[bgelfe] Swann

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Lili
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[bgelfe] Swann

Message par Lili » dim. 6 juillet 2008 à 22h22

Nom : Feänor
Prénom : Swann
Age : Entre 2 et 3 siècles.
Sexe : Féminin.
Race : Elfe.
Spoiler:
Métier : Diplomate.
Compétences :
  • Combat : Daguiste
    Magie : Hydromancienne et Invocatrice.
Métamorphoses : Once

Alignement : Loyal neutre.
Langues parlées : Commun, Elfique & Sombre.

Description physique :
C'est une Elfe anodine. De carrure élancée, elle atteint les un mètre soixante quinze sans peine. Cette hauteur l'incite le plus souvent à porter des bottes de cuir plates, par-dessus un pantalon de toile et de cuir qui révèle sinon accentue la finesse de ses jambes. Cette silhouette longiligne, habillée le plus souvent d'un vêtement en mailles fines de couleur pâle et à col rond en-dessous d'un manteau, est surmontée par une tête bien faite aux traits avenants - bien que marquée à la joue droite - au milieu desquels trônent deux iris bleues mises en valeur par une longue chevelure brune ondulée. Elle n'a pour richesse apparente qu'un bracelet d'argent où se balance un croissant de lune et une chevalière à l'annulaire gauche. On pourrait noter, enfin, que l'intérieur de son poignet est tatoué d'un « V.V ».


Caractère : Discrète et pragmatique.

Situation financière : Rentière.
Comportement social : Vagabonde.
Type d’éducation reçue : Lettrée & expérimentale.

Croyances :
  • Einhasad : Respectée.
    Gran Kain : Ignoré.
    Eva : Respectée et priée.
    Shilen : Ignorée.
    Sahya : Respecté.
    Pa’agrio : Respecté.
    Maphr : Respectée.
Relations extérieures :
Elle ne possède aucun préjugé sur les races ; n'estimant pas plus la sienne qu'une autre, elle aura cependant tôt fait de se méfier des Sombres.
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Re: Swann

Message par Lili » dim. 5 avril 2009 à 15h53

Sang Nouveau.


L'enfant rejeta sa tête blonde en arrière alors qu'elle laissait les cordes de sa balançoire se délacer pour l'entraîner dans un lent tournoiement. Le bleu du ciel se fondait avec le vert des feuillages copiant avec une exactitude surprenante la teinte des yeux de l'Elfe. Un rire grisé s'éleva d'entre les lèvres dévoilant ses jolies dents alors qu'une main forte arrêtait la ronde pour pousser doucement la balançoire.
« Plus haut papa ! Plus haut ! »
Le père obéit de bonne grâce, guettant l'horizon, un mince sourire aux lèvres. C'était le temps de l'innocence, le temps où l'inquiétude ne concernait que les éléments du goûter à venir, où l'idée de la mort n'effleure jamais l'esprit ; les mots ne sont que des mots et tout est toujours limpide, les choses compliquées sont laissées de côté, oubliées. Aussi, peu importait à la jeune Elfe que sa petite sœur n'ait pas toujours vécue à ses côtés, qu'elle diffère d'elle en tous points et que les autres se moquent d'elle ; peu importait encore que le ciel se teinte de rouge, que le regard de son père s'assombrisse durant quelques instants et que les adultes parlent bas. Swann était à un âge précieux que l'on regrettait toute sa vie d'avoir dépassé, et conscient de cela son père veillait sur elle, comme sur sa seconde fille, avec toute la sagesse et la douceur dont il était capable. Elles partiraient bien assez tôt ; Swann la première, elle qui voulait tellement apprendre et découvrir. Mais en attendant, l'innocence était un entier lisse de toute fissure et dislocation.
——
Une silhouette se hissa sur la planche, ses mains tenant la corde ; debout sur la balançoire elle observa les alentours, son royaume. Le quitter, les quitter, ne l'enchantait pas ; mais elle espérait revenir avec un savoir nouveau pour faire la fierté de sa famille. Elle embrassa une dernière fois du regard Cefedellen, sa maison, son arbre, sa balançoire avant d'en sauter au bas à pieds joints. Elle remonta alors le chemin d'un pas sûr jusqu'à pénétrer dans la ville et rejoindre la passeuse. Frissonnante, elle demanda Gludio. Pour la première fois elle s'y rendait seule et elle traverserait la plaine pour rejoindre son Maître sans entourage, bien qu'elle ne quitterait — ô grand jamais — le chemin, son esprit juvénile était submergé par l'excitation. C'est donc le pied léger qu'elle sortit de Gludio.
Elle devait bien être à mi-chemin lorsqu'une masse sombre lui fonça dedans. La querelle se révéla futile, elle se contenta d'insulter le Sombre avec des mots égaux à ceux qu'elle avait reçus. Bien sûr s'il eût été un autre, elle serait morte ; mais il s'avéra qu'il n'était pas très croyant ni même particulièrement dégoûté par les Sylvains, simplement grincheux et pressé, enfin cela elle le découvrirait plus tard, lorsqu'assailli ensemble par la même douleur intolérable, le Sombre la jetterait sur son dos l'emmenant loin de son but premier. C'est ainsi que Swann Feänor, jeune apprentie, ne rencontra jamais son Maître, grâce à Eva, car elle ne serait certainement pas alors la personne qu'elle est.
Son compagnon de voyage se révéla tout à fait désagréable et l'esprit espiègle de Swann ne se faisait jamais prier pour rendre la pareille. Ce séjour forcé, puis accepté, lui donna une nouvelle verve, en terme de Commun, car elle fut bientôt très à l'aise dans les conversations grivoises qui réunissaient les hommes des tavernes dans lesquelles, le Sombre et elle, faisaient halte ; mais aussi en terme de Sombre, celui-ci prenant un malin plaisir à parler dans sa langue pour se moquer d'elle, elle eut tôt fait de déceler quelques clés jusqu'à le faire craquer pour que leurs marches se meublent de discussions trilingues. Leurs affrontements continuels finirent par créer une complicité entre les deux jeunes personnes qu'ils étaient et bientôt ils ne se quittèrent plus, bien que l'éloignement ne causa plus de douleur. Ils se firent compagnon d'apprentissage, n'omettant jamais de montrer à l'autre ce qu'ils avaient appris plus tôt lors de combat ou même de coups bas si cela pouvait être amusant. L'étrange amitié n'était pas vue d'un très bon œil ; mais leurs esprits contradictoires convergeaient au même point lorsqu'il était question de cela et les fous rires l'emportaient sur tout le savoir qu'on avait inculqué à Swann des années auparavant. A force de parcourir le monde, elle voyait bien que les affreux de l'Histoire n'étaient pas inévitablement ceux qu'on les lui avait désignés comme tels.
——
Alors qu'il grimpait lentement la colline pour rejoindre l'arbre à la balançoire de sa fille, le Sylvain ne pouvait s'empêcher de penser à quel point la vie pouvait se jouer des Êtres ; les yeux rivés sur Swann, assise comme lorsqu'elle était enfant, il entrevit son avenir, un avenir neuf, un avenir de sang nouveau.
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Re: Swann

Message par Lili » dim. 5 avril 2009 à 15h57

Point d'ancrage.


Chaque navire possède son port, et il en est de même pour les êtres. Les vieux marins avec qui elle avait pu parler faisaient toujours l'amalgame entre les hommes et les bateaux ; aussi à force d'observer le manège que c'était chaque matin et chaque soir sur le port de Rune, elle ne put que tirer la conclusion que les marins étaient certainement les êtres les plus sages qu'il puisse exister.

