[bgelfe] Rhyma

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Meliäa
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[bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » lun. 27 octobre 2008 à 13h31

  • Image
    Nom : Londalën Prénom : Elaëlin
    Surnom : Rhyma Âge : 150 ans
    Sexe : Féminin Race : Elfe

    Compétences : Psalmodieuse.

    Alignement : Neutre Bon.

    Langues parlées : Sombre, Elfique et Commun.
    Langues signées : Sombre.

    Description physique : Jeune elfe aux cheveux d'un blond presque blanc qui tombent en vaguelettes ondulées jusqu'au milieu de son dos. Elle porte généralement une longue robe blanche, serrée à la taille par une ceinture noire, révélant sa silhouette gracieuse mais légèrement chétive.
    À son visage fin et harmonieux, où percent deux yeux d'un bleu glacé et presque effrayant, il ne manquerait qu'un sourire, mais ceux-ci sont bien rares. Elle garde souvent un air impassible empreint d'une certaine tristesse, voire d'une certaine réserve.

    Caractère : C'est une jeune elfe habituellement d'apparence mystérieuse, craintive et discrète ; elle est pourtant sensible, intelligente et vive. Parfois, elle fera montre d'une sagesse incongrue pour un si jeune âge. Mais le plus souvent, la jeune elfe fera montre d'un calme réservé à toute épreuve.
    Il arrive pourtant qu'elle change totalement de caractère de temps à autres. Le peu de confiance qu'elle a d'habitude en elle est remplacée par une assurance presque arrogante. Son regard devient aussi froid que la glace dont il a la couleur. N'essayez même pas de vous jouer d'elle à ces moments où elle semble devenir quelqu'un d'autre. La colère gronde en son cœur et lorsqu'elle la libère, se crée autour d'elle une sphère d'énergie pure qui vous blesserait ; l'air lui-même semble devenir tranchant à son contact.

    Autres (particularités) : Elaëlin est une empathe. Elle est capable non seulement de ressentir les émotions de ceux qui se trouvent autour d'elle (elle est en fait extrêmement sensible à la magie de ce monde qui lui permet d'exercer son don), mais également de projeter ses émotions autour d'elle. Cette capacité brute pourrait, si elle était travaillée, mener à une capacité bien plus dangereuse, mais c'est encore loin d'être le cas.
    Spoiler:
    Situation financière : Aisée.
    Comportement social : Bourgeoisie à noblesse.
    Type d’éducation reçue : Une éducation très variée, mais très rigoureuse et de bonne qualité.
    Popularité et/ou influence : Aucune.

    Croyances :
    • Einhasad : La mère d'Eva. Tend à la prier plus souvent ces derniers temps.
      Gran Kain : Le hait.
      Eva : Da Déesse principale.
      Shilen : La hait.
      Sahya : Ignore tout de lui.
      Pa’agrio : Indifférence.
      Maphr : Indifférence.
    Relations extérieures :
    • Elfes : Son peuple. Se sent plus à l'aise parmi eux.
      Humains : Se méfie, mais sait qu'il y a de bons éléments.
      Kamaels : N'en a jamais rencontré.
      Nains : Se méfie, mais sait qu'il y a de bons éléments.
      Orques : Se méfie, mais sait qu'il y a de bons éléments.
      Sombres : Les hait, mais sait qu'il y a de bons éléments.

( Fiche mise à jour au 28.12.2013 )
Dernière modification par Meliäa le ven. 16 avril 2010 à 14h46, modifié 4 fois.

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Message par Meliäa » lun. 27 octobre 2008 à 13h46

Commencement ...
La nuit était tombée il n’y a pas si longtemps lorsqu’elle rentra enfin chez elle.

Le vent, de plus en plus violent, semblait annoncer l’orage qui se profilait à l’horizon. Arrivée devant la porte, elle s’arrêta, méfiante. Un des battants de la porte d’entrée était entrebâillé et malmené par le vent. Seule une faible lueur vacillante parvenait de la pièce du fond.
Un sentiment de malaise lui enserra la gorge : la peur semblait transpirer par chaque ouverture de la maison, perdue au milieu de la lande.

Elle avança prudemment et prit l’épée légère qui lui avait été forgée spécialement, sans pouvoir arrêter de trembler. Un bruit de vaisselle brisée suivie d’un gémissement de douleur résonna dans le couloir et renforça son mauvais pressentiment. Le vent hurlait à l’extérieur.

Elle arriva enfin sur le pas de la porte.

Ses yeux s’ouvrirent tous grands d’épouvante : un mâle et une femelle elfes à la peau sombre comme la nuit étaient là. Aux pieds de la femelle, dans une mare de sang, gisait le corps de sa mère, transpercée d’une dague dans le coeur. Son père luttait avec le mâle non loin de là. Il lui jeta un regard lui demandant de s’enfuir, mais la femelle réagit vivement, suivant le regard de l’elfe, et attrapa brutalement l’adolescente par le bras.

  • - Tiens, mais qui voilà ? Le rejeton de la petite famille ? Ricana-t-elle en tirant brusquement la jeune elfe devant elle.

    - Elle n'a rien à voir là-dedans. Laissez-la en dehors de cette affaire : épargnez-la ! Répondit le père, en se défendant toujours.
La femelle sourit et pointa sa dague sur la gorge de la petite, tout en la maintenant fermement par les cheveux. Son sourire fit frissonner la jeune elfe d'horreur, qui serra les dents de douleur.
Le sourire plein de sadisme de la Sombre se transforma en moue de colère lorsqu'elle vit la tête de son compatriote rouler à terre, tranchée par la lame de l'Elfe en colère. Elle appuya un peu sur sa dague avec un regard mauvais et le sang de la jeune elfe coula doucement le long de son cou.

  • - Crois-tu que j'hésiterais à la tuer ? Demanda froidement la femelle. Vos deux vies ensemble ne valent même pas la mienne ... Elle reprit d'une voix doucereuse. Tu vas mourir, juste après elle ...
Mais l'enfant, à la grande surprise des deux adultes, trancha ses cheveux et planta son épée dans la jambe de la femelle, ce qui lui permit d'échapper à son étreinte. Malheureusement, ses mouvements conjugués à ceux de la sombre lui entaillèrent largement l’épaule. Elle s’effondra quelques pas plus loin dans des débris de céramique, qui percèrent sa peau maintes fois.

Se relevant pour se mettre à genoux, elle observa ses mains. Qu'était-ce donc que ce liquide glacé et rougeoyant qui coulait sur sa peau blanche et la colorait d'une teinte de mort ?
Du sang ... tellement de sang ... Non loin elle aperçut le visage sans vie de sa mère ... tant de peur !!
Le vent souffla alors la dernière bougie et la pièce se retrouva dans le noir. L'orage grondait au-dessus de leurs têtes. Plusieurs sifflements métalliques retentirent dans le noir.

Un éclair frappa, et la pièce s'illumina pendant un instant.

La toute jeune elfe releva la tête et se mordit la lèvre inférieure ; son père était à genoux aux pieds de la femelle, une dague dans le ventre. La peur et la douleur lui tordirent le ventre ; elle crispa sa main ensanglantée sur sa peau. La femelle s'approcha et la souleva par le cou en lui faisant racler le sol, la collant contre le mur. Un rictus de plaisir sadique déforma son visage à la beauté féline.
La petite elfe sentait le sang qui coulait sur son bras et sur sa joue, les éclats de vaisselle logés dans sa peau la faisaient souffrir, et elle commençait à suffoquer. Elle essaya de se libérer en se débattant, mais cela la fatigua encore plus. Sa tête était peu à peu prise dans un étau, au fur et à mesure que l'air quittait ses poumons. Elle s'abandonna à son sort.

Et soudain, tout s'arrêta.

Alors qu'elle sentait le souffle de vie la quitter, la pression se relâcha brusquement. Un second éclair révéla la Sombre, transpercée de part en part par l'épée de son père qui s'effondra, un sourire triste aux lèvres.
Les derniers mots de la sombre, entrecoupés de toux sanglantes, furent, dans sa langue natale :

  • - Tout ça à cause d'une gamine ... moins que rien ... n'aurai pas dû accepter ... contrat ...
Et elle s'effondra elle aussi à terre.
Tout se mit à tourner autour de la petite survivante : elle ne tarda pas à rejoindre les adultes, et s'écroula.


« Ça ne va pas. Je la sens m’échapper … Il ne faut pas que je reste là … Sortir, vite ! Trouver un autre refuge … vite ! Vite ! … »
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Message par Meliäa » lun. 27 octobre 2008 à 13h59

Le journal

.: 17 Brilleblé de l'an 46 :.
  • Suivant les ordres de la Grande Prêtresse Sarah, je me suis rendu aux Terres des Murmures en compagnie d'Isabellin pour renflouer la réserve d'ingrédients et de plantes du temple. En voulant pousser plus avant en longeant la rivière, Kara, ma louve, a poussé un jappement étrange. Elle se trouvait non loin de nous, au bord de l'eau, à demi cachée par des roseaux. Elle allait de long en large à côté de quelque chose que nous ne pouvions pas voir. Un seul regard a suffi pour que je me rende auprès d'elle, suivi d'Isabellin.

    Un blessé maculé de sang et aux vêtements déchirés reposait sur la berge, face contre terre, à moitié immergé. Je me suis alors penché sur lui et posai prudemment ma main dans la chevelure blanche aux reflets bleutés et tachée de sang du blessé, soulevant doucement sa tête. Il toussa faiblement, du sang coulant au coin de ses lèvres fines et racées. Je n'ai pas pu retenir une légère exclamation de surprise lorsque je lui ai doucement dégagé le visage avec ma main : ses cheveux ont révélé deux oreilles effilées.
    • - Il ne respire plus... ! Murmurai-je.

    Après quelques efforts, j'ai réussi à ranimer le blessé, mais pour combien de temps encore ? Isabellin a ensuite entrepris de le sonder magiquement pour voir l'étendue des lésions internes et externes. Il avait deux blessures physiques assez importantes : une au niveau de l'épaule droite et l'autre partait du bas de l'œil gauche. Le sang empêchait de voir clairement la gravité et la forme des blessures. Des ecchymoses étaient visibles un peu partout sur sa peau claire, là où elle n'était pas couverte de sang.

    Isabellin sortit vivement un parchemin et prit l'elfe dans ses bras avant de commencer à le lire.
    • - Je rentre, m'a-t-elle dit, l'air inquiet, il lui faut des soins immédiatement !
    Et elle a disparu, emportant son compatriote.
    J'ai tout de même fini ce pour quoi nous étions venus avant de récupérer nos affaires et de rentrer à Giran.

.: 20 Brilleblé de l'an 46 :.
  • Notre petite protégée ne s'est réveillée qu'aujourd'hui, dans la matinée. Nous avons apparemment affaire à une jeune adolescente. Ses cheveux sont coupés si courts, qu'ils la font vaguement ressembler à un de ses frères ...

    Ses blessures sont réellement graves. Je pense que si nous étions arrivés un tout petit peu plus tard, nous l'aurions trouvée morte. Elle porte une grande estafilade partant du coté droit de la poitrine et remontant jusqu'à l'épaule, ainsi qu'une plaie sous l'œil gauche Son bras droit est inerte, elle semble incapable de le bouger et sa peau est couverte d'hématomes de plus ou moins grande importance.

    Le problème est qu'on ne sait pas qui elle est ni d'où elle vient. Elle n'a pas ouvert la bouche depuis qu'elle s'est réveillée, à part pour manger, et encore. Le fait que nous l'ayons trouvée près des Terres des Murmures nous fait penser qu'elle venait de Heine et non de Daer Sylium. Mais nous ne pourrons en être sûrs que lorsqu'elle l'aura confirmé ou que nous aurons retrouvé sa famille.

    J'ai eu l'autorisation d'aller la voir dans l'après-midi. Quand je suis entré dans la pièce où elle se trouvait, elle était assise dans son lit la tête tournée à l'opposé, vers la fenêtre. Bandellos l'a interpellée avec un mot mélodieux en Sindarin. Elle a tourné la tête vers moi et son regard m'a cloué sur place. Ses yeux ont une intense couleur bleue qui me rappelle celle des grands glaciers du Nord.

    Après m'avoir dévisagé quelques secondes avec une intensité effrayante, elle s'est jetée sur moi, un rictus de colère sur le visage. Je suis tombé à terre sous la violence du choc mais surtout à cause de l'étonnement. Elle tentait de m'étrangler, des larmes de rage dans les yeux. Où avait-elle trouvé toute cette soudaine force ? Soudain, j'ai ressenti une fulgurante et étrange douleur sur la joue ... Bandellos est tout de suite venu à mon secours en l'éloignant, la maintenant fermement. Mais elle était si faible qu'elle ne me faisait de toute façon aucun mal ...

    Un vertige a semblé lui faire perdre ses repères. Son regard s'est brouillé et elle s'est perdue au plus profond d'elle-même. Bandellos l'a remise au lit, me demandant de la laisser. Un air triste est apparu sur son visage où courait une cicatrice, mais j'ai vu qu'il y avait autre chose qui habitait cette jeune elfe.

    En passant la main sur ma joue, j'y ai découvert une petite entaille, qui saignait légèrement ... pourtant, elle ne m'a pas touché ... Elle a l'air si fragile ... Ses cheveux sont si clairs qu'ils en paraissent blancs ; plusieurs bleus sont visibles sur sa peau claire. Son bras droit est entièrement bandé, ainsi que le haut de sa poitrine.

    Contrastant avec le bleu saisissant de ses yeux, sa fragilité m'a vraiment marqué. Elle a occupé mes pensées pendant un bon moment alors que je rentrais : Pourquoi m'a-t-elle si violemment attaqué, moi, un sombre ?
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Message par Meliäa » lun. 27 octobre 2008 à 14h02

.: 22 Bruleblé de l'an 46 :.
  • Pas un mot n'a franchi ses lèvres.

    Nous avons essayé de lui poser des questions mais sans résultat. Nous n'avons même pas obtenu un signe de tête en guise de réponse. Quand on lui parle en langage commun, elle se contente de regarder fixement la personne pendant quelques secondes puis elle détourne le regard. Seul le Sindarin lui arrache une autre réaction. Mais elle se tait obstinément.

    Bandellos et Isabellin, un prêtre et une prêtresse du temple, ont consenti à s'occuper personnellement d'elle pendant leur temps libre. Ils sont les plus aptes à la comprendre : ce sont eux aussi des elfes. Il n'est même pas question que je m'occupe d'elle pour le moment, vu sa réaction ... elle continue à se méfier de moi, bien qu'on lui ai expliqué plusieurs fois que je l'avais sauvée.
    Les deux elfes continuent leurs soins quotidiens afin que les blessures disparaissent totalement. Ils doivent s'y prendre petit à petit, s'ils ne veulent pas y perdre la vie : la petite était à l'article de la mort.

    Sa peau a déjà retrouvé un teint uniforme, les bleus ayant disparu. Elle est encore pâle et faible : elle garde le lit toute la journée. Apparemment, il lui arrive fréquemment de délirer dans son sommeil et de se réveiller en sursaut, en pleurs, pendant la nuit. On a d'ailleurs constaté d'étranges phénomènes ... on a retrouvé un vase brisé, et le mur égratigné à plusieurs reprises, sans qu'elle se soit levée ...

    Grâce à leurs soins, elle retrouvera une santé parfaite sauf pour son bras droit, pour lequel on ne peut rien prévoir. Sa voix nous inquiète également : nous avons retrouvé de grandes traces rouges sur son cou et nous nous demandons si ce n'est pas la cause principale de son mutisme.
    Bandellos a émis une suggestion : Elle aurait tout oublié et ce serait pour cela qu'elle refuse de parler et de répondre à nos questions sur son âge, son nom, sa famille, etc. Le seul indice que nous avons est la façon dont elle a réagi en me voyant.

    Peut-être qu'avec la sécurité dont tout le monde l'entoure, elle abaissera les murailles derrière lesquelles elle s'est enfermée ... Puisse-t-elle arriver à surmonter ses peurs et ses problèmes ...

.: 26 Bruleblé de l'an 46 :.
  • Voilà déjà deux jours que je m'occupe de la rééducation du bras de notre petite protégée. Ses blessures sont définitivement guéries et ont disparu, mis à part celle de son épaule. Il reste, malgré tous les efforts de Bandellos et Isabellin, une cicatrice. Poison ou magie appliquée sur la lame qui l'a blessée, nous ne le saurons probablement jamais. Mais cela laisse supposer qu'éventuellement, son agresseur peut être un sombre ...

    J'essaie donc de lui réapprendre à utiliser son bras. Pour le moment, c'est tout juste si elle arrive à remuer les doigts. Mais si elle continue comme ça, elle pourra un jour le réutiliser. Isabellin m'a confié avec un sourire qu'elle avait surpris la petite à s'entraîner seule, après notre séance de cet après-midi, l'air déterminé et concentré.

    Bandellos et elle ont relâché leur surveillance diurne mais continuent à veiller la petite la nuit : il lui arrive encore de se réveiller en pleurs.

    Nous l'avons autorisée à faire quelques pas, ce soir. Elle a traversé le temple, soutenue par Bandellos. Puisqu'elle avait refusé mon aide, je suis tout de même resté adossé à une colonne pour observer. Elle m'a jeté un regard perçant en passant devant moi, toutefois dénué d'agressivité. Elle s'est ensuite recouchée, un peu fatiguée. Aucun mot n'est sorti de sa bouche et aucun sourire n'est venu éclairer son visage.

    La Grande Prêtresse Sarah, qui parle quelques mots de Sindarin, essaie d'apprendre à la petite à parler la langue commune. Même s'il est difficile de savoir où elle en est, la Grande Prêtresse persévère.

    Tout le monde semble s'être attaché à elle. Y compris ma louve ...

.: 30 Bruleblé de l'an 46 :.
  • Depuis que nous l'avons trouvée, sa santé n'a cessé de s'améliorer de jour en jour.
    Aujourd'hui je l'ai emmenée à l'extérieur. Plus question de quelques pas à l'intérieur du temple. Elle s'en est plutôt bien sortie mais il lui a fallut quelques pauses. Avant de rentrer, nous nous sommes installés sous un arbre, jusqu'au coucher du soleil.
    Elle ne m'a pas quitté des yeux jusqu'à ce que je m'étende dans l'herbe, me montrant sans défense. Elle s'est alors adossée à l'arbre, les jambes en tailleur, le regard perdu dans l'immensité du ciel bleu. Elle s'est mise à s'entraîner à bouger les doigts, pensivement.

    Quand je me suis relevé, tiré de ma somnolence, elle avait les yeux clos et une larme roulait sur sa joue. Ses lèvres remuaient doucement, comme si elle parlait, mais aucun son ne sortait de sa bouche. A ce moment, elle a froncé les sourcils ; une expression de colère prit possession de son visage. Et soudain, le tronc derrière elle s'est fendu, l'éraflure semblant partir de la tête de la petite ... Mais je me fais peut-être des idées.
    Je l'ai prise dans mes bras pour la ramener, la soulevant doucement du sol, sans qu'elle ouvre un œil. Elle ne s'est pas réveillée. Mine de rien, la petite a été fatiguée par cette sortie. Après tout, elle a frôlé la mort il n'y a pas si longtemps ... il lui faudra plus de temps pour s'en remettre.

    Je l'appelle « la petite » depuis le début ... nous ne connaissons pas son nom. Isabellin et Ellen, une prêtresse humaine, ont essayé de lui en trouver un. Nous ne pouvons continuer sans lui trouver un nom : il en va de son équilibre intérieur, m'a dit Isabellin. J'avoue que cela m'échappe un peu mais elle n'a pas tout à fait tort. Peut-être en rapport avec ses yeux ?
    Je ne suis vraiment pas doué pour ces choses-là.

    Nous prévoyons également de la confronter à la seule chose qui était restée intacte, lorsque nous l'avions trouvée : sa cape. Peut-être cela éveillera-t-il quelque chose ... ?
    Mais cela sera pour plus tard, elle est encore trop faible physiquement.
Dernière modification par Meliäa le sam. 4 juillet 2009 à 14h39, modifié 3 fois.

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Message par Meliäa » lun. 27 octobre 2008 à 14h09

Abandon

La jeune adolescente reprit connaissance moins d'une heure plus tard. Elle avait du mal à respirer. Sa gorge la brûlait.
Tout était plongé dans l'obscurité. Le vent soufflait toujours et la pluie tombait dru ; le silence était pesant.

Elle souffrait en plusieurs endroits : ses genoux, son visage, ses mains ... Tout son corps la faisait souffrir. Mais ce n'était rien en comparaison de la douleur qui la lançait furieusement au niveau de son épaule droite. Son bras ne voulait plus bouger. Des larmes d'impuissance lui montèrent aux yeux.

Un éclair illumina la pièce.

Tout lui revint en mémoire en un instant et les larmes d'impuissance se transformèrent en larmes de désespoir. La tragédie qu'elle venait de vivre et qu'elle tentait d'oublier se trouvait encore sous ses yeux.

Essuyant ses larmes et serrant les lèvres, elle attrapa une des tentures tombées à terre et en déchira deux bandes avec ses dents. Se servant de sa main gauche, elle enleva du mieux qu'elle put les divers éclats logés dans ses mains, ses bras, ses genoux et son visage. Avec le tissu, elle se banda sommairement les genoux et se releva, gémissant de douleur.

Arrivée dehors, elle laissa la pluie laver son visage, les yeux fermés.
La main plaquée sur son épaule sanguinolente, elle jeta un dernier regard sur la maison et partit sans se retourner, sa cape voletant derrière elle.
Elle marcha droit devant elle, sans réfléchir, pendant un long moment. Elle avait de plus en plus soif, de plus en plus de mal à respirer, et à éloigner l'horreur qu'elle venait de vivre, et qui lui revenait sans cesse devant les yeux : elle s'affaiblissait de plus en plus.

Elle arriva devant une petite rivière. Elle la traversa et tenta de boire mais sa gorge la faisait tellement souffrir qu'elle ne pouvait même plus avaler. Elle regarda un instant l'eau couler, laissant ses pensées divaguer pour oublier la soif et la douleur.
Mère aimait tellement regarder l'eau couler ... Elle n'aurait pas dû baisser ses défenses. Les larmes lui vinrent aux yeux en flots.

Exprimant enfin son désespoir sans retenue, elle lâcha un long cri déchirant, la main crispée sur son front et s'affaissa sur la berge, à bout de forces.


« Non, ce n’est pas possible … Ça ne peut pas être ma fin … Pas maintenant … ! Elle semblait pourtant prometteuse. Je dois réussir à sauvegarder mon énergie … tenir … tenir … survivre ... sur..viv- ...»
Dernière modification par Meliäa le sam. 4 juillet 2009 à 14h40, modifié 3 fois.

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Message par Meliäa » lun. 27 octobre 2008 à 14h37

Un nouveau nom ...

.: 15 Rougefeuille de l'an 46 :.
  • Ellen et Isabellin lui ont trouvé un nom hier.
    Faisant référence au bleu singulier de ses yeux, de couleur de glace, elles ont fait un parallèle avec le mot « rhim » signifiant « lac gelé ». En adaptant l'orthographe, elles sont arrivées à « Rhyma ».
    Cela lui correspond plutôt bien. La petite a accepté ce nom avec un air reconnaissant et s'est inclinée devant les deux femmes pour les remercier.

    Récemment, elle s'est essayée à écrire. Cela lui a permis de se faire comprendre pour des choses plus subtiles que manger ou dormir. Je commence à me demander si je ne devrai pas y mettre mon grain de sel. J'ai une idée qui pourrait lui convenir parfaitement, mais il faut qu'elle fasse un peu plus de progrès avec son bras.

