[bghumain] Ande

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Ziefniel
Elpy
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[bghumain] Ande

Message par Ziefniel » jeu. 19 décembre 2013 à 22h23

Nom : aucun.
Prénom : Ande.
Surnom : aucun.
Titre : aucun.
Age : 19 ans.
Sexe : masculin.
Race : humain.
Métier : Clerc, aspire à devenir Evêque.
Compétences : Soin, magie blanche.
Métamorphoses : aucune.

Alignement : de neutre-neutre à neutre-mauvais pendant ses crises de schizophrénie.

Langues parlées : humain et commun.

Description physique : Mesurant 184 centimètres et ayant une silhouette svelte, Ande ne se démarque pas particulièrement dans les foules. Ses cheveux châtains encadrent son visage ovale sans pour autant entraver son champ de vision. A de nombreuses cicatrices sur les avant-bras qu’il entend camoufler sous ses manches. Visage froid et inexpressif ne laissant transparaître aucune émotion à moins qu’il ne succombe à sa seconde personnalité. Regard perçants et froids.

Caractère : Tant qu’il garde la maîtrise de son esprit Ande affiche un certain calme, se comporte de façon respectueuse et affiche une certaine humilité. Cependant, lors de ses crises de schizophrénie celui-ci peut devenir violent et grossier.

Autres : Schizophrène mais essaye de combattre son état mental pour regagner une totale maîtrise de son corps et ainsi limiter les cas de perte de contrôle de son corps.

Situation financière : ne dispose d’aucun bien ni d’aucune ressource.

Comportement social : comportement ambivalent en fonction de son interlocuteur selon la première impression que celui-ci lui fait. Lorsqu’il cède à sa seconde personnalité il dédaigne les nécromanciens et tous ceux manipulant des créatures sans volonté.

Type d’éducation reçue : éducation lacunaire, ayant quitté la sphère familiale de manière prématurée l’éducation d’Ande reste incomplète. Malgré tout celui-ci accepte aisément de se plier à une autorité légitime et connait les rudiments de quelques usages.

Popularité et/ou influence : aucune popularité ni influence, personne relativement inconnue.

Croyances :
Einhasad : Respecte la déesse sans pour autant s’intéresser à son culte.
Gran Kain : Ne s’intéresse pas à ce culte bien qu’il respecte en une certaine mesure son idéal.
Eva : Eprouve une certaine indifférence pour ce culte, toutefois tempérée par le respect qu’il porte à la culture elfe.
Shilen : Eprouve une certaine crainte pour la déesse mais s’intéresse de loin à son culte.
Sahya : Bien qu’il ait déjà entendu ce nom, Ande ne connait rien de cette divinité.
Pa’agrio : Un dieu qui l’intrigue et dont il aimerait connaître plus de choses.
Maphr : Bien qu’il respecte les qualités de la déesse, Ande ne porte que peu d’intérêt à son culte.

Relations extérieures :
Elfes : Sentiment neutre par rapport à ce peuple, il respecte leur culture mais leurs agissements lui semblent parfois mystérieux.
Humains : En respecte certains et en dédaigne d’autres, plus particulièrement les nécromanciens.
Kamaels : Légère méfiance envers cette race dont il ne sait que très peu.
Nains : Respecte leurs capacités et n’hésite donc pas à les approcher pour passer quelque commande que ce soit.
Orques : Légère crainte des orques en raison de leur carrure imposante mais éprouve une certaine fascination pour leur vigueur.
Sombres : Sentiment ambivalent pour les membres cette race qui peuvent tant être des alliés précieux que des ennemis pernicieux.

Ziefniel
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Re: [bghumain] Ande

Message par Ziefniel » jeu. 19 décembre 2013 à 22h33

Un grognement dans la nuit.