Son port à elle avait disparu un beau jour, et elle n'avait de cesse de le chercher. Elle se berçait de quelques illusions, attendant parfois, reprenant sa route d'autres fois ; puis chaque soir et chaque matin elle passait au port de Rune, venant aux nouvelles. Elle y retrouvait généralement un Humain abîmé prématurément par son dur métier ; il lui racontait des histoires pour faire passer le temps, la faisant frémir avec toutes sortes de créatures inventées ou non, montrant toujours une cicatrice différente pour appuyer tel ou tel combat, n'hésitant jamais à faire de grands gestes pour imiter le déferlement de la mer et ajouter dans sa voix rauque déjà si poignante un peu d'émotion quand il était question des éléments indomptables.

Nourrie de ces ambiances et trouvant en la personne de l'Humain un moyen d'évasion, elle ne manquait aucun rendez-vous et chaque fois débordait un peu plus, mettant la main à la pâte, aidant de ses propres eaux tantôt chaudes, tantôt glacées, ne demandant rien d'autre en retour que le privilège d'être occupée et d'échapper encore un peu à une plaie qu'elle n'avait jamais connue alors.
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Re: Swann

Message par Lili » sam. 4 juillet 2009 à 23h46

Fugace.


Sorti de scène comme il était entré. Voilà. Sa vie n'était qu'un vaste théâtre et ce personnage avec qui elle avait bien voulu partager le premier rôle venait de la planter en pleine représentation, donnant une tournure tragique à toute la pièce. Plus rien ne serait jamais pareil.

C'est au détour d'un portail qu'il lui était apparu pour la première fois, il s'imposait de lui-même dans la vie des gens avec son armure lourde, on ne pouvait assurément pas le louper. Il semblait à l'aise partout et ne s'entichait jamais de manière envers quiconque. Elle avait nourri très tôt une véritable admiration pour cet homme, cet Humain dont la vie déjà si courte par nature avait été raccourcie davantage à la pointe d'une arme. Si son caractère pouvait en énerver certains, ses idéaux rassemblaient tout le monde. Il avait été chevalier, son chevalier, protecteur dans l'âme, meneur d'une meute qu'il ne voulait cesser de voir croître. Il se jetait tête baissée dans la vie, dévorant tout à pleine dent et voilà que la porte enfoncée dévoilait la sortie, les méandres, la fin.

Ces quelques années étaient passées si rapidement qu'elle avait l'impression de ne jamais pouvoir en saisir un seul instant maintenant qu'il n'était plus là pour le lui rappeler. Elle essayait de n'en vouloir à personne mais certains soirs lorsqu'elle ne trouvait pas le sommeil assaillie par le vide, elle ne pouvait s'empêcher de les accabler eux, de l'accabler lui ou de s'accabler elle. Il était entré aussi brusquement qu'il était sorti de sa vie, ne laissant comme marque qu'une alliance et un sourire mélancolique sur le visage de la Sylvaine.
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Re: Swann

Message par Lili » dim. 5 juillet 2009 à 00h48

Temporalité.


Sortir de chez soi pousse, plus ou moins, à une sociabilisation, bien que certaines personnes soient dotées d'une aura extrêmement venimeuse et plombante poussant l'autre à ne pas s'attarder. Et si par hasard l'autre était amené à ne pas comprendre qu'il est malvenu auprès d'une telle personne, les phrases courtes assimilées à des choix restreints comme « si vous y tenez » [insinuant par là que personne ne l'oblige à rester ici, et que si, sans cela, il se décide à rester mais qu'ensuite il trouve la personne ennuyeuse et terriblement morne, il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même, puisqu'il y aura tenu] renseignent généralement sur le souhait de son presque-interlocuteur.

Les Humains faisaient parti de ceux qui enregistraient le moins bien ce genre de signaux et ils semblaient vraiment insensibles à toute l'énergie que l'Elfe dépensait pour que tout son être entier exprime courtoisement mais sincèrement « dégage ». Cette particularité, et les autres qu'elle avait découvert à force de prostration et d'observation dans son coin sombre rempli de haine ridicule contre le monde entier, presque comparable à celle de l'adolescence ; cette particularité, donc, finit par éveiller son intérêt. C'était assez fascinant que ces êtres voués à vivre à peine une cinquantaine d'années, peut-être plus si Einhasad ou qui que ce soit le veuille, s'entêtent ainsi à vivre avec si peu de bon sens, si peu d'armes, à aller au devant des choses et même à consommer autant de bières et de tabac que s'ils avaient la constitution d'un Nain.

La réponse à toutes ces absurdités, elle ne la reçut que de l'un des siens qui au cours d'une partie de cartes lui enleva sa dignité, ses questions, son honneur pour ne lui laisser qu'un rire piquant et moqueur. Cette nuit-là, abasourdie alors qu'elle venait de se prendre une grande claque, son cerveau se remit en marche.
[ > Clantage Ordre d'Ambre]
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Re: Swann

Message par Lili » jeu. 16 juillet 2009 à 19h25

Perdante.


La forêt des Morts n'avait jamais si bien portée son nom que depuis que son entrée - car on ne s'aventura pas au-delà, du moins pas encore - était ornée de carcasses fraîches pendues aux branches des arbres ; la plupart était ornée de belles entailles à des points stratégiques - pour tout œil aguerri - qui auraient valu à la charogne vivante de répandre une coulée de sang semblable à la lave en fusion des Marais Flamboyants, les autres, honteusement, dévoilaient un coup de main mal habile et hésitant à faire frémir un charcutier. Une chaise simple en bois était posée bien en face de ce spectacle ; les moqueries et philosophies fines perpétuées par son possesseur semblant flotter continuellement autour comme autant de fantômes qui habitaient cette forêt. L'ambiance morbide ne changeait rien pourtant à la volonté de Swann qui s'évertuait à supporter ce qu'elle estimait être de la contre-pédagogie pour prendre ce mouvement de main si net et rapide qu'on espérait lui voir accomplir.
Ces moments-là d'ailleurs, n'étaient pas les pires lorsqu'elle considérait ceux où privée d'un ou deux de ses sens, elle devait parcourir des distances qui lui semblaient encore faramineuses, chargée de ce qui lui paraissait dix fois son poids.
« J'vais t'apprendr' l'Art, la Blonde, t'verras... Voir sans êt' vu, les blessures nett' et irréversibl', les mouv'ments soupl' et précis, les feintes, la lâch'té dans l'honneur, l'anatomie et l'end'rance. Douleur n'voudra plus ri'n dir' pour toi, alors qu' précision prendra tout son sens. »
Tel était le discours grotesque qu'il lui avait tenu en présence de sa Régente, mais de toutes ces choses promises elle ne retint d'abord que le goût de l'humilité et du pardon.
[center][> subclass Adventurer][/center]
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Re: Swann

Message par Lili » sam. 5 septembre 2009 à 20h20

Havre.


