[bghumain] Adalbert de Montault.

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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[bghumain] Adalbert de Montault.

Message par Perceval » mer. 1 août 2012 à 20h54

« Histoire du Chevalier de Montault »
_______________________________________________________________________________________________________________
Spoiler:
Prénom : Adalbert
Nom : de Montault
Âge : 25
Race : Humaine
Métier : -
Compétences : Gladiateur
Métamorphoses : -

Alignement : Loyal bon
Langues parlées : Commun

Situation financière : Correct
Comportement social : Chaleureux
Type d’éducation reçue : Noblesse
Popularité et/ou influence : -
Pensée politique : Oligarchique

Croyances : Einhasad, assez croyant.

Relations extérieures : Ouvert à tous

Description 1 :
Malgré ses soixante-dix pouces, ce jeune homme, d'à peine dix-neuf ans, paraît moins robuste qu'il ne l'est vraiment. Pour autant, l'individu ne ressemble pas à un garçon chétif ; il présente une musculature assez développée, mais son jeune âge peine encore à convaincre.

En ville, on pourra le croiser vêtu d'un simple et léger habit, lequel se voit le plus souvent recouvert d'une admirable cape émeraude. Toutefois, il arrive qu'Adalbert ne se change pas, et reste équipé d'une lourde armure, mêlant vert et argent. Deux lames accompagnent constamment les jambes de leur maître. Incrustées de pierres précieuses, elle sauront attirer le regard, envieux, des passants. Les gants qui recouvrent sa main empêchent la vue de deux superbes bagues. Dès lors que ces derniers seront ôtés, vous aurez le privilège d'admirer les joyaux. Outre l'opale associé au saphir, on remarquera un travail d'une fine qualité.

Les cheveux de l'homme, dorés et désordonnés, ont tendance à s'étendre sur son visage. L'absence de cicatrices sur la figure, ainsi que la douceur du garçon accentuent son apparente ingénuité. Néanmoins, ni son inexpérience, ni son air candide ne nuisent à sa qualité. Il sait demeurer noble dans les gestes et dans le verbe.
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Description 2 :
Du haut de ses soixante-dix pouces, ce jeune homme de vingt-quatre ans impose la déférence. Les nombreux combats dont il s'est tiré ont renforcé sa musculature sans toutefois lui donner des proportions trop exagérées. En pleine force de l'âge, il fait montre d'une assurance — et d'une autorité — largement perceptible.

En ville, on pourra le croiser vêtu d'un simple et léger habit, lequel se voit le plus souvent recouvert d'une admirable cape émeraude. Néanmoins, il arrive qu'Adalbert ne se change pas et reste équipé d'une lourde armure, mêlant vert et argent. Deux lames accompagnent constamment les jambes de leur maître. Incrustées de pierres précieuses, elle sauront attirer le regard, envieux, des passants. Les gants qui recouvrent sa main empêchent la vue de deux superbes bagues. Dès lors que ces derniers seront ôtés, vous aurez le privilège d'admirer les joyaux. Outre l'opale associé au saphir, on remarquera un travail d'une fine qualité.

Les cheveux de l'homme, dorés et désordonnés, ont tendance à déborder sur son visage. Autrement, c'est désormais les traits d'un homme mûr que l'on distingue. En effet, plusieurs cicatrices ont effacé l'ingénuité qui le caractérisait cinq ans plus tôt. Aucunement changé par cette vie militaire, il sait demeurer noble dans les gestes et dans le verbe ; sa plume et son esprit ont du reste été régulièrement aiguisés lors de rixes épistolaires.

Pour ses actes, son énergie et sa fougue, les peuples l'ont gratifié des plusieurs titres ; ainsi est-il dorénavant :
  • ‒ Protecteur de Dion, Floran & Aden.
    ‒ Empereur des territoires Adenois.
    ‒ Dirigeant de la Maison de l'Astrée »
Date réelle de création du BG : Février 2012.
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Re: [bghumain] Adalbert de Montault.

