Khimaira

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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jhon117x
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Personnages : Khimaira - Vampire Noble
Arjen - Alchimiste

Khimaira

Message par jhon117x » dim. 16 août 2009 à 01h33

[HRP] ceci est "juste" la première partie, je continue d'écrire le BG :) Hésitez surtout pas a poster vos commentaire et vos réactions ;)[/HRP]
[EDIT : les musiques ont été ajoutées pour coller au BG ^^ Cependant il vous faudra les télécharger en appuyant sur le bouton DOWNLOAD pour les avoir en entières.]

Nom: De Manani

Prénom: Khimaira

Alignement: Mauvais Neutre

Race: Humaine (vampire au terme du BG)

Age: 22 ans

Divinité: Einhasad. Cependant, elle ne pratique jamais de culte voué à cette déesse.

Caractère: Khimaira est une femme ambiguë, elle peut se montrer froide comme sympathique. Mais il serait mal jugé que de penser que ses sentiments, ses sourires et ses remarques flatteuses sont sincères. Khimaira est en effet une comédienne hors pair, elle se délecte de jouer avec les sentiments des hommes et des femmes qu'elle côtoie.
Issue de la grande noblesse de la conté de Cricklade, ses manières sont gracieuses et fort polies, cependant il peut souvent arriver que celle-ci s'adresse aux personnes de manière hautaine et désagréable.

Descriptions physique: Cette belle humaine mesure un mètre soixante-quinze (sans talons). Elle est fine, assez musclée sans pour autant le paraitre. Ses cheveux sont blonds, légèrement cuivrés selon le temps et les saisons. Ses yeux sont d'un vert clair tirant sur le bleu vers la pupille. Appréciant être distinguée elle est constamment maquillée lorsqu'elle sort (Far à paupières noir ou sombre selon ses envies pour faire ressortir ses yeux), la plupart du temps elle porte à son cou une parure de pierres semi-précieuses.
[Edit:] Dernièrement Khimaira s'est faite tatouer deux symboles sur son corps en souvenir de son intronisation chez la Famille, le premier a son poignet représente un dragon enroulé sur lui même mordant un infini. Le second, au creux de ses reins représente l'infini se terminant par des pointes acérées.
« Le solipsisme n'a en fait jamais été mon vrai problème. Dès la première fois où je m'étais posée la question, je m'étais résignée à l'impossibilité de prouver la réalité du monde extérieur, sans parler de l'existence d'autres esprits. J'avais également considéré qu'il n'y avait pas d'autre solution que de croire à cette réalité pour affronter la vie quotidienne. »

--Journal intime de Khimaira.--

Musique

Ennui.

« Quoi de plus propice à l'apathie et à l'ennui que d'être belle, riche, et souhaitée par tous les hommes du domaine ? »
Pensa-elle en montant les escaliers de marbre blanc menant à sa chambre.
« La vie d'une héritière est vraiment d'un blasant... C’en est plus harassant que d'être mise au fer... »
Elle ouvrit dans un petit soupir la porte en bois précieux de ses quartiers et s'écroula littéralement sur son lit à baldaquin.
« Il n'y a rien à faire dans ce domaine... Si ce n'est crier sur les employés et faire le tour des villages à cheval. Vu et revu... »
Elle enfonça son visage dans un coussin et ne bougea plus pendant quelques secondes, retenant sa respiration jusqu'à que de petites étoiles se mettent a miroiter dans son champ de vision et que la tête lui tourne.
« Je suis lasse... Je veux mourir par Einhasad. »
Elle releva lentement sa tête qui lui pesait une tonne sur les épaules. Et visita sa chambre du regard pour la énième fois.
« Que des bibelots, rien de plus... Le matérialisme est d'un ennui quand on peut tout s'acheter... La vie n'a de but que pour les pauvres en fin de compte... »
Elle se coucha sur le dos et leva les jambes pour les décrire mentalement, tout ce qu'il fallait pour briser l'ennui par l'ennui.
« Les jambes sont faites pour marcher... Découvrir... Mais cloitrée sur cette ile, elle n'ont aucun intérêt... »
L'idée de se faire amputer les deux jambes jusqu'au bassin lui parut presque plaisante. Cela apportera un peu de renouveau dans sa vie. Probablement. Les gens se mettraient à la plaindre, à la voir comme quelqu'un de spécial...»
« Une fichue poupée de cristal »

Grogna-t-elle intérieurement avant de reposer ses deux longues jambes sur le drap de soie. Elle leva ensuite les mains et les toisa d'un regard méprisant.
« Tout aussi inutiles que des pieds. Elles servent à saisir quelque chose qui n'existe, qui n'a de la valeur que pour nos faibles esprits. Et même s’il s'agit de nourriture, elles permettent seulement de rallonger notre existence morose, de calmer les cris de notre corps, qui ne comprend pas notre âme... »
finalement, elle se releva pour se mettre en position assise puis tendit la main vers un masque de bal. Elle le regardait d'un air neutre tout en s'allongeant à nouveau.
« Voici donc un objet qui n'en est pas un... un simple morceau de bois taillé en forme de visage. Rien de très transcendant à première vue... Cependant, le fait de le porter sur le visage peut transformer quelqu'un en un autre. Tout masque est une âme n'attendant qu'un corps pour devenir une entité propre, l'homme n'est plus. Il est le masque. Le masque est l'homme. »
Elle sourit à cette pensée et le posa sur son visage, celui ci avait une légère odeur de poussière, signe de son existence latente dans le monde de sa chambre

« Qu’un masque paraisse dans l’entrebâillement de nos vies et il y a quelque chose en nous qui s’arrête et qui se tait. Un masque, et c’est tout l’univers bien ancré des certitudes qui bascule et l’envers qui tressaille à notre porte. Un masque, et déjà nous ne pouvons plus oublier le cauchemar qui s’est éveillé, refoule hors des frontières où nous l’avions enclose. Un masque, et c’est notre Double, venu à nous, plus vrai que nous, et qui nous rejette aux lisières de l’Inconnu. »

--Journal intime de Khimaira.--

L'identité du Masque.

Khimaira s'adonnait à son activité favorite – couchée dans son lit – quand elle aperçut à nouveau le masque de bal, posé la, sur sa petite table de chevet, comme attendant un visage pour sortir de sa torpeur. Elle le prit entre ses mains avec une douceur non feinte et le regarda fixement pendant plusieurs minutes. Elle le posa à nouveau sur son visage.

« Qui suis-je à présent ? Quelle identité le masque me confère-t-il ? Et pour quelle personne ? Suis-je une amante ? Une veuve noire ? Une femme mystérieuse ? Seul le regard d'un autre me permettra d'avoir une identité. Éphémère, frivole... Mais tellement belle. Ou horrible... L'idée d'un bal masqué serait une très bonne idée pour mettre en pratique le changement de personnalité...»


deux semaines plus tard étaient envoyées les premières lettres d'invitation au bal. La haute bourgeoisie et la noblesse furent conviées bien évidemment. Il n'y avait, logiquement aucune place de prévue pour le bas et méprisant peuple qui souillait les terres de la contrée. Leurs palais n'étaient pas adaptés pour les doux mets, leurs manières n'étaient pas faites pour participer à un tel événement. Après tout, ils étaient nés pauvres.

Première réception.

La réception eut lieu dans la plus belle pièce du manoir de la famille De Manani. Celle-ci était grande de cinquante mètres de long sur trente-cinq de large. Le sol, les murs étaient entièrement de marbre noir et blanc. Entre les dalles on pouvait voir que les joints, fait avec la plus grande attention, étaient en or. Le plafond, soutenant de gigantesques lustres de cristal, était lui aussi soutenu par de massives colonnes en pierre blanche nacrée, espacées de cinq mètres chacune. Une alcôve creusée dans le mur donnait sur un petit balcon – richement orné en plante verte – qui s'avançait sur le vide. À l'horizon s'étendait un petit lac où se reflétait la lune argentée.

Chaque convive se devait d'être annoncé sous un pseudonyme afin de ne pas révéler sa véritable identité, au grand plaisir de Khimaira.
Chacun discutait avec l'autre comme s’ils ne se connaissaient pas, inventant diverses histoires plus ou moins chevaleresques. Plus ou moins horrifiantes aussi.
La soirée battait son plein, l'orchestre jouait une musique douce, mais presque inaudible au vu du chaos que créaient les diverses conversations d'hommes et de femmes. De petits rires s'élevaient parfois de vacarme.
Khimaira s'était éloignée de tout ce bruit pour contempler le clair de lune sur le balcon. L'air était frais, mais agréable. Une petite brise soufflait par légères rafales, soulevant dans les airs ses cheveux blonds. Son visage était caché par le Masque, seuls ses yeux étaient visibles à travers celui-ci. Ce soir, Il lui avait fait endosser le rôle d'une jeune femme innocente, ce qui lui plaisait fortement.

« La nuit, le joyau des dieux. Un cristal éphémère scintillant au dessus de nos têtes. Elle ravit les esprits, ou les tourmente, permet le sommeil le plus calme et le plus réparateur, ou alors créée la pire des torpeurs. La nuit est notre amie traitresse, visage de tous nos fantasmes et de toutes nos peurs. »

De petits bruits de pas se firent entendre derrière elle, s'accentuant graduellement tandis que la distance séparent Khimaira de ce nouveau personnage s'amenuisait. Un petit déplacement d'air, et une vive odeur de parfum fruité partaient à l'assaut de ses sens. Il était à présent dans son champ de vision. C'était visiblement un homme. Son costume laissait apparaître une musculature assez importante sans pour autant être désagréable a la vue, il semblait plein de vigueur et de vie. Quelque chose de rare dans la conté.

Belle nuit n'est-ce pas ? Commença l'homme.

Oui. Il est vrai que d'ici nous avons de magnifiques vues sur le firmament. Quoi de plus agréable, reposant et romantique ?


Je n'aime pas la nuit personnellement. Le jour me sied bien plus.


Khimaira commenta d'une grimace intérieure les paroles de l'homme, puis décida de changer de sujet ou il commencerait à l'agacer.

Comment trouvez-vous cette réception, mon bon monsieur ? L'hôtesse nous a gâtés ce soir. J'apprécie énormément.

oui, je trouve aussi. C'est une bien belle réception masquée. Pour peu que mon fichu masque ne me colle pas au visage, c'est une très belle fête... D'ailleurs.

Elle lui saisit la main pour le faire taire, puis lui dit d'une voix douce au creux de l'oreille :

et si nous allions entamer une valse ?

L'homme hocha la tête et entreprit de se diriger vers la salle. Elle le retint d'un geste doux, mais autoritaire. Lorsque la nouvelle musique débuta, qu'un nouveau tempo fit son apparition, ils commencèrent lentement à danser, main dans la main, sur le balcon, au clair de lune.

Musique

Luxure.

Tard dans la nuit elle avait entrainé l'homme dans les jardins du domaine, celui-ci n'avait jamais cessé de lui conter ses grâces. Durant tout le trajet, elle entendait encore et encore les mêmes remarques sur ses yeux, la douceur de sa peau, la beauté de son corps, la vivacité de son esprit...
Comme les codes pouvaient être harassants...
Finalement, ils arrivèrent devant un petit bâtiment éloigné du reste du manoir, elle ouvrit la porte qui n'était pas fermée et le pria d'entrer.

L'intérieur de la chambre était luxueux. Un large lit à baldaquin – qui pouvait contenir jusqu'à quatre personnes – siégeait au milieu de la pièce éclairée à la bougie. Un léger parfum relaxant flottait continuellement dans l'air.