Sur les plages qui bordent la ville d'Heine, il existe quelques petites cabanes de pêcheurs sur pilotis. La mer, en face, s'étend à perte de vue et le temps clément apporte en fin de soirée un air chaud qui semble prendre un malin plaisir à soulever plusieurs grains de sable, comme pour former une couverture qui viendrait réchauffer le reste de l'étendue sablée. L'air aime à apporter à cette couverture de grains, les volutes de fumée qui s'élèvent d'une des cabanes en suspens. Le parquet de cette maison-ouverte est parsemé de bougies qui se consument là où il n'y a pas d'assiettes d'une pâtisserie ou d'une viande entamées, de piles de livres ou de malles immenses en bois nobles, de dossiers ou cartes abandonnés, de coussins énormes. Le tout semblant former un joyeux capharnaüm aux couleurs douces.
Une des bougies est plus souvent changée que les autres, elle trône sur une petite console à côté d'un grand siège que l'on ne s'attend pas à trouver dans un tel endroit, de par ses coussins molletonnés blancs, son assise large et ses accoudoirs aux courbes gracieuses qui appellent tous les passants à s'abandonner à la paresse. C'est d'ailleurs en y regardant de plus près, le seul lieu où l'on peut s'asseoir, si l'on exclu le grand matelas posé à même le sol, surmonté d'une moustiquaire et où l'on a jeté négligemment une couverture et deux oreillers sans prendre la peine de « faire le lit ».
Une goutte de cire s'écrase sur la console, faisant écho aux vagues plus loin qui battent un rythme apaisant, mais cela ne semble pas perturber l'occupant du grand siège blanc. Sa nuque maintenue par l'un des accoudoirs tandis que l'autre soutient ses genoux. Ses yeux bleus restent fixés sur un parchemin inséré dans l'un des livres ouverts aux pieds du fauteuil. Sa respiration est calme et pourtant, la lueur de la flamme de la bougie dans le fond de son œil révèle plus d'activité que dans mille champs de batailles. Les yeux se ferment et un soupir de lassitude vient faire osciller la flamme de la bougie.
Ils s'ouvrent à nouveau sur le parchemin aux mots utopiques, signé de quatre simples lettres, et se tournent vers d'autres parchemins, brouillons apparemment de plusieurs lettres, ainsi que quelques croquis d'une grande bâtisse rappelant par moment une prison. Des doigts tirent une chaîne en argent, accrochée autour d'un cou à la peau pâle et viennent embêter le pendentif à l'image d'un croissant de lune. Le bois de la charpente de l'abri craque, faisant remuer l'oreille de l'occupant du siège immaculé. Le regard se voile encore de chair et la bougie sur la console, s'éteint.
Dernière modification par Lili le sam. 8 décembre 2012 à 14h21, modifié 7 fois.

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Re: Swann

Message par Lili » jeu. 5 novembre 2009 à 23h16

Avoir les crocs.


… éléments prouvent par là-même que l'humanité entière est affiliée à la nature, cette croyance est présente par ailleurs en chaque peuple. En effet, le peuple Orc, par exemple, puise sa force dans des « totems » qui sont assimilés à la faculté d'un animal..
Nous pourrions donc penser que chacun renferme en soi une partie animale qui se veut plus ou moins exubérante.
Une fois que cette chose est admise, penchons-nous sur la forme que peut prendre cette partie animale.

___________________________________________________________

Chapitre 3. Transformation totale.





Nous avons d'abord pensé à une notion de soumission de l'animal envers l'individu. Que l'un accepte la domination de l'autre et lui prête son corps. Cependant, si nous nous penchons sur le phénomène de la lycanthropie, il semblerait que cela soit tout autre et que l'homme puisse prendre forme animale par lui-même sans passer par un corps étranger; puisque ce corps étranger, toujours au regard de la lycanthropie, est déjà présent dans le corps humain. Il n'y a donc pas soumission, mais pacte, ou plus exactement échange: le corps étranger prend place dans le corps humain jusqu'à l'intégrer parfaitement.
… comme expliquer auparavant. Il faut donc un échange entre les deux corps, un don et une réception...
Quant à la transformation même, nous entendons ici, l'acte, il semblerait, en se basant à nouveau sur la lycanthropie, que l'individu doive se laisser submerger par son instinct animal, dont il a été démontré plus haut que chacun possédait; ceci demandant alors un certain contrôle de soi. [Contrôle de soi que j'expliciterai plus loin via certains exercices]

L'once possède un pelage très long et épais (jusqu'à 12 cm sur le ventre), qui se renouvelle deux fois par an. Les couleurs vont du gris pâle au gris-crème, le ventre et le cou étant blanchâtre tandis que la face dorsale est parsemée de taches foncées en formes de rosette, se fondant dans le paysage. L'once a de grosses pattes aux coussinets couverts de poils pour se protéger du froid et des oreilles courtes et arrondies. Le poids d'une once adulte se situe entre 35 et 55 kg. Son corps mesure de 90cm m à 1,30 m. Sa queue mesure au moins 75% de la longueur de son corps, généralement de 90 cm à 1 m. Elle l'aide à garder l'équilibre sur des corniches dangereuses.

On connaît mal les mœurs de ces félins qui vivent reclus. On sait que l'once est un animal très solitaire qui occupe un territoire immense. On dit qu'un couple d'onces habite une vallée entière. C'est un félin excessivement rare et difficile à observer dans la nature en raison de l'inaccessibilité de son habitat. Pour se nourrir, elle chasse bouquetins, tahrs, markhors et gazelles. Elle s'attaque également à de plus petites proies telles que les marmottes, les lièvres et les pikas. Chaque jour, l'once parcourt de grandes distances pour rechercher ses proies et suit les déplacements saisonniers des troupeaux ruminants. Elle fait son gîte dans une anfractuosité de rocher et paraît demeurer fidèle à ses abris habituels.

L'once a des mœurs plutôt diurnes et chasse à vue ; cependant ses grands yeux sont si bien adaptés à une faible luminosité qu'elle peut chasser dans une quasi-obscurité. En dépit de sa grande taille et du fait que les zoologues rattachent l'once aux panthérinés, elle ronronne à la manière des petits félins, ce qui en fait une exception.

Grâce à ses pattes postérieures longues et musclées, l'once est le meilleur sauteur parmi les félidés. Elle peut sauter jusqu'à dix mètres. Elle chasse à l'affût puis se précipite d'un seul bond sur sa proie.
Si l'auteur avait été encore en vie, Swann lui aurait sûrement fait parvenir une lettre pour qu'il sache avant de terminer dévoré lors d'une de ses séances d'observation qu'il ne s'était pas trompé, que les peuples tendaient à maîtriser cette étrange discipline, que des mages dans la Tour d'Ivoire s'étaient sûrement inspirés de ses recherches et qu'il aurait dû ajouter un chapitre à son œuvre à propos de la difficulté de l'adaptation à une nouvelle enveloppe charnelle ; car avec cela les jours prochains promettaient ...
[ > Transformation Onyx Beast]
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Re: Swann

Message par Lili » sam. 26 décembre 2009 à 21h10

Verdure.


Orcs.

Dans le Temple de Rune réside un Grand arbre, la première fois, Swann le prit pour l'un des enfants de l'Arbre Mère ; mais il semblait qu'elle se soit trompée. Toutefois sa présence incongrue dans un tel espace l'intriguait et souvent elle venait observer les jeux de lumière filtrés par les vitraux sur le feuillage, l'entrelacement des racines noueuses, la mousse qui recouvrait l'écorce d'une épaisse douceur.

Quelques feuilles de lierre verdâtres apparurent un jour contre la face exposée au Nord, mais la Sylvaine ne s'en soucia guère, l'Arbre était fort et préservé dans cette immense Cité de pierres.

Le Mal vert gagna pourtant en importance, agrippant fermement l'écorce, s'insérant dans ses sillons pour drainer la vie de l'Arbre. Rapidement, il perdit de son éclat, affaibli ; la lumière hivernale ne flattant pas davantage son état. Le lierre, quant à lui, continuait son expansion et rien ne semblait pouvoir détourner ce vert rongeur de sa victoire.

C'est à l'Aube du Premier Jour du Printemps qu'une main décidée se saisit de la fine vermine pour la déraciner de son bien-être jusqu'au prochain jour où la Nature réveillerait ce parasite et l'enverrait se nourrir d'autres vies.