    En se concentrant bien, elle peut fermer légèrement sa main et replier son bras. Mais cela la fatigue outre mesure et elle ne peu le faire que d'une manière excessivement lente.
    Nous avons essayé de lui faire tenir plusieurs choses de plusieurs formes ; au vu de la manière dont elle a essayé de prendre l'épée qu'on lui a présentée, je peux dire qu'elle a reçu une formation de guerrière dans son enfance. Cela ne sera malheureusement plus jamais possible pour elle.
    Refermer sa main sur un objet lui demande trop d'efforts et elle ne peut encore pas serrer les doigts assez fort pour maintenir quelque chose.

    Quoi qu'il en soit, elle vit chez moi depuis le début de l'automne. L'atmosphère est un peu tendue : elle ne me fait toujours pas confiance. Cela me rappelle mon arrivée au temple. Il m'a fallu plusieurs dizaines d'années pour leur faire accepter ce que j'étais vraiment ... un sombre détourné de la voie de Shilen ...
    Lorsqu'on le lui a annoncé, elle n'a rien dit, mais la vitre à côté d'elle s'est fracturée brusquement. Je commence à trouver que ces phénomènes ressemblent de moins en moins à une coïncidence ou un fruit du hasard.
    Je fais toutefois comme si de rien n'était. J'étais comme elle il y a une soixantaine d'années, mais elle porte une si grande colère pour un être si frêle ...

    J'espère qu'elle parviendra à passer outre et à s'apaiser, peu à peu ...

.: 19 Rougefeuille de l'an 46 :.
  • Aujourd'hui Bandellos, Isabellin et la Grande Prêtresse Sarah ont eu une discussion avec Rhyma.
    Ils souhaitaient savoir quel type de carrière elle voulait embrasser. Je regardais à quelques pas du groupe, derrière Rhyma pour voir ce qu'elle écrivait.
    Au départ, elle ne savait pas trop. Mais quand Bandellos lui a appris qu'à cause de son bras droit, elle ne pourrait jamais tenir une épée comme il faut, elle s'est mordu la lèvre et a baissé la tête, l'air troublée. Lorsque je me suis approché, elle paraissait même triste. S'est-elle souvenue de quelque chose de son passé ?

    Sans réfléchir, je lui ai doucement caressé les cheveux, pour la rassurer. Elle a brusquement tourné la tête vers moi, plantant son regard étonnant dans le mien. Ce n'est que lorsqu'Ellen lui a proposé de lui apprendre la magie qu'elle a détourné le regard et que je me suis rendu compte de ce que je venais de faire.
    J'ai laissé retomber ma main en regardant ailleurs, tandis que Bandellos et Isabellin proposaient également leur aide. Alors que la petite hochait la tête avec gratitude pour accepter leur aide, je suis sorti prendre un peu l'air ... et réfléchir.

    Les sombres possèdent un langage de bataille parlé uniquement avec les mains. Cela pourrait être utile à Rhyma qui ne peut utiliser sa voix. Et si les autres l'apprennent en même temps qu'elle, cela sera encore mieux. Tout le monde est déjà d'accord, il ne nous manque plus que l'avis de Rhyma elle-même.

    Lorsque nous avons commencé son « cours » de rééducation quotidien, elle m'a appris qu'elle avait reçu une petite initiation à la magie. Me contentant de lui adresser un regard fier, je l'observai un moment. Ses cheveux ont repoussé et lui tombent sur les épaules. Elle a l'air moins désespérée aussi, même s'il lui reste cette part de tristesse qui l'empêche de sourire, et qui probablement ne la quittera jamais.

    L'air légèrement contrarié, elle m'annonça ensuite, grâce à un mot qu'elle écrivit fébrilement, qu'elle voulait s'entraîner plus dur pour son bras. SI elle ne le faisait pas, elle serait trop peu efficace, selon elle.
    Après un moment de silence, je lui ai répondu que nous avancerions plus vite si elle le souhaitait, sans toutefois trop forcer pour ne pas risquer de se blesser à nouveau. Elle a acquiescé et entamé ses exercices, sans me regarder, comme d'habitude.

    Après une heure d'exercices, je l'emmenai marcher hors de la ville. J'en ai profité pour lui demander si elle souhaitait apprendre une nouvelle manière de communiquer. Elle m'a cloué sur place avec un regard perçant et pénétrant, comme si elle cherchait à sonder mon cœur. Seul le vent dans les feuilles venait perturber la scène ; vis-à-vis d'une enfant cette situation est vraiment déconcertante, quand j'y repense.

    Elle a ouvert le cahier qui ne la quittait plus et a écrit : « comment cela ? ». Je lui ai expliqué calmement et son visage s'est durci. Elle a baissé la tête et est restée silencieuse de longues minutes. Le vent soufflait dans les feuilles tombées au sol, faisant tourbillonner nos capes. Le soleil était en train de se coucher. Ensuite, elle a écrit à nouveau et m'a plaqué le livre sur le torse, me regardant dans les yeux d'un air déterminé.

    Je lui ai rendu son regard avant de prendre le cahier. Elle avait écrit, de sa belle écriture ronde :
    « Apprends-moi »
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Message par Meliäa » lun. 27 octobre 2008 à 20h30

La mort ?

Elle était seule.

Quelle heure était-il ... ? Elle ne savait plus. Ses yeux à demi ouverts ne voyaient que des ombres, des formes floues, dansantes ... de la lumière ici et là ...
Mais quelle heure est-il ... ?
Le sol était glacial contre sa joue. Elle ne sentait plus ses jambes ... Avait-elle seulement des jambes ? Et ses bras ? Eux qui la faisaient tant souffrir ... pourquoi étaient-ils silencieux à présent ? Trop de douleur ... plus assez de force ... trop de chagrin ... plus de temps ... trop de colère ...
Devant ses yeux dansaient des formes, et pourtant elle s'éloignait, elle ne les voyait plus ... Elle désertait son corps silencieux et pourtant si douloureux ... elle n'était plus qu'un corps éthéré ...

Jetant un dernier regard sur son corps allongé au sol et tâché de sang, elle lui tourna le dos et commença à avancer ...


Le temps passe ... combien de temps a passé ? Depuis quand se trouvait-elle ici ? Quand était arrivée cette sensation d'oppression, de peur ? Elle devait se battre, vaincre ce qui lui faisait peur ... Ces images, ces paroles, ces bruits qui revenaient sans cesse la hanter ... qui résonnaient en écho dans sa tête et qu'elle fuyait désespérément ... elle devait s'en débarrasser. Vaincre, oui, vaincre et les enfermer là où ils ne pourraient pas sortir, jusqu'à la fin des temps ... jusqu'à sa fin.

Elle lutta longuement, emmenant ses craintes au plus profond de son subconscient, bâtissant pierre par pierre le mur qui les retiendrait.
A chaque pierre posée, trois tombaient : elle était trop faible ... La douleur, jusque là discrète mais omniprésente, se faisait de plus en plus pressante, de plus en plus grande ... Le mur était pourtant de plus en plus haut, de plus en plus épais et solide ...

Tout son esprit était comme chauffé à blanc. Comment pouvait-elle réussir à vaincre ce « monstre » si récalcitrant si ses forces ne lui revenaient pas bientôt ? N'était-il pas plus simple de tout abandonner et de partir ? Laisser derrière soi toute cette douleur, toute cette haine, ce chagrin ?
En finir, et dormir ... dormir pour l'éternité ...

Elle se retourna à demi ... derrière elle se trouvait son corps, devant elle sa plus grande peur ... Elle choisit une direction entre les deux et marcha tout droit, se laissant peu à peu aller. Tout était froid, nu et désert autour d'elle ... les sensations disparaissaient, la douleur s'estompait ...
Une voix douce se mit à résonner dans l'air tout autour d'elle ; un chant si doux et si plein de tristesse
... ma voix ? En écho, retentit un chant si plein de désir de vivre qu'il parut peu à peu parvenir à éclipser l'autre ... derrière ... Elle se retourna brusquement.

Elle avisa alors une personne … À quelques pas derrière elle se trouvait une belle jeune femme aux longs cheveux clairs. Sa robe blanche virevoltait dans un vent qui n’existait pas, et dans son visage d’une beauté divine perçait de l’inquiétude. Elle était auréolée d'une douce lumière et sous ses pieds nus, il semblait y avoir de l’herbe. Sous les pieds de la jeune elfe, il n’y avait que terre stérile et sable. Le ciel était d’un bleu d’azur au dessus d’elles.
La jeune femme semblait tellement lumineuse que la jeune elfe dut se protéger les yeux. Elle se tenait dans l’ombre et le néant … la jeune femme lui tendait la main, lui offrant la lumière et la vie.
... Mes jambes tremblent ... je ne peux pas ... Sa voix résonnait comme dans du cristal. La divine jeune femme lui fit un sourire rassurant et fit deux ou trois pas dans sa direction.

Rien ne poussa autour d'elle ...
Je le savais, rien n'est plus fort que le néant ... et soudain, l’herbe perça la couche de terre glacée et stérile, s’enhardissant à prospérer doucement. ... il me reste toujours l'espoir ... oui ... Maîtrisant ses tremblements et sa peur, elle fit un pas, puis deux, et donna sa main à la Déesse.
Se laissant doucement entraîner loin de ce désert et du néant, l'enfant s'aperçut que des larmes coulaient sur ses joues ... On la ramenait vers la douleur, vers ses peurs ...
Pourquoi me sauver si c'était pour me ramener à ma perte ... ?
  • - Je t'aiderais ... mais tu as choisi la vie, mon enfant, ne l'oublie pas ..., fit la déesse de sa voix douce, semblant résonner dans son esprit douloureux. Toi qui t'es perdue dans les ombres ... Il te faudra atteindre la lumière par toi-même ...
Lui rendant sa main, elle contourna le corps de la jeune elfe, se retrouvant chacune d'un côté. Baissant le regard sur son propre corps, elle fit un pas en direction de cette lumineuse entité mais trébucha.

Elle était au sol ; il faisait si froid ... elle avait si froid ...
Quelqu'un était penché sur elle ... la belle déesse caressait son front avec un air doux ... non, la créature était si sombre ... elle, était si lumineuse ...
Qui ? Qui donc manipulait son corps meurtri avec tant de prudence et d'attention ?
La belle déesse ... la créature elfique ... la lumière ... ou l'ombre ...
Où était le rêve, où commençait la réalité ?
A qui était cette main qui effleurait doucement son visage ? A qui étaient ces mains si douces .... ?
Rêve ou réalité ? ... Abandonner ou continuer ? ... La mort ou la vie ?

  • - Tu as choisi la vie, mon enfant, ne l'oublie pas ...
La voix de la déesse résonnait à son esprit. Sa divine voix n’était plus qu’un lointain murmure et pourtant elle était toujours aussi apaisante, pleine de détermination …
On tentait de la ranimer, elle le sentait. Elle s’accrocha de toutes ses forces à son corps et parvint à le réintégrer : elle avait fait son choix.
La vie, oui la vie ! Il le fallait … tout son être se tourna vers cette tâche alors qu’on la soulevait de terre.

  • - Je t'ai promis mon aide, n'est-ce pas ? Et je tiens toujours mes promesses ..., fit la voix de la déesse dans l'esprit fatigué de la jeune elfe.
La peur due à ces terribles événements qu'elle avait vécus disparaissait ... tout disparaissait. Au bord de l'inconscience, elle vit quelqu'un se pencher sur elle, posant une main douce sur son front. Lorsque la personne retira sa main, une perle de lumière éclatante s'y trouvait ...
  • - Tu n'auras plus peur ... tout va bien maintenant ...
Et elle sombra dans l'inconscience la plus profonde.

« Voilà, c’est fait. Je n’ai rencontré que peu de résistance … cette idée était bonne. Elle ne se doute de rien … Je suis enfin en sécurité : j’ai réussi ! Je vivrai.
Et tout cela risque en plus d’être intéressant … j’attends de voir … j’attends. »
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Message par Meliäa » lun. 27 octobre 2008 à 21h36

Éveil

Elle dormit longtemps. Elle sentait qu'on s'occupait d'elle pendant son sommeil, soignant petit à petit son corps qui avait été meurtri jusqu'aux tréfonds de son âme.

Pourquoi avait-elle été blessée ? Elle cherchait la raison dans sa mémoire, mais elle ne trouva rien ... même en cherchant profondément ...
Il y avait bien cet endroit si bien consolidé, auquel elle ne pouvait accéder ... mais elle ne chercherait pas à y pénétrer ni à savoir ce qu'il renfermait. Elle avait un drôle de sensation à propos de cet endroit ... et cela ne la mettait pas à l'aise du tout : il lui donnait la nausée.
Mieux valait ne plus y penser. Elle fit volte face et revint peu à peu à la surface ... à la lisière de la conscience ...

Un plafond ouvragé, en pierre ... un lit moelleux et des draps soyeux ...
Où donc suis-je ? Un visage doux se pencha au dessus d'elle en souriant ... de longues oreilles effilées ... une elfe.
Elle tenta de se redresser mais elle renonça, un vertige la prenant subitement. L'elfe la rallongea doucement, lui caressant le front et lui murmurant des paroles rassurantes dans une langue mélodieuse ...
Que dit-elle ? Ah, je me souviens à présent ... Elle la comprenait ... Isabellin ...

Les heures passaient ... une autre personne vint la voir entre deux moments de somnolence, un elfe cette fois. Bandellos disait-il s'appeler.

Manger ? Pour quoi faire ... ? Mon corps est si douloureux ... Etait-ce la faim ou autre chose ... ? Ouvrant la bouche pour se nourrir, elle finit par constater
que cela la soulageait quelque peu, tout en lui redonnant des forces.

Les heures passèrent à nouveau : plus de notion du temps lorsqu'on erre entre le sommeil et l'éveil ...
Qu'est-ce donc que cette ombre qui s'approche ? Sa peau est si sombre ...
sombre ? Sombre ! ... Qu'était-ce donc que cette sensation violente et oppressante qui l'envahissait à présent ? ... Haine ... Colère ... Vengeance ! Et cette envie de blesser ... de le blesser, lui !
Portant les mains à ce cou si sombre, elle tenta de le faire souffrir ... mais son bras droit ne lui obéissait plus ... elle se sentait mal et sans forces. Sa tête la faisait souffrir atrocement ... une douleur puissante qui ne cherchait qu'à se libérer ... et qui y parvint.
Quelqu'un lui enserra alors la taille : on essayait de l'éloigner, de l'empêcher ... un vertige lui vola ses repères et elle dut se résigner ...

Elle ne voulait plus avoir peur ! De quoi et pourquoi, elle ne savait pas ... cet homme lui faisait peur ... Pourquoi ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus ... il ne fallait pas qu'il l'approche, elle le sentait ... il ne fallait ... pas ...

Il ... ne ... faut ... p...

Elle s'abandonna au sommeil pour se soustraire à la douleur omniprésente et à toutes ces questions sans réponses ... et qui ne faisaient que lui enserrer un peu plus la tête dans un étau déjà si serré ...

« Je suis en colère … Il faut que je la libère mais … elle est trop faible, ma rage est trop forte … Je ne peux la libérer !
Et elle se met à utiliser l’énergie résiduelle maintenant ! Elle n’a pas le droit, tant que je ne le lui autorise pas ! Même si une petite partie m’échappe toujours, elle ne devrait pas être capable de le faire !

Fichue empathie … Cela m’énerve … Elle vient de libérer ce qu’elle m’a emprunté. Maladroite ... Au moins je peux me calmer … un peu.
Sa tête est trop pleine … elle est trop faible. Il faut que je me replie … j’ai besoin de repos. »
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Message par Meliäa » ven. 12 décembre 2008 à 12h08

La vie continue ...

.: 21 Souffleglace de l'an 46 :.
  • La période des fêtes approche à grands pas.
    Nous sommes sortis nous promener dans les rues, Rhyma ayant exprimé l'envie d'admirer les décorations que les habitants avaient disposées un peu partout.

    Ses progrès en langue des signes ont été fulgurants grâce à la détermination sans failles qui l'animait. Tout le monde ayant participé à l'apprentissage elle peut désormais "parler" avec eux, bien qu'elle semble être d'un naturel silencieux.

    Je la regardais marcher devant moi ... ses longs cheveux blancs semblaient flotter derrière elle, poussés par le vent d'hiver ... on aurait dit un spectre. Peut-être ai-je rêvé ...
    A ce moment, elle s'est retournée vers moi pour me montrer quelque chose. J'ai cru apercevoir de la joie et de l'émerveillement dans ses yeux où se reflétaient les lumières installées un peu partout. Je me suis surpris à me sentir ... heureux ... en quelque sorte. Cela m'arrive de plus en plus souvent, depuis que Rhyma semble m'avoir donné sa confiance.

    Kara sautillait près d'elle en aboyant, paraissant heureuse elle aussi.

    Revenus sur a grande place, Rhyma a échappé à ma vigilance. je l'ai cherché autour de la statue centrale, dans la foule présente mais elle n'y était pas. Pour avoir une vue d'ensemble, j'ai monté les marches menant au temple. C'est là que j'ai aperçu un attroupement suspect près de la sortie nord, le long du temple. Priant pour que ce ne soit pas Rhyma, je me suis faufilé jusqu'au centre.

    Je découvris au centre de l'attention générale, à mon grand regret, Rhyma et un sombre, en mauvaise posture.
    Il semblait immobilisé au sol, la colère déformant son visage. Rhyma, debout à côté de lui, le dominait de toute sa hauteur avec une expression glaciale, digne d'une véritable sombre. Le mâle, humilié, criait :
    • - H'ros dos mir itta rath ? (= Vous ne pouvez pas la retenir ?)

    La foule ne semblait pas l'entendre, ou le comprendre. Je sentais la colère monter en moi, mais aussi un dégoût étrange, mêlé de profonde déception. Je savais pertinemment que Rhyma le comprenait : je lui avais appris la signification orale des mots que je lui enseignais en langue des signes, en même temps.

    Essayant de me maîtriser, j'interpellais sèchement Rhyma, lui demandant de le libérer en sombre. Lorsqu'elle a croisé mon regard, j'ai compris qu'elle n'était plus elle-même. Son regard était aussi froid et dur que les icebergs dont ils avaient la couleur.
    • - Rhyma ! Ai-je dit en haussant le ton. Libère-le ... maintenant !

    Je fis tout mon possible pour rester ferme devant elle, dont l'attitude me rappelait tant les femelles de ma race. Soutenant fermement mon regard, elle agita vaguement la main gauche au dessus du sombre et s'avança vers moi.

    Un changement s'est alors opéré en elle, devant mes yeux étonnés. Son regard s'est adouci subitement, des larmes de rage venant remplir ses yeux. Arrivant à mes côtés, elle baissa la tête et s'accrocha à ma manche. Elle semblait si effrayée que je l'ai attirée contre moi pour l'enlacer, essayant de la calmer ; elle tremblait violemment de tous ses membres.

    Entre temps, le sombre s'était relevé et observait Rhyma avec un rictus de haine. Il me jaugea de haut en bas, Rhyma dans mes bras comme une enfant apeurée, et, avec un rictus de mépris, cracha à mes pieds.
    • - Usto ... (= marginal)

    Je lui répondis avec un sourire cruel, avant de ramener Rhyma à la maison. Le sombre enjoignait tout le monde à se pousser à grands renforts de « Doeb d'ussta i'dol ! » (= hors de mon chemin) ... Serrant les lèvres en entendant son ton acerbe, j'ai ensuite essayé de savoir ce qui s'était passé, mais Rhyma semblait s'être renfermée sur elle-même. Elle se taisait obstinément, gardant les yeux baissés.
    Sa colère et sa peur sont tellement fortes que même un humain serait capable de les percevoir.
    Et je ne peux rien faire pour l'aider.

.: 10 Tombeglace de l'an 47 :.
  • Ils sont partis il y a deux jours.

    Bandellos et Isabellin ont emmené Rhyma avec eux pour un voyage vers la Cité Mère des elfes blancs où réside l'Arbre Mère. Nous en avons longtemps discuté, et cela aura un certain nombre d'avantages. Nous saurons si, là-bas, quelqu'un à déjà rencontré Rhyma ou sa famille et donc si elle s'y est déjà rendue ... Peut-être même que si quelqu'un la reconnaît, nous en apprendrons plus sur elle et son passé qu'elle a oublié.

    Quant à moi je reste ici, à Giran, avec mes inquiétudes.

    Je suis confus de ressentir cela mais ... Rhyma m'a fait changer. Ce ne sont que de petits changements pour le moment, je m'en suis à peine rendu compte. Ce n'est que lorsqu'Ellen m'a fait remarquer que je souriais que j'y ai fait plus attention. Elle dit vrai, je souris, moi un sombre si renfermé et si froid d'habitude.

    Je ne peux plus me voiler la face, j'éprouve de l'affection pour cette petite elfe que je connais à peine ! C'est dire sur le « charme » de Rhyma et la « magie » qu'elle opère sur moi. Ses regards droits et francs mais aussi si pleins de tristesse et de douceur, ses manières froides et dignes mais naïves et enfantines, sa candeur toute elfique ...

    Je n'arrive toujours pas à y croire ...

    Il ne faut pas que je m'inquiète. Je ne réécrirai dans ce journal que lorsque j'aurai reçu des nouvelles ; ils ont promis de m'écrire pour me tenir au courant.

    Le ciel est bas ce soir ... il va neiger.
Dernière modification par Meliäa le sam. 4 juillet 2009 à 14h45, modifié 1 fois.

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Message par Meliäa » jeu. 19 février 2009 à 16h02

Correspondance

Lettre à Ilmryn, à Giran
  • Voici notre première missive, comme promis.

    Nous sommes arrivés sans encombre dans l'après-midi suivant notre départ. Les anciens du temple d'Eva nous ont bien accueillis et logés non loin de la place centrale du village. Depuis la fenêtre de sa chambre, Rhyma peut apercevoir le grand arbre central. Dès son arrivée, elle s'est postée à la fenêtre et l'a observé avec admiration, semblant être en train de rêver.

    Nous l'avons amenée dans la soirée, suite à l'autorisation des anciens, voir l'Arbre-Mère. Arrivée en bas de la passerelle, Rhyma a fermé les yeux et le vent a paru se mettre à gémir. Nous l'avons tous les deux observée s'avancer vers l'arbre, et poser une main dessus. Sa main a paru rayonner un instant, mais c'était certainement le soleil couchant sur sa main si blanche.
    Isabellin s'est cachée derrière moi d'un air craintif : nous ressentions tous les deux une tristesse immense, qui semblait venir de Rhyma.

    L'Arbre-Mère se meurt, et Rhyma qui l'ignorait s'était mise à pleurer en silence, agenouillée dans l'eau à son pied. Avec le soleil qui se couchait, les cheveux, les yeux et la peau de Rhyma prirent une teinte inhabituelle : elle semblait irradier de lumière. On aurait cru voir une scène de légende ... d'autres s'étaient joints à nous pour observer et tous murmuraient. Aucun de nous deux n'osait aller chercher Rhyma, de peur de briser le « charme ».

    Lorsque le soleil disparut, Isabellin parut prendre son courage à deux mains, et alla la prendre dans ses bras, la relevant et la ramenant à sa chambre en la réconfortant. Tout le monde se retourna sur son passage, son joli visage de poupée baigné de larmes coulant de ses yeux de glace.

    Que s'était-il donc passé ? Nous l'ignorions tous malgré cette étrange impression qui nous était restée ... comme si nous venions de vivre quelque chose de surnaturel.

    Rhyma est restée calme tout le reste de la soirée, murée dans son silence, ses yeux de glace perdus dans les douces lueurs paraissant tomber du feuillage de l'arbre de la place. Elle y est restée jusque tard dans la nuit, sa tristesse nous vrillant le cœur.

