[bgsombre] Eilistraee

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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[bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » lun. 1 décembre 2008 à 22h53

Prénom: Eilistraee

Age: 77 ans

Sexe: Féminin

Race: Elfe sombre

Classe: Danselame.

Croyances: Croit en l'existence des Dieux. A renié Shilen.

Langues parlées: Sombre, Commun, quelques bases de l'elfique.

Caractère et moralité: Avenante avec tous. Elle n'a toutefois pas complètement renié ses origines sombres, et considère que la meilleure manière de parvenir à ses fins reste encore de se battre pour obtenir ce que l'on désire. Elle n'aura aucun scrupule à évincer ceux qui se poseront en ennemis de sa cause.

Description physique: De longs cheveux blancs qui lui descendent en cascade le long du dos, ses yeux sont tels deux pierres d'obsidiennes incrustés dans sa peau d'ébène. Sa silhouette est fine et délicate. De ses mouvements aucun ne paraît superflu ou exacerbé, et son pas semble aussi léger que le vent.

Carrière envisagée: Apprendre la danse, promouvoir l'art, encourager les elfes noirs à revenir à la surface et à redécouvrir la beauté de la vie en dehors des luttes de pouvoir et de la menace constante de leurs congénères.
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Une version joliment illustrée et mise en forme est disponible en pdf ici.
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Eilistraee, la danse lunaire.

Partie première : Naissance

Je me nomme Eilistraee. Je suis une elfe sombre, et j’ai vu 75 années passer depuis ma venue au monde. Ce sombre monde…

Enfant de l’Outreterre, comme la plupart des miens, j’ai surtout été l’enfant de personne, ma mère ayant été emmenée à l’échafaud dès lors que je fus sortie de son étreinte. Je ne sais pourquoi, et ne m'en suis jamais préoccupée. Comme pour la plupart des miens, on a très vite tâché de remplacer mon innocence et mes rêves par l’esprit de nos parents, et de leurs parents avant eux : Dépassement, succès. Etre impitoyable pour être victorieuse. Souffrir pour réussir. Ne compter sur personne. Détruire ses ennemis pour ne pas être détruite la première …

Je me souviens encore de ce jour. J’avais huit ans, et tous les enfants du village priaient Shilen au temple lorsque l’instructeur de l’académie locale est entré, criant un « Garde à vous ! » tonitruant. Absorbée dans mon acte de foi, j’ai mis une demi-seconde de plus que les autres à réagir à l’ordre donné… Grave erreur, puisque cette demi-seconde a alors suffi à l’instructeur pour me donner un coup de pied qui m’envoya m’écraser contre le mur adjacent. « Rends-moi ce coup ! » m’a-t-il dit.

« Je... Je suis désolée.
- Rends-le-moi, je t’ai dit. »

J’étais une enfant sombre, et je savais très bien que si je ne lui obéissais pas, il me tuerait. Ce que je ne savais pas, c’était s’il me torturerait plus si je le faisais. Son sourire moqueur inspira en moi un découragement profond, sachant très bien que si je m’exécutais, il m’arrêterait d’un revers de main en riant de plus belle. Je me levai néanmoins, mon abdomen douloureux, mon esprit confus. Je fis trois pas rapides en avant, craignant déjà la suite des évènements, tels que je les imaginais.

Il s’en fallut de peu. Alors que sa main gantée de fer allait rencontrer mon visage, je sentis un courant salvateur emporter mon corps sur le côté, me donnant l’opportunité d’éviter l’impact, et je pus en profiter pour lancer un poing hargneux vers le maître d’armes, surpris, tellement surpris qu’il ne profita même pas de mon inexpérience pour m’asséner la vengeance haineuse à laquelle je m’attendais pourtant.

Il m’attrapa par les cheveux, ma longue tignasse immaculée, et me tira à la hauteur de son visage, me faisant grimacer.

« Quel est ton nom ?
- Eilistraee est mon nom, maître.
- Tu ne sais pas te présenter non plus ? Quel est le nom de ton père ?
- Je… Je l’ignore, maître. Je suis Eilistraee sans famille.
- Je vois. Dans ce cas et à partir de maintenant, tu seras Eilistraee de l’Académie. »

Et il me traîna hors du temple de cette manière humiliante, pour bien me faire comprendre que jamais il n’accepterait à nouveau un tel affront. Néanmoins, j’avais le potentiel d’une vraie guerrière sombre, et il était hors de question qu’il gâche ce potentiel. Aussi entrai-je dans l’Académie.

Partie deux : L’Apprentissage

Comme la plupart des enfants suffisamment forts pour ne pas être tués, et ne présentant pas assez de prédispositions aux Arts Mystiques pour être pris en charge par le temple ou l’école de magie, ma formation militaire se fit parmi les guerriers. Elle se fit d’ailleurs sans plus de heurts que cela. Bien sûr, on m’obligea à porter des armures de métal bien trop lourdes pour moi. Bien sûr, je fus frappée à de si nombreuses reprises que ma peau en est devenue aussi robuste que ces mêmes armures. Mais qui ne l’avait pas été ? On leurs avait appris à être impitoyables, et ils l’étaient avec nous. Et nous continuerions ce cycle en le transmettant à nos élèves si nous vivions assez longtemps pour cela.

Bon… Peut-être étais-je un peu plus malmenée, du fait de mon tempérament un peu distrait. Ma concentration s’étiolait parfois trop facilement et je perdais le fil dans les passes d’armes que nous apprenions par cœur. Je regardais un instant par la fenêtre en voyant une souris passer, et n’écoutait alors pas la date importante que le professeur d’Histoire venait de dispenser. Et souvent, c’était remarqué, et j’étais frappée, parfois au bâton, parfois à l’épée. Heureusement, jamais un de mes « camarades » n’a pu profiter de ces moments d’inattention pour me poignarder dans le dos… Fait courant. Mais je ne leur faisais pas confiance. Je savais que je ne pouvais pas leur faire confiance. La plupart me regardaient de haut, puisque j’étais une orpheline, et me tuer aurait été comme écraser un cancrelat : cruel, amusant.

Je pense que c’est durant ces années que j’ai vraiment commencer à détester le monde dans lequel je vivais. Plus j’avançais en âge et en maturité, plus je me rendais compte que les assassinats ne m’amusaient pas. Qu’à trop vouloir être la meilleure, l’on finissait simplement par devenir paranoïaque, obsessive et arrogante. Qu’à force de nier les sentiments, on ne finissait que par trop les ressentir jusqu’à ce qu’ils nous consument entièrement. Tous, autour de moi, consumés par la haine d’autrui…

Mais c’est au milieu de mon adolescence, tandis que mon âge approchait la quarantaine d’années, que j’ai vécu l’élément qui a réellement déclenché mon état d’esprit d’aujourd’hui. Une nuit d’hiver, très tard, j’étais encore en train de m’entraîner avec mon mentor, un templier de la déesse du nom de Kerrn. Il brûlait de colère car mon port du bouclier était jadis encore imparfait, trop bancale à son goût puisqu’il m’en désarmait presque à l’envi.

« Tu es maladroite, trop peu attentive, et tu frappes aussi fort qu’un moucheron ! Je perds mon temps avec toi ! Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te tuer maintenant !
- Maître, pardonnez-moi. C’est que je n’ai pas eu le droit de me vêtir autrement que par ces vêtements au tissu aussi fin qu’une toile d’araignée… Et je tremble de froid… Je… Je n’arrive pas à le supporter.
- Je n’ai que faire d’excuses aussi ridicules, espèce de blatte insignifiante ! Ta situation est confortable, même enviable ! Les bêtes n’ont que leur peau et ils survivent sans même se réfugier sous un toit pour dormir. D’ailleurs, dévêtis-toi.
- Mais…
- Est-ce qu’il t’a semblé que je te laissais le choix ? Alors exécute-toi sur le champ ! »

Et une fois sa phrase achevée, il plaça sa lame acérée sous ma gorge. J’étais là, grelottant, forcée à me dévêtir encore plus que je ne l’étais déjà, accentuant encore plus la morsure lancinante que me causait le froid de l’hiver, la neige commençant à tomber à gros flocons. Je sentis que sa lame s’enfonçait lentement dans ma chair, faisait perler mon sang qui semblait geler quelques secondes seulement après avoir rencontré l’air ambiant.

Je cédai. J’ôtai mes vêtements, telle une esclave, tel un animal, soumise à la volonté d’un maître à l’âme noire qui se préoccupait bien plus de son plaisir et de son pouvoir que de la manière dont je tenais mon bouclier. Ou de quoi que ce soit d’autre. C’était ainsi au sein de mon peuple…

Ensuite, il me fit me coucher sur le sol, pour me frapper et me cracher au visage. Et il laissa libre cours à sa haine envers moi. Il avait droit de vie et de mort sur moi jusqu’à que je le surpasse, et me traiter ainsi était sa manière à lui de me laisser la vie tout en me faisant regretter de ne pas souhaiter la mort.

Jamais plus mon bouclier n’a quitté ma main.

Mais il fallut longtemps avant qu’un sourire ne se dessine à nouveau sur mes lèvres.

Partie trois : L’envol

Durant ma soixante-et-onzième année, Kerrn décéda dans de mystérieuses circonstances, qui furent indépendantes de ma volonté… J’avoue cependant que j’y aurais participé volontiers si j’en avais eu l’opportunité. Ceci faisait de moi une affranchie libre à présent d’intégrer la société des elfes noirs comme j’en décidai.

Je ne pris jamais cette décision. J’avais fait mon choix : je ne voulais pas vivre parmi les miens, dans ces constantes luttes de pouvoir et cette société gangrenée par cette atmosphère de menace continue. Je voulais voir le monde, la surface. Les autres peuples. D’autres cultures, d’autres mentalités. De mes propres yeux, et non à travers le prisme déformant de l’enseignement que j’avais reçu.

Dans un premier temps, je partis donc, avec une épée pour seule compagnie, pour voir les grands espaces alentours, vierges de toute civilisation. Je découvris avec surprise des forêts où tous les arbres n’étaient pas noirs, des étendues d’eau qui ne sentaient pas la mort et dont la transparence m’étonna maintes fois. Puis je me dirigeais vers les villes humaines, Gludio, Dion ou encore GIran, emplies de ces visages différents, de ces sourires.