Plaines.
Son visage baignait dans la lumière, pourtant ses yeux demeuraient clos. Elle leva sa main timidement dans l'intention de replacer une mèche de ses cheveux ; mais les paupières dévoilèrent les iris bleutées glaciales. Sa main alors revint près d'elle dans un silence absolu ; la tension se suffisant à elle-même comme fond sonore.
  • « Puisque tu es décidée, il en sera ainsi ;
    je dirai à mes frères d'armes de t'épargner. »

Il ne considérait même pas l'hypothèse de l'échec, tout en lui n'était qu'assurance, il avait une confiance aveugle en quelque chose qui échappait complètement à Swann, quelque chose qu'elle aurait bien aimé saisir pour obtenir une même aura.
  • « Je préfèrerais tout de même que tu ne te présentes pas,
    si cette heure venait. »

Son regard d'acier se planta sur elle, mais elle resta parfaitement silencieuse, soucieuse de ne pas éveiller davantage de colère dans cet esprit extrême, caractériel.
  • « Je souhaite chaque jour que tu ouvres les yeux.
    Puisse Éva veiller sur toi, Swann. »

Il s'éloignait déjà, la laissant seule dans les plaines ; mais liée à lui à jamais par cette tension, mise au monde par la Mort.
Dernière modification par Lili le dim. 3 juin 2012 à 14h11, modifié 9 fois.

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Re: Swann

Message par Lili » mer. 13 janvier 2010 à 13h46

Ultima Ratio Regis.



[> Dissolution de l'Ordre d'Ambre]
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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » jeu. 6 mai 2010 à 15h34

Sur les toits d'Oren.


La nuit tombait lorsqu'elle franchit à nouveau le pas de la porte. Elle passa en revue les murs verts tendres et les dorures fines sur les reliefs des moulures du corridor qui s'ouvrait de part et d'autre sur les pièces de la maison. Les rayons affaiblis du couchant venaient mourir sur le parquet non loin d'elle comme les vagues d'une mer apaisée. Elle les rejoint et eut un sourire alors que ses yeux s'accrochaient à la silhouette affaissée dans son fauteuil immaculé. Elle s'attarda sur le profil qui demeurait dans l'ombre, préservant le sommeil des dernières lueurs de vie au-dehors. Son buste se soulevait à intervalle régulier et chaque soulèvement provoquait une rencontre avec la lumière d'où naissaient un rayonnement discret, témoin d'un engagement téméraire.
Il demeurait là, un air doux et tranquille sur le visage. Swann songea qu'elle aurait aimé arrêter le temps pour capturer cet instant, aussi elle s'efforça de graver cette image dans sa mémoire. Elle ignorait si jamais on avait tenté de représenter la force d'une conviction par le visage d'un homme, toutefois elle fut certaine qu'elle en tenait là la figuration exacte ; et ce sommeil même, qui semblait profond quand à l'extérieur le chaos gangrénait la terre, était la révélation de toute cette puissance puisée dans un ailleurs dont on espérait obtenir l'espoir.

Sendo émit un grognement dans son sommeil, il allait se réveiller ; aussi elle ravala son admiration et quitta la pièce pour rejoindre le toit. Elle inspira profondément déliant ses doigts avec une certaine nervosité alors qu'elle balayait la place du regard jusqu'à rencontrer l'arbre qui siégeait près de la Passeuse d'Oren, observer sa cime lui donna le vertige et elle prit appui contre le rebord du toit d'une main.

« L'abstrait est déconcertant, n'est-ce pas ? »

Il s'était bel et bien réveillé, et voilà qu'il espérait se divertir de son ridicule. Elle tenta de l'ignorer, vainement, puisqu'il s'approcha, lui offrant son parfait et inimitable sourire narquois.

« On dirait une enfant, perdue, sans père ni mère, sans foi. »

Elle baissa un peu la tête, préférant le silence. Le silence était toujours préférable avec lui, d'autant qu'aujourd'hui il pouvait la mettre dehors si elle envisageait de lui tenir tête. Elle serra les dents. Il prit sa main et y logea un objet rond et froid ; alors qu'elle portait les yeux sur la boussole estampillée de leur signe, il déclara d'un ton qu'elle ne lui connaissait pas et d'une voix étrangère qu'ils avaient besoin de gens différents, comme elle. Elle cru distinguer du coin de l’œil qu'il avait frémi en retenant un geste, et se contenta d'incliner vaguement la tête.
En contrebas elle aperçut alors la frêle silhouette de son protégé nageant dans sa chevelure interminable ; cette vision lui extirpa un sourire avant de provoquer chez elle un comportement animalier qu'elle avait bien du mal à réprimer. Aussi ses yeux se mirent à chercher chaque source de danger autour de ce petit bout d'être et cette tension ne s'apaisa que lorsqu'il gagna sans encombre le lieu où elle se trouvait. Il s'empara de la boussole dans sa main faisant tourner la flèche au gré de ses mouvements avant de s'arrêter en fronçant les sourcils.

« La boussole, elle te désigne tout le temps, Swann. Elle est cassée. »

Elle leva un instant les yeux sur Sendo et il lui sembla alors entendre très loin dans les confins de son esprit un torrent furieux déversé ses eaux en chute libre jusque dans sa conscience.
[> Clantage Insael Alfirin]
Dernière modification par Lili le sam. 28 avril 2012 à 17h04, modifié 9 fois.

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » dim. 22 août 2010 à 20h19

Inspiration.



− Et ça, c'est quoi ça ?
L'enfant désignait la fleur du doigt, les oreilles dressées comme pour mieux entendre la réponse. Cette tête fit sourire son père qui lui accorda la réponse.
− C'est une rose.
− Une rose? ... Ça se mange?
L'Elfe s'avançait déjà pour saisir la fleur à pleine main songeant qu'avec un tel aspect, ça ne pouvait que se manger.
− Non, ça ne se...
Il la regardait faire prévoyant déjà la suite tragique et la déception de sa fille.
− Aïe!
Swann referma sa main avec précipitation la ramenant vers elle sans oublier de lancer un regard mauvais à la rose.
− Mais ça pique, son père se pencha vers elle et entreprit de frotter doucement ses doigts, et voilà, la vilaine piqûre a disparue.
− Mais, papa, à quoi ça sert alors les roses ?
Elle avait levé vers lui son regard naïf attendant de lui toute la sincérité dont elle le savait capable.
− … A nous rappeler qu'une âme qui a peur de mourir n'apprend jamais à vivre.

Mais il était apparemment bien trop tôt pour autant de sincérité car son expression se changea en grimace d'incompréhension totale. Il entendit le cor de la victoire sonner à ses oreilles, elle était encore si jeune, si loin de partir.

− Non en fait, une rose ça sert... Ça sert... A disparaître!
Il engloba la rose de ses mains et la fit s'évaporer.
− Moi aussi je vais disparaître ?
Il commença à regretter d'avoir parlé de mort. Elle était encore si jeune …
− Oui, un jour toi aussi. Mais dans longtemps.
− Et qu'est-ce qu'i' va arriver à tout ça ?
Elle semblait ennuyée et une ride creusait son front témoignant de la grande réflexion qu'il avait dû engendré par ses mots irréfléchis.
− Comment ça tout ça ?
− Ben, la terre, les animaux, le vent, ... Les roses, ... Qu'est-ce qui va arriver à tout ça quand j'aurais
disparu ?
A nouveau son regard s'était fait naïf et trahissait son attente d'une réponse sincère. Il se mit à sa hauteur et lui sourit doucement.
− Rien, plus rien de tout ça n'existera. Les joies, les peines, la nuit, les guerres, ... Le jour où tu fermeras les yeux pour la dernière fois, tout disparaîtra avec toi.

