Semilia

[Zyrgal]

Partir tôt chaque matin, chargé comme une mule, fier et arrogant.
Chasser toute sorte d’animaux, plus terrifiants les uns que les autres et suer comme une bête en courant partout.
Rentrer, auréolé de gloire et de sueur, des histoires passionnantes plein la bouche.
Faire la fierté de la famille, du village et rendre jaloux les guerriers et les marchands.
Accrocher dans la hutte les têtes empaillées de ses exploits, faire un tapis des fourrures et remplis l’habitation d’une bonne odeur de cadaver.

Pour ça, le chasseur nain est ce qui se fait de mieux en la matière !

Mais pour vider le gibier, le découper, le hacher, en sortir les vicères, le foie et tout le reste ?
« Eh bien ça », vous diront-ils en verdissant, -c’est un travail de naine, pas de nain.
Travail de naine, travail de naine… Sous prétexte qu’ils sont plus poilus et de pouvoir ainsi mieux se cacher que nous, nous devrions faire tout le sale travail ?
Un coup d’œil vers le fond de la salle. Au moins une qui semble aimer son travail. Les deux mains dans le ventre d’une antilope, elle retirait les intestins de ce dernier, le visage empreint d’une joie peu commune, et chantonnant un air connu, Wir’zeuh Champignons. Une naine peu banale pour une passion au boulot vraiment macabre. Enfin bon, elle restait en dehors de ça si vivante qu’on préférait l’oublie. Le temps aide aussi.

Elle répétait à qui voulait l’entendre qu’elle adorait le contact gluant et chaud des entrailles et autres organes et ce depuis que sa mère Char’hal lui avait montrer comment vider un elpy. Une fascination qui ne l’avait jamais quittée. C’était même devenu sa spécialité. Quelques cours d’anatomie et elle était entrée dans la grande boucherie de Sanz’ho.
Son temps libre, elle le passait à parcourir les montagnes, sa grande hache dans le dos. Sa dernière trouvaille, pleine de dents, de pics et de coins coupants. Toujours un peu rougeâtre. Elle revenait toujours chargée de tout et n’importe quoi mais ne disait jamais comment elle avait déniché ça. « Sans maîtrise, la puissance n’est rien » répétait-elle aux guerriers qui l’interrogeaient car eux aussi parcouraient les montagnes mais ne trouvaient jamais rien.

Pourquoi je raconte tout ça ?
La mélancolie sans doute … Et parce que notre petit hachoir va nous quitter bientôt. Elle a rencontré des gens dans les montagnes, des gens à qui elle serait plus qu’utile. Remarque elle est utile ici aussi et ce qu’elle ramène fini toujours par servir : les morceaux de métal finissent par former des poêles, les bouts d’étoffe en rideaux ou en tabliers…
Mais ils lui ont promis de nouveaux paysages, de nouvelles créatures à étriper et l’assurance que ce qu’elle ramènerait serait utilisé convenablement. Tout ce qu’il lui fallait… Elle ira chez ces Siannodels…