« Le libertinage et la luxure sont permis depuis près de cinquante ans à présent... Pourquoi nous en priver ? » songeait elle tandis qu'elle s'avançait lentement vers l'homme. Elle le saisit tendrement par la nuque, l'entourant de ses bras puis l'embrassa langoureusement.
Celui-ci défit dans un geste tout aussi calculé les bretelles qui permettaient de soutenir la belle robe noire de Khimaira, et il l'allongea sur le lit. Elle se laissait faire tranquillement. Elle passa sa main sur son visage et retira son masque.
L'homme se figea quelques secondes, il n'en croyait pas ses yeux. Il était sur le point de coucher avec la fille de l'homme le plus puissant de la conté. Il songea à se raviser quelques instants puis se rebiffa et retira son masque à son tour. Khimaira elle, n'eut aucune réaction particulière, elle ne le connaissait pas et s'en moquais éperdument.
Elle le tira contre elle et l'embrassa à nouveau tandis que ses mains se baladaient sur son veston pour l'en libérer...
La fin de la nuit fut agréable pour les deux personnes, qui laissèrent les autres convives à leurs vaines histoires chevaleresques.

« Les mains glissent sur ma peau en sueur... Viennent me toucher, me faisant frissonner, me chatouillant parfois. Puis elles se font plus téméraires. Elles partent à la découverte des jardins secrets, des endroits où la chair en public jamais n'est révélée. Le plaisir monte a l'instar d'une vague dans la mer, flux et reflux. Jusqu'à l'extase de la chair et de l'esprit. Puis... Plus rien, la tristesse et la honte s'empare de nos âmes. Les mains préfèrent ne plus explorer, retournant dans leur territoire respectif... Jusqu'à la prochaine fois. Jusqu'au prochain rituel... »

--Journal intime de Khimaira.--

Rejet.

Cela faisait maintenant deux jours que la réception masquée avait eu lieu, et celle-ci avait été un franc succès. On en avait eu vent dans toute la conté de Cricklade.
Malheureusement, cet événement était passé. Et voilà que Khimaira s'adonnait à son activité quotidienne, la balade autour de la propriété et des champs à cheval, qui était d'un ennui mortel, comme à son habitude.
Le bas peuple se tuait à cultiver les terres que leur prêtait gracieusement son père en échange de soixante-dix pour cent de la récolte saisonnière. Ils bêchaient, creusaient, labouraient avec une ferveur qui rappelait un fanatique religieux qui priait pour que son église ne s'écroule pas...
« C'est donc ça. Manger pour vivre » se disait-elle constamment en les voyant. Cette vision ne la choquait nullement. Ils étaient nés pour souffrir et pour servir, rien d'autre.
La surprise fut quand elle rentra chez elle. Après avoir déposé son cheval dans l'écurie. Elle vit assis sur les escaliers menant au manoir l'homme avec qui elle avait couché il y à deux jours de cela, il tenait un riche bouquet de fleurs dans la main droite. En la voyant approcher, il se redressa sur ses deux pieds et prit son meilleur sourire.

Bonjour Khimaira.

Bonjour. Que fais-tu ici ?


je suis venu pour te dire à quel point je t'aime Khimaira ! Cette nuit c'était...

ce n'était rien du tout. Tu n'as visiblement rien compris. J'ai couché avec toi uniquement par plaisir, pas pour tes jolis yeux.

L'homme la regarda d'un air surpris. Tout son monde, tous ses fantasmes, ses rêves sur sa vie future avec elle s'écroulèrent comme un vulgaire château de cartes soufflé par le vent.
L'idée lui traversa l'esprit de faire une scène. Voir même de lui infliger un soufflet, mais il se ravisa en se rappelant qui elle était. Qui était son père. Il tourna les talons et s'en alla, dépité.

Khimaira eut un petit sourire en le voyant ainsi partir.

« L'avantage des bals masqués, tout le monde vous voient, mais personne ne sait qui vous êtes. Il aura beau dire qu'il a couché avec moi, personne ne le croira. »

Musique

Deuxième Réception.


La deuxième réception eut lieu exactement au même endroit. Le thème était le même aussi. La seule différence notable était que l'orchestre était bien plus grand. Que le banquet était encore plus fourni, et qu'il y avait plus de monde. Certaines personnes étaient même allées jusqu'à traverser la mer en bateau pour venir à la réception.
Khimaira avait aujourd'hui opté pour une robe rouge lui descendant jusqu'à niveau des chevilles. Celle-ci était fendue au niveau de sa cuisse droite. Une tenue très aguicheuse en soit. Elle portait des talons qui la grandissait de douze centimètres, et lui garantissait une prestance sans équivalent. Quelque chose de très important, voire obligatoire pour le rôle de ce soir. Ce soir, elle voulait devenir une femme importante, plus importante encore que ce qu'elle est véritablement. Ou plutôt en donner l'image. Elle serait la superficialité même ce soir.
Elle restait dans la pièce, n'allant pas sur le balcon. Elle discutait avec quelques hommes et femmes, riait de bon cœur avec eux. Les soutenais de la manière la plus hypocrite quand il le fallait. Elle dénigrait et supportait à tout bout de champ, sans même savoir de qui il s'agissait.
Puis finalement, elle arriva devant un homme à l'air plutôt élégant, il portait un très beau costume noir qui relevait les courbes de ses épaules. Ses cheveux bruns étaient finement coiffés et ramenés en arrière. Il ne devait pas avoir plus de vingt ans...

« Pourquoi ne pas l'aborder ? Il m'a l'air plein de vigueur et de gentillesse... »

Bonsoir mon bon monsieur.

Bonsoir dame, belle soirée n'est-ce pas ?

Belle s'il en est en effet. L'hôtesse nous a offert une magnifique réception.

certes certes... Mais cette hôtesse, Khimaira... J'ai entendu dire qu'elle était une véritable catin.

Khimaira ravala l'injure qu'elle avait préparée en réplique et repris, il ne fallait pas qu'elle se trahisse.

… Ah bon ? Et pourquoi donc ?

eh bien, sachez ma petite dame, à ce que j'ai ouï-dire, cette jeune femme coucherait avec n'importe quel homme... Elle serait une sorte de libertine prônant la luxure. Elle jetterait les hommes juste après les avoir épuisés.

comment ça ?! Sachez, mon bon monsieur, que cette dame est tout à fait digne ! Elle ne prône en rien la luxure ! C'est peut être êtes vous jaloux de sa réussite, vous êtes certainement un vil impuissant ou une bête de ce genre !

Elle s'était emportée... Elle le savait, tous les convives s'étaient tournés vers elle.
L'homme la regarda d'un air méprisant, jura entre ses dents puis lui lança un soufflet en plein visage.
Khimaira perdit l'équilibre et tomba sur les fesses. L'homme retira lentement son masque et la toisa d'un regard impérieux.

je puis vous donner un conseil pour l'avenir. Ne tentez jamais, Ô grand jamais d'insulter un Kavanagh.

Il fit demi-tour et sortit.
Khimaira bouillonnait de rage. Elle avait pris un soufflet par un Kavanagh, ces petites merdes qui venaient manger dans la main de son père ! Sa vengeance sera terrible, elle le jurait sur son nom.

Vengeance.

Cela faisait à présent deux semaines que Khimaira se torturait l'esprit à trouver la meilleure des vengeances envers cet homme. Elle était allongée sur son lit a réfléchir de quelle manière elle pourrait mètre sur pied un plan pour le faire souffrir. Si possible le plus longtemps possible.

« La brulure au visage pourrait être une bonne chose... C'est douloureux et puis il reste les cicatrices pour se remémorer inlassablement la souffrance... Mh... Je n'aurais pas le courage de le faire...
Peut-être, payer un homme de main ? Non... La violence n'est pas la bonne méthode, je ne suis pas une barbare... Le déshonorer... Lui faire perdre son titre de noblesse ? » Elle saisit son masque et regardait tout en réfléchissant. « Non... Ce serait trop dur... Rhaa ! Ça me rend malade ! »


Musique

Un temps se fit dans son esprit, puis le plan se ficelait comme de lui même, une toile de douleur et de déshonneur, spécialement tissée pour cet homme. Un large rictus se forma sur son visage. Elle s'empressa de saisir son journal pour écrire son plan puis s'en ravisa. Il ne fallait laisser aucune preuve... Ce plan était trop parfait pour être tué dans l'œuf.


Khimaira quitta le manoir la nuit même pour se rendre dans le petit village en contrebas. Elle avait opté pour les habits les plus simples qu'elle avait pour ne pas trop attirer le regard, mais ces chiens de bas peuple tournaient à chaque fois la tête en la voyant passer. Impossible de passer véritablement inaperçue dans ce village... Les différences entre le raffinement et la crasse étaient tellement visibles...
Elle entra dans ce qui semblait être un bordel et se fraya un chemin entre cette masse crasseuse et puante de pouilleux en rut. Les prétendantes à sa mission seraient rares, au vu des femmes laides qui siègent ici...
Elle interpela un jeune garçon qui trainait dans le coin et qui semblait se désintéresser des cris et des gémissements derrière les tissus miteux qui cachaient les clients des yeux indiscrets.

dis-moi mon petit... Ça te dirait de gagner de l'argent ?

Le garçon la regarda avec de gros yeux.

je fais tout ce que vous voulez pour dix pièces de cuivre !

quoi ?! Khimaira réprima une grimace d'indignation. non, je ne parle pas de « ça ». Je voudrais que tu me trouves la plus belle fille du coin. Mais attention, je complique le jeu. Je veux que celle-ci soit contaminée par une maladie. Tu comprends ce que je dis ?

pourquoi veux-tu d'une fille malade ? S'enquit de répliquer le petit

ne pose pas de questions. Si tu me trouves ce que je cherche, tu auras droit à cent pièces de cuivre.

Le garçon écarquilla encore plus les yeux, comme si ils allaient sortir de leurs orbites. Puis eut un grand sourire ravi.

d'accord madame ! J'y vais tout dessuite !

Bien.


***

Le gamin ne l'avait pas roulée. C'était une belle jeune femme aux cheveux noirs comme la nuit. Ses yeux étaient d'un bleu uniforme. Des formes gracieuses, une taille normale... Elle se tenait droite, avait un beau sourire, tout ce qu'il fallait pour mettre son plan à exécution. Les signes précurseurs de la Mel-Engwar (équivalent de la syphilis) étaient visibles sur ses bras. Cette maladie était parfaite :
Elle possède une période d'incubation assez longue. Entre une et trois semaines. Les premiers symptômes sont caractérisés par des liaisons cutanées au niveau du point d'entrée de la bactérie. Au bout d'un ou deux mois, la bactérie se repend sur tout le corps causant l'apparition de petites éruptions cutanées sur tout le corps. Par chance pour elle, ces éruptions sont traitables pour paraitre saines, mais la maladie est toujours présente. Belle et bien transmissible.
Le point le plus intéressant de cette maladie est qu'elle ne tue pas rapidement. Bien au contraire. Cette bactérie prend tout son temps pour souiller le corps et l'âme de l'hôte. Le recouvrant notamment de nombreuses roséoles et le rendant progressivement sénile, ou fou. Puis, au bout de vingt à trente ans de souffrances de déshonneur et de folie, l'hôte meurt.

Khimaira ne la quittait pas du regard, toujours avec ce petit rictus ancré sur le visage. Finalement, elle reprit ses esprits et lui dit :

suis moi et tu seras une femme riche.

sans même un temps de réflexion la jeune femme se leva et la suivit, tandis que Khimaira sortait du bordel. Où allons-nous ? lui demanda la catin.

tu poses trop de questions. Suis moi, une fois arrivées, tu recevras cent pièces d'or. Et bien plus t'attendras lorsque tu auras accompli la mission que je te confierais.

Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour et elle pressa le pas pour la rejoindre. Marchant presque sur les talons de Khimaira pour être sure de la pas la perdre.

Khimaira conduisit la jeune femme vers un cabanon situé à la lisière du village. Il n’était qu’a dix minutes de cheval du manoir, ce qui permettait de fréquentes visites.
Le terme cabanon n’était pas véritablement approprié aux yeux des personnes modestes. Celles-ci le qualifieraient plutôt de pavillon ou encore de chalet luxueux.
La pièce principale était richement décorée en tableaux et diverses œuvres d’art qui trouveraient aisément leur place dans un musée. Sur la droite une petite porte peinte à la chaux donnait sur une salle de bain disposant de l’eau courante et du chauffage a la pierre.

ne tente même pas de voler quoi que ce soit. Ces objets ne valent même pas le quart de l’argent que je te réserve.