    Je crois que notre petite protégée a hérité d'un don d'empathie très puissant ... cela expliquerait beaucoup de choses ... tout ce que nous avions constaté d'étrange pourrait venir de là. Qui sait, un jour elle réussira à nous faire entendre sa voix de cette manière ?

    Quoi qu'il en soit, qu'Elle veille sur toi et que sa Divine Sœur vous protège tous.

    Bandellos
Seconde lettre à Ilmryn, à Giran
  • Rhyma nous a souri ...

    Tu ne peux imaginer la joie qui a envahi nos cœurs. Son visage pourtant si triste s'est fendu d'un sourire presque chaleureux ; ce n'est encore qu'un léger sourire, bien loin du sourire rayonnant que nous voudrions qu'elle aie, mais c'est déjà beaucoup.

    Le contexte est un peu plus étrange. Hier, je me suis réveillée au beau milieu de la nuit ; Bandellos dormait paisiblement, mais la couche de Rhyma était vide. La fenêtre de sa chambre était entrouverte, la neige naissante passant entre les battants. Le sol à l'extérieur était déjà recouvert d'une fine couche de neige ... des traces de pieds semblaient partir de sous la fenêtre de Rhyma.

    Je ne me rappelle rien de comparable dans son attitude auparavant. Le fait qu'elle soit sortie en secret, en pleine nuit, vient sûrement de son humeur morose la journée qui avait suivi l'incident ... elle paraissait totalement ailleurs, comme si elle n'était plus elle-même.

    J'ai réveillé Bandellos et nous somme sortis pour la chercher, vêtus chaudement. La neige tombait doucement et silencieusement ... le paysage semblait empli de la tristesse de la Terre. Nous l'avons cherchée longtemps ... et tout autour du village. Personne à part les sentinelles habituelles.

    Commençant à perdre espoir, nous nous sommes arrêtés pour demander à une des sentinelles si il avait aperçu une jeune fille. Avant qu'il puisse nous répondre, une sorte de chant cristallin s'éleva, semblant résonner tout autour de nous, allant en s'accentuant, puis s'arrêta net. Au même instant, un flashe de lumière explosa non loin du village. Nous fûmes tous aveuglés durant quelques instants et le soldat jura en expliquant que c'était la direction de l'ancien temple d'Eva, détruit pendant une guerre ancienne.

    Un temple d'Eva ? Nous nous y rendîmes immédiatement et le spectacle qui apparut sous nos yeux ébahis nous laissa perplexes. En s'approchant, plusieurs visions du temple lorsqu'il était prospère nous assaillirent, splendeur perdue aux vitraux bleutés et aux colonnes d'albâtre. Mais devant nos yeux ne se tenaient que des ruines ... étrangement, la lune semblait éclairer le temple à travers une trouée de nuages.

    Je finis par trouver Rhyma ... dans ce qui avait dû être la partie où se trouvait la statue, où des murs, des colonnes et des morceaux de vitraux semblaient encore debout. Elle était étendue au sol, dans la position d'un nouveau-né, sereine ... Elle dormait simplement ... Et lorsque je me suis penchée sur elle, posant ma main sur son front, j'ai été prise dans un tourbillon assourdissant de souvenirs, à la lisière de sa conscience ...

    Je suis tombée à genoux, haletante, en ôtant ma main. As-tu déjà remarqué ce genre de phénomènes ? Même se tenir simplement à proximité d'elle était un supplice ... tant de peur et de souffrance ... Alors je l'ai prise dans mes bras pour l'apaiser, lui murmurant des paroles douces à l'oreille, en Sindarin.

    La tempête a fini par se calmer, au moment où j'allais perdre pied ... Puis Bandellos l'a prise dans ses bras et nous l'avons ramenée. Le lendemain, nous l'avons observée s'activer comme si de rien n'était ... elle paraissait ne rien se rappeler. C'est à ce moment qu'elle s'est retournée et nous a vus l'observer avec des regards inquiets ... elle a penché la tête sur le côté, avec un air interrogateur et a sourit doucement. Un sourire doux et triste, mais avec un légère teinte d'amusement ...

    Je crois que finalement cette aventure lui aura été bénéfique ... Même si nous n'avons rien trouvé concernant son identité ou sa famille. Nous partons demain à la première heure ...

    Qu'Elles veillent sur toi en attendant notre retour.

    Isabellin
Dernière modification par Meliäa le sam. 4 juillet 2009 à 14h46, modifié 1 fois.

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Message par Meliäa » jeu. 19 février 2009 à 16h24

Problèmes ?

.: 13 Fongivre de l'an 47 :.
  • Je suis surveillé depuis plusieurs semaines, ça ne fait plus aucun doute.

    Je les ai entre aperçus, au coin des ruelles alors que je me sentais suivi, à rôder sous nos fenêtres la nuit, ils demandent même toutes sortes d'infos sur moi, j'en suis persuadé. Des sombres. S'ils pensent que parce que je me suis détourné de Shilen je suis plus vulnérable et moins prudent ... ils se mettent le doigt dans l'œil. Je me suis habitué à la tranquillité, mais je sais encore m'occuper de moi.
    Qu'ils aillent au diable.

    J'essaie de ne pas effrayer Rhyma en lui en soufflant pas un mot, mais c'est difficile de lui cacher quoi que ce soit. Elle sent tout petit écart d'humeur, quel qu'il soit, grâce à son don d'empathie. Parfois j'aurais aimé qu'elle ne l'ait pas, particulièrement en ce moment. Elle sait quand je lui mens. Je la sens d'ailleurs mal à l'aise ces derniers temps.

    Hier soir, alors qu'elle aurait dû être couchée, et que j'étais étendu sur mon lit, elle est arrivée dans ma chambre, silencieuse, comme toujours. Elle avait seulement entrouvert la porte et j'ai vu que ses jambes tremblaient. Lorsque je lui ai demandé ce qui n'allait pas, elle a couru se blottir contre moi. J'étais torse nu, mais ça n'a même pas choqué son esprit : elle était terrifiée.

    C'est là que j'ai une fois de plus expérimenté ce qu'avait subi Isabellin à Daer Sylium. Des flashes d'images sont apparus devant mes yeux, alors que je serrai cette petite elfe, qui tremblait de tous ses membres, dans mes bras. Du sang sur les murs, du sang au sol, beaucoup trop de sang ... du sang sur des mains frêles et délicates ... et tellement de peur ! La peur suintait de toutes parts de ces visions de je-ne-sais-quoi. Mais il s'est produit quelque chose de différent à ce moment. Une voix presque enfantine, teintée d'hystérie et d'horreur a retentit.
    « J'ai peur ! »
    J'ai lâché Rhyma pour me pencher à la fenêtre. On agressait quelqu'un dans la rue ? Et pourtant, rien. Rien, à part les ivrognes et les chats sauvages habituels. Aucun bruit sinon ceux qu'on entend habituellement. Je jetai un œil à Rhyma, suspicieux.

    Elle était recroquevillée sur le lit, ses genoux repliés contre sa poitrine, entourés par ses bras. Elle avait les yeux fixés sur un point en face d'elle et semblait avoir du mal à respirer, comme prise par une crise d'angoisse. Elle avait l'air terrifiée, et pourtant restait silencieuse. Et si c'était elle qui me faisait entendre cette voix ? Je voulais en être sûr, et revins la prendre dans mes bras. Je supportais mal de la voir dans cet état.

    Apparemment, ce n'était pas Rhyma. Aucune voix ne refit son apparition. J'ai resserré mon étreinte et lui ai murmuré à l'oreille que tout allait bien. La vitre a craqué à ce moment précis. Il fallait vite que je la calme, ou elle allait la briser : Bandellos m'avait mis en garde. Et les visions se sont faites plus fortes, plus insistantes, m'emportant dans leur tourbillon.

    La voix reprit alors, le ton montant au fur et à mesure dans les aigus, de plus en plus hystérique.
    Et de nouveau une image de sang.
    « C'est effrayant ... sauvez-moi ... sauvez-le ! »
    Un bruit de vaisselle qui se brise, l'obscurité ...
    « Je ne peux pas m'échapper ! »
    De nouveau du sang, et la vision furtive d'une épée levée, prête à frapper.
    « Je ne peux pas m'échapper ! »
    Des yeux rouge sang, un sourire cruel ...
    « Sauvez-moi ! »
    • - Rhyma ça suffit ! Arrête ça ! Hurlais-je.
    Et soudain, les visions se turent. Je tenais Rhyma par les bras et la secouais pour lui faire reprendre ses esprits. Shilen seule savait ce que j'avais vu. Mais pourquoi tant d'horreurs se trouvaient-elles dans la tête de cette petite elfe ? Elle me regardait avec de grands yeux choqués, et une grimace de douleur tordait ses lèvres. Je la serrai de toutes mes forces sans même y faire attention.

    Lorsque j'ai relâché la pression, j'ai vu avec un pincement au cœur que mes mains avaient formé des hématomes sur sa peau fragile. Je lui caressais doucement les cheveux en m'excusant et en lui assurant une fois de plus que tout allait bien se passer. Elle pleurait à présent : les larmes qu'elle tentait de cacher en baissant la tête tombaient sur le drap.
    Je n'ai pu que la serrer dans mes bras en attendant qu'elle s'apaise et s'endorme.


.: 14 Fongivre de l'an 47 :.
  • Nous avons eu une discussion avec Rhyma aujourd'hui.

    Elle a fini par m'exposer ses craintes, sa connaissance de la tension qui m'habite depuis quelques temps, l'expression inquiète que j'arbore apparemment sans même m'en rendre compte, et mon attitude étrange.
    Elle me surprendra toujours ...

    J'ai dû me contrôler pour ne pas céder à l'agacement. Je faisais beaucoup d'efforts pour ne pas montrer ce que je ressentais, pour ne pas l'inquiéter, et elle réduisait ces efforts à néant en un instant. Je veux simplement la protéger de tout ça bon sang ! J'ai donc essayé de la rassurer une fois de plus.
    • - Tout va bien Rhyma.
    Avec un rictus de colère, elle a froncé les sourcils et son expression est devenue glaciale. La vitre derrière elle a littéralement explosé. Et sur ses lèvres s'est formé le mot « menteur ». Elle s'est détournée et est sortie de la maison. Ce mot m'a fait l'effet d'un poignard en plein cœur.

    Je l'ai rattrapée par le bras dans la rue, la faisant se retourner assez brutalement. Lorsqu'elle a croisé mon regard, elle a détourné la tête. Ce que ça me faisait mal de la voir agir comme ça ! je n'aurai jamais cru cela possible. Plus efficace qu'une torture sombre.
    • - Je m'efforce juste de te protéger, Rhyma. Rien d'autre : je tiens trop à toi pour te perdre.
    Elle ne retourna pas les yeux vers moi avant quelques secondes, m'indiquant que je lui faisais mal d'un coup d'œil sur son poignet. Je l'ai lâchée et elle m'a répondu en langue des signes.
    • - Me protéger de quoi ? Tu me fais plus de mal que de bien ! Rester dans l'ignorance ne m'aidera pas. Je ne sais que la moitié des choses qui se trament ici ! C'est mon imagination qui fait le reste, et ça ne me soulage en rien.
    Ses doigts bougeaient plutôt rapidement, même ceux de sa main droite, plutôt véloces pour une fois. En la regardant mieux, je me suis aperçu que, plus que la colère, c'était l'inquiétude et la tristesse qui l'animaient. Ses yeux en étaient emplis ... ce qui me fendit encore plus le cœur.
    • - Si je ne t'en parle pas, ce n'est pas pour rien, Rhyma. Je t'en prie ne t'occupe plus de ça ...
    Je l'ai prise doucement par la main pour la ramener à la maison, lorsqu'elle a une fois de plus retiré sa main pour parler. Du coin de l'œil, je l'ai alors aperçue : la sombre nous regardait d'une fenêtre un peu plus loin, une grimace de dégoût sur les lèvres, à moitié camouflée.
    • - Je m'inquiète pour toi, figure-toi, Ilmryn !
    Je fronçais les sourcils, et la reprit par la main, lui chuchotant de me suivre sagement. Elle obtempéra, sentant un danger, mais garda son air contrarié. J'ai refermé la porte de la maison derrière nous, et j'ai plaqué Rhyma contre cette dernière, pour l'obliger à m'écouter.
    • - Ça suffit maintenant, ai-je dû dire froidement. Je te mets en danger si je te parle de quoi que ce soit ! Je suis surveillé depuis quelques semaines. Alors ne fais pas l'idiote. C'est tout ce que tu auras le droit de savoir.

      - Par qui ? Me demanda-t-elle, effrontément.
    Je l'ai fait taire avec un regard sévère et perçant. La petite a froncé ses sourcils, et s'est jetée à mon cou pour m'enlacer. Une douce voix a retenti et une vague d'apaisement atteignit mon cœur. « Je ferai attention à ne pas te causer de soucis ... Promis. »

    Je n'ai pu que baragouiner un « merci », en la serrant doucement contre moi pour achever de la rassurer. Quelle entité divine m'avait confié ce jeune être si plein de douceur et de gentillesse ? Je ne l'en remercierai jamais assez ...
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Message par Meliäa » jeu. 19 février 2009 à 16h28

Songe

.: 15 de L'Astrée de l'an 47 :.
  • Le moment est proche.

    Cela fait déjà plusieurs semaines que j'ai discuté avec Rhyma. Ils ne tarderont pas à passer à l'action. Je laisserai un mot à la petite : cela sera probablement ma mort, si je ne suis pas assez fort. Je prie tous les dieux qui voudront bien entendre ma supplique pour que cela ne soit pas le cas, mais je ... je ne peux pas être sûr d'être entendu.

    J'ai vu l'effet désastreux que peut produire la perte d'un être cher sur elle. Il y a quelques jours, Kara est morte : c'était une vieille louve et elle s'est endormie heureuse après une longue vie. Rhyma s'était beaucoup attachée à elle. Lorsqu'elle a compris, Rhyma est tombée à genoux au sol, la tête basse. S'en est suivie la plus grosse crise d'angoisse qu'elle avait faite.

    Toute la nuit, j'ai gardé son chevet en attendant qu'elle se calme. Mais son état ne s'arrangeait pas. Elle suffoquait sur son lit, les yeux grands ouverts, des larmes coulant de leurs coins, ses mains crispées sur les draps, le corps tendu à l'extrême. Impuissant, je n'ai pu que la regarder, assis à côté.

    Culpabilisant de rester désoeuvré, j'ai tenté de la calmer en apposant doucement ma main sur son front pour la maintenir tranquille. Grossière erreur : j'ai été pris dans un maelström surpuissant de pensées et d'émotions. J'ai cru que Rhyma allait m'annihiler.

    Pour la première fois, j'ai vu clairement ce qui s'était passé. Je doute que Rhyma s'en souvienne, à cause de l'état second dans lequel elle se met lors de ces crises, mais je noterai tout pour qu'un jour quelqu'un puisse le lui répéter. J'espère que cela l'aidera.

    En tous les cas, je préviens quiconque voudra expérimenter cela, que c'est risqué. Les émotions véhiculées par Rhyma sont si puissantes qu'elles peuvent vous briser. Retransmises par cette toute jeune elfe traumatisée, elles prennent toutes une ampleur assez effrayante. Heureusement pour moi, j'ai reçu une éducation me permettant de résister sans trop de mal à ce « traitement ».

    Lorsque j'ai réussi à reprendre mes esprits et à retirer ma main, je suis allé chercher un linge et de l'eau : elle était brûlante de fièvre. Lorsque je suis repassé devant la chambre pour aller à la cuisine, dans la mince ouverture de la porte qui donnait sur la chambre de Rhyma, une belle jeune femme était penchée sur la petite, lui caressant le front avec inquiétude ; une douce lueur émanait de son corps, qui semblait intangible. Entité divine ?

    J'ai poussé la porte, le plus doucement possible, mais elle m'a entendu. Elle s'est relevée, ses cheveux cascadant sur ses épaules et m'a toisé, pendant quelques secondes. Un doux sourire chaleureux est apparu sur ses lèvres. Merci de vous occuper si bien d'elle ... L'instant d'après, elle avait disparu. Avais-je rêvé ? Sûrement.

    Lorsque je suis remonté, Rhyma avait toujours du mal à respirer, mais elle semblait plus calme déjà. La toucher ne provoquait plus aucune vision, ni aucune sensation. À part celles qu'on peut ressentir en voyant un être cher dans cet état. C'est alors qu'elle a attrapé ma manche, soufflant mon nom entre deux inspirations. Il y avait tellement de détresse et de terreur dans ce simple nom !

    Je l'ai serrée contre moi jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Cela a parut la calmer doucement. Comment réagirait-elle si les miens m'ôtaient la vie ?
Annexe
  • Je vais reporter ici tout ce dont j'ai pu me rappeler du songe de Rhyma.

    • Tout commence par une impression de surprise.
      On arrive dans une salle éclairée par des bougies à cause de l'obscurité grandissante dehors. Il pleut et l'orage gronde.

      On aperçoit tout d'abord clairement un corps de jeune femme à terre, baignant dans une mare de sang. A ce moment là, la douleur arrive et s'ajoute à la surprise. la vue se déplace vers trois personnes. Un elfe, aux prises avec un sombre, et une sombre. La peur vient supplanter la surprise. Mère ... non !!

      La sombre disparaît du champ de vision et la colère commence à poindre sous la peur et la frustration. On aperçoit l'elfe serrer les dents et peu de temps après, décapiter le sombre. La vue se braque sur le sang : il y en a partout, le sol, les murs, les vêtements ... Tant de sang, trop de sang ... j'ai peur ! La vue vacille et hésite, balaye la pièce. La peur semble prendre le dessus, mais la détermination la surpasse un instant et la sombre réapparait dans le champ de vision, occulté immédiatement à cause d'un pic de douleur phénoménal.

      Le sol entre ensuite dans le champ de vision, on aperçoit plus que les pieds des deux autres survivants.La douleur est toujours là, forte. Père, non !! Pas lui aussi ... Puis la vue remonte légèrement, puis se focalise sur deux mains délicates, couvertes de sang rouge écarlate, criblées d'éclats de céramique. La vision vacille et devient floue puis de nouveau nette, tremblant légèrement. la terreur devient très forte. La vision observe de nouveau le corps sans vie de l'elfe au sol. Je ne peux pas m'échapper !

      La lumière disparait. La peur devient panique et nous submerge. On entend plus que l'orage et des sifflements métalliques. Tout n'est plus qu'obscurité et horreur. Je vous en prie, sauvez-le !!

      Un flashe de lumière. On aperçoit l'elfe aux pieds de la femelle, vaincu. La douleur revient, plus forte, accompagnée de terreur. J'ai peur !! Sauvez-moi !! j'ai peur ! L'instant d'après, la douleur est exacerbée, comme chauffant notre esprit à blanc. Nouveau flashe. On distingue clairement le beau visage félin et arrogant de la sombre. Ses yeux sont rouge sang, son sourire est plein de sadisme.

      La douleur est trop forte. On voudrait pouvoir en finir sur le champ. Et soudain tout cesse.

      Nouveau flashe. La sombre est transpercée d'une lame. L'elfe esquisse un dernier sourire triste.
      La douleur revient, immense. Je suis seule ... Sau..vez ... moi ...

      On entend quelques mots dans une langue incomprise, puis c'est le noir total. Le néant.

    Je n'ai pas réussi à savoir où et qui exactement tous ces gens étaient. Tout ce dont je suis sûr, c'est que la scène est vue par les yeux de Rhyma. Sa famille a été victime : visée par un contrat exécuté par les sombres. Qui est le commanditaire, je n'en sais rien. Qu'avait donc fait cette famille pour s'attirer une telle haine de quelqu'un ? J'espère que celui ou celle qui prendra soin d'elle à l'avenir réussira à répondre à toutes ces questions.

    Rhyma est la seule qui puisse vraiment vous aider à y répondre. Servez-vous de ses intuitions. Son empathie est puissante, et lorsqu'elle se trouve devant quelque chose que son passé connait, elle réagit toujours de la même manière. Son regard cherche quelque chose de connu auquel se raccrocher, passant de droite à gauche sans cesse. Sa respiration devient saccadée et, souvent, elle agrippe son épaule droite.

    Si la confusion est vraiment grande, ne restez pas à proximité si vous ne savez comment la calmer. Éloignez-la de toute vitre, tout bâtiment, toute personne qu'elle est susceptible de blesser. Elle s'en voudrait. Laissez-la libérer la douleur, c'est le seul moyen qu'elle se calme d'elle-même.

    Bonne chance.
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Message par Meliäa » jeu. 19 février 2009 à 16h32

La fin d'une vie

Il était tard, la nuit était tombée. Ilmryn n'était toujours pas rentré lorsqu'elle poussa enfin la porte de la maison. Pourtant, Rhyma avait passé toute la journée au temple, avec ses professeurs. Il aurait dû être là.

Le temps passait, et Rhyma s'inquiétait de plus en plus. D'autant que la présence désagréable des espions qui les observaient depuis des semaines était absente. Elle ne pouvait plus les sentir ... Tout cela était très mauvais signe.

Renonçant à attendre, elle se leva du fauteuil de la pièce principale où elle s'était lovée, devant l'âtre où ronflait un feu, et entreprit d'aller chercher sa cape. Elle partirait à sa recherche, même sous la pluie battante.

Alors qu'elle passait devant la chambre d'Ilmryn, elle eut un mauvais pressentiment. Poussant la porte avec précaution, elle la trouva sans dessus dessous. Les rideaux étaient déchirés, les livres gisaient à terre, déchirés, les vêtements étaient répandus partout dans la pièce et même le matelas avait été retourné et éventré.
Elle retint un sanglot en observant la fenêtre oscillant sous l'action du vent. Elle fila dans sa chambre et attrapa sa cape, l'enfilant rapidement. Elle remarqua à peine le parchemin qui était soigneusement plié et posé au beau milieu de sa table de travail. Ses longs cheveux blancs voletant derrière elle, elle s'engouffra dans l'escalier, et sortit en trombe de la maison.


Où a-t-il bien pu aller ?

Il lui suffit presque de suivre les objets renversés sur le chemin. Mais c'était surtout grâce à ce lien qu'elle avait avec lui, elle avait plus de facilités à ressentir ses émotions que pour un total inconnu. Elle chercha quelque chose venant de lui et trouva rapidement. Trop rapidement même, l'appel n'aurait pas dû être aussi fort. Elle courut dans sa direction.
Un appel de douleur et de résignation !

Arrivée non loin de la sortie de la ville, elle se plaqua derrière un arbre, son mutisme l'empêchant de commettre une énorme erreur : pousser un cri de terreur. Sa main se serra sur le pendentif en cristal qui lui avait été offert par sa nouvelle famille.

Elle pria silencieusement, plus fort qu'elle ne l'eût jamais fait. Elle pria Eva de lui venir en aide. Pour sauver cet être qui avait pris soin d'elle et dont le cœur était meilleur que beaucoup de gens ici-bas. Elle lui demanda de lui prêter sa force pour qu'elle ne succombe pas devant cet affreux spectacle.

Ilmryn était à terre, en sang, malmené par quatre sombres qui lui mettaient des coups de pieds phénoménaux. La colère grandit en Rhyma, qui ne pouvait qu'assister à la scène.
Elle ne réussit pas à fermer les yeux, même lorsqu'ils passèrent à des tortures plus subtiles et imaginatives. Ils riaient. Heureusement pour Rhyma, la rage qui obscurcissait toute raison l'empêcha de sentir son cœur se briser en morceau à chaque coup supplémentaire qu'ils portaient à cet être qu'elle aimait sincèrement.

