[bghumain] Khaneyl

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Message par Khaneyl » ven. 12 décembre 2008 à 15h27

Naissance d'une sombre humaine.

C’était par une nuit sans lune, le ciel était obscurci par d’épais nuages ce qui m’obligeait à brandir une lanterne pour éclairer mes pas tout au long de ce chemin qui devait me ramener chez moi.

Je tirais de mon autre main la lanière que j’avais passée au cou de mon bœuf et qui marchait lentement en tirant une charrette pleine de bois de chauffe. Je venais de passer toute une journée à abattre les arbres de la forêt près de la ville de Gludio et mon estomac gargouillait depuis un bon moment.

Je fis une halte pour reposer mon bras dont le poids de la lanterne me déclenchait de pénibles crampes et je sursautais en entendant dans la nuit des hurlements déchirants qui me donnèrent la chair de poule.

Des rugissements bestiales couvraient les cris et lâchant la lanière de mon bœuf, je me ruais vers l’endroit d’où les sons me parvenaient intensifiés par le lourd silence de la nuit.

Ma lanterne éclaira un sinistre spectacle qui me fit pousser un cri d’horreur. Un ours s’acharnait sur une pauvre femme dont je ne distinguais que les formes gracieuses à la lueur de ma lanterne.

Elle protégeait son ventre de ses mains tout en subissant les coups de griffes violents de cette bête féroce et affamée. Sa gueule avait saisi son bras droit qu’il broyait tout en appuyant ses énormes pattes sur son dos la maintenant ainsi couchée au sol.
Elle hurlait de douleur et de désespoir et subissait impuissante les attaques de ce monstre sanguinaire.

Je me précipitais sans réfléchir à mon acte et jetant ma lanterne sur la bête pour l’effrayer, je m’emparais de ma dague qui ne me quittait jamais et lui fis face, prêt à le transpercer s’il venait à m’attaquer.
L’ours lâcha sa proie quand la lanterne lui toucha la tête et se retournant vers moi, je lui assénais un coup violent dans le poitrail au moment où il allait me charger, sa gueule ouverte me montrant ses crocs acérés et ses yeux exorbités tant sa rage était visible ne me firent pas reculer.

Il fit un mouvement de côté et la nuit absorba rapidement sa fuite, me laissant inerte et haletant, je tombais à genoux posant mes mains sur le sol boueux pour reprendre mes esprits.

Ses gémissements me sortirent de ma stupeur et quand je m’approchais d’elle, mon cœur se serra de la voir si meurtrie et si désespérée. Mon regard se porta sur son ventre arrondi qu'elle protégeait toujours de ses mains.
Elle était enceinte et dans un murmure elle me supplia de l'aider à libérer son enfant pour qu’il vive avant qu’elle ne meure …..

Je m’agenouillais près de cette sombre qui voulait dans une ultime supplique que je l’éventre. Je ne me sentais pas le courage d’un tel acte de barbarie mais quand elle ferma définitivement les yeux avant que je ne puisse lui répondre, je ne pouvais partir en l’abandonnant aux loups et autres prédateurs.

Une pensée funestre traversa mon esprit, l’enfant allait subir le même sort et même si les humains avaient la plus mauvaise réputation sur ces terres, je ne voulais pas que ma conscience soit assaillie de remords…… je le fis sous un ciel nocturne à la lueur blafarde de ma lanterne et quand je coupais le cordon qui le reliait encore à sa mère, une larme glissa le long de ma joue en entendant résonner à l'aube naissant, le premier cri de sa fille…

Tant d’années passèrent sans que rien ne vienne perturber notre vie de famille que je protégeais jalousement. Elle grandissait loin du tumulte grandissant de ce monde hostile.

Khaneyl était une enfant d’une beauté exceptionnelle et j’adorais l’emmener avec moi chasser dans les montagnes.
Ses soins étaient encore bénins mais tellement bénéfiques, je vieillissais quand elle embellissait ma vie par sa gaieté et sa prévenance.

Elle avait hérité des dons de sa mère et ses pouvoirs m’émerveillaient un peu plus chaque jour.
j’appréhendais le jour où elle devra entreprendre sa réinsertion auprès des siens en rejoignant le culte de Shilen. Quand mon heure aura sonné et que les aiguilles de mon horloge cesseront de tourner, elle quittera notre forêt et je priais chaque jour pour qu'elle intègre une famille qui la protégerait, pour le repos de mon âme.

Ce jour arriva…

Ma fille n’oublie jamais celui qui a toujours veillé sur toi, je t’ai aimé comme mon propre enfant mais ma vie s’achève quand la tienne ne fait que débuter….

Telles furent mes dernières paroles et mes dernières larmes.
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Message par Khaneyl » lun. 15 décembre 2008 à 12h44

Une nouvelle vie.

C’était l’heure la plus obscure de la nuit, l’air était immobile, chargé d’humidité.
Mon cou et mes cheveux étaient trempés de sueur d’avoir tant combattu à ses côtés.

Quand il tendit la main, j’accourus vers lui, comme si j’aspirais à me retrouver près de lui.
Ni moi ni lui ne parlâmes, mais nous étions unis par un besoin d’affection, de proximité, de contact physique.

Ce contact me parut à la fois excitant et gênant. Je me dégageai de son étreinte par pudeur.
Dans la pénombre je ne distinguai pas son expression quand je m’écartai de lui. Nous gardâmes tous deux le silence comme si nous n’avions pas envie de retourner dans le monde humain de la parole.

Je l’aimais comme une fille aime son père même si en grandissant je voyais son regard changer au fil des jours.

Des gestes et des paroles firent que je commençais à craindre celui qui m’avait sauvé la vie mais que je laissais me caresser sans oser le repousser car je ne pouvais rejeter mon bienfaiteur.

Des gestes tendres, des baisers furtifs, je découvrais à son contact des sensations que je m’efforçais de masquer et qu’il jugeait anodins.

C’était l’heure où les ténèbres palissent peu à peu à l’approche de l’aube et que les rayons brûlants du soleil teintent votre peau d’une couleur de miel.

Un souffle chaud fit voler la poussière et me fit sortir de ma torpeur. Mon père adoptif venait de mourir et j’avais peu de temps pour pleurer sa disparition.

Sans réfléchir et malgré la tristesse qui submergeait mon coeur, je m’élançai à toute allure, sans prendre la peine de me retourner pour jeter un dernier regard vers cette maison isolée au milieu de cette forêt immense que je devais abandonner.

Retrouver ceux de ma race allait être une aventure que je redoutais, j’ignorais tout d’elle et ne parlait ni écrivait cette langue.

Quand ce sombre m’adressa la parole au milieu de cette place où circulaient toutes les races, je fus tétanisée autant qu’épuisée par ce long voyage entrepris depuis des lunes. J’avais parcouru toutes les contrées en me cachant et quand je fus près de cette ville, la curiosité me poussa à franchir la porte Sud.

Il comprit de suite que je réclamais de l’aide et sans hésiter il me proposa la sienne. Il allait être mon Maître, m’apprenant cette langue qui m’était inconnue, m’enseigner l’histoire de notre race et me parler de sa Foi envers notre Père.

Tout en m’offrant la clé de son Manoir et sa protection, je fus émue par tant de bonté et de générosité. Je voulais tant apprendre sur les miens que je confiais sans hésiter ma vie entre les mains de Satalis.
Je venais de rejoindre la famille des Cryso Renor, un dur apprentissage allait débuter pour moi.
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Message par Khaneyl » lun. 22 décembre 2008 à 14h11

Dure réalité.

Khaneyl, la sombre à moitié sauvage qui vagabondait dans la montagne et n’avait d’autres livres que les animaux et les plantes, cet enfant qui était moi, avait disparu à jamais, effaçant petit à petit de sa mémoire son enfance au côté d’un humain protecteur.

J’étais devenu Khaneyl, la sombre magicienne, un peu livresque du fait d’un vécu linéaire. Sous ce déguisement des plus flatteurs se dissimulait un don, des oreilles et des yeux auxquels rien n’échappait et un cœur apprenant en secret les leçons de la vengeance que m’enseignera certainement mon Maître Satalis et ceux du clan dont je me devais de leur prouver par mes actes ma loyauté et mon dévouement.

Je me doutais qu’au sein d’un groupe régnait de la rivalité et que notre ambition viscérale nous poussait parfois à défier nos frères. Je n’étais pas encore atteinte par ce désir de pouvoir que certains masquent sous de faux semblants d’indifférence.

Des regards de défi, des gestes d’impatience, des paroles provocatrices, un duel dont l’issu sera des plus surprenante me glaçèrent le sang malgré la chaleur que dégageaient les flammes de ce brasier gigantesque qui éclairait cette grotte à la voûte élevée.

Ma première réunion me laissera un goût amer dans la bouche et une sensation de tristesse.

Je venais de tourner le dos aux plus belles années de ma vie…..
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Message par Khaneyl » mar. 13 janvier 2009 à 12h58

Rébellion

Mon instruction avait débuté par l’apprentissage de notre langage que je maîtrisais difficilement, j’avais un fort accent que j’avais du mal à corriger et qui me déstabilisait.

Satalis m’encourageait à sa façon pour que je persiste dans mes études, un geste tendre, un baiser sur le front qui me surprenait parfois ou un simple compliment qui me poussait à me surpasser. Je ne voulais pas le décevoir par ma mauvaise volonté ou mon manque de motivation.

Je n’étais pas habituée à tant de disciple et de contrainte, à rester enfermée des heures dans une salle cloisonnée. Rêveuse, observant les ombres des bibelots projetés sur les murs de la salle par la lueur blafarde d’une bougie vacillante, je laissais mon imagination vagabonder en les regardant naviguer sur les murs de la pièce.

Ma jeunesse passée à sillonner les montagnes comme une sauvageonne, à chasser du gibier pour cuisiner notre souper, la cueillette des plantes médicinales pour préparer baumes ou potions et surtout regarder mon père abattre et scier le bois des arbres pour notre bois de chauffe, me manquaient énormément.

Surtout que depuis plusieurs jours, un nouveau membre venait de faire son entrée au sein de notre groupe, Krys, qui avait en parti pris le relais pour mon initiation.
Son style très personnel dans l’art de la discipline me révoltait surtout quand il me menaçait de milles maux.

Sa rudesse me rendait encore plus indisciplinée et par provocation je pris la malheureuse initiative de visiter les villages interdits en compagnie d’un humain des plus attachants.

Je venais de commettre une action des plus dangereuses et mon inconscience allait mettre en danger la vie de cet humain qui me fit redécouvrir un sentiment oublié.

Krys se chargera de me remettre dans le droit chemin et Gabranth allait découvrir le côté obscure et menaçant de mon protecteur.

Je noyais ma tristesse en compagnie d'une bouteille de vin qui me fit oublier pour un moment mon désarroi et m’endormis………. dans les bras de Krys en lui faisant la promesse solennelle d’être toujours confiante et obéissante.

Je lui confiais sans crainte ma destinée entre ses mains qui lui appartiendra jusqu’à ce que la mort me…..délivre de ce monde….
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Message par Khaneyl » ven. 16 janvier 2009 à 12h15

Inconscience

Me suis-je donc si mal conduite ?

Que nous reprochons t’on qui puisse mériter tortures et châtiment en mourant sacrifiés au court d’un rituel…
Parfois l’amour est une fleur qui éclot avec le temps et Krys en l‘effleurant du bout des doigts a éveillé cette affection qui vous pousse à vous dévoiler.
Faire que les pétales s’entrouvrent pour laisser le cœur découvrir un sentiment qui vous transporte vers un plaisir divin …l’amour.

Je n’aspirai pas à découvrir ce tendre sentiment avec un humain. J’ai malgré moi, retrouvé à ses côtés des moments partagés dans un passé lointain, tendre complicité, geste délicat, petite joie ou grand bonheur qui devinrent plus intense à chacune de nos retrouvailles.

Je ne tairai pas mes sentiments, je ne fuirai pas, j’affronterai sans peur mon bourreau.
Ils croient disposer de nous comme ils le veulent alors soit je subirai leurs courroux et accepterai la sentence.

L’épilogue de mon histoire se terminera peut être par une délivrance.