La jeune femme acquiesça, un peu honteuse. Lisait-elle dans ses pensées ?

ce que du devras faire est extrêmement simple, tu seras le cadeau d’un soir d’un de mes amis les plus chers tu comprends ?


Elle hocha à nouveau la tête en signe d’acceptation.

bien évidemment, je ne puis te laisse ainsi vêtue de haillons. Et je ne puis te permettre de converser dans le langage de barbare qui est celui des tiens. Mon ami est quelqu’un de très exigent.
Je vais donc t’éduquer aux bonnes manières, te faire porter les plus belles robes et parures que jamais tu n’as même pu voir dans ta misérable existence. Et alors, tu deviendras le plus beau des cadeaux qui n’aient jamais été faits à mon ami. Sois fière.


Éducation

« l’éducation aux bonnes manières est quelque chose de plus compliqué que ce que l’ont peut bien évidemment penser à première vue. Bien qu’il n’y ait rien de très compliqué aux us et coutumes de la tenue de la fourchette ou du couteau. Ou encore à la manière de se comporter à table. Cette paysanne semble emplie d’une énergie à apprendre de travers ou à oublier le moindre geste appris la veille. Je n’avais pas compris à quel point ces personnes étaient peu enclines à l’intellect… C’en est presque désespérant »

-- Journal de Khimaira --

Khimaira avait passé plus de trois semaines à expliquer la théorie du comportement d’une noble à la jeune catin. Bien qu’elle trouvait que celle-ci n’apprenait pas assez vite, Jaewill faisait de rapides progrès. Elle se savait se tenir droite à présent, n’oubliait plus de couper la viande avec sa main droite, de piquer avec la main gauche. Pour conclure, au bout de ces trois longues semaines, elle avait pratiquement perdu son accent de bas étalage ce qui arracha un petit sourire contenté à Khimaira. Son arme fin prête à entrer en action.

Musique

Jubilation.

La troisième soirée était encore plus magnifique que les deux précédentes, plus encore avaient été invités, et une fois n’est pas coutume, l’orchestre était resplendissant de par son nombre de musiciens, son armée de cuivres et de violons. Khimaira était accompagnée de la jeune Jaewill; elle prenait le temps de discuter avec quelques inconnus de tout et de rien, cherchant Kavanagh d’un œil distrait.
Ce soir, le Masque lui avait fait endosser le rôle d’une jeune femme très active, pleine de vitalité, un peu trop joyeuse par ailleurs… Certains soupçonneux eurent beau dire qu’elle avait abusé d’alcool ce soir-là, mais la raison de cette allégresse était toute autre.

Kavanagh fut annoncé, sous le même pseudonyme que la fois précédente, quel manque de chance pour lui, sa tâche serait bien plus facile que prévu pour le retrouver…
Khimaira avait traîné Jaewill dans toute la pièce en quête de le trouver, passant d‘abord par la porte d’entrée pour voir s’il était visible, puis au milieu de la pièce, vers le buffet, l’orchestre… Impossible même de l’entrevoir.
Alors même que Khimaira désespérait intérieurement, elle le vit, il se dirigeai vers le balcon.

« Quelle chance ! Le seul lieu où il est possible d’avoir un peu d’intimité, ou l’on a la chance de ne pas être harcelé. Mon plan va fonctionner à merveille ! »

Khimaira jubilait déjà, le souffle court et la voix chevrotante, elle poussa Jaewill vers le balcon et lui dit :

voila ton homme, fais ce que tu as à faire maintenant

Elle se retourna finalement et repris ses conversations avec les autres convives. Plus joyeuse encore que précédemment.


Œil Morne.

Jaewill avait bien suivi tous les ordres de dame Khimaira. Tous ses percepts ont été appliqués à la lettre. Elle n’a pas juré une seule fois de la soirée, elle ne s’est pas gratté les fesses et n’avait pas non plus craché au sol. « Ma récompense sera très grande » se répétait elle en son for intérieur
Ce monsieur Kavanagh était quelqu’un de très beau, il était fort musclé et fort droit. Il avait un joli sourire qui faisait battre son cœur très fort.
« Ce n’est pas comme les clients que j’ai au bordel » songeait elle.
Elle avait passé la soirée à discuter de tout et de rien avec cet homme masqué, parlant surtout des chevaux, qui étaient sa grande passion depuis toute petite, pas les chevaux de trait comme on en voit dans les champs, mais les vrais étalons qui peuvent courir a la vitesse du vent.

Puis finalement, Monsieur Kavanagh s’ était penché sur elle et lui dit qu’elle était belle comme un astre ce soir. Que ses yeux brillaient de mille feux ou un truc du genre…
C’est vrai qu’elle se trouvait belle ce soir. Elle ne sentait pas le purin, ses cheveux étaient méticuleusement lissés pour former une cascade brune tombant jusqu’au bas dos. Et surtout, elle portait une magnifique robe noire qui relevait ses formes. Elle était heureuse d’avoir été choisie par dame Khimaira trois semaines plus tôt.
Elle s’ était penchée sur la balustrade, admirant la lune d’argent, quand monsieur Kavanagh posa ses mains sur ses épaules, doucement. Lui souffla quelques mots doux à l’oreille.
Elle sourit et se tourna vers lui, le regardant droit dans les yeux pendant plusieurs longues secondes.
Puis il lui saisit la main et l’entraîna vers la sortie.

Khimaira en les voyant quitter la réception main dans la main, fut prise d’un petit rire d’autosatisfaction. Elle se dirigea lentement vers l’orchestre et lui demanda de jouer quelque chose de plus… Sombre.

Baiser Mortel.

Jaewill avait encore une fois bien écouté Khimaira, elle avait emmené Kavanagh vers la petite chambre éloignée de la fête tout en se collant gentiment a lui, lui serrant sa main dans la sienne et déposant quelques baisers suaves sur sa joue.
Kavanagh lui, se laissait faire tout en contant les grâces à Jaewill. Le pauvre transpirait comme jamais sous les assauts affectifs de la prostituée.
Elle lui ouvrit la porte et la referma derrière lui. Kavanagh lui sauta directement dessus l'embrassant tendrement.

Dame, je ne puis attendre plus longtemps, vous...

Il l'embrassa à nouveau, la saisissant dans ses bras. Puis la déposa sur le lit. Il la regarda quelques instants et entreprit de la déshabiller tout en lui mordillant tendrement le cou.
Son destin était scellé dès lors, il ne le savait certes pas. Mais la dernière femme qu'il touchera sera celle qui lui aura transmis la maladie qui causera sa démence puis sa perte. De plus, il la contractera dans la luxure. Valeur qu'il dénigrait depuis toujours... Jusqu'à ce soir.

Cinq fois dessuite. Cette femme était une véritable machine songeait-il, jamais il n'avait vu quelqu'un de cette trempe au lit. Kavanagh était pleinement satisfait de cette soirée qui lui paraissait plus que fructueuse. Rien à voir avec la dernière fois où il avait dû user de violence pour faire taire une de ces idiotes de bourgeoises. Il tournait alors la tête sur la gauche et ne voyait plus la jeune femme allongée sur le lit. Elle était debout en train de se rhabiller. Il la rattrapa juste avant qu'elle ne prenne la porte, celle-ci se tourna vers lui avec un sourire innocent sur le visage.

tu as bien profité de ton cadeau ?

Mon cadeau ?

Oui, moi. C'est dame Khimaira qui a dit que ça te ferait plaisir.

D... De quoi ?!


Le sourire sur le visage de Jaewill se décomposa en une petite moue tandis que Kavanagh devenait blême. Avant même que celui-ci ne la rattrape, elle s'était déjà enfuie en pleurant, pensant qu'elle n'avait pas été si douée que cela.


Musique

Revers de la médaille.


Cela faisait à présent trois semaines que la petite Jaewill avait transmis la Mel-Engwar à Kavanagh. Les premiers signes de l'infection devraient se montrer sous peu. Si celui-ci ne vient pas à la prochaine réception cela voudra bien dire qu'elle a réussi.
Entre temps, elle s'était remise à son activité favorite : l'attente dans son lit.

Deux heures plus tard, elle fut réveillée alors qu'elle était emprise à un doux rêve. Le fait de se faire tirer ainsi de ses songes la mit directement de mauvaise humeur. Quelqu'un frappait doucement à la porte de sa chambre. Lorsqu'elle ouvrit la porte en se grattant les yeux ce ne fut que pour voir un énorme bouquet de roses rouges. Elle soupira puis sourit tendrement.

non, je suis désolée Gérald, mais je suis fatiguée et...

Le bouquet s'abaissa pour révéler le visage du prétendant. Ce n'était en rien Gérald. Derrière le bouquet se tenait Kavanagh avec un large sourire sur le visage, il la regardait d'un air méprisant et lui dit :

Bonjour Khimaira... Ça fait longtemps n'est-ce pas ?


Elle tenta de refermer rapidement la porte, mais Kavanagh avait déjà anticipé le coup en plaçant son pied sur son passage. Il repoussa la porte d'un coup de bras et entra dans la pièce.
Khimaira, totalement paniquée lui lançait divers objets à la figure, ce qui ne le faisait en rien reculer.
Son bras se tendit vers elle et l'attrapa par l'aisselle. Il lui donna une énorme baffe en plein visage, ce qui la sonna sur le coup.
Tout était flou, elle sentait juste que ses habits étaient ôtés. Son esprit divaguait dangereusement.

« Il m'a droguée ? … pourquoi est-ce qu'il me touche...là ... Aie... Ça fait mal...Voyons... Espèce d'idiot... C'est toi... Qui a ravagé... les récoltes... Sommeil...Ses mains me font mal...Dormir... »

Elle ouvrit les yeux lentement, la lumière de la chambre lui vrilla le crâne. Le moindre déplacement lui lançait des traits de douleur dans tout le corps. Elle se releva sur les coudes pour apercevoir qu'elle était totalement nue. Ses habits lui avaient été arrachés.
Elle se concentra, tentant d'ignorer la migraine qui lui martela le cerveau. Elle se souvenait de quelques bribes : un bouquet de rose rouge, Kavanagh dans sa chambre... Puis...
Elle écarquillera les yeux et cria :

il m'a violée !

Elle cria de rage, poussa les divers bibelots sur son petit bureau, les réduisant en de petits fracas de porcelaine et de verre.

Cet enfoiré m'a contaminée ! Il me le payera ! Tous les hommes me le payeront !


Musique

Procès.

Khimaira avait raconté à son père ce qui lui était arrivé dans sa chambre, corrigeant quelques petites vérités qui ne convenaient pas tout a fait au modèle de fille parfaite que se faisait son père.
Celui-ci s'était effondré dans son fauteuil, blanc comme un cadavre. Il la regardait comme s’il s'agissait déjà de sa défunte fille.
Après cinq minutes de réflexion intérieure, celui-ci se releva, et lui en levant un poing vengeur dit :

Nous allons le juger, lui et sa famille, et il finira sur le pilori !


Une semaine plus tard, au domaine Kavanagh, la réception de la lettre de convocation fut un événement fort. Il fut décidé que le père de famille et le principal concerné iraient au jugement.
Bien évidemment, tout procès dans la noblesse ne se règle pas sur la comparaison des faits. Savoir qui est innocent et qui l'est moins. Non, dans la noblesse, il n'y a qu'une seule règle : celui qui a les plus gros fonds pour payer le juge et les jurés, c'est celui qui l'emporte.
Par chance, ce fut la famille De Manani qui avait la bourse la plus remplie.
Le jugement fut rapide et trancha net. La famille Kavanagh se verra retirer ses quartiers de noblesse, le fils lui sera condamné à deux ans de prison puis, par la suite, lors de sa libération, il n'aura pas le droit d'accéder à des traitements médicaux afin de soigner sa maladie, sous peine de torture.
Les peines sont dures sur l'ile de Cricklade, mais elles sont justes... Pour ceux qui ont l'argent.

[FIN première partie :wink: ]
Dernière modification par jhon117x le mar. 6 octobre 2009 à 20h43, modifié 7 fois.
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Re: Khimaira

Message par jhon117x » mer. 19 août 2009 à 16h03

Musique

Décrépitude.