Cela devenait insoutenable. Voir et ressentir cette scène était pire que tout. Ce n'était pas tellement la douleur, mais le plaisir qui en résultait qui rendait la chose plus difficile.
Tout cela se mit à nourrir la colère de Rhyma. Elle sentit la magie affluer dans ses mains, la douleur habituelle s'accumuler dans sa tête. Mais, cette fois-ci, elle ne la subissait pas : elle l'appelait. Avide de leur faire du mal pour sauver Ilmryn, elle rassemblait toutes les forces possibles et imaginables à sa disposition.

Sa capuche baissée sur ses yeux, nul ne pourrait découvrir qui elle était. C'était mieux pour tout le monde. Le vent se déchaînait dans cette petite enclave. La cape de la jeune elfe claquait au vent, révélant à tous son corps, mais laissant son visage dissimulé.
Au moment où elle se décidait à aller secourir Ilmryn, une puissante force irradia ses membres, lui permettant de se protéger dans un recoin de son esprit, et ainsi contrôler toute la douleur et le pouvoir qu'elle pouvait rassembler.

Elle sortit de sa cachette et avança vers le groupe de sombres, un grondement sourd provenant de sa gorge. Sa main toujours serrée sur le pendentif en cristal, elle tenta de faire passer ce qu'elle ne pouvait dire en émotions. Mais à sa grande surprise, le cristal vibra dans sa main, et sa voix retentit, puissante, et aussi froide que la glace.

  • « Écartez-vous de lui ! Immédiatement ! »
Ils ricanèrent, en se retournant pour voir quelle femelle trop téméraire avait osé dire ça. L'un d'eux se pencha sur Ilmryn et lui prit le menton pour tourner de force sa tête vers la nouvelle arrivante.
  • - Qui est cette charmante créature ? Demanda le sombre penché sur Ilmryn. Une amie à toi ? Fit-il en le relâchant et lui remettant un coup de pied dans les côtes.
Ilmryn grogna de douleur sans répondre et cracha un peu de sang, alors que ses yeux hurlaient à Rhyma de fuir.
  • - Tu vas voir, on va s'occuper d'elle comme elle le mérite ... Susurra un deuxième, déclenchant les rires graveleux de ses compatriotes.

    - Ne posez pas vos ... mains répu..gnantes sur elle ! Cracha Ilmryn entre deux toux.

    - Sinon quoi ?
Ils éclatèrent de rire et trois d'entre eux s'avancèrent vers Rhyma, resté en retrait à dessein. Haine, colère, fureur, assurance et puissance se dégageaient d'elle à ce moment précis, alourdissant l'air déjà gorgé d'humidité. Tout ce qu'il faudrait pour intimider un minimum ces sombres expérimentés.
Dans sa main droite, le pendentif en cristal. Dans sa main gauche, toute la magie disponible aux alentours se condensait. Dans sa tête, la douleur se déchaînait, cherchant à se libérer. Mais la jeune elfe tint bon.

Lorsque les assassins ne furent plus qu'à une dizaine de pas de la jeune fille, Rhyma les vit hésiter. Ils se jetèrent un regard, et vainquirent leurs doutes, pénétrant l'aura de colère. Ils se déplacèrent pour l'encercler. Rhyma constata que son immobilisme perturbait les sombres, mais ne les arrêterait pas pour autant.

Ils n'étaient plus qu'à cinq pas. Elle pouvait voir leurs sourires satisfaits, les yeux qui l'étudiaient, leurs membres qui se préparaient à l'assaut, et ressentir leur excitation grandissante à l'avance, en pensant à l'amusement qui les attendait. C'était le moment.
Elle libéra la douleur qu'elle gardait prisonnière en direction du premier sombre, ne sachant même pas si une telle chose était faisable. Elle lança un puissant sortilège d'entrave vers le deuxième, et se prépara comme elle put à intercepter le troisième.

Un gigantesque coup de tonnerre retentit et rebondit contre les parois des montagnes. Le flot ininterrompu de puissance contenue qu'elle avait envoyée sur le premier sombre le lacéra profondément, lui arrachant un affreux cri de douleur et de surprise, mêlé à la rage de s'être fait avoir par une si frêle créature. Il perdit connaissance, le sang coulant à flots de ses nombreuses blessures.
Au même instant, le sortilège d'entrave achevait son œuvre. Avec un fin sourire, Rhyma reconnut le sombre qu'elle avait déjà affronté à Giran quelques mois plus tôt. Bâillonné magiquement et entravé d'une dizaine de cordes magiques, il ne pouvait même plus bouger un doigt. Seuls ses yeux bougeaient encore et exprimaient par leurs mouvements désordonnés la surprise et la rage du prisonnier.

Le troisième sombre hurla de rage et plaqua Rhyma au sol. Un rictus de colère déformant ses traits, il lui bloqua le bras droit dans le dos, et lui bloqua par la même occasion le bras gauche, avant de sortir une dague de sa main libre. La lui pointant sur la gorge pour qu'elle reste tranquille, il incanta un sort mineur d'entrave, lui liant uniquement les mains, mais la plaquant au sol.

  • - Salope ! Qu'est-ce que tu as fait ? Tu vas payer, mais pas avant d'avoir souffert comme jamais ...
Un sourire sadique étira ses lèvres, non sans rappeler la sombre de ses cauchemars à la jeune elfe. Mais elle n'était plus elle-même, et cela ne l'effleura même pas. Son véritable moi était réfugié, en sécurité dans une partie de son esprit, imperméable à toute la douleur et toute l'horreur qu'elle aurait subi sans ça.
La main du sombre effleura ses côtes, et descendit chercher le bas de sa robe. Ilmryn hurla.

  • - Qu'est-ce que tu fais bon sang, réagis ! Sa voix mourut. Je t'en prie ...
Tout ce qu'il réussit à provoquer fut son tortionnaire, qui lui assena autant de coups de pieds qu'il avait prononcé de syllabes. Un déclic se fit dans l'esprit de Rhyma toujours au sol sous la pluie battante, à la merci du sombre. Une nouvelle vague de puissance se rassemblait en elle, mais tout n'était pas encore là. Et ses bras étaient coincés.
Le sombre n'allait pas tarder à obtenir ce qu'il voulait, la dague toujours contre la gorge de Rhyma, son autre main tentant de libérer la ceinture qui bloquait ses braies. Le vent sifflait furieusement à présent, et un étrange sourire flotta sur les lèvres fines de la jeune elfe.

  • - Ça te fait sourire ? Je crois que je vais bien m'amuser avec toi. Hein ? Finit-il avec un sourire toujours plein de plaisir sadique et en décochant à sa proie un coup de poing pour ne plus la voir sourire.
Rhyma redressa la tête lentement, le sourire flottant toujours sur ses lèvres, tandis que le sombre laissa l'hésitation l'emporter. Ce fut un instant de trop pour lui. La puissance arrivait à son paroxysme en Rhyma et elle savait comment l'utiliser, même sans ses bras. Le sombre tenta de retirer sa capuche à Rhyma, tandis qu'avec ses genoux, il forçait la petite à écarter les jambes, la dague faisant couler son sang le long de sa gorge.
  • - Libère-toi ! Hurla à nouveau Ilmryn, empli de désespoir.
Lorsque le sombre croisa le regard glacé de sa proie, tout était fini pour lui. La peau du sombre contre sa peau, Rhyma n'avait même pas besoin d'utiliser ses mains. Elle projeta la puissance qui n'attendait qu'être libérée par tous les pores de sa peau. Comme si des milliers d'éclats de glace perçaient sa peau et s'insinuaient jusqu'à son esprit, le sombre hurla à la mort et se roula sur le côté, parcouru de convulsions.

Rhyma se releva sans trop de heurt, le sombre n'ayant pas eu le temps de finir ce qu'il avait commencé. Elle se pencha sur le sombre et colla son front au sien. Elle déclencha des vibrations atroces dans l'air en lui transmettant toute la douleur qui était restée. Le cœur du sombre s'arrêta net, ses yeux écarquillés par la douleur.
Un autre cri lui fit faire volte face. Ilmryn agonisait. Son tortionnaire avait décidé de réduire les efforts de Rhyma à néant en tuant celui qu'elle essayait de sauver, déjà à moitié mort. Elle attrapa la dague du sombre qu'elle venait de tuer et courut vers le survivant, un cri de rage retentissant s'échappant du cristal. Elle s'arrêta à deux millimètres de sa gorge, haletante, le plaquant dangereusement contre un arbre.

  • - Rhyma, je ... t'en prie. Ne te sa..lis pas plus les m...ains ...
La voix d'Ilmryn, mourante lui fit ouvrir les yeux tous grands et la fureur commença à l'abandonner, remplacée par la tristesse et l'horreur de ce qu'elle venait de vivre. Elle susurra d'un ton glacial un sortilège d'entrave sur le sombre sous sa coupe et s'en détourna pour
s'occuper d'Ilmryn.
Elle prit doucement sa tête sur ses genoux, et lui caressa doucement les cheveux, se penchant au-dessus de lui. Il cracha du sang, se pliant en deux sous la douleur. Ses côtes étaient cassées, il avait beaucoup de mal à respirer. Mais un sourire étira ses lèvres fendues et détendit ses joues, craquelant les plaques de sang qui s'y trouvaient.

  • - Ne pleure pas.

    « Je ne pleure pas » répondit Rhyma grâce au cristal.

    - Je me demande ... pourquoi mon visage est ... trempé.

    « La pluie bien sûr. »

    - Oui, la pluie ...

    « ... ne me laisse pas ! » La voix de la petite elfe se fit suppliante.

    - Je suis fier de toi Rhyma. Mais prend ... garde. Ton cœur ... d... rester bon.

    « Ilmryn ... ! Je t'en supplie ... »

    - Je suis ... fier de t'avoir con..nue. Merci p.. tout.
Sa voix mourut. Elle se pencha sur lui et posa son front contre celui du mourant. Sentant sa vie le quitter, elle profita du fait qu'elle puisse enfin faire entendre sa voix pour chanter une douce mélodie, qui achèverait de l'apaiser.

Elle lutta pour continuer à chanter sans faillir jusqu'à ce que plus aucune vie n'habite le corps d'Ilmryn. Un cri déchirant de douleur et de désespoir, écho de celui qui envahissait l'esprit de Rhyma, brisa le silence. Le cristal éclata. Alors seulement à cet instant, elle s'effondra elle aussi, au milieu de tous ces morts, perdant conscience pour ne pas perdre la raison.



« Aaaah, ce sang, cette peur, ce pouvoir, ces cris, cette douleur, ce plaisir sadique ! Je n’aurai même pas espéré un jour pouvoir faire tout ceci avec elle ! Pour le moment je suis comblée … Elle s’est même révélée plutôt adroite et inventive. Heureux soit le hasard qui m’a mené à elle.

Elle a trop vite repris le contrôle à mon goût … Mais si j’avais résisté, elle se serait aperçue de ma présence. Cela aurait été fâcheux … Au contraire, tant qu’elle me laisse libre accès à son être, je pourrai libérer ma hargne autant de fois qu’il le faudra.

Je suis comblée … Je suis rassasiée ! Je me sens calme … sereine … »
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Re: Rhyma

Message par Meliäa » jeu. 2 juillet 2009 à 22h20

Entretien

La douleur et l’horreur étaient trop fortes.
Plongée dans un coma volontaire pour échapper à la folie, la jeune elfe souffrait en silence.

Elle s’était pourtant réfugiée au plus profond de son esprit, érigeant une barrière entre elle et ce qui aurait pu la blesser. Mais cela n’avait pas suffi. Elle avait tout de même assisté à une grande partie de la scène.

Alors qu’elle errait dans les étendues stériles de son esprit, une divine jeune femme se matérialisa, venant à sa rencontre avec un doux sourire. Elle lui était vaguement familière, mais impossible de se rappeler où elle l’avait déjà vue. En un battement de cils, elles se trouvaient toutes deux dans une jolie prairie fleurie, sous un ciel bleu.

La déesse l’invita à s’asseoir à ses côtés, ce que Rhyma fit, ne cachant pas son étonnement.

  • - À ce que je vois, mon aide t’a été d’un grand secours …, commença la jeune femme.

    - Merci d’avoir répondu à mon appel, répondit la jeune elfe en inclinant la tête.

    - Oh je ne l’ai pas vraiment fait pour toi … disons que cela m’a permis de me distraire. Je me suis vraiment amusée, merci mon enfant.
Rhyma la dévisagea en silence, tentant de comprendre la logique qui animait l’entité divine. À bien y regarder, on ne voyait qu’une toute jeune fille à l’air malicieux, sous ses dehors de jeune femme parfaite. Elle sourit à cette idée.
  • - Dis-moi jeune fille … Pourquoi cherches-tu à briser ce mur ?
Détectant un reproche dans sa voix, Rhyma regarda dans la direction que la jeune femme lui indiquait. Un gigantesque mur se trouvait là, fragilisé par une grande fissure qui courait sur toute sa hauteur.
  • - Des choses importantes pour moi se trouvent derrière. Enfin, il me semble … J’ai perdu tout ce qui faisait mon identité, il y a quelques années. Je m’efforce juste de retrouver tout cela.

    - Fais-tu si peu de cas de l’aide que je cherche à t’apporter ? Je n’ai pas mis tout ceci à l’abri pour que tu ailles tout détruire ensuite … Tu ne crois pas ? Demanda la déesse en haussant un sourcil.

    - Ne pas savoir qui je suis est presque pire, je ne voulais pas vous offenser.

    - Je ne pensais pas qu’une si jeune enfant puisse être aussi bornée … Ajouta la déesse d’un ton légèrement amusé. Mais j’apprécie qu’on me tienne tête de temps en temps. Par contre, n’escompte pas avoir mon aide si ce que tu découvres est trop affreux pour toi.

    - Je saurai endurer ce que j’aurai provoqué moi-même, répondit Rhyma en la regardant droit dans les yeux.
Eva sourit doucement, et lui caressa la joue.
  • - Je ne regretterai pas ce « choix » apparemment, murmura-t-elle. Bien, parlons maintenant de ce que tu vas faire lorsque tu te réveilleras.
Rhyma se rappela qu’elle s’était plongée dans le coma, son corps reposant au temple d’Einhasad de Giran, sous la surveillance d’Isabellin et Bandellos. Elle ne comprit cependant pas ce qu’Elle avait voulu dire.
  • - Eh bien, comme le laisse supposer l’état plus que fragile de ton esprit et de ton corps, la douleur que tu ressens à cause de la mort de ton protecteur est … puissante. Je me trompe ?

    - Non, en effet … J’ai l’impression d’avoir le cœur en mille morceaux.

    - Cela me chagrinerait que tu te détruises de la sorte, alors que tu as un avenir plutôt prometteur. Je vais donc t’aider un peu, à nouveau.

    - Je vous remercie du fond de mon cœur de mortelle.
Cela fit rire la jeune femme, qui lui caressa gentiment les cheveux, une lueur malicieuse dans les yeux.
  • - Voilà donc ce que je vais faire. Tu te souviendras de ce qui s’est passé jusqu’à ce que tu aies décidé de sortir de ta cachette. Pour la suite, je ferais en sorte que cela soit brouillé, puisque tu étais aveuglée par la rage. Disons donc que tu as vraiment repris tes esprits quand tu as pris Ilmryn dans tes bras. Cela te convient ?

    - Je suppose oui.

    - Quant à la tristesse et au chagrin, je vais faire en sorte qu’ils soient moindres, pour que tu ne puisses pas te faire du mal. Nous commençons ?
N’attendant aucunement de réponse de la petite elfe, la déesse la prit par les épaules, et approcha son autre main de son front. Rhyma ressentit une grande chaleur à cet endroit, à mesure qu’un dessin lumineux s’y dessinait. Cela en devint presque douloureux, mais la divine jeune femme retira sa main, faisant disparaître la chaleur. Dans sa main, deux sphères lumineuses. L’une plutôt blanche, l’autre plutôt sombre. Elle referma sa main dessus, un sourire mystérieux sur ses lèvres, les faisant disparaitre.
  • - Bien, une bonne chose de faite. Maintenant reparlons de ce mur, toutes les deux.

    - Oui, répondit Rhyma, l’air légèrement contrite.

    - Souhaites-tu que je le reconsolide ? Ou même que je libère ce qui se cache derrière ?

    - Aucune des deux propositions, répondit Rhyma après une hésitation, ce qui parut surprendre la belle jeune femme.

    - En es-tu sûre jeune fille ?

    - Absolument. Je souhaite percer ce mur moi-même. Dans le cas contraire, je serai submergée par ce qui se trouve derrière, et je ne le supporterai pas. Je commence tout juste à m’habituer à ce qui en sort …

    - Tu as fait ton choix.
Elle semblait satisfaite du choix que Rhyma venait de faire ; cela fit sourire la jeune elfe.
  • - Que dois-je faire pour vous remercier de votre aide ?

    - Pour le moment, contente-toi de progresser dans la voie que tu t’es choisie. Mais abandonne l’idée de devenir une de mes servantes. La colère est encore trop grande en toi. La voie de la prêtrise n’est pas pour toi.

    - Bien, répondit la petite elfe d’un air résigné.

    - Tes capacités seront très appréciées dans les autres voies. Et cela me ravira d’autant plus.
L’étonnement s’afficha sur le visage de la jeune elfe aux yeux de glace.
  • - Comment pourrais-tu vivre des aventures palpitantes en restant cloîtrée dans un temple ? Dit-elle sérieusement, avant de rire doucement. Je te pensais plus intelligente que cela … Il en va de mon divertissement, ne l’oublie pas.
Rhyma se contenta d’un sourire presque complice avec sa Déesse. Elle se sentait en paix, chose qui lui était rarement arrivée depuis qu’elle s’était réveillée. La déesse lui effleura la joue et se releva.
  • - Bien, maintenant que nous en avons terminé …
Rhyma se releva également.
  • - Je suis désolée, mais tu vas devoir oublier toute cette conversation. Et pas de protestations.
Rhyma se figea et ferma les yeux, laissant la Déesse opérer de bonne grâce. Un sourire étonnamment doux et presque triste apparut sur les lèvres de la déesse, que Rhyma ne vit pas. Il disparut quelques secondes plus tard, alors que la déesse extirpait le souvenir de leur entrevue. Un fil lumineux relia un instant le front de Rhyma et la main divine, au fur et à mesure que la déesse tirait.

Lorsqu’il se détacha, Rhyma tomba assoupie au sol. La déesse la regarda un instant dormir paisiblement : la petite elfe ne se souviendrait de rien.
Avec un soupir, l’entité divine parut changer d’apparence. Une jeune femme toute aussi belle était penchée sur la petite elfe. Mais ses cheveux noirs coupés en carré masquaient des yeux froids comme la glace. Elle émettait toujours une lumière diffuse, mais celle-ci était glaciale.
Un sourire ravi apparut sur ses lèvres fines, toutefois dénué de toute chaleur et de toute bienveillance. Elle avait eu ce qu’elle voulait.


« Heureusement pour moi, elle ne se doute toujours de rien ! Je la manipule comme je veux. C’est amusant. Elle est amusante. Elle a un don. Je ne suis pas si mal tombée.
Au moins, j’éviterais qu’elle devienne prêtresse … il ne manquerait plus que ça. Ça serait mauvais pour moi … oui, mauvais. Cette idée trottait depuis trop longtemps dans sa tête … Trop dangereux.
Elle ne se souviendra de rien … Et même si je dois continuer à prendre cette apparence honnie, je resterai là. Malgré tout, j’y suis plutôt bien. Oui … »


Elle lâcha un rire satisfait, et disparut.
Dernière modification par Meliäa le sam. 4 juillet 2009 à 14h51, modifié 1 fois.

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Re: Rhyma

Message par Meliäa » sam. 4 juillet 2009 à 14h52

Entre éveil et sommeil

Le bruit persistant et jusque là incompréhensible se clarifia peu à peu. Cela s’avéra être des voix. On parlait à côté d’elle.
  • - Je ne comprends pas … elle ne se réveille toujours pas.

    - Laisse-lui le temps, répondit une voix masculine. Je ne sais pas ce qui s’est passé là-bas, mais …
Il y eut un moment de silence. Le doux bruissement d’une robe sur le sol.
  • - Il est mort dans ses bras. Il y avait trois morts et deux entravés … Cinq sombres ! Le choc a dû être immense. Souviens-toi de sa première réaction avec Ilmryn …

    - Je m’en souviens, dit la voix féminine d’un air résigné.


Un autre moment de silence. Une main douce et tiède lui caressait le front. Faiblesse, inconscience …
  • - Écoute, lorsque nous l’avons trouvée, elle a dormi plusieurs jours avant de reprendre connaissance. C’est aussi une façon de se reconstruire de l’intérieur …

    - Bandellos, je sais tout ça.
La voix était sèche.
  • - Cela ne m’empêche pas de m’inquiéter. Je suis ainsi et je n’y peux rien … , dit la voix féminine, s’adoucissant.

    - Allons, laisse-la maintenant. Nous avons du travail, et elle ne s’envolera pas entre temps.
Un soupir de regret ? La douce chaleur sur son front s’évanouit, ainsi que les bruits de pas.

La force qui avait envahi son esprit lors de l’affrontement avait disparu, et semblait s’être retirée au fin fond de son esprit. Elle devrait se débrouiller seule. Petit à petit, pas par pas, elle avançait, revenant doucement à la lisière de sa conscience.
Elle ne pourrait pas rester plus longtemps endormie, même si cela aurait simplifié beaucoup de choses qu’elle dorme à jamais.

Elle se retira à nouveau dans son refuge, désireuse d’échapper encore un peu à la douleur qui lui faisait l’effet d’une morsure, d’une déchirure. Elle avait besoin d’encore un peu de force pour la surmonter.


Retomber dans le sommeil …


« Doucement … doucement … laisse faire le temps, ou nous serons trop faibles. Ce que ces êtres sont fragiles … C’est pour cela que j’aime les créatures révoltées de Mère … ils ne s’émeuvent pas d’un rien.

Mais je me contenterais de celle-ci … ce corps me plaît assez … et je saurai être patiente. Si l’amusement qui en résulte est proportionnel … »


L’écho d’un rire parut résonner à son esprit, et s’évanouit rapidement, se retirant dans les abysses.
Deux jours passèrent à nouveau.
Elle ouvrit les yeux au beau milieu de l’après-midi. Un rayon de soleil jouait sur la peau de son visage. Elle se sentait plus forte, juste assez pour pouvoir se lever et marcher.

Elle enfila quelques vêtements, pas encore tout à fait éveillée, et sortit du temple pour retourner chez elle. Personne ne la vit.

La maison était vide. Pas un bruit. Elle contint difficilement la douleur qui semblait vouloir grandir et s’échapper de son contrôle. Ilmryn n’était plus.
N’étant qu’à moitié consciente, la douleur sembla l’épargner. Ce n’était pas le moment de la relâcher, elle était encore bien trop puissante.

Et c’est là qu’elle les vit. Le parchemin soigneusement plié, placé sur un carnet relié de cuir noir, lui-même posé sur sa table de travail.

Les rideaux voletaient, poussés par une petite brise. L’air sentait bon le printemps. Les oiseaux chantaient.
Rien de tout cela ne pouvait l’atteindre. Elle ne voyait plus que ce qu’il avait laissé à son intention, et qu’elle aurait dû remarquer avant. La douleur faillit se libérer.

Elle avança et ouvrit ce qui s’avéra être une lettre ; ses yeux la parcoururent lentement.
Il lui laissait la maison, le peu qu’il avait possédé. Il la remerciait, pour tout ce qu’elle avait changé en lui, même si cela avait été involontaire, mais aussi parce qu’elle lui avait fait découvrir véritablement ce qu’était une famille, et avoir des proches pour qui nourrir de l’amour.
Les dernières phrases écrites lui souhaitaient de tout cœur de trouver le bonheur auprès de quelqu’un qu’elle aimerait et de retrouver son passé perdu. Pour cela, il lui laissait le carnet joint avec la lettre.