L’architecture me marqua beaucoup. Là où je vivais auparavant, elle était soit purement fonctionnelle, c'est-à-dire constituées d’un simple empilement de cubes grossiers pour les habitations, soit ornementale, mais uniquement pour les temples et autres édifices religieux. Tandis qu’à la surface, chaque maison, chaque hutte, chaque cabane rayonnait de couleurs et de formes incongrues, donnant une telle impression de vie…

Je fus submergée. Je découvris dans la foulée d’autres arts : la peinture, le chant. La sculpture. Le théâtre. Je m’essayai d’ailleurs à ceux-ci, mais sans succès. Je finis par croire que je n’avais en fait aucun sentiment, tous détruits, annihilés par mon éducation martiale qui interdisait l’expression. Je déprimai, abandonnant jusqu’à mon envie de poursuivre mes découvertes. Je ne m’émerveillai plus.

Jusqu’au jour où…

Honnêtement, je ne sais pas ce que c’était. Je ne sais pas qui elle était. Une ombre. Une sombre, peut-être ? C’était un soir de printemps, et je me recueillais au bord du lac Narsell, pleurant de ne point parvenir à trouver un but à ma vie. Et quelque part sur l’autre rive, je vis quelque chose s’agiter. La lune, pleine, éclairait les courbes de ce qui, de là, me semblait être un corps humanoïde, sans doute féminin. Les courbes dansaient comme des flammes, envoûtantes et délicieuses, irradiant la nuit d’une chaleur cosmique.

Je courus. Je voulais l’approcher, la voir de près, lui parler. Je devais contourner une partie du lac, et je savais qu’il me faudrait bien 10 minutes avant de parvenir jusqu’à elle. Alors tout en continuant à l’admirer, je courus dans sa direction. Et plus je m’approchais et plus je parvenais à distinguer les détails de sa silhouette enchanteresse. L’une de ses mains tenait un ruban, dont je parvenais par habitude de la nuit, à distinguer la couleur : violet, la couleur du savoir, de l’initiation. Plus étonnamment encore, son autre main était elle aussi occupée à tenir une épée. Elle brillait avec une telle noblesse que je pense aujourd’hui qu’il s’agissait d’une épée en argent. Et plus j’avançais, plus je me trouvais ensorcelée, le souffle coupé par cette expression si pure et naturelle de la Beauté.

C’est à ce moment que je trébuchai. Prise au piège dans mon enthousiasme, mon allégresse, je glissai sur une pierre et tombai au sol. A peine avais-je relevé la tête, que je ne voyais plus la silhouette d’auparavant. L’avais-je rêvée ? M’étais-je évanouie en tombant et s’était-elle en allée ? S’agissait-il d’une créature aux pouvoirs si grands qu’elle pouvait disparaître à loisir ?

Je me nomme Eilistraee. Je suis une elfe sombre, et j’ai vu 75 années passer depuis ma venue au monde. Je jure de perpétrer le rite de la danse lunaire, de célébrer la beauté et la compassion, et de délivrer le monde de la détresse.
Dernière modification par shinzero le dim. 27 février 2011 à 18h36, modifié 2 fois.
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Message par shinzero » dim. 7 décembre 2008 à 19h34

Chronique: Journal, semaine première.

Je me suis installée à Giran pour quelques jours. Mais tout compte fait, je risque de rester plus longtemps. C'est une ville très vivante, et j'y ai fait des rencontres des plus intéressantes.

Il y a d'abord eu cette elfe étrange, Dyann, qui a semblé très intriguée lorsqu'elle m'a aperçue. Et pour cause, j'étais en fait la première sombre qu'elle voyait... Nous avons pas mal discuté, de son histoire, des différences de caractère entre nos deux peuples. J'ai fait en sorte de la mettre en garde, et l'ai prévenue que tous mes frères et sœurs ne seraient pas aussi amicaux que moi. Mais elle semblait déterminée à contacter les autorités compétentes pour leur remettre quelques documents concernant son peuple, qui avait été isolé du reste du monde avant notre apparition. J'espère qu'elle sera prudente. C'est une personne que j'apprécie.

Le lendemain, nous sommes allées nous entraîner dans les marais de Cruma, en en profitant pour parler de tout, et de rien. Cela s'est très bien passé, nous formions une bonne équipe. Une archère et une guerrière... Je ne l'ai plus revue ensuite, mais il est vrai que j'ai été plutôt occupée. J'espère quand même qu'elle va bien.

Plus tard dans la semaine, ce fut une sombre que j'ai rencontré. Rencontre assez bizarre aussi, puisque la dame se nommait Eillyztraee. C'est un prénom pourtant peu répandu parmi les miens... Du moins, je crois. Sans doute nos parents se sont-ils référé à la même chose en nous nommant ainsi...

Mais je n'ai pas vraiment eu l'occasion de lui demander. Nous nous sommes rendues dans les plaines du silence, puis sur l'île des alligators pour chasser. Comme moi, elle est une guerrière. Je me demande si la comparaison va plus loin...

Et puis, nous avons croisé Methredel, un ami à elle, qui nous a rejoint quelques temps. Puis, comme il se faisait tard, nous sommes rentrés en ville, et j'en ai profité pour m"éclipser et vaquer à mes occupations.

Je suis revenue à Giran plus tard dans la soirée. J'ai de nouveau croisé Methredel. Je me suis dit qu'il serait intéressant que nous parlions plus longuement, ce que nous avons fait. De moi, de lui... Surtout de lui. Il dit être un "mage de Shilen", une appellation que je n'avais jamais entendue auparavant. Il considère en effet que ses pouvoirs lui sont en quelque sorte accordés par la déesse... Je ne sais pas trop. Je me dis que cette idée doit le fermer à un certain nombre d'autres...

En fait, nous avons eu... un différend. Il a vanté l'uniformité. La lassante, la triste, la morne uniformité. Et puis, pour plaisanter d'abord, j'imagine, il a menacé de me couper les cheveux d'un de ses sorts. A partir de là, ça a commencé à mal aller. J'ai tenté de le forcer à arrêter en le plaquant contre le mur, mais l'imbécile a trouvé malin de détruire les coutures de mes vêtements avec ses tours de magie, ce qui m'a mis très en colère.

Après, c'est un peu plus confus. Tandis que je cherchais un endroit calme pour me changer, une autre sombre, Sharlene, est venue me proposer de quoi recoudre mon vêtement. Nous en avons profité pour commencer à discuter, et puis, l'autre idiot est venu s'excuser en m'apportant une nouvelle tenue qu'il était allée chercher chez le marchand... Je l'admets, c'était bien de sa part. Il faudra que j'aille le voir pour le remercier, et accepter ses excuses.

Quant à Sharlene, et bien, elle est elle aussi une sombre très ouverte d'esprit, appréciant de partager des moments avec des individus de toute race. Nous avons discuté de cela, et d'autres choses aussi. De mon goût pour l'art, et du sien. Elle est une artiste magique, en fait. Elle a appris à canaliser l'énergie de ses sorts pour en faire autre chose que de simples instruments de destruction... C'était intéressant, et édifiant, car cela signifie qu'au fond, les mages de mon peuple ne sont pas forcément des machines de destruction "par nature"... Mais parce qu'ils le décident.

Notre entrevue a duré jusqu'à l'aube, où je l'ai quittée, le sommeil me gagnant alors. Il faudra que nous nous revoyions. Nous avons beaucoup à partager.

Je cherche toujours une personne capable de m'enseigner les danses de notre peuple... Mais j'imagine qu'il faut que je m'entraine encore à manier parfaitement l'épée pour cela. Il faudra que je fasse encore preuve de patience jusque là.
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Message par shinzero » dim. 14 décembre 2008 à 16h58

Chronique: Journal, deuxième semaine.

Il s'est passé tant de choses depuis la dernière fois que j'ai écrit... Que je ne sais pas bien par où commencer. Sans doute par le début.

*Un gribouillis dans le cahier indique que quelque chose avait été écrit ici, puis copieusement rayé.*

Tout d'abord, je n'ai pas revu Dyann. Je ne sais pas... Elle est peut-être repartie chez elle ? J'espère vraiment qu'il ne lui est rien arrivé de grave.
Enfin, après tout, cela fait à peine une semaine.

Sharlene, je l'ai revue à maintes reprises. Nous nous sommes liées d'une complicité peu commune. Mais nous partageons tellement de choses, que cela n'est même pas tellement étonnant.

Au milieu de la semaine, j'ai enfin rencontré un maître d'armes ayant accepté de m'enseigner l'art des danselames. Cela m'a rendue très heureuse... Je marchai enfin sur la voie que j'avais en vue depuis des mois. J'espère pouvoir en faire quelque chose de vraiment sublime, et être à la hauteur des buts que je m'étais jadis fixés.

Lorsqu'elle l'a appris, elle m'a offert deux superbes armes à la lame courbe, magnifiquement travaillées et parfaitement adaptées à ma prise en main. Elles étaient légères et équilibrées, et m'ont permis de progresser rapidement. Je lui en suis très reconnaissante, même si j'ignore comment lui montrer pleinement. Elle me dit qu'elle n'attend rien de plus que ce que je fais déjà, mais cela me paraît si peu...

Par ailleurs, j'ai revu Methredel, et nous nous sommes réconciliés. Puis nous avons discuté. De la mort et de ce qui venait ensuite. Du sens de la vie. Nous sommes tellement en désaccord... Mais malgré cela, je me suis attachée à lui. J'ignore pourquoi. Nos conversations sont pourtant des plus éprouvantes pour moi, émotionnellement parlant.

Ah, et ensuite il y avait cet orque, dont j'ignore le nom, qui semblait dessiner. Cela m'a intrigué, et j'ai eu envie d'aller discuter avec lui. Très vite, Methredel m'a suivie, visiblement en colère. Il refusait catégoriquement d'être dessiné. Il a ordonné à l'orque de lui montrer le dessin pour s'assurer qu'il n'y était pas représenté, menaçant de brûler les oeuvres qu'il avait réalisées s'il ne se pliait pas à ces exigences. Malgré mon insistance, il ne s'est calmé à aucun moment, demandant l'intervention de la garde...

A la fin, c'est une autre sombre du nom de Kystra qui a distrait Methredel et permis à l'orque de s'éclipser. Le mage de Shilen en a profité pour lui envoyer une boule de feu, de manière mesquine et dans le dos. Je suis partie à ce moment là. Je lui en voulais. Et lui aussi m'en voulait de ne pas l'avoir soutenu.

Je l'ai revu le lendemain... Entre temps j'avais réfléchi. Je le connaissais suffisamment pour savoir que s'il avait réagi ainsi, c'est qu'il avait une raison qui, si elle n'était pas forcément bonne, lui semblait au moins l'être. Je me suis donc excusée, à mon tour. Il n'a pas voulu en parler, mais m'a dit que c'était en lien avec son passé.