Cela faisait à présent six mois que le procès était terminé. L'hiver était tombé sur Cricklade. Cette année, ce fut un hiver rude. La plupart des récoltes de céréales et de légumes saisonniers avaient été brulées par le gel.
La famille De Manani avait été obligée de baisser le taux d'imposition sur les denrées, le baissant de soixante-dix pour cent à cinquante.
Le père disait toujours à Khimaira que même si l'imposition était moins haute, les récoltes de l'année prochaine seraient meilleures.
Lorsqu'elle était petite, il lui était dur de percevoir cette manœuvre économique comme utile. Mais à présent, elle se rendait compte qu'il avait raison. Si l'on baisse le taux d'imposition, c'est pour une raison simple : lorsque l'hiver arrive, les récoltes gèlent. Et donc, une période de disette s'installe, perturbant l'année d'après. Si l'on baisse le taux de prélèvement, il n'y a plus de disette chez les paysans. Donc, pas de morts, plus de gens en forme. Et donc, par simple déduction. De meilleures récoltes l'année d'après.

Un épais voile blanc s'était installé sur le domaine. Le recouvrant progressivement, jusqu'à que les routes soient inaccessibles. Et que tous soient cloitrés chez eux.

« Rien de plus éprouvant que la neige »

Pensait Khimaira en regardant par la fenêtre.

« Heureusement, il fait chaud à l'intérieur... Quel froid de canard dehors. »

À cette pensée très perspicace, elle s'allongea sur le lit et leva les bras pour les regarder. Ceux-ci étaient marqués de quelques roséoles. Kavanagh l'avait bel et bien infectée... Elle devrait elle aussi vivre avec ce fléau, et mourir folle dans trente ans.
Elle bâilla longuement, jusqu'à s'en décrocher la mâchoire, puis se leva lentement de son lit.
Se dirigeant vers la porte, elle saisit un petit négligé l'enfila et passa l'entrebâillement de la porte... Elle n'était que l'ombre d'elle-même dernièrement.
Khimaira descendait lentement les marches de marbre glacées, chaque pas lui arrachait un petit frisson dans l'échine, une sensation fortement désagréable quand il fait déjà moins de vingt degrés dans le manoir. En effet, chauffer convenablement un tel espace clos était quasiment impossible... à moins de faire un énorme feu dans la salle principale.
Une fois arrivée en bas des escaliers, elle leva un sourcil interrogateur.

« Quelque chose ne va pas », se disait-elle tout en marchant vers le salon.

Le froid était plus mordant maintenant qu'elle était au rez-de-chaussée. Mais tout de même... Jamais elle n'avait eu souvenirs d'une température si basse chez elle.
Un léger courant d'air la fit frissonner. Elle se retourna aussitôt pour ne voir que le hall d'entrée devant elle, vide.
Quelque chose l'inquiétait. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle se mit à faire le tour complet de la demeure sans jamais arriver à voir quelqu'un, elle en arriva à une sordide conclusion : Elle était seule dans son immense maison. Jamais elle n'avait été seule.
De grosses larmes de peur auraient pu couler sur ses joues, elle aurait pu très bien céder à la panique, cependant, étrangement, son esprit était froid, rationnel et calculateur.


Elle traversa à nouveau le salon tout en essayant de faire le moins de bruit. Puis elle s'arrêta sur des papiers déposés sur la longue table de repas.
Il y avait une lettre scellée ainsi qu'un morceau déchiré du journal distribué dans la basse ville.
Elle saisit le petit bout de papier de ses doigts fins et assurés. C'était très peu lisible... La neige avait fondu dessus, faisant couler l'encre de mauvaise qualité. Ce qu'elle put lire ébranla son calme d'apparence inflexible :

«  Hier, un ancien servant de la famille Kavanagh […] disparition mystérieuse. La famille aurait-elle fui suite à leur perte de quartiers, ou serait-ce une vengeance supplémentaire de la part de la famille De Manani ? Paraitrait-il que le juge eut été clément . […] L'hypothèse du meurtre est soulevée par la garde, car une tache de sang frais a été retrouvée [...] »
Elle reposa le morceau de papier, déconcertée.

« Nous ne sommes pas des meurtriers ! Notre famille n'a jamais tué quiconque ! »

Se cria-t-elle intérieurement . Elle s'assit sur la chaise, essayant de faire passer le choc de la possible inculpation de sa famille, et de sa propre personne dans la disparition des Kavanagh. Décidément, ça n'en finirait jamais...
Son regard se porta sur la lettre après plusieurs minutes à fixer le vide, et à divaguer dans divers scénarios incongrus sur son arrestation.
Elle la regarda pendant quelques secondes, comme s'il s'agissait d'un artefact maléfique puis la prit entre ses doigts. Le cachet de cire rouge représentait un phœnix... Drôle de symbole.
Sur le recto de l'enveloppe, était inscrit son nom d'une écriture simple, mais élégante. Elle entama de l'ouvrir lentement, veillant à ne pas briser le cachet en cire pour d'éventuelles recherches dans le futur.
La lettre était pliée en quatre, de manière extrêmement précise, signe d'une éventuelle manie de la symétrie... Son regard se posa sur les premières lettres. L'écriture était totalement différente :
Elle était bien plus riche, presque calligraphiée. De nombreux pleins et déliés étaient visibles, signe d'une écriture a la plume. C'était de toute évidence quelqu'un d'éduquer qui voulait, de par la complexité de son écriture, montrer une certaine fierté dans l'enlèvement de sa famille par temps de neige...
Elle commença à lire la lettre :
« Bonjour,

Je suis l'assassin de la famille Kavanagh. Afin que ma requête soit prise au sérieux, j'ai pris la liberté d'enlever votre famille et vos manants. Rendez-vous au Cinquante-trois rue de l'absolution à minuit précise muni de cette lettre. Un dialogue sera alors établi entre vous et moi, afin de juger du sort de votre sang et de vos aides. Si vous ne répondez pas présente, ou que vous n'êtes pas munie de la lettre, votre sang coulera, le remord vous rongera . Le peuple vous châtiera pour la mort des Kavanagh et des vôtres.

Amitiés.

W. »
Khimaira reposa lentement la lettre sur la table sans aucune expression visible sur ses traits. Elle était en mauvaise posture... Elle n'avait pas le choix, elle le savait. Se rendre à une entrevue qui avait tout d'un piège. Ou alors finir en prison pour le meurtre des Kavanagh et de sa propre famille, ou même, torturée et assassinée par ce mystérieux personnage...
Elle devait s'y résoudre... Il fallait qu'elle y aille, ce soir même, il en dépendait de son avenir, et de sa propre vie.
Khimaira se releva de sa chaise et se dirigea vers sa chambre, la lettre toujours dans la main. Elle devait se faire élégante pour son hypothétique mort...

Musique

Entrevue.

La « Cinquante-trois rue de l'absolution » n'avait en rien l'air de ce qu'elle s'était imaginé... Ce n'était ni une maison insalubre, ni un manoir hanté... Juste une sorte de petite ferme avec une grange dont la porte était entrouverte. Elle entreprit de marcher en direction de celle-ci.
La neige ployait de quelques centimètres sous ses pas, faisant entendre de légers craquellements significatifs.
Elle se glissa entre les deux battants de la porte une fois arrivée devant l'entrée. L'intérieur, qui était baigné d'une lumière tamisée sentait le foin.
Sur sa gauche était attaché un de ses manants, pieds et poings liés, il semblait comateux voir mort.
En face d'elle était visible le mystérieux personnage qui avait assassiné les Kavanagh et ébranlé sa réputation. L'individu était masqué, elle ne percevait aucune expression sur son visage hormis un très léger rictus sur ses lèvres. Celui-ci se redressa sur sa chaise et commença par l'apostropher.

Bonsoir dame Khimaira, quelle belle soirée n'est-ce pas ? Rien n'a d'égal que la nuit... Si ce n'est votre beauté... Je vois que vous avez rempli toutes les conditions, très bien. Apportez-moi cette lettre je vous prie, je suis, comment dirait-on... cossard...

L'homme laissa échapper un petit rire tandis que Khimaira se dirigeait docilement vers lui, l'enveloppe dans sa main droite.

L'homme prit lentement sa main avant de lui saisir rapidement le poignet. Celle-ci tira violemment sur son bras pour se défaire de son emprise, mais rien n'y fit.
Celui-ci laissa glisser sa langue râpeuse sur son poignet, lui arrachant un frisson de dégout.

Ah... Khimaira, quelle douce peau vous avez là... je n'ai cessé de vous regarder lors des réceptions... Quelle stature, quelle beauté, quelle... froideur calculatrice. Vous me plaisez énormément dame Khimaira...

Je n'ai que faire de vos sentiments, assassin ! Je veux que ceci cesse. Vous avez tué les Kavanagh, grand bien m'en fasse, mais maintenant lâchez moi !

Oh, dame Khimaira, si seulement c'était si simple... Voyez vous, je ne tue pas pour le plaisir, mais pour une raison disons... Plus, alimentaire... Les Kavanagh ont accepté de m'offrir le repas, leur essence, en échange de votre mort et de celle de toute votre famille... Mais vous voyant ainsi me fait tellement penser à moi même... Tellement froide et calculatrice... Tellement, imbue de vous même, jouant avec les sentiments des gens... Je crois bien que finalement, je vais vous laisser perdurer... Je vais même, vous offrir quelque chose pour que tout ceci continue dans la bonne direction. Pour que vous deveniez une véritable femme fatale, vous en êtes digne.

Que voulez-vous m'offrir ? Une lueur d'intérêt apparu dans son regard

La vie éternelle, l'absence de maladie, la puissance.

Je vois... Et comment procède'-on ? Demanda-t-elle, un petit sourire aux lèvres, il fallait qu'elle joue le jeu si elle voulait continuer à vivre . Peut-être même que ce fou aurait le remède à la Mel-Engwar.

C'est tout simple... Allongez-vous, et laissez vous faire...

Elle s'allongea sans rien dire, elle devait jouer le jeu de ce déviant pour sauver sa peau...
L'homme s'allongea sur elle à sa suite puis entreprit de défaire lentement le col de Khimaira. Elle pensa aussitôt à un viol, mais celui-ci s'arrêta au premier bouton de son col, juste de quoi libérer son cou. Il releva la tête et fit un large sourire, révélant deux crocs d'un blanc éclatant.

Au fait... Je m'appelle Wismerhill, ravi de te rencontrer.

Khimaira tenta de pousser un cri, mais celui-ci plaquait déjà sa main contre sa bouche. Il la contempla quelques secondes puis se pencha lentement sur son cou...

« Une vive douleur vous transperce le cou, brouillant votre vue. Deux poignards aiguisés comme rien d'autre au monde, lentement vous pénètre, perçant vos veines, laissant échapper votre essence vitale. La douleur s'estompe là où le plaisir apparaît, douce, volatile, mais tellement désirable. Votre âme, effrayée se sent apaisée, puis joyeuse. Le plaisir croit encore. Vous voyez trouble, vous avez froid, mais vous en voulez encore ! Toujours plus ! Le plaisir est extatique, votre âme crie de joie, réclamant encore et encore tandis que votre corps se meurt, ne ressentant plus qu'un ersatz de sensations. Votre vision n'est plus qu'un petit pont de lumière a l'horizon. Un petit soupire d'extase puis... Plus rien. »

-- Feuille brulée du journal de Khimaira--


Musique

Renaissance.


Khimaira ouvrit lentement les yeux. La première pensée fut : J'ai faim.
Elle se releva lentement en position assise, frottant ses yeux pour tenter d'effacer le flou qui gênait sa vision. Elle n'arrivait pas à déterminer ce qu'il se passait, mais elle sentait que quelque chose avait changé... Un changement subtil.

Qu'est ce qu'il m'est arrivé ?

Tu es morte... dit Wismerhill, allongé à côté d'elle.

Comment ?

...Mais tu es revenue à la vie, meilleure qu'avant, crois-moi ma sœur.

Je suis devenue comme toi ? Elle n'eut pas de réaction réellement violente a cette pensée, elle avait beaucoup trop faim pour...