Les passants s’écartèrent pour laisser place au coche qui se dirigeait vers les portes d’enceinte de la cité. Cela faisait déjà plus d’une semaine que les habitants de la ville avaient accueillis ces marchands qui aujourd’hui s’en allaient vers leur nouvelle destination. Alors que l’attelage entraînait difficilement sa charge jusqu’à la porte d’enceinte de la cité, quatre jeunes hommes se précipitèrent jusqu’à l’arrière de la carriole et bondirent à son bord sous les regards interloqués des curieux.

Ande regarda ses quatre frères aînés s’installer sur la banquette face à lui alors que lui-même en partageait une avec sa mère. Son père, guidant l’attelage depuis le siège extérieur, souleva un pan de toile pour y passer la tête. D’un bref coup d’œil il vérifia que toute sa famille avait bien embarquée alors qu’ils s’apprêtaient à passer les portes de la ville.

- Vous êtes en retard, fit-il à l’intention des plus âgés de ses fils, un peu plus et nous partions sans vous.

Alors que leur père se redressait sur son siège et rabattait la toile, les quatre retardataires ne purent s’empêcher d’échanger une longue œillade accompagnée de quelques coups de coudes complices. Ande resta immobile à les observer tout en se plongeant dans un profond mutisme. Bien qu’âgé de quatorze ans, celui-ci était le benjamin d’une fratrie de cinq et n’avait jamais participé aux activités de ses aînés du fait de son jeune âge et de sa constitution fragile, préférant rester avec sa mère qui lui enseignait les bases de la magie de soin et de la médecine scientifique plutôt que de s’exposer à divers risques en vagabondant dans les rues.

Le coche poursuivit sa route jusqu’à ce que le soleil s’éclipse à l’horizon. Le voyage fut ponctué par des secousses dès que l’une des roues de la charrette rencontrait une irrégularité sur le sentier, et par les récits des frères ainés dont les esprits combinés formaient alors la quintessence de la grivoiserie. Enfin, le convoi s’arrêta dans un pré jouxtant la route.

Les quatre aînés, comme à leur habitude, bondirent du coche dès qu’il se fut arrêté et extériorisèrent la vivacité, jusqu’alors contenue, qui était la leur. Voulant canaliser cette énergie, leur père les interpella et leur demanda de l’aider à décharger quelques fournitures qui leurs permettraient d’allumer un feu autour duquel ils pourraient se reposer et se repaître. Quelques minutes après, la famille se regroupa autour d’un feu naissant n’émettant que de légers crépitements et partagèrent leur souper.

- Si le temps est clément nous arriverons à la prochaine ville demain en fin de matinée, fit le père, brisant alors le silence qui s’était installé.
- Nous pourrions même dormir en ville ce soir si nous nous pressons, ajouta l’un des ainés entre deux bouchés.
- J’en doute, répondit le père en réprimant un sourire, il est fort probable que nous nous trouvions devant des portes closes si nous prenons la route ce soir, autant nous reposer et partir le matin.
- Et il est dangereux de voyager de nuit dans ces régions, ajouta la mère, nous risquerions fortement de nous égarer ou de nous faire attaquer par quelques créatures errantes.

La conversation suivit son cours, ouvrant alors place à un débat sur les capacités des quatre frères ainés et du père à défendre le coche, les premiers étant certains de leurs compétences alors que le second tentait désespérément de leur inculquer quelques notions de sécurité. Enfin, alors que la discussion devenait cyclique, l’un des frères interpella Ande :

- Et toi Ande, qu’en penses-tu, nous ne t’avons pas beaucoup entendu.

Ande resta muet un instant, le visage figé dans une expression de frayeur, avant d’enfin sortir de son long mutisme.

- Je pense que nous devrions rester ici, dit Ande d’une voix laissant transparaître sa tension, il fait bien trop sombre pour nous diriger et, même si vous avez confiance en vos compétences de combat, l’obscurité serait propice à une embuscade.
- Ah, s’exclama le père, enfin l’un de mes fils compte sur sa tête plutôt que sur ses bras ! Mais détends-toi, mon fils, tu n’as rien à craindre ici.
- Désolé père, répondit Ande d’une voix faible, il y a beaucoup de papillons de nuit ce soir.
- Ne t’en fais pas, lui répondit sa mère en lui caressant la tête, ils sont attirés par le feu, ils ne viendront pas vers toi, tu n’as pas à avoir peur.