Anecodte avant que je l'oublie : tandis que je m'entraînais dans la vallée enchantée, j'ai rencontré une humaine guerrière du nom de Merenwen, accompagnée d'un orque, Vrurk. Ils m'ont invité à les accompagner. Il ne parlait pas très bien le commun, et m'a dit ne pas savoir lire, lui interdisant donc l'utilisation, par exemple, de parchemins d'évasion. J'ai trouvé cela très étrange. Tout autant que ce qu'il disait à propos d'esprits qui l'accompagnaient, et nous bénissaient pour le combat. Intrigant.

J'aimerais parler de nouveau avec ces orques. Je suis sûre que je peux apprendre beaucoup d'eux, notamment dans le domaine du spirituel.

L'autre soir sinon, Kystra nous a accompagnées Sharlene et moi pour une chasse dans la Nécropole des Patriotes. Elle a de l'expérience en matière de danse sombre, et j'ai beaucoup progressé en sa compagnie. D'ailleurs, Sharlene m'a récompensée en m'offrant une armure... Je n'aurais jamais dû accepter. Comment pourrais-je possiblement lui rendre la pareille ?


Enfin, elle s'est ouverte à moi ce matin. Me parlant de ce qu'elle ressentait vraiment, de qui elle était vraiment. Elle est assez tourmentée, même si de prime abord, elle ne le montre pas. J'espère avoir réussi à la réconforter... Quoi qu'il en soit, j'étais contente. Une véritable confiance s'est établie entre nous.

Je crois.
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Message par shinzero » dim. 14 décembre 2008 à 17h53

Chronique annexe, deuxième semaine : Travaux de rénovation

*Style très formel, chaque entrée titrée et datée*

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J'ouvre ce journal pour tenir compte du travail qu'il m'est donné de réaliser. J'ai pu découvrir l'existence d'une Auberge au village des sombres de la région d'Oren, ce grâce à Dame Sharlene, sombre de son état.
L'Auberge est occupée, mais l'état de son architecture laisse grandement à désirer : portes qui sortent de leur gonds, murs mansardés, plafonds fissurés, présence de rats. Le tout est bien loin de se conformer aux standards d'excellence de la culture sombre. La visite d'une chambre m'a permis de faire un état des lieux et d'imaginer plus ou moins le travail qui devra être réalisé pour la remettre en état.
Je serais bientôt mise en contact avec la propriétaire de ladite chambre pour décider avec elle de ce qui devra être fait.

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Rencontre de Dame Wyllea, sombre de son état et propriétaire de la chambre. Au sujet de la rénovation :
- Respect du style propre à l'architecture sombre
- Rénovation complète nécéssaire, puis décoration.
- Meubles à remettre en état, et à "rajeunir".
- Tons : noirs, rouges, pourpres.
- Marbre noir pour le sol, velours rouge pour les tapisseries. Motifs à définir.
- Consolidation du plafond et des murs : technique encore à définir.
- Porte à changer.
- Autres ?

Par ailleurs, la propriétaire a soumis à l'examen des matériaux trouvés dans les Ruines du Désespoir et les Ruines de l'Agonie. Elle aimerait savoir si ceux-ci pourraient potentiellement être des matériaux utilisés par les architectes sombres.
Les travaux de recherche à ce sujet ont été confiés à Dame Sharlene. Il semblerait que certains membres de la garde de Gludin pourraient en savoir plus au sujet des ruines.

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Travail à réaliser dans les prochains jours :
- Se renseigner sur les techniques de renforcement pour les murs et le plafond. Décider de la plus adaptée.
- Trouver un fournisseur de matériaux en fonction de ce qui sera nécessaire.

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Je devrais normalement être contactée bientôt par une connaissance de Dame Wyllea qui sera chargé du budget pour les opérations de rénovation.
En attente.
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Message par shinzero » dim. 28 décembre 2008 à 15h31

Chronique : Journal, semaines trois et quatre.

Ces deux dernières semaines ont été un peu moins riches en évènement vraiment frappants, c'est pourquoi je n'ai pas écrit la semaine dernière. En contrepartie, il y a tout de même une somme intéressante d'anecdotes qui méritent d'être contées.

Au milieu de la première semaine, j'ai été blessée par un archer qui disait servir le Seigneur rouge en attaquant GIran. Je me trouvais par hasard à la porte nord de la ville, en train de discuter avec deux elfettes très aimables nommées Doyll et... *Sa plume semble avoir hésité longuement, apposant quelques points disgracieux un peu partout dans cette zone de la page * Sayuri.

J'ai tenté de m'opposer à ce qu'il s'attaque à des innocents, mais une seule de ses flèches a suffi à me mettre à terre, incapable de faire quoi que ce soit. J'ai reçu des soins magiques des elfes, avant d'être amenée à l'hôpital de Heine par un jeune garçon humain du nom de Leo, où lui et une infirmière du nom d'Elolia ont pris soin de moi.

J'ai dû ralentir la cadence de mon entraînement dans les jours qui ont suivi, mais le tout s'est guéri assez rapidement, et je leur en suis reconnaissante.

J'ai revu Leo une ou deux fois depuis, et nous nous entendons bien. Je ne sais pas si nous pouvons déjà parler de complicité, mais je serais ravie que ce soit un jour le cas.

En l'accompagnant à Goddard l'autre jour, j'ai fait la rencontre d'un sombre du nom de Gongbao, qui m'a dit être violoniste. Nous avons envisagé d'associer nos arts respectifs, en restant dans l'hypothétique, mais j'aimerais vraiment voir cela se concrétiser. J'espère le recroiser.

Tu remarqueras, journal, qu'il y a des absents dans mon récit. En effet, je n'ai pas revu Methredel depuis belle lurette. Quant à Sharlene, nos dernières rencontres étaient courtes... Elle semblait étrangement distante. Et depuis une semaine, plus rien. Je ne sais pas trop... Au départ je lui en ai voulu, mais maintenant, je dois l'admettre, je suis un peu inquiète.

J'ai récemment rencontré un humain, Tarask, avec lequel j'ai eu une longue et intéressante conversation. A propos des adorateurs de Shilen, de l'avenir du peuple sombre, mais aussi de l'histoire de sa tribu... Il semble en proie à une profonde détresse vis-à-vis de ce qu'il a fait jadis, mais... Je ne sais pas, cela me paraît juste. J'ai essayé de le réconforter, mais je ne sais pas si je m'y suis bien prise. Je lui ai proposé de m'apprendre à me battre. Il maîtrise ma double-lame à un niveau bien supérieur au mien, et les quelques heures que nous avons passées à l'arène de Giran m'ont appris plus que bien des séances de chasse.

J'aime les rencontres que je fais et les liens que je tisse. J'aime entendre les histoires des autres et m'en nourrir, m'en inspirer pour guider ma propre barque.

Eh bien ! dansez maintenant.
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Message par shinzero » mar. 6 janvier 2009 à 21h36

Chronique : Journal, semaine cinq.

Methredel est réapparu.J'ai appris qu'il avait fait un séjour prolongé à l'hôpital de Heine à cause de blessures graves... Celles-ci guériront. Mais j'ai peur que les conséquences que cela a eu sur le plan moral, la perte d'une amie, et de l'amour d'Eillyztraee, laissent des cicatrices pour l'éternité. Mais je serais là pour lui.

***

Depuis quelques jours, nous passons beaucoup de temps ensemble, Methredel, Tarask et moi-même. Je me sens bien avec eux... Même si je m'inquiète souvent pour Tarask... il est souvent assez autodestructeur dans son attitude, comme si rien n'avait d'importance, même pas sa propre vie.
L'autre soir j'ai eu une... crise. Je me suis effondrée, en larmes, sans raison particulière, sinon en pensant à toutes les choses qui n'allaient pas... En fait, ce n'était peut-être même pas tellement cela. Simplement, mes nerfs ont lâché pour une raison qui m'est toujours encore totalement inconnue... Cela les a beaucoup inquiété, et ils ont été d'un grand réconfort... Je compte pour eux, je crois. Ca me fait plaisir.
De temps en temps je pense à Sharlene... Que devient-elle ? Qu'est-ce-qu'elle fait au juste ? Pourquoi ne la revoit-on plus ? Elle me manque.
Sinon, nous avons fait la rencontre d'un humain, du nom d'Iann. Il est un peu étrange, à peu près aussi délicat qu'un dragon dans un magasin de porcelaine, mais il est gentil et d'agréable compagnie. Meth' pense qu'il a un faible pour moi, mais je ne sais pas trop quoi en penser.

***

J'ai revu Gongbao l'autre soir, il discutait avec Tarask (que je devrais m'habituer à appeler par son vrai prénom, à savoir Senri), Meth' et une sombre au nom qui m'est inconnu. Nous avons essayé de motiver la petite troupe à danser selon une chorégraphie préparée par ses soins, mais ça n'a pas trop réussi. Senri et la sombre se sont fait interpeller par les gardes, il y avait du sang par terre... Je ne suis pas sûre d'avoir compris. Toujours est-il qu'au final, l'humain est tombé dans les pommes et qu'on a dû l'emmener à l'hôpital. Il en est vite ressorti, il est solide et déteste cet endroit. Je ne sais pas pourquoi.

***

*De nombreuses pages ont été arrachées du cahier à cet endroit. D'autres sont remplies de larges ratures et de traits noirs.*

J'imagine qu'il est inutile que j'essaye de parler de Methredel. Je serais incapable d'aligner deux phrases cohérentes après ce qu'il s'est passé.
C'est étrange... Je ne sais pas si tout ira pour le mieux. Pour le moment... Je suis heureuse.
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Message par shinzero » lun. 2 février 2009 à 14h10

Chronique : Journal, fuite

J'ai rendu les clefs de ma chambre à Giran.
Il est plus que temps pour moi de prendre un peu de recul...

Ce n'est pas comme si je ne le pressentais pas depuis quelques temps, que je m'éloignais, me perdais moi-même.
Mais je crois que Shei... m'a définitivement poussée dans mes derniers retranchements, dans mes réflexions et dans mes sentiments...

Oui... Fenrir n'y est pas étranger non plus. "Ah... Ca peut être considéré comme un grand objectif, ça ?"
Et moi de lui répondre... "Je crois que oui... Si l'on est prêt à tout sacrifier pour l'atteindre."
Que suis-je prête à sacrifier en réalité ? Ne me suis-je pas installée dans un confort qui m'est toxique ?

Et Sharlene, pourquoi ai-je l'impression qu'elle m'évite ? Est-ce moi, ou la réalité ?
Et Methredel, pourquoi est-il parti sans rien me dire ? Suis-je si peu importante ?

J'ai besoin de temps.

Je reviendrais lorsque je serais sûre.

Lorsque je serais prête à me donner pleinement et entièrement à ce qui compte vraiment pour moi.

Lorsque je saurais... ce qui compte vraiment pour moi.