Très bonne conclusion. Tu es devenue ce que l'on appelle une vampire sur le continent. L'être suprême de la nuit. Immortelle, impitoyable, sans maladies, insensible aux poisons ! Tu es une véritable prédatrice à présent.

Je vois... Elle tenta de se lever, mais se trouva extrêmement faible. Elle se rallongea sur le foin, épuisée. Son âme réclamait ardemment de la nourriture, ses nouveaux instincts combattaient farouchement sa raison à présent. « Du sang... J'ai besoin de sang... »

Fais attention, tu es encore faible... L'immortalité a un prix. Certes ce n'est pas grand-chose comparer aux nombreux avantages que t'offre cette voie. Mais, tu dois te nourrir de sang pour « vivre ». Je vais t'expliquer comment ça marche...

Wismerhill se leva lentement en soupirant puis traina le manant comateux vers elle (elle ne savait pas comment, mais elle avait conscience qu'il était toujours en vie.).

C'est facile, tu approches ta bouche de son cou et tu le mords à la gorge. C'est pour ça que tu as des crocs à présent. Fin sourire de sa part.

Elle passa son doigt dans sa bouche et tâta ses dents, deux crocs avaient poussé à la place de ses canines... Son doigt se coupa sur l'un d’eux, mais nul sang ne coula, en regardant son doigt elle compris que la coupure s'était déjà refermée. Elle se reprit finalement puis approcha sans aucune hésitation le manant. Son humanité avait-elle disparu ? Non, elle n'en avait jamais eu en fait... Ceci n'était qu'un nouvel échelon de son absence totale de foi en l'humanité.
Elle le mordit lentement au cou. Ses crocs percèrent la peau comme un couteau dans du beurre, puis elles s'enfoncèrent plus profondément, perçant les tissus et finalement, la carotide.
Le sang afflua en quelques fractions de secondes dans sa bouche. « Quel délice ! » Elle le goûta pendant un certain temps. Il n'avait en rien le souvenir fade qu'elle s'était fait avant qu'elle devienne « ça ». Son parfum était exquis sous son palais, l'aliment a l'état pur : Commun, délectable au possible et surtout, extrêmement addictif ! Elle en but une gorgée, puis deux, le plaisir de tuer, de sentir le chaud liquide couler dans sa gorge, affluer dans ses propres veines la fit s'emballer quelques instants. Elle perdit son rythme pendant plusieurs secondes, avant de se reconcentrer sur sa déglutition. « Une gorgée, deux, trois... Quatre... Encore... » Elle buvait à présent goulument, ne pouvant plus retenir ses pulsions. Ce ne fut que lorsque le cœur de l'homme s'arrêta, totalement anémié, qu'elle retira ses crocs.
Elle se coucha sur le dos, haletant... s'offrant quelques instants de pure réjouissance puis essuya sa bouche maculée de sang d'un revers de la main.

Quel plaisir... J'aurais aimé que tous mes repas précédents eussent cet effet.


L'homme sourit puis passa une main dans les cheveux de Khimaira puis se leva. Je vais devoir partir. Si tu veux me retrouver, tu devras prendre la mer pour le continent. Tu me retrouveras facilement à Giran. Mais prend garde, l'eau est... Bien plus traumatisante à présent. Je te conseille de ne plus t'immerger du tout, sous peine de souffrir assez longtemps...

Il se dirigea vers la sortie de la grange d'un pas léger puis se retourna.

Ah oui, au fait. Évite de regarder le soleil, et porte un masque le jour... Dernière chose, tes parents sont dans la ferme à côté. Les manants à l'arrière de la grange, dans un petit cabanon, fais en ce que tu veux hé hé.


Celui-ci reprit sa route puis disparut dans la nuit.
Khimaira se releva lentement, étrangement elle se sentait en pleine forme. Un contraste saisissant, comparé à la relative faiblesse qu'elle avait ressentie cinq minutes plus tôt.
Elle sortit à son tour de la grange, l'idée d'aller aider ses parents lui traversa l'esprit, mais elle avait quelque chose de bien mieux à faire avant.
***
Cela faisait à présent une longue éternité que Martin était attaché avec tous ses compagnons de travail dans cette espèce de petit cabanon insalubre qui empestait le purin, il avait beau se débattre dans ses liens, ceux-ci ne se desserraient pas, bien au contraire, ces saloperies lui coupaient la circulation, si ça dure trop longtemps on devra lui couper les mains et les pieds ! « Non ! C'est faux... Penser à autre chose... » Il se concentra sur autre chose, sur le bruit du vent, les légers rayons de la lune qui filtraient à travers les planches mal clouées et vermoulues du cabanon... Puis il entendait à présent des bruits de pas dans la neige. Les autres manants se mirent à s'agiter quand les bruits se rapprochèrent, pensant qu'il s'agissait encore du ravisseur. Il avait déjà enlevé Anton, peut-être venait-il pour massacrer quelqu'un d'autre !
Le bruit du loquet se fit entendre. Tout le monde retenait sa respiration à présent. La tension était à son comble quand une délicieuse silhouette féminine se fit découvrir en ombre chinoise par rapport à la lune.

Dame Khimaira ! Comme nous sommes heureux de vous voir ! S'exclama Martin.

Oui, c'est moi... C'est quoi ton nom déjà ?

Martin dame ! Merci d'être venue nous sauver, et dire que je croyais que nous allions mourir ici ha ha !

Khimaira s'approcha lentement de lui puis l'enserra dans une douce étreinte, posant son menton au creux de son cou. Puis elle lui susurra à l'oreille : Tu ne crois pas si bien dire, Martin.

L'homme tenta de pousser un cri, mais sa gorge était déjà transpercée par les crocs de sa fatale maitresse. Il sombra lentement dans la mort tout en ressentant un désirable mélange de plaisir et de frayeur.
Khimaira déposa le corps inerte sur le sol puis se redressa. Un petit sourire naquit sur ses lèvres.

J'ai un appétit d'enfer ce soir... Qui se propose pour le plat de résistance ?
[HRP] Seconde partie terminée, c'est parti pour la troisième ! Ps : Shali, ne me tue pas s'il te plait ! :D *bisous hypocrites* [/HRP]
Dernière modification par jhon117x le jeu. 20 août 2009 à 15h33, modifié 3 fois.
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Re: Khimaira

Message par jhon117x » mer. 19 août 2009 à 19h39

[HRP]Et voila ! Dernière partie postée ^^. Je mettrais les musiques des que j'aurais trouvé ce qui concorde bien :). *fais plein de bisous hypocrites à Shali pour pas qu'elle ne le bouffe*[/HRP]

Vieux Amis.

Cela faisait à présent trois jours qu'elle était revenue à la vie. Et jamais elle ne s'était sentie en aussi bonne forme, ce qui est assez paradoxal quand on sait qu'on est physiquement mort...
En effet, les signes de la mort sont bels et bien présents. Le corps est froid comme de la chair morte, il n'y a plus besoin de se nourrir... à part de sang, preuve, que les systèmes organiques sont morts. Le cœur ne bas plus non plus...

Khimaira aujourd'hui apprit à ses dépens qu'il ne fallait pas immerger son corps dans l'eau, tout comme l'avait dit Wismerhill... Elle était sortie par temps de neige et quelques flocons ont fondu sur sa peau. La douleur se précisa au bout de quelques minutes, lui arrachant un cris de surprise. Elle inspecta son bras pour apercevoir un petit peu de vapeur s'échapper d'une cloque fraichement acquise. Vexée qu'elle était, elle rentra dans sa chambre, déposa son masque – à présent teinté pour atténuer les rayons du soleil – puis se coucha sur son lit. Elle lécha doucement la plaie, la faisant cicatriser plus rapidement. Elle avait remarqué l'effet curatif de la salive deux jours auparavant, lorsqu'elle s'était coupée par mégarde avec un couteau... la brulure disparaitrait d'ici quelques heures si tout va bien...
Elle n'avait pas réellement revu ses parents. Elle les avait libérés après son petit festin de manants, avait échangé quelques accolades avec son père et sa mère puis était partie en leur compagnie.
Une fois au manoir, elle trouva comme excuse qu'elle était fatiguée et qu'elle devait se reposer. Son père opina et lui dit qu'il arrangerait tous les problèmes avec les juges le lendemain. Ce qui fut fait avec une ponctualité dont seul lui est digne. À peine le cabinet avait-il ouvert qu'il y entra avec diverses preuves corporelles ou d'autres plus... « Macabres » selon les dires du juge. Son père l'avait mené jusqu'au lieu où tous ses servants avaient été sauvagement vidés de leur sang et lui dit :

Ce n’est pas une preuve de notre innocence ça ? Jamais je n'aurais pu toucher à la tête d'un seul de mes aides.

L'homme opina. Il n'avait aucune intention de contredire l'homme le plus puissant de ces terres... Pas en vie en-tout-cas.
Khimaira sourit à cette pensée. Mine de rien, son appétit l'avait sauvée... Si tous ces gens n'étaient pas morts, elle n'aurait peut-être pas pu jouir de la liberté dont elle disposait aujourd'hui.
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire... Revoir un « vieil ami ».

« Quelle souffrance ! Devoir attendre huit longues heures avant que le soleil ne tombe... »

Elle s'étira et bailla, son ventre fit entendre un léger grondement lui faisant comprendre qu'il faudrait manger prochainement.

« D'une pierre deux coups peut-être... Ce soir, si j'ai le temps. »

Khimaira se replaça sur le dos, dans une position qu'elle jugea confortable, les mains jointes sur le ventre, les yeux clos; elle s'endormit en l'espace de quelques secondes. Un léger rictus sur les lèvres.

Elle s'éveilla sept heures plus tard. Ouvrant les yeux comme si elle venait tout juste de fermer les paupières, elle constata que la luminosité avait décru assez grandement. Elle tira légèrement le rideau pour observer l'horizon. Bien que la lumière était à la limite de l'éblouir, elle put constater que le soleil commençait à se coucher, il était à moitié masqué par les petites montagnes au loin. La forte luminosité était due à la réfraction des rayons contre la neige.

Bien, elle allait enfin pouvoir sortir.

Elle se leva lentement de son lit, soufflant légèrement tout en retirant sa nuisette qui ne l'avait pas quittée depuis ce matin. Elle constata en regardant son corps nu dans la glace que toutes traces de roséoles avait disparu. Cette nouvelle fut accueillie par un petit sourire satisfait. Elle frictionna son corps à l'aide d'une petite pierre ponce pour se laver, puis enfila une simple robe noire à manches longues; se maquilla et se parfuma. Elle ouvrit lentement la porte de sa chambre et sortit, descendant les escaliers en veillant à ne pas faire trop de bruit. Finalement, elle arriva à la porte principale, l'ouvrit et la referma derrière elle.
Le soleil avait encore baissé dans le ciel, il commençait à faire sombre, ce qui ne la gênait aucunement. Depuis qu'elle était revenue à la vie, elle voyait parfaitement dans la nuit. Elle réfléchit quelques instants à l'itinéraire qu'elle devrait emprunter pour arriver à son objectif puis se mis en route, évitant les flaques de neige fondue.
Paroxysme.

Les gardes de la prison écarquilleraient les yeux quelques instants avant de reprendre leur sérieux. Le plus rapide des deux interpela Khimaira :

Bonjour jeune dame. Vous venez pour une visite ?

Oui, en effet. Je viens voir Monsieur Kavanagh.

D'accord, je vais vous y conduire... cependant, vous ne pourrez pas rester très longtemps, car il se fait tard et les visites se terminent dans dix minutes.

Il n'y a pas de problème, je ne serais pas longue.

Elle lui sourit presque tendrement, le vieux garde rougit légèrement puis ouvrit la porte d'accès à la cellule à l'aide d'une grosse clef en métal rouillé. Le loquet fit entendre un bruit grippé trahissant son age.
L'intérieur du corridor était jalonné de portes de cellules à barreaux, toutes plus décrépites les unes de que les autres... L'air était pestilentiel au possible, le manque d'hygiène était flagrant. La sueur et la crasse suintaient par tous les pores des murs de pierre.
Sur son passage certains détenus se levèrent et se collèrent contre les barreaux, tendant le bras et criant des obscénités. Certains même, portèrent leur main entre les jambes.