Message par Perceval » mer. 1 août 2012 à 20h55

Prélude, du buisson à l'arbre
Chapitre I — Loin du monde

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[ image externe ]
Printemps de l'année quarante huitième
« Adalbert, tu es prêt ? — Oui Maman, mais je n’ai pas envie de partir », répliqua l’enfant. La mère essuya aussitôt les gouttes qui perlaient sur la joue de son fils puis elle lui arrangea les cheveux. Bouclés de nature, ils avaient tendance à exploser en un bouquet d’herbes folles, prenant ça et là des formes capricieuses. Adalbert leva les yeux vers sa mère. Celle-ci semblait aussi nerveuse que lui, peut-être même plus. Après un court silence, elle rajouta : « — J’en suis navrée, mais c’est nécessaire. Allons, ne traîne pas comme ça, tu vas prendre du retard. — Je m’en fiche. Je ne veux pas y aller, je suis très bien ici », insista-t-il. « — Ne recommence pas, je t’en prie. Ton père et moi sommes d’accord, il en va de ton avenir. Demande aux domestiques de ramener tes affaires. »

Le garçon s’exécuta puis revînt, la mine dépitée, vers sa mère. Dans un second élan maternel, elle vint l’embrasser, repassant une main dans sa chevelure dorée. « Tout ira bien. Cesse de t’en faire. » Adalbert restait là, sans mot dire, l’expression figée. Il songeait à l’absurdité de son départ, à la sérénité de l’instant. Si le choix lui avait été donné, il serait resté là dans les bras de sa mère, chez lui ; plutôt que de partir à l’autre bout du Continent pour étudier. La vie aurait été heureuse, l’adolescent se serait épanoui et jamais la vue de sa demeure n’aurait fait défaut. Seulement, le précepteur coûtait cher, et la mouvance des temps obligeait sa famille à préparer la défense du domaine. L’étroitesse de leur fortune ne permettait plus de rajouter aux dépenses l’éducation d’Adalbert. « Nos possessions seront les siennes, mieux vaut assurer la continuité de l’héritage » pensaient-ils sûrement. Placées à la frontière entre le territoire Dionnais et Girannais, ces terres avaient vu leurs richesses décroître depuis les dix dernières années, ce à cause du règne de Sybille l’Emissaire. Ne profitant plus des échanges entre les deux villes, le domaine s’appauvrissait croissant. On convînt alors de l’envoyer dans une école militaire, gratuite pour les nobles.

La douce voix de sa mère le sortit brusquement de ses songes. « Les valets ont déposé tes bagages dans le chariot, il est temps. » Le garçon hocha, l’air résigné, et ouvrit ensuite l’imposante porte du manoir. Lorsque l'enfant se retourna pour dire adieu à sa génitrice, il la découvrit en sanglot. Les larmes de la femme s’écoulaient indolemment le long du visage, traversant la région des pommettes pour achever leur lente et inexorable course sur le menton. La chute libre entamée, elles s’éclataient contre le sol dans un sourd fracas. En l’observant, le garçon remarqua que sa mère paraissait encore plus belle la figure chagrinée. Adalbert obliqua alors doucement vers la sortie, de sorte que la femme ne vit pas que son fils l’avait aperçu. Caressants presque le sol, ses pas légers le menèrent vers le coche dans lequel il se glissa. L’intérieur était très sombre et peu confortable. Il ressemblait presque à un corbillard. Ce devait être son enfance que l'on enterrait aujourd'hui.

Illuminé par les derniers rayons du soleil, Adalbert posa la tête contre la fenêtre du carrosse, lançant un ultime regard vers le château familial. A mesure que la voiture s’éloignait, le manoir devint une petite masure, puis un point gris dans l’horizon. Les paysages défilant de la campagne Girannaise — champs de blés, bétails et cultures — eurent bientôt raison de la conscience de l’enfant. « Belle saison. » songea-t-il, juste avant de s’assoupir.

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[ image externe ]
Peinture de la campagne girannaise, an 48
L’adolescent se réveilla, il était arrivé. La porte du carrosse laissa rapidement découvrir un austère bâtiment sur lequel, gravé dans le marbre, figurait « Ecole Royale Adenoise de Renoncour ». L’architecture grave et froide, les colonnes opulentes et la taille de l’édifice impressionnaient le garçon. De ses fenêtres, le monstre de pierre le dévisageait. Après avoir cligné plusieurs fois des yeux, l’écrasante masse de pierre ouvrit brusquement sa gueule, d’où jaillit le directeur. Le visage doux et innocent de l’enfant se changea en une figure apeurée.