[ image externe ]

[hrp] Justifie l'absence IG sur la semaine à venir. [/hrp]
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Message par shinzero » sam. 14 mars 2009 à 18h15

Mon sentier de lune...

Un long mois s'est écoulé depuis mes derniers mots dans ce cahier. Ecrire... Je ne me sentais pas d'écrire quoi que ce soit. J'étais sans cesse en train d'attendre, attendre le moment propice, attendre son retour,...

La patience n'est pas ma vertu première. Mais cela s'apprend... Comme cette sombre qui est venue vers moi à Giran l'autre soir.

"L'ennui apprend la patience"
"Mais à force d'être trop patiente, on en devient frustrée"

Mais j'ai initié les changements dans ma vie que l'on m'avait soufflés. Je dis "on"... Qui est-elle vraiment ? Cette âme lunaire que j'avais rencontrée pour la première fois sur la rive du lac Narsell, sans pouvoir l'approcher. Cette présence qui est venue me visiter à nouveau durant mon pèlerinage.

Je dois gagner de l'influence dans ce monde, me faire reconnaître en tant qu'élément à part entière des royaumes d'Elmoreden.

Pour cela, il me fallait rejoindre un groupe auquel je me sente appartenir, du point de vue des idéologies, des convictions... Un groupe qui reconnaisse mon point de vue. Un groupe qui accepte l'idée que le bonheur du plus grand nombre doit être une priorité, quitte à faire les sacrifices nécessaires.

*Une note dans la marge* Je ne crois pas que Meth' soit d'accord avec moi. J'aimerais pouvoir le convaincre au fil du temps.


Les Corsaires de Sirius. J'avais vu Sharlene, et dame Alwena porter leur blason. Et puis Dame Eowyn... Je l'ai contactée dans une missive témoignant de mon intérêt pour le clan dont elle était la régente, à laquelle elle a rapidement répondu pour me donner rendez-vous dans le village de Gludin. Je l'y ai donc rencontrée, elle, ainsi que Dame Nubile qui l'accompagnait. J'étais très nerveuse au départ, et j'ignorais totalement comment je pouvais engager la conversation... Heureusement, lorsqu'elles m'ont demandé de parler de mes passions, cela m'a mis plus à l'aise. La danse... Voilà bien une chose dont je sache parler. Et leur enthousiasme m'a mise en confiance.

Nous avons continué à parler, de nos convictions, d'Oren, puis Dame Nubile m'a raconté l'histoire des Corsaires. Et qui était Sirius.

Sirius, c'est un peu ma lune... Guide spirituel, lueur dans le doute et l'adversité. Si le nom et le symbole diffère, je crois néanmoins que c'est la même entité qui nous parle.

Je viens de coudre le blason des Corsaires sur l'épaule droite de mon vêtement. J'espère ne décevoir personne (*dans la marge à cet endroit* Malice... Merci) parmi ce clan qui est maintenant le mien...

Je n'ai plus le droit de trahir la confiance des gens.


Eilistraee, nouvelle lune ~

[HRP : Entrée chez les corsaires de Sirius]
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Message par shinzero » sam. 27 juin 2009 à 19h43

Cher journal,

Je n'écris que trop rarement. Ce n'est pourtant pas faute de choses à raconter... C'est le temps qui me manque, sans doute, tant de choses à faire, de moments à vivre...

Malice... Un milliers de frissons me parcourent à la mention de son nom. Notre parcours a été parsemé d'obstacles, de choses du passé et du présent qui ont voulu se mettre en travers. Échouant à chaque fois. Nos liens sont forts, et je crois... que c'est d'une telle relation que j'ai toujours voulu. Même si mon bonheur se paye parfois du prix de celui des autres... Je crois qu'à la fin, tout sera au mieux... Si l'on fait les efforts adéquats...

D'autre part, et sur un tout autre sujet... J'avais sans doute omis de te dire que j'avais, pendant quelque temps, voulu apprendre auprès d'un membre du peuple nain, l'art de fouiller les corps des monstres que je terrassai. Malheureusement, celui-ci est devenu de plus en plus avare au fur et à mesure que mon entraînement avançait, au point que je ne parvenais plus à en payer les frais... J'ai donc abandonné. Je...

J'apprends le chant. Du moins, j'essaie. En fait... Je me suis rendue compte récemment que si je faisais vibrer ma voix selon certaines règles... Cela avait des effets bénéfiques sur le corps et l'esprit similaires à ceux procurés par la danse des lames. Je ne saurais encore l'expliquer... Mais je m'entraîne à chanter avec justesse, n'ayant trouvé aucun professeur capable de m'expliquer exactement en quoi la voix et cette "magie" étaient liés. Je serais très heureuse si j'en venais à acquérir un quelconque talent en la matière... Moi qui croyait il y a encore quelques temps que je ne serais jamais douée dans aucune forme d'Art... Mon coeur se réjouit à l'idée que je puisse apporter un peu de joie à autrui par ces deux moyens qui me semblent à présent accessibles.

Il me semble que je dois encore te parler d'une chose. Tu sais que mon engagement chez les Corsaires m'a lié pleinement à cette cause qu'est la guerre contre les Kaïnistes. Figure-toi que ces derniers sont allés jusqu'à attaquer Giran pour y imposer leurs lois anarchiques... Ils ont fait beaucoup de blessés, et ont capturé plusieurs personnes, dont Dame Eowyn. Le lendemain elle a été libérée par les forces armées de Garius et d'autres personnes, dont des membres de la confrérie, et aussi Malice. Je n'étais pas là... Mais cela me met en colère de penser qu'ils aient pu aller aussi loin. Sans compter que cela a confirmé que Satalis n'était pas décédé...

J'espère que nous nous dirigerons bientôt vers le château, une seconde fois, afin d'en finir une bonne fois pour toute avec leur pouvoir... Usurpé et contraire à toute forme morale de gouvernement. Quoiqu'il en dise... Ce sont eux, la vraie menace pour notre liberté à tous, aujourd'hui...
Je marche vers la guerre
Mes chants et mes danses
Briseront le silence
A mes soeurs et frères
Redonnerai l'espérance.

Sous une lune iridescente
Je laisse naître
Une larme, fragile et tendre
Le seul désir d'être
La maintient vivante.

Certaine de voir des sourires
Refaire surface sur tous ces visages
une fois passées la rage et l'ire
Reviendra un nouvel âge
de paix et de bonheur à écrire.

Je dessine de mes pas
La voie à suivre,
J'esquisse de ma voix
Les mélodies qu'il vous faut vivre
Pour être heureux ici-bas.
Je pourrais encore écrire beaucoup. Sur Lymhos et Khaneyl, sur Eowyn, sur Khyil... Iann... Senri... Meth'... Yoruichi... Fenrir... Mais j'y serais encore demain. Alors je laisse simplement trace de leur nom pour dire que... Je tiens à chacun d'entre eux. Que Sirius les protège.
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Message par shinzero » jeu. 16 juillet 2009 à 14h43

Non contenu dans le cahier... S'aventurer un instant dans le monde des pensées...
Comprendre…

Nécessité d’accomplissement.

Besoin de savoir… d’assimiler.

Eilistraee était devenue une danselame accomplie… L’apprentissage du chant se présentait lui aussi sous un meilleur jour au fur et à mesure qu’elle s’exerçait. Ses pouvoirs étaient utiles aux gens qui l’accompagnaient…

Et pourtant, dans l’esprit de la jeune sombre, ce continuel questionnement, ce besoin irrépressible… Comprendre. Quelle était cette force qui transformait ses pas, qui transformait les sons émis par sa voix en cette énergie subtile et enivrante qui venait habiter le corps de ses alliés ? Etait-ce… de la magie ?

Ces compétences étranges dont on l’avait d’abord tenue éloignée, jugeant qu’elle n’était pas apte à les maîtriser… Puis, qu’elle avait appris à craindre… A considérer avec distance, avec prudence… Oui, sans aucun doute le surnaturel lui faisait-il peur… Mais ses propres pouvoirs ne s’avéraient-ils pas l’être à présent ? Devait-elle se craindre elle-même ?

Et puis répondre, agir. Oser affronter, pour une fois, sa réalité. Tempérer le feu en soi, s’initier à la pyromancie… Se brûler, encore et encore. Apprendre et souffrir, Souffrir pour comprendre. Chercher ses réponses dans l’extrême. Etre intransigeante, ne se pardonner aucune erreur, comme au temps de l’académie… Cette méthode qui l’avait jadis écœurée…

Et puis compter sur ses amis… Accepter l’aide. Renforcer les liens et renforcer son pouvoir.

Un jour… Renaître ?

Une Vision nouvelle… Un Pouvoir nouveau… Un Savoir nouveau… Une Foi nouvelle…



Le Vide…
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Re: Eilistraee

Message par shinzero » mar. 21 juillet 2009 à 13h27

La peau sur les os
et la croix dans le dos
et des routes de nuit
et des gens blanchis
et des rêves
mais qu'on en crève,
même, qu'on en crève...

et pour rien
puisque tout tient
dans la main
Cher journal,

Il est passé aux quartiers hier soir, et pendant un instant, j'ai senti mon coeur rebattre...
Ce petit cœur mourant... Que je dois laisser mourir... Lui et ses pulsions cruelles et destructrices...

Ca fait tellement mal...

Namárië oea...
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Re: Eilistraee

Message par shinzero » jeu. 20 août 2009 à 23h24

Cher journal,

Que dire de ces derniers jours ? Mes nerfs ont encore une fois été mis à rude épreuve. Bien entendu, le calme ambiant ne pouvait avoir été fait pour durer. Mais tout de même, si je m’attendais à cela…

Je n’étais pas non plus dans les meilleures dispositions pour accepter un tel évènement. Voir les Corsaires au point mort comme c’est le cas actuellement brise mon enthousiasme et me sape mon courage. Je suis déçue agacée, nerveuse, triste… Toutes ces choses que j’essaie, comme je peux, de cacher. Peut-être même de me les cacher à moi-même, en espérant qu’un jour tout redeviendra comme avant. Mais… J’ai recroisé Zetide, l’après-midi de ce jour-là et… me suis confiée à lui, en prenant conscience… Conscience d’à quel point je me trouvais découragée. Pouvais-je seulement espérer revoir Eowyn un jour ?