Malgré sa lépidophobie prononcée, Ande tenta de se détendre à la vue des papillons de nuit volant vers le brasier jusqu’à ce que leurs ailes soient consumées par les flammes. Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration et vida lentement ses poumons ; il perpétua cet exercice pendant une longue minute jusqu’à ce qu’il parvienne à retrouver son calme. Alors qu’il sentait sa peur l’abandonner, Ande entendit un grognement féroce venir de l’obscurité.

Ande se leva en sursaut et scruta l’obscurité, croyant un instant que son esprit venait de lui jouer un tour, mais, quand il vit la crainte s’afficher sur les visages de ses frères, de sa mère et de son père, il comprit qu’il n’avait pas halluciné ce grognement. Tous restèrent immobiles un instant, comme attendant un écho à ce son bestial, et, l’écho vint. Un second grognement raisonna dans la plaine.

Soudain tout s’accéléra, le père étouffa le feu en le recouvrant de terre et ordonna à ses fils et à sa femme de monter dans le coche. Alors qu’ils s’installaient un autre grognement retentit dans l’obscurité. Le père détacha l’une des montures de l’attelage et l’apporta à l’un des aînés.

- Fonce à la ville la plus proche, lui fit-il sans cacher sa crainte, trouve de l’aide, nous allons être attaqués, nous serons trop lents avec le coche et encore plus à pied. Nous allons être attaqués, va chercher de l’aide ou nous mourrons tous.

Sans un mot le fils enfourcha sa monture et fonça en direction de la ville la plus proche, rapidement il disparut dans l’obscurité. Quelques secondes plus tard l’attelage entraîna le coche, le père joua de la cravache et poussa les bêtes à leur vitesse de pointe. Pendant quelques minutes aucun grognement ne se fit entendre, les laissant alors penser que le danger se trouvait derrière eux. Alors des grognements retentirent plus proches, bientôt suivis du hurlement du père et d’un bruit de chute.

Le coche s’arrêta, les trois aînés restant s’emparèrent de leurs armes et en descendirent. Des bruits de métaux s’entrechoquant s’élevèrent. Ande resta immobile sur la banquette ; sa mère le sera dans ses bras. Le jeune fils comprit que sa mère pleurait quand il sentit ses larmes rouler contre ses propres joues. Bien qu’il comprit la situation dans laquelle ils se trouvaient il ne pleura pas et ne parla pas.

Soudain le coche fut renversé et, à ce moment même, sa mère lui couvrit les yeux de ses mains. Ande, privé momentanément du sens de la vue, prêta attentions aux bruits qui l’entouraient. Alors, il entendit un violent craquement et bientôt sentit un liquide chaud et visqueux s’écouler le long de son dos, comprenant ainsi qu’un terme venait d’être mis à la vie de sa mère.

Ande voulut se dégager de l’étreinte de sa défunte mère mais ressentit alors une vive douleur à l’abdomen. Il voulut hurler de douleur mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il voulut bouger, s’enfuir, mais aucun de ses membres ne lui répondit. Alors, il sentit la morsure glaciale de l’acier lui lacérer les bras. Bientôt les bruits d’armes s’entrechoquant cessèrent et le seul son revenant jusqu’aux oreilles du jeune homme fut celui de sa respiration haletante.

Sentant sa fin venir, et ayant senti la main de sa défunte mère glisser de son visage, Ande rassembla ses dernières forces et ouvrit les yeux pour tenter d’apercevoir leurs assaillants, mais la dernière chose qu’il vit avant de s’évanouir fut un papillon de nuit.


« Il est des choses que la magie ne peut guérir, et l’esprit est de ces choses. ».