Quelle vertu la vie peut elle avoir si nous ne pouvons vivre ensemble…
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Message par Khaneyl » lun. 19 janvier 2009 à 17h15

Révélation.

Certains évènements peuvent changer le cours d’une vie comme un déluge celui d’une rivière.

Je venais de quitter la bibliothèque du Manoir et pendant de longues heures j’avais ouvert de nombreux livres et déroulés de vieux parchemins. J’avais entre les mains une page arrachée, feuille jaunie par le temps, des écrits partiellement effacés mais dont je pus lire des mots griffonnés qui me laissèrent dubitative.

Le savoir est une arme bien trop puissante dans les mains des ignorants. La perfection ne souffre d’aucune tare, aucune faiblesse. Nous sommes les porteurs du Divin. Nous sommes fait à son image. Nous sommes puissance, honneur, fierté et liberté. Nous sommes destruction !


Les mots résonnèrent dans ma tête, mais une autre me réconfort.

Si un Dieu nous blâme, un autre nous sauvera.

Je roulais le parchemin et tout en répétant la dernière phrase, je me dirigeais vers la cité des sombres ….

Satalis avait rajouté une règle des plus condamnables et je compris que ma vie ne tenait plus qu’à un fil….un fil si fragile que la perfection exigera qu’il soit rompu.
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Message par Khaneyl » mer. 21 janvier 2009 à 13h53

Destinée.

Patiemment, il m’avait écouté et confiante je l’avais suivi hors de notre Cité, il émanait de ce sombre une grande sérénité et un grand respect à m’écouter et à vouloir m’aider.

Mais j’étais devenue rebelle à tous les conseils et avertissements depuis que j’avais fait le choix pour que mon futur ne soit pas obstrué, au sein de cette Communauté ou prônait encore un vieil adage.

Le respect de notre peuple par le dévouement et la fidélité.

Mais avais je bien assimilé toutes ses doctrines si aberrantes en les étudiant d’un regard discret ?

Malgré plusieurs coups de fouet et une pitoyable tentative de suicide, j’en étais toujours à courir après une chimère. Devais je repousser cette main tendue sans craindre fourberie, tromperie, hypocrisie ou manipulation….

Ecoutes ton cœur car lui seul connaît la réponse m’avait dit un jour Tolkar…

Alors je t’attendrai en notre Cité pour laisser s’exprimer mon coeur…et pour trouver enfin la place qui me revient auprès de Père ou de Mère.

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Message par Khaneyl » lun. 26 janvier 2009 à 15h51

Providence.

Plusieurs lunes à patienter sans jamais le croiser, l’attente était un supplice mais qui vous porte vers la réflexion. Je n’avais pas reçu de réponse à cette missive glissée dans sa boite privée.
Je souriais malgré moi en y repensant, je mettais armée de patience pour la rédiger en langue sombre et certains mots alignés peuvent parfois vous tromper, un mot de quelques lettres qui peut être interprété de différente façon, mais je savais que ma parole se chargera de rectifier l’incompréhension ou le doute.

Ce soir là, je voulais me dégourdir l’esprit et le corps et partis pour Giran me procurer des potions pour ma magie.
Sur cette place désertée par les habitants, je l’aperçu et le vis si désemparé de ne pouvoir se procurer les capsules qui vous rendent si puissant, que je lui proposais mon aide.

Ne doit on pas porter secours à un frère dans le désarroi …

Je l’invitais à me suivre, à m’accompagner, pour une chasse en un lieu où je savais qu’il allait regretter d’avoir été si audacieux en me suivant.
Mais je le pris sous ma protection, le voir souffrir en recevant tant de coups violents, le rendant si vulnérable au milieu de ce cimetière à la clarté lunaire, me culpabilisaient.
Il ne me quitta pas tout au long de cette chasse que je maîtrisais avec dextérité, et profitant de notre proximité, il osa quelques gestes ou prononcer des mots à la dérobée qui flatteraient sans contexte n’importe quelle femme.
Mais le plus surprenant vint qu’en nous commençâmes à parler de notre vie et de nos désirs.

Au lever d’un nouveau jour, nous étions devenus si proche que je réalisais avec joie que nous avions la même Foi.

C’était absurde, mais la lumière du jour est cruelle et elle m’ouvris les yeux sur la voie de ma destinée.

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Message par Khaneyl » mar. 27 janvier 2009 à 08h50

Sentence.

J’assumerai mes actes et refuserai qu’un autre soit condamné à ma place. Je n’ai aucun regret car ma faiblesse n’a pas changé ou modifié ma Foi envers Père.
Il a été le témoin de mes dépravations et je sais qu’il me pardonnera d’avoir voulu tester mes limites et ainsi endurer les pires humiliations jusqu’à l’extrême obéissance et soumission.
Les règles imposées n’ont pas été bafouées et Satalis malgré sa colère ne m’a pas condamné, il attend de moi un dessein sur lequel on décèlera des traces de repentir.
Je ne suis pas encore une Cryso Renor de par mes actes mais je progresse néanmoins sur le chemin de la perfection en parcourant celui de la déchéance.

Le jour du rituel, je m’avancerai au centre du pentacle et je remettrai ma vie entre les mains de notre Père, j’ai Foi en sa justice divine.

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Message par Khaneyl » lun. 2 février 2009 à 16h08

Rupture.

Je m’étais endormie sereinement dans ce lit si douillet de cette maison des soins.
Je revenais d’une aventure qui aurait pu me coûter la vie mais j’étais indemne.
Toujours ce désir de vouloir défier et éprouver mes propres limites.
Bravant les éléments ou pire encore, les êtres vivants.

Il était épuisé et somnolait à mes côtés, toujours dévoué et prévenant.
En apposant ses mains pour soigner mes multiples blessures,
Mon admiration et ma passion s’amplifiaient un peu plus chaque jour.

La marque avait disparu, ainsi que toutes plaies apparentes.
Ma peau si sombre s’était éclaircie, un prodige mystérieux.
Même ma vision était différente, tout comme mes résolutions.

J’allais devoir affronter sans faiblesse ni frayeur, deux démons.
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Message par Khaneyl » mar. 3 février 2009 à 12h39

Rémission.

Le manoir était encore endormi quand je sortis de ma chambre. Je jetai un dernier regard sur cette pièce dont j’avais franchi le palier il y a quelques lunes.
Un sac de voyage à la main, je franchissais la porte afin que débute ma nouvelle mission.
J’avais affronté mon premier démon, prête à le défier pour obtenir le droit de vivre selon mes désirs.

On ne quitte pas les Cryso Renor, seule la mort nous en délivre.

Dépitée, je voulus néanmoins le provoquer et même tenter de le tuer, mais une main s’interposa.
Une providence du nom de Garathe et qui obtiendra de la part de Satalis que je devienne sa disciple, une soigneuse au service de notre Ordre, quelle ironie du sort.

Quand il fit comprendre avec conviction que je n’étais pas faite pour œuvrer à ses côtés. Que le combat qu’il menait au nom de Gran Kain n’était pas encore le mien. Il lui proposa cette alternative puisque je ne pouvais les quitter.
J’avais compris quand les mots fusaient de sa bouche et au regard qu’il me lançait que Garathe voulait me sauver la vie.
Il fallait admettre que la ruse devait faire place à l’impétuosité.

J’allais donc apprendre, soigner, et patienter …

J’avais un nouveau protecteur qui faisait preuve d’une grande sagacité face à Satalis, et j’en fus étonnement abasourdi.
Il l’avait empoigné et soulevé d’une main ferme pour le ramener au Manoir. Etrangement Satalis était devenu fébrile et sans se retourner Garathe m’avait hurlé d’un ton froid.

« C’est ta dernière chance Khaneyl !!»

Je devais maintenant affronter mon deuxième démon.
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Message par Khaneyl » ven. 6 février 2009 à 11h17

Retour aux sources.

J’étais assise face à lui, il était non loin de la main qui se dresse au centre de la Cité des sombres. Il m’écouta patiemment, tirant par moment sur sa pipe la fumée de cet horrible tabac dont l’odeur me donnait la nausée.
Je lui racontais mon histoire, tout en tournant les pages de ma vie. Un livre que j’allais refermer. Les phrases se succédaient, pleines de rire, de bonheur, d’émotion, de tristesse et de souffrance.
Quand il apposa sur mon épaule, la marque du bouclier, je fus prise du désir de me battre de nouveau à ses côtes, toi mon protecteur, mon ami, mon confident des plus compréhensifs.
Mais quand il quitta le village, je ressentis une immense détresse et me dirigeais vers la maison de soins. La porte était close, tout comme le cœur de celui qui m’avait salué quelques heures auparavant.
Je sortis de mon sac la dague et la déposais devant la porte, je griffonnais quelques mots sur un bout de parchemin et plaçais la feuille sous l’arme.
Tout en me dirigeant vers la passeuse, un mur d’image défila devant mes yeux. Souvenirs d’une vie de sombre humaine….

Mon père dans sa chambre mortuaire…

Satalis au centre de la place de Giran,

Krys assis devant la grotte d’Antharas…

Tolkar et son inséparable bouclier….

Seldszar et ses jeux interdits…

Sheinen aux sources chaudes…

Ikrel, le Shileniste au regard bleu azur…

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Message par Khaneyl » mer. 11 février 2009 à 16h18

Déception.

Il était au port de Rune, semblant perdu dans ses pensées, il portait son habit des plus élégants. Les battements de mon cœur s’accélérèrent quand je le vis près de l’embarcadère.
Quand mon regard se posa sur lui et qu’il s’approcha, je ressentis une envie irrésistible de prendre la fuite.

Il m’interpella en me reprocha mon départ, il voulait que je reste et que je sois près de lui pour le siège de Goddard.
Cette bataille pouvait m’être préjudiciable et ce n’était pas mon combat, je voulais m’éloigner, ne plus subir de reproches sur mon appartenance. J’étais une sombre tolérante qui aimait son peuple en faisant abstraction de toutes croyances religieuses.

N’étions nous pas tout simplement les enfants des Dieux.

Les Shilenistes me détestaient même si leurs paroles ou gestes pouvaient me laisser croire le contraire.
L’hypocrisie et la manipulation sont des sentiments bien souvent utilisés pour obtenir ce que l’on désire.

Nous sommes allés nous poser à l’ombre d’un arbre touffu de la vallée enchantée, profiter d’un moment de répit et tenter de nous réconcilier.
A cet instant je vis tomber le masque qu’il portait et découvris un autre Satalis.

J’acceptais sans vraiment évaluer les risques et les conséquences.
C’était encore cette curiosité malsaine qui fait partie de mes nombreuses faiblesses, et que mon médecin préféré m’en fera le reproche par la suite.

C’est donc le visage voilé que je pris part à la confrontation dont l’issu fut des plus cruelles.....

Allongée sur mon lit.....recouverte de bandages que j’avais maladroitement posé sur mes plaies ensanglantées.....je pleurais de voir mon corps meurtri.

Malgré mon visage voilé et ma présence des plus discrète, je fus attaquée par des ennemis assoiffés de sang et qui s’acharnaient même sur les blessés.
Je ne fus pas épargnée pendant cette bataille, et malgré les quelques sorts que je lançais pour riposter, ma magie se heurtait à des armures de bonne qualité et résistant à toutes attaques.

Je les voyais, ces braves guerriers, subissant avec courage les attaques répétées et dévastatrices des défenseurs. J’étais horrifiée de les voir, vaillants et intrépides, mais tombant au sol comme des pantins désarticulés.
Cet affrontement dura des heures interminables, et au loin on pouvait apercevoir quelques observateurs impassibles, aux visages dissimulés.

C'est après une douce nuit passée aux creux du lit douillet qu’il m’avait « offert » pour me remettre de mes blessures, que je pris la route qui mène vers le port de Rune et embarquais discrètement à bord d’un bateau pour une longue villégiature.

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Message par Khaneyl » mer. 18 février 2009 à 10h49

Désespoir.

Nous étions au bord des eaux du fleuve dont les remous éclaboussent les murs de la ville de Giran. J’avais souhaité et besoin de libérer mon esprit, espérant un réconfort auprès de celui qui était devenu mon confident.
Sheinen, sans ménagement, avait tourmenté ma raison en me narrant un événement des plus horribles et depuis, mes nuits étaient peuplées de cauchemars.