« Bonjour, Sieur de Montault. — Bonjour. — J'ai à vous entretenir. » Adalbert montra qu’il était disposé à écouter attentivement. « Désormais, nous avons en charge votre éducation. Sachez qu’ici, la discipline est essentielle, toute entorse à nos règles sera très lourdement punie. Cependant, si vous vous comportez correctement, vous n’aurez rien à craindre. C’est compris ? — Entendu, Monsieur. — Très bien. Maintenant que ce point est éclairci, je vous laisse avec ces messieurs pour procéder à la présentation du lieu. A demain, debout au levé du soleil. » Une fois le directeur éloigné, les larmes qui avaient été retenues avec tant d’adresse par la mère du garçon échappèrent enfin à la garde de ses yeux.

Chapitre II — Espoirs déçus
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[ image externe ]
Hiver de l'an 50
Le jeune homme se trouvait là, assis au fond de la bibliothèque. Ses yeux cernés dévoraient un immense ouvrage et, ni l’arrivée du crépuscule ni la fatigue ne semblaient pouvoir les en décrocher. Les livres constituaient le seul remède efficient face à l’amertume, la mélancolie. Seulement ce recueil n’était pas un simple outil d’évasion, il avait quelque chose de plus : son actualité.
[...] Des mois durant, nous avons assisté à une montée des tensions entre les deux puissances. Cette fois-ci, la guerre a bien éclaté et elle intervient en des temps très troubles. L’armée Adenoise, appuyée par ses alliés de la Tour d’Azur arrivera-t-elle a contrer tous les maux qui s’abattent, au même moment, sur le monde libre ? [...]

Les armées stationnées autour de la porte des cauchemars dénombrent toujours plus de mort. Le front au Nord s’agite lui aussi, les dirigeants du Sud s’inquiètent. A en croire la rumeur, nous vivons nos dernières semaines de liberté. Qui sait ce qu’il adviendra de nous une fois que l’Ennemi paradera dans les rues de nos cités ? »


Extrait de l'ouvrage : Une ombre au Nord,
An 49 de notre ère.

Le sujet intéressait le jeune homme. Adalbert voyait en ce conflit l’unique moyen d’affirmer et d’étendre les idées de la vertueuse Aden ; principes auxquels il adhérait entièrement. Les peuples au Nord avaient été trop longtemps oppressés, le moment était arrivé. Il fallait balayer tout cela : rétablir la liberté, amener l’égalité. La justice ne pouvait être vaincue par l’infamie ni l’avarice. Les commentaires affolés des écrivains n’y pouvaient rien, le garçon en était certain. Il tourna délicatement la lourde page, laquelle cracha un puissant souffle d’air. A sa vue, Adalbert fut piqué d’un sourire. Une représentation des dirigeants de l’Aube du Phénix figurait sur la feuille. Celle d’Angueran retint longuement son attention. Le charisme, l’assurance et la prestance du personnage fascinaient. Armé de ses convictions et de sa lance, l’homme avait su se hisser parmi les grands ; et en dépit de la minceur de sa condition. Adalbert demeura songeur pendant de longues minutes face à la figure du héros. Sûrement s’imaginait-il à la place de ce monarque régnant désormais en maître sur la vertu. « Pourquoi pas moi ? » conclut-il, peu avant de s’écrouler sur la face de celui qui l’inspirait tant.

L’étudiant dormait peu la nuit et le jour ne le ménageait guère. Voilà trois années qu’il était arrivé dans cette école. Les trois types de sciences lui avaient d’abord été délivrés, sans qu’aucune ne l’ait réellement intéressé, sauf peut-être l’histoire. A présent, combats rapprochés, hiérarchie militaire, commandement et stratégie rythmaient son quotidien. Le jeune homme commençait à s’en lasser mais il n’en avait plus pour longtemps. Bientôt Adalbert serait en âge de quitter l’endroit, de réaliser ses ambitions.