Tout cela n’était rien par rapport à ce qui allait se passer ce soir. Nous nous rendîmes, en compagnie de Nalie, la nouvelle protégée de Malice (…) Bref, nous nous rendîmes au mariage de Danae et de son compagnon, Irime, qui avait lieu au village des elfes. Non loin de l’arbre-mère. La cérémonie allait commencer, Sarathai qui serait la témoin de Danae était là, moi aussi, quand ces *mots raturés* Alfirins arrivèrent, sc andalisés que des sombres puissent fouler leur soi-disant sol sacré. La prêtresse Erlineth, le chevalier Tem, et le chef dont j’apprendrais plus tard le nom d’Ealindir. Ils exigeaient, rien de moins, que les sombres présents quittent le lieu. Nous passerons sur le fait qu’avec Archein, nous avons ramassé deux des leurs à la petite cuillre au bord de la route de Varka, que je compte sans doute plus d’amis elfes que de sombres, et que Sarathai est une aubergiste amoureuse des chats. De pures enfants de Shilen venues souiller leur eau, en somme.

Bref, ces idiots étaient bornés à un tel point que je décidai de céder et de m’en aller. Mais en remontant le pont pour me diriger vers la passeuse, je croise Malice en armure, qui court telle une furie vers les insaels et met à terre la prêtresse Erlineth. Certes, ces elfes n’avaient pas à nous interdire l’accès à une quelconque parcelle de terre sur le territoire possédé par Garius, mais… sa réaction était excessive. Bien entendu, il a été arrêté par un garde et ne s’est pas débattu… Le voilà en prison.

Un monde qui s’écroule… Mon compagnon se trouve enfermé tel un criminel, les alfirins crient vengeance et déclarent la guerre à Heine et aux Siannodels… Je me sens seule… Perdue… aucun corsaire n’est là pour me soutenir… N’étions nous pas censés défendre la liberté, celle pour chacun de marcher et d’aller là où il veut sans restriction absurde imposée par un groupuscule d’illuminés ? Sur quelle épaule vais-je poser ma tête à présent ?
Je l’ai dit à Malice… et je l’ai dit à Iann… Je vais prendre un peu de temps pour moi, seule. J’ai choisi Schuttgart, j’ignore pourquoi ? Le froid mord un peu mais les immensités blanches qui bordent la ville m’apaisent, demain à l’aube je partirai à l’aventure, chercher quelques ingrédients nécessaires à la fabrication d’un objet particulier…

Les artisans d’ici ont une technique particulière qui leur permet de former des cristaux minéraux à partir de cristaux de glace. J’avais déjà fabriqué ces broches en forme de myosotis, pour moi et pour Sayuri. Peut-être pourrais-je aller un peu plus loin dans l’étude de l’artisanat avec cette technique, si je parviens à la maîtriser ? J’aimerais réaliser une tiare formée de ces cristaux de glace. Et ensuite… Ensuite je rentrerai… La tête froide, prête à prendre les décisions qui s’imposent.
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Re: Eilistraee

Message par shinzero » dim. 10 janvier 2010 à 11h39

Cher journal,

Voici quelques mois maintenant que tu dois te sentir bien délaissé. Disons... que j'étais sans doute plus prompte à aller faire mes confidences à l'oreille d'une certaine personne, que dans ces pages. Tu n'as pas une aussi jolie voix qu'elle pour me répondre, malheureusement.

J'ai fini par briser les liens qui retenaient mon coeur à Malice... Tout était devenu si laid. Le retour d'Asmodée a chamboulé bien des choses, nous faisant ouvrir les yeux sur le lien de plus en plus ténu qui nous unissait... Tandis que Sayuri devenait, peu à peu, la seule et unique personne avec qui je désirais partager les instants de ma vie.

Je n'épiloguerai pas plus, ces souvenirs s'éteignent lentement, je désire ardemment les oublier, et regarder l'avenir. Il m'a pardonnée, et je le redécouvre, je me sens bien mieux maintenant quand je lui parle, et il m'a aidé à me sentir mieux, de nombreuses fois. Notre amitié m'est précieuse.

Je me suis peu à peu éloignée de Gludin, n'espérant plus y revoir personne, au fur et à mesure que les semaines s'écoulaient. A part Dahud, qui passait de temps en temps. Mais son hésitation à porter encore le blason était bien présente, et compréhensible. Au final, elle aura attendu le retour d'Eowyn pour lui rendre son blason. En effet, la régente est de retour... Sans Archein, et sans enfant. Et moi, impuissante face à sa détresse, son deuil... Mais que peut-on dire, ou faire, dans ces cas-là ?

Je me suis perdue
Un million de fois...

Et puis, son retour inopiné... est arrivé au moment le plus inopportun. Alors que Sayuri avait été enlevée par ces lâches d'
Insael Alfirins, Sendo profitant de sa gentillesse de de sa crédulité pour la trahir... Si je pouvais l'avoir en face de moi, je le tuerai volontiers mille fois. Des semaines, privée de sa présence rassurante... Cherchant par monts et par vaux, sans manger ni dormir, à trouver où elle pouvait être enfermée, où je pourrais la rejoindre... L'anéantissement de tout mon être, de toute ma volonté d'être... Ma dépendance à elle, à notre lien, à son énergie magique, je n'en ai pris pleinement conscience qu'à ce moment-là. Je me demande si elle-même s'en rend compte ? Une chose est sûre, je ne puis plus me passer d'elle.

J'en ai perdu un peu, ma prise sur la réalité. Je ne reconnais plus les visages quand je vais à Giran. Je me demande si c'est normal ? J'aimerais revenir...

Mais pour le moment, j'ai du travail. Ce travail de décoratrice dont je t'avais parlé il y a bien longtemps, je crois qu'il finit par vraiment me plaire. J'ai pris beaucoup de retard sur mes engagements auprès des nobles à Dion, qui sont ma principale clientèle. J'espère en avoir fini d'ici deux trois semaines, et après... Après je prendrai moins de commandes. Elle m'a dit qu'elle aimerait que je passe moins de temps à travailler. Alors dans un premier temps, je vais finir d'aménager notre chez nous à Gludio. Et ensuite, je verrai. J'aimerais bien danser ? Je ne sais pas, si ça peut marcher... Donner des spectacles de danse et gagner un peu d'argent ainsi ? Ou alors, je pourrais recommencer à donner des cours. Mais ça ne touchera pas autant de gens...
Donne moi des ailes, mon insouciante amie,
Aide-moi à m'élever dans les cieux sans nuages, éteins les lumières,
Car peu m'importe l'altitude...

Concernant Eowyn, je lui ai reparlé... une seconde fois. Elle m'a parlé de ses projets pour les corsaires... du retour de Morathi... Je lui dois une réponse. Mais je crains de la décevoir... Et si je ne la déçois pas elle, ce sera quelqu'un d'autre... Car elle me demande de prendre position. Malheureusement, mes amis sont autant dans un camp que dans l'autre. Je refuse de choisir... J'aimerais que nous soyons tous unis contre nos vrais ennemis... Plutôt que de s'essouffler à des disputes inutiles.

Oui, je vais lui rendre mon blason. Car ma voie n'est plus celle de la confrérie. Je trouverai un autre moyen de valoriser ce que je suis et ce que je désire défendre. Je veux la liberté, et je veux le bonheur. Pour tous les gens qui portent en leur coeur, la bonté. Sans compromis. Je sais que c'est possible.



J'ai trouvé ce livre... Ecrit dans une forme ancienne de la langue sombre. Plus je le déchiffre et plus je découvre des choses qui me surprennent... m'intéressent... J'aimerais pouvoir faire partager ce que j'apprends. Je ne sais pas trop qui peut s'y intéresser... peut-être...


Cher journal,


Je n'arrive décidément pas a croiser Eowyn. Ou est-elle passée ? Il faudrait pourtant que nous nous parlions.

Malice m'agace... Il est redevenu arrogant, réprobateur, désagréable et insultant. Je dois définitivement lui parler et mettre les choses au clair avec lui. Ca ne peut plus durer.

Il faudra que je te raconte pour la bague... Mais plus tard, d'abord, je veux mettre fin à mon appartenance aux Corsaires.
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Re: Eilistraee

Message par shinzero » mer. 20 janvier 2010 à 07h43

Cher journal,

La transcription du livre dont je t'ai parlé est presque finie. J'en ai parlé à Sayuri hier soir, elle semble adhérer à la même idée que moi. J'ai envie de répandre ces idées, cette lumière autour de moi... Nous avons parlé d'un clan... Peut-être, peut-être est-ce une bonne idée... Peut-être est-ce là, un bon moyen de rendre le monde meilleur. De réaliser mes projets, une fois pour toute.

Cher journal, je suis heureuse. Je suis mariée à Sayuri, et c'est un vrai bonheur de l'avoir chaque jour à mes côtés. Moi qui il y a encore quelques mois, ne croyait pas à l'amour éternel... Le voilà, qui me sourit, son visage doux, qui me fixe et me regarde dans les yeux... Je porte une alliance. Je lui appartiens. Je suis heureuse.

Et plus notre relation évolue, plus je me rapproche d'elle, plus cette symbiose me permet de réaliser à quel point le monde des arcanes et des énergies est vaste. Elle, pense que ce n'est pas lié à notre lien. Moi j'en suis convaincue... J'en suis d'autant plus convaincue qu'aujourd'hui, j'ai atteint une borne importante, essentielle même, dans mon apprentissage de pyromancienne.

En effet... Moi qui lui expliquait que je ne voulais pas forcer mon apprentissage de changeforme, un Art qui ne m'attirait pas, et que je préférais laisser la chose venir naturellement à moi... C'est arrivé ce matin.

J'étais songeuse, assise au bord de la rivière, saisissant les énergies qui fluctuaient à travers mon corps, les redirigeant à travers l'air, comme bon me semblait, jouant innocemment avec l'énergie pure. Un exercice auquel je m'adonnais tous les matins depuis plusieurs semaines déjà, qui rendait ma compréhension des arcanes plus forte encore...

Foi... Vision... Science... Pouvoir... Vide... Cinq Lueurs, cinq vents contraires, cinq branches sur un pentacle, cinq couleurs de flammes, cinq sens...

Cinq doigts dans ma main... Ma main ? Ma main tremble légèrement, un éclat de lumière en jaillit, puis un autre, et encore un autre. Mes yeux sont aveuglés par la lumière, tandis que je sens que mon corps s'efface peu à peu, disparaissant dans l'éther, comme lors d'une téléportation... Mais je ne me téléporte pas... Je change. Je sens ma silhouette changer, mon corps adopter une structure singulière... Est-ce moi ? Oui, c'est bien moi... L'énergie fluctue de mon coeur, jusqu'au bout de mes doigts, imperturbable.

Cinq doigts dans ma main. Une main recouverte D'une armure, d'acier et d'or. C'est tout mon corps qu'elle recouvre. Et pourtant je me sens bien. Mon corps matériel ne pèse plus rien, mes membres ne sont pas réellement. Mon reflet dans l'eau... Je me vois danser, virevolter dans l'air. Parfaite...