Je fus désappointé d’apprendre, suite à mes révélations, qu’il était coutumier chez les sombres de procéder à ce genre de défouloir.

Le peuple sombre ne m’avait pas encore dévoilé toutes ses turpitudes.

Je regagnais, dépitée et frustrée la place de la ville, la nausée toujours aux bords des lèvres. Sheinen était venu troubler notre entretien et nous comprîmes qu’il était préférable de nous séparer.
Tel ne fut mon désarroi quand je fus de nouveau prise dans les filets de Satalis qui, m’entraînant vers la guilde des sombres m’accabla de reproches.
Je déversais sur lui un flot de reproches et accusations sur ces agissements mais rien ne semblait le culpabiliser, il était rusé comme un félin, évitant les pièges tendus et usant de son pouvoir pour me déstabiliser.

Durant notre face à face des plus provocants, je le vis….les mains liées dans le dos, traînant les pieds, le visage crispé et le dos courbé…malmené par une sombre masquée qui le poussait et le brusquait sans ménagement.
Satalis fut témoin de la scène mais ne semblait pas porter grand intérêt à ce sombre Shiléniste du nom d’Ikrel.

Je restais pétrifiée sur place et quand je courus à leur poursuite, ils avaient disparu, me laissant complètement désappointée.
Depuis quatre jours, je remue « ciel et terre » pour le retrouver, collant une affiche à la maison des soins pour signaler sa disparition, adressant une missive des plus alarmistes au Général Azurys….

Quatre longues journées sans dormir ou si peu, parcourant les villes, interrogeant certains des nôtres, glanant des informations sur cette sombre sanguinaire ….priant Père et Mère….…espérant une aide…..

Quand la lune prit son quartier à la fin du quatrième jour, je pris place sur les marches de la Cité, face à la Maison des soins….mon regard posé sur l’affiche collée sur la porte close….

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Message par Khaneyl » lun. 23 février 2009 à 12h09

Douloureuse victoire.

Allongée sur ce lit je reprenais petit à petit conscience, Freyja et Lirandiil étaient à mes côtés, inquiets et attentionnés.
Je regardais autour de moi pour constater, avec étonnement, que j’étais dans une pièce du château, simplement meublée de lits et coffres volumineux. Les murs étaient en pierre brute et aucunes tentures ne les recouvraient pour nous protéger du froid. Un feu crépitait dans la cheminée et éclairait la pièce de ses lueurs flamboyantes.

Freyja me serrait la main et tentait de me rassurer par des paroles dont je percevais à peine les sons, une léthargie s’était emparée de tout mon être.

Le poison puisait toutes mes forces et malgré les soins de Satalis, mon âme survolait mon corps. Il avait déjà emporté l’innocent qui avait été conçu lors d'une relation des plus clandestines.

C'était lors du siège, nous étions dans la salle du trône quand elle a surgit face à moi, une elfe dont les pouvoirs me clouèrent sur place. Puis ce trou noir qui vous aspire dans le monde de l’inconscience. A mon réveil, je fus prise de douleur ventrale et des nausées firent que je ne pus apprécier notre victoire.
Pendant plusieurs heures je souffrais le martyr mais cachais aux yeux de tous, ce mal qui s’insinuait en moi.

Cette prise du château d’Oren devait m’apporter l’aide que je réclamais depuis des jours. Nombreux m’avaient fait la promesse de venir au secours de Ikrel, je n’avais de cesse de leur rappeler que tous avaient été sauvé ou soigné par ce médecin.
Et il y avait cette sombre, surgit de nul part et qui arpentait les rues de la Cité, belle inconnue pleine de compassion et qui m’intriguait. Son visage étrangement ne m’était pas vraiment inconnu.

Shiléniste et Kainiste, unis pour une cause honorable, fallait il y croire ?


J’avais obtenu des informations plus précises sur cette Communauté de vampires car auprès de moi, une sombre les avait côtoyé et avait lié une amitié particulière avec une de ces créatures, il lui avait révélé l’emplacement de leur Manoir, la menant face à cette porte, dans la ruelle où Ikrel avait été vu pour la dernière fois, et lui fit bien d’autres confidences sur ces semblables.

Petit à petit je reprenais espoir, il me fallait guérir et quand Garathe me fit boire ce remède dont il avait le secret, je m’endormis apaisée et confiante…

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Message par Khaneyl » mar. 24 février 2009 à 11h22

Captivité.

Les moments de lucidité étaient étrangement réguliers, une grande faiblesse m’empêchait de bouger et encore moins de me lever. Le moindre mouvement était un exercice des plus laborieux. J’étais toujours dans cette pièce, où un feu de cheminée était régulièrement alimenté par la main d’une servante qui me veillait jour et nuit.

Une douce chaleur qui se noyait dans cette chambre ou aucun bruit ne venait troubler le silence à part le crépitement du bois qui se consumait dans l’âtre.
Elle profitait de mes cours instants d’éveil pour procéder à mes ablutions, changer mes draps ainsi que mes linges. Un bouillon des plus infectes et des compotes de fruits étaient ma seule nourriture.

Chacun de ses mouvements attiraient mon attention, ma mémoire trouvant un malin plaisir à faire resurgir des souvenirs associer à un bruit, un goût ou un geste…

L’eau déversée dans une coupe en faïence, petite cascade d’eau perdue dans les profondeurs d’une forêt à la végétation luxuriante.

Tisane au goût de miel, tendre complicité et doux baisers mielleux.

Une brosse laissant tomber quelques cheveux sur le drap blanc, un regard démasqué par une main jouant les barbiers avec une dague tranchante.

Elle me murmurait à l’oreille tout en effleurant mon front de sa main rugueuse :

« Le Maître va bientôt venir vous voir Dame… »


Je sombrais de nouveau dans un sommeil artificiel et les jours s’écoulaient comme des doigts qui égrènent les perles d’un collier …..
Dernière modification par Khaneyl le ven. 6 mars 2009 à 14h20, modifié 2 fois.

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Message par Khaneyl » jeu. 26 février 2009 à 16h52

Ange et Démon.

Nous avions longuement discuté, lui attentionné, moi attentive et épiant ses moindres gestes.
J’allais beaucoup mieux et allais enfin pouvoir quitter cette chambre, selon ses dires.
Il ne posa aucune question indiscrète, j’étais sur la défensive mais néanmoins enjôleuse pour l’amadouer. Je voulais me rendre au plus vite à la Cité, dans l’espoir d’avoir des nouvelles de Ikrel.
Son sourire narquois suffisait à me faire comprendre qu’il jubilait intérieurement et cela augmentait encore plus ma détresse.
J’avais revêtu depuis longtemps un habit de comédienne, pour survivre à leurs côtés et supporter cette vie qui ne m’appartenait pas…

Deux silhouettes….deux sombres….Je les observais puis m’avançais vers eux, lentement pour essayer de mettre un nom sur leurs visages. La place où trône en son centre cette main était glaciale.

Je reconnus Seldszar le démon qui préféra s’éclipser et dont je trouvais le départ des plus suspects et une sombre inconnue.

Après de brèves présentations, notre traque commune nous mena à Giran, Ange dont le nom me surprit pour une sombre avait rallié à notre cause un humain en sombre armure, un être complètement désabusé du nom de Batsoleil…il n’avait jamais du connaître de zénith dans sa vie d’éphémère.

Elle nous échappa en pleine place de Giran, maligne vampire qui se jouait de nous avec panache.
Qu’importe, je ne lâchais pas prise tout en oubliant pourtant que j’étais une Cryso Renor et qu’une menace planait au dessus de ma tête….

Lèverai je assez rapidement mon regard pour éviter l’épée qui allait bientôt s’abattre sur moi ?

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Message par Khaneyl » lun. 2 mars 2009 à 14h28

Retrouvailles.

J’allais de ville en ville, toujours ce besoin de vérifier et de questionner, regardant les affiches sur les murs, espérant des nouvelles. J’étais au village des chasseurs quand je me retrouvai face à celui qui s’était éclipsé pour me laisser seule avec Ange à la cité.
Seldszar, le sombre démon qui n’avait en rien changé à sa façon de me dévisager, regard envieux et voix séductrice.

Il résidait dans ce village et c’est près d’un arbre non loin de ce village qu’il m’annonça que son présent allait changer, un choix qui allait bouleverser sa vie.

Je souriais en le regardant me dévorer avec un regard qui exprimait le désir, les envies et les phantasmes les plus délirants. Il me fit comprendre que pour le moment’il était encore libre et disponible pour continuer ce jeu qui nous avait poussé au delà de nos limites, pulsions extrêmes et excitantes.

Je m’amusais à le charmer et je compris à son empressement que « chasser le naturel et il revient au grand galop » lui correspondait parfaitement.

Il suffisait d’un claquement de doigts pour que le tourbillon l’entraîne de nouveau dans la spirale des désirs charnels des plus volcaniques.

C’est en retournant à la Cité que je l’aperçus, assis face à cette main, l’affiche de la porte à ses côtés. Il s’approcha et après m’avoir embrassé tendrement, il m’entraîna vers la maison des soins. J’étais sous le choc de le revoir, il était fatigué mais sans aucunes blessures, je réalisais en le regardant que son cœur et son esprit étaient restés ailleurs.

Quand je les regardais partir les unes après les autres après maintes questions et réponses plus que surprenantes, une mère enlevant son fils et qui s’enfuit, déjouant la surveillance de celle ci.
Je refusais d’y croire car il m’avait raconté sa triste séquestration qui avait duré des années et se libérer de l’emprise d’une grande magicienne avait un dur combat mêlant ruse et habileté.

Je le laissais seule avec Ange qui voulait s’entretenir avec lui et je m’installais sur les marches face à cette porte close et ressentit un mal être et une grande mélancolie me submerger.

Quand elle quitta la pièce et que je pénétrais à mon tour, je préférais ne prononcer que des phrases pour lui exprimer mon bonheur de le voir en vie et je m’effondrais, laissant toute la tension accumulée depuis des jours se déverser en un flot de larmes.

« C’est fini » me dit il en me prenant dans ses bras…

En effet, il avait retrouvé sa liberté et j’allais de nouveau continuer à souffrir à ses côtés en silence et n’être que pour lui « une agréable compagnie douce et attentionnée ».

Je l’invitai à se reposer en lui proposant un massage des plus décontractant et quand il s’endormit, je ne pus trouver le sommeil.

Je le veillais pendant plusieurs heures comme une mère veille sur son enfant et quittais la Cité.

Je voulais expulser toute ma détresse en allant chasser dans la vallée des Saints, je m’acharnais sur les gardiens de ce lieu avec acharnement, les tuant avec rage, avançant d’un pas mesuré et déterminé dans cette immensité sablonneuse.

Quand le sol se déroba sous mes pieds et que je fus entraînée dans les profondeurs de cette crevasse, je poussais un hurlement déchirant et ma chute fut des plus violentes.
Quand mon corps rebondit sur le sol rocailleux, je perdis conscience, le sable continuait à se déverser sur moi comme un sablier, me recouvrant d’un monticule de sable chaud.
Il faisait nuit quand je rouvris les yeux et que je m’extirpais de sous cette masse poussiéreuse.

Ma jambe me faisait souffrir atrocement et m’adossant à la paroi je levai les yeux pour essayer de discerner l’ouverture de cette crevasse.

Deux choix s’offraient à moi, la mort en utilisant mon épée qui avait du tomber non loin de moi, ou tenter d’escalader la roche.

Je ne pouvais compter que sur ma propre volonté de survie ou peut être sur une aide providentielle.

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Message par Khaneyl » ven. 6 mars 2009 à 14h06

Réflexion.

La torche en tombant au fond de la crevasse avait rebondi sur le sol et des flammèches s’étaient envolées, brûlant la peau de mes jambes. Je sursautais et protégeais instinctivement mon visage avec mes mains. La lueur vive des flammes éclairait l’espace, dessinant des ombres mouvantes sur les parois.

« Hé ! Mais par tous les Dieux, je n’en crois pas mes yeux ? Vous êtes là depuis combien de jours jeune Dame, une chance que je sois passé par ici et que j’ai aperçu votre sac près de cette crevasse. Vous allez bien ? Criait il, sa voix résonnant en écho dans ce puit qui me retenait prisonnière.