« Futiles créatures » songea-t-elle en passant, sans même leur adresser un regard .

L'homme la conduit vers une autre salle qui semblait moins sécurisée et surtout plus propre.

Les cellules pour les nobles... C'est déjà mieux...

L'homme la laissa là et lui annonça qu'il repasserait dans dix minutes... malheureusement, elle ne pourrait pas se nourrir de Kavanagh ce soir...
Elle s'assit sur un vieux tabouret et tapota contre un barreau. L'homme qui était allongé sur un petit lit se releva lentement ouvrant les yeux après quelques secondes d'incertitude. Son regard se fit mauvais, puis il lui dit :

Vous !

Oui moi.

Qu'est ce que vous faites ici ? Succube !

Je viens vous rendre visite. Je suis sur que vous vous sentez seul... Depuis la mort de vos parents.

L'homme écarquilla les yeux puis lui dit d'une voix chevrotante :

Mes parents, ma famille est morte ? Vous mentez !

Hélas non... Apparemment, ils se sont donnés en sacrifice pour assassiner ma famille... Mais ça n'a pas fonctionné, comme vous pouvez le voir...
Fin sourire de sa part. D'ailleurs, comme vos parents ne sont plus là... Je viens les remercier par votre intermédiaire.

Les remercier ?

Les larmes coulaient à présent sur les joues de Kavanagh, elle se sentait heureuse, complète !

Oui... Ils m'ont offert la fontaine de jouvence, l'éternité et l'absence de maladie... Je ne mourrais pas dans trente ans, je ne mourrais même jamais Kavanagh, alors que vous, vous n'avez plus rien, plus même votre vie ha ha ! Vous finirez dément dans un lit froid, attendant la mort avec impatience pour vous libérer !

L'homme du haut de désespoir sauta vivement vers les barreaux de la cellule, tendant la main pour saisir les cheveux de Khimaira et se venger d'une juste manière. Malheureusement, celle-ci n'était déjà plus à portée. Il n'avait plus que les mots pour l'atteindre.

Démon ! Tu bruleras en enfer ! Tu payeras pour tout le mal que tu nous as fait ! Tu entends ?! Jamais tu ne trouveras le repos !

Elle lui tourna le dos, un large sourire sur les lèvres, puis se dirigea lentement vers la porte de la sortie, jubilant des cris de rage de son ennemi vaincu. Elle offrit de grands rictus emplis de fausse tendresse aux détenus. Puis, finalement, elle toqua contre le métal froid de l'entrée. Celle-ci s'ouvrit dans un long grincement.
Khimaira offrit son plus beau regard au garde et lui dit d'une voix de contralto :

J'ai terminé !

Normalité.

Tout était revenu à la normale depuis trois mois à présent. L'hiver avait laissé tardivement place au printemps, les fleurs commençaient à éclore, la vie reprenait son cours, les gens anémies se faisaient de plus en plus fréquents, bref. La fragrance du printemps, les couleurs du printemps, les morts du printemps.
Khimaira savourait mentalement le repas de ce soir tandis qu'elle était une fois encore, allongée dans son lit. Hormis cette activité alléchante, mais malheureusement uniquement virtuelle, elle s'ennuyait, comme à son habitude...
Elle pensait à son père qui commençait à s'inquiéter de son sort. Il devenait anxieux en constatant qu'elle ne mangeait plus qu'exclusivement dans sa chambre, emportant des plateaux-repas. Qu'elle ne sortait jamais sans son masque ni ne leur adressait véritablement la parole à sa mère et lui. Pour lui, tout avait commencé après son enlèvement. Le ravisseur lui avait fait quelque chose, il en était certain, mais il ne savait pas quoi . Il l'avait d'ailleurs attrapée une fois alors qu'elle tentait de prendre la poudre d'escampette la nuit. Elle avait eu droit à un magnifique sermon et une colère noire de sa part.
Depuis, elle était obligée de sortir depuis sa fenêtre. Elle avait acheté une corde de plusieurs mètres dans une échoppe qui n'appartenait pas à son père. Elle ne sortait plus qu'a des heures et des jours totalement aléatoires pour se nourrir. Se limitant au maximum. Elle désespérait à l'idée de ne plus jamais profiter d'une orgie de sang comme la nuit de sa transformation...

Khimaira soupira longuement en regardant par la fenêtre. "Midi... C'est trop long..."
Elle prit le masque entre ses doigts et le regarda d'un air attendri.

« Voilà un objet qui n'en est pas un... quelle magnifique chose, il est mes yeux pendant le jour et une autre moi pendant les réceptions... Toujours différente, bonne ou mauvaise... Belle ou laide. Ce masque est l'aboutissement des sentiments humains. La pièce qui manque à tout être. L'adéquation temporaire de l'âme par l'objet. »

Elle le remit sur son visage et pensa qu'elle pouvait reprendre ses soirées privées... Elle trouverait peut-être même de meilleures façons de se nourrir...
Les lettres d'invitation partirent le soir même, comme à leur habitude. La fête se promettait d'être plus somptueuse encore que toute les fois précédentes.

Rouge.

Le soir était enfin tombé, et les convives se pressaient dans le salon, accueillis qu'ils étaient par un orchestre gigantesque. Le buffet était somptueux, à le voir, jamais l'on n’aurait pu penser qu'une disette avait touché la conté cet hiver.
La salle était, à la différence des fois précédentes, légèrement moins éclairée, ce qui créait une ambiance bien plus conviviale et encline à des rencontres intéressantes.
Tout était parfait. Même la météo avait été clémente. Le ciel était dégagé et le clair de lune filtrait à travers les balustres du balcon.
Khimaira était adossée au mur soutenant l'alcôve qui menait à balcon. Ce soir, elle était une prédatrice. Elle scrutait méticuleusement les hommes et les femmes qui passaient. Observait leurs habits, écoutait leur voix, analysait les moindres mouvements, les obsessions compulsives de certains. Tous étaient passés au crible par son esprit calculateur, logique et froid, à l'instar d'une machine.
Ce qu'elle ne savait pas cependant, c'est que d'autres prédateurs l'observait. L'orchestre jouait tout en la fixant du regard. Ils avaient des directives : ne surtout pas la perdre de vue.
Khimaira elle, ne bougeait pas, elle continuait de toiser tour à tour les convives, alors qu'elle observait un homme qui trempait une crevette dans l'alcool, quelqu'un l'interpela.
Après un instant d'inaction, elle leva la tête vers cette personne. C'était une fois encore un jeune homme. Il était assez grand, sec et de constitution assez frêle. Son physique était l'exact reflet de son visage, commun, long et fin, cependant assez charmeur. Il avait un joli sourire qui plaisait à Khimaira, quelque chose d'assez rare depuis plusieurs mois.
Elle lui rendit son sourire et lui proposa d'entamer une danse, ce qu'il accepta immédiatement.

Ils valsèrent alors pendant plus d'une demi-heure, conversant en même temps. Khimaira prenait bien garde à lui faire ressentir une certaine envie d'aller plus en avant dans la rencontre. Se collant parfois a lui, lui tenant la main d'une manière douce et surtout, lui parlant d'une voix mielleuse.
L'effet fut presque instantané. Celui-ci lui proposa de quitter la salle pour converser en paix. Bien évidemment, elle accepta avec un grand sourire, alors il l'entraina à l'extérieur, vers les jardins de la propriété.

Le violoniste rata une note à son instrument, ce qui fit grincer des dents les convives, le signal était donné. Khimaira avait quitté la salle.

Les rôles avaient changé à présent, l'homme ne guidait plus Khimaira, c'était elle qui l'entrainait vers la petite chambre reculée. Le jeune homme, comme la plupart de ses anciennes conquêtes, lui contait ses grâces tout en baisant sa main tandis qu'ils marchaient. Khimaira était d'humeur particulièrement joviale, elle souriait à chacune de ses remarques sur ses yeux et son corps. Si elle avait pu rougir, elle aurait joué à merveille le rôle de la jeune fille délicieusement gênée.

Elle ouvrit la porte de la chambre qui une fois encore n'était pas fermée et une fois celle-ci refermée, elle embrassa l'homme qui se laissait faire. « Quelle douce proie, les sentiments sont vraiment parfaits pour chasser... » Elle le déshabillait à présent... Une fois qu'il fut uniquement revêtu de son pantalon, elle l'entraina sur le lit, lui léchant le cou avec tendresse. Elle sentait chaque frisson le parcourir comme une déferlante de plaisir. Finalement, elle ouvrit la bouche, plaqua sa main contre le visage de l'homme et le mordit tendrement.
« Quelle douce créature, tu es véritablement un des meilleurs que je n'ai goutté... ce parfum d'innocence, cette joie de vivre... Cette magnifique naïveté... Je t'aime, pour tout ce que tu m'apportes... Je t'aime pour tout ce que tu perds... Je te hais par ce que ta générosité n'est pas éternelle. Déjà, la source se tare... se fane... Puis meurs.... Dans un soupir d'extase. »
Elle était toujours allongée sur le corps du pauvre jeune, lui léchant doucement les deux petits orifices creusés par ses crocs afin d'en tirer les dernières goutes de précieux liquide, quand la porte s'ouvrit lentement. Son père, le visage blême constata que sa fille n'était plus celle qu'il avait aimée, qu'elle ne le serait certainement plus jamais... Des larmes naquirent de ses yeux et creusèrent leur route dans un petit sillon brillant se joignant au bas du menton avant de tomber sur le sol. Leur poids les entrainant irrémédiablement... Elles étaient elles même responsables de leur chute, tout comme sa fille. Cependant, il ne pouvait se retenir de pleurer et se sentir coupable. Pourquoi sa femme l'avait-elle mise au monde ? Pourquoi l'avait-il si peu chérie ? Pourquoi ...

La peine et l'incompréhension se transformèrent en une colère noire. Le père poussa un cri de rage et de désespoir puis se lança vers Khimaira. Celle-ci eut juste le temps de tourner sa tête, le sang coulait de son menton.

Père, non ! Arrête !!


Trop tard, malgré le cri de sa fille, malgré tout ce sang répugnant sur ses lèvres, il l'avait empoignée par la gorge et la strangulait avec force. Les larmes coulaient en flot continu sur ses joues à présent. Sa douce fille tentait de lui dire quelque chose, il serra plus fort et détourna le regard. Il savait que s’il la laissait parler, il laisserait le monstre qui est en elle perdurer. Un sordide craquement se fit entendre au niveau de la trachée de Khimaira, ses yeux se révulsèrent et elle ne bougea plus. Il lui avait brisé la gorge, un peu de sang coulait de celle-ci. La respiration du père de Khimaira était chaotique, il ne savait plus quoi faire... Devait-il l'enterrer ? La bruler ? C'était sa fille ! Et il l'avait tuée ! Il se prit les mains dans le visage et sanglota pendant plusieurs minutes avant de s'abaisser au niveau du corps de sa fille et de baiser longuement ses joues.

Je t'aime Khimaira ! Excuse moi, je devais le faire mon amour ! C'est moi le monstre !

Son cœur était sur le point d'exploser sous l'effet de la tristesse. Il resta quelques secondes couché sur sa fille, passant ses mains dans ses cheveux, pleurant son sort. Des mains se firent sentir dans son dos, une vive douleur lui vrilla le crâne, la sensation fut vite oubliée quand le plaisir immergea, plus puissant que ce qu'il n'avait jamais connu. Sa vision se brouilla, progressivement, celle-ci se réduisit à un petit point lumineux dans un horizon de noirceur impénétrable. Quelque chose le poussa et le roula sur le dos puis il entendit une voix, comme si elle était proférée par un ange s'éloignant progressivement de lui.

Je t'ai toujours détesté papa...