Certains diront divine... Mais c'est bien plus que cela. Cette forme est une bénédiction qui a ses racines dans des vérités, des puissances bien plus anciennes que les divinités que nous connaissons. Je pourrais presque les toucher du bout du doigt...
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Re: Eilistraee

Message par shinzero » mar. 16 mars 2010 à 19h33

Cher journal,

Mes premiers pas, involontaires, dans l'univers des changeformes m'ont permis d'ouvrir mon esprit à d'autres aptitudes. Une nouvelle force est née en moi, et j'en découvre chaque jour l'infinie potentialité. Mon esprit est devenu plus malléable, plus souple, et les exercices qui me demandaient autrefois d'incroyables contorsions mentales à m'en donner la migraine sont presque devenus aisés, à la limite du trivial. Quelque chose de très fort s'est passé ce jour-là et je sais que je ne percevrai plus jamais le monde de la même manière.

Hier soir, j'ai passé un moment intense et particulier avec Sayuri. Je pouvais déjà communiquer avec elle par la pensée auparavant, nous nous étions entraînées afin que cela devienne un médium naturel pour elle et moi. Mais jusqu'alors, nos esprits étaient restés deux entités distinctes, deux instances séparées.

Contrairement à hier soir... Ou mon esprit s'est fait l'hôte du sien... l'accueillant, partageant l'accès à mon être, mes souvenirs, mes sentiments... Tout comme je me trouvais en possession de la clé du sien. Nous avons partagé bien des choses, de ces souvenirs qui construisent et forment la personnalité, forgent le caractère. Et puis, sans vraiment lui en parler, j'ai accédé à la partie de son esprit qui permettait sa transformation en félin.

Cela faisait longtemps qu'elle avait émis le souhait de me voir me transformer, comme elle, en un félidé. Je n'avais jamais vraiment réussi, de moi-même, à révéler cette part de moi. J'avais longtemps nourri une appréhension particulière envers tous les animaux qui n'étaient pas recouverts d'écailles. Mais je me sentais en quelque sorte proche, de ce chat que j'étais parfois, l'animal espiègle, indépendant, un soupçon manipulateur qu'il représentait...

J'ai réussi à assimiler cette connaissance, cette compréhension du corps félin, si différent du mien... sauvage...

Férale.
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Re: [bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » ven. 23 avril 2010 à 14h22

Cher journal,


La vie coule, coule, avec langueur et indifférence, le long du ruisseau du temps. Ce long cours, bien que perturbé par les barrages des gamins et les rochers polis par les âges, ne cesse jamais de mener chaque goutte de notre existence à l'océan de l'oubli. La prise du sud-ouest par les marins des mers supérieures, la montée en puissance des shilenistes à Goddard et Shel'Oloth, la prise d'Oren par les extrêmistes elfes - autant d'évènements éphémères qui ne laissent pour sillon qu'une caresse sur la terre qu'ils effleurent.

Une seule chose ne change pas. Une seule chose ne doit jamais changer. Des gens viendront s'opposer, prendre les armes et combattre les tentatives du Mal pour oppresser les âmes qui peuplent nos terres. Une lumière éblouissante viendra aveugler ceux qui veulent le pouvoir pour causer peine et souffrance.

Iann, Sayuri... Je n'ai pas votre courage, ou votre détermination, ou votre force... Mais je veux combattre à vos côtés.


[Clantage Vindicte Ecarlate]
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Re: [bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » sam. 17 juillet 2010 à 11h49

L’Enchanteresse

Une harmonie saine et pure s’était emparée de mon corps, telle une infection résonnante et extatique. J’avais réussi à conquérir une première forme parfaite de l’être matériel au travers d’exercices de méditation intense dont le point central était la magie. La magie, magnifique et équilibrée, sincère mais sauvage, telle la sève des corps qu’elle habite.

La flamme si fragile. Eternelle.

Je vole, et rien ni personne ne peut me faire revenir au sol. Je ressens cet émouvant parasite prendre possession de mon Moi tout entier et l’habiller d’or et de platine. Il se saisit de tout ce qui m’a toujours servi à blesser : mes armes, mes sorts, ma parole même. Il les remplace par son éclatante pureté, inoffensive, protectrice, apaisante. Il fait de moi ce que j’ai toujours voulu être…

L’Enchanteresse… Celle qui bénit, garde, renforce, et se sacrifie pour les siens. Et même si je sais que ce n’est pas moi… Même si je sais qu’elle n’est pas moi… Pendant quelques temps, je peux la sentir m’envahir et veiller sur mon corps et mes actions.

L’Enchanteresse, c’est en même temps le Vide de l’abandon, le Pouvoir que l’on confère aux nôtres, la Vision nouvelle que l’on acquiert sur la bataille, la Science d’une école qui transcende et touche tous les pratiquants de l’Art, et la Foi en cette harmonie qui protège et garde.


La Lune Enchanteresse.


[Transformation Divine Enchanter]
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Re: [bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » sam. 21 août 2010 à 01h41

Cher journal,

Je n’ai jamais été une meneuse et ne le serai sans doute jamais. J’aime trop les compromis et le doute pour cela. Mon aura ne rayonnera jamais comme le fait celle des grands de ce monde. Ces personnes solaires dont la voix illumine et le regard réchauffe. Je suis une enfant de l’ombre, j’y suis née et j’y ai ma place, c’est une chose que j’ai appris à accepter. Je ne suis pas non plus une stratège, une élite militaire : je n’ai pas la rigueur d’esprit nécessaire à ce genre de fonctions, et j’ai cessé depuis longtemps de m’améliorer dans le domaine de la guerre sous sa forme pure, en tant que combat, de fer, de sueur et de sang.

Mais ça ne signifie pas que je ne me bats pas. Jamais je n’abandonnerai les causes qui me sont chères. Aden. Aden débarrassée de son tyran, le Maréchal Di Lamia. Grâce à Iann. Grâce à la Vindicte. Car nous étions là, forts, soudés, la rage de vaincre et la défense de la liberté à tout prix qui consumait jusqu’à notre âme. Je l’ai senti en chacun d’entre nous. En chacun d’entre eux. J’ai enchanté leurs armes, leur armure, leur corps et leur esprit. Là dans l’ombre. Présente et silencieuse. Mais connectée, liée à tous ceux qui m’entouraient et auxquels je prêtais ma force. Malgré la douleur des flèches et des lames qui ont percé ma chair à de nombreuses reprises, j’ai ressenti cette osmose si pure, presque insolente, qui m’animait, qui nous animait tous.

L’autre soir avec Dame Nubile, dans la forêt des miroirs. Parler avec l’elfe. De ma conviction. De mes convictions. Lui dire qu’aux carrefours de nos vies, ce ne sont pas toujours les choix rationnels et pondérés qui doivent être choisis. Qu’il est bon de se laisser porter par le vent.
Su’aco… Et alors il y eut cette compréhension mutuelle, cette beauté, la plénitude trouvée dans ce choix anodin mais fait de la manière la moins futile qui soit : en laissant son âme parler.

Je veux être ce guide spirituel, bien plus que je ne le suis aujourd’hui. Je veux que les gens qui m’entourent et que je me suis promis de protéger… J’ai envie de leur faire entendre ma foi, cette foi qui transporte et qui rassure, que l’Univers et ses lueurs veulent le Bien et que le Bien est de notre côté. Que les serments que nous faisons de protéger et de servir le faible et le petit nous promettent à un avenir formidable, en harmonie avec toutes les énergies des cinq piliers de tout ce qui est bon et juste. Les énergies de la Foi, du Savoir, du Pouvoir, de la Vision et du Vide. L’énergie de la lune qui irradie la nuit de sa pâleur blafarde et gardienne.
Je veux être ce rayonnement de protection, veiller sur l’âme de mes compagnons, de mes amis, de mes proches. Les âmes des vivants et les âmes des morts. Je veux être cette Prophétesse… cette Prêtresse de la Lune. Car c’est en elle que l’on trouve confiance, harmonie, et complétude. Parce que jusqu’à la fin des temps nous la verrons continuer de briller. J’ai entendu dire que les étoiles s’éteignent parfois. Qu’est-il advenu de Sirius ?


La lune est éternelle.
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Message par shinzero » lun. 6 septembre 2010 à 19h43

Cher journal,

Hier, une théière.
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Re: [bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » lun. 25 octobre 2010 à 12h55

"Pardon..."

Elle ne pensait pas que je le lui pardonnerais.
Jusque là, tous l'avaient détestée.
Jusque là, tous l'avaient chassée.

Elle a dû courir tout de même. Sayuri était là, horrifiée par ses demi-aveux. Sa rage pulsait à travers l'air, se dirigeant vers elle avec une telle intensité...
Elle s'est sauvée. Elle a pu fuir, et à présent elle est introuvable. Elle va probablement rester ainsi jusqu'à ce que tout cela se tasse. Quelque mois. Plus peut-être. Espérant qu'on l'oublie. Et puis elle reparaîtra sous un autre nom, un autre masque. J'espère la reconnaître.

Car dans le fond, qui sait quel lien me relie réellement à elle ? J'aimerais la revoir. Peut-être qu'avec elle, je pourrais y voir clair.

Peut-être qu'avec elle, je pourrais en apprendre plus sur qui je suis.
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Re: [bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » sam. 4 décembre 2010 à 20h29

Cher journal,


J'ai encore une fois reçu un don incroyablement précieux. Il faut croire que je suis dans les faveurs de la providence pour qu'elle me donne ainsi sans que je ne sois particulièrement généreuse en retour... Enfin, je pense faire de mon mieux... En tout cas je l'espère.

C'était déjà par un concours de circonstances étrange que je me suis interessée au monde des défunts, moi qui avait presque toujours rejeté l'idée de la mort à une échéance lointaine, une échéance que je voulais irréelle... Lorsque la Vindicte est arrivée en Aden, j'ai cherché un point d'accroche, un lieu auquel je me sente liée. Et cela a pris du temps, car malgré la beauté architecturale de cette cité resplendissante, son château d'un faste sans commune mesure, les plaines verdoyantes qui s'étendent à perte de vue pour se noyer finalement dans l'horizon... Malgré tout cela, je n'ai su trouver un lieu auquel j'appartenais. Même le lac Narsell, qui m'avait construite jadis, ne rayonnait plus de la même lueur.

Lorsque je trouvai enfin l'endroit que je cherchais, je n'y crus d'abord pas. Un endroit tellement empli d'une énergie nouvelle, pure, sincère. Un endroit qu'il y a encore quelques mois, ou quelques années, j'aurais refusé de voir. Le Grand Cimetière d'Aden. Terre de repos éternel, royaume de ceux qui ne sont plus. Cela ressemblait tellement peu à l'Eilistraee que je croyais connaître ! Mais j'ai poursuivi cependant, cherchant à savoir, à comprendre. C'est à ce moment-là qu'elle est arrivée - je parle de Cassandre - et son sortilège m'a rapprochée encore plus de cette part de moi. Et m'a fait comprendre la beauté de ces rites et de ce savoir. Leur importance aussi. La générosité et l'implication dont il fallait faire preuve.