Je levais mon regard vers cet individu dont je distinguais à peine les traits, une capuche recouvrait sa tête masquant de moitié son visage.
Ma gorge était sèche, mes lèvres gonflées et gercées par le manque d’eau et faiblement j’émis quelques râles pour toute réponse.

J’essayais de bouger tout en accompagnant mes mouvements de légers gémissements, ultimes efforts qui puisaient mes dernières forces.

« Je vais vous sortir de là, je vais vous lancer une corde, vous n’aurez qu’à l’attacher autour de votre taille et je vous hisserais doucement pour vous remonter, n’ayez crainte Dame" s’empressa t’il de crier tout en gesticulant, de la poussière tombant à l’intérieur et me faisant plisser les yeux.

Je nouais la corde autour de ma taille, péniblement et comme un moine tirant sur la corde de sa cloche pour la faire résonner, je pris mon élan pour me mettre debout en serrant la corde entre mes mains. Il tira sur la corde lentement, me hissant en un rythme saccadé et régulier.
Mon cœur s’emballa quand il attrapa mon bras pour m’extirper de la crevasse. Je ne pouvais le remercier, je n’arrivais plus à parler. Il s’agenouilla devant moi et sortit de son sac une gourde.

« Buvez que quelques gouttes, humidifiez vos lèvres en premier et laissez l’eau pénétrer dans votre bouche lentement, ma pauvre enfant vous êtes épuisée.. » prononça t’il d’une voix pleine de miséricorde.

Je m’exécutais et vis enfin son visage, un vieil humain dont la peau ridée ressemblait aux terres asséchées de certains déserts.

« Mon loup va vous portez jusqu’à mon repère, vous allez vous reposer et je vais vous ragaillardir avec mes remèdes, il y a bien longtemps que je n’ai rencontré du monde par ici. » me révéla t’il tout en m’aidant à monter sur sa bête apprivoisée.

Je m’allongeais sur son dos, enfouissant mes mains dans la fourrure de l’animal, sa chaleur me réconforta et quand il commença à avancer, le balancement de sa démarche me fit sombrer dans un sommeil des plus apaisants.

La grotte était éclairée par des torches placées dans des chandeliers sur pied en fer forgé.
De vieux meubles en bois poussiéreux décoraient cet endroit confiné et exigu. Une unique paillasse recouverte de couvertures usagées trônait dans un coin.

Un feu crépitait au centre de son antre diffusant une douce chaleur, quand il jeta des herbes dans les flammes, les fumées propagèrent une odeur agréable et apaisante.

A même le sol de nombreux ouvrages étaient entassés. Certains étaient empilés sur les coffres, d’autres étaient ouverts sur une table encombrée d’un bric à braque de fioles, de pots en verre, de parchemins enroulés.

Il m’allongea sur son lit de fortune et s’activa à me préparer une boisson revigorante avec des herbes enfermées dans ses pots en verre.
Je le regardais et songeais que cet homme devait vivre seul ici depuis des années.

« Buvez moi ça jeune dame, et pas de caprices »
me dit il tout en me tendant le breuvage à la couleur douteuse.

Il s’installa face à moi et me regarda boire, sa voix se fit posée et rassurante.

«Vous n’avez pas besoin de parler, votre regard suffit à me faire comprendre que votre vie n’est pas celle dont vous rêviez, jeune dame. Vous retrouvez seule, au milieu de ce désert, me laisse à penser que vous l’êtes encore plus avec ceux de votre race. Me tromperais je en disant cela ?

Je le fixai et détournais le regard ne pouvant supporter le sien, il avait déjà sondé mon esprit et ma détresse était tellement visible, que je n’avais pas besoin de l’exprimer par des mots.

« Vous aurait on trompé, humilié, manipulé… ? » me demanda t’il tout en me reprenant la coupe des mains.

Je baissais le regard et prenant un parchemin traînant sur le sol, je cherchais du regard une plume pour lui écrire ma réponse. Il me tendit un petit bâton de charbon durci et j’écrivis d’une main hésitante le récit de ma vie le plus brièvement possible.

Il lisait les feuilles puis les jetait au feu, quand il eut terminé de lire les dernières lignes de mon récit, il me déclara d’une voix pleine de mansuétude.

« Nous avons tous besoin de respect et de l’estime des autres, pour pouvoir construire notre propre estime » me dit il d’une voix douce.

C ‘est comme cette bague que je porte au doigt, et qui vous paraîtra sans valeur, mais seul un expert peut en estimer sa vrai valeur et vous êtes comme cette bague jeune dame :un bijou précieux, unique

En tant que tel, seul peut vous estimer un véritable expert. Pourquoi exiger du premier venu qu’il découvre votre vraie valeur ? »

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Message par Khaneyl » lun. 9 mars 2009 à 14h17

Les chemins de la vie.

J’avais plié la lettre soigneusement et la plaçais dans mon sac. Sans hésitation je prenais le chemin de la ville d’Oren, puis marchais jusqu’au château en empruntant les chemins de travers. Je ne voulais croiser personne et fis en sorte d’arriver à l’étage, le plus discrètement possible.

Je glissais ma lettre sous la porte de son bureau rapidement et longeant les murs, je courus vers la sortie, ma cape noire ondoyant comme les ailes d’un corbeau autour de moi.

Depuis mon retour de captivité de nombreux évènements avaient modifié le cours de ma vie.

Le soutien sincère et amical d’une naine le jour de mon retour, une aide précieuse et dont je lui en serai toujours redevable.

J’étais arrivée à Rune, épuisée physiquement et moralement et très amaigrie, ce séjour de plusieurs jours au fond de cette crevasse, avait été une pénible épreuve. Elle m’avait proposé de me reposer dans sa demeure, petite maison isolée au milieu d’un paysage neigeux.

J’acceptais mais ne pus rester que quelques heures, je voulais me rendre à la Cité…

Enfin ces retrouvailles tant espérées, mais qui se termineront par un déluge de déception, de désillusion, de révélation qui vous brise le cœur et vous pousse vers l’irréparable.

Non ! Il ne fallait pas retenir ma main, ne pas faire que cette lame ne me tranche la gorge…

Ils refusaient de voir celle qu’ils avaient accueilli et qu’ils aimaient, quitter ce monde à cause.... d’un sombre monstre .…..

Alors que faire ? Continuer à vivre pour lui…qui éprouve une attirance et un désir si intense ?

Il fallait que j’accepte mes échecs et faire que mes épreuves me rendent plus forte et plus combative.

Et il allait m’aider à les surmonter, cette « ombre » bienveillante qui allait me redonner une raison de continuer à vivre….un être sincère et pourtant meurtri dans sa chair plus que moi-même…
Ses yeux si clairs qui ne supportent plus la lumière du jour….un étrange sombre masqué des plus attachant…

Plus qu’une aide, elle m’apportait aussi la sérénité, l’euphorie et un bien être dont je ne pouvais me passer, cette plante mystérieuse qui pousse uniquement sur les terres elfiques était devenue indispensable à chaque instant de ma vie….

Il fallait absolument que je m’aventure sur ces terres pour m’en procurer et ensuite me terrer, m’isoler, pour étudier, apprendre et parcourir tous les ouvrages de la Tour d’Ivoire…..pour parfaire mon éducation et devenir enfin une sombre manipulatrice et vaniteuse….

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Message par Khaneyl » dim. 15 mars 2009 à 11h27

Epilogue.

Il se promène sur un chemin solitaire
Profitant de l’air, du soleil, des oiseaux,
Et du plaisir que lui donne ses pieds
En le portant là où ils le désirent
Au bord du chemin,
Il trouve une sombre endormie
Il s’approche et découvre qu’elle rêve
Par ses paroles et ses gestes, il devine…
Il sait ce qu’elle rêve :
La sombre rêve qu’elle est libre.
L’expression de son visage reflète
La paix et la sérénité.
Il se demande….
Doit il la réveiller pour lui dire
Que ce n’est qu’un rêve
Et qu’elle sache qu’elle est
Dans un rêve imaginaire
Qu’elle ne porte pas de chaînes
Que rien n’entrave ses pieds
Que la tige épineuse de la
Rose Noire n’est pas maléfique


« Réveillez vous Khaneyl »

Il avait crié à ses oreilles et elle sursauta….

Il l’avait secoué pour la sortir de sa torpeur,
l’avait aidé avec sincérité, un peu rudoyé,
Déchirer cette toile, tissée par elle même
une protection, inutile et très dangereuse…

Nombreux souffrirent et subirent la colère
du vaillant chevalier venu libérer la sombre.
Le doux parfum de cannelle l'avait troublé,
ou est ce simplement par charité d'âme.
Cette petite cage dorée aux fins barreaux
n’était qu’une pure illusion, une chimère,
elle s’évapora sous un vent céleste.


La « perle » que Satalis avait déposé
précieusement, vint à tomber de l’écrin,
qu‘il tenait jalousement au creux de sa main.
Il avait replié son aile pour ne plus la protéger,
la laissant libre de ses choix et de sa destinée…

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Message par Khaneyl » mar. 17 mars 2009 à 13h26

Renaissance.

Mon voeu s'était enfin exaucé grâce à lui, il avait fait ce que je n’aurai jamais entrepris de par moi-même, me libérer de mes démons imaginaires. Sereinement, je m’étais éloignée de ce monde sombre et sinistre pour un monde de beauté et d’extase.

J’étais si bien dans ce petit paradis perdu protégé de ceux que j’avais fui sans regrets ni remords.
J’avais fait table rase de tout mon passé et m’étais engagée à ne plus mentir ni tromper, bouclier inutile que je brandissais pour masquer ma faiblesse.
Cette promesse n’était en aucune façon une contrainte pour moi, cela ne pouvait en être autrement, il était le meilleur remède pour une renaissance.

Doucement, je me reconstruisais une vie simple et sans contrainte à ses côtés, découvrant des plaisirs élémentaires et grisants, de rires malicieux et complices.
J’avais retrouvé mon âme d’enfant humaine et je laissais libre court à mes extravagances sans appréhender aucune brimade.

Une maison en bois montée sur piloris sur une plage de sable fin, une véranda accueillante faisant face à un paysage sublime.

Chaque soir je m’émerveillais en assistant au plus beau des coucher de soleil, allongée sur ce canapé rustique et confortable, blottit au creux de bras protecteurs.

Je resterai aussi longtemps qu’il le souhaitera et partirai si tel est son désir….

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Message par Khaneyl » ven. 20 mars 2009 à 15h10

Acharnement.


Le passé n’avait pas fini de me poursuivre, et encore une fois tout avait basculé dans l’incompréhension….
J’étais restée de nombreux jours à vivre paisiblement sans me soucier de ce qui se passait dans ce monde et pourtant …

Il était parti en me laissant seule, je n’aurai pas du quitter notre refuge isolé, ne pas me rendre dans cette ville qui ressemble à une fosse aux lions….

Nobue m’attira à l’écart pour me parler de l’état de santé de Vesykus, il se mourait et j’en restais pantoise et abasourdie. La dernière fois que nous nous étions vu, certes il était désespéré et je n’avais pu éviter son geste des plus radical…

Il m’avait tendu sa dague pour que m’en saisisse, je m’en étais emparé innocemment sans bien comprendre son intention.
Je la tenais entre mes doigts, une dague dont la lame tranchante scintillait à la lueur des rayons lunaires….Il s’approcha lentement et posant sa main sur la mienne, il dirigea la lame pour, d’un geste décisif, la planter dans son ventre….

Je ne pus réagir à temps pour le stopper dans son élan….l’effet de surprise m’avait partiellement figé sur place…

Mon réflexe fut de me reculer et de poser mon autre main sur la lame, me coupant la paume, pour donner plus de force et stopper son action…

J’étais horrifiée et en colère, pourquoi m’infliger une telle épreuve, nous étions devenus des amis qui avaient souffert…Il avait perdu deux êtres chers et je me remettais doucement d’une déception et d’une séparation qui m’avait affaibli dans ma chair et dans mon esprit…

Il le comprit en me disant de partir et faire soigner mon entaille, me promettant de se faire soigner à l’hôpital de Heine. J’étais partie, honteuse de le laisser seul….Je ne voulais pas qu’il souffre davantage….Je ne refusais pas son aide mais ne souhaitais pas l’impliquer dans mes rivalités.

