Liana

[Ishtar]

- Tu as un plan pour la suite?
- Elle m'a attaqué et je me suis défendue.
- Je ne suis pas sure que ton père te croira. Après tout, c'est sa femme, elle le manipule comme elle veut.
- Je m'enfous! Je suis sa fille!
- N'empêche qu'elle a réussi à éloigner ses fils de lui.
- Je suis son unique fille, il tient à moi. - Il tient à toi, mais entre une gamine de 17 ans, et la femme de sa vie... il va hésiter.
- Elle n'est pas la femme de sa vie, elle est juste une vulgaire remplaçante de mère. Il aurait mieux fait d'engager une servante. Ce n'est pas une elfette qui va le tourner contre moi.
- La vulguaire remplaçante a déjà beaucoup de droits sur toi et la maison. Et puis tu sais, les elfettes font toujours plus jeune que leur age... Elle doit bien se servir de ça la garce.
- Elle n'osera jamais me mettre à la porte. C'est ma maison et pas la sienne!
- Tu peux répéter cela autant que tu veux, tes frères ont quand même été poussés à partir. Maintenant c'est à toi de partir si tu ne veux pas qu'elle te chasse. Ce sera soit toi, soit elle, surtout après ce que tu viens de faire.
- Je me suis tout simplement défendue, ce n'est pas ma faute si elle est si fragile. Il n'y a que les forts qui survivent dans ce monde.
- C'est la loi du plus fort, je suis d'accord avec toi, mais n'empêche que tu ne pourras pas te défendre face à ton père. Entre une fille qui va bientôt partir, et une femme qui sera avec lui pour le restant de sa vie... qui va-t-il choisir? Tu peux te dire autant que tu veux qu'il te choisira, mais ton père est un homme après tout, et il choisira sa femme.
- C'est pour cette raison que mes frères sont partis... ils le savaient...
- Ils sont partis mais ils ne t'ont pas laissé sans défense... non?
- C'est vrai, ils m'ont transmis leurs dons et leurs savoir... ils savaient que j'en aurai besoin... comme ce soir.
- Alors tu as décidé de ce que tu veux faire?
- Je vais d'abord aller chez Hugo, de mes cinq frères c'est de lui que je suis la plus proche.
- Sans doute, il est l'aîné et tu es la petite dernière.
- Il m'aidera avant de partir sur le continent.
- Qu'irais tu faire sur le continent? Retrouver ce crétin d'humain?
- Il a un nom...Vansceslas... mais oui peut être. Je ne veux même plus rester ici pour la revoir. Je serai capable de la tuer la prochaine fois.
- Tu n'aurais pas du la laisser vivante... tu peux toujours l'achever tu sais?
- Oui, mais je veux qu'elle souffre, la tuer ferait souffrir mon père. Avec ce que je lui ai fait, ils vont tous les deux souffrir. Elle va me craindre encore plus.
- Elle commence à se réveiller... ton sac est rangé?
- Oui, il faut juste que je récupère la boite d'argent que mère a offert à père pour ses feuilles de tabac roulées.
- Il ne te reste plus qu'à faire tes adieux à Hugo, il te donnera de bonnes adresses pour te loger sur le continent.

Un cri s'éleva de la maison de Liana une fois qu'elle arriva au coin de la rue où elle jeta une paire d'oreilles fraichement coupées.
- Elle vient de découvrir ton cadeau.
- Je m'en doute. Elle est humaine maintenant.

Elle tourna et se dirigea vers une petite maison à coté du port. Hugo l'a soutenu comme elle l'avait prévu. Elle pris le bateau à l'aube, elle regarda la ville en s'éloignant, un nouveau départ, une nouvelle vie. Elle aperçut son père arriver affolé au loin, mais c'était trop tard.
- Il aurait du t'écouter, c'est trop tard maintenant.
- Oui c'est trop tard, je n'ai plus besoin de lui. Je n'ai plus besoin de personne...

