi ?


Je te parle, Sirra.
Pourquoi ne me réponds-tu pas ?

La folie ne m’a pas atteinte, j’en suis certaine, contrairement à ceux qui souhaitent m’en sortir.
Ils veulent me sortir d’une folie inexistence. Je sais que je ne le suis pas. Tu le sais aussi, Sirra.

Tu le sais aussi, alors pourquoi ne me réponds-tu pas ?


[ image externe ]

Ni peine.
Ni joie.
Ni peur.
Ni haine.
Ni désespoir.
Ni angoisse.
Le vide pour seul sentiment. Une libération qui avait un goût amer. Comme si j’avais souhaité ne pas l’être. Tout semblait sans issu. J’avais laissé mon cœur s’enivrer d’un mensonge.

Une guerre, encore. Une bataille préparée, encore. Comme si le schéma se répétait sans cesse. Comme si personne ne tirait de leçons des scènes déjà vécues.

Prisonnière.

Dance funèbre, sacrifice macabre. Une simple morsure, un baiser enivrant.
Il était heureux. Moi aussi. Goûtant le sang et l’amertume. Comment ne pas l’être. Mes idées noires se dévergondent. Drainée, Tout s’efface, l’espace d’une seconde.
Non, je ne suis devenue vampire. Mais ce souvenir, cet instant, qui me libéra de tout ce qui encombrait mon esprit. Je planais.




« Recommence ! » Avais-je envie de lui crier. « Recommence ! »
Lâchée. Trouvée à Gludio. Soignée à la Clinique. Convalescente au château.

Quand je te disais que tu avais réussi, Sirra !

M’ont-il aidé ?
S’en sont-ils simplement soucié ?
Je n’étais plus reconnaissable. C’est ce qu’ils disaient. Ils me font rire. Se sont-ils regardés ?
Les expressions avaient du mal à apparaître sur mon visage. Et lorsqu’elles réapparurent, elles étaient si fausses. Si forcées. Ils se sont trompés.

Ou je me suis perdue.

Sirra, qu’as-tu fais de moi ?
« Tout seul dans l’arène, je suis le roi des ombres. Tout seul dans l’arène, je me suis perdu. »
- M -

J’y suis retournée un soir d’hiver. Mais le spectacle qui s’offrait à moi ne collait pas à mes souvenirs. Les étoiles, que je m’amusais autrefois à compter, avaient disparues derrière d’épais nuages. Et j’avançais en tremblant, au milieu de mon passé. L’air, froid et humide, me transperçait et chaque inspiration me gelait un peu plus à l’intérieur. Et je me souvenais de ce parfum d’amour, qui régnait ici avant.

Il n’y avait plus de fleurs, il n’y avait plus rien, le froid avait tout réduit à néant. Les arbres, autrefois symboles de vie, ressemblaient maintenant aux monstres terrifiants de mon enfance. Ce paysage n’était plus miens, je me sentais prise au piège dans cette clairière qui avait été mon chez-moi. Je me souvenais des oiseaux, qui chantaient la vie à cet endroit même, quand je venais m’y reposer. Maintenant, le silence pèse sur mon cœur, rendant chacun de ses battements un peu plus difficile que le précédent. Le vent animait les ombres créées par la pleine Lune, projetant un spectacle macabre sur le sol devant moi. J’avais terriblement froid. Et mes larmes gelaient instantanément sur mes joues.

Soudain, je ne bougeais plus. Je restais, là, debout, à le regarder. Lui, seul vestige de mon passé, demeurant inaltérable. Ce banc de granite, mon banc de granite, mon ilot de solitude. J’avais passé une vie assise sur ce banc, seule avec moi-même, à repenser le monde et à me visiter. Il se tenait fièrement, au milieu du chaos de la nature, prêt à m’accueillir encore en ce soir d'hiver.