La liste de mes déconvenues commençait à peser très lourd sur ma conscience.

J'avais encore embarqué Malice dans une histoire brodée dans un tissu de mensonges. Mots décousus, simples mots qui sortant de la bouche d’un agonisant, pouvant être mal interprétés, me condamner pour meurtre….

De plus, Seldszar avait semé le doute en mon esprit, je doutais atrocement de la fiabilité et de l’honnêteté de celui qui m’hébergeait, des révélations qui me blessèrent en repensant à des gestes qui n’étaient peu être pas sincères…

Je devais en avoir le coeur net et j'en pris le risque….affronter une bête sur une île, mettant ma vie en danger, juger de sa loyauté…faire que je n’étais pas qu’un simple divertissement et un motif pour se défouler sur ceux qu’ils méprisaient…..

Il tua la bête et sa « sœur » fût blessée en voulant intervenir…Il m’avait traîné par les cheveux pour me ramener sur la plage, ce n’était pas un geste de tendresse, mais j’étais heureuse de leur voir si en colère….je n’avais plus aucun doute…

« Khaneyl…à toi de faire le bon choix…et tu sais où me trouver » m’avait il dit…

Quand je repartis à la nage le laissant sur la plage, je ne voulais pas revivre de nouveau un cauchemar, je passais d’abord au village des chasseurs pour une dernière confrontation et prenais la route de Dion…..

En espérant qu’il ne sera pas trop tard ….

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Message par Khaneyl » jeu. 26 mars 2009 à 12h30

Révolte.

Certains de mes amis étaient passés au large, me fuyant telle une pestiférée.....
D’autres affabulaient en me voyant converser avec mes anciens compagnons….

J’étais seule et encore plus quand je fus amenée à subir sa colère.....
Agenouillée sur le sable, j’étais tombée lourdement sur le sol, épuisée par mon retour des terres du nord.....

Le soleil avait allongé ses longues jambes pour éclairer la plage d’une lumière de plâtre....
Je ne tenais pas entre mes mains la corde pour faire virer le vent......
La bourrasque s‘était abattue sur moi, je ne pus résister à son déferlement.....

La douleur cisaillait ma poitrine, mon regard errant autour de lui....
Je ne pouvais supporter de voir la rage lui enlaidir son si beau visage......

J’essayais d’afficher un visage fermé, essayant de refouler de mon esprit les mauvaises pensées....
Je voulais garder cadenassée la douleur qui m'accablait.......

La mine contrite, et secrètement vexée, je tremblais de le voir douter de ma sincérité....
Tant de détresses retenues et espérances déçues emportèrent mes dernières résistances.....
Je me mis à pleurer comme une enfant quand il m’avoua ne plus avoir confiance….

Des mots résonnaient dans ma tête, manipulation, action préméditée et traîtrise…
Il n’avait jamais été une marionnette dont je tirais les ficelles, j’allais devoir lui prouver ma loyauté.....

Il était temps pour moi que la cloche sonne le glas annonciateur de la fin de mes tourments…

Et quand il s’approcha et tendit une main pour m’aider à me relever….
J’étais résignée et résolue à ne plus mettre sa vie en danger…

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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » lun. 29 juin 2009 à 12h28

Espoir.

J’étais assise au haut des marches face au Temple de Giran, Azurys a mes côtés dont je découvrais la personnalité au fil de nos conversations. Il était attentif et parlait très peu, mais d’un grand discernement et appréciation à mon égard.
Je ne devais plus regarder en arrière et avancer vers mon essentiel. Il disait quelques mots et je devais en construire les phrases, et ainsi écrire la suite de mon histoire sans l’aide de personne….

Assise près d’Azurys, je la regarde avec une émotion non dissimulée, elle est si jeune et son visage rayonne quand elle sourit. Eleanore illumine par sa présence la noirceur de mes jours désœuvrés.
J’oublie mes peines et je ne quitte plus du regard son visage enfantin ainsi que ses moindres gestes. Il émane de cette petite fille une divine plénitude.
Un corbeau géant l’emporte selon ses désirs et ses envies, regagner sa demeure ou rejoindre son protecteur au simple frottement d’une plume contre une pierre….
Eleanore est une petite sombre qui me ressemble…petite orpheline mais vivant auprès de ceux de sa race…
J’apprécie sa compagnie autant que celle d’Azurys qui couve cette jeune Demoiselle d’un œil bienfaiteur et attentionné.

Quand je me retrouve seule, je revis néanmoins certains évènements qui marqueront à jamais mon visage d’une expression douloureuse à chaque remémoration.

Malice me fuit d’avoir trop supporté mes extravagances et provocations envers lui même et Eilistraee, la compagne qui convient le mieux à cet attachant personnage excentrique…
Je ne pouvais ni voulais accepter ce choix dégradant qu’ils me proposaient de rester à leurs côtés sans jamais espérer obtenir la place dont je rêvais.
Ma révolte avait grandi un peu plus chaque jour quand je les voyais ensemble à parader, comme ces jours aux sources chaudes ou à la taverne de Heine…
Aveuglée par une haine farouche envers elle, je m’étais acharnée sur cet humain avec rage…Usant de tous les stratagèmes pour attirer son attention et n’espérer qu’une seule chose, le voir souffrir autant que je souffrais….

Puis mon cœur se sert quand je pense à Lymhos, cet humain elfe dont la sincérité des sentiments me fait toujours douté et qui avait subit la colère de Malice qui ne supportait pas de le voir tourner autour de sa compagne.
Il l’avait massacré à Heine pour un simple échange musical.

Lymhos se détourne quand je m’approche de lui, je désire renouer avec lui après l’avoir repoussé et désabusé. J’essaye désespérément d’obtenir de sa part un pardon, car Il n’a été qu’une victime dans mon désir de vengeance.

Le temps est un remède pour les maux de cœur, j’espère qu’un jour il me pardonnera…

J’appris la mort de Garathe, Freyja me l’annonça à Giran…j’en fus bouleversée, je porte ce collier qu’il m’avait lancé en pleine place de Giran, me rappelant par ce geste que nous étions toujours complices.

Reposes en paix ….Garathe….mon ami….


Je relis souvent le parchemin que m’avait adressé un jour …mon médecin préféré...

Le temps s'écoule comme de l'eau dans un torrent, il n'en manque jamais.
La nuit se lève puis laisse place au jour,
La nature meurt et renaît,
Les personnes viennent au jour et meurent,
Les rencontres se font et se défont.

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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » lun. 29 juin 2009 à 12h29

Retrouvailles.

Il s’était placé derrière moi alors que j’étais assise sur une chaise, les bras allongés devant moi sur la table trônant au centre de la maison des soins de la Cité.
Il me massait la nuque énergiquement tout en se faisant lourd contre mon dos, sa chaleur et ses gestes me ravisaient et tout mon être frissonnait sous l’effet de ce délicieux contact.

Nous n’avions pas trouvé cette maison en haut d’une falaise abrupte, que je voulais lui faire découvrir, sur cette grande île non loin de Heine. Je le regrettais et culpabilisais, mais il était encore affaibli par cette blessure et au bout d’une heure à jouer les explorateurs, nous sommes rentrés à la Cité.

Cette blessure, il aurait pu en mourir si je n’étais pas revenu le voir. J’en frissonne encore quand je revois en pensée son corps allongé sur le sol, près du lit.
Il baignait dans une mare de sang, ses gémissements résonnant dans cette pièce éclairée par des torches diffusant une lumière blafarde.

Je revois encore l’ombre de son corps inerte se reflétant sur la paroi du mur. Dans sa demi inconscience, il avait néanmoins guidé mes gestes désordonnés, essayant de m’expliquer par des phrases saccadées et entrecoupées de lamentations et plaintes ce que je devais faire sans paniquer.
Je m’empressais pour arrêter les saignements, éviter l’infection et recoudre cette peau qu’une dague avait transpercée avec violence. Des jours à le veiller, des jours à vivre dans l’angoisse de le voir succomber, des jours à essayer de comprendre et trouver le coupable.
Il reprit enfin connaissance mais n’avait aucun souvenir, rien qui puisse m’aider à mettre un nom sur son agresseur. Il me confia ses soupçons, une famille de sombres exaltés, j’allais enquêter tout en restant à la Cité.

Je suspectais Nadaonar d’apprécier cette famille vu son peu d’empressement à vouloir m’aider dans mes recherches. Plusieurs fois croisé sans prendre des nouvelles, l’indifférence était devenue coutumière chez les sombres de tous bords…
Même pendant cette attaque de morts vivants qui avaient envahi la Cité et dont je garde un souvenir douloureux, des brûlures, heureusement superficielles, ils étaient tous repartis sans porter un regard vers la maison des soins.

J’avais des doutes mais pas de certitudes.

Je ne voulais pas y croire, ce n’était pas possible que ce fût l’acte d’un humain s’introduisant en notre Cité, de cet humain à moitié fou qui m’avait frappé avec violence, un coup de poing dans l’abdomen et qui me fit tomber à genoux sur le sable d’une plage.

Il aimait trop sa sombre pour détruire en une minute, leur complicité, leur amour et leur bonheur en voulant encore me résonner, me menacer, et me cracher au visage toute sa déception.

Une certitude à mes yeux et vu les récents évènements, il n’était pas dans mes projets de rejoindre cette Maison de fanatiques Shilénistes ni aucune autre Communauté.

Je voulais rester libre, ne plus être bridée par des règles m’emprisonnant et surtout élever sereinement et sans crainte ni jugement cet enfant que je portais et qui allait devenir ma seule raison de vivre.

Un enfant conçu une nuit de pleine lune, allongés sur une plage au sud de Dion, dont les vagues venaient mourir sur nos jambes entremêlées.

Il fallait encore que je patiente avant de lui annoncer cette nouvelle, il me repoussera encore car il n’avait pas ce désir qui était le mien, le besoin d’avoir une descendance, une vie à protéger pour le restant de nos jours.

Qu’importe sa décision, je voulais un enfant, de lui et de nul autre, car de tous ceux que j’avais tenté d’aimer pour essayer de l’oublier, humains, humain elfe ou sombres, il avait toujours été le seul vers qui mon cœur me ramenait.

Il occupait sans cesse mon esprit et j’aimais ressentir la brûlure de son absence, c’était encore une marque d’amour. Et lorsqu’elle me semblait moins vive, je m’y attardais comme on gratterait une blessure pour la faire de nouveau saigner. Je repassais sans cesse les jours et les nuits, les instants vécus avec lui. Toujours ce désir brûlant qui rappelait les baisers, les étreintes, le ciel de nos promenades nocturnes.

Même si son regard noir m’avait plus d’une fois condamné, je cherchais encore à croiser son chemin. Il était en mon coeur et dans ma chair, mon côté sombre que je ne pouvais renier. Sa froideur autant que ses gestes tendres m’attiraient comme un aimant attire le métal.

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Khaneyl
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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » mar. 30 juin 2009 à 19h27

Départ.

C’était vraiment une nuit magnifique, une belle nuit de pleine lune dont les reflets argentés éclairaient les eaux noires du fleuve. Un fleuve sinueux séparant le monde de la lumière du monde des ténèbres.
J’avançais lentement, ne quittant du regard sa fine silhouette auréolée par la clarté lunaire. Il marchait d’un pas mesuré, vers cette étendue d’eau. On pouvait apercevoir au loin cette petite cascade qui attirait nombres de chasseurs téméraires ou couples en quête d’intimité.

Nous nous sommes posés au bord de la rive et il me regarda, longuement, un fin sourire se dessina au coin de ses lèvres. Je ne me rappelle qu’une seule phrase prononcée, cette nuit là, tant elle me plomba le coeur.

« Père….voila une expérience qui peut être intéressante » murmura Ikrel.

Nous parlâmes de l’avenir de cet enfant à naître et un léger voile de doute planait encore au dessus de mes espérances. Il semblait près à assumer ce rôle, mais pour combien de temps ?

Envoûtée par son regard bleuâtre, je me rapprochais de lui. L’astre lunaire devint le seul témoin de notre dernière entrevue.