Ande se réveilla seul, dans une chambre où la lumière du soleil ne filtrait qu’à travers un minuscule vitrail. Malgré son corps endolori, il se redressa et contempla les draps immaculés qui recouvraient encore ses membres inférieurs. Il porta ses mains devant son visage et contempla les bandages courant jusqu’à ses coudes. Enfin, il voulut s’extraire des draps et se relever quand il ressentit de vives douleurs abdominales. Il souleva la chemise dont il avait été vêtu et découvrit d’autres bandages enroulés autour de son torse et de sa ceinture abdominale.

Malgré la douleur, Ande s’assit sur le bord du lit avant de se relever en prenant appui sur un mur. Il se déplaça péniblement jusqu’à une commode sur laquelle trônait un miroir orné de pierres précieuses. Il manqua de chuter en saisissant le miroir mais parvint à se retenir aux meubles. Alors, il porta le miroir à hauteur de sa tête pour découvrir son visage inexpressif, dur et froid.

Voulant savoir ce qui était advenu des membres de sa famille, Ande voulut ouvrir la porte de la chambre mais celle-ci se révéla verrouillée. Alors, il attendit de longues minutes, qui se transformèrent bientôt en heures, que quelqu’un vienne lui ouvrir. Enfin, alors que l’obscurité envahissait la pièce, Ande entendit le bruit d’une clé pivotant dans la serrure suivi des crissements de la porte qui pivotait sur ses gonds.

- Venez, fit un homme qui se tenait dans l’encadrure de la porte, votre frère et votre père vous attendent, fit-il d’une voix suave, vous êtes le dernier à être revenu à vous.

Sans un mot, Ande suivit l’homme à travers la maison jusqu’à une petite pièce qu’il devina être la cuisine. Il y trouva son frère envoyé pour chercher de l’aide et son père attablés. Il remarqua quelques cicatrices encore rougeoyantes sur leurs corps mais ne s’y attarda pas : il savait en avoir bien plus. L’hôte l’invita à s’attabler et lui apporta un bol remplit de ce qu’il supposa être un potage de légumes.

Ande mangea en silence, observant silencieusement son frère et son père entre chaque cuillerées. Son frère lui sembla indemne bien que son visage trahit sa profonde tristesse. En revanche, son père lui parut absent, comme si son corps n’était plus qu’un réceptacle vide que son esprit avait abandonné. Voyant ses invités s’enfermer dans un profond mutisme, l’hôte prit la parole :

- Ande, demanda-t-il, c’est bien cela ?
- Oui, répondit le jeune homme sans lever la tête de son bol, c’est bien cela.
- Comme tu dois l’imaginer, tes autres frères et ta mère sont morts, seuls ton père et toi étiez encore en vie quand nous vous avons trouvé.
- J’avais deviné, fit Ande sans montrer aucune émotion. Et mon père, que lui est-il arrivé ? Il est vivant mais c’est comme s’il était mort.
- Je ne peux te dire qu’une chose jeune homme, fit leur hôte sans cacher sa tristesse mêlée à de la déception, il est des choses que la magie ne peut guérir, et l’esprit est de ces choses.
- Que voulez-vous dire ? fit Ande, dubitatif.
- Quand nous vous avons trouvé, ton père et toi, votre vie ne tenait plus qu’à un fil, une seconde de retard dans les soins que nous vous apportions, ou même une simple vibration dû à une imperfection de la route, et vous seriez morts. Si toi tu as survécu et que ton esprit est indemne, il n’en est pas de même pour ton père. Rare sont ceux qui, comme toi, effleurent la mort et reviennent de cette expérience indemnes, et ton père n’est malheureusement pas de ces personnes.

Ande ne répondit pas, il se contenta de tourner et retourner dans son esprit l’explication que venait de lui offrir leur hôte. Il finit son repas en silence et retourna dans la chambre dans laquelle il était installé. Il s’assit sur le lit et retira sa chemise avant d’enlever tous les bandages qui recouvraient son corps. Alors, il contempla ses blessures un instant puis, en appliquant ses paumes sur celles-ci, utilisa la magie de soin que sa mère lui avait enseignée. Peu à peu, ses plaies se refermèrent jusqu’à ne laisser que de grossières cicatrices. En voyant le résultat, Ande ne parvint à réprimer un rictus : bien qu’il fut un novice il s’attendait à un résultat plus probant.