  • « Puisse-t-il raviver tes plus récents souvenirs et les faire perdurer … Qu’Einhasad te guide, ainsi qu’Eva. »
Elle ouvrit le journal et commença sa lecture. Au fur et à mesure de sa lecture, son impassibilité se transforma en expression de douleur. Les larmes affluèrent à ses yeux couleur iceberg, tant et si bien qu’elle dut s’arrêter de lire pour pleurer tout son soûl. Elle sanglota jusqu’à la tombée de la nuit, épuisant ses faibles forces, jusqu’à ce qu’Isabellin la rejoigne et pose une couverture sur ses épaules, d’un air inquiet.

Rhyma referma le carnet et le serra contre son cœur, tendant faiblement un bras vers sa mère d’adoption. Isabellin la prit dans ses bras et la serra contre elle en lui murmurant des paroles rassurantes en Sindarin.

  • - C’est fini ma chérie. C’est fini. Tout ira bien ne t’en fais pas …
Que tout aille bien … C’était ce qu’elle souhaitait le plus au monde, pour cet être si torturé qu’elle avait réussi à apaiser, et qui avait perdu la vie. Elle se laissa porter jusqu’à son lit, et ne tarda pas à sombrer de nouveau dans son sommeil réparateur.

La vie reprendrait pour elle, elle n’en doutait pas. Il lui faudrait simplement du temps pour accepter et surmonter ce sentiment intense et douloureux de perte.



« J’ai essayé pourtant. Il y a des moments où je maudirais volontiers cette empathie. Elle est toujours plus forte lorsqu’il s’agit d’émotions …

J’ai pourtant essayé de la garder loin de la douleur, mais elle a fini par gagner. Émotions stupides et inutiles … Je devrai m’y faire … et les supporter. Quoi qu’il se passe. »

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Re: Rhyma

Message par Meliäa » lun. 12 octobre 2009 à 22h19

Le temps adoucit la peine

Elle n’était retournée à Cefedellen que plusieurs années plus tard. La douleur de l’Arbre-Mère était trop forte pour qui savait la ressentir. Les larmes ne manquaient jamais de couler sur ses joues, et elle n’aimait pas qu’Isabellin la harcèle de questions à son retour, ni qu’on la regarde comme une bête de foire. Mais cela restait un endroit où elle aimait aller, de par son calme et l’apaisement qu’il amenait dans l’esprit tourmenté de la jeune elfe.

Peu importe le nombre de fois qu’elle y retournait, jamais elle ne s’arrêtait en ville, malgré la beauté gracieuse et discrète de ce berceau de la civilisation elfique. Elle n’y connaissait personne et personne ne la connaissait ... S’estimant dangereuse pour les siens à certains moments où elle ne se sentait pas bien, elle préférait cet état de fait, même si cela ne lui permettait pas d’atténuer la tristesse qui enserrait toujours profondément son coeur.

A Giran, elle restait également la plus discrète possible, bien que ses promenades récurrentes sur la place centrale et dans les coursives du temple ne lui permettent pas vraiment de rester invisible aux yeux de la populace humaine. Beaucoup des prêtres et prêtresses qui l’avaient vue grandir et s’épanouir étaient partis pour une retraite bien méritée à la capitale religieuse, Aden, ou avait vu leur vie se terminer. Tant de choses avaient changées, la laissant seule inchangée sur le bord du chemin.

Un jour, un jeune humain l’aborda, se penchant d’un peu plus près sur son mutisme. La compagnie de personnes aussi jeunes qui lui n’était pas familière à la jeune sylvaine, et elle se laissa entraîner dans une "discussion" courtoise. Teldoran disait-il s’appeler. Il lui fit prononcer quelques mots en murmurant, juste pour voir jusqu’où allait son incapacité à parler ; les résultats furent peu probants, mais intéressèrent succintement Rhyma. Personne ne s’était vraiment penché sur ce détail. Le jeune éphémère repartit peu après, pressé par son travail au Chat d’Argent.

Une autre fois, ayant décidé de se rendre au village des chasseurs sur la suggestion de Teldoran, elle rencontra un couple d’elfes. Si la douceur de la jeune femme et le charisme tranquille de son compagnon ne l’impressionnèrent pas, leur immense bonté la laissa sans voix. Après seulement quelques moments passés avec eux, elle avait réussi à les appréciers comme s’ils faisaient partie de sa propore famille. Le Cercle de Ceyl, comme Tyrion aimait à appeler son groupe de fidèles, se préoccupait de la destinée d’une pauvre enfant perdue. La douce Luinil et le noble Tyrion proposèrent de faire tout ce quis serait en leur pouvoir pour aider leur jeune amie à retrouver sa mémoire.

Après cela, il se passa bien des choses que la petite elfe, protégée dans le temple de Giran par ses tuteurs, ne vit ni ne subit. Beaucoup de nouveaux changements survinrent, alors que la jeune elfe restait alitée à cause de sa santé fragilisée.
Lorsqu’elle en ressortit, le peu de personnes avec qui elle avait réussi à nouer des semblants de liens semblaient s’être évanouis dans la nature ... Tyrion, Luinil et les membres du Cercle n’étaient soudain plus qu’un fragment de rêve embrumé. Ainsi que Teldoran ...

La Douce Eva protégeait-elle Rhyma en agissant ainsi ? Ou protégeait-elle ses enfants du danger que cette si petite elfe pouvait représenter dans ses moments d’errance ? Rhyma ne préférait pas y penser. Pourtant, cette seconde possibilité ne cessa jamais de la hanter.

Bientôt … Bientôt.

Le jour venait à peine de se lever et elle était déjà en sueur. Tout son corps était parcouru de convulsions nerveuses, dues au trop long effort fourni. De par la mince fenêtre de la petite pièce aux murs de pierres claires, quelques rayons fugitifs perçaient la voûte céleste. Ils ne tarderaient pas à être obstrués par les lourds nuages sombres qui s’accumulaient déjà dans le ciel.

Pour tromper son ennui et son esprit embrumé, Rhyma étudiait avec acharnement depuis plusieurs jours, puisque des pluies diluviennes s’abattaient sur tout le pays. Pour elle qui était muette, utiliser la magie demandait des efforts qu’aucun élève normal n’aurait jamais à fournir. Tout ce qu’un acolyte devait faire était se servir de sa voix, apprendre à la contrôler et la moduler, pour en tirer le sonorités adéquates qui insuffleraient au sort sa puissance, accompagnées et amplifiées par la gestuelle.

Peu d'instructeurs avaient cru en sa capacité de progresser dans l'art de la magie, persuadés que son mutisme serait un obstacle. Un seul avait cru en elle, et la poussait en avant.
D'après lui, justement à cause, ou grâce, à son mutisme, elle avait dépassé n'importe quel mage elfique en maîtrise magique. Lorsqu'ils devaient recourir à leur voix, pour parler ou chanter, elle devait se contenter de penser l'incantation du sort. Les composantes manuelles du sort accroissaient simplement son effet.

Elle s’entraînait donc à renforcer son esprit, à lui apprendre à moduler passant de murmures à cris silencieux, pour pallier son manque de voix. L'exercice n'était pas simple, mais la jeune elfe aux yeux de glace avait réussi à acquérir les bases du principe. Son instructeur lui assurait que si elle continuait à progresser, à définir et renforcer son esprit, continuer dans la voie qu'elle avait choisie ne serait pas un problème. Elle pourrait sans trop de problèmes devenir Psalmodieuse.

Un obstacle serait passé une fois ce but accompli.
Dernière modification par Meliäa le jeu. 22 octobre 2009 à 23h18, modifié 1 fois.

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Re: Rhyma

Message par Meliäa » mar. 13 octobre 2009 à 22h14

Celawyn et Syras

Après une semaine de repos bien mérité, où elle avait continué à travailler, mais à rythme réduit, elle se rendit à l’Arbre-Mère pour y méditer et accroître encore son contrôle sur son esprit. Alors qu’elle descendait calmement la passerelle menant au pied de l’Arbre Millénaire, sa robe blanche produisant de doux bruissement sous l’effet du vent, elle entendit des voix.
Trois elfes discutaient paisiblement au pied de l’Arbre-Mère, les pieds dans l’eau aux vertus purificatrices. Elle dévisagea un instant les deux mâles et la femelle qui se trouvaient là. Puis, ne voulant pas les déranger et rester discrète, Rhyma se faufila sur le côté du sanctuaire construit autour de ce lieu béni, et s’agenouilla à bonne distance pour se recueillir en silence.

Elle se perdit bientôt dans les méandres de ses méditations, et n’entendit pas les pas qui se rapprochaient d’elle. Elle avait à peine conscience que des larmes roulaient sur ses joues, du fait de sa communion un peu particulière avec l’Arbre-Mère. Dérangée dans ses pensées par le bruit qui s’était arrêté, elle ouvrit les yeux brusquement en se rendant compte que ce bruit s’était stoppé à côté d’elle. Le manque de prudence n’avait jamais fait partie de ses habitudes, et ce grâce à Ilmryn. Elle s’en voulut presque de ne pas avoir été plus attentive, avant de se rappeler qu’elle se trouvait en sécurité sur les terres elfiques.

Rhyma découvrit alors un elfe d’âge indéterminé qui s’était arrêté à quelques pas d’elle, et qui l’observait avec stupeur mêlée d’inquiétude. Des vêtements de citadin simples, composés d’une tunique de lin teintée de bleu ciel, ainsi que des braies de la même couleur, s’harmonisant avec les cheveux blancs du mâle. Une épée d’origine elfique pendait à sa hanche droite, suggérant qu’il avait reçu une instruction de guerrier.
Lorsque leurs regards se croisèrent, il s’agenouilla rapidement et demanda d’une voix posée :

  • - Par la douce, tout va bien, Dame ?
Rhyma releva vers lui son regard de glace, et croisa un doux regard émeraude empli de perplexité. Elle sécha rapidement ses larmes, confuse d’avoir causé un tel désarroi à un de ses frères, et sortit son cahier et sa plume. Elle ne s’en séparait jamais lorsqu’elle se déplaçait, ne pouvant recourir au langage gestuel qu’Ilmryn lui avait appris en dehors de Giran. Elle écrivait tout ce qu’elle cherchait à dire et faisait lire à son interlocuteur, ce qui lui permettait de se faire comprendre pour les choses les plus basiques.
En réponse au signe de tête affirmatif qu’elle lui avait rendu, l’elfe aux yeux verts continua :

  • - Pourtant, des larmes semblaient couler sur vos joues ...

    - Je pleure simplement la douleur de notre Arbre, écrivit-elle avant de lui tendre le livre.

    - Je vois, répondit-il alors qu’une lueur de compréhension semblait passer dans ses yeux verts aussi doux que les feuilles au printemps. En effet, sa douleur est palpable ...

    - Je ne peux l’empêcher de me vriller le cœur, ajouta-t-elle par écrit après avoir acquiescé une nouvelle fois.
Un faible sourire apparut sur les lèvres fines de l’elfe.
  • - J’espère bien que notre peuple sera apte à aider l’Arbre-Mère, dit-il alors d’un air un peu distrait.

    - Pour le moment, rien n’a changé, écrivit Rhyma après avoir soupiré en observant l’Arbre.

    - Je suis d’accord ...
Ils restèrent tous deux silencieux un petit moment, plongés dans leurs pensées respectives, probablement tournées vers cet Arbre qui faisait partie d’eux et de leur culture. Soudain, l’elfe aux yeux verts sembla se reprendre, et tourna à nouveau son regard émeraude vers Rhyma.
  • - Désolée de ce manque de politesse, j’ai totalement oublié de me présenter, dit-il alors en posant ses yeux verts sur elle.
La jeune elfe esquissa un sourire à cette légère gêne qu’il semblait ressentir, et balaya celle-ci d’un geste de la main, cherchant à signifier que ce n’était pas grave.
  • - Je me nomme Celawyn, deuxième enfant de la maison Rylinnzae. Heureux de faire votre connaissance, Dame. Je suis une des Sentinelles du village.

    - On me nomme Rhyma, écrivit-elle après l’avoir salué respectueusement d’un signe de tête. Enchantée également.
Sentinelle ... Ce mot éveillait des échos étranges en elle, mais elle n’aurait su dire pourquoi. Elle avait déjà entendu ce nom, mais où ? Probablement au temple lors de ses séances d’apprentissage auprès d’Isabellin et de Bandellos, se rassura-t-elle.
  • - Sentinelle ? Demanda-t-elle tout de même par écrit.

    - Oui, je protège nos terres dans les bois.

    - J’ignorais que cela existait ici, fit Rhyma après quelques secondes.

    - Nous sommes quelques-uns, mais nous tentons d’être le plus discrets possible dans la forêt.
Rhyma se mit à écrire après avoir acquiescé, alors que Celawyn continuait.
  • - Nous sommes souvent divisés en plusieurs groupes.

    - Je veux dire, précisa-t-elle, je viens souvent ici et je n’y avait jamais vu personne.

    - A l’intérieur des murs de la cité ?
La jeune elfe se contenta de secouer la tête de droite à gauche et pointa le sanctuaire entourant l’Arbre-Mère du doigt. Son interlocuteur parut comprendre sans mal ce qu’elle voulait lui faire comprendre.
  • - Oh ... Oui, la plupart des citadins semblent trop affairés à leurs occupations pour venir se recueillir ici.

    - C’est triste, répondit la jeune elfe. Ils ne peuvent se douter de ce qui se passe ici.

    - Vous avez raison,
    ajouta Celawyn alors que Rhyma tournait une fois de plus son regard vers l’arbre.
Ils continuèrent à discuter paisiblement à propos de l’Arbre-Mère, Rhyma se demandant pourquoi il souffrait tant, ou comment le soulager de sa douleur. Celawyn émit quelques hypothèses qui parurent correctes à la jeune elfe, de ce qu’elle en savait. Elle ressentait simplement les émotions changeantes de cet Arbre vivant et si singulier, ce que la sentinelle semblait avoir remarqué. Rhyma ne parvint pas à savoir jusqu’où allait cette compréhension du phénomène ; après tout, peu importait.

La discussion s’orienta ensuite sur l’incapacité à parler de la jeune femme. Agréablement surprise que quelqu’un s’intéresse à elle après tout ce temps passé seule, elle pardonna volontiers sa curiosité à Celawyn, qui somme toute était compréhensible pour une personne qui protégeait son peuple. Lorsqu’elle lui apprit que sa voix ainsi que ses souvenirs lui avaient fait défaut depuis son réveil à Giran, il parut désolé d’avoir réveillé des souvenirs aussi peu plaisants. Mais avec un véritable sourire, la jeune elfe lui fit comprendre que cela ne la dérangeait pas.

Ne désirant pas abuser de son temps, Rhyma se renseigna sur les devoirs de la sentinelle à qui elle prenait de son temps. Elle apprit qu’il avait fini sa ronde un peu plus tôt, et qu’elle ne le dérangeait pas le moins du monde. Mais à ces mots, Celawyn avait portés ses yeux vers le ciel, et Rhyma avait pu voir son regard émeraude se ternir quelques secondes. Elle retint un frisson en entrevoyant ce que son interlocuteur venait de se remémorer. Une elfe baignant dans son sang, image mêlée à une profonde colère et de la tristesse toute aussi puissante. Sa propre tristesse vint faire écho à celle de la sentinelle, et elle laissa une vague d’apaisement s’échapper, espérant aider sa nouvelle connaissance.

Lorsque la jeune elfe le vit inspirer profondément puis expirer doucement pour reprendre ses esprits, elle stoppa doucement l’émission de douce chaleur mêlée de sérénité qu’elle diffusait presque inconsciemment. Elle détourna le regard, soucieuse de le laisser en paix avec des souvenirs aussi douloureux, mais également attentive à étouffer ses propres souvenirs qui remontaient à la surface. Ilmryn et aussi d’autres images beaucoup plus floues, mais qui réveillèrent en elle un malaise qu’elle n’avait pas connu depuis longtemps ...

  • - Quelque chose ne va pas ? Demanda Celawyn, apparemment sorti de ses pensées.

    - Juste un vieux souvenir, écrivit Rhyma après avoir reprit ses esprits.

    - Certains peuvent s’avérer très durs à surmonter. Je comprends cela ...
A ces mots, il porta machinalement la main au pendentif qui ornait son cou. S’il savait à quel point Rhyma comprenait ce qu’il pouvait ressentir ... Elle esquissa un sourire triste, voyant qu’il n’avait pas compris exactement de quoi elle parlait. La remarque qu’elle avait écrite valait pour eux deux, et non pas pour elle seule.
  • - Que représente-t-il ? Demanda-t-elle par écrit, pour changer de sujet.

    - Le symbole que mon père avait offert ... à ma soeur. Il désignait son ascension au titre de Psalmodieuse.
Une nouvelle image s’infiltra dans l’esprit de Rhyma, dépeignant cette fois-ci un visage d’une elfe souriante et rayonnante. Elle qui désirait éloigner les pensées de son interlocuteur de souvenirs douloureux, la jeune elfe se rendit compte qu’elle faisait fausse route. Le visage qu’elle avait entraperçut ressemblait traits pour traits à celui de l’agonisante qu’elle avait vue un peu plus tôt. Fronçant imperceptiblement les sourcils, elle envoya une nouvelle vague d’apaisement, légère comme la plume. Elle ne voulait pas provoquer de la tristesse chez cet elfe déjà profondément blessé ...
  • - C’est un beau présent, écrivit-elle.

    - Oui, acquiesça-t-il avec un faible sourire. Elle avait tendance à le faire briller au dessus de ma tête lorsque j’étais enfant.

    - Il semble porter beaucoup de souvenirs, heureux comme douloureux, avança Rhyma.

    - Souvent, les plus belles choses comportent bien des émotions.
S’il savait à quel point elle le comprenait. Oui, s’il savait ... Elle sentait la confusion la gagner, parvenant de moins en moins à éloigner les images sanglantes et désespérantes de la mort de son ami ... Et les autres ...
Le regard de Celawyn se perdit dans les nuages au dessus d’eux alors que de longs cris mélodieux retentissaient dans les airs. Elle leva également les yeux au ciel, les cris de cet animal faisant remonter d’autres souvenirs à la surface, bien plus brumeux que les autres ...

  • - Vous semblez confuse, êtes-vous sûre que tout va bien ? Demanda une fois de plus Celawyn.

    - J’ai juste eu ... un souvenir, écrivit-elle, hésitante. Comment s’appelle cet oiseau ?
Décidément, elle n'était bonne qu'à inquiéter les gens ...

Elle apprit que l’oiseau de proie qui volait en cercles concentriques au dessus d’eux se nommait Syras. Toute perturbée par ces sensations et ces souvenirs enfouis qui l’assaillaient en se réveillant, elle parvint encore une fois à éveiller l’inquiétude de Celawyn, qui lui proposa de le lui montrer de plus près pour l’aider à se souvenir. Apaisée par la présence rassurante de l’elfe aux yeux verts, elle se calma petit à petit, se réconfortant à l’idée qu’elle ne risquait absolument rien tant que la sentinelle serait là. De plus, l’oiseau pouvait réveiller certains de ses souvenirs ...

Elle écouta les sifflements émis par l’elfe aux yeux verts pour appeler son compagnon à plumes, et le regarda descendre avec agilité vers eux.Entre temps, l’elfe avait enfilé un gant de cuir pour que l’oiseau puisse se poser sans faire de dégâts. Les serres du prédateur ailé se refermèrent sur le poignet de Celawyn, de façon à ce que Rhyma puisse l’observer à loisir. Le rapace possédait un plumage dans les tons bruns, qui s’assombrissait aux extrémités des ailes et des pattes de l’animal. Quelques taches blanches parsemaient son abdomen, venant faire un rappel bienvenu aux teintes dorées de ses yeux vifs.
D’une intelligence vive, et probablement très proche de son possesseur, l’oiseau se laissa susurrer de doux mots par l’elfe aux yeux verts jusqu’à ce qu’il se calme tout à fait, et tourne son attention vers l’étrangère qui l’observait sans relâche.

La jeune elfe, encore un peu chamboulée par tout ce que lui rappelait la vision de cet oiseau, se laissa porter par son instinct. Sa main gauche se leva d’elle-même ; et alla caresser du bout des doigts le plumage de l’oiseau. A son grand étonnement, Rhyma se souvenait parfaitement d’avoir déjà accompli ce geste sûr de nombreuses fois par le passé, à présent qu’elle le réalisait une fois de plus. Elle parvint alors à se calmer tout à fait, la confusion laissant la place à une fatigue sourde. Tenter de rester calme en étouffant ces pensées violentes qui menaçaient n’était pas de tout repos ... Elle laissa un sourire joyeux naître sur ses lèvres.

Celawyn continuait à surveiller Syras aussi bien que Rhyma, et arborait maintenant lui aussi un léger sourire serein. Rhyma le sentait rassuré et heureux ; la tristesse et la colère sourde qui l’avaient habité un instant s’étant envolées. L’elfe aux yeux verts laissa Syras se faire cajoler pendant quelques minutes, jusqu’à ce que Rhyma s’éloigne pour lui demander confirmation sur le nom de l’oiseau.

  • - Un faucon, c’est exact, acquiesça-t-il.
Réellement heureuse d’avoir pu retrouver ne serait-ce qu’un si petit fragment de ses souvenirs, la jeune femme combattit sa fatigue pour l’observer encore un moment. Sans même y prêter attention, la jeune elfe laissait sa bonne humeur s’épancher autour d’elle, comme un baume apaisant. Celawyn laissa le faucon s’envoler, pour laisser le loisir à son interlocutrice de se reposer ; estimant qu’elle en avait bien besoin, Rhyma acquiesça en se dissimulant derrière le fait que la Sentinelle devrait bientôt reprendre ses rondes.

En le regardant remonter vers le village, Rhyma pensa qu’elle n’avait jamais rencontré quelqu’un comme cet elfe. Si formel, et pourtant si sécurisant ... Elle ne s’était jamais sentie aussi sereine, et resta juste quelques instants de plus pour remercier la Douce de lui avoir permis cette rencontre fortuite mais agréable.


Peut-être puis-je parvenir à retrouver mes souvenirs après tout ... Et aussi tisser des liens avec une personne sans avoir peur de la blesser ... Peut-être.

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Re: Rhyma

Message par Meliäa » lun. 28 décembre 2009 à 14h19

Crise

Un rai de lumière descendant d’une petite fenêtre, le chant des oiseaux, une chaleur étouffante … Ses yeux s’ouvrirent sur un plafond ouvragé avec une sensation de déjà-vu …

Elle se réveillait encore une fois dans un endroit inconnu. Elle se trouvait dans un lit sommaire mais confortable, dans des draps de lin. Se redressant lentement en regardant alentours, elle tenta de se souvenir de ce qui venait de se passer. Une légère douleur sous-jacente lui fit plisser le nez : sa tête la faisait encore légèrement souffrir. Pourquoi donc se trouvait-elle là ? Elle ne se rappelait plus.

Une acolyte s’approcha de son lit en la trouvant éveillée. Avec douceur et précautions, elle l’examina et lui assura que tout allait bien. Cherchant son livre du regard, Rhyma le trouva enfin et lui demanda qui l’avait amenée ici. La jeune elfe aux cheveux bleutés lui répondit qu’un mage l’avait amenée ici, et que par la suite une sentinelle était venue lui rendre visite très brièvement. Rhyma la remercia d’un signe de tête.

