Paprika

[Essaion]

Bafouille entre deux périples

Fille du maître artisan, l’humble Acquista, et de la chasseuse de trésor, l’éclatante Moon, je suis né dans un petit village situé entre les mines de charbon et la mer du Nord.
Mes parents m'ont donné pour nom Paprika, le même que celui d'une épice rare dont l’ancien du village parle souvent.

La tradition de notre village voulait que les hommes deviennent artisan et que les femmes apprennent l'art de la collecte, je suis donc devenue, faisant honneur à ma mère, une chasseuse de trésor. Elle m'a aussi enseignée certaines des recettes secrètes de la famille dont celle du Elpy grillé (un délice) et la fabrication d’hydromel (mon pêché mignon).De mon père, j'ai appris la comptabilité, le sens des affaires ainsi que les rudiments du maniement des armes, notamment la hache et la lance.

Les années ont passé et mon expérience croit de jour en jour. Je deviendrai majeur dans un cycle lunaire… Le moment le plus regretté de ma vie.
Ce soir-là ma mère m’a parlé, ces mots sont très clairs dans ma tête :
« - Tu sais Paprika, tu es bientôt en âge de te marier et…
- Me marier ?!? Je n'en ai pas envie ! Moi, ce que je veux, c'est partir à l'aventure et découvrir le grand continent d’Aden.
- Mais tu sais que nous avons des traditions et dès ta naissance nous avons promis de t'unir à Tilar le fils le fils de Ragan .
- ... les traditions ! Peu importe je serai une vagabonde sans mari !
- Allons essaie de te calmer. Tilar viendra à ta rencontre d'ici quelques lunes, ça te donnera le temps de réfléchir et tu verras qu'une vie paisible t'attends si tu l'épouses.
- ... »
Et je me suis enfermé dans ma chambre, ces mots raisonnants dans ma tête.
Je n’avais pu dormir de la nuit à cause de cette révélation. Que fallait-il faire ?
A force de tourner le problème en tout sens, je m’étais souvenu d'une histoire, celle d’un conteur vagabond, qu’on nommait au village, conteur d’étoile.
Il n’en fut pas plus. C'était donc décidé. Dès l'aube, je serai parti pour le grand continent à la recherche de cette homme afin qu'il me lise ma destiné à travers les étoiles.



Récit du Conteur

La fraîcheur du petit matin se fit sentir sur les jambes du petit homme. Il risqua l’ouverture d’une paupière et aperçut un Soleil aveuglant à travers son oeil vitreux. Il passa tout de suite son bras sur sa tête en gémissant. Il remarqua alors qu’une couverture était posée sur son corps et que ses pieds dépassaient de quelques centimètres.
<< - Bonjour ; dit une voix fluette au dessus de lui.
- Qu… Quoi ?
- Tiens ! Redresse-toi et mange un peu, il faut que tu reprennes des forces. >>
Il opina du chef et serra ce qui semblait être un fruit que la personne à la voix délicate venait de poser dans sa main. Il ouvrit petit à petit les yeux et se trouva nez à nez, c’était le cas de le dire, avec une petite frimousse d’enfant coquette.
<< - M…Merci. Mais qui es-tu ? demanda-t-il croquant un bout du fruit succulent et très sucré.
- Paprika ! répondit-elle rapidement en se levant d’un bond. Tu es enfin réveillé, çà fait trois jours que tu dors à point fermer. Et puis…euh… Enfin… Est-ce grave si j’ai tout entendu ?
- De quoi parles-tu ? fit-il en se grattant le front de son autre main. >>

La petite naine sembla toute embarrassée mais avec le sourire en réponse à son hésitation du jeune homme l’encouragea à raconter son histoire. D’après ce qu’elle disait, elle le cherchait depuis près d’un mois et s’était retrouvé le même soir que lui au phare de Perrin. Par pur hasard peut-être ? Elle ne savait pas encore que sa destiné avait été dicté par l’homme quelle avait vu parlé à ce petit homme, il y a quelques soirs : « La Petite Dame Qui Ecoute ».

Au grand étonnement de cette dernière, toute rouge, plus gênée que jamais, il se mit à rire aux éclats. Elle ne put bien évidemment pas résister à ce rire si chaleureux et se mit à glousser à son tour. Une fois calmés tous les deux, le petit homme lui expliqua plus précisément ce qu’ils étaient.
<< Tu vois, nous sommes là pour aider ceux qui en ont besoin. Nous devons leur montrer la voie, la cause que nous défendons. La droiture, la tolérance, la fraternité, le Bel Esprit sont quatre choses véritablement importantes pour savoir ce qu’on doit faire de notre peau. Nous devons leur apprendre la divergence d’opinion, nous les éduquerons pour qu’ils sachent avec précision leur raison d’être. Et çà, qu’ils soient bons ou mauvais. Mais en aucun cas, il faut choisir à leur place. Ils sont libres. Nous avons le devoir de les aider à choisir eux-même ce qu’ils deviendront. Nous serons un peu comme un moulin, nous accueillerons, soignerons, nourrirons et laisserons les choses se passer. >>

La petite dame était à l’écoute la plus totale, elle n’en avait pas laissé une miette de côté. Elle sourit à la fin du discours et se mit à ruminer quelques minutes, puis…
<< - Je viens avec toi ! Je suis maintenant sure que c’était toi que je te cherchai parce que je devais savoir une chose… Je ne sais pas comment… C’est dur à expliquer… balbutia-t-elle, puis elle soupira.
- Certaines choses ne s’explique pas, tu sais. Nous devions nous rencontrer, c’est tout ! ajouta-il avec certitude. Je suis Essaïon. >>
Ils parlèrent ainsi pendant deux jours, de tout, de rien, du beau temps, de leur façon de penser. Le petit homme, qui s’était révélé être ce conteur d’étoiles, appréciait particulièrement les repas, son amie était vraiment un as en cuisine. Et ses Elpys rôtis… Son hydromel maison…



Ultime bafouille

C'est décidé. J'arrête d'écrire et je vis ma vie telle qu'Essaïon me l'a dicté. Je suis à l'écoute d'autrui.