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par Maerith » ven. 24 mai 2013 à 19h27
« Une choppe, tavernier ! »
Une taverne sombre, sans doute humide, mal famée sans aucun doute. Une journée comme une autre pour Maerith. Une journée de plus qui commençait dans sa vie qui aurait pu être si parfaite. Comment cela avait-il pu se passer ? Ses souvenirs embrumés par l’alcool avaient de la peine à reconstituer les événements, mais il le fallait, il ne fallait pas oublier son passé. Elle avait promis de revenir… un jour. Mais pour le moment sa nouvelle chope arrivait, et le délicieux breuvage allait à nouveau pouvoir couler dans son gosier.
Maerith pris la coupe et la porta à ses lèvres, le gout rance de l’alcool frelaté ne la dérangeait plus, elle était là depuis trop longtemps pour s’en soucier. Ni l’odeur de mort qui montait, ni la paillasse moisie sur laquelle elle dormait ne la touchaient, elle qui avait dormis dans un lit de soie il y a peu, elle qui aurait dû vivre parmi les étoiles vivait maintenant dans la fange, rien ne semblait pouvoir aller moins bien… se rappeler… elle devait se rappeler… l’alcool aidant, elle s’endormit une fois encore, sur la table de la taverne, les images passant devant ses yeux sans qu’elle ne sache ni pourquoi, ni comment.
Les grandes portes sur le mur en grès blanc, le blason d’or en dessus de la porte, et elle, portant un baluchon sur son épaule qui attendait. Un homme était arrivé peu après, elle s’en souvient très bien. Cela devait sans aucun doute être un métisse, trop grand pour un humain, trop fort pour être un elfe. Il portait une salopette rouge sous un pull vert, et il était le responsable des employés. C’est lui qu’elle était venue voir, se faire engager comme cuisinière. Il la regarda, il lui sourit, elle savait qu’elle était engagée.
« Maerith, tu es mon bras, tu es mes yeux, tu seras la fierté de notre peuple. Et souviens toi, l’échec n’est pas une option, la réussite ou la mort. »
C’est par ces mots que sa mère l’avait envoyée à sa mission. Infiltrer une famille de nobles humains pour en apprendre plus sur leurs agissements. C’était sa première mission, pour ses 123 ans, pour achever sa formation. Elle devait pénétrer la demeure par n’importe quel moyen, se rapprocher des membres de la famille et apprendre leurs plus sombres secrets. Cette famille grandissait encore et encore, tout comme son influence, et le jour venu ces secrets pourraient se retourner contre eux, pour la puissance de notre peuple.
La cuisine était immense, et bien mieux éclairée que toutes celles qu’elle avait vu jusqu’à ce jour. Les mets étaient fins, et ils ne se refusaient rien. Elle se devait de ne rien gâcher si elle voulait confirmer sa place. Sa réputation avait été faite par une autre ombre auprès du maitre armurier de la famille, qui l’avait transmis au responsable lorsque la cuisinière avait mystérieusement disparu… morte, noyée dans un ruisseau proche. Un faux pas sans doute. Elle regarda les ingrédients, les poisons les plus mystérieux lui revinrent en esprit, souvenir de sa mère, de l’enseignement qu’elle lui avait donné. Elle se répéta que de faire un repas devait être plus simple que de jauger un poison, les proportions ne devant pas être aussi précises. Elle prit un morceau de viande… et tout alla pour le mieux. Le premier repas fut un succès, la famille fut ravie et elle fut engagée. Elle parvint même à se contenir en voyant un pâle dans la salle, à ne pas empoisonner son vin et même à lui sourire.
Ce n’est que deux mois après, lorsque l’ombre qui l’avait introduite fut découverte, qu’elle se surprit à remercier Noct, dragon des ombres, auprès duquel elle fut consacrée, un secret bien gardé… sa vie ne devait pas exister pour qui ne la connaissait pas, une ombre, c’est tout ce qu’on lui demandait d’être. Elle sourit quand il fut pris, expliquant au combien elle trouvait immonde cette pratique que d’infiltrer d’autres mondes, de leur mentir, et participa même à la lapidation publique. La fille de la famille la vit faire, et eu confiance. Loué soit Noct.
Les semaines suivantes furent plus simples pour elle. Son geste auprès de son frère lui donna la confiance la plus totale de la famille, qui commença à s’ouvrir. La mort de l’un pourrait, peut-être, offrir la puissance que son peuple méritait. Tout allait pour le mieux pour elle, elle se fit inviter à la table des employés, auprès de l’homme à la salopette rouge, qui lui parlait de la famille, des ragots et de ce qui s’y passait. Rien ne pouvait mieux se passer, sa mission serait bientôt une réussite totale.
Encore deux mois passèrent et ses rapports continuaient à aller en Shel Oloth, auprès de sa mère qui saurait transmettre les informations à qui de droit. Tout se passa parfaitement, jusqu’à ce que la fille l’appelle à sa chambre, lui demandant un potage, car elle se sentait mal. Comment aurait-elle pu prévoir, à ce moment, que celle-ci cracherait tant de sang, que chaque orifice de son corps cracherait du sang, comme tous les membres de sa famille. Les humains n’étaient pas mieux que les sombres finalement, et le poison se trouvait une arme parfaite pour se débarrasser d’une famille concurrente. surtout quand une sombre se trouvait dans la place.
Il ne fallut pas longtemps en effet pour que la milice arrive, arrachant la porte de ses gonds avec un bélier, pour trouver la famille morte, ensanglantée, vidée de leur vie. Leurs yeux se tournèrent sur la sombre, elle se savait accusée, elle savait qu’elle n’aurait plus longtemps la possibilité de voir le ciel si elle restait ici… et elle s’enfuit, elle s’enfuit avec comme seule possession ce qu’elle avait sur elle.
Elle se réveilla peu après, toujours sur la table de la taverne, sa taverne, le seul lieu que la milice n’avait pas été visiter. Cela faisait plusieurs mois maintenant qu’elle n’avait plus envoyé de missive à sa mère, elle devait savoir qu’elle avait échoué et elle ne voulait pas mourir. Avant de revenir, il allait lui falloir réussir, savoir qui avait tué, trouver des preuves, les faire chanter. C’était sans nul doute une famille puissante à présent, cela redorerait son blason.
Ses yeux, tout aussi embrumé que son esprit, virent un homme entrer dans la taverne. Il semblait riche, la bourse à sa ceinture était pleine. Il venait sans doute voir l’une des prostituées de l’établissement, mais il ne comprenait pas qu’il était dangereux de se pavaner ainsi. Un homme se leva, l’acier de sa lame brilla, et le sang de l’homme couvrit le visage de Maerith. Sa langue glissa au coin de ses lèvres, gouta le sang, il était chaud… salé. Elle ne pouvait plus rester ici, elle devait réussir. Les ombres l’avaient sauvée une fois, elles sauront recommencer. Maerith se leva et sortir de la taverne, marchant en direction de la Lune, sa vie commençait, et de cet échec elle n’allait que devenir plus puissance.