C'est avec ces évènements que sont apparus ces nouveaux talents. Le premier et le plus surprenant de tous étant cette capacité de guérir la douleur par la magie. Bien que j'ignore tout du soin magique ou de la médecine, communiquer une salve de mana à un être à proximité me permet de lui faire oublier ses blessures pendant un certain temps et avec une certaine mesure. Ses plaies restent ouvertes et sa maladie continue à l'affaiblir, mais il n'a plus mal. Je crois que l'on m'a fait cadeau de ce don afin que je puisse apaiser les êtres qui s'apprêtent à rendre leur dernier souffle, et j'ai pu le vérifier suite à la bataille d'Althéna. Je suis venue en aide à ceux-là autant qu'il m'était permis de le faire. Pour les encourager à marcher vers l'autre côté. Pour leur insuffler un dernier réconfort avant l'ombre.

Et je leur parlais après qu'ils soient partis, encore. Leur promettant qu'ils n'auraient plus jamais froid, plus jamais faim... Et plus jamais mal. J'ignore si c'est vrai. Mais c'est ce que je leur dis. Le don de mentir, je l'ai depuis longtemps. Je crois seulement qu'ils seront plus heureux s'ils partent, que s'ils restent pour hanter une terre qui ne leur appartient plus. Et je prie pour que là où ils vont, ils soient bien accueillis.

Je n'avais jamais bien compris ce que cela signifiait, prier. Pas avant de me retrouver au milieu des défunts du cimetière, d'écouter ce silence assourdissant d'un million de murmures. Ils priaient. Tous. Et tous suppliaient quelqu'un, n'importe qui, de venir les sauver.

Et c'était un chant magnifique, plein d'une chaleur indescriptible. Ce n'était pas des dieux dont il s'agissait, ni même de l'univers. Mais de la communion de tous ces êtres qui pensent encore, désirent encore, même au-delà de leur départ.

Peut-être...
Qu'on ne disparaît jamais
vraiment.
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Re: [bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » dim. 15 mai 2011 à 18h41

Cher Journal,

Ce fut... un grand honneur, d’être récompensée par les fées. Même si l’heure est au trouble et à la peur, j’ai le sentiment que nous... la Vindicte et nos valeureux alliés... avons accompli un travail d’une envergure héroïque - peut-être même au-delà de l’héroïsme, nous avons fait face, mais surtout vaincu l’immonde Sirra, usurpatrice du titre de fée de l’hiver.

Ce jour-là, où nous avons pénétré dans le palais de glace... Les chances d’en sortir vivants étaient si faibles... Mais c’était aussi notre seule et unique chance de rendre la vie au continent que l’hiver avait emprisonné bien trop longtemps.

Et nous avons libéré la véritable fée de l’hiver, brisant le sceau... Nous avons éveillé Freya. Lorsqu’elle est apparue sous mes yeux, j’ai senti mon sang se glacer. Le prince Alrosh et la reine Timiniel que nous avions rencontrés et aidés auparavant étaient tous deux des êtres émanant d’un charisme et d’une majesté certaine, mais...

Non, ce n’était rien en comparaison de la reine Freya. Majestueuse, cruellement impitoyable, dotée d’une puissance effarante... Mais juste. Elle aurait pu nous ensevelir, nous annihiler à l’instant où nous l’avions libérée, et pourtant, elle a été... clémente ? Je ne sais si le mot s’y prête, mais je crois en effet que c’était quelque chose comme ça..

Aussi, lorsqu’à la cérémonie, ils m’ont demandé de choisir une saison... Je n’ai hésité qu’un court instant. L’Hiver, malgré les épreuves qu’il nous avait obligé à traverser... Malgré l’arrière-goût morbide que cela avait pu laisser sur ma langue, sur toutes les langues...

L’Hiver a été mon choix.

En accord avec ce choix, on m’a accordé un compagnon... Un esprit féérique lié à l’hiver, un être de glace au pouvoir aussi fascinant qu’effrayant... Une fée capable d’ôter la vie.

C’est un pouvoir à usage unique, mais le résultat sera inévitable.

Alors quand le temps sera venu... Cette pointe glacée ira percer le coeur de Noct. Ou bien, disons plutôt... que j’espère que je pourrais m’en servir au moment le plus opportun. Et protéger les miens grâce à elle.

En attendant, elle me fascine... Je passe du temps avec elle au cimetière, et elle et moi, nous observons la mort. Elle est très calme, d’une douceur irréelle... Je l’ai tout de suite ressenti, même si je n’ai pas sû m’adresser à elle les premiers jours. Il faudra que je lui demande comment elle veut que je l’appelle.

Oui. Je vais faire cela maintenant.
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Re: [bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » jeu. 14 juillet 2011 à 01h17

Plusieurs lunes étaient passées sur Elmoreden depuis la disparition aussi soudaine qu’inattendue d’Eilistraee. A la Vindicte Ecarlate, les gens évitaient le sujet, les perspectives amenées par sa disparition étant trop angoissantes, et rien de concret ne pouvant être fait.

En plus de cela, Sayuri, son amie et compagne, semblait ignorer tout autant que les autres ce qu’il était advenu de la jeune sombre. Le lien surnaturel qui les unissait aurait dû lui permettre de savoir où elle se trouvait, et dans quel état. Mais ce n’était pas le cas. Se trouvait-elle dans un lieu hermétique à la magie ? Ou bien avait-elle simplement décidé de cacher sa présence aux yeux de la personne qui lui était la plus chère ? Et si oui, pourquoi ? L’elfe peinait à maintenir les apparences : son inquiétude au sujet d’Eilistraee la rongeait plus que jamais auparavant. Ses pires cauchemars étaient devenus des explications plausibles. Elle se raccrochait à la seule certitude que la sombre était encore en vie... car c’était la règle ultime, inaliénable de leur relation : si Eilistraee venait à s’éteindre, elle serait immédiatement suivie par celle qui avait juré de la protéger.
. . .

Elle dormait de moins en moins. Son corps était sur le point de céder. Toute l’énergie magique qu’elle canalisant dans ses veines, ses nerfs, sa chair même, la détruisait de plus en plus. Jour et nuit, inlassable, cette cigüe insaisissable, impréhensible, mettait à mal ses fonctions vitales. Combien de jours à présent, depuis qu’elle avait débuté ce rituel ? Elle aurait aimé le dire, mais à ce stade, le chiffre aurait probablement été une invention de son esprit destinée à échapper à la souffrance que lui causerait l’accès à ses souvenirs.

Ses mains se posèrent sur la pierre rêche de la chapelle, ses doigts ne sentant presque plus les aspérités de la pierre. Elle avait d’abord perdu les sens auquel elle attachait le moins d’importance : l’odorat, puis le goût. A présent, son sens du toucher n’était plus qu’un fantôme de sa sensibilité de jadis, et la vue et l’ouïe ne tarderaient pas à suivre.
“Ce sera bientôt... terminé.”

Et dans sa voix tremblante, le soulagement et la tristesse se mêlèrent.
. . .

Dans l’ombre, elle observait en silence. Sa présence était silencieuse, presque immatérielle. Elle ne devait surtout pas perturber l’avancée du rituel... Seulement l’observer, et intervenir lorsqu’il serait sur le point d’échouer. Car il n’existait pas de miracle assez puissant pour que celui-ci aboutisse. Il était impossible d’envisager que cette personne que la raison quittait progressivement parvienne à réaliser une messe d’une telle exigence, d’une telle ampleur. Son savoir était trop faible, son inexpérience trop évidente, sa solidité trop inexistante pour qu’elle aie seulement le droit d’espérer réussir.

Et... de voir sa soeur de sang sombrer jour après jour dans la folie... se rendre compte qu’elles ne partageraient jamais un moment ensemble... réaliser qu’elle ne pourrait jamais lui parler de sa mère... lui brisait le coeur. Chaque jour, son envie de hurler pour qu’elle cesse se faisait plus pressante... Mais son rôle d’expiatrice l’avait désignée pour cette tâche, et rien ne devait l’empêcher de la mener à bien... Même pas ses sentiments les plus profonds et sincères.
. . .

Les augures qu’elle avait pu lire l’avaient terrifiée. Même l’ombre de Noct paraissait moins menaçante que les murmures des défunts qu’elle entendait dans le cimetière. Même l’hiver de Sirra semblait moins froid que le vent qui annonçait cet âge lointain dans le futur.

Mais ce qui était plus terrifiant encore, c’était de comprendre, peu à peu, la raison pour laquelle elle voyait ces choses, entendait ces murmures, et rêvait ces rêves. L’Univers attendait d’elle une chose qu’elle n’aurait jamais pu réaliser... qu’elle n’aurait jamais voulu réaliser sans connaître cet avenir.

L’Univers attendait un sacrifice. Un évènement qui serait capable d’ébranler assez la Destinée pour pouvoir en changer le cours. Une naissance pour sauver la Foi, le Pouvoir, la Vision, le Savoir, et le Vide. Pour préserver l’Eternité.

Son rôle était devenu de plus en plus clair jour après jour, son quotidien s’emplissant d’indices et de coincidences au point de la rendre folle. “JE SAIS, JE SAIS !” criait-elle. “JE SAIS BIEN CE QUE JE DOIS FAIRE. MAIS JE NE PEUX QUAND MÊME PAS LES ABANDONNER ?!”. Elle voulait faire son devoir, rendre ce service. Mais elle ne pourrait le faire tant qu’elle n’aurait pas trouvé comment préserver la vie et le bonheur de ces quelques personnes auxquelles elle tenait plus que tout. Elle voulait commettre cet acte profondément injuste, et en même temps, donner l’illusion que l’injustice n’est faite qu’envers elle.
. . .

C’était de plus en plus insoutenable. Comme si elle voyait l’esprit et l’âme se liquéfier peu à peu. Il s’agissait certes de l’objectif du rituel, mais... Elle n’avait pas envisagé que la magie puisse avoir une facette si repoussante, capable de la mettre à ce point mal à l’aise et de lui provoquer des haut-le-coeur. Et la sombre persévérait. Elle ne voyait plus, n’entendait plus, ne sentait plus... Elle éclatait parfois en sanglots, seule, si seule dans cette épreuve qu’elle avait acceptée avec courage. Mais même la détermination la plus inébranlable tremblerait face à cette solitude, cet abandon, dans un espace dont même le vide était absent.