L’acolyte quitta la petite pièce, après lui avoir indiqué qu’un broc d’eau fraîche et une serviette l’attendaient sur un tabouret. Cela soulagea un peu Rhyma, toujours confuse.Sa tunique lui collait à la peau à cause de la chaleur estivale ; même ses cheveux lui collaient au visage. Elle se changerait plus tard, ce n’était pas vraiment sa première préoccupation.
Tout lui revenait en mémoire en flashes. Elle ôta sa main des draps, enserra sa propre taille, comme pour se protéger, et posa l’autre sur ses yeux, baissant la tête.

Encore une crise … Mais c’était la première en présence d’un de ses congénères. Elle aurait tout donné pour qu’il ne voie pas ça … mais c’était trop tard maintenant. Elle était vraiment misérable lorsque la peur prenait le contrôle sur elle …

Elle s’était rendue une nouvelle fois à l’Arbre-Mère.
Elle commençait à s’habituer à la souffrance de cet arbre majestueux, et ne pleurait plus en la ressentant. Il faisait tellement chaud qu’elle s’y était de l’eau pour profiter de la fraîcheur prodiguée par le large feuillage, et pour se recueillir comme elle le faisait souvent ; Giran n’était pas une ville reposante, et elle avait besoin de calme ces temps-ci. Ce jour-là, elle y avait trouvé Celawyn, portant encore ses armes, Sylas sur son épaule.

Il semblait absorbé par ses pensées ; seul l’oiseau remarqua sa présence alors qu’elle préparait une formule de bienvenue sur son livre. Surpris, l’elfe au regard émeraude esquissa tout de même un sourire pour la saluer. Puisqu’il avait encore du travail, Rhyma sollicita son approbation : elle désirait l’accompagner jusqu’à cette "cascade" qu’elle n’avait jamais vue. Elle ignorait même ce que ce mot voulait dire, mais dissimula ce fait sans trop s’en rendre compte.

Elle ne fut pas déçue. La chute d’eau étincelait au soleil et formait un nuage de vapeur d’eau en frappant l’étang. Le rugissement de la cascade, toutefois, était un peu trop puissant pour les oreilles fragiles de Rhyma. Il ne faudrait pas qu’elle reste trop longtemps, où une crise pourrait survenir.
Celawyn la fit monter jusqu’à un petit promontoire, où l’eau s’écrasait une première fois avant de glisser à nouveau jusqu’à l’étang en contrebas. Ils s’installèrent près du bord, après que la sentinelle ait lancé un sort mineur leur permettant d’assourdir le bruit de la cascade. On apercevait l’Arbre-Mère depuis cet endroit légèrement surélevé.

Ils parlèrent un petit moment, partageant leurs opinions sur l’état inquiétant de l’arbre sacré, l’actualité au village elfique, les Alfirins, la mentalité du peuple ... Le bruit était toujours présent, en sourdine. Mais cela ne fut que peu responsable du malaise que la jeune elfe se mit à ressentir. La fatigue qu’elle ressentait n’était pas innocente ; le jour tombait déjà. Mais ce fut surtout lorsque ses pensées commencèrent à dériver qu’elle sentit l’énergie remuer en elle. Sa tête la faisait déjà vaguement souffrir : elle aurait dû sentir venir une de ces formidables crises d’angoisse qu’elle redoutait tant.

Celawyn, remarquant qu’elle ne se sentait pas bien, abrégea la discussion et l’aida à se relever en la soutenant par la taille. Le remerciant d’un doux sourire, d’où elle essaya de supprimer le plus possible la douleur, elle s’écarta vivement. Rhyma se concentrait pour ne pas laisser échapper la douleur qui lui enserrait la tête : elle ne se pardonnerait pas si elle en venait à lui faire du mal. Celawyn était inquiet, bien qu’il cherchât à le cacher. Sa propre inquiétude lui répondit : que se passerait-il si elle ne parvenait pas à se contrôler ? Mieux valait fuir, dans ce cas ...

Elle agrippa son épaule droite avec sa main gauche, inconsciemment, après l’avoir prié de rentrer le plus vite possible. Elle ne se sentait pas capable de résister encore longtemps ... Elle ne put que se renfermer encore plus sur elle-même, pour ne pas voir la pitié ou quoi que ce soit d’autre apparaître sur le visage de l’elfe lorsqu’elle s’arrêta en haletant contre un arbre. Un pic de douleur venait de se faire sentir ...


« Laisse-moi prendre le dessus … J’en ai besoin ! Ne lutte pas ! Arrête !

Non ! »


Horrifiée, Rhyma ne put que regarder Celawyn s’approcher et lui poser la main sur l’épaule, inquiet. Elle savait qu’il en souffrirait s’il persistait à rester trop près d’elle. En son fort intérieur, elle lui dit :
  • - « Non, Celawyn, il ne faut pas me toucher ! »
Elle tourna des yeux craintifs vers lui, espérant que son seul regard suffirait à lui faire comprendre qu’il était en danger. Le voyant froncer les sourcils, elle essuya un nouveau pic de douleur et le supplia encore une fois.
  • - « S’il vous plait ... ! »
Il ne réagit cependant pas comme elle l’attendait. Il sursauta et recula, une sorte d’expression confuse sur le visage en se frottant la main. Un soupçon de frayeur et de douleur traînait dans ses yeux émeraude ; il était infiniment choqué par ce qu’il venait de voir. Elle ne pouvait pas se laisser lui faire du mal ; il ne comprenait pas, il semblait presque horrifié de ce qu’il voyait et ce qu’il ressentait. Cela fut comme un coup de dague dans le coeur de Rhyma. Les larmes menaçaient ; la douleur atteignait des sommets. Elle tourna les talons, et se mit à courir le plus vite qu’elle put en direction du village.

« Du sang, il me faut du sang ! Qu’ai-je à faire de tes sentiments, petit être insignifiant ? Tu te dois de te soumettre ! »

Celawyn se lança à sa poursuite, à sa grande surprise. Elle ne pouvait pas le laisser la rattraper. Mais la sentinelle était habituée à ce genre d’exercice. Celawyn entoura la taille de la fuyarde avec ses bras, mais elle réussit à s’en échapper et trébucha jusqu’à une colonne, à deux pas de là. Celawyn mit un genoux à terre pour se rattraper, et resta ainsi alors qu’il posait les yeux sur elle.
  • - Pire qu’un elpy effrayé ..., maugréa-t-il. Pourquoi me fuyez-vous ainsi, Dame Rhyma ?
Elle détourna le regard, debout devant la colonne de pierre, fuyant le regard inquisiteur de Celawyn. Elle lui interdit d’avancer d’un geste impérieux, alors qu’elle hurlait silencieusement sa douleur sentant la douleur proche de se libérer.
Elle finit par perdre tout contrôle sur elle-même, la respiration saccadée, se recroquevillant sur elle-même, à moitié consciente de ce qui était en train de se passer, mais impuissante face à cette nouvelle crise d’angoisse. La colonne se fendit en un craquement sinistre, alors que la douleur évacuait brutalement le corps de Rhyma. La jeune elfe, vidée de ses forces, se laissa tomber à genoux, tête basse.

« Bon sang … Elle a à nouveau réussi à me condamner à me perdre dans les tréfonds de son esprit … et libéré le pouvoir. Idiote … J’attendrais mon heure … »

Alors qu’elle tentait de rester consciente, elle entendit un bruit curieux. Soudain, une deuxième personne se trouvait là, et réprimandait Celawyn. Apparemment, elle l’avait retenu plus d’une heure ; il était en retard pour faire son rapport à son supérieur. Rhyma attrapa son livre et griffonna tant bien que mal une phrase destinée au mage. Elle était la fautive. Utilisant ses dernières forces, elle se releva. Malgré ses protestations, Celawyn dut partir sans attendre.
Rhyma tenta de voir qui avait renvoyé le jeune elfe et releva tant bien que mal la tête. Un mage au visage sévère et aux longs cheveux noirs se tenait devant elle et l’observait, intrigué. Elle chercha à lui tendre son livre lorsqu’il s’approcha, mais elle ne pouvait plus tenir. Elle sombra.
Après cela, elle ne se souvenait plus de rien. À part d’avoir ressenti une douleur immense à un moment, et d’autres sentiments confus. Secouant la tête, elle se leva, et tout en faisant ses exercices matinaux, travailla à évacuer la douleur latente. Elle y parvint finalement, relâchant son bras droit, en se dirigeant vers la vasque. De l’eau fraîche lui ferait du bien. Soudain, une pensée la fit se figer. Son estomac se contracta tant elle craignait ce qui allait se passer.

Qu’allait-elle dire à Celawyn la prochaine fois qu’elle le verrait ?

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Re: [bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » mar. 25 octobre 2011 à 15h20

Passé
Le soleil déclinait. Les nuages qui masquaient partiellement le ciel prenaient déjà une teinte rose orangée. L’air sentait le pin et la pluie qui approchait.
Le vent puissant qui soufflait dans les herbes hautes semblait murmurer à ses oreilles, et faisait voltiger ses cheveux, sa cape et sa longue robe blanche en tous sens. Perdue au milieu de la plaine, droite et frêle, la jeune elfe ressemblait à une apparition fantomatique. Ses yeux de glace observaient l’endroit avec une étrange mélancolie tandis que son visage semblait refléter de la tristesse.

Les jours avaient passé depuis cette crise qui l'avait mise à découvert aux yeux de Celawyn. Et puis il y avait eu la guerre, et tout ce qu'elle avait amenée chez cet elfe qui l'acceptait telle qu'elle était - avec ses nombreux défauts. Mais toute cette gentillesse ramenait d'étrange rêves, qu'elle soupçonnait être plutôt des souvenirs que de simples et innocentes visions. Elle décida d’en finir avec ses souvenirs perdus une fois pour toute et s’était dirigée vers l’Ouest de Heine. Celawyn l'avait suivie, malgré ses protestations, sans même lui laisser le choix ; il disait qu'il ne la laisserait pas seule pour affronter tout cela ... et il avait tenu parole.
Rhyma avait repris des forces physiquement. Elle était moins pâle, moins maigre, moins fragile en somme. Mais ses forces mentales s’étiolaient. Un combat qui semblait sans fin se déroulait en elle depuis des mois. Comment avait-elle pu en arriver là ? Pourquoi continuait-elle à lutter alors que la lassitude et l’envie d’abandonner la gagnaient peu à peu ? Pourquoi ne pouvait-elle simplement pas aller de l'avant et oublier ? Simplement oublier. Mais avec "Elle", ce n'était qu'une utopie.

Elle se reprit à penser à son réveil à Giran, quelques années plus tôt. À partir de cet instant, elle avait senti qu’elle n’était plus seule. Une étrange mélancolie lui était parvenue des profondeurs de son esprit, accompagnée de désespoir. Mais elle avait compris que cela venait d’une "autre Rhyma". Cette entité inconnue semblait rechercher un partage, apportant à la jeune elfe des capacités qu’elle ne pouvait même pas rêver de posséder. Mais comment faire confiance au point de laisser accès libre à son âme à quelque chose qu’on ne comprend même pas ?
Bien des fois, ces capacités qu’elle empruntait sans même y faire attention lui avaient causé des problèmes. Elle était trop faible pour en faire un usage correct, pour retenir ces pulsions destructrices. Elle blessait, brisait et effrayait à chacune des crises de panique qui la prenaient sans aucun signe avant-coureur à chaque moment de faiblesse ou de confusion. En devenant plus forte, elle avait appris à résister à cette envie de libérer ces forces intempestivement, sans se soucier de ce qui se passait autour d’elle. Elle avait des personnes à protéger, même si cela signifiait s’éloigner d’elles pour atteindre ce but.
Pourtant, lorsque la jeune elfe avait joué la carte de la confiance, Elle l’avait aidée, à sa façon. Elle lui avait évité de sombrer dans une tristesse immense lors de la mort d’Ilmryn, et Rhyma la soupçonnait même de l'avoir aidée à tenter de le sauver, bien qu’au final il n'ait pu survivre. Lorsque ses souvenirs oubliés étaient peu à peu revenus, les crises avaient peu à peu cessé. Il lui sembla que c’était à peu près à ce moment là que le conflit avait débuté. Sans ces crises pour évacuer le trop plein d’énergie magique, l’entité demandait de plus en plus souvent à être libérée. Et Rhyma, qui revenait enfin à la vie en société malgré ses dons empathiques ne pouvait se le permettre que très très peu souvent, car elle ne voulait ni détruire ni blesser qui que ce soit. Frustrée, l’entité avait commencé à ruser pour se libérer de force.
Le conflit s’était amorcé sans espoir de retour. Chaque faille était exploitée. Chaque moment de confusion, d’inconscience et de peur était sujet à une tentative de domination. L’entité, spectatrice des moindres instants de sa vie, attendait son heure. L’étrange mélancolie était toujours là, mais Rhyma n’y faisait plus attention. Elle ne voulait pas disparaître … et c’était tout ce qui comptait.

Elle voulait vivre, voilà pourquoi elle se battait. Elle aspirait maintenant à savoir pleinement qui elle était, et à vivre au calme, avec les gens qu’elle aimait. Voilà pourquoi elle marchait vers cet endroit caché que peu de gens connaissaient. À dire vrai, seule sa famille connaissait le chemin qui menait à leur maison. Nichée dans un petit vallon entouré de pins, dont la cime n’atteignait pas les herbes hautes de la plaine, la maison était parfaitement dissimulée. Les pins avaient poussé en tous sens par rapport à ses souvenirs. Elle dut repousser les branches pour pouvoir entrer dans le jardin que cultivait sa mère autrefois. Tout n’était plus que friche et herbes folles. Des souvenirs de plus en plus précis lui revenaient alors qu’elle laissait trainer son regard aux alentours. La pluie n’allait pas tarder.
Toute cette installation dissimulée en dehors de la ville avait été fait pour protéger Rhyma. Enfant, elle était tellement sensible aux émotions autour d’elle que vivre en société lui était impossible. Ayant à peine appris à se tenir assise, elle restait prostrée dans un coin de l’habitat, passant d’une émotion à une autre à une vitesse fulgurante. Elle souffrait de ne savoir encore se couper de tout ça, et de ne pouvoir contenir toutes ces émotions en elle. Ses parents en faisaient les frais chaque fois qu’ils l’approchaient ; pris dans un maelström d’émotions brutes, ils parvenaient avec peine à la rassurer sans s’y perdre eux-mêmes. Aussi, après quelques recherches, ils avaient déménagé dans une maison construite par les amis de la famille, à l’écart de la ville. Ainsi la petite serait protégée le temps d’apprendre à maîtriser ce don qu’Eva lui avait accordé. Assez loin de la ville et cachée des yeux des opportuns par les pins ainsi que quelques enchantements, Rhyma y grandit dans le calme et la sérénité. Lorsqu’elle avait eu une dizaine d’années, elle avait enfin pu participer à la vie en société, sans pouvoir totalement s’y intégrer, toujours à cause de ce don.

Arrivée devant la porte d’entrée en bois dont les battants étaient entrouverts, elle laissa courir ses doigts sur le linteau. Des algues y avaient été gravées avec talent et finesse, symbolisant la Déesse tutélaire des elfes et leur assurant sa protection. Elle entrevit son père les ciseler avec attention, et lui adresser un sourire avant de reprendre. Un autre souvenir à propos de ces portes lui revint en mémoire, et un frisson glacé lui parcourut le dos. Elle se força à penser à autre chose, et sourit à Celawyn qui faisait le tour des lieux, curieux et prudent. Le laissant dehors, elle se faufila à l'intérieur.

Elle passa les portes et se retrouva dans le vestibule. Des animaux errants étaient passés par là : tout ce dont elle se rappelait était au sol, brisé ou renversé. Une odeur d’excréments et d’urine suintait par tous les murs et rendait la visite presque insupportable. Rhyma préféra ne pas regarder dans quoi elle marchait et avança le long du couloir : trois portes s’ouvraient dans ses murs.
À gauche, ce qui servait de bibliothèque et de salle d’étude se rappela la jeune elfe. Y jetant un coup d’œil, elle découvrit ici aussi chaos désolant. Il ne restait plus rien des nombreux livres et parchemins après toutes ces années à part quelques pages volant de ci de là ; quelques étagères et une table étaient renversées.
La porte de droite ouvrait sur la chambre de ses parents, ou du moins ce qu’il en restait. Le matelas du lit avait été lacéré et habité par quelques mammifères, si on en croyait l’odeur qui se dégageait de ce qu’il en restait. La tête de lit en forme de rameaux fleuris était griffée de toutes parts, et deux oiseaux y somnolaient encore. Seule l’armoire encastrée dans le mur et son contenu étaient intacts ou presque. Rhyma extirpa du rangement plusieurs vêtements qui lui rappelèrent des dizaines de souvenirs. Ils étaient mangés par les mites, pleins de minuscules trous qui dénaturaient leur beauté. Lâchant avec regret les tissus soyeux et colorés, elle sortit de la chambre.
Elle traversa le couloir et déboucha dans un petit jardin intérieur. Ici aussi, la nature avait repris ses droits. Mais les fleurs et les plantes avaient poussé de telle manière qu’elles formaient maintenant un parterre de couleurs chatoyantes. Dans la lumière déclinante du soleil entrecoupée d’ombres, cette vision fit monter des larmes aux yeux de Rhyma. Tout était à l’abandon, mort, et pourtant … Et pourtant même lorsque la pluie menaçait ou que la vie avait quitté un endroit, le soleil perçait et les fleurs continuaient à pousser. La vie résistait tant bien que mal pour ne pas disparaître …

Sur sa droite se trouvait la porte de ce qui avait été sa chambre, elle se le rappelait à présent. Mais elle ne pouvait détacher ses yeux de ces fleurs que sa mère avait tant choyées. Sans même avoir besoin de regarder sur sa gauche, elle sut que le perchoir du faucon de son père était toujours là. Elle se rappelait de l'oiseau aux plumes douces et aux cris longs et perçants que son père utilisait dans son travail de sentinelle. Une femelle nommée Elenna, ce qui signifiait "Vers les étoiles" ... Son regard se releva un instant vers la porte qui se trouvait de l'autre côté du jardin et elle ne put retenir un frisson désagréable.
Comment décrire ce qu’elle ressentait à ce moment précis ? Elle était déchirée. Déchirée par les sentiments divers que lui procurait l’endroit : mélancolie, joie, peur, nausée, malaise, sécurité, vulnérabilité … Tout était si contradictoire qu’elle ne savait même plus ce qui aurait dû et ce qui ne l’état pas. Des flashes très rapides lui revenaient à chaque seconde, lui rappelant de bons ou de mauvais souvenirs ; autant de pièces du grand puzzle qu’elle tentait de reconstruire qui lui revenaient.

L’orage se mit alors à tonner et les derniers rayons de soleil disparurent. Elle poussa un cri silencieux ; la panique s’emparait d’elle. Le vent se levait et l’air sentait la pluie imminente. Retenant avec peine des tremblements inconscients, elle traversa le parterre de fleurs et pénétra dans un autre couloir. À nouveau, trois portes. Une fenêtre claqua quelque part et la fit sursauter. Derrière elle, Celawyn pénétrait à l'intérieur et refermait les portes de l'entrée, ses pas résonnant faiblement dans la maison déserte. Et pourtant, pour elle, il était là sans l'être. Partagée entre ses visions du présent mêlées à celles du passé, elle ne savait plus que croire, ni à quoi se raccrocher. Y avait-il vraiment une lueur vacillante dans la pièce du fond, ou se rappelait-elle seulement de cela ? L'elfe qui déambulait avec elle dans la maison était-il un souvenir du passé ? Elle jeta tout de même un œil aux deux premières portes.
À sa gauche, une salle d’eau restée presque intacte, si ce n’était la petite mare qui semblait y stagner depuis maintenant un certain temps, et qui dégageait une odeur rance. Sur sa droite, ce dont elle se rappelait comme de la cuisine. Prise d’une peur panique et perdue dans ses visions, elle hâta le pas vers la pièce du fond. La dernière qu’elle n’avait pas visitée … Celle où se trouvaient probablement tous les souvenirs qui manquaient. Elle tremblait sans pouvoir s’arrêter ; sa gorge se serrait.

Lorsqu’elle pénétra dans la salle de séjour, elle tomba à genoux, les yeux écarquillés de terreur. Elle ne pouvait plus fermer les yeux … ni bouger quoi que ce soit d’autre. Le ciel tonna sourdement une fois encore.


« Non, ce n’est pas vrai ! Dites-moi que je me suis trompée … ! »
*rit* « Non, non, ma petite … Vois et souviens-toi ! Ton passé se trouve sous tes yeux … »
« Pitié … Divine Eva, je vous en supplie … »

Les murs étaient recouverts d’éclaboussures rouge sang. Les meubles étaient renversés, la vaisselle et les vitres brisées, jonchant le sol d’éclats tranchants. Un éclair illumina la pièce, se réfléchissant sur les centaines de morceaux de verre, créant en une seconde un sol illuminé de centaine d’étoiles chatoyantes … La jeune elfe enserra ses bras autour d’elle-même tentant de se rassurer. Elle ne se contrôlait plus ; les larmes coulaient sans discontinuer et elle se balançait d’avant en arrière. Devant ses yeux bleus défilaient toutes les images de ce qui s’était passé. Le tonnerre gronda encore une fois alors que la pluie se mettait à tomber violemment. Un gémissement s’échappa de ses lèvres entrouvertes …

… et se transforma en cri de désespoir en passant ses lèvres alors qu’elle se recroquevillait au sol. Un nouvel éclair révéla quatre corps qui reposaient non loin d’elle. Tous des elfes … Si semblables et pourtant si différents. Ses parents et leurs assassins ! Elle les avait perdus et se rappelait à présent quelle avait été la cause de leur mort … Oui, la cause.

Elle se releva tant bien que mal, sa vision brouillée par les larmes, et s’approcha des corps, qui étrangement n’avaient pas été approchés par les bêtes sauvages. Les os étaient là, blancs comme neige à la lueur des éclairs.
Cinq corps ! Rhyma se planta brusquement les ongles dans le bras. Deux corps en un … Ces ordures avaient tué une femme enceinte ! Un autre cri passa ses lèvres, mais de rage cette fois ; si elle n’avait pas tout gâché, il y aurait eu un nouveau membre dans sa famille …
Celawyn fit irruption dans la pièce, mais cela ne la fit même pas réagir. Elle ne le vit pas non plus s'arrêter, et implorer la pitié d'Eva pour les gens qui étaient morts ici. Même lorsqu'il l'attrapa par les bras pour tenter de capter son regard, tout en l'appelant fermement, elle ne put détacher ses yeux des corps qu'elle voyait encore dans son hallucination.
Elle se serait laissée tomber à terre, s'il ne l'avait pas retenue contre lui, essayant de la calmer en suppliant Eva de leur venir en aide sur un fond de tonnerre, d’éclairs et de pluie battante. Des larmes se mirent à couler des yeux de Rhyma, incapable de sortir de sa folie :

  • - C’est … moi … qui les … tués … Moi !, dit-elle d’une voix rauque et cassée, chuchotante.
La voix se brisa dans les aigus, et un rire nerveux, totalement hystérique s’échappa de ses lèvres tremblantes. Elle approcha ses mains de ses yeux toujours brouillés de larmes et se planta les ongles dans la peau des joues.
  • - C’est … moi. Moi !
Celawyn lui attrapa les poignets vivement, l'empêchant à peine de se scarifier, et la plaqua contre un mur pour l'empêcher de s'enfuir. Un éclair illumina la pièce de nouveau. L'elfe explosa, n'y tenant plus.
  • - Ça suffit maintenant, Rhyma ! Ressaisis-toi, par Eva ! Ressaisis-toi je t'en prie ...
Mais elle pleurait, sans pouvoir s'arrêter, et la tristesse et la détresse qui émanaient de tout son corps étaient insupportables. À contre cœur, mais également pour les protéger tous les deux, il prononça une incantation mineure qui l'endormit sur le champ.
Elle s'effondra dans ses bras.