Elle resta muette, fouillant les yeux de son père en quête de plus de réponses. Il détourna doucement les yeux et offrit la paume sa main ouverte sous le nez de sa fille dans laquelle il fit fleurir une rose. Celle-ci rendit son sourire à la petite fille ; et les questions furent oubliées dans le jardin.


Mais aujourd'hui, la petite fille avait grandi; et dans le jardin elle était venue déterrer les questions et y avait retrouvé, en même temps que le souvenir, une vieille amie dont le claquement des sabots n'en finissait plus de résonner sur le pavé d'Oren et de Cefedellen.

[> Subclass Elemental Summoner]
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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » dim. 22 août 2010 à 20h20

Nuances.



Tuer les nuances c'est tuer la liberté, l'appétit de créer, l'amour, le bonheur. C'est déchirer la trame étincelante de la vie et la changer en haillon.

Le poids des ans commençait à peser dans le cœur de Swann, un peu comme ces bocaux que l'on pose dans un coin et que l'on remplit un peu chaque jour en espérant en tirer quelque chose de bien.
Sa respiration se faisait difficile et tout son être devenait si lourd à porter ...

Préférant ne pas ôter ses œillères, la Sylvaine s'enfonça avec acharnement dans la reprise de ses entraînements ; d'ailleurs cela était nécessaire, ils seraient bientôt tous appeler au front pour défendre leurs peuples face à Noct et ses restes.
Mais la victoire fut nuancée. Tant et si bien que nul, et à forte raison, ne la considéra comme telle ; et que le cœur de Swann reçut la dernière pièce pour faire tomber le bocal.
D'abord il y eut la toux, cette toux qui la saisissait par quinte, l'étouffait jusqu'à ce qu'elle demande grâce intérieurement.
Son souffle faisait penser au râle des morts ; très vite personne ne fut dupe de son état, sa sœur la première.
Elle le sentait cet étrange lierre qui s'enroulait autour d'elle pour parasiter sa vie et se nourrir de son air. Elle fut mise au repos et dut subir non sans reconnaissance en son fort intérieur les soins attentionnés de la future victime de ses erreurs.
Licinia s'affaiblit bien vite au contact de Swann. Elle lui cédait tout son être et une fois vidée, elle s'endormait jusqu'au lendemain où tout recommençait.
Elle priait pour elles, implorant la miséricorde de la Déesse de l'Eau.

Pour une fois docile, bien qu'en réalité elle fut contrainte, l'état de Swann s'en ressentit et un regain de vie s'infiltra en elle. Le lierre ne tenait plus qu'à quelques feuilles ; elle respirait. La musique terminait d'apaiser la déchirure, transportant son esprit vers d'autres limites qu'elle rejoignait avec impatience.

Impatience qui leurs coûta cher, car Licinia due sacrifier plus encore à sa sœur afin d'assurer sa survie.
Aussi aujourd'hui, la Sylvaine Alfirin est accompagnée de temps en temps d'un être inhabituel, en apesanteur, qui concentre une lumière douce en son sein ; hélas ses ailes immaculées parfois se tintent de sombre, témoins de promesses déshonorées, pour le Bien des nuances.
[> Acquisition d'un Agathion]
Dernière modification par Lili le dim. 3 juin 2012 à 14h11, modifié 6 fois.

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » lun. 23 août 2010 à 00h08

« Une seule seconde de repos. »

Quoi ?
Des stratégies de repli, trois types de comportement vers lesquels on s'replierait sans réfléchir
lorsqu'on est confronté à des situations inconfortables.
...
J'sais pas ... J'te prends un exemple à la con, la Blonde, ... Tiens là, il n'y a presque plus de vin.
Imaginons que j'en ai vraiment envie et qu'au moment où je décide de me servir, tu m'dis que
tu vas le finir.

Hein ?
Allez, vas-y balance ta phrase, je vais t'faire les différents comportements ...
Bon ... Je finis le vin.
Non mais tu déconnes ou quoi ?! C'est toujours pareil, c'est toujours toi qui finis le vin ! A chaque
fois tu me fais le même coup ! Merde ! De toutes les façons tu finis toujours tout sans jamais te
soucier des autres !
... Quand même ...

T'as vu l'énervement, la colère ? Ça c'est la réaction agressive ... Après tu peux avoir quelque chose
comme : Tu es sûre que tu veux du vin ?
T'sais que c'est pas bon pour toi pourtant, tous les sacrifices de ta sœur ... Ruinés ... Ce serait
mieux que tu prennes un peu de jus de fruits, tu aimes bien ça en plus, le jus de fruits ...
Tu essaies de m'embrouiller, on dirait ma sœur, ...

Ça c'est la manipulation.
Et si tu me réponds simplement que tu n'en veux pas ?
Comme j't'ai précisé au départ que j'en voulais, c'est qu'je suis dans la fuite.
La fuite ?
Si j'ai un regard fuyant, que j'te réponds en parlant doucement ou en marmonnant, c'est très
souvent la fuite.
Tu vois face à une situation compliquée, on adopte un de ces trois comportements : l'agressivité, la
manipulation ou la fuite. Et toi ... T'as fuis.
... Sinon, le vin, je peux le finir ?
[ > Disparition temporaire ou non de Swann]
Dernière modification par Lili le lun. 6 février 2012 à 22h02, modifié 5 fois.

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » ven. 10 décembre 2010 à 00h36

Nocturne.


La cavité permet quelques secondes de répit ; ici, elle est en sécurité. L'eau vient lécher les bords pierreux, montant avec sadisme ; trop vite pour un esprit paniqué, trop lentement pour lui offrir une mort sereine.
Il fait très sombre et la pression de la mer au-dessus rend l'atmosphère insupportable. Tendue, le souffle haletant, elle guette la chose, espère qu'elle ne viendra pas. Pourtant le frottement sinueux des écailles sur la roche se distingue du clapotis de l'eau qui se fait moins régulier alors qu'il est perturbé par la pluie que le corps laisse tomber.

Sa gorge se serre alors qu'elle déglutit, elle voudrait hurler, mais rien ne sort, sa respiration s'accélère encore. La peur s'insinue en elle comme une fièvre dévastatrice. Ses mains espèrent creuser la roche pour s'éloigner de la créature ; mais déjà elle est à ses côtés laissant vagabonder son haleine putride tout près de son visage.
Un sanglot s'échappe des lèvres de Swann. La panique reprend de plus belle tandis que le silence se fait. Elle ne sent plus la présence de ce monstre, pourtant elle sait pertinemment qu'elle est toujours ici, tapie comme un grand prédateur affamé.
Une langue visqueuse glisse sur son oreille lui arrachant un terrible sursaut qui la renverse sur le flanc.

  • « Par pitié ... »
Elle essaie de s'éloigner, se traînant, hélas, pour se jeter dans la gueule du loup : les lèvres pulpeuses et tentatrices se sont ouvertes pour dévoiler des rangées de dents horrifiantes. Sa respiration se bloque et un hurlement traverse tout son corps, résonnant à ses oreilles en écho jusqu'à l'éveiller.

Haletante et en sueur, elle ouvre les yeux. La fièvre dégringole remplacée par des frissons.
Les rayons de la lune déposent leurs lueurs caressantes autour d'elle, elle s'était endormie ;
rien de plus.
[ > Arrivée de Noct]
Dernière modification par Lili le jeu. 29 mars 2012 à 13h42, modifié 6 fois.