[Ishtar]

- Rejoins moi et tu seras mon bras droit, tu auras la puissance que tu voudras. C'est ce qu'il m'a dit et je l'ai cru, et je l'ai eu.
- Alors qu'est ce qui ne va pas? Pourquoi es-tu si souvent en colère?
- A cause de cette chose qui sommeil en moi. J'ai déjà envie de tout détruire, de tout casser, et quand elle est en réveillée, je la laisse s'exprimer.
- Tu me fais peur quand elle est là, je ne te reconnais plus.
- Alors fais un effort c'est ce que je suis maintenant! Tu veux que je reste la petite fille que tout le monde abandonnait?
- Tu penses qu'il ne t'abandonnera pas aussi ton grand cornu?
- Il a besoin de moi, après les crétins qu'il a engagé, je suis la seule à rester ici, il a besoin de moi. Et il ne m'aurait pas mis cette chose en moi.
- Tu sais... c'est toi qui a abandonné les autres.
- QUOI?! Tu oses me dire cela maintenant! Ils ont choisit! Et j'ai souffert! Maintenant, tout le monde va souffrir y compris toi!

Un cri glacial à faire pâlir les plus braves guerriers s'éleva des alentours de Giran, en plein milieu de la nuit.

- Haaaa tu l'as enfin chassé cette petite rabat joie!
- Tu es en forme?
- Toujours, qu'allons nous faire aujourd'hui?
- Je veux me défouler, j'ai entendu qu'il y a un nouveau navire au port.. Je veux qu'il coule!

Elle se dirigea vers le port, encapuchonnée, jouant de sa dague. Laissant son charme s'opérer sur certains marins, avant de leur faire regretter de l'avoir aborder. Une nuit bien trop calme à son goût, elle finit par rentrer à la maison de Giran. Les deux folles ronflaient déjà, le grand cornu avec son sourire, et deux nouveaux. Elle les observa, piqua quelques feuilles d'orc et repartit dans la nuit sombre.

[Ishtar]

- Tu dois sans doute te demander pourquoi, n'est ce pas Papa? J'ai tout mon temps maintenant, j'ai arrêté de fuir et je commence enfin à agir.

- Lili... s'il te plait, arrête... dépose ta petite soeur dans son berceau.

- Soeur? Ce n'est pas ma soeur Papa. Ce n'est qu'une bâtarde, regarde elle est une pointue. j'aurai du tuer ta catin quand j'en avais l'occasion, au lieu de tout simplement la rendre plus humaine. Regarde ce qu'elle a fait, je suis là pour mettre fin à cette chose.

- Pourquoi fais-tu cela? Je ne t'ai pas élevé ainsi, qu'est devenu mon petit trésor?

- Petit trésor... c'est assez amusant Papa, depuis qu'elle est entrée dans ta vie, tu as cessé de m'appeler ainsi, crois-tu que tu réussiras à m'amadouer ainsi?

- Lili! Dépose le couteau tout de suite!

- Tiens, aurais -tu peur cher Père? Vieux sénile regarde ta catin au moins elle est silencieuse, tu devrais faire pareil.

- Sinon tu me recoudras la bouche comme elle?

- Moui à moins que tu ne préfères que je te coupe la langue tout simplement.

- Tu es devenue un monstre... qu'est devenue ma petite fille?

- Ta petite fille est morte le jour où tu l'as laissé partir. C'était si bien avant, mais tu as tout gâché en la faisant venir. Tu l'as préféré à moi, ta chaire et ton sang. Tu as laissé une étrangère prendre ma place! Mais bon... ce qui est fait est fait. Je te laisse une dernière fois le choix. Laquelle de nous deux sauveras-tu?

- Choisir entre mes deux filles, c'est quelque chose que je ne ferai pas!

- Pourtant tu n'as pas la choix, laquelle de tes deux filles préfères-tu? Regarde la Papa, elle dort si paisiblement, tellement pure...

- Ne lui fais pas de mal Lili... c'est tout ce qui me reste...

- Je vois que tu as déjà fait le choix mais que tu es trop lâche pour le dire. Vieil idiot, tu n'auras aucune dans ce cas. Fais lui tes adieux!

Un cri de douleur s'éleva dans la maison en feu, pendant qu'une silhouette s'éloignait vers le port.

Accoudée sur le bord, elle regardait le feu au loin, pendant que le vent lui caressait le visage. Tout était fini à présent, le lien était finalement rompu. Il est temps que le monde tremble sous sa colère.