Je ne devais plus le revoir durant mes longs mois de grossesse.

Chaque jour je me rendais à la Cité, dans l’espoir de le revoir, mais j’en repartais le cœur serré. Les larmes me venaient dans la gorge, elles n’arrivaient pas à monter jusqu’à mes yeux. Je portais en moi des larmes trop lourdes, celles-là, je ne pourrai jamais les pleurer.

Je m’accrochais à lui désespérément, essayant de croire que je pouvais accepter de l’aimer selon ses désirs. Je voulais me construire une vie, oublier mes désillusions, effacer de ma mémoire des souvenirs trop douloureux.

Aimer, comme tous ces mots qu’il me fallait ne plus employer à tort et à travers. Des mots qui s’usaient à trop les répéter. Et souvent, il était souvent trop tard pour les sauver…Je le comprenais hélas à chaque fois que je quittais Malice.

Et pour me torturer encore davantage, je l’accaparais sans cesse. Un besoin essentiel pour supporter ma triste solitude. Je suis au fond ce que je parais en surface : douce, ingénue et rêveuse. Même quand la vie se fait cruelle.

Malice avait toujours un maigre sourire au coin des lèvres quand il me voyait, nous tissions ensemble les fils de mon avenir, j’affabulais comme à mon habitude pour le berner.

Doucement, je m’éloignais néanmoins un peu plus du monde des sombres pour me rapprocher de celui des humains.



L’esprit tourmenté je devais m’éloigner encore plus de la Cité. J’en vins à proposer mes services à Xcylian pour un poste à l’hôpital de Heine. Je n’étais pas convaincue de mes dons pour soigner et je me proposai pour un poste à l’intendance. Il accepta et me parla d’un logement de fonction mais la plage était l’endroit où j’étais certaine de retrouver une sereine quiétude …..


Ce n’est qu’une île au grand soleil
Un îlot parmi tant d’autres pareils
Au grand matin coiffée de rosée
Elle à l’air d’une jeune épousée
Je le regarde et mon fardeau
Semble aussitôt léger sur mon dos…


Je ne devais jamais prendre mes fonctions à l’intendance, la mort d’un médecin tué dans l’enceinte de l’hôpital me fit prendre conscience que nous étions vulnérable. Et l’attaque d’un fou à Giran me conforta dans la décision de rester en dehors de tous conflits.

Et les mois défilaient et je prenais mon mal en patience, Luskan vint un jour me faire ses adieux. Il devait s’éloigner, disparaître sans que j’en sache la raison. Il me fit la promesse de revenir, il enviait Ikrel d’être père, s’il savait la vérité il n’en ferait pas des louanges…. Je ne devais plus le revoir et le gouffre s’élargissait un peu plus entre moi et le monde des sombres.

J’étais presque à terme et traînais les pieds dans l’armurerie de Giran.. Mon regard fut attiré par une épée magnifique d’une belle facture, je m’en emparais et un désir fou traversa mon esprit. J’allais m’entraîner à cet art du combat rapproché, porter une armure et ressentir le pouvoir de transpercer de ma lame les chairs, une étrange envie de destruction. Sur mon ordre j’ordonnais au vendeur d’ajuster l’armure à ma taille, il me sermonna.

« Vous réalisez que vous risquez d’être blessée, vous et votre enfant, quelle inconscience ! »


Je le payais grassement et accompagnée d’une panthère dressée au combat, achetée à un marchand ambulant, je me dirigeais d’un pas rapide vers la catacombe de Giran.

Les premiers coups furent vraiment douloureux, je peinais à les tuer avec rapidité. Je m’acharnais avec l’aide de la panthère et pourfendait avec rage cette vilaine sorcière quand une voix tonitruante raisonna dans la salle. Malice m’observait en pleine action et fut étonné de me voir en armure et l’épée à la main. Il me sermonna à son tour puis résigné comme à son habitude, me conseilla sur cet art qui n’avait plus aucun secret pour lui. Il me guida dans mes gestes et postures, donnait des ordres à la panthère et me laissant manœuvrer seule, il me dit d’une voix morne.

« Il faut que je vous parle Khaneyl, c’est urgent !

Tout en regardant les eaux vertes qui s’écoulent sous l’un des nombreux ponts de Giran, je l’écoutais me raconter son entrevue avec mon cher Ikrel. Il l’avait rencontré au bras d’une sombre et sans me rapporter en détail leur violente conversation, je compris que leur face à face avait du être des plus houleux.

« Va-t’en, chétif insecte, excrément de la terre !
C’est en ces mots que l’ours avait du parler au moucheron. »



Je me bouchais en grimaçant les oreilles mais les mots s’infiltraient entre mes doigts. Intérieurement je hurlais après Malice, le maudissant de vouloir toujours diriger ma vie. Je devais comprendre mais bien plus tard qu'il agissait pour mon bien.

« Il vous a traité d’idiote parlant de trop alors qu’il vous laisse seule et vous trompe sans vergogne, n’espérez rien de ce monstre. Ne cherchez plus à le revoir, restez auprès de ceux qui vous aiment Khaneyl ! » M’avait-il dit en montrant un visage décomposé.

« Je n’ai pas l’intention de le revoir et vous le savez très bien ! » lui rétorquai je pour le calmer.

Ikrel était de retour, je devais le revoir et prétextant un besoin de récupérer des affaires à la Cité, je laissais Malice à Giran et courus vers la passeuse.

Ikrel était assis sur les petites marches, face à cette main imposante, il lisait tranquillement un livre qu’il referma en plaçant un ruban noir entre les pages quand il me vit. Il me dévisagea tout en se relevant lentement. Il s’enquit de mon état de santé d’une voix posée me demanda l’autorisation d’apposer ses mains sur mon ventre qu’il fixait, un sourire au coin des lèvres. Je le laissais m’approcher et une douce chaleur émana de ses paumes. Je ressentis un bien être qui effaça par magie mes peines.
En sa présence j’oubliais tout….

« Voulez-vous vous promener ? »Me demanda t’il.

« Oui, mais choisissez l’endroit car je ne veux plus vous emmener dans un lieu dont je ne me souviens plus du chemin »
répondis je en souriant.

Je faisais allusion à notre escapade sur une île non loin de Heine, voulant retrouver cette maison isolée, en haut d’une colline.


Nous sommes allées au bord de la falaise qui borde la forêt noire, je m’approchais du bord et lui dit sur un ton ironique, en me penchant au dessus du vide.

« Vous voulez me jeter au bas de cette falaise pour faire taire l’idiote qui parle de trop » lui dis je en prenant un air affligé.

Ces yeux changèrent de couleur pour virer au noir le plus ténébreux.

« Khaneyl, fréquentez cet humain qui me menace et me dicte ses règles, vous devez bien vous douter que je ne peux l’accepter ! » Rétorqua t’il tout en contrôlant ses émotions.

Je l’écoutais et répliquais derechef pour me justifier, jusqu’au moment ou commençant à perdre pieds dans mes lamentables propos, je ressentis une vive douleur ventrale. Il s’inquiéta et m’invita à me reposer à la maison des soins. Je le suivais tout en me raisonnant, je ne devais plus l’agresser, je devais profiter de ses retrouvailles, le voir heureux à mes côtés. Je priais que les minutes deviennent des heures pour savourer ces rares moments.

Je m’allongeai docilement et il m’aida à ôter mes habits, ma rondeur le faisait sourire et j’avais un peu honte de ce corps déformé par la grossesse. Apaisée et rassurée, je commençais à m’assoupir entre ses bras protecteurs quand un bruit sourd contre la porte me fit nerveusement sursauter.

« On frappe à la porte » dit il en tentant de se relever.

« N’ouvrez pas, je vous en prie ! » le priais je en le retenant comme une folle par le bras.

Un mauvais pressentiment me jeta prestement hors du lit, je m’enveloppais du drap arraché du lit et me dirigeais vers l’angle situé à droite de la porte. J’aurai voulu à cet instant fondre sur place.

« Je peux savoir qui est devant la porte Khaneyl, sans avoir besoin de l’ouvrir » me rassura t’il en posant ses mains sur le bois de l’épaisse porte.

« C’est votre humain… » Me révéla t’il en crispant la mâchoire.

« Il me fait peur Ikrel, je ne veux pas le voir s’acharner sur vous, vous ne pouvez imaginer de quoi il peut être capable ! » répondis je d’une voix tremblante.


« Retournez vous coucher, il ne peut ouvrir cette porte, une protection empêche toute intrusion ! Il ne peut déceler notre présence…… il se lassera et partira !» dit il d’une voix ferme.


Je n’entendais que les coups heurter l’épais bois de la porte, aucunes paroles ne filtraient d’entre les parois épaisses. Cela ne me rassura qu’à moitié. Je ne pus trouver le repos et attendais, tourmentée intérieurement.

Je sursautais, le visage en sueur, la gorge sèche, je m’étais vaguement assoupie. Une petite contraction venait de me réveiller. Ikrel dormait paisiblement et sa respiration, lente et régulière prouvait qu’il dormait profondément. Je voulais partir, retourner à la plage, mais sans faire la même erreur, laisser la porte ouverte comme ce triste jour ou il avait avait été poignardé.

Je sortis de la maison des soins en claquant la porte derrière moi, bloquant ainsi l’accès. Malice était à quelques pas, drapé d ‘une horrible bure, immobile comme une statue de pierre. Je reconnus son imposante stature et ses effroyables griffes qui se dessinaient sous le drap de son sinistre camouflage.

« Vous m’avez encore menti Khaneyl ! Hurla t’il en s’approchant de moi, menaçant.

« Il est ici, dites le moi ?! Vous deviez juste venir récupérer des affaires et je vous surprends avec lui, dans cette pièce ! Crépuscule avait raison, elle ne sait pas trompée en suivant votre trace jusqu’ici….. Je vous avais prévenu Khaneyl que si vous….. ! »

« Malice, j’ai eu un malaise et je suis venue me reposer…. » L’interrompis-je apeurée et une douleur me cisaillant le bas ventre.

« Vous mentez encore, vous ne pouvez vous empêcher de toujours mentir ! Allez vous comprendre que vous vivez un amour illusoire avec ce monstre ! Rétorqua t-il.

Je pris appuie contre le mur de la maison des soins et, parlant d’une voix suppliante.

« Je crois que je vais accoucher, Malice, emmenez moi à l’hôpital de Heine, je ne veux pas accoucher ici.. » implorai-je en me dirigeant, brinquebalante, vers la passeuse.

Je devais l’éloigner de la Cité, la garde allait bientôt remarquer cet intrus trop exubérant.
Je craignais aussi que Ikrel, sortant de la maison des soins, ne tombe sur l’ours armé de ses griffes acérés et qu’il finisse lapidé.

Silencieux, nous sommes allées jusqu’à l’hôpital. Il m’allongea sur un lit et comprit que j’allais accoucher dans les minutes qui suivent. Il courut comme un damné chercher de l’aide, mais pas de médecin. Il revint les bras encombrés de linges et un récipient débordant d’eau.

Je ressentais au fil des minutes des douleurs de plus en plus violentes. Mon ventre devenait dur comme de la pierre et des contractions d’une violence extrême me faisaient hurler. Je me cramponnais au lit, agitant mes jambes, gesticulant tout en comprimant de mes mains mon ventre. Je serrais les mâchoires, les traits du visage contorsionnés. Je subissais cette épreuve que nous infligeait notre créatrice.

Un liquide s’écoula entre mes cuisses et l’enfant exerça sur mon bas ventre une pression. Elle annonçait le début du travail et de la délivrance. Malice m’aida maladroitement à retirer ma robe souillée et je lui demandais de me caler avec des coussins, je souffrais le martyre. Il s’agitait comme une abeille au dessus d’une ruche, il était en panique. Quand le passage fut complètement dilaté, je sentis que le moment était venu d’aider l’enfant à sortir au plus vite. J’exerçais une poussée avec une énergie insoupçonnée. Malice, guidé par ma voix essoufflée et saccadées, saisit du bout des doigts la petite tête pour la dégager rapidement. Hurlant comme une damnée, je sentis mes chairs subir cette extirpation lente mais douloureuse du corps de ce nouveau-né.