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Re: [bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » mar. 25 octobre 2011 à 15h24

  • La fillette aux cheveux immaculés se cachait dans les plis de la robe de sa mère. Dans ses grands yeux couleur glace, masqués par quelques mèches de cheveux rebelles, se lisait de la terreur à l’état pur. Ses petits membres restaient crispés sur le doux tissu et sa mignonne petite bouche affichait une moue pincée.
    Une main vint doucement lui caresser les cheveux et une douce voix retentit à ses oreilles, alors que sa mère se penchait vers elle.

    • - Allons Elaëlin … Tu peux le faire, j’en suis persuadée.
    L’enfant secoua frénétiquement la tête, ses grands yeux effrayés se remplissant de larmes. La jolie femme elfe l’enlaça et lui caressa à nouveau les cheveux avec une tendresse inouïe. Ses lèvres fines et rosées vinrent murmurer quelques mots à l’oreille minuscule de l’enfant.
    • - Voilà bientôt cinq ans que je t’ai mise au monde, et je t’ai toujours trouvée très courageuse. La Divine Eva est avec toi.
    L’elfe prit doucement entre ses mains le visage de sa fille et laissa s’épanouir sur ses lèvres un sourire rayonnant.
    • - Tu es devenue assez forte pour savoir te couper de ce que tu ne veux ressentir. De plus, ajouta-t-elle sur le ton de la confidence, je suis certaine que ton père serait fière de toi si tu réussissais à vivre au grand jour !
    La mine renfrognée et apeurée de la fillette se transforma en expression d’adoration et de ravissement.
    • - C’est la Vérité Maman ? Demanda la fillette avec enthousiasme.

      - Bien entendu. Il aime à avoir une fille courageuse !
    La jeune femme replaça une mèche de cheveux derrière une des oreilles effilées de la chair de sa chair, et ajouta en l’embrassant sur le front :
    • - Et moi, je crois en toi …
    Après avoir à nouveau souri pour rassurer un peu plus son enfant, elle ajouta :
    • - Je n’en ai que pour une heure, m’ont dit les gens du temple. Visite donc cette ville qui est la tienne ! Et si tu as un problème, demande aux Sentinelles.

      - Tu ne m'oublieras pas, n’est-ce pas ? Demanda la fillette d’une petite voix hésitante.

      - Voyons, Ely, tu me vois attristée du peu de confiance que tu me portes …, la réprimanda-t-elle alors.

      - Je suis désolée, Maman, se reprit l'enfant. Mais tu mens mal, tu sais, répliqua-t-elle ensuite d'un air sérieux.
    La jeune femme se mit à rire en voyant les petits sourcils de sa fille se froncer. Elaëlin esquissa elle aussi un sourire timide. Sa mère lui caressa une dernière fois les cheveux et la poussa vers les escaliers et la passerelle qui retournaient vers le centre-ville.
    • - Allez allez, ma fille, il est temps de respecter ce que nous avons convenu …

      - Oui Maman, répondit docilement l’enfant.
    Elle se dirigea vers la passerelle couverte qui enjambait la mer, regarda sa mère entrer dans le temple de la Douce et Divine Eva, puis reprit son chemin. Elle sentait peu à peu la peur reprendre ses droits sur le calme relatif que sa mère avait réussi à lui rendre. Enfin, c’était ridicule de se paniquer comme ça. En ville, les gens étaient joyeux, heureux de profiter du soleil, de rencontrer leurs amis ou tout simplement d’accomplir les tâches qu’ils s’étaient assignées …
    La fillette, rassurée par toutes les belles choses qu’elle voyait, et les quelques sentiments qu’elle laissait passer, s’ouvrit un peu plus à cette ville si lumineuse qui était censée être la sienne. Elle ne comprit pas pourquoi elle avait eu tant de mal à vivre ici, forçant ses parents à l’emmener vivre au calme …

    Au fur et à mesure de ses pérégrinations, elle finit par sortir de la ville, guidée par des rires enfantins qui résonnaient joyeusement. Elaëlin arriva dans un belvédère donnant sur la mer et ne put s’empêcher de s’émerveiller devant cette eau qui scintillait de mille feux. Elle pria Eva avec toute la candeur que les enfants possèdent et la remercia chaleureusement pour avoir créé une telle Beauté. Les enfants qu’elle avait cru entendre n’étaient pas à cet endroit, et elle remarqua avec inquiétude que le seul bruit restant était celui du vent dans les arbres.

    Et là, elle l’aperçut. Émerveillée par le spectacle, elle avait trop baissé ses défenses, encore fragiles. Elle prit l’attaque de plein fouet, et poussa un gémissement effrayé avant de repartir en sens inverse à toutes jambes. C’était immonde, c’était affreux, c’était écoeurant … Elle sentait son pauvre estomac se révulser. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ?

    Lorsqu’elle atteint enfin les abords du temple, elle chercha fébrilement sa mère, tentant de ne pas trembler. On lui indiqua qu’elle était encore dans le Sanctuaire d’Eva à prier en l’attendant. La fillette se précipita sans même ralentir. Elle ne voulait pas rester ici, cela faisait mal et peur …

    • - Elaëlin, qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda la mère, morte d’inquiétude.
    Elle s’accroupit et prit à nouveau le visage de l’enfant entre ses mains. Elle l’ausculta rapidement.
    • - Tu es toute blanche, Ely. Raconte à Maman …
    Seuls de grands yeux pleins d’une frayeur toute enfantine lui répondirent tandis que la fillette transmettait par émotion ce qui l’avait effrayée …
    Quelques jours plus tard, alors que sa mère l’avait à nouveau amenée en ville malgré ses protestations, elle ne put éviter une nouvelle confrontation. Inquiète de devoir subir encore cette chose si douloureuse et sombre, elle se raidit et se cacha derrière sa mère. Cela n’aidait en rien, mais au moins cela la rassurait.
    • - Mais qu’est-ce qui lui prend, à votre fille, Dame Lineawen ? Demanda une voix de jeune garçon d’un ton agacé. Je ne lui ai rien fait, je vous jure. Elle est vraiment bizarre.

      - Surveille tes paroles Alkem, je ne tolèrerais pas que tu la juges, le reprit l’elfe aux cheveux blonds. Un don d’empathie n’est pas facile à porter.

      - Non, mais, déjà la dernière fois, quand elle m’a vu elle a … Empa-quoi ? Demanda-t-il après une hésitation.

      - Pour simplifier, elle sait exactement ce que tu ressens à tous moments si elle se trouve près de toi. Et ce qu’elle ressent lui fait peur …
    Elaëlin, qui se cachait toujours dans les jupes de sa mère, se risqua à observer un peu plus attentivement celui qui avait des sentiments si puissants et noirs. C‘était un jeune garçon d’une douzaine d’années au visage fin et plutôt agréable à regarder. Des cheveux noirs en bataille lui tombaient devant les yeux, qu’il avait d’un gris-vert doux. Assez mince, semblant flotter dans des vêtements somme toute raffinés, il semblait constamment se ficher de ce qui se passait autour de lui. Il y avait une certaine grâce dans son maintien, mais elle dissuadait plutôt les gens de l’approcher, à cause de cette espèce de petite moue dédaigneuse qu’il arborait apparemment souvent.
    Suite aux mots de sa mère, il lui jeta un regard noir et empli de haine. La petite sentit les larmes lui monter alors qu’elle recevait de plein fouet cette colère à son égard.

    • - Eh ben ça ne la regarde pas ! Cria-t-il, apeuré d'avoir été percé à jour si facilement. Et vous non plus, laissez-moi tranquille, ajouta-t-il méchamment avant de détaler à toutes jambes.
    Lineawen soupira en le suivant des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse. Sentant bien que sa petite fille tremblait de tous ses membres, elle la prit dans ses bras et se rendit avec elle au temple d’Eva, lui caressant doucement les cheveux pour la rassurer. Se rendre là-bas avait toujours réussi à calmer l’enfant jusque-là.
    Elles s’installèrent dans un endroit isolé d’où elles pouvaient apercevoir la statue de leur Douce Déesse, et Lineawen commença à raconter une histoire à Elaëlin.

    • - Il était une fois un petit garçon qui vivait heureux avec ses parents et sa petite sœur. Ils vivaient tous ensemble dans un petit village agricole dont la spécialité était les vignes. Mais un jour, les vignes et les autres plantations tombèrent malades à cause de l’eau qui avait été polluée par on ne savait quoi. Les habitants de ce village perdirent toute source de revenu, mais aussi leurs moyens de se nourrir. Faute de nourriture et d’argent, les gens tombèrent peu à peu malades parce qu’ils étaient trop affaiblis.
    La fillette aux yeux couleur glacier écoutait attentivement, son petit visage d’ange exprimant la concentration et la compassion. Linaewen sourit à cette vision et continua.
    • - Les parents de ce garçon, pour sauver leurs enfants, décidèrent de les envoyer chez le frère du père. Il était riche et habitait en ville. Mais la petite fille tomba malade peu après et en mourut. Ils envoyèrent le jeune garçon rejoindre son oncle de toute urgence. Encore peu touché par les maladies, il ne contracta qu’une grosse fièvre et fut rapidement soigné. Mais le village perdit peu à peu tous ses habitants, isolés du reste du Monde pour ne pas propager l’épidémie. Les parents du garçon firent partie des pertes. Accablé de tristesse lorsqu’il prit connaissance de la mort de ses parents, le jeune garçon la reprocha à son oncle qui, puisqu’il avait de l’argent, aurait pu les faire soigner.
    Elle fit à nouveau une pause et caressa la joue de sa fille.
    • - Tu comprends, mon ange ? Les parents de ce petit garçon étaient déjà condamnés et ils le savaient. Ils ont donc sauvé ce qui leur était le plus cher en refusant l’argent que leur proposait le frère du mari.

      - Pauvre Alkem, chuchota tristement l’enfant en laissant couler quelques larmes.

      - Tu as tout compris, c’est bien.
    Elle enlaça sa fille et la serra bien fort contre elle, tout en la berçant, jusqu’à ce qu’elle se calme. Eva veillait sur elles. L’elfe ne put s’empêcher que les Dieux étaient parfois cruels, car les dons qu’ils accordaient à leurs protégés leur créaient le plus souvent plus de problèmes qu’ils n’en résolvaient …

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Re: [bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » mar. 25 octobre 2011 à 15h26

Oui, tout avait commencé ainsi. Pendant plusieurs années après cet incident, elle avait côtoyé cet enfant blessé et rempli de colère. Ce petit humain qui au comble du désespoir s’était laissé aller à tomber dans la noirceur de l’envie de vengeance. Oui, elle avait fini par l’apprécier pour tout ce qu’il pouvait lui apporter.

« Peut-être est-ce là ma plus grande erreur … »

Il était l’un des seuls qui avait finir par apprécier la compagnie d’Elaëlin et qui ne la craignait plus. Pendant leurs temps libres, ils se rejoignaient souvent sur le belvédère pour parler pendant des heures de tout et de rien. La jeune elfe apprit auprès de lui tous les mots en commun qu’on avait omis dans son apprentissage, et beaucoup d’autres choses inutiles mais amusantes, et surtout, elle apprit à devenir un peu moins sensible.

Avoir un ami, même s’il était un peu étrange, la fit changer énormément. Son petit cœur fragile s’allégea quelque peu et elle perdit cet air triste et mélancolique qu’elle arborait étant plus petite. Elle souriait et riait à longueur de temps.

Alkem rêvait de quitter cette ville qu’il avait en horreur ; il la trouvait belle, mais elle était pour lui une prison dorée. Il allait souvent traîner dans les tavernes écouter les marins qui revenaient d’un long périple et se faisait raconter comment était le reste du monde. Il rêvait, comme tous les jeunes humains avait-elle appris, d’être un jour à la tête de ce grand royaume dont ils faisaient partie.

Sa colère ne l’avait pas vraiment quitté, mais la jeune elfe avait peu à peu remarqué qu’elle était devenue incapable de la sentir, ou même de sentir quoi que ce soit venant du jeune homme qu’il était devenu. À cette inquiétude, il répondait toujours que cela signifiait que sa colère était passée. Mais Elaëlin ne put se résoudre à le croire, quelque chose clochait.

Après avoir partagé leurs rêves, leurs craintes, leurs opinions et leurs savoirs respectifs pendant plus de huit ans, Alkem disparut. Il ne laissa à son amie elfique qu’un lettre disant qu’il partait à la découverte du monde, pour devenir plus fort, maintenant qu’il était officiellement un adulte. Les jours qui avaient précédé son départ, Elaëlin avait compris que quelque chose se tramait ; Alkem était surexcité et quelques petits détails dans son discours lui avaient fait peur. Elle avait un moment cru qu’il s’était détourné de la Lumière … mais il était simplement parti à l’aventure.


« Et sa présence m’a manqué. Que n’avais-je déjà remarqué que je me fourvoyais sur lui ? Oui, pourquoi donc n’avais-je pas écouté cette voix qui me susurrait qu’il était dangereux ? »

Mais le souvenir des moments passés avec lui restait imprégné dans la mémoire de la jeune elfe esseulée. Son seul ami parti, il ne lui restait personne, et la mélancolie fit sa réapparition sur son joli visage. Jusqu’à ce fameux jour où plus de dix ans plus tard, elle l’avait revu.

Ce jour maudit où elle avait recroisé cet homme damné.

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Re: [bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » mar. 25 octobre 2011 à 15h29

    • - Il semblerait que le jeune Alkem soit revenu à Heine, lança Lineawen en rentrant à la maison.

      - C’est vrai Mère ? Demanda Elaëlin, incrédule.

      - Tu es pourtant capable de savoir si je mens ou non, Ely …
    Oui, elle le sentait. Sa mère disait la vérité, mais elle était aussi très inquiète. Et la jeune elfe aux yeux bleus ne parvenait pas à savoir pourquoi. Elle ne comprenait pas.
    • - Après tout ce temps, que vient-il faire ici ? Il doit être dans la fleur de l’âge à présent, ajouta Elaëlin, perplexe.

      - Il est devenu très puissant et s’est forgé une réputation, Ely. Il est normal que tu n’en aies pas entendu parler. Mais chez les jeunes filles de la ville, c’est l’effervescence : le beau et célèbre Alkem est arrivé en ville. Tâche de ne pas trop t’approcher de lui, Ely, c’est un vrai coureur de jupons.
    La jeune elfe soutint le regard de sa mère, mal à l’aise à cause de l’inquiétude qui lui parvenait, et le ton froid que sa mère avait employé. Elle comprenait que sa mère craigne qu’elle ne tombe dans ses filets. Depuis le jour où il était parti au moment présent, elle avait beaucoup changé.

    Elle avait incroyablement grandi, passant du stade de fillette à la bouille d’ange au stade de la jeune adulte rayonnante de beauté. Ses longs cheveux blanchâtres lui tombaient jusqu’à la taille, et ses vêtements simples mais élégants attiraient le regard sur une silhouette féminine et harmonieuse. Son visage faux traits fins et doux et où perçaient deux yeux d’un bleu perçant attirait lui aussi le regard.
    Pour une elfe, elle était jolie, mais aux yeux des Humains, les femmes de son peuple semblaient dotées d’une beauté quasi divine. Et cela suffisait souvent pour qu’ils tombent en admiration devant elles. Voilà ce que craignait sa mère : qu’un coureur de jupon qu’elle connaissait tente de la conquérir.

    Mais il y avait aussi autre chose qui la chagrinait et cela, elle ne parvenait pas à le deviner. Mais elle sentit que son père savait de quoi Lineawen parlait. Il restait silencieux et mangeait les yeux baissés sur son assiette. Elaëlin savait que sa journée avait été épuisante, mais cela n’expliquait pas tout. Au lieu de la dissuader d’aller voir ce qui se tramait en ville, tous ces mystères attisèrent sa curiosité.

    Le repas se finit en silence et tout le monde alla se coucher. Un sentiment de trouble plana sur la maison isolée ce soir là, et la jeune elfe tenta de faire abstraction des murmures incessants qui lui parvenaient de la chambre de ses parents. Savoir Alkem en ville les avait apparemment secoués.

    Le lendemain, dans la matinée, Elaëlin se rendit à Heine. Elle constata effectivement que quelque chose clochait. Beaucoup de monde était réuni autour de la fontaine qui trônait en plein milieu de la ville, sur la place centrale. Une agitation où se mêlait admiration, ruse, envie, séduction, prudence, et quelque chose d’incroyablement malsain que la jeune femme ne put identifier.
    Rebutée par cet étrange sentiment qu’elle ne connaissait pas, elle dédaigna les escaliers qui descendaient vers la fontaine et resta en hauteur. Cela lui permit aussi d’avoir une vue dégagée de la situation. Les Gardes qui surveillaient la place étaient tendus, elle ne comprenait pas pourquoi. L’attroupement de jeunes femmes en pâmoison devant un unique humain ne devait pas être si dangereux que ça.

    Elle s’accouda à la rambarde en métal forgé et ouvragé et laissa son regard bleu perçant survoler la foule. Elle reconnut nombre de jeunes femmes elfiques ou humaines avec qui elle aurait pu être amie, mais qui avait encore une fois trop peur d’elle pour l’approcher plus que quelques minutes. Des femmes un peu plus âgées étaient là aussi. Et toutes cherchaient l’attention de l’humain qui souriait en discutant avec certaines d’entre elles.
    Il n’avait que peu changé. Seul le temps qui se lisait maintenant sur son visage était inhabituel. Il devait à présent avoir presque 40 ans, mais il en paraissait beaucoup moins. Elaëlin fronça les sourcils et ne put détacher ses yeux de lui lorsqu’elle remarqua que le sentiment qu’elle ressentait et qui lui donnait la nausée émanait de lui. Comment pouvaient-elles seulement le regarder alors que son âme était plus noire que les Abysses ? La jeune elfe comprit alors ce que craignaient ses parents. Il avait sombré.

    Au moment où elle parvint à cette conclusion, il releva les yeux vers elle. Elle soutint son regard quelques secondes, sans même esquisser un sourire. Sur ses lèvres fines, un sourire inquiétant fit son apparition et donna à Elaëlin des frissons désagréables. Lorsqu’elle le vit fendre la foule de ses admiratrices pour aller dans sa direction, elle détourna les yeux et partit vers la petite crique qu'eux seuls connaissaient. S’il voulait vraiment lui parler, il saurait où la trouver. Mais elle n’était plus si sûre de le vouloir …

    • - Tu as beaucoup changé, énonça-t-elle sans même le regarder, lorsqu’elle le sentit arriver. Qu’est-ce que tu es venu faire ici, Kem ?
    Sur ces mots, elle se retourna et se trouva face à face avec celui qu’elle avait aperçu dans la foule. À l’exception près qu’il ne se cachait plus derrière un masque de fausse modestie : il était enfin lui-même, et la jeune empathique ne pouvait rien sentir provenant de lui. Elle était aveugle, mais pas encore assez pour ne pas remarquer ce qu’il était devenu. Un serviteur du Mal et du Chaos.
    • - Je suis venu te chercher, Ely, répondit-il simplement. J’ai besoin de toi.
    Sa voix était douce et mature. Mais ce dédain qu’il avait toujours ressenti pour tout le monde apparaissait aujourd’hui clairement lorsqu’il parlait. En disant ces mots, il lui avait pris la main et la serrait maintenant doucement.
    • - Je ne crois pas que je puisse t’aider.

      - Oh mais si, c’est bien là le hic. Tu es la seule qui puisse m’aider.

      - Je ne vois pas en quoi, Kem. Tu m’a laissée en arrière pendant des années, et tu reviens pour me dire que je suis celle qu’il te faut ?
    Il semblait plein d’espoir … Comme ce sentiment lui allait mal et sonnait faux …
    • - J’ai du mal à te croire, comprends-moi.

      - Tu es protégée des Dieux, Ely, voilà en quoi tu peux m’aider. Tu as reçu un don. Et je te demande de m’aider en mettant à profit ce don.

      - C’est tout ce que je suis à tes yeux donc. Un pouvoir qu’on utilise, fit-elle froidement en retirant sa main.
    Son contact lui donnait la chair de poule, comme si sa noirceur tentait d’attaquer sa peau par le biais de la sienne.
    • - Bien sûr que non, Ely. Tu as changé aussi, tu es devenu belle et forte. Tu as été mon amie pendant longtemps, mais je te trouve toujours aussi désirable, finit-il en murmurant, avec un sourire qui ne présageait rien de bon.

      - Cela ne me convaincra pas plus que le reste, Kem. Je ne connais rien de tes projets, je ne puis accepter sans y réfléchir sérieusement.
    Il fallait changer de sujet, et vite, où il allait se mettre à lui faire des avances. Lui faire expliquer ses projet aiderait en plus la jeune elfe à mieux comprendre à quoi elle pourrait bien lui servir.
    • - Toutes celles que tu as aperçues là-bas m’auraient déjà donné leur assentiment rien qu’avec ces mots, fit-il avec un sourire satisfait, avant de continuer. Cela prouve bien que j’ai fait le bon choix.

      - Quel choix ?

      - Passons, coupa-t-il. Je vais donc t’exposer mes projets, et pourquoi j’ai besoin de ton aide. Comme tu as pu le voir, je suis devenu assez célèbre et ma vie est menacée. Je ne suis pas loin d’accéder aux hautes sphères du pouvoir dans le royaume, et beaucoup me jalousent.

      - Et donc ?

      - Et donc laisse-moi finir Ely, fit-il en riant de bon cœur. Tu es ma seule véritable amie, la seule à qui je peux me fier. Ta compagnie m’a beaucoup manqué pendant ces années loin de toi. Et tu es vraiment devenue une magnifique jeune femme. De plus, avec ton don, tu peux sentir sans le moindre effort si quelqu’un avec de mauvaises intentions à mon égard s’approche. Je serai en sécurité. Tu comprends mieux ?
    Elle acquiesça à peine. Il mentait. Alors, oui, à son contact il avait appris à contenir ses sentiments pour se protéger, mais cela ne le rendait que plus suspect. Pourquoi avait-il besoin de cacher ce qu’il était ? Et même, cela ne suffisait pas : Elaëlin pouvait sentir à des kilomètres qu’il mentait sans aucuns scrupules à celle qu’il appelait sa seule amie. Toute leur relation n’avait-elle donc été qu’un immense mensonge ? Elle ne lui ferait plus confiance une seule minute, il avait été séduit puis corrompu par le mal.
    • - Tu me vois désolée de répéter ce que je t’ai déjà dit. Je ne suis pas convaincue. Tu me demandes de partir avec quelqu’un que je n’ai pas vu depuis des années, et qui a énormément changé, appuya-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Comment puis-je faire confiance à quelqu’un qui s’est vendu au Chaos ? Tu n’es plus le jeune garçon que j’ai connu. Tu n’est plus qu’un seviteur du mal.
    A ces mots, l’expression calme et avenante qu’il arborait jusque là se fracassa. Le masque tomba en révélant le vrai visage d’Alkem : une fureur incommensurable. Il venait de se faire percer à jour, et se voir refuser quelque chose de la part d’une femme. Cela ne lui arrivait apparemment pas souvent. La jeune elfe prit peur de ce visage à la beauté tordue par la haine ; elle le salua vaguement et s’avança pour partir. Mais la voix doucereuse et venimeuse d’Alkem parvint à ses oreilles et la fit se retourner.
    • - Tu me vois contrarié d’apprendre que tu refuses ma proposition. Tu aurais pourtant été traitée comme une reine … ce que beaucoup d’autres que toi auraient accepté sans hésitation.