[Ishtar]

Assise sur le sommet de la montagne, elle guettait. La lune blanche éclairait la tour des gardes, c'était l'heure de la relève. Deux partirent, et deux nouveaux prirent la place. Depuis quelque temps, les troupes se mobilisaient vers Goddard, traversant les plaines enneigées pour retrouver le désert de Rune et enfin arriver au château de Goddard par le Monastère du Silence. Enfin tel était le chemin le plus simple pour ces troupes peu équipées.

Elle prit une grande inspiration d'air frais, rabattant sa capuche sur ses épaules, elle guettait le signe. Fumant sa feuille d'orc, elle continua à observer le silence de la forteresse, cherchant des yeux la faille qu'elle avait vu les précédents jours.

- Ils doivent être une trentaine non?
- Le château est grand, il doit y avoir une partie encrée et cachée dans la montagne.
- Combien serons nous?
- Une dizaine à tout casser.
- Mais... ce n'est pas assez!
- Si au contraire, ce sera largement suffisant. Nous rentrerons par la fenêtre, et non par les portes.
- Oh le ciel est rouge! Elles sont là.
- Allons les retrouver, elles ne sont pas loin d'ici. Sans doute les plaines de Varka.

Replaçant sa capuche sur ses cheveux, ramassant son sac, elle prit le soin d'effacer sa présence.

[ image externe ]

Debout sur une montagne, elle attendait le signe au loin. Le jour était arrivé, il est de retour après une longue absence. Il avait tenu sa promesse, son père, son frère, son mentor. Etrange sentiment, pour une démone de s'attacher à un autre démon. Elle savait qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance, mais elle savait qu'elle aura ce qu'elle voudra à ses cotés... ce qu'elle avait offert à la nouvelle sombre... La Force... La Destruction... Le Pouvoir... LE SANG...

La fumée s'éleva au loin et elle aperçut les silhouettes en sortir. Le rituel était fini, elle ferma ses yeux et se concentra. Concentrant toute son énergie, elle put le percevoir dans un décor qui lui semblait familier. C'était là où elle avait grandi grâce à lui... La Forge. Elle le vit se relever, elle l'entendit:

Tremblez pauvres fous, je suis de retour...

Elle n'avait plus de doute, il était revenu... de plus fort et plus puissant encore. Elle sourit en coin en regardant sa dague.

Prépare toi... ça va trancher sec chérie.

[Ishtar]

~BG Transformation~

Le bruit de ses talons se faisant entendre, la pièce était sombre, au loin elle apercevait des yeux qui l'épiaient. Une odeur nauséabonde se dégageait, aucune fenêtre, aucune porte n'était visible. Le sol grinçait sous ses talons, plus elle avançait, plus le bruit était pesant.

Des ricanements résonnaient, elle s'arrêta et regarda autour. La petite voix en elle qui la suppliait de se réveiller devenait de plus en plus lointaine. Elle vit au loin une torche, s'approchant lentement, elle vit une dague.

- Prends la et coupe la corde.

La corde... se demandant quelle corde... quand elle la sentit se serrer autour de sa taille. Une longue corde qui était tirée. Regardant en arrière, elle ne put distinguer à quoi elle se tenait, mais elle l'empêchait d'avancer plus.

Un vent glacial la traversa, puis finit par se matérialiser en une petite fille. Elle portait une robe rouge, les cheveux bien soignés et détachés. Serrant une petite poupée dans une main, elle tendit l'autre vers Liana.

- Viens jouer avec moi.
- Je ne peux plus avancer.
- Coupe la alors, elle ne te sert à rien. Je sais qu'elle te fait mal.

La petite fille, voyant l'hésitation de Liana, commença à s'approcher d'elle. Puis elle s'arrêta à quelques pas, tournant la tête vers un appel. Une voix douce se fit entendre, une mère appelant sa fille.
- Lili... viens on rentre à la maison.

La petite fille ne tarda pas à répondre.
- J'arrive maman.
Puis, se tournant à nouveau, elle dit:
- Viens Lili ne laissons pas maman attendre.
Elle repartit dans l'obscurité, laissant Liana seule avec sa dague et sa corde.