« Vous allez y arriver Khaneyl, il est là, il est presque dégagé ! Hurla Malice, nerveux et haletant.

Le nouveau-né poussa un cri strident d’avoir autant souffert en quittant son cocon si douillet.

« C’est un garçon ! Khaneyl, vous avez un fils !» s’écria Malice, ému et tenant entre ses mains ce petit être sans défense.

Il me quitta après nous avoir longuement regarder. J’entendis sa voix épuisée par l’émotion prononcer des mots dont je ne compris pas la signification.

« Adieu Khaneyl…. »

« Huit….. »

Je laissais des lourdes larmes glisser sur mes joues, la solitude me plongea de nouveau dans la mélancolie.

Léo vint me rendre visite, après les félicitations d’usage et les formules de politesse, nous en vinrent à l’essentiel. Mon souhait de rejoindre les rangs de son Ordre. Nous en avions parlé à plusieurs reprises et je compris qu’il n’était pas contre de me voir occuper un poste à ses côtés. C’était une opportunité qu’il ne fallait pas laisser échapper. C’était plus valorisant qu’un poste à l’hôpital de Heine et je pensais à l’avenir de mon fils si je devais en assumer seule l’éducation. Il fallait que je me projette dans l’avenir. Un sombre avait une espérance de vie bien plus longue qu’un « éphémère ».

Mais c’était sans compter l’intervention de Malice qui nous espionnait, surgissant de nul part, il fit une entrée théâtrale dans la pièce en s’exclamant, rompant ainsi un long silence :

« La suite….la suite…continuer Khaneyl… » Lança t’il sarcastiquement.

« Et comment se porte mon « filleul ?!» demanda t’il en haussant le ton sans attendre une réplique de ma part.

Je venais de réaliser qu’il avait écouté notre conversation, mes confidences concernant ma relation avec Ikrel, un sombre qui détestait les humains, mon désir de rejoindre l’Ordre du Lys Rouge.

« Bonjour Malice….il va très bien et je voulais vous remercier » répondis je gênée par son arrivée inopportune.

« Me remercier…mais de quoi ? » demanda t’il les poings serrés.

« De m’avoir aidé à accoucher, seule je n’aurai pas pu….Malice »
répondis je tout en regardant Léo qui commençait à afficher un certain malaise.

Il ne perdit pas de temps en palabre pour mettre Léo en garde, en sortant de son placard des arguments irréfutables sur ma réputation d’illusionniste et mon don de comédienne pour attirer mes victimes dans mes filets. J’étais à ces yeux qu’une sombre manipulatrice, cherchant uniquement à satisfaire ses propres ambitions.

Puis il finit par me demander de faire un choix pour achever la « bête » qui était déjà à terre, agonisante :

« Il va vous falloir faire un choix Khaneyl, vous devez choisir entre le monde des humains et celui des sombres » lança t’il froidement.

Léo me regarda et voulut savoir si ce qu’il venait d’entendre était une pure vérité ou une conspiration de la part de Malice. Mais il doutait plus de mes paroles que de celles de Malice et j’en eu la preuve quand il me salua et pris le chemin de la sortie.

« Alors ! Quel est votre choix Khaneyl ?! » Vociféra le Druide Gris.

« Je ne peux pas faire de choix Malice….c’est impossible » répondis je en me détournant tout en serrant l’enfant entre mes bras.

Il quitta la pièce sans insister en bougonnent et je décidais de partir au plus vite. Quand j’arrivais à la Cité et que ma décision était déjà prise, je voulais le revoir une dernière fois. Je frappais à la porte de la maison des soins. Ikrel descendait nonchalamment les marches du temple au même moment. Il remarqua le nouveau-né dans mes bras et comprit en voyant mes traits fatigués et mon regard hagard que je ne respirais pas la joie de vivre. Il ouvrit rapidement la porte et je lui déballais tout mon ressenti.

« Qu’allez vous faire Khaneyl ? » me demanda t’il tout en enserrant affectueusement mon épaule de son bras.

« Je vais retourner vivre dans la maison de mon père adoptif, dans le nord de Sttughart. La maison est isolée mais c’est mieux que de rester ici. Le temps m’aidera à me faire oublier. »
Répondis je d’une voix contrariée.

« Et si je partais avec vous, accepteriez vous ? Plus rien ne me retient ici, depuis la mort de Crépuscule, la Cité est déserte. » Murmura t’il en pressant sa main sur mon épaule.

« Vous seriez prêt à partir avec moi Ikrel ? »
demandai je sans le croire.

« Oui, et je ne pouvais rêver mieux comme compagnie que vous deux » dit il d’un ton sincère.

« Nous pouvons prendre le bateau qui part de Rune. » lui répondis je avec entrain.

« Bien, le temps de prendre quelques affaires et nous partons » dit il sans hésitation.

Avant de refermer la porte de la maison des soins qu’il avait du ouvrir et fermer de nombreuses fois, il balaya du regard la pièce et murmura :

« Merci Myrfanwy »

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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » mer. 1 juillet 2009 à 16h09

Réveil.

Face à cette porte donnant sur une demeure de la Cité des sombres, j’attendais que le propriétaire des lieux arrive pour me faire visiter la résidence.

J’avais obtenu le droit d’habiter une maison dans la Cité grâce à l’intervention d’un haut dignitaire. Il faut avouer que je n’avais pas hésité à réclamer une protection pour le fils du médecin de la maison des soins.
Ils furent tous étonnés d’apprendre que Ikrel était père mais acceptèrent sans commentaire une des leurs et son enfant. La Cité se repeuplait lentement et les retours étaient plutôt bien accueillis.

La pièce principale était vaste et rectangulaire, aux murs peints à la chaux et au sol carrelé en forme de losanges de couleur grisâtre. Des meubles étaient entassés dans le coin de la pièce et recouverts de tentures blanches. Une cheminée imposante aux pierres noircies par les fumées occupait tout un pan de mur à droite de l’entrée.

On accédait à l’étage par un escalier de bois en forme de colimaçon. Il y avait une petite chambre aux poutres apparentes, cheminée de marbre et une salle d’eau dont la baignoire de faïence occupait le centre de la pièce.

Je remerciais le propriétaire sur le pas de la porte et durant plusieurs jours j'allais m’atteler à remettre en état les lieux. Placer les meubles et les lustrer à la cire d’abeille, cire vendue sur Floran. Je passais également commande d’un berceau en bois d’hêtre à un menuisier de Gludio qui s’empressa de me le faire livrer.

Je devais trouver dans l’urgence une nourrice. Klae était une sombre qui venait d’avoir une fille, elle accepta en constatant que Ilmyr était chétif et à entendre ses pleurs lancinants, elle le prit dans ses bras pour l’allaiter.
Je profitais de cette aide pour me rendre à la plage, je voulais revoir Malice.

Durant toutes ces semaines il ne quitta jamais mes pensées et je culpabilisais de n’avoir pas compris les raisons qui animaient ses louables intentions.
Je le compris quand Ikrel me quitta un matin pour ne plus revenir, me laissant seule avec Ilmyr dans cette maison isolée dans les montagnes.
J’avais repris en panique le chemin de la ville en voyant l’enfant s’affaiblir de jour en jour, la pauvreté de mon lait ne suffisait pas à le nourrir convenablement.
J’avais laissé un parchemin sur la table à l’intention de Ikrel, lui signifiant mon retour pour la Cité et les raisons de mon départ.

Le face à face fut des plus brefs, Malice n’était pas d’humeur à m’écouter, il était déçu, écœuré et me fit comprendre que je pouvais faire ce que bon me semble. Je ne lui en voulais pas car qui sème le vent récolte la tempête. J’étais repartie la tête basse et le cœur lourd de peine.

Notre deuxième rencontre fut la plus révélatrice et la plus intense en émotion. Je compris enfin ce jour là en regardant la maison dans le ciel à ses côtés, qu’il était un frère, un ami, un humain sensible et généreux. Il n’avait de cesse de me protéger et de m’éloigner de mes démons. Je devais enfin comprendre et m’obliger à l’accepter dans ma vie comme tel. Il m’aimait d’un amour fraternel et rien ni personne ne pourra briser ce lien.

Ikrel revint à la Cité un beau jour en frappant à la porte de la résidence. Nous ne purent longtemps nous entretenir car un événement vint perturber nos retrouvailles. Jezabel que j’avais croisé à Giran complètement déboussolée et anéantie par sa rupture d’avec Luskan, tenta de mettre fin à ses jours.

Nous venions de remarquer Luskan dans la Cité et nous avions à peine entamé la conversation que je vis Jezabel, affalée au pied de la main de granit, sa main armée d’une dague. Luskan stoppa son geste désespéré, Ikrel lui prodigua les premiers soins et je tentais de les raisonner.

Je regardais Jezabel avec compassion et c’est à ce moment même que je vis mon reflet en elle, une femme qui avait été au bord du gouffre en apprenant que l’homme qu’elle chérissait ne l'aimait pas.
Nous les avons laissé dans la maison des soins et nous sommes partis, Ikrel portant son fils et moi encore sous le choc de ce drame.

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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » dim. 5 juillet 2009 à 20h48

Léo.

Une rencontre qui allait modifier le cours de ma vie de sombre humaine, Léo avait croisé ma route alors que j’étais hébergée chez les sombres.

Nous nous sommes salués et une longue conversation s’en suivit…

« Je dois te dire une chose importante Léo, je n’ai pas été honnête avec vous.. »

« Me dire quoi ? »

« Que j’aime Malice, mais il est avec Eilistraee et je n’ai pas supporté son « choix »
J’ai tout fait pour le rendre jaloux, en me comportant comme une catin !
Je savais qu’il ne supporterait pas de me revoir avec Ikrel »

« Ce n’est pas une raison pour s’en prendre à ma mère, quel qu’il soit !
Tes paroles me disant de me suivre à Goddard, sous entendre que tu porterais le blason du Lys rouge, était aussi pour te venger ? "

« Oui, toutes mes actions étaient dans le but de l’enrager. Désolée.. »

Léo serra doucement les poings, la tige de bois autour de laquelle le parchemin qu’il avait en main céda sous le poids de la pression de sa main en fer.

« Il était mon Chevalier, mais plus maintenant, il m’a rejeté définitivement et je vais m’éloigner de lui, pour son bien et le mien et ne plus nuire à personne. Je te demande pardon Léo. »
« Malice m’a dit que plus personne ne fera le premier pas vers moi. C’est moi qui fait maintenant un pas en arrière."

« Une personne que je connaissais m’a dit un jour, attaches toi à un ou une sombre et tu finiras par être déçu, que je serai poignardé dans le dos. Il était lui-même sombre.
Je le resens un peu comme ça sans toutefois être vraiment blessé, je me serais engagé en rien, je ne subirais aucune conséquence de ton comportement. Mais Malice… »

« Je ne suis pas une criminelle, juste une sombre qui cherche sa vérité. »

« Et quelle vérité ? »

« Qui suis-je réellement.. »

« Avec le comportement que tu as, je doute que tu trouves une réponse. »

« C’est pour cette raison que je préfère l’exile. ».

« Tu préfères l’exile oui mais lui …a-t-il mérité d’être exilé ? »
Il pointa du doigt l’enfant que je serrais dans mes bras.

« A peine né et déjà écarté des autres. »

« Je vais élever mon fils loin de ceux que j’ai abusé, et quand il sera en âge, il fera son choix. Un choix que je n’ai pu faire. »

« Et s’il décide de partir découvrir ce que tu lui auras caché pendant son enfance, tu resteras seule et disparaîtra sans que personne ne se souvienne de toi ? »
« Pour « un » humain…..un seul »
« Je trouve cela exagéré ! »

« Celui qui m’a tout donné sans compter et une voix suffit parfois à détruire une vie. »

« Et plutôt que de reconstruire ce qui a été brisé, tu préfères fuir en emportant ton propre enfant..«
« Je n’arrive pas à comprendre. »

« Puisque tu l’as écouté et cru, sans douter une seule seconde, tu te rappelles à l’hôpital de Heine, il a prononcé des mots qui t’ont poussé vers la sortie. »

« Malice est Malice, je suis ce que je suis ! »
« Si vraiment ses mots m’auraient poussé à te haïr, je ne pense pas que je serais encore là à te parler. »

« Oui, mais la parole de Malice, nombreux la craigne. »

« La craigne ? »
Léo émit un léger rire de gorge.