Cette pensée fit renaitre mon courage, réchauffant mon cœur au passage. Il était la seule trace d’un passé que j’avais laissé me filer entre les doigts, de ces rêves qui peu à peu m’avaient quitté. Comme quoi tout ne disparaît pas. Même moi, je suis toujours là, plus tout à fait la même, mais je suis encore là. Je me suis égarée, j’ai perdu mes illusions en chemin. Mais je suis ici, en un soir d'hiver, à regarder un banc, mon banc. Et je me souviens. Je me souviens de tout, des heures assise là, à regarder le ciel, à écouter le vent, à rêver de merveilles. Je me souviens de chaque instant. Mais je vois bien que j’ai changé. Comme les arbres, que je suis partie. Comme les oiseaux, que je me suis perdue dans une vie qui n’est pas la mienne. Je ne suis plus moi. Mais je suis ici quand même, en ce soir d’hiver.

Je me remémore mon enfance, maintenant lointaine. Autrefois. J’arrive encore à voir cette clairière comme un repère de fées. Je sens encore cette douce brise sur ma peau. Mais je ne rêve plus. J’ai beau fermer les yeux, je ne rêve plus. Les fées ont disparues. Il n’y a plus de magie. Je ne m’envole plus. Je suis devenue un de ces êtres de raison, une adulte. Incapable de rêver, de m’émerveiller devant les petites choses du monde. Ni devant le Monde, d’ailleurs.


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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » mar. 31 mai 2011 à 03h04

L'attaque contre Sirra fut si dure... La libération de Freya. J'ai vu des amis tomber, se relever. Du sang, toujours. Une phobie, mais je commençais à m'y habituer, à force. Avec tous les événements passés. Nous avions réussi à libérer les mages. Mais tellement étaient blessés. Certains même mort.
Ce sang, toujours ; répugnant.
Les visions d'horreurs que nous décrivait Freya à propos d'Aden nous effrayaient. Gali s'était effondrée. C'est à ce moment que je me suis rendue compte que nous avions tous changé, et que nous allions tous changer, encore.

Le monde des songes avait ouvert ses portes. Et le seul moyen d'affaiblir les attaques des créatures était d'y pénétrer. Qu'allions-nous trouver, encore ? Combien allaient tomber sans que personne ne puisse les aider ? Je repensais à Gali, devenue, au fil du temps, ma Sœur. Nous devions tous changer, encore.
J'avançais alors vers l'hospice, sereine, et sûre de mon choix.
Sortir d'un coma pour tomber dans un plus profond. Plus traumatisant. Le monde change, les gens aussi. Moi aussi.
Prier était mon quotidien. C'était le seul refuge que j'avais trouvé. La seule utilité que j'avais. En appeler à Mère. Savoir où elle était, que faisait-elle, ou qu'attendait-elle, pour punir sa sombre Fille une nouvelle fois. La punir d'avoir déversé en nos terres des créatures commençant à ronger nos âmes, à envahir nos songes, à prendre possession de nos rêves. Rêves qui n'existaient plus, d'ailleurs.
A nouveau, je me dirigeais vers l'Hospice. Je regardais les infirmières, et avais pitié des blessés. Ces hommes et ces femmes, toujours plus nombreux, toujours plus mutilés, avec les lunes qui passaient. Combien en étaient sortis vivant ? Surement pas la majorité.
Et puis. Ce jour vint.

[ image externe ]

Comment cela s'était-il produit ? Je ne sais. Pourquoi moi ? Je ne sais. Certains ne m'avaient d'ailleurs même pas cru. Les plus lâches ne m'avaient pas suivie. Et pourtant... Nous l'avons rencontrée.
C'est sur un lit de plumes immaculées que je me suis réveillée. Après un rêve, un miracle. Une vision divine, Elle.
Mère.
Elle m'avait élue, oui, elle m'avait élue Haute Prêtresse. Émissaire, porte-parole de sa parole divine. J'étais devenue la représentante du culte d'Einhasad dans tout Ether. Comme un aboutissement de vie se réalisait alors. Cela faisait quatre ans que je foulais les terres d'Aden, et j'en étais arrivée là. A lui parler. Entre le Panthéon et la réalité, je lui parlais. L'espoir ne devait pas mourir, c'est la mission qu'Elle m'avait donnée. Il ne fallait pas que le peuple sombre dans une folie qui anéantirait leur dessein.
Et alors que chacun s'affairait à vaincre ses peurs, la guerre avait été déclarée, et Laën et Angueran avait reprit avec fermeté le Royaume d'Aden.
Goddard, autrefois une cité marchande et neutre s'était alliée au Trinitium. Les Kamaëls, fourbes, qui se disaient neutres aussi, les avaient rejoint. J’appréhendais les rencontres en face à face. La seule chose que je pouvais faire était ... Prier, encore.
A une réunion du Conseil Royal d'Aden, je demandais pourtant à Laën et Sayuri de m'apprendre quelques bases de médecine, afin d'aider, s'il était possible et dans la limite de mes moyens et de mes peurs, à soigner les blessés revenant du champs de bataille. Ce n'était pas une nouvelle voix... Juste une branche en plus dans mes connaissances de la Religion.
>« Une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole. »

[Napoléon Bonaparte.]
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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » mer. 16 novembre 2011 à 12h08


*


[ image externe ]
L’aube s’était levée. Différents cors sonnaient à travers la vallée. J’aurai pu rester cloîtrée, rester à l’abri, simplement apprendre par les rumeurs le déroulement de cette journée. Pourtant, je n’arrivais pas à cautionner cette possibilité. Ils avaient fait pour nous, malgré les controverses, Einhasad elle-même n’aurait pas cautionné le fait de rester à l’abri tandis que d’autres risquaient leur vie.

J’étais là, devant les portes de l’humble château, recouverte d’une lourde cape et cachée d’une large capuche. Nombre de mercenaires étaient aux trousses des Vindictois. Être le moins reconnaissable possible était vital. Tout avait changé en Aden. La disparition des souverains a fait gagner l’avancée du Nord, et Sayuri ayant été désignée pour être la nouvelle Chancelière, elle avait fait de la Ville d’Albâtre une dictature sans nom. J’entrais alors, me penchais bien bas, et découvrit mon visage devant les défenseurs de Gludio. Surpris, ils furent cependant heureux, lorsque je fut en plus rejoint par Gali. On aurait presque pu croire à une cérémonie solennel. C’aurait presque été comique si la situation n’avait pas été aussi dramatique.

Sur les remparts, la masse sombre des soldats s’approchait. Le ciel s’assombrit. J’aurais aimé crier « traitres » à l’armée Adenoise, anciennement sous le commandement de mon amie, qui marchait aux côtés des troupes sombres et kamaëlles. Nous restions pourtant silencieuses, priant. Que faisais-je là ? Et si Sayuri me voyait ? Mes pensées se bousculent, il est pourtant trop tard. Nous nous recouvrons respectivement d’un heaume et d’une large capuche, et nous mettons chacune en place, parmi les rangs d’une armée courageuse, consciente de la défaite qui les attend derrière cette porte partiellement consolidée.
Au loin, une wyvern apparaît. Imsha était là, elle-aussi. Nous protègerait-elle si Sayuri nous reconnaissait ? L’armée ennemie pénètre. Nombreuse, si nombreuse. Le sang coule sous mes pieds… Le sang coule sous nos pieds Gali, que faisons nous ici ? Je pleurais, inconsciemment. Revoyais cette femme que j’avais croisée à maintes reprises, celle qui au village des chasseurs avait torturé évêques et cardinaux. J’aurais aimé lui crier ce que je ressentais. Impossible. Une dague est déjà sous ma gorge, elle la transperce. Est-ce Einhasad qui l’a faite assez profonde pour que je souffre terriblement, mais pas assez pour mourir ? Peut-être… Je suis évacuée, alors qu’habituellement c’est moi qui évacue les blessés.

Que suis-je devenue ?

Une détresse sans fin pouvait se lire sur mon visage. Mes yeux écarquillés trahissaient une peur atroce. Au village, je retrouvais miraculeusement Gali. Le siège était déjà terminé. Nous devions alors faire notre possible pour être méconnaissables, et atteindre le château afin de berner les assaillants. Rapidement lavées, j’enroulais un bandage autour de mon cou. Je me sentais affaiblie.
La scène à laquelle nous assistons alors n’a pas de description assez forte pour transmettre les émotions mêlées qui se sont enchaînées dans ma tête. La cour était jonchée de corps, par-dessus lesquels nous devions marcher pour en apercevoir d’autres. Les pavés du château étaient alors maculés de pourpre. Nous pouvions presque nous voir à travers, tellement la couche de sang était épaisse. Les souveraines de Gludio avaient été exécutées de sang froid. Je voyais Sayuri, au loin. Gali et moi partîmes en même temps que la Malla Imsha, afin d’assurer au possible nos arrières. Inconsciente de ce qu’il se passait alors, j’aidais Gali à se tenir debout. Affaiblie et choquée, mon amie se trainait, accrochée à mon bras. Après un entretien avec la sombre, j’empruntais alors la Gardienne, me rendant au Monastère Silencieux. Goddard nous avait proposé des murs entre lesquels nous serions en sécurité. Mais les mercenaires sont partout, et nos têtes sont mises à prix. L’exil serait alors la seule solution.

Vide. Je me sentais vide.
Qu’avions-nous fait ?
Gali m’étreint. Je ne sais même plus ce que je dis.
Tu me manques, merci d’être là pour moi,
Ma Sœur.

Je la vis partir à son tour. Cefedellen m’avait-elle confié. J’entendais sans écouter. Je retenais pourtant, on ne sait jamais.

Elle était partie.
J’étais seule. Si seule.

L’émotion m’envahit. Je tombe à genoux, sanglotant. Je ne peux me relever, je pleure. Je ne sais pendant combien de temps.

Ma voix brisa le silence des lieux saints.
« J’ai tout perdu… » Murmurais-je, arrachant la bague frappée d’un V de mon doigt.

« J’AI TOUT PERDU ! » Ais-je alors crié une nouvelle fois, avant de m’écrouler.

Déclantage V.
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Re: [BGHumain] Mariel.

Message par Shimy » lun. 30 avril 2012 à 12h38

Les rayons de l’astre solaire avaient transpercé bien tôt les soupiraux du Monastère, ce matin là. J’avais pu les voir fendre la noirceur du lieu, à l’aube. Je n’avais pas dormi. Je tenais toujours cette lettre entre mes mains. Je ne voulais la lâcher, comme désirant m’accrocher aux derniers espoirs que j’avais de revoir Gali vivante.
Toute la nuit, j’avais pleuré, toute la nuit j’avais repensé à ce que nous avions vécu, à notre première rencontre, à nos premiers rires, et à nos premières souffrances partagées. A nos souvenirs, à nos joies confiés l’une à l’autre ; à nos peurs, aussi.
Elle était le dernier lien qui me rattachait à cette famille qu’était la Vindicte, elle me rattachait à l’espoir qu’un jour, l’Eclatante serait de nouveau reconnue et respectée, et brillerait dans la cité d’Albâtre, sous le règne de nouveaux souverains. Elle était la seule qui m’avait répondue, lorsque j’avais envoyé mes missives aux derniers membres.
Près d’une année, je m’étais cachée, terrée dans ce Monastère. Un frisson me parcouru l’échine. Je ne savais quoi penser des mots couchés sur le parchemin que je tenais entre les mains. La honte fut le premier sentiment que je pus ressentir. J’avais laissé Gali seule tenter de relever la tête, tenter de relever Aden et se dresser contre la démence de la Chancelière. Elle en fut la victime, l’atroce victime.

Je sanglotais, à nouveau.
Gali, pourquoi ne m’as-tu pas prévenue ? Tu courrais un risque tel, ma Sœur. Pourquoi y es-tu allée seule ? Tu savais qu’en ces temps les mercenaires étaient partout, à notre recherche. Gali, pourquoi n’ai-je pas été là pour t’aider ? Pourquoi ne suis-je pas partie à ta place, moi qui suis restée dans ce Monastère, telle une lâche. Gali.
Plusieurs larmes perlèrent à nouveau sur mes joues. Je me demandais comment il pouvait encore y avoir de quoi pleurer dans mon corps, après cette nuit.

Des nuages avaient recouvert les premières lueurs du jour. C’est une visite attendue mais presque inimaginable qui devait avoir lieu, aujourd’hui. Iann de Rune, en personne. Alors qu’aucune nouvelle n’avait été donné pendant des mois, des années même. Il avait entendu parler de la démence qui s’était emparée de Sayuri, et avait décidé d’agir. Lui annoncer ce qui était arrivé à feu Gali fut une épreuve. Mais les événements qui étaient à venir le seraient encore plus, pour l’ancien Roi d’Aden. Il ne voulait pas rencontrer l’elfe à Aden, au départ. Mais les choses ne se déroulèrent pas comme prévu, et c’est sur la place de la cité d’Albâtre que je retrouvais Iann, devant Sayuri. Ils se faisaient face. De nombreux curieux étaient venus assister à cette scène relevant pourtant du privé. A chaque évocation d’Eilistraee, Iann faisait siller la chancelière, qui, à bout de nerf, commençait à lancer des sorts sur le Chevalier, préparé à ces offensives. La raison l’avait quittée, c’était une évidence. Il n’y avait plus aucun sens dans ses paroles ni ses actes. J’étais si triste de la voir dans cet état, à tenter de trancher la tête du malheureux Iann, qui au fur et à mesure qu’il lui parlait, se rendait compte qu’il ne pouvait plus rien faire que…

Les deux lames du Chevalier transpercèrent le corps frêle de l’elfe. Aucun cri. Juste du sang, beaucoup de sang. Et des larmes, lorsqu’elle s’écroula et revint à la raison. Iann, Eowyn et elle se remémorèrent des souvenirs lointain, du temps des Corsaires, et des Siannodels. Je posais ma main sur l’épaule de Iann, et le remerciais. Que faire de plus. Il avait libéré Sayuri des maux qui la hantaient, qui l’avaient rendue malade. Elle allait rejoindre sa danseuse, enfin. Eilistraee. Je déposais ma cape sur le corps ensanglanté de Sayuri, et Iann emmena sa dépouille au Cimetière Adenois. Je serrai la mâchoire, sans arrêt, pour ne pas craquer. La scène que je vécu là-bas restera gravée dans ma mémoire, à jamais. Je ne pouvais croire ce qu’il se cachait derrière les imposantes portes de la chapelle. Je contemplais les visages de toutes les âmes, tombées au combat. Et le cercueil de glace qui trônait au milieu de la crypte. Celui d’Eilistraee, au dessus duquel une seule et unique chandelle était allumée. Lorsque Iann déposa le corps de Sayuri à côté de celui de la sombre, un nouveau cercueil se forma autour d’elle. Et une seconde chandelle s’enflamma, à côté de la première. Elles s’étaient rejointes.

Je me retrouvais devant le temple de la cité de lumière, alors transformé en maison close. Iann m’encourageais à poursuivre ce qu’avait entrepris Gali. En son honneur, en sa mémoire. Je craquais alors, pour de bon. Je m’écroulais dans les bras de l’ancien Souverain, abattue par cette journée, éplorée par les morts et affligée par son départ prochain. Il ne resterait donc pas. J’allais me retrouver seule, à nouveau. Et allait devoir porter sur mes épaules les responsabilité de toute une cité.
Je ne m’en sentais capable. C’est pourtant ce qu’il m’encouragea à faire, dès que mon deuil serait fait.

Quelques jours plus tard, le Baron Bashère vint m’apporter la chevalière de feu ma Sœur au Monastère Silencieux. Après l’en avoir remercié, je passais l’anneau à la chaîne argentée, sur laquelle se trouvait déjà la mienne.
Tu me manques, Gali. Tu me manques. Je ferais tout pour honorer ton nom, honorer ton âme, honorer ce que tu as commencé. Honorer celles que nous fûmes. Honorer Notre Cité. Celle que Nous devions rebâtir.


Je m’agenouillais devant ce lac situé en terres elfiques. Mes forces m’ayant quittées. j'avais jeté sur l'eau quelques roses blanches, n'ayant aucune sépulture sur laquelle me pencher. Je pensais à nouveau à elle, à nous. Que vais-je faire, sans toi. Que vais-je devenir, sans toi. Je m’en veux, tu sais. J’aurais tant souhaité être à tes côtés. Je nous vois encore rire et marcher sur les terres elfes. Je nous revois partager nos souvenirs au gîte de Dion. Je nous vois à Giran, lorsque la Vindicte y était encore. Je nous vois au château d’Aden, dans les jardins. Je nous vois au château de Gludio, aussi prêtes à affronter ce qui aurait pu être notre dernière bataille face au Nord. Ton départ est si douloureux. Je t’en prie, Gali... Donne-moi la force de continuer ce que tu avais entrepris... Donne moi ta force. C’est d’elle dont je vais avoir besoin...

C’est de toi, dont j’aurai besoin, Gali.
Sois en paix.
Ma Sœur.
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