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » jeu. 29 mars 2012 à 13h43

« Mélancolie. »


Elle fit coulisser le pan de verre qui séparait l'intérieur de l'extérieur ; prêtant l'oreille. Seul le silence lui répondit. C'était donc ça. Elle s'adossa à la balustrade, tournant le dos au spectacle de la nature pour s'ouvrir à son propre spectacle. Ils riaient. Ils buvaient. Ils mangeaient. Ils profitaient de cette liberté nouvelle dans les plaisirs les plus simples. Être ensemble, dans l'ignorance. C'était donc ça. Elle ne put s'empêcher de les mépriser, de se mépriser. Une graine d'amertume avait germé dans son cœur ; qu'espéraient-ils à rester assis ici ?

La maison était calme. Seul l'arbre pilier à l'Est de la demeure faisaient se répandre dans les murs ses grincements familiers. Il neigeait au-dehors, aussi la lumière pénétrant par les fenêtres semblaient plus éclatante. L'Elfe monta les quelques marches qui séparaient la salle commune de l'entrée ; elle ouvrit la porte, observant au-dehors. Elle espérait une visite. Un passage. Un signe. Quelque chose. Deux mains amicales l'enlacèrent et lui firent clore la porte. Il continuait de neiger au-dehors.

Elle s'était installée sur les marches. En retrouver certains accentua le sentiment de dévastation qui lui pesait depuis la soirée en automne. Elle se sentait irrémédiablement seule ; dans l'attente. Coincée entre deux instants, ne pouvant se décider à rejoindre le passé ou l'avenir. Puis il était venu, se plantant devant elle avec toute la désinvolture dont un être de son âge pouvait faire preuve. Ses premiers mots la renvoyèrent bien auparavant, lorsque derrière une bâtisse de Giran un Orc avait essayée de la désosser pour prouver la supériorité de sa race. Dès lors, elle ne quittait plus la ville, l'espérant. Elle voulait s'alimenter de sa colère, prendre toute sa rage, l'épuiser pour s'en emplir et franchir le pas, passer le mur du temps. Aller de l'avant.

Elle se pencha au-dessus du berceau. Petit être. Désormais, l'avenir était entre ses mains.
[ > Retour de Swann]

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » mar. 10 avril 2012 à 13h30

Dion.

[ image externe ]
Elle respirait à plein poumons, ses pas se confondant avec le bruit continu du cadavre qu'elle trainait derrière elle. L'avenir s'était bien moqué d'elle en lui confiant une chose alors à son image ; et aujourd'hui la dévastation figurée par cette cité lui faisait âprement regretter d'avoir refoulé aussi longtemps sa colère. Son cœur était noir, empli de haine et de mépris médiocres. Mais elle allait transformer cela en un sentiment plus noble, et cette cité serait son œuvre, fût-ce sa dernière. Elle allait épauler le Chevalier, la Sœur et le Brigadier ; pousser ces Humains au-delà de leurs limites afin qu'ils voient de leurs yeux que l'Espoir pouvait agir. Afin qu'il contemple d'eux-mêmes lorsque la parole devient acte et ainsi prouver à la face du monde que rien n'était jamais terminé ; comme on le lui avait appris dans le Monastère, comme elle l'avait vu dans le Temple d'Eva. Oui, c'était cela qu'elle allait faire de cette affreuse noirceur ; elle allait la laisser éclater en un feu incandescent pour mieux la noyer.

Comme elle les noierait tous. Elle laissa tomber le cadavre avec rage au milieu des ruines du Temple. Les crins de la bête restaient collés à ses mains poisseuses. Conneries. Empoignant le tronc du cadavre d'une main, et la gueule de l'autre ; elle tordit le cou dans un effroyable craquement avant de trancher dedans. Comme dans du beurre. Gelé. Se redressant, elle souleva la tête féline par la crinière. Sa mâchoire était figée dans un hurlement douloureux, ses moustaches prolongées par la glace. Elle mit en place la tête sur une pique qu'elle avait planté au milieu des décombres, avant de contempler son œuvre avec une satisfaction non dissimulée. Après avoir porté la touche finale, elle reprit les restes de l'animal et quitta les lieux.
Oh. Ils avaient perdu d'avance.
[ > Participation à la Renaissance de Dion.]

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » ven. 20 avril 2012 à 17h48

Silence & temps mort.


La mort d'Owein lui avait apporté le sentiment d'une vie surnaturelle. C'était comme de vivre en surplomb, de ne faire qu'acte de présence : tout passait à travers elle, elle errait simplement, être fantomatique, et son cœur ne semblait vouloir reprendre vie que lors des confrontations, des moments de contact, des défis. Mais aujourd'hui, elle savait qu'il n'aurait plus jamais la possibilité de battre à nouveau. On lui avait arraché les pauvres lambeaux qui pendaient encore en son sein, et désormais tout était terminé.

Après avoir entendu ses inquiétudes confirmées par le silence ferme et bienveillant divin, elle ne pu sortir de sa transe. Elle agit en automate sans conscience, faisant le nécessaire ; elle ne voulait pas s’épancher, pas encore. Elle devrait attendre de le rejoindre, lui qui espérait la sauver, lui qui l'attendait inlassablement, qui récoltait les tempêtes et les désastres. Tout autour d'elle n'était que silence et vide. Elle était handicapée de tous ses sens, aucune sensation, aucun sentiment. On avait jeté son âme pour nourrir le néant.

En passant le pas de la porte, il ne dit rien lui non plus. Le ciel pleurait pour elle. Il se contenta de l'étreindre longuement, coupant son souffle, brisant ses côtes pour prendre son mal, sa peine. Lorsqu'il la relâcha enfin elle libéra son flot, tous les torrents et les chutes d'eau assourdissaient ses oreilles. Elle repensa à un fragment de sa vie sous les chutes des Anges, l'odeur de la pierre poreuse et humide ; elle repensa au Lac Narsell. Elle songea qu'ironiquement leurs chemins s'étaient noués et déliés à Schuttgart, cette ville noire. Elle pensa encore qu'elle l'avait préparé à l'éventualité de sa mort, mais jamais elle n'avait pris soin de se préparer à la sienne ; car ce n'était pas dans la nature des choses. Les aînés ne devaient pas survivre. L'équilibre avait été bafoué, rien n'allait plus. Les jeux étaient faits.
  • « Je suis désolé.
    Pas autant que moi, Sendo. Pas autant que moi. »
[> Mort d'Elios & de Noir ― Merci à lui.]

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » sam. 2 juin 2012 à 23h43

Astrée.