« Oui, car les coups suivent bien souvent ses paroles Léo. »

« Te fait il si peur que ça ? »

« Il m’a déjà frappé pour connaître le nom du père de mon enfant. »

« Il m’a aussi frappé Khaneyl. Il y a longtemps. »

« Et depuis, j’ai peur de ses colères Léo. »

« Il ne te fera plus jamais rien. »
Léo secoua la tête, ne sachant plus quoi répondre.

« C’est un animal quand sa fureur se déchaîne. Je suis revenue pour le revoir, et me voila seule dans ce village, j’hésite à reprendre le bateau, Ikrel est parti depuis si longtemps. »

Tu sais ce m’a dit Ikrel ? »

« Que t’a-t-il dit ? »

« Je ne pouvais rêver mieux comme compagnie, une compagnie même pas une compagne. »

« Et tu parles de le rejoindre ? »

« Je voulais, mais je reste, j’ai une maison à la Cité. »
« Gardes le secret, ne dit rien à Malice, il ne doit pas savoir que je suis ici. »

« Même s’il le savait ça ne changerait rien car tu ne seras plus ici. »
Léo me regarda

« Je dois apprendre à vivre sans l’aide de personne. »

« Sans l’aide de personne, je serais mort à l’heure actuelle !
Viens avec moi à Goggard, combien de temps vas-tu vivre dans la terreur comme ça ?
Hier est derrière, demain est un mystère mais aujourd’hui est un cadeau et c’est pour cela que l’on appelle présent. »
« Alors acceptes ma proposition, sa colère, je n’en ai que faire ! Je ne vis pas pour lui ou lui faire plaisir. »

« Un tel « présent » me touche énormément Léo.
Je ne ferai rien qui puisse te nuire, si Malice vient s’en prendre à toi, je partirai. »

« Il ferait une erreur. »

« Tu es bien brave Léo, si je pouvais devenir comme toi, avoir ta bravoure, je ne serais pas dans cette situation. »

« Bravoure ou folie ? Je sais que dans quelques années je ne serai plus ici, je ne suis après tout qu’un éphémère comme Imsha le dit, alors je ne vivrais pas dans la peur.
Tu te caches sans oser en sortir, tu te pourris la vie pour une personne. Si tu choisis de vivre pour une personne, fais en sorte que ce soit la bonne. »

« J’attendrais que la tension retombe, si je me fais discrète, il oubliera notre différent. »

« Et si elle ne retombe pas, tu resteras cachée ? »

« Le temps sera mon allié, j’aurai le temps plus que vous n’en aurez pour changer ma vie. Il sera vieux que je serai encore jeune. Mon fils ne connaîtra rien de mon parcours car les témoins seront déjà en poussières. Dans cent ans une autre génération d’humains vivra sur ses terres. C’est une certitude. »

« Et ça te convient ? A t’entendre tu regrettes tout ce qui s’est passé mais tu continues à vivre dans le mensonge. Tu cacheras à ton propre enfant ce que tu as été ? »

« Oui, pourquoi remuer de vieux souvenirs, cela ne servira à rien. Il me jugera sur ce que je ferai à ses côtés pas sur ce que j’aurai fait dans le passé. Comme tu l’as dit ce qui importe est le présent. »

« Tu fais comme tu veux, je ne viendrai plus t’ennuyer sur le sujet. »

« Merci Léo »

« Prouves moi que tu n’es pas ce que j’ai entendu jusque là. On dit que l’erreur est humaine, pourquoi ne serait elle pas aussi sombre »

« J’ai fait un pas en arrière, je peux en faire maintenant deux en avant et te prouver que je serai honnête avec toi Léo. »

« Je n’attends que ça Khaneyl !
Ce n’est qu’en voyant ton reflet sous ton jour le plus sincère que tu finiras par trouver qui tu es. Seule et éloignée, je doute que tu y parviennes. »

« Sûrement puisque seule je n’écouterai que mes paroles. »


(Clantage dans le clan du Lys rouge
)

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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » jeu. 30 juillet 2009 à 15h58

Félicité.

Je ne rêvais pas, tout était bien réel, nous étions à Goddard, plusieurs membres du Lys face à nous. Nous parlions de la cérémonie, de notre mariage, un désir commun d’unir nos deux âmes. Une consécration, un bonheur que nul ne devait ternir depuis notre première rencontre.
Methredel y veillait jalousement et j’étais devenue sa muse, sa compagne, son aimée.
Nous allions fixer la date de ce jour béni par la providence. J’allais me retrouver au côté de celui qui allait glisser à mon doigt l’anneau qui symbolise l’union entre deux êtres.

Malgré quelques angoisses de voir s’envoler en fumée tous les tendres moments passés ensemble, je me livrais un combat pour ne pas de nouveau douter. Je ne devais pas culpabiliser d’afficher mon bonheur alors que d’autres vivaient des ruptures comme Malice et Nahau. Pourquoi avoir peur des mauvaises langues qui mettent en garde Methredel de se méfier d’une sombre qui en aurait fait souffrir plus d’un. Nous étions tous un jour amenés à faire des choix, à changer de direction, à refuser une main tendue.

Nous avions également avec Methredel le projet de nous trouver une demeure dans Goddard pour y installer notre petite famille qui allait bientôt s’agrandir. Et puis d’autres projets en cours, pour le bien de la communauté, de la ville et de ses habitants.

Ma vie en tant que membre du Lys était riche d’événements. Je prenais même parfois des risques face à un humain fougueux et mystérieux. Il était retenu à Goddard sous bonne garde et le Régent Léo commençait à le trouver trop « encombrant ».

L’hôpital était aussi actif que celui de Heine, tout comme les commerces et j’avais dans l’idée de m’occuper des Bains de Goddard. Des travaux de rénovations avaient débuté, une fête allait avoir lieu pour la réouverture prochaine.

J’avais fait également la rencontre d’une ancienne Cryso Renor, Cierla qui avait rejoint les rangs des Lys Rouge. Nous en sommes venus à nous éviter car mon passé ainsi que le sien était lié par un triste événement ou Malice avait été un acteur très actif et très violent.
Nous étions devenus depuis sa séparation d'avec Eilistraee des complices et j’étais prête à prendre sa défense si Cierla envisageait de lui faire un procès pour l’avoir agressé au château de Oren.

Petit à petit je faisais la connaissance des autres membres mais j’attendais avec impatience la réunion qui devait avoir lieu au château.Nous devions être fixés sur le rôle que nous allions jouer au sein de notre Ordre.

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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » ven. 7 août 2009 à 16h37

Cauchemar.

Les travaux des bains de Goddard étaient presque achevés, je devais me lancer dans l’embauche du personnel, des masseuses, des serveuses et, prévoir l’achat des huiles et boissons. Lors de la réunion des membres des Lys, malgré un malaise qui me fit tomber dans une légère léthargie, je sus par la suite que j’avais la gérance des bains.
Je fis la connaissance des autres membres mais je les connaissais déjà pour les avoir rencontré.
Azae seconde du Lys, Ellenath notre trésorière, Nerine notre médecin, Cierla, Imsha et sûrement d’autres dont les fonctions me seront divulguées par la suite.

Methredel voulait reprendre ses recherches, je le comprenais car il est ingénieux et même si l’ennui ne l’avait pas encore atteint, il pouvait mettre ses dons au profit de notre Ordre. Il avait mis des affiches dans les villes pour proposer ses services. Je me doutais que c’était lui et il ne put me mentir quand je lui fis lire son affiche à Dion. J’avais jeté une bouteille dans le puit pour la réalisation d’une machine que nul inventeur n’aurait pu réaliser et ainsi le narguer.
Meth ricana quand il prit connaissance de la requête. Malgré le fait que nous pouvions espérer vivre éternellement, je voulais avoir le pouvoir d’arrêter les aiguilles du temps, une pause pour savourer les moments exceptionnels que nous offre la vie. J’allais comprendre par la suite que notre vie était faite d’un fil très fin qui pouvait se rompre à tout moment, et que l’éternité ne nous protégeait pas des meurtriers.
Ils étaient trois, deux orques et un humain ricaneur, qui à leurs regards et paroles n’avaient pas l’intention de nous inviter à boire une collation en taverne. Nous étions de trop dans cette catacombe et nous allions y finir notre chasse, allonger sur le sol, nos corps meurtris et certainement mort si je n’avais pas fait usage de mes dons de guérisons pour nous sauver.
L’humain mit à terre Meth et j’eus le malheur de l’insulter, le traitant de lâche. J’eus comme réponse, un violent coup de poing dans le ventre déjà bien arrondi car enceinte de quatre mois déjà. Je tombais lourdement sur le sol, inconsciente, ce qui m’épargna de voir ce que l’orc me fit en découpant ma peau pour ôter une marque que je portais sur l’épaule gauche, une protection en forme de bouclier shamanique, un sacrilège à ses yeux.
Nous avons dû rester de nombreuses minutes inconscient avant que je puisse avoir un moment de lucidité et que je sorte un parchemin pour invoquer un portail pour le château de Goddard, puis le néant. Malgré le fait que j’avais testé mes limites dans certains domaines, notre subconscient provoque souvent la perte de connaissance pour nous épargner la douleur, celle ci devenant insurmontable, cela m’avait épargné la scène de violence gratuite que nos corps avaient subi.
Combien de jours se sont écoulés depuis ce tragique événement, je n’arrive pas à les compter tant ma stupeur me paralyse. Mais le regard que je porterai sur le monde sera différent et une décision germe déjà dans mon esprit. Quand je serai remise de mes blessures et que l’enfant sera né, mon cœur et ma fierté me pousseront à me venger.

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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » ven. 21 août 2009 à 11h06

Escapade.

Nous étions partis quand l’astre lunaire éclaire la nuit de ses rayons blafards. Les rues de la ville de Goddard étaient désertes et l’on n’entendait que le bruit de nos pas sur les pavés. Trois silhouettes dont celle d’un jeune enfant quittant cette région aride pour un long voyage qui devait les mener vers un lieu inconnu.

Methredel voulait retourner à son laboratoire pour récupérer ses instruments, ses ouvrages. Il allait installer dans le château de Goddard son nouveau centre de recherches. Je l’accompagnais ainsi que Ilmyr qui sautait de joie, heureux de quitter la forteresse et l’autorité de Clémence, qui n’en avait pas pour lui.

J’avais emprunté des ouvrages de médecine à l’hôpital, j’avais laissé un message à Nérine pour m’excuser de ne pas lui demander de vive voix l’autorisation de les emporter. Je voulais me perfectionner dans l’art des soins si puissants des humains. A mon retour je lui proposerais d’être à ses côtés en tant qu’aide soignante car mère de deux enfants, je me devais de me perfectionner dans les soins que peuvent réclamer les jeunes enfants.

Trois mois pour lire ce qui semblait pour moi assez captivant pour ne pas souffrir de l’éloignement de mes chers Lys.

Avant de partir j’avais rencontré Elemmiire au Temple de Shilen, ce fut pour moi une révélation. J’allais enfin, grâce à elle et au travers de ses écrits, approfondir mes connaissances sur le culte de Shilen.
Ikrel m’en avait parlé avec dévotion et je voulais m’en imprégner et pouvoir à mon tour transmettre à mes enfants cette Foi qui nous rattache à Elle.

Cette Foi envers Notre Déesse devait se nourrir pour mieux grandir et s’épanouir et cela malgré la haine que certains lui témoignent.

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Re: Khaneyl

Message par Khaneyl » mer. 20 octobre 2010 à 11h43

Retour.

Après une très longue maladie et suite aux révélations de ma chère fille sur sa brève escapade sur nos terres ancestrales, je décidais de revenir pour revoir mes amis, et tout particulièrement celui qui m’avait aidé à me libérer de mes démons. Mes enfants étaient assez grands pour vivre désormais leur vie au gré de leur désir, mon cher époux ne vivait maintenant que pour ces inventions, il était tant pour moi de briser cette vie devenue sans attrait.
A mon arrivée, je déposais ma malle à l'auberge de Heine....et prenais la direction de la plage....