Elle coupa la corde...



[ image externe ]




Avançant lentement dans l'obscurité, les yeux réapparurent, les murmures recommencèrent. Petit à petit, ils sortirent de l'ombre. Ils la caressèrent, se glissant sur sa peau et même sous. Ils la recouvrirent entièrement et elle devint eux... The Darkness...

Dans un long cri strident, elle se réveilla en sueur à la maison du port. Elle était seule, heureusement, sinon les soeurs folles ne l'auraient pas épargné. Elle avait l'impression d'être devenue plus petite. Avançant lentement vers le miroir, elle se surprit entrain de rire, découvrant ainsi son nouveau visage.

Merci de m'avoir libéré Liana. Maintenant sous cette forme... je vais enfin te montrer la vraie furie qui sommeillait en toi... Ma petite poupée sanguine...

[Ishtar]

- Sorcière! Brûle par le feu sacré d'Einhasad!

Liana courrait dans la ville, terrorisant les villageois. Elle prenait cette chasse à la légère, surtout que la proie était elle pour une fois. Les humains d'Einhasad l'ont toujours pourchassé, ils n'avaient jamais réussi à l'attraper. Elle courait en ricanant, saccageant tout sur son passage, cela l'amusait à entendre les cris derrière elle.

Elle courut un long moment avant d'arriver au bord de la falaise. Elle s'arrêta et se retourna pour faire face aux chasseurs. Ils avaient tous des torches et des armures lourdes. Amusant, pensa-t-elle. Ils étaient presque à bout de force, mais la haine était encore présente dans leurs yeux. Elle se demanda ce qu'était la chose qui avait provoqué cela, elle les avait poussé à bout mais ne savait plus ce qui était la pire chose qu'elle leur avait fait.

Elle les observait en silence avec un léger sourire en coin, attendant une attaque. Mais aucun d'eux ne bougeait, ils semblaient attendre. Au bout d'un moment, ils s'écartèrent comme pour laisser passer leur supérieur.

- Eh ben tout cela pour ça... des poules mouillées qui n'osent pas agir avant qu'un vieux n'arrive leur donner l'ordre.
Tu sais Lili je ne suis pas si vieux que cela.

Elle s'immobilisa, cette voix, elle la connaissait. Même si elle était différente aujourd'hui, elle ne pourrait jamais l'oublier. Elle tenta de ne pas se laisser perturber.

- Hugo... Si j'avais su que tu serais devenu le roi des poules mouillées, je ne serai pas partie seule.
- Lili... si j'avais su que tu deviendrais ce monstre, je ne t'aurai pas laissé partir.
- C'est ton père qui t'envoie ?
- Non du tout.
- Ah oui il est trop froussard pour le faire. Il doit rester avec sa défigurée de femme.
- Père est mort Lili. Et à cause de toi.
- Moi? Peut-être... bien fait aussi.
- Tu t'entends parler? Où est passée ma Lili?
- Bah... je crois bien qu'elle se repose dans une grotte abandonnée.

Elle sourit légèrement en regardant autour. Peut-être que le cornu ou quelqu'un viendrait la récupérer. Mais elle savait que cela ne se produirait pas, elle était toute seule. Hugo s'approcha d'elle d'un pas déterminé. Elle se força à contenir la bête qui voulait sortir, elle savait que si elle le voulait elle aurait pu les tuer tous.

Habillée de son armure en cuire rouge, elle regardait Hugo. Elle était grièvement blessée et à bout de souffle. Les humains faisaient la fête, mais il était triste. Elle lui sourit faiblement en fermant les yeux.

Elle avait froid, mais elle sentait la chaleur des flammes autour d'elle. Hugo l'avait allongé sur un bûcher. Elle avait senti une larme qui coulait sur l'épaule. Elle eut envie de le réconforter mais elle n'avait plus de force.

Le lendemain matin, les humains rentrèrent tous chez eux à part un. Le Général Hugo regardait un tas de cendre dans la neige pourpre. Il venait de tenir la promesse qu'il avait fait à son père... libérer sa petite soeur du mal qui la rongeait.