Le peu de magie qu’il employa l’épuisa. Ande rebanda ses membres qu’il n’avait pas eu la force de soigner et s’allongea sur le flan, songeant encore une fois aux mots de leur hôte.


Les fragments de l’esprit.


Pendant plus de deux ans, Ande, son frère et leur père vécurent à l’abri des murs du village où, deux ans auparavant, l’aîné était venu chercher de l’aide. Pendant ces deux années, le frère aîné entreprit d’acquérir des compétences de commerce afin de suivre les traces de leur père et ainsi acheminer des marchandises par convoi à travers tout le continent.

Ande, quant à lui, s’entraîna à la maîtrise de la magie de soin dont sa mère lui avait inculqué les bases, tout en gardant à l’esprit les mots que leur hôte avait prononcé la nuit de son réveil deux ans auparavant.

Or, leur père restait plongé dans un mutisme absolu dont aucun des deux frères n’était parvenu à l’en faire sortir. Malgré leurs efforts, ils n’étaient même pas parvenu à le faire s’alimenter de lui-même ni même à se déplacer. Rapidement, Ande en conclut que leur père présentait maintenant les seules caractéristiques d’une poupée : il ne pensait plus, il ne bougeait plus, il ne parlait plus, il ne mangeait plus, en bref, selon le jeune homme, il ne vivait plus.

Enfin, l’aîné parvint à récolter assez d’argent pour faire l’acquisition d’une diligence et ainsi lancer son activité commerciale. Ainsi, un matin, Ande et son frère embarquèrent leur père dans la diligence et quittèrent la sécurité des murs de la cité. Pendant quelques mois, les deux frères sillonnèrent les routes sans incident, Ande portant toute son attention à son père tandis que son frère tentait de convaincre des marchands de faire appel à ses services pour garantir leur approvisionnement. Cependant, le benjamin ne parvenait à chasser de son esprit les mots de leur hôte et, plus il y pensait et plus l’opportunité de maintenir son père en vie s’estompait à ses yeux.

Alors, un jour, alors que son frère arrêta la diligence sur le bord d’une route et en descendit pour prendre quelques minutes de repos, Ande s’arma d’un couteau et se figea devant son père qu’il avait assis entre deux caisses. Il scruta son visage un instant, allant même jusqu’à se mettre à sa hauteur pour plonger son regard dans le sien et tenter d’y discerner une lueur de vie. Il le contempla de longues minutes puis, sans même hésiter un seul instant, lui trancha la jugulaire d’un coup sec. Sans un bruit la vie s'écoula par la nuque de son père qui ne cilla point. Bientôt le sang recouvrit les planches et s’infiltra dans les interstices pour aller lentement goutter sur les longs brins d’herbe.

Après une dizaine de minutes, le frère aîné décida de reprendre la route mais, alors qu’il s’approchait de la diligence, il remarqua les brins d’herbes écarlates. Il se précipita à l’arrière de la diligence pour y trouver son frère, un couteau à la main, immobile devant le corps sans vie de leur père. Choqué et sentant l’émotion le submerger, le frère saisit Ande et le jeta hors de la diligence.

- Pars avant que je ne te tue ! hurla-t-il les yeux larmoyants.

Sans un mot, Ande tourna le dos à son frère et se mit à marcher. Au bout de quelques mètres il laissa tomber le couteau et s’aperçu que dans sa chute la lame lui avait entaillé l’avant-bras. Alors, il soigna son bras à l’aide de la magie qu’il avait appris à maîtriser pendant les deux années qu’ils avaient passées en ville. Il entendit des bruits de pas derrière lui et, bien qu’il sache de quoi il en ressortait, ne daigna pas se retourner.