Elle dit qu'elle achèterait les fleurs elle-même. Lici, elle, avait du pain sur la planche. Il faudrait enlever les portes de leurs gonds ; les hommes du chantier allaient arriver. Quelle matinée, pensa Swann, une matinée fraîche à offrir à des enfants sur une plage. Que de rires ! Et de plongeons ! Elle avait toujours eu cette impression dans la forêt, chaque fois qu'elle ouvrait en grand les portes-fenêtres, dans ce petit grincement des gonds qu'elle entendait encore, avant de plonger à l'air libre. Comme l'air était frais et calme alors, dans le petit matin, plus immobile qu'à présent bien sûr ; comme le claquement d'une vague ; le baiser d'une vague ; froid vif et pourtant solennel, pour elle qui, debout devant la fenêtre ouverte, sentait que quelque chose de terrible allait arriver ; elle regardait le sol, les arbres du haut desquels la fumée se déroulait et les corneilles qui s'envolaient et retombaient ; elle était là à regarder quand le Chevalier avait dit : « Quel désastre, n'est-ce pas ? »

Elle voulut lui adresser un sourire qu'elle espérait réconfortant ; elle sentait qu'il espérait qu'elle lui adresse quelques paroles optimistes, quelque chose de sensé mais surtout d'irrémédiablement porté par la confiance. Elle songea à son long cheminement personnel, à son arrivée ici, à cette rencontre et à l'envie qu'il avait su faire naître, l'envie d'entendre les océans se déchaîner à nouveau mais aussi le délicieux silence de l'apaisement. Elle avait déjà un pied dans la tempête, et il lui semblait que le réconforter ce serait comme accepter d'y entrer complètement, avec lui et de faire front. Pourtant cette fois-ci, elle doutait d'entendre à nouveau l'enfer s'apaiser. Leur survie ne dépendait plus de leurs comparses mais d'une divinité, — sommes-nous de taille contre cela ? Et s'ils ne l'étaient pas, était-ce une raison pour demeurer les bras croisés ? Elle avait refusé de faire parti de ceux qui abandonnent, qui se cachent ou qui oublient ; et dans ce choix, on l'avait accompagnée et on lui avait montré que tout n'était qu'une question d'espoir, de volonté ou plus simplement de foi. Alors n'était-il pas de son devoir de prononcer les véritables mots ? Elle le savait conscient des dangers, et elle se doutait que lui aussi pensait ne jamais observer de ses propres yeux les premiers rayons de soleil percer à travers le nuage opaque qui s'était formé au-dessus de leurs têtes. A cette pensée, il lui sembla ressentir de la compassion pour cet Humain mais aussi de l'admiration ; ils demeuraient une intrigue pour elle, ces Humains qui se dressent malgré leur faiblesse apparente chaque jour et sans relâche de part et d'autre pour défendre leurs idéaux et cela sans jamais oublier que le résultat sera confié à la génération future. Elle fit un pas vers lui, et posant sa main sur son épaule, elle acquiesça.

« Mais peut-être fallait-il faire table rase du passé pour que nous puissions enfin apporter ici un peu de lumière. » Elle lui sourit encore tandis qu'il lui semblait être emportée dans ce torrent interminable et indéfectible, celui-là même qui l'avait conduite à l'Astrée.
[> Rapprochement de l'Astrée.]

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » dim. 3 juin 2012 à 13h59

Sanguinaire.

Son rêve était en trois couleurs : noir, blanc et gris. Elle avançait, pieds nus sur un chemin de terre, par une nuit glaciale. La pluie et la boue s'écoulaient le long des fondrières. Les pierres et les herbes folles se dressaient autour d'elle. La campagne était plongée dans l'obscurité, à l'exception d'une lumière isolée qui brillait au loin. A quelques centaines de mètres de la route, elle distingua ce qui lui semblait être une taverne avec des murs à colombages. Derrière les carreaux, elle apercevait la lueur vacillante des chandelles. Elle allait s'y réfugier lorsqu'un tintement résonna. Alors que le bruit s'intensifiait, elle se tint à l'écart, dans l'ombre, sur le bas-côté. Un attelage surgit de la brume avant de s'arrêter à l'endroit même où elle se trouvait quelques secondes auparavant. Lorsque les chevaux s'immobilisèrent, le cocher sauta au bas de la voiture, sans prendre garde à la boue qui éclaboussa ses bottes. Il ouvrit la portière et recula. Une silhouette masculine en sortit. Le vent agitait sa cape et son visage était dissimulé sous une capuche.
Attends-moi ici, ordonna-t-il au domestique.
Monseigneur, la pluie tombe dru et ...
L'homme fit un signe de tête en direction de la taverne.
J'ai une affaire à régler. Je ne serai pas long. Tiens les chevaux prêts.
Mais, Monseigneur, protesta le cocher avec un regard inquiet en direction de la gargote, ce genre d'endroits regorgent de voleurs et de vagabonds. Et l'air est mauvais ce soir, mes os ne me trompent jamais.
Il frotta vigoureusement ses bras, comme pour réprimer un frisson.
Monseigneur devrait plutôt rentrer auprès de Madame et des petits.
Mon épouse ne doit rien savoir, répliqua son maître en ajustant ses gants, les yeux rivés sur l'auberge. Elle a suffisamment de soucis.

Swann se tourna vers la taverne. Sous la faible lueur des bougies, avec ses grandes fenêtres étroites, elle prenait des allures sinistres. Sa toiture de guingois semblait avoir été conçue à l'aide d'instruments faussés. Le lierre étouffait les murs et, de temps à autre, le bruit des cris ou du verre brisé résonnait derrière la porte. Le cocher essuya son nez avec le revers de sa manche.
J'ai moi-même eu un fils emporté par la peste, souffla-t-il. C'est une bien terrible épreuve qui accable Monseigneur et Madame.
Un lourd silence s'installa, ponctué par la trépignement des chevaux. De petits nuages de buée s'échappaient de leurs naseaux. Cette vision lui parut soudain si palpable que Swann en fut effrayée. Aucun rêve ne lui avait jamais semblé aussi réel. L'homme à la cape s'avança sur l'allée pavée qui menait à l'auberge. Tout s'effaçait sur son passage, comme si le décor du rêve s'effritait. Après une seconde d'hésitation, elle se lança à sa poursuite, craignant de disparaître à son tour. Elle se faufila derrière lui tandis qu'il passait la porte de la taverne.

Au milieu d'un mur noirci, elle aperçut un énorme four de briques. Des bols en bois, des gobelets en étain et d'autres ustensiles étaient suspendus de part et d'autre du fourneau. Devant trois grosses barriques abandonnées dans un recoin, un vieux chien galeux somnolait. Des tabourets et un amas hétéroclite de vaisselle sale et de chopes ébréchées jonchaient le sol, carrée de terre battue, recouverte de sciure. La poussière s'agglutinait sous les talons de l'Elfe déjà couverts de boue. Elle rêvait d'un bain chaud lorsque l'inconnu s'adressa au tenancier, debout derrière son comptoir.
Je cherche quelqu'un, lui dit-il. J'avais rendez-vous ici avec un individu dont j'ignore le nom.
L'aubergiste le toisa. C'était un personnage trapu et chauve à l'exception de quelques cheveux drus qui poussaient tout droit sur le sommet de son crâne.
J'vous sers à boire ? demanda-t-il avec un large sourire.
L'inconnu secoua la tête.
Je dois voir cet homme au plus vite. Je pensais que vous pourriez m'apporter votre aide.
Le sourire du tavernier disparut.
J'peux vous aider, Vot' Seigneurie. Mais croyez-en ma vieille expérience, vous feriez mieux de vous réchauffer avec un verre ou deux. La nuit est glacée.
Il poussa un gobelet dans sa direction. Sous sa capuche, l'inconnu déclina une nouvelle fois.
Je crains d'être terriblement pressé. Indiquez-moi simplement où je peux le trouver , ajouta-t-il en faisant glisser quelques pièces sur la table.
Le tenancier empocha l'argent et, d'un signe de tête, désigna une porte derrière lui.
On le trouve dans le bois, derrière. Mais Vot' Seigneurerie, soyez prudent. On dit, comme ça, que la forêt est hantée. Que celui qui s'y aventure n'en revient jamais.
L'homme à la cape se pencha par-dessus la table et baissa la voix :
J'ai une question plus personnelle. Le nom d'Hellman vous est-il familier ?
Je ne sais pas de quoi vous parlez, répondit sèchement l'aubergiste.