Le rituel était presque achevé, et son seul rôle était à présent de maintenir les murs qui dissimulaient leur présence dans cette chapelle, empêchant toute scrutation physique ou magique.

Elle allait réussir... Elle avait réussi à aimer assez, à croire assez pour rendre ce miracle possible. Elle allait faire en sorte de rendre son sacrifice acceptable. Sa petite soeur était admirable... Et elle ne la connaîtrait jamais.
. . .

“… Froid.
… Où... es-tu ?
… Je... Continuer...
… J’ai mal. Ca fait... vraiment mal.”
Comment parvenait-elle encore à rester en vie ? Cela faisait tellement longtemps... Dix-mille ans sans doute, oui, non, même plus. Des clous ont percé chaque parcelle de sa chair depuis la nuit de temps. Oui, elle a souffert une éternité, deux peut-être. Lentement, lentement, son reste de conscience est transféré vers le réceptacle. Une goutte. Une goutte. Une goutte.

Une goutte... de sable dans le désert des sentiments contradictoires dictés en elfique par le professeur de la Foi en Einhasad et son temple de chevaliers et chevalières qu’elle porte au doigt comme ses fiançailles au bord de la rivière où un homme blond avec un luth retrouve ses esprits qu’elle côtoie au cimetière avec l’elfe qui invoque les défunts comme la capitaine de la garde de Giran où règne le roi vampire qui ont capturé un corsaire au bord de la plage et les vagues des mers supérieures sur lesquelles voguent les marins de Dion où vit la démone amoureuse du Roi d’Aden où il y a des jardins et une seconde qui y parle d’espoir.
Une goutte.
Une goutte.
Une goutte.
. . .

Le réceptacle est rempli. Qu’est-ce-qu’elle fait ? Elle n’a plus que deux mots à dire pour être libre... Pour être enfin libre. Mais elle ne les prononce pas. Elle rampe. Elle rampe vers l’autre, celle qui l’observait. Elle savait qu’elle était là. Tout ce temps, elle a su. Elle l’agrippe par la manche et lève ses yeux vides vers elle. Une dernière goutte de conscience. Qu’elle a gardé pour dire quelque chose. L’observatrice baisse ses yeux sur elle, dans un malaise qui la fait frissonner. A-t-elle vraiment laissé faire ça ? La sombre qui s’est privée de toute substance laisse échapper quelques mots qui semblent lui causer une intense douleur tant sa voix se brise sur chaque syllabe.
“Dis... à Iann... que je suis désolée... d’avoir menti. On ne se reverra... probablement pas...”
Un dernier effort. Elle relâche la manche. Un dernier effort pour aller se saisir du réceptacle. Le contact dissipe le mur de scellement qui entourait la chapelle, et l’énergie magique contenue dans cet espace si longtemps confiné se répand, d’une vague suffisamment puissante pour rendre alerte n’importe quel magicien même profondément endormi.
“______________________.”

Elle prononce. Plus rien d’autre n’a d’importance. Elle a prononcé. Plus rien d’autre n’aura jamais d’importance.
. . .

Réveillée en plein milieu de la nuit. La détonation était silencieuse, et pourtant, elle fut pendant un instant plus éblouissante qu’un millier de soleils. Elle n’a même pas pris le temps de réfléchir, à peine d’enfiler quelque chose avant de sortir et de courir vers le cimetière. “Elle est encore en vie. Elle est encore en vie.”. Elle répète ces mots comme une litanie. Parce qu’elle doit se convaincre que c’est vrai. Parce qu’elle a peur que dans la demi-seconde suivante, peut-être moins, elle finisse par s’effondrer. Elle a peur que ce ne soit qu’une question de temps avant que son âme ne réalise qu’elle est morte.

Elle sent sa trace dans la magie qui irradie l’air. Comment la sombre a-t-elle pu en concentrer une telle quantité ? Et surtout, à quelle fin ? A partir de l’entrée du cimetière, la trace semble presque former une piste, elle n’a même pas besoin de réfléchir pour parvenir jusqu’à une chapelle au fond du cimetière. Comment avait-elle pu rater un lieu aussi évident ?
“Eilis ! Eilis !”
Elle ne peut s’empêcher de sangloter lorsqu’elle l’appelle. Elle a eu tellement peur ! Pourquoi s’était-elle cachée ? Quelle idée stupide avait-elle bien pu se mettre en tête cette fois-ci pour ressentir le besoin de la lui cacher ? Elle crie une fois encore, l’appelle une fois encore. Son angoisse, sa colère, son soulagement se battent dans son esprit pour savoir lequel aura la parole en premier.

Elle voit une silhouette se dessiner dans le cadre de la porte du sombre bâtiment. Ce n’est pas elle. C’est une enfant. Ce n’est pas elle...!

Et l’enfant s’approche, l’air désorientée, comme si elle venait de se réveiller d’un long sommeil. La démarche malhabile, elle se dirige vers l’elfe. Dans sa main gauche, elle tient fermement un parchemin enroulé et scellé à la cire noire. Elle a de longs cheveux blancs qui tombent au creux de ses reins, la peau couleur anthracite, et les yeux noirs. Et... Ce n’est pas elle.
“Bonjour. On m’a dit... que vous vous occuperiez de moi. Vous voulez bien ?”
A ces mots, l’elfe comprit que personne d’autre ne sortirait de cette chapelle. C’était l’évidence même. Cela expliquait pourquoi Eilistraee s’était cachée. Cela expliquait pourquoi cette enfant portait la trace de l’âme de la sombre qu’elle aimait. Pourquoi elle n’était pas morte.

Son regard restait fixé sur la chapelle. Sans doute, la sombre allait-elle sortir dans quelques minutes en riant, se moquant de l’elfe qui aura cru à cette farce. Oui, c’était sans doute cela. Elle n’avait qu’à attendre...
“On m’a donné ça pour vous.”

Dit l’enfant, en lui tendant le parchemin avec un air empli d’innocence. Pour que Sayuri l’attrape, d’une main fébrile, avant de s’effondrer à genoux en pleurant.
Elle a prononcé. Plus rien d’autre n’aura jamais d’importance.
Dernière modification par shinzero le dim. 7 août 2011 à 18h59, modifié 1 fois.

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Re: [bgsombre] Eilistraee

Message par shinzero » jeu. 14 juillet 2011 à 17h40

Somniferous whisperings of scarlet fields
Sleep calling me, in my dreams I wander
My reality is abandoned, I traverse afar
Not a care if I never ever wake...

Sayuri,
Tu as le droit d’être en colère. Mais je sais que tu comprends déjà ; que tu as déjà tout compris. Je ne pouvais pas t’en parler. J’aurais fait de mon mieux pour que tu ne souffres pas. J’espère que ce n’est pas trop égoïste de ma part.

Au fond de toi, je suis sûre que tu savais. Que je n’étais qu’un être éphémère. Que lorsque nous parlions de nos vieux jours, des siècles et des siècles dans le futur... Ce n’était que du théâtre destiné à garder intact notre bonheur. Tu m’as gardée auprès de toi malgré tout, et je t’en serais éternellement reconnaissante... Pour toute la joie que tu m’as procurée, pour toutes les fois où tu m’as protégée. Je n’aurais pu rêver d’un meilleur amour.

Si tu dois blâmer quelqu’un pour ce qu’il est advenu de moi ; si tu dois blâmer quelqu’un pour éteindre ta peine, alors je t’en supplie, blâme celle qui a été trop faible pour faire face à l’avenir qu’elle a vu. Blâme celle qui, faute de courage et de force, n’a eu d’autre choix que de se sacrifier pour sauver ceux qu’elle a aimés. Je suis entièrement responsable de tout cela.

Au sujet de la personne qui t’aura remis ce message... Tu es sans doute curieuse de comprendre. J’ai fait de mon mieux pour lui transférer les fragments de mon âme qui me liaient à toi, afin que ma disparition n’engendre pas la tienne. Ton rôle dans tout cela n’est pas encore terminé ; tu le sais tout aussi bien que moi. Dans tous les cas, si tu lis ce message, c’est sans doute que j’ai en partie réussi... Et j’en suis heureuse. En somme... il s’agit d’un être artificiel, que j’ai tenté de rendre aussi pur que mon pouvoir me le permettait, en me servant de Perséphone pour réceptacle. Elle a quelques connaissances en termes de langage, ainsi que sur les évènements des dernières années.

Je te demande donc solennellement la chose suivante : garde-la auprès de toi. Protège-la comme tu m’as protégée, et garde-la à l’écart du monde des adultes, à l’écart de la guerre, de la politique. Le moment venu, elle fera son propre choix, suivra son propre chemin de vie. Offre-lui une vie décente, mais sans la gâter. Je connais tes mauvaises manies ! Et fais-la lire beaucoup.

J’aimerais aussi que tu délivres un dernier mot à quelques personnes avec lesquelles j’ai laissé quelque chose d’inachevé. A Mariel d’abord, dis-lui que je suis désolée : je ne pourrais pas l’aider à retrouver l’assassin comme nous en avions parlé. Dis-lui aussi qu’on honore un défunt bien plus en l’aimant qu’en le vengeant.
A Angueran, que peu importe le nombre de dieux qui règnent sur les cieux, il tient déjà entre ses mains à la fois le plus fragile et le plus puissant d’entre eux : l’amour.
A Methredel, si tu venais à le revoir un jour, dis-lui que je le remercie pour toutes les fois où je ne l’ai pas fait. Il a su être mon gardien et ma conscience malgré mon caractère... Enfin... Tu sais comment j’étais à cette période.
A Iann, qu’il sera toujours plus heureux en suivant sa destinée qu’en s’y opposant. Et à Deirdre, de faire attention à lui.
A Nubile, que j’ai confiance en elle, et qu’elle trouvera son temps et son heure. Et que je serais rassurée si elle acceptait de veiller, de près ou de loin, sur le cimetière d’Aden.
A Oliam, que je ne me souviens pas l’avoir entendu mentir ; ce qui signifie qu’il est soit devenu trop doué pour que je m’en rende compte, soit trop sage pour le faire, et que dans les deux cas, j’espère que cela lui permettra de trouver sa voie.
A Eowyn... Merci de m’avoir accueillie.
A Malice... Pardon de lui avoir fait croire en une chose à laquelle je ne croyais pas moi-même, pour préserver égoïstement mon bonheur.

Il ne me reste que peu d’espace pour écrire, alors... disons que, tu n’as qu’à prétendre que dans ce paragraphe, j’ai écrit tout ce que tu aurais voulu me voir écrire mais qui n’apparaît pas plus haut. Je t’aime. Adieu.

Eilistraee
drathir de’l’zahn


PS : Elle s’appelle Ilyasiel.
~

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