Soudain, Ande s’écroula au sol sous les coups de son frère. Ce dernier le frappa jusqu’à ce que ses poings s’endolorissent, laissant alors son benjamin couvert d’hématomes et de plaies peu profondes. Ande attendit un moment et, quand il sut son frère loin, se releva et s’appliqua à soigner ses blessures alors qu’il reprenait sa route.

Quand il eut fini de soigner ses blessures l’obscurité avait déjà chassé la lumière du jour. Alors, Ande songea encore une fois aux mots de leur hôte jusqu’à ce qu’il aperçoive un papillon de nuit voler à sa gauche. Il se figea et le suivit du regard jusqu’à ce qu’il passe devant lui et que devant ses yeux se trouve la réplique exacte de son être.

- Bonsoir, fit l’apparition en affichant un large sourire.
- Qui êtes-vous ? demanda Ande sans perdre sa contenance.
- Tu le sais bien, répondit-il, je suis toi, tu es moi, nous sommes Ande.
- Ainsi, je suis devenu fou…
- Oui, sans doute, mais la folie a ses avantages, par exemple tu peux me parler, ne te sentais-tu pas seul ?
Ande voulut répondre mais l’apparition ne lui en laissa pas le temps.
- Je vais répondre pour toi à cette question, fit-elle, tu te sens seul, tes frères t’ont toujours laissé à l’écart, tu es faible, mais rassures-toi, maintenant je te tiendrai compagnie.
- Que me veux-tu ? demanda Ande.
- Ce que je veux ? Demande toi plutôt ce que tu veux. Et ce que tu veux tu le sais très bien. Un corps peut parfois être sauvé mais, si l’esprit est brisé, le corps n’est plus qu’un contenant vide et impossible à remplir, alors il faut l’éliminer afin de réunifier l’âme et le corps. Ce que tu veux, c’est pouvoir sauver le corps et l’esprit. Tu veux soigner avant que l’esprit ne quitte le corps. Mais moi, je veux une chose supplémentaire.
- Et, quelle est cette chose que tu veux ?
- Il faut réunifier le corps et l’esprit, tu l’as fait pour notre père mais il existe de nombreuses créatures tourmentées, ramenés à la vie alors que leur âme est piégée dans l’éther. Ces créatures, il nous faut les exterminer et ainsi les libérer.
- Et alors, que veux-tu que je fasse, tu connais mon but mais je ne partage pas le tien et, surtout, je ne compte en aucun cas t’apporter mon concours.
- Tu sembles mal comprendre, fit l’apparition en réprimant un fou rire. Ton corps ne t’appartient pas exclusivement, je vis dans ce corps, il est autant à toi qu’à moi. Je me présente devant toi simplement pour te proposer un marché.
- Quel marché ? demanda Ande alors qu’il se rendait peu à peu compte dans quelle situation il se trouvait.
- Je te laisse notre corps, cependant, dès lors que nous rencontrerons des créatures sans âmes tu me laisseras le contrôle de celui-ci.
- Et, si je refuse ?
- Tu n’as pas le choix, le marché était conclu dès l’instant où tu as posé tes yeux sur moi, fit l’apparition alors qu’elle s’estompait peu à peu.

Ande regarda l’apparition disparaître et resta immobile un instant au milieu de la pénombre. Ainsi, la folie l’avait atteint mais, malgré le danger que sa situation lui inspirait, l’apparition lui avait ouvert les yeux quant au but qu’il souhaitait donner à son existence. Il en avait maintenant la certitude : il voulait protéger et soigner avant que l’esprit n’abandonne le corps. Cependant, Ande n’eut aucun mal à deviner son visage, sans doute ses traits s’étaient-ils encore durcis, son expression figée et son regard glacial et perçant. Il avait changé, il en avait conscience depuis déjà des années mais maintenant ses changements lui paraissaient bien plus prononcés qu’auparavant.
Dernière modification par Ziefniel le ven. 20 décembre 2013 à 13h33, modifié 1 fois.

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