A son regard, Swann comprit qu'il n'entendait pas ce nom pour la première fois.
Celui avec qui j'ai rendez-vous m'a demandé de le rencontrer au premier soir de Souffleglace. Il disait qu'il me faudrait lui apporter mon aide, quinze jours durant.
Quinze jours, c'est long, remarqua le tavernier en se caressant le menton.
Bien trop long. J'aurais préféré ne pas venir, mais je craignais sa réaction si je me dérobais. Il connaît mon nom, ma famille. Il savait où les trouver. J'ai une jeune épouse et quatre fils. Je ne veux pas qu'il leur arrive malheur.
L'aubergiste se pencha, comme s'il s'apprêtait à colporter les pires ragots.
Celui que vous cherchez est ...
Il s'interrompit, avec un regard méfiant vers la salle.
Il est doté d'une force surprenante, enchaîna le tavernier. Je l'ai vu à l’œuvre et c'est un être puissant.
J'espère lui faire entendre raison. Comment peut-il exiger de moi que j'abandonne les miens, que j'oublie mon devoir pour une période aussi longue ? Il devra se rendre à l'évidence.
J'ignore s'il en est capable, objecta le tavernier en secouant la tête.
Mon plus jeune fils a été pris de fièvres pestilentielles. Les médecins craignent qu'il n'y survive pas. Ma famille a besoin de moi. Mon fils, surtout.
Buvez, insista calmement l'aubergiste.

Mais son interlocuteur se détourna brusquement et s'approcha de la porte. Swann le suivit. Dehors, elle pataugea dans la boue gelée. L'averse redoubla de violence et elle manqua de tomber. Elle s'arrêta pour s'essuyer les yeux et aperçut la cape de l'inconnu qui disparaissait à la lisière de la forêt. Elle se précipita vers lui, mais hésita à s'engouffrer dans le bois. Elle ramena ses cheveux ruisselants derrière sa nuque et scruta les alentours plongés dans l'obscurité. Elle perçut un mouvement. L'homme revenait vers elle en courant. Il trébucha et glissa. Sa cape s'était accrochée aux branches et, d'un geste paniqué, il cherchait vainement à la détacher. Un hurlement strident lui échappa tandis qu'il gesticulait frénétiquement. Tout son corps semblait saisi de convulsions. Swann tenta de s'approcher. Les ronces griffaient ses bras nus et les pierres blessaient ses pieds. Enfin, elle s'agenouilla près de lui et, malgré la capuche qui cachait encore une partie de son visage, elle vit sa bouche se tordre, comme incapable de pousser un cri.

Tournez-vous, ordonna-t-elle tout en essayant de le dégager.
Mais il ne l'entendait pas. Pour la première fois, ce rêve prenait une tournure plus familière, semblable à ses autres cauchemars : plus elle luttait, moins elle était capable d'agir. Elle le saisit par les épaules et le secoua.
Reprenez-vous ! Je peux vous aider, mais il faut y mettre du vôtre !
Sais-tu où se trouve la taverne ? Brave petite ! marmonna-t-il en agitant la main dans le vide, comme s'il tapotait une joue imaginaire.
Swann se raidit. Il ne la voyait pas. Il hallucinait et s'adressait à une personne invisible. C'était l'unique explication. Comment aurait-il pu la voir sans l'entendre ?
Cours avertir l'aubergiste. Qu'il envoie de l'aide, poursuivit-il. Dis-lui que l'homme n'est pas là. Que c'est l'un des anges du diable, venu prendre mon corps et expédier mon âme en enfer. Qu'il aille requérir un prêtre ... de l'eau bénite et des pieux.
Ces mots, « anges du diable », lui donnèrent la chair de poule. Il se détourna brusquement vers la forêt, cherchant quelque chose du regard.
Il, souffla-t-il horrifié, il arrive !
Ses lèvres tremblèrent et, en observant son visage déformé, elle eut la sensation qu'il luttait pour reprendre le contrôle de son corps. Il se cambra. Elle serrait toujours sa cape dans ses mains, mais elle les sentit lâcher prise.
Stupéfaite, elle leva les yeux pour découvrir la silhouette si redoutée, avant d'étouffer un cri.
[> Acquisition de savoir sur la culture Vampirique.]
Dernière modification par Lili le sam. 8 décembre 2012 à 18h05, modifié 1 fois.

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Re: [bgelfe] Swann

Message par Lili » sam. 8 décembre 2012 à 18h19

Tourments.
Il dirigea vers elle la chaleur de l'amour, son horreur, sa cruauté, son manque de scrupules. Elle sentit la brûlure sur sa joue, et, se voyant malgré elle faire des grâces à son hôte aussi connu qu'inconnu à l'autre bout de la table, Swann frémit de se savoir exposée à ces crocs acérés. Il répandit sa parole divine : « C'est tellement beau, tellement excitant cet amour, que l'on tremble au bord du gouffre, et s'offre, ce qui ne nous ressemble en rien ; mais c'est aussi la plus stupide, la plus barbare de toutes les passions, qui transforme un gentil jeune homme au profil de médaille en voyou d'une barre de fer des bas fonds. Pourtant, depuis l'aube des temps on chante des odes à l'amour ; on lui tresse des couronnes et le fleurit de roses ; et si on leur posait la question, neuf personnes sur dix affirmeraient ne rien désirer d'autre ; alors que les femmes n'arrêtaient pas de se dire : Ce n'est pas cela que nous désirons ; il n'est rien de plus fastidieux, de plus puéril et inhumain que l'amour ; pourtant il est aussi beau et nécessaire. Alors, alors ? » Demanda-t-il, s'attendant un peu à ce que les autres prennent le relais, comme si dans un débat de ce genre on décochait sa petite flèche personnelle, qui bien évidemment n'atteignait pas la cible, et laissait aux autres le soin de poursuivre. Elle voulut partir. Il se leva : « Laissez-moi vous accompagner » ; et rit. Il voulait dire oui ou il voulait dire non – ce pouvait être l'un ou l'autre. Mais ce n'était pas tant ce qu'il voulait dire – c'était ce drôle de ricanement qu'il avait eu, l'air de dire : Jetez-vous du haut de la falaise si ça vous chante, moi je m'en moque. Le froid au-dehors les frappa de plein fouet mais cela ne la dérangea pas outre-mesure, elle se sentait déjà morte. Elle croyait l'avoir rencontré dans l'après-midi et leur histoire était tristement ennuyante. Elle n'avait presque pas parlé, seulement écouté ce qu'il déblatérait sans arrêt et sans intérêt ; au fil de la soirée une idée s'était insinuée dans les méandres de son esprit et alors que le froid les avait surpris, tout avait mûri. Ils marchèrent lentement, lui aussi silencieux qu'elle, regrettant sûrement son arrogance. Puis au moment qu'elle sentit propice, elle s'arrêta au milieu de la neige dont le manteau empêchait d'élaborer un quelconque repère géographique. « Vous savez, aujourd'hui, c'est mon anniversaire. » Elle prit les mains gantées de l'homme dans les siennes. « Ne me laissez pas seule. » Dans un terrible craquement, ils furent entraînés par le fond. La surface de glace s'était rompue. Il y eut quelques bruits sourds, puis tout redevint calme. C'en était fini.

Dans son lit, Swann s'éveilla à bout de souffle. L'Empereur était mort, le Roi avait pris sa place mais cela n'avait pas suffit. Elle était déjà déterminée auparavant. Influencée par tous les événements satellites, ceux-là même qui la hantaient jusque dans son sommeil par des tableaux incohérents pour quiconque. Elle se leva, espérant passer de meilleures nuits à Dion désormais.
[> Déclantage Astrée – Merci à eux.]

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