Kaeli

[Basha]

"Kaeli.. Viens ici ! Dépêches-toi .. " grommelait une vieille dame qui se tenait difficilement debout malgré sa canne.

Une petite haute comme trois pommes, une main cachée derrière le dos se dirigeait en bougonnant vers la vieille femme. Baissant la tête, Kaeli jouait avec une pierre en traînant des pieds.

" Kaeli ! Ne me fait pas déplacer ! " hurlait la presque centenaire.
" J’arrive… j’arrive… pfff… "

La vieille dame, amusée malgré tout regardait cette petite se dirigeait vers elle. Ses cheveux d’un ton plus que rosé, ne venait dont ne sais où. Deux grands yeux prêts à découvrir le monde. Et un caractère, doté d’une malice à faire pâlir les dieux. Camilla avait recueilli cette petite, malgré son âge bien avancé. Elle se souvint du jour où elle la trouva, près d’une dame des voyages, observant avec intérêt celle-ci. S’approchant doucement d’elle Camilla lui demanda ce qu’elle attendait. D’une voix enfantine, elle avait répondu : "Plus rien".. et s’était remise à contempler la passeuse. La vieille femme apprit par la suite que la petite errait, sans réel but. Elle n’osa lui parler de ses parents, mais Kaeli lui dit d’emblé qu’ils n’existaient pas…Avait même ajouté, d’un air malin que de toute manière les parents sont ennuyants.
La vieille Dame fini par apprivoiser la petite, l’emmenant dans une maisonnette retirée de tout…Camilla sourit à ces souvenirs.

" Vas-y … grondes-moi une fois pour toute.. mon amie Eowin m’attend là "
" Qui est donc encore cette petite… Quand tu arrêteras de me faire les milles misères du monde, on pourra parl… " la vieille femme ne poursuit pas sa phrase..

Elle posa son regard sur Kaeli, qui marmonnait encore sans réelle attention pour Camilla. La vieille femme serra sa canne… Elle ne perdit pas d’une miette le visage de cette petite peste qui avait coloré sa vie. Une larme scintilla au coin de son œil, puis continue sa course sur sa vieille joue ridée. Le bout de ses chaussures ne l’intéressant plus, Kaeli leva les yeux vers Camilla. Aucun son ne sortit de sa bouche, tellement le regard de sa manou adorée s’était figé. Un tendre sourire éclaira le visage de l’aïeule… puis celle-ci s’effondra.
Totalement désemparée, Kaeli resta d’abord un long moment debout, fixant la dépouille à ses pieds.
Dans sa main cachée, elle y tenait une plume… Plume de couleurs si vives, plume qu’elle souhaitait offrir à manou, plume qui aurait remplacé la vieille défraîchit qu’utiliser sa chère manou… Plume qu’elle glissa dans le col de la tenue à manou…avant de s’enfuir à toutes jambes.

Elle courut jusqu’à ce qu’elle retrouve Eowin, en pleine fabrication d’objet pour sa propre famille. Absorbée dans son art, Eowin ne vit pas son amie de suite. Juste une larme de Kaeli lui tombant sur la main, lui fit relever la tête vers son amie.

" Qu’est ce qui y a ? Ta manou t’a grondé encore " laissant un léger sourire sur son visage masqué.
" Y a plus de manou…Plus rien… Encore "

Eowin n’était pas une enfant commune… Sa mère n’était autre que celle appelée Dakinis, Mère des vampires traînant sur ces terres. Eowin et sa sœur Kanelle s’étaient prise d’amitié pour Kaeli. Quant à elle, le fait de voir des personnes différentes d’elle, l’amusait plus que tout. Les petites sœurs glissèrent quelques mots les lunes suivantes à leur famille. Kaeli ne devait pas rester à nouveau seule. Pendant ce temps, la petite orpheline parcourait les terres, s’entraînant dur pour perfectionner son plus grand atout… le vol.
Manou lui criait souvent dessus à ce sujet… mais qu’importe, manou n’était plus.

Eowin croisa de nouveau son amie sur un des terrains de chasse. C’est ce jour qu’elle lui offrit un pendentif, représentant les armes de sa famille. Kaeli venait de comprendre… Ce sera son ultime chance.
La chance de pouvoir à nouveau être entourée… même si… ce fût par des vampires.

[…]

Regardant autour d’elle discrètement, Kaeli faufila sa main derrière la passeuse, absorbée par la demande que faisait un couple à ses côtés. Elle arracha une plume d’un geste rapide et à la fois doux. Puis la passeuse posa son regard sur la petite :

" A Goddard, M’dame…merci " .. la plume à la main.