Elle ne pouvait pas y croire, son père avait tenté de la tuer. Son propre père ! Elle ne pouvait plus se permettre de côtoyer qui que ce soit. Si son père avait été si violent avec elle, qui sait ce qu'un inconnu pouvait lui faire. Elle le détestait pour sa lâcheté, pour sa craintivité, pour sa faiblesse. Elle les détestaient tous ! Tous périraient !!
Elle sortit de la chambre en vitesse, s'essuyant la bouche d'un revers de la main. Rapidement, elle monta les escaliers menant à l'entrée principale, emprunta ensuite les escaliers de marbre qu'elle avait tant utilisés auparavant puis ouvrit la porte du bureau de son père.
Elle fouilla tous les tiroirs et les placards en quête de la clé du coffre qui renfermait le trésor familial.
Finalement, elle la retrouva cachée derrière un livre quelconque. L'emplacement du coffre n'était un secret pour personne. Il était « caché » derrière le grand tableau sur lequel était peinte toute la famille De Manani. Elle le jeta négligemment sur le sol et prit quelques bourses de dix mille adenas chacune.

Elle accourut ensuite à sa chambre, récupéra son journal, quelques habits qu'elle fourrât dans une valise – qui ne lui avait jamais servi – et sortie aussitôt.
Dans sa descente rapide des marches d'escalier, elle récupéra un candélabre et commença à bruler les rideaux un à un. « Si je n'ai pas le droit de vivre ma vie, alors vous non plus ! ». Lorsque la salle principale fut en feu, elle sortit et attela son meilleur cheval. Elle prit la direction du port. Derrière elle, la demeure de son ancienne vie s'embrasait, illuminant le ciel nocturne.

Voyage.

Khimaira avait songé pendant tout le trajet à cheval à l'endroit où elle pourrait se rendre. Et à chaque fois, une seule réponse venait à son esprit : « Le continent. » Un ardent désir de revoir son véritable père la prenait à présent. Elle avait besoin d'être comprise et cajolée... aidée et aimée...
Une fois au port, elle sélectionna le plus beau bâtiment qui s'apprêtait à appareiller en direction du continent. Le prix n'avait pas d'importance. Ce qu'elle souhaitait, c'était une cabine sèche, sans eau, et surtout... Être loin de cette ile.

Le voyage serait dur... Il lui faudra certainement se priver pendant deux semaines. Mais elle le savait : sa volonté était plus forte que tout... Non ?
Dernière modification par jhon117x le jeu. 20 août 2009 à 15h39, modifié 2 fois.
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Re: Khimaira

Message par jhon117x » sam. 29 août 2009 à 00h53

L’être vivant humanoïde intelligent se compose de centres de réflexion totalement opposés.

Le corps et l'esprit.

Le corps est la machine qui fait vivre l'être. Elle est l'horloge biologique, l'interface entre l'être et le monde extérieur. Les yeux sont créés pour voir. Le nez pour sentir. Les oreilles pour entendre. Le palais pour goûter, et enfin, les mains pour toucher.
Le corps peut donc être perçu comme une usine à sensations.
Mais, il n'est pas qu'un outil. Le corps lui-même, de par chaque cellule qui le compose est un organisme qui réfléchit et qui influe sur le second centre de réflexion qui est l'esprit, par ce que l'ont appelle les hormones.
Les hormones qui sont secrétées par le corps permettent de créer toute une palette d'émotions. De la colère a la peur. De la tristesse a la joie.
En plus des émotions, les hormones servent au propre développement de l'être vivant, a son maintien en vie, réduisant l'entropie...
Souvent, le corps influe sur la perception du monde et des gens. Les hormones sont l'objet qui crée le désir charnel et sexuel, l'envie de manger, de boire... l'excitation et même, des envies déviantes.
Le second centre de réflexion, l'esprit, ou encore conscience est le centre de toute pensée rationnelle. Cependant, le corps agis sur ces pensés grâce aux hormones et les pervertis, les rend plus volatiles, futiles et même va jusqu'à contredire la pensée précédente...

Quelle tristesse que d'être sous l'influence d'une chose si peu exacte ! L'esprit est déterminé et froid. Le corps sème le doute dans tout cet agencement parfaitement régulé.

Prenons un exemple concret :

Une femme tue un homme, avec tout le déterminisme dont elle est capable. Pour amplifier le tout, disons que cet homme l'a violée mainte fois. A tué son mari, et ses enfants.
Son esprit bout de vengeance, son envie est plus forte que tout. Mais son corps se met à trembler sous l'effet de l'adrénaline qui se diffuse dans son système sanguin, sa vision se brouille sous l'effet des larmes. Ses yeux la démange, son cœur bat à un tel point que ses tempes résonnent dans son crâne. Elle assassine cet homme à l'aide d'un couteau. Son esprit lui dit que c'était l'action à accomplir, mais son corps ne cesse de pleurer, de trembler, transformant ce qui aurait pu être une vengeance parfaitement accomplie, en une grossière scène de meurtre. L'excitation causée par cet acte fait qu'elle marche dans le sang de la victime, laissant des traces de pas. La pauvre femme s'est lacérée elle-même avec son propre couteau, tant celle-ci tremblait. Par mégarde elle a tranché la jugulaire de l'homme projetant du sang sur ses beaux habits blancs... Un fiasco total.
Finalement, elle quitte la scène en pleurant, rejoignant sa maison.
Une fois arrivée chez elle, il lui est impossible de dormir tant les images qu'elle se remémore sont traumatisantes. Elle se couche dans son lit, encore toute trempée de ses habits écarlates. La, le doute s'immisce lentement en elle. Telle un poison à action longue, le doute pervertit chaque pensée rationnelle de la jeune femme jusqu'à ce que chaque réflexion, chaque mot, chaque bruit devienne un cri d'horreur ou un doigt accusateur qui vise sa personne.
Le lendemain, la jeune femme sort de chez elle, poussée par l'ersatz de pensée rationnelle qui lui reste. Il lui dicte de mener une vie normale pour éviter d'être soupçonnée. Mais malheureusement, chaque visage, chaque mot prononcé, chaque tournure de phrase sont perçus par la jeune femme comme une sentence de pendaison.
Finalement, elle rentre chez elle en courant jusqu'à ce que de l'acide coule dans ses veines.
Enfermée dans sa chambre, toutes lumières éteintes, elle revoit chaque scène du meurtre orchestré comme perverti et encore plus manqué que ce qui est réellement. Et en conclusion. Cette femme qui avait toute les raisons de tuer l'homme qui a causé son malheur, se suicide dans sa chambre, rongée par le remords et la tristesse d'avoir tuée un homme...

Voici donc, l'exemple type du dilemme esprit/corps.

L'être pensant ne peut donc être un meurtrier parfait, quelqu'un de purement rationnel.

Cette théorie soulève donc une question :

Un corps mort retenant un esprit vivant serait-il capable d'être purement réfléchi ?

La réponse serait oui. Car l'esprit ne serait alors plus perturbé par le système organique de son corps. Il n'y aurait de place, que pour l'esprit dans le processus de réflexion. Le rendant ainsi imperméable a toute perturbation émotionnelle. Dans toute situation, l'être serait calme et rationnel. Dénué de tout doute. Il n'aurait pour limite que sa propre intelligence et son physique.
Sa perception des autres ne serait plus faussée par l'aspect physique. Le charme n'aurait plus d'effet. Et alors... Il serait parfait.

-- Entrée ancienne du journal de Khimaira --

[HRP=Bien avant sa transformation]
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Re: Khimaira

Message par jhon117x » mer. 30 septembre 2009 à 21h11

Soupir


Le billet vers la liberté avait un goût amer, même pour elle. Khimaira était peut-être noble, mais certainement pas dupe.

Cet homme l'avait roulée dans la farine... Si elle n'était pas si pressée, pour sur elle aurait fait scandale sur le port, mais là n'était pas son but, elle devait à tout prix quitter cette ile qui à présent, n'était plus que les ébauches de sa nouvelle vie et, le tombeau de son passé.

Le navire se nommait le « Vengeance de Villeneuve » un nom bien peu approprié à un bâtiment marchant, Khimaira l'aurait plutôt vu brandissant le drapeau noir, signe de la piraterie ou alors la bannière de l'armée...

Elle leva les yeux sur l'imposant amas de bois flottant qui à présent était sa maison provisoire. De ce qu'elle avait pu lire sur les navires dans sa jeunesse, elle identifia le « Vengeance de Villeneuve » comme étant un trois-mâts carré... Ces bâtiments étaient les premiers à avoir plusieurs étages de voiles cargables par un nombre assez restreint de marins.

Le trois mat carré, comme son nom l'indique est compris de trois mats principaux et un de quatre focs, à l'avant.

De ce qu'elle pouvait voir du bâtiment, Khimaira jugea que celui-ci avait été repeint il y a très peu de temps, ce qui témoignait de l'attention que portait le capitaine envers son navire, même si celui-ci était le plus honnête des voleurs se dit-elle....


Elle regarda autour d'elle, puis soupira. Nul bagagiste à l'horizon. Il lui faudrait lui-même porter et entreposer ses affaires dans ses quartiers, ce qui a cette seule pensée l'emplit d'un sentiment de fainéantise exacerbée.

Khimaira courba le dos et attrapa les anses de ses deux sacs assez bien chargés, leva le pied et le posa de tout son poids sur le morceau de bois qui tout à coup lui sembla vermoulu et prêt à céder.


« Allez Khimaira, ce ne sont que deux minables mètres... Si tu es si peureuse, tu n'as qu'à rester sur cette ile et te faire pendre d'ici cinq ou six ans, le temps que le jugement arrive à sa funèbre conclusion ! »



Elle inspira grandement, ferma les yeux quelques instants puis avança son pied gauche sur la passerelle. Le bois tenait bon, finalement, ce n'était qu'une invention idiote réalisée par son imagination un peu trop dramatique.


- Enfin à bord... Dit-elle dans un soupir légèrement crispé .


Un petit mousse qui ne devait pas avoir plus de quinze ans l'approcha d'un pas nonchalant et la pria de le suivre. Il l'emmena dans ses quartiers ; cinq minutes de marche à travers des couloirs étriqués, impossibles de se croiser sans se cogner l'un contre l'autre... Le paradis des claustrophobes.

Le jeune homme ouvrit la porte en bois imputrescible et tendit la petite clef à Khimaira, puis il lui dit avec un faux sourire accompagné d'une voix qui jonglait entre le rauque et l'aiguë :

-voici votre chambre madame, Bienvenue a bord.


Elle le remercia d'un petit sourire hypocrite puis s'enferma, jeta ses affaires dans un coin de la chambre et se vautra sur son lit. Épuisée par sa chevauchée infernale de la nuit passée.

Après cinq minutes allouées à la réflexion interne, elle leva son bras et tira les rideaux du petit hublot, plongeant ainsi la pièce dans le noir. Seule une petite auréole de lumière s'échappait du rideau qui ne faisait pas contact avec le hublot.

La jeune femme retira son masque lentement et le posa sur ce qui lui sembla être une table de nuit, puis, elle s'autogratifia de sa vision parfaite dans l'obscurité la plus totale.

Elle scruta la pièce d'un regard froid : Celle-ci était composée d'un lit simple au matelas dur comme la pierre, d'une table de nuit scellée au plancher une petite armoire encastrée dans un mur qui semblait pouvoir s'ébranler au moindre choc et enfin, une horloge a balancier qui était placée sur pivot afin que le balancier ne soit pas dérangé par les tangages et les roulis incessants du navire.

Elle releva la tête vers le plafond incroyablement bas puis soupira.

« Mieux vaut dormir que m'évertuer à critiquer tout ce qui passe sous monn nez » Maugréa t'elle dans son fort intérieur avant de fermer les yeux et sombrer lentement dans un sommeil léger, bercée par les roulis lents et réguliers du bâtiment.


Réunion.


Khimaira sursauta, quelqu'un cognait à la porte de sa chambre. Une série de trois « tocs » réguliers et puissants... Elle posa une main sur son front et dit dans un soupir.


Oui ? Que se passe-t-il ?



Le souper est servi, Madame, vous pouvez rejoindre les autres à la salle commune.
Dis la voix mi-rauque mi-aiguë à travers la porte en bois.