      - J’ai une vie ici, Alkem. Et je ne la jetterai pas au visage de mes parents pour devenir la reine d’un être perverti par l’obscurité. Regarde-toi ! Tu es …
    Elle s’arrêta net. Deux bras décharnés et inhumains venaient de l’emprisonner avec une force inouïe. Elle ne pouvait plus bouger. Le sourire narquois sur les lèvres d’Alkem s’étira au maximum alors qu’il s’approchait. Il venait d'invoquer une Ombre pour la retenir. Elle aurait dû être plus prudente.
    • - J’aime toujours autant cet endroit, personne ne peut nous y surprendre …

      - Je peux savoir ce que tu comptes faire, Alkem ? Demanda la jeune prisonnière en tentant de rester calme.

      - Simplement employer des arguments de choc puisque les autres n’ont pas marché.
    Il ricana et s’arrêta juste devant elle.
    • - Je ne pensais vraiment pas devoir en arriver là, Ely. Mais tu seras à mes côtés, que tu le veuilles ou non.
    Il la fit se taire du geste alors qu’elle allait protester, pas plus déstabilisé que cela devant le regard glacé de sa prisonnière.
    • - Ecoute-moi jusqu’au bout, et sans protester, ou il t’en cuira. Et je ne plaisante pas, fit-il froidement. Tu n’auras la permission de parler que lorsque je te la donnerai. Pas avant.
    Elle ne répondit pas, se refermant sur elle-même en sentant monter la fureur.
    • - Bien, c’est très bien, susurra-t-il comme s’il parlait à une enfant de trois ans. Qu’est-ce qui te retient ici, Ely ? Des amis ?
    Il rit. Elle commença à accumuler sa force magique et à glisser petit à petit les doigts vers le manche don son épée.
    • - Nous savons toi et moi que tu n’en as pas. Et nous savons aussi pourquoi. Alors serait-ce tes parents ? Ce problème est aisément réglable.

      - Tu n’oserais pas f…

      - Tu n’as pas reçu le droit de parler ! Vociféra-t-il en lui assénant une gifle puissante. L’obéissance est une vertu au cas où personne ne te l’aurait enseigné !
    Elaëlin accusa le coup, tentant d’oublier ce goût de sang dans sa bouche, pour relever fièrement le regard vers lui. Il se contenta de sourire d’un air sadique.
    • - J’ai beaucoup de projets pour toi. Si tu promets d’être docile, j’ordonne à mon ombre de te relâcher.

      - Je serai sage …, lâcha-t-elle froidement.

      - Très bien, ma chère.
    Il lui sourit en lui effleurant la peau du cou de ses doigts. L’Ombre la relâcha et disparut. Elaëlin recula légèrement, ce qui provoqua un regard désolé de la part d’Alkem.
    • - Vois comme je te fais confiance, je l’ai rappelée. Maintenant parlons affaires.


    Il posa ses deux mains sur les bras fins de la jeune elfe, et la tira vers lui. Elle se laissa docilement faire, ou presque, pour qu’il baisse sa garde. Son masque d’impassibilité ne la quitterait de toute façon pas un seul instant.
    • - Tu as un don très utile Ely, je t’ai déjà expliqué pourquoi, continua-t-il en laissant ses doigts courir le long des bras fuselés de la jeune elfe. Maintenant je peux te simplifier la tâche pour quitter cette vie. Avec plusieurs amis puissants, nous sommes capables de lancer un sort d’oubli sur un certain nombre de personnes pour effacer une unique chose. Cette chose, ça sera toi.
    Elle fronça les sourcils, comprenant petit à petit où il voulait en venir, et tentait d’oublier les caresses de plus en plus sensuelles qu’il lui faisait. Mais il ne fallait pas qu’elle bouge. Pas encore.
    • - Si tu acceptes de venir avec moi, je supprimerais simplement ton existence du souvenir des gens. Si tu refuses, ayant pris connaissance de mes projets, je serai obligé de te supprimer. Soit en t’emmenant avec moi pour mon amusement personnel, continua-t-il avec un sourire narquois alors que sa main venait frôler la taille d’Elaëlin, soit en te supprimant purement et simplement avec tes parents pour me défouler.

      - C’est un marché ignoble, lâcha-t-elle en se détournant de lui et en reculant de quelques pas.
    Elle était tournée comme il fallait pour qu’il ne voie pas ses doigts fins se refermer sur le manche de l’épée qu’elle portait au côté. Alkem la répugnait, et son marché encore plus.
    • - Voyons Ely, réfléchis un peu. Tu y gagnes beaucoup de choses en acceptant. Et il me semblait t’avoir entendue dire que tu serais obéissante ? Reviens là.
    Elle tourna à peine le regard vers lui pour le voir pointer quelque chose à ses pieds. Elle se contenta de le fixer froidement, ignorant son ordre. Elle n’était pas un petit chien !
    • - Ely, ma petite chérie … ? Répéta Alkem en haussant un sourcil. Ce n’est pas très intelligent de ne pas m'obéir …
    Elle ne répondit pas non plus, restant insensible au sobriquet dont il l'affublait maintenant, se contentant de le regarder avancer pas par pas. "Ma petite chérie", et puis quoi encore ? Encore un ou deux, et il serait à portée. Elle resta immobile et se prépara à frapper.
    • - Allons allons, me serais-je trompé en te pensant plus intelligente que cela ? Demanda-t-il d’un ton désolée avant de reprendre en lui aboyant l’ordre cette fois. Viens ici, Ely ! Obéis à ton nouveau maître !

      - Je n’ai pas l’habitude d’obéir à des ordures comme toi ! Lâcha-t-elle en dégainant sa lame.
    Le fil de l’épée, dégainée très près de lui, traça un long et profond sillon dans ses vêtements et sa peau, arrachant au nécromancien un cri inhumain de douleur. Elaëlin le regarda tomber à genoux, puis lui lança froidement et sèchement:
    • - J'ai tenu mes promesses, j'ai écouté la voix de la sagesse. Tu peux prendre ça pour un non.
    Elle fit volte face avant qu’il ait pu reprendre ses esprits et courut jusqu’à la ville pour ne pas risquer d’être capturée par les Ombres d’Alkem. Elle courut, courut sans s’arrêter, jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Elle se laissa tomber à terre pour reprendre son souffle avant de reprendre sa course vers sa maison. Il fallait qu’elle prévienne ses parents, ou sinon ... ils seraient tués.

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Re: [bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » mar. 25 octobre 2011 à 15h53

Enfin !
Ce furent les oiseaux qui la réveillèrent. Ouvrant à demi les yeux, elle découvrit un paysage familier ; sa chambre où se trouvaient encore toutes ses affaires. Tout était sans dessus-dessous comme tout le reste, mais le lit était resté en assez bon état pour qu'elle puisse y être couchée. Celawyn ? Elle n'en vit trace nulle part, et la maison était silencieuse. Seul le vent chantait dans les landes qui entouraient la maison.
Elle se souvint alors de la veille, horrifiée. Il était forcément parti après tout ce qui s'était passé. Des larmes salées se remirent à couler sans bruit. Elle connaissait enfin la vérité, elle connaissait enfin la raison de leur mort. Le simple fait d’exister les avait mis en danger, et ils étaient mort pour ça ; son père, sa mère, et l’enfant à venir. A cause d'elle.

Elle venait enfin de comprendre ce que sa situation avait impliqué, à l'époque. Alkem n’avait jamais eu l’intention de lui laisser le choix. Il aurait tué ses parents, quoi qu’il arriverait. Qu’elle accepte ou qu’elle refuse, il les aurait tués, et il aurait supprimé son existence de la surface du Monde. Pour être sûr qu’elle soit à lui. Mais tout ne s’était pas passé comme il l’avait espéré ... Son père avait réussi l’improbable pour défendre sa famille : tuer deux sombres expérimentés. Si ses parents étaient morts comme Alkem le voulait, elle, la petite rescapée, n’avait pas pu être ramenée à ses côtés, faute de sbires en bonne forme. Qui plus est, elle avait erré longtemps et oublié jusqu’à son passé avant de tomber au sol. À cause même de son sort d’oubli, Alkem avait perdu sa trace. Et si tout s’était bien passé, en ce jour, il devrait être mort. De vieillesse ou pas, peu lui importait. Mais elle devait savoir ... pour être sûre de pouvoir vivre sans crainte de le recroiser.

Elle resta longuement allongée, les yeux fixés sur le plafond ouvragé, tout à sa tristesse et à sa culpabilité. Mais elle ne pourrait rester éternellement dans cette maison, qui était devenue une tombe. Alors elle rassembla son courage, et sécha ses larmes. Lorsqu’elle se leva, elle remarqua que Celawyn lui avait laissé ses affaires avant de partir. La robe blanche qu’elle portait avait souffert des évènements de la veille. Elle était déchirée, abimée, tâchée. Elle se changea, les larmes roulant sur ses joues à cause de la douleur qu’elle ressentait encore. Elle enfila une tenue plus pratique pour des pérégrinations dans les landes - une tunique en soie elfique, un pantalon et des chausses - l'esprit vide. Elle ne pourrait pas effacer immédiatement ce malheur et cette culpabilité gênante qu’elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver.
Et Celawyn qui était parti ... lui aussi devait probablement la détester autant qu'elle se détestait elle-même. Après tout, c'était de sa faute, et il avait pu le constater. Les larmes lui revinrent subitement aux yeux. Il ne fallait pas qu’elle reste seule ou elle deviendrait folle. Giran, il fallait qu’elle retourne à Giran. Elle n’avait pas la force de rester seule …

Elle se dépêcha de se changer, emporta chaque chose utile et encore intacte qu’elle pouvait prendre, et sortit de sa chambre. Sur le pas de la porte, elle se retourna un instant, et caressa du bout des doigts les petites gravures végétales qui se trouvaient sur le chambranle. Elle reviendrait ici, quand tout serait enfin terminé. Oui, à la fin, elle reviendrait chez elle …

Soudain, une ombre noire détala derrière elle, s’enfonçant dans le couloir qui allait vers la porte d’entrée. Rhyma sécha à nouveau ses larmes et avança à pas prudents ; des bruits de pas très légers se faisaient entendre par dizaines. Des bruits de pattes plutôt. Elle avança doucement dans le couloir, aussi légère qu’une plume. Une autre ombre se faufila rapidement jusqu’à ses pieds ; elle s’arrêta net.
Un chaton blanc crachait devant elle, à ses pieds. Elle remarqua ses frères et sœurs, lovés contre leur mère sur le lit de ses parents. Un faible sourire étira ses lèvres craquelées. En attendant, la maison ne serait pas vide …

Elle caressa le dos du chaton qui cherchait à protéger sa famille et se détourna, s’avançant vers la porte. Lorsqu’elle l’entendit miauler et lui courir après, un rire s’échappa de ses lèvres à sa grande surprise. Portant la main à sa gorge, elle la massa doucement ; elle avait oublié que parler était si difficile … Elle oublié comment parler depuis si longtemps qu’elle ne savait même pas pourquoi cela venait de lui revenir … Mais elle était enfin sûre de son identité. Avec ses souvenirs, sa voix lui était revenue. Elle était Elaëlin, la fille d’une prêtresse d’Eva et d’une Sentinelle.
C'est alors qu'un cri mélodieux se fit entendre dans les airs. Retournant dans la cour intérieure, la jeune elfe leva les yeux vers le ciel à peine tacheté de nuages. Syras survolait la maison, et se préparait à atterrir. Il se posa sur le perchoir destiné autrefois à Elenna, et poussa à nouveau son cri aérien, secouant ses ailes pour les délier. Si Syras était là, alors ... Elle fit volte face et courut vers la porte, qu'elle ouvrit à la volée avant de sortir en trombe dans le jardin. Et là, au milieu d'un bosquet d'arbre où s'étaient étendues les fleurs de sa mère, Rhyma le vit. Agenouillé au pied de quatre tombes fraichement créées, il priait.

Ses affaires lui tombèrent des mains alors qu'elle tentait de s'empêcher de pleurer à nouveau, une main sur ses lèvres. Il était resté. Il avait enterré sa famille. Il avait enterré les assassins. Il avait veillé sur elle. Il était resté. Elle ne put retenir le soulagement et la gratitude immense qu'elle éprouvait. Il se retourna vers elle, souriant, puis s'approcha. De ses lèvres, passèrent un unique mot.

  • - Merci ...
    - Même si cela est douloureux, tu es ... enfin entière, Rhyma. Enfin.
Il l'embrassa sur le front, puis la serra contre lui. Ils restèrent un moment, là, jusqu'à ce qu'elle se calme. Alors seulement il la lâcha pour aller prendre son sac, siffler Syras, puis lui tendre la main.
  • - Viens ... Partons.
À son retour, ils seraient probablement encore là, à l’attendre … Sa famille serait désormais toujours là, dans chaque plante, dans chaque sifflement d’oiseau, dans la musique du vent et de l’eau … Et ils reposaient en paix, dans les bras de la Terre Mère, grâce à Celawyn. Pour l’éternité …

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Re: [bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » mar. 25 octobre 2011 à 16h35

Message
Quelques semaines passèrent, et elle se remettait doucement, grâce aux bons soins de ses parents adoptifs. Isabellin et Bandellos l’avaient accueillie à bras ouvert dans leur petit logement adjacent à la cathédrale, promettant à Celawyn qu'ils la lui rendraient en pleine forme. Peu après, il était parti en mission. Une longue mission. Trop longue, à son goût.
Rhyma observait les préparatifs de la foire qui se déroulerait dans la journée, depuis la fenêtre de sa chambre. En ce jour un peu extraordinaire, elle pourrait faire quelques pas en ville, et même quelques achats si le cœur lui en disait. Elle avait énormément changé ces derniers jours : chétive et épuisée lorsqu’elle était arrivée, elle avait repris des couleurs et paraissait avoir repris du poids. La peur avait disparu de ses yeux bleu glace, et une détermination mêlée de résignation l’avait remplacée. La tristesse, elle, comme si elle faisait partie intégrante de son être, n’avait pas quitté la jeune Rhyma. Elle ne pouvait s’en défaire, mais avait réussi à la diminuer pour un temps. Grâce à sa famille, et à ceux pour qui elle comptait.

Elle n’avait encore rien raconté à quiconque, malgré l’insistance et l’inquiétude d’Isabellin. Mais elle n’y était pas arrivée. Chaque fois qu’elle repensait à ce qu’elle avait fait, sa gorge se serrait et les larmes se remettaient à couler. En tout cas, c’était le cas quelques jours auparavant. Isabellin avait renoncé à la forcer à tout raconter, préférant attendre qu’elle soit prête plutôt que de lui faire du mal ainsi. À présent, Rhyma se sentait un peu plus forte …

Elle enfila donc une longue cape par-dessus sa robe bleu pâle et sortit sur la place. Les visiteurs affluaient déjà vers les boutiques. Marcher à l’air frais lui ferait du bien. Elle laissa son regard traîner sur les différentes échoppes ; des capsuleries, des armureries, des épiceries, des petites cafétérias où l’on pouvait prendre une petite pause, et même des boutiques vendant des tenues. La vendeuse était une humaine, mais quelques morceaux de tissus dépassant d’un présentoir où étaient pendus les vêtements attirèrent son attention.

Une drôle de sensation, comme lorsqu’on vous observe, lui donna un frisson étrange dans le cou, mais elle n’y fit pas plus attention que ça. Elle avait remarqué que plusieurs personnes l’avaient suivie du regard alors qu’elle passait dans les allées. Pour quelle raison, elle ne savait pas, et les hypothèses plausibles étaient trop nombreuses. À cause de son origine elfique, à cause de ses yeux à la couleur étrange, à cause de sa maigreur, à cause de l’expression qu’elle arborait …
Qu’importe. Elle les ignora, et reprit sa marche.

L'air frais lui fit effectivement du bien. Mais la foule, et surtout le brouhaha qu'elle générait, la fatiguèrent pourtant rapidement. Elle se prit à rêver du calme de Cefedellen, et du calme émotionnel que lui apporterait l'Arbre-Mère. Et puis elle se décida, sans même en informer ses protecteurs. La Passeuse l'amena tout droit jusqu'à la Cité Flottante, où un silence naturel l'accueillit, lui arrachant un sourire de soulagement. Il n'y avait plus que le bruit de l'eau, du vent dans les arbres, et des oiseaux. Elle se sentit mieux, même si cette soudaine sérénité était du fait de l'Arbre-Mère du village.

Et puis elle se dirigea vers l'extérieur, vers l'Originel, si majestueux ; espérant dans un coin de son esprit qu'elle y retrouverait la silhouette connue d'une certaine sentinelle. Assise sur l'une des grande racines, tout contre le tronc, elle ferma les yeux et s'abandonna à l'écoute du flux de magie qui parcourait l'arbre. Elle ne se sentit même pas s'endormir.


(...)

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, tout ce dont elle pouvait se souvenir était flou, et pourtant si clair. Elle revoyait encore cette main tendue vers elle, appelant à l'aide, et cette détresse que la jeune empathe avait pu sentir. Eva l'avait contactée pour lui transmettre un message. La Douce leur offrait le pouvoir de protéger les siens, et il faudrait le trouver, tout en faisant fi des obstacles qui se dresseraient sur leur route. Un test pour leur foi, peut-être ? Il lui faudrait réunir les siens rapidement, car si Eva se donnait la peine de prévenir les Elfes, alors c'était que le sujet était grave.

La jeune elfe se redressa et descendit de l'Arbre pour remonter au village.
Heine. Encore et toujours Heine. Il était temps pour elle d'y retourner.

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Re: [bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » dim. 28 avril 2013 à 00h48

Silence
Mellon Wen Eowyn,
Je vous écris en ce jour suite à la proposition que vous m'aviez faite, et ceci à plusieurs reprises. Je désirerais vous rencontrer, quand vous serez libre, pour que nous puissions voir ce qui peut être fait pour ma voix. Est-ce que cela est toujours possible ?

Je reste bien évidemment à votre disposition, vous laissant choisir date et lieu pour notre rencontre éventuelle.

Meneg Suilaid.
Elaëlin Londälen [ image externe ]
Bonjour Elaëlin,

Il m'est agréable de vous aider, ainsi que je vous l'avais proposé.
Aussi, vous me trouverez à mon cabinet à Cefedellen, comme à mon habitude.
Afin de pouvoir vous examiner en toute quiétude, je vous propose de vous rencontrer au crépuscule, heure à laquelle j'ai fini mes visites à domicile ainsi qu'à mon cabinet.

En vous souhaitant une agréable journée.

Eowyn.
Les heures préfèrent le silence pour fuir.
Cela faisait déjà plus d'une semaine qu'elle se tenait à l'écart de toute civilisation, ne sortant que pour se rendre auprès de Galadh Nenith, l'Arbre-Mère. La neige n'avait pas tardé à venir, sitôt que l'hiver avait montré son nez, et la douce ambiance feutrée que créait invariablement ces flocons blancs en tombant ne l'aidait que plus. On rechignait à élever la voix, rien qu'en observant le calme apparent des lacs et de la forêt. Même les plus sombres rumeurs semblaient être soumises au silence par la force des choses, faisant un instant le vide dans tous ces mauvais présages. Et pourtant, ces murmurent polluaient son esprit fatigué.
Elle ne recevait que peu de nouvelles des sentinelles, qui étaient affectées à la surveillance des frontières. L'on parlait de fontaines de sang qui rendraient aussi fou que puissant celui qui le boirait. Heureusement, la pluie sanguine et la brume épargnaient encore Cefedellen, les soustrayant à l'influence malsaine de ces manifestations inquiétantes, grâce à la larme de Tinnallë. Une voix, à la lisière de sa conscience, ne cessait de lui répéter que tout cela était inéluctable, que le dôme serait rongé de l'extérieur par la brume et dissous par la pluie ; que les murmures parlant de son retour se vérifieraient, et que rien ne pouvait être fait contre cela. Et Elaëlin souffrait en silence en espérant le retour tant attendu des sentinelles, tout en sachant que les montres qui rôdaient dans les plaines et les montagnes étaient fatals et déchaînés. Elle contenait du mieux qu'elle pouvait son inquiétude et cette voix si froide et si cynique.

Eowyn lui avait donné un remède, pour sa gorge, espérant que cela l'aiderait à guérir de cette maladie inconnue. Mais tout était encore trop récent. Cela dit, elle suivait la prescription avec une obéissance qui serait sûrement tout à son honneur, si jamais ledit remède pouvait en effet alléger son fardeau. La gêne qu'elle pouvait sentir dans sa gorge diminuait de jour en jour, mais rien n'était encore gagné. Cela dit, avec les semaines, tout s'arrangerait. Si on lui en laissait le temps. Si le monde n'arrivait pas à sa fin avant qu'elle ne puisse vivre, vraiment.
Avec un soupir, tu t'es détourné.
Pour un coeur comme le mien, nul besoin de mots.
Tu trouveras sûrement que le monde a changé :
Les arbres passent du vert à l'or, et le soleil faiblit.
J'aurais aimé pouvoir te garder près de moi ...
Imagehttp://forum.vae-soli.fr/upload/0b77f3e41f.jpg[/img2]Elle était assise dans le jardin. Ou plutôt ce que les humains auraient appelé jardin, mais qui était en réalité une nature pure et sauvage, un chaos savamment ordonné. Jamais telle association de fleurs et de plantes n'aurait pu paraître "belle" aux yeux d'un humain, mais elle pouvait déceler la beauté de la nature telle qu'elle avait été à l'aube des temps ; libre, et sublimée par le moindre rayon de soleil, les gouttes de pluie, ou des rayons de lune. Et pourtant, à cet instant, elle ne parvenait pas à apprécier le parfum des fleurs qui embaumaient l'endroit, ni même leur couleur. Comme si elle était soudainement devenue insensible aux choses de ce monde, ou comme si celui-ci était soudainement devenu fade, sans saveur.
Ses yeux de glace, cernés et légèrement rougis, observaient sans vraiment le voir les ombres des feuillages des arbres, qui marquaient le temps qui passait sur les murs de la maison. De forme circulaire, flanqué de trois ailes d'habitation, la maison était construite dans un style caractéristique de la région des terres elfiques où elle avait été construite, vestiges du temps d'avant la Scission.

Elaëlin passait ses journées à s'entrainer dans la Forêt Elfique, profitant du calme pour augmenter encore sa maîtrise silencieuse du Chant. La fatigue occasionnée par ces séances et les exercices vocaux qu'elle s'imposait pour retrouver sa voix rendait ses nuits très agitées et elle perdait en santé ; elle voulait tellement progresser que la jeune elfe occultait cependant volontairement ce désagrément.
Celawyn avait été envoyé dans une longue mission de reconnaissance, et ne pourrait rentrer que lorsque celle-ci serait terminée. Elle avait cependant reçu l'autorisation de rendre visite à ses parents autant de fois qu'elle le désirerait, car ils savaient qu'elle n'avait plus de famille. Au début, cela lui avait donné le réconfort nécessaire à pallier l'absence du seul ami qui lui restait. Mais plus aujourd'hui. Le calme et la sérénité que cet elfe apportait n'étaient comparables à aucun autre pour l'instant.

Et pourtant, dans son regard, une pointe de colère dormait, sous un détachement plus qu'apparent. Un soupir passa ses lèvres, alors que la fraicheur du soir la faisait fermer les yeux, pour profiter des derniers sons et des dernières odeurs du jour. Ses mains reposaient sur ses genoux, refermées sur une flèche en argent, ciselée avec soin.
D'un mouvement fluide et mesuré, Elaëlin se releva, et se dirigea vers les escaliers qui menaient à l'arrière du manoir. Alors qu'elle posait le pied sur la première marche, un long sifflement mélodieux se fit entendre, caractéristique du faucon. Elle fit une halte, durant quelques secondes, puis rentra sans se retourner. Trop de larmes avaient coulé quand elle avait espéré. Le temps avait passé.

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Re: [bgelfe] Rhyma

Message par Meliäa » jeu. 2 mai 2013 à 20h13

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