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« Réveille-toi ! Tu n’as pas entendu la nouvelle ? » La phrase résonnait dans le crâne du dormeur. Reprenant peu à peu conscience, il leva doucement les yeux vers l’importun. C’était Eudes, un de ses camarades. Après avoir humidifié sa bouche, le jeune homme s’écria : « Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Le soleil n’est même pas encore levé que tu viens me déranger. — Le roi et la reine ont disparu ! Aden va se placer sous la vassalité de Goddard ! » répliqua Eudes. Les deux étudiants se fixèrent alors de longues secondes durant. Adalbert rompit le silence :

« Tu en es certain ? J’ai peine à le croire. — C’est pourtant la vérité. Tu n’as qu’à sortir, tu verras bien. Les gens s’affolent dehors, ils crient au meurtre. On assassine la liberté. J’ai assisté à plusieurs départs précipités. Où vont ces gens, je l’ignore. Je crains seulement que, d’ici peu, Gludio ne soit meilleure hôte. — Comment ça ? — Aden tombant, elle entraîne son allié dans la chute. Le royaume de l’Ouest n’aura jamais les moyens de défendre seul nos valeurs. La partie est perdue. — Je m’y refuse. — Hé, qu’est-ce que tu fais ? — Je pars. Il faut que je me rende chez moi, je ne permettrai pas que ces barbares détruisent ma famille, ni mon domaine. — Ta formation n’est pas terminée, tu sais que tu t’exposes à de lourdes sanctions par cette action. Les responsables de l’école te la feront payer durement. — Bientôt il n’y aura plus aucun responsable. Tu ferais mieux de partir avec moi. » acheva-t-il, peu avant de s’enfuir, seul, du bâtiment.


Chapitre III — Au sujet de ton père

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[ image externe ]
Automne de l'an 50
Le cavalier, entré tantôt dans le village, mit pied à terre. Il traversa tout le petit bourg, dévisageant à son passage chacun des habitants. Aucun d’entre eux ne paraissait joyeux, au contraire. Ils avaient la mine triste, abattue, presque larmoyante. Les paysans, de leur côté, ne le lâchaient pas non plus du regard. Peut-être cherchaient-ils à connaître son identité, mais l’intriguant avait la figure recouverte d’une lourde capuche couleur émeraude. Il s’arrêta sur le seuil de la demeure Montault, hésitant de longues minutes avant de se découvrir. Le jeune homme aux cheveux dorés et désordonnés frappa trois coups sur la porte du manoir. Deux domestiques vinrent lui ouvrir puis lui demandèrent son nom. « Adalbert. » répondit-il, peu avant de rajouter « Adalbert de Montault, le fils de vos maîtres. — Vous voulez dire de notre maîtresse, Monsieur ? » Dans son empressement, Adalbert ne fit pas attention à la phrase du laquais. Il se précipita vers la chambre de sa mère.

« — Maman, j’ai tant espéré ce moment ! »

La mère ne répondit rien, elle lui tournait le dos, la silhouette courbée. Le jeune chevalier remarqua alors qu’elle pleurait. Il s’approcha pour la consoler. « Oh non, dis, tu ne vas pas t’y mettre non plus. Tout le village est dans cet état. Je suis de retour maintenant, il n’y a plus à s’en faire. — Tu ne comprends pas.. — Que se passe-t-il ? — Il vaut mieux attendre un peu avant que tu ne saches. »

Dans une impulsivité propre aux gens de son âge, le garçon hurla : « — Bon sang, nos terres seraient-elles devenues si peu chaleureuses ?! Je te laisse, je vais voir papa. — Justement.. — Justement quoi ? » Le jeune homme frissonna, pressentant presque la réplique de sa mère.

« — Il est mort ! » Adalbert s’assit sur le lit de la pièce, se sentant défaillir. Après s’être accordé un petit instant pour concevoir la chose, il s’enquit : « Comment, et pourquoi ? — Depuis la libération de Dion, notre domaine s’est rallié aux autres dirigeants du Sud. Pendant plusieurs semaines, nous avons vu nos exploitations reprendre, les gens recouvrer le sourire. Les caravanes marchandes s’arrêtaient à nouveau sur nos terres, et nous profitions des échanges entre Dion Gludio et Giran, comme avant l’arrivée de Sybille. Seulement, la suite tu la connais. » Elle s'interrompit, le temps de saliver, puis poursuivit : « Aden s’est écroulée, écrasant au passage le Royaume de l’Ouest sous le terrible poids de ses prétentions. Ton père n’a pas voulu échapper à l’affrontement final opposant la valeur à la souillure. Il a emmené avec lui la moitié des soldats du domaine, mais malheureusement, aucun d'entre eux n'est revenu. Seul son corps, décapité, nous a été remis. — Je.. » Il s’effondra.
Dernière modification par Perceval le ven. 21 juin 2013 à 17h02, modifié 1 fois.

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Re: [bghumain] Adalbert de Montault.

Message par Perceval » mer. 1 août 2012 à 20h55

Chapitre IV — Un air de renaissance
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[ image externe ]
Printemps de l'an 52
[Création Astrée.]
Un préambule inédit

Le soleil était bas sur l'horizon. Le Chevalier leva son regard sur le sommet de la colline : le feu de l'astre avait embrasé la pierre, la parant d'une teinte chaude et orangée. Il crut entendre encore le crépitement du feu. L'effondrement des poutres. Adalbert s'approcha des ruines. Il n'y avait plus rien. Dion offrait un accueil à son image : dévasté. Le cœur du jeune homme se serra. Il sentit alors la chaleur que dégageait l'incendie. Rien n’avait été oublié. Et chacune de ces pierres étaient là pour inscrire ce souvenir dans la rétine des passants.

Il s'assit sur la base de ce qui avait été une colonne. Elle avait soutenu la structure. Il regarda en l'air, essayant de se souvenir des voûtes. Des sculptures. Des ornements. A terre demeuraient quelques substrats d'une fresque latérale ; Einhasad irradiante de lumière. Un pan de mur s'élevait à son opposé, il était troué, laissant entrer les faisceaux ardents du couchant. Adalbert pensa à tous les Temples qu'il avait connu. Dion n'était pas pourvue d’une église majestueuse comme celle d'Aden. Elle était plutôt semblable aux basiliques de Gludio ou d'Althéna ; mais il régnait à l'intérieur la même atmosphère mystique et secrète que dans celle de Rune. Oui, c'était cela la particularité du Temple de Dion, il était habité par une réelle foi. Ses murs renvoyaient en écho les lointaines prières chuchotées ; elles demandaient grâce, santé, bonheur, espoir.

En un rapide mouvement, le chevalier se redressa, se dirigeant jusqu'à la dépendance qui avait abrité le dispensaire. On entendit les suppliques mais aussi les remerciements de ceux qui avaient survécu. L’homme posa sa main sur le vestige d'un mur, le contact avec la pierre froide lui arracha un soupir. Il se souvint combien le sol était encombré juste après ce terrible affront, l'odeur insupportable des cadavres en putréfaction. Son pied écarta bientôt quelques cailloux, découvrant les arabesques défoncées du dallage. C'était un peu comme d’appréhender un endroit après cent milles ans d'abandon. Il revint près de la nef, escaladant les restants de marches. Seul, un socle témoignait de la présence, désormais révolue, d’une statue. C'est en le considérant que ses yeux s'arrondirent sous l'effet de la surprise. L'un des cratères dans le sol était si profond que l'on pouvait voir la terre sous les fondations de l’édifice religieux ; mais là, au milieu de cette masse terreuse, une jeune pousse se tenait, baignée dans le halo du soleil. Elle avait réussi à pousser parmi ces ruines. Cette destruction avait permis sa naissance. Le Chevalier corrigea sa tenue, emplissant ses poumons d'un nouvel air.
Celui du renouveau.
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[ image externe ]
Brûleblé de l'an 52, Envoi des troupes à Aden.
[Sub Warcryer.]
Adalbert s’avança. De longs instant durant, il demeurait de glace devant ses hommes. Le Chevalier de Montault prit une bouffée d’oxygène, se rapprochant un peu plus encore de la troupe, puis déclara :
« Soldats,

A l’époque où l’Armée Dionnaise n’était qu’une simple milice, elle se dressa face à l’envahisseur Mahum. Peu nombreuses, désorganisées et mal équipées, nos forces accomplirent des faits d’armes qui demeureront, à jamais, inscrits dans les mémoires. Oui, combattants de la liberté, vous vous êtes montrés dignes alors que personne n’escomptait rien de vos âmes. Qui s’attendait à ce qu’une puissance émerge de la ville martyr ? Aucun n’aurait pu imaginer qu’un jour Dion se rassemblerait sous une bannière, symbole d’une unité nouvelle.

Non, personne, sinon vous-même. Jusqu’à présent, vous vous étiez battus pour des décombres stériles ; dénués de tout sens, sans intérêt autre que la survie. Batailles sans murs, rivières sans ponts, marches forcées sans souliers, bivouaque sans eau-de-vie, souvent sans pain, rythmaient votre quotidien. Qui, à part notre armée, est capable de souffrir ce que vous avez souffert ?

Aujourd’hui, les choses ont changé. Chacun est désormais rompu à la maîtrise de plusieurs armes et possède un équipement de qualité. Formation physique, mentale et martiale ont été fournies ; et ce par l’ancien et prestigieux Commandant du Bouclier d’Azur. L'entraînement a été dur, j'en conviens.

Mais soldats, vous n'avez rien fait, puisqu'il reste encore à faire. Ni Shilen ni la menace Mahum ne sont écartées. La patrie a le droit d'espérer de nous, c’est-à-dire ses troupes, de grandes choses. Justifierez-vous son attente ? Nous avons encore des combats à livrer, des villes à protéger, des rivières à passer. Tous brûlent de porter au loin la gloire du peuple Dionnais ; tous veulent dicter une paix glorieuse, et souhaitent, en rentrant dans leurs villages, pouvoir clamer avec fierté: « J'étais dans l’armée victorieuse de Dion ! »

Amis, je vous les promets, ces triomphes ; mais il est une condition qu'il faut que vous juriez de remplir, c'est de respecter les peuples que vous délivrerez et d’honorer les codes qui nous sont chers.

[...]

Officiers, soldats, en colonne par quatre, musique en tête. Et fichez-moi ces drapeaux en l'air. »

24 Brûleblé de l'an 52 ; de Montault,
« Proclamation à l'Armée Dionnaise »
Hurlements, clameurs et autres manifestations d'enthousiasme retentirent, de sorte que le sentiment s'étendit bientôt à la Cité toute entière. Tous se mirent à acclamer leur chef avec un puissant transport. Des fenêtres du Cénacle, le Conseil observait cette effervescence ; l'œil inquiet et alerte.
Dernière modification par Perceval le sam. 25 mars 2017 à 04h28, modifié 1 fois.

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Re: [bghumain] Adalbert de Montault.

Message par Perceval » mar. 2 octobre 2012 à 17h52

Chapitre V — Grandeur & Décadence

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5.1 ‒ Cave ne cadas
« Prends garde à la chute »

Sur le haut des marches, il s’arrêta. Un œil sur la foule, le Sire contemplait l’inespéré tableau qui prenait forme. Nobles, évêques, artistes, paysans ; tous s’étaient massés pour accueillir leur souverain. Le soleil était venu, lui aussi, approchant de son zénith, comme pour saluer l’empire et son nouveau monarque. L’astre illuminait la ville toute entière, et la poussière d’or répandue par ses raies accentuait l’éclat des murs de diamant, des arbres d’émeraude et des toits de saphirs. Adalbert souriait à l’espace, et il le lui rendait bien. Son nom naviguait parmi les bouches, sans jamais qu’on ne cessa de le prononcer, et l’exaltation des cœurs s’échappait de chacun pour emplir l’atmosphère d’une chaleur inédite. La mer vivante et fiévreuse s’agitait mais elle ne promettait aucune tempête au capitaine ; l’empire avancerait grâce à elle. Sans le soutien de la population, aucune entreprise n’aurait pu aboutir. Le jeune souverain le savait, et il avait su s'en rendre amant. Ses exclamations rythmaient du reste les secondes et lorsqu’elle commençait à s’alanguir, un geste d’Adalbert suffisait pour reprendre la mélodie. Les Adenois portaient son nom si haut qu’il n’eût aucun mal à atteindre l’immense ciel bleu surplombant la scène. Pas un nuage n’entravait sa route pour la postérité, et les rayons du soleil assistaient cette formidable ascension.

Qui était-il pour prétendre à pareil triomphe, cet irascible ambitieux sorti de nulle part ? Ne pouvait-il pas se satisfaire de Dion et Floran ? Les deux villes semblaient n'avoir été qu’une façade pour s’illustrer. D’éducation Adenoise, Adalbert nourrissait depuis petit l'espoir de remplacer les grands empereurs du passé. La Haute-Prêtresse lui en avait fourni l’occasion, et sous des prétextes louables, il s’était emparé du pouvoir face à un peuple qui regrettait, lui aussi, ses antiques gloires. Apportant un dernier souffle au rêve de grandeur Adenois, le monarque avait ravivé le spectre impérial. Le pari gagné, mis-à-part quelques exceptions, le jeune homme savourait sa victoire. Désormais, il régnait sur Dion, Floran et Aden.
L’émeraude de l’Astrée venait de laisser place au pourpre.
5.2 ‒ Aut Cæsar, aut nihil
« Empereur ou rien »


La nuit approchait, le voile du crépuscule emportant peu à peu l'auguste peinture qui s'était esquissée tantôt. Adalbert demeurait songeur. Et, tandis que la mer devenait lac, ses petites goutes pâles se détachaient lentement; toute la grande place et les jardins du château se désengorgeaient. Les rues, transformées en rivières par ces fluides mouvements, commencèrent à s'allumer. Au-dessus de ce lac vidé, de ce point de vue si fugace, l'ombre engloutit le soleil, propageant parmi la voûte celeste une cendre noir. L'empereur, dans sa méditation, éprouva une singulière sensation à voir ce paysage qui s'effaçait. De la mélancolie, sûrement. Peut-être pensait-il aussi à sa chère amie. Mariel avait un rêve, et elle avait souhaité le partager avec lui ; seulement, il était trop ambitieux. Étouffant sa profonde affection pour la Haute-Prêtresse, il venait de balayer le Conseil, et du même coup une partie des valeurs de l'Astrée. — Je n'ai pas fait tout cela en vain, Warog. Je serai empereur, avait-il déclaré à l'évocation du terrible forfait. Malheureusement, ses sentiments commençaient à resurgir et l'idée d'avoir profité de la jeune femme le torturait. Tout avait pourtant été réfléchi à l'avance, il s'en était fait une proche, puis, son amitié assurée, on avait soigneusement placé des partisans dans les ministères clefs du gouvernement Adenois ; l'armée, la diplomatie, la justice. Au premier instant opportun, ils devaient se rallier sans condition au déclaré souverain. C'est ce qu'ils firent et ainsi ressuscita l'empire ; animal carnassier se nourrissant d'un rayonnement éteint et d'une illusion fanée.

Alors, dans un élan aussi naturel qu'inattendu, des larmes perlèrent sur la joue du monarque. Il s'empressa de les faire disparaître. Pas de pleur. Adalbert s'était promis de ne jamais s'éloigner de son objectif, c'est ce qu'il venait de faire. Pourquoi devait-il se reprocher d'avoir concrétisé une partie du plan ? Dorénavant, comme il l'avait souhaité, le césar gouvernait le destin de centaines de milliers d'âmes et bientôt peut-être plus si les Dieux lui permettaient. Le 8, Elmore-Aden réunie, l'idée était plus qu'un songe brumeux ; mais devait-il pour autant sacrifier toutes les valeurs qu'il avait juré de défendre ? Il soupira. La nuit était arrivée.
Dernière modification par Perceval le sam. 25 mars 2017 à 04h22, modifié 3 fois.

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Re: [bghumain] Adalbert de Montault.

Message par Perceval » lun. 12 août 2013 à 05h29

Chapitre VI — Honneur
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épilogue d'une vie glorieuse.
6.1 ‒ Soirée funeste

Illuminée par la souveraine des astres, la neige sur la Grande Place offrait un spectacle inouïe. Les arbres, imparfaitement couverts de neige, se détachaient faiblement du fond grisâtre que formait la voûte céleste, envahie par les nuages. Vus au sein de cette atmosphère fantastique, ils ressemblaient vaguement à des spectres mal enveloppés de leurs linceuls, image gigantesque de la farineuse danse des morts. En levant la tête vers les demeures d'à côté, on pouvait pourtant admirer la danse des vivants ! Des salons splendides, aux parois d'argent et d'or, aux lustres étincelants, brillant de bougies. Là, fourmillaient, s'agitaient et papillonnaient tous les gentilshommes de la Cité d'Albâtre. Adalbert sortit d'un des bâtiments, quelque peu enivré par les plaisirs de ces salons. À sa droite la sombre et silencieuse image de la mort ; à sa gauche, les décentes bacchanales de la vie : ici, la nature froide, morne, en deuil ; là, les hommes en joie. L'individu, sur la frontière de ces deux tableaux si disparates, s'arrêta un instant. Sa jambe était en effet glacée par un de ces vents coulis qui vous gèlent une moitié du corps. « Il ne fait pas bon d'être à l'extérieur, ces temps-ci ; dur hiver. » pensa-t-il.
[...]
Quelque chose de dur venait de le frapper. Pourtant, il ne sentit pas immédiatement la douleur ; l'ivresse, sûrement, rendait l'affaire plus douce. Du rouge, partout. Du sang, peut-être ? En ramenant une main vers sa blessure, le bougre découvrit ce liquide rougeâtre. Il n'eût pas le temps de baisser la tête pour découvrir sa plaie que vint un autre coup, tout aussi prompt et inattendu. Alors, l'homme comprit qu'arrivaient ses dernières heures ; et, dans un dernier élan il dégaina une de ses épées. Jamais elle n'avait semblé aussi lourde, l'abandonnerait-elle, elle aussi ? Non, pas maintenant ! Il eût du mal à se mettre en garde, manquant de se faire transpercer trois fois. Pourtant, le combat tourna un instant à son avantage ‒ deux d'entre ses agresseurs étaient à terre. Mais un dernier coup mit un terme à ses espoirs de victoire. Tout se mit à tourner, le sol lui même ne semblant plus fixe ni solide. D'abord chancelant, il s'effondra dans la froide neige, lui offrant une nouvelle teinte ‒ écarlate.

6.2 ‒ Confessions

La victime inspirait ses dernières heures. Dorénavant, seuls ses écrits lui survivraient. « Apportez de quoi griffonner, vous noterez pour moi mes derniers mots. » S'exécutant, le médecin revint s'asseoir à son chevet, armé d'une plume et de papier. Alors, le césar qui réapprenait à être un homme s'efforça de dicter.
Jour de ma mort.

Ceci n'est pas un plaidoyer, ni un réquisitoire.
À tout le monde & personne,
Si certains m'admirent, nombreux sont ceux qui me détestent. Je ne reprendrai pas les mots du Baron Bashère, mais aucun homme ne fera jamais l'unanimité, fut-il le plus grand et le plus généreux.

Depuis ma jeunesse j'ambitionne le pouvoir, non pas par attrait pour le faste qui l'accompagne mais dans un seul dessein : que mon nom traverse les générations et qu'il soit synonyme d'heures glorieuses pour la Cité d'Albâtre, mère qui m'a nourri et éduqué. Je n'ai jamais eu de cesse que de chercher cet éclat, celui qui caractérisait ses anciens jours, afin de le lui offrir et farder. Mais les choses ont changé, et je m'en suis aperçu trop tard. Mon esprit a posé Angueran en modèle, peut-être aurais-je mieux fait de suivre le chemin de Iann. Trop tard.

Aden, pour toi j'ai trahi celle vers qui allaient mes sentiments les plus puissants. Pour ton honneur je me serai battu jusqu'à mon dernier souffle. Pour ta pérennité j'ai choisi celui qui est le plus éclairé pour me remplacer. J'ai souhaité étendre ta culture et tes lumières à tout le continent, mais j'ai échoué.

Qu'importe, puisque aujourd'hui je ne meurs pas en monarque mais bien en homme. Je ne dirai pas tout ; ni qui m'a assassiné, ni qui l'a ordonné, ni pour quel motif. Je l'ai compris dès que la première lame s'est plantée en moi ; mais c'est aux vivants de comprendre la mort, et non pas aux morts d'éclairer les vivants.

N.B : Que ce mot soit aussi transmis à Mariel. J'ignore où elle se trouve, mais peut-être m'excusera-t-elle. Que le messager qui lui apporte lui signifie à quel point sa rencontre aurait pu changer mon existence.

Adieu,
[disparition.]


  • « Mourir n'est rien ; mais vivre vaincu et sans gloire, c'est mourir tous les jours. » — Napoléon Bonaparte.

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