Khimaira n'avait pas envisagé cette éventualité, ce « petit » problème qui faisait qu'elle ne viendrait jamais manger avec le reste des voyageurs. Elle avait pourtant essayé d'avaler deux trois morceaux de viande un jour, mais son organisme lui avait fait assez rapidement comprendre que la nourriture sous forme solide ou liquide autre que le sang lui serait inaccessible. Hématophage pour toujours.

Il fallait qu'elle invente une histoire en vitesse ou alors, ils lui serviraient un repas bien chaud... Ce qui la trahirait dès les premières bouchées... Vomir du sang n'est pas très correct pour le commun des mortels...


J'ai le mal de mer... Désolée, je crois que je n'avalerais rien ce soir... Si vous pouviez me livrer le repas dans ma chambre peut-être.


Le mousse -qu'elle avait reconnu- poussa un rire qui ressemblait plus au grognement d'un cochon qu'on égorge et lui répondit.


Démerdez-vous, si vous voulez votre repas, vous allez vous le chercher hé !


Khimaira soupira. Au moins, sa première victime était déjà toute désignée si la faim venait à s'inviter.

Elle y avait pensé pendant sa chevauchée, elle ne pourrait jamais se retenir de manger deux semaines d'affilée. Il lui faudrait forcément se nourrir au moins trois fois, et encore, en se privant, ce qui serait extrêmement dur...

Elle devait échafauder un plan pour les jours prochains... Se faire des relations au cas où l'histoire tournerait mal et que des gens viennent à se montrer hostiles envers elle... Ces deux semaines de voyage vont être un tour de force.

Elle referma les yeux puis décida de se lever et de se rendre à la salle commune. Avant de sortir, elle jeta un œil à la lumière qui filtrait à travers le rideau derrière elle. Celle-ci n'était plus assez puissante pour endommager ses yeux ou l'éblouir. Elle rangea donc son masque dans un des sacs et sortit, emportant seulement la clef de sa chambre avec elle.


Il ne fut pas difficile de trouver la salle commune ou encore « cantine » comme l'appelle les marins du "Vengeance de Villeneuve", en effet l'odeur empestait dans tout le couloir, et il suffisait de suivre ces effluves malodorants de choux bouillit et de viande à l'eau pour trouver où était la fameuse salle...

À son arrivée dans la petite pièce toute de bois jaunâtre, la plupart des hommes et des femmes se retournèrent et lui jetèrent un regard oblique, les femmes retournèrent à leurs taches, mais la plupart des hommes gardaient leurs yeux rivés sur l'anatomie de la jeune femme.

Elle compta les gens, dressant les effectifs : Treize hommes, huit femmes et une vampire, la plupart des humains de sexe masculin étaient soit attablés seuls, ou avec d'autres hommes.

D'un point de vue totalement objectif, ces femmes étaient aussi belles que ce que l'ont pêche dans un marais...

Khimaira sélectionna la table qui comprenait les hommes qui paraissaient les plus beaux et les plus instruits et s'y assit. Elle sourit en les voyant faire les yeux ronds. Elle n'avait manifestement rien perdu de son charme.


Bonsoir mademoiselle, pourrais-je faire quelque chose pour vous ? Souhaiteriez-vous manger un bout ? J'invite.


Khimaira prit un petit air fatigué et légèrement malade. La pâleur de sa peau n'avait pas à être mimée.


Oh... ne me parlez pas de nourriture, je vais défaillir, j'ai le mal de mer. Tous ces effluves me taraudent déjà.


Vous m'en voyez contrit, mademoiselle,c'est fort dommage que vous n'ayez pas le pied marin.


Elle lui fit un petit sourire désolé puis continua :


Je me nomme Marie de Skibbow. Enchantée.


Constantin de Luz, à votre service. Il lui tendit sa main et elle la refusa d'un petit geste. Elle ne pouvait pas s'autoriser de contact physique avec un humain, la froideur de son corps la trahirait une fois encore. Le refus entraina un rire sardonique d'un des hommes éméchés qui n'avait pas cessé de regarder dans son décolleté depuis qu'elle était attablée.


Khimaira discuta donc avec ce jeune homme qui n'était pas très beau, mais pas laid pour autant, il était brun aux yeux marrons, son visage était légèrement trop fin ce qui lui donnait un air mal nourrit et négligé. Ses dents n'étaient pas très droites... Mais hormis ces quelques détails, cet homme était d'un réel intérêt et possédait un charme certain, bien qu'il ne soit un jeune noble de l'ile de Cricklade, au grand damne de la jeune femme. Constantin était un jeune érudit, il avait travaillé d'arrache-pied pendant plusieurs années afin de pouvoir se payer des études correctes et vivre une vie qui ne serait pas calquée sur la pauvre situation de ses parents fermiers dans la région de Kenvesten.

Après plusieurs heures d'intenses discussions à propos de mathématiques et d'astronomie, Constantin la raccompagna jusqu'à sa chambre, tout en continuant de discuter avec elle, riant parfois de ses propres plaisanteries.

Khimaira ouvrit la porte de sa chambre et lui intima de rester dehors d'un petit sourire presque gêné. Elle déposa une bise sur sa joue, lui souhaita une bonne nuit puis referma la porte avec une lenteur calculée.


« Enfin seule. » Un petit rictus naquit sur ses lèvres, révélant ses canines trop longues. Trouver quelqu'un qui se révèlera être une aide en cas de problème, voire même un donateur à été plus facile que prévu, elle soupira de contentement puis releva la couverture urticante de son lit avant de se coucher a l'intérieur. La nuit sera douce.


Angoisse.


C'est donc ça l'enfer bleu ? Se dit Khimaira dans son for intérieur tout en se maintenant au maigre garde fou qui la séparait de l'immensité de l'océan.
Son corps, a la vue de ces milliers d'hectolitres embrassant l'horizon ne fut plus qu'un immense frisson. Tomber le dedans lui serait forcément fatal.
Ce n'est qu'à présent qu'elle se rendait compte de la gravité de la situation dans laquelle elle se trouvait : le moindre faux pas, la moindre action qui la révélerait se verrait inexorablement conclue d'un plongeon à la mer. Ce qui forcement ne la ravit pas le moins du monde.

« La discrétion et la manipulation seront de rigueur pendant ces deux prochaines semaines... »

Elle ferma les yeux, tout était noir, mais une drôle d'impression la traversa, celle de sombrer lentement dans l'océan ce qui lui fit faire volte-face.
Derrière elle – et à bonne distance – se trouvait Constantin, qui arborait un petit sourire gentillet, rêvant ses dents tordues.

Bonjour madame, quelle belle journée, n'est-ce pas ?

Khimaira redressa son masque qui commençait à lui glisser du visage.

En effet. Une bien belle journée s'il en est...

L'homme leva un sourcil broussailleux et lui posa la question, déjà toute devinée.

Heu... Pourquoi portez-vous un masque ? Votre visage est tellement sublime, c'est dommage de le cacher ainsi.

Khimaira, sur un ton contrit lui répondit.

Oui. Je sais, cela est fort dommage, mais il en est ainsi depuis ma naissance malheureusement. Une affreuse malédiction qui rend mes rétines extrêmement sensibles à la lumière du jour... Je ne puis sortir sans cet artifice, sous peine d'être aveugle en quelques secondes...


Oh, je comprends. Je suis désolé pour vous, Marie.

Ce n'est rien, il fallait bien que vous l'appreniez. Elle lui fit un petit sourire qui l'excusa de son indiscrétion puis il y eut un petit moment de blanc... Comme si les deux personnes se sondaient mutuellement, Constantin reprit.

Dites-moi Marie, avez-vous visité tout le bateau ?

Non, pas encore, malheureusement...

Souhaiteriez-vous m'accompagner dans ce cas ? Je vous le ferais visiter.


Oh, certainement ! Avec joie ! Khimaira lui prit le bras et ils marchèrent en direction de la proue, se stoppant pour s'accrocher à un garde fou lorsque le navire entamait sa descente dans un petit creux de vague.


Nourriture.


Allongée sur son lit qui grinçait à chaque tangage, Khimaira attendait... Encore. Cela faisait a présent cinq jours qu'elle était a bord, l'ennui la saisissait et s'imposait dans son esprit. Dans la précipitation, elle avait oublié d'emporter son violon à bord. Elle ne pouvait qu'en vouloir à elle-même pour cette faute.
Plus important que l'ennui, la faim commençait à la tarauder, entêtante et grandissante comme un refrain qui tournait sans cesse dans son esprit. Chaque mouvement, chaque pensée étaient reliés à l'idée de faim, de nourriture, de sang. Elle savait que si elle ne se nourrissait pas ce soir, elle pourrait devenir dangereuse pour elle-même et commettre l'irréparable.
Khimaira posa un doigt songeur sur ses lèvres et réfléchit, tentant d'élaborer un plan pour arriver à ses fins sans pour autant se faire remarquer, ou, dans le pire des cas, être inculpée...

La réflexion fut longue et fastidieuse... Mais elle avait à présent son plan. Elle agirait ce soir à minuit, quand la plupart des passagers et marins seraient couchés. Sa victime, déjà toute choisie était ce mousse gamin, elle n'avait qu'a le mordre et le jeter par-dessus bord une fois qu'elle serait repue, personne ne le pleurerais ou tenterait de récupérer le corps. Après tout, les marins avaient le droit à un quota de perte si elle se souvenait bien. Elle sourit en repensant à son futur repas et se retourna sur le ventre, sortant sa plume et un petit parchemin accompagné d'une enveloppe.
Elle trempa lentement la mine de sa plume dans l'encrier au cul spécialement bombé pour éviter tout renversement et commença à rédiger sa vraie fausse lettre d'amour.

« Mon petit mousse.


Je sais que nous ne sommes partis d'un bon pied lors de notre première rencontre, mais en croisant votre regard, j'ai cru me noyer dans le bleu de vos yeux, je meurs d'envie de vous revoir à nouveau. Mon cœur bat d'un amour insatisfait, pussiez-vous le combler ce soir même, sur le pont a minuit.


Tendrement, votre Marie. »

Elle sourit en se relisant, cette lettre était vraiment d'une nullité à toute épreuve, mais elle doutait que ce mousse ait une quelconque connaissance littéraire... Elle espérait qu'il sache lire tout de même... Sinon cela risquerait d'être assez gênant...
Elle plia le petit parchemin en deux et le fourra dans l'enveloppe, qu'elle referma en léchant la languette. Une pensée truculente lui vint à l'esprit et elle apposa ses lèvres peintes de rouge sur enveloppe d'un blanc immaculé, cela devrait accentuer l'effet.
Khimaira lorgna la petite pendule qui restait fixe par rapport a l'inclinaison du sol, mais se déplaçait par rapport au mur, dix-neuf heures trente... Encore quelques minutes et le mousse devrait toquer à la porte afin de signaler que l'immondice qui servait de repas était prête. Elle se leva et glissa sa lettre sous l'entrebâillement de sa porte et se recoucha aussitôt.
Cinq petites minutes plus tard, des bruits de pas entrecoupés de trois tocs successifs aux portes se firent entendre, c'était lui et il approchait vers sa chambre. Les bruits de pas se faisaient de plus en plus proches, puis il s'arrêtât devant la porte et ne toqua pas, le petit morceau blanc de la lettre qui n'avait pas encore totalement franchi l'entrebâillement de la porte disparut, puis se succédèrent un bruit de papier déchiré et des respirations fortes. Il avait lu sa lettre, son plan était un succès, la seule chose à faire à présent était d'attendre l'heure du si désiré repas.

Minuit, enfin. Khimaira se leva lentement de son lit, pas besoin de se presser, le piège était tendu, et la proie s'était docilement prise dedans. La mer, comme les cinq soirs précédents était démontée, et de nombreuses éclaboussures étaient aussi au rendez-vous, elle enfila donc une tunique faite de peau de kookabura. Elle sortit de sa chambre et se dirigea d'un pas assuré vers le pont. Il faisait nuit presque noire, ce qui était parfait pour elle. Elle put le voir de dos, l'attendant, tenant la petite lettre dans ses doigts abimés et faits de corne dure comme le bois. Il était en avance, ce qui témoignait de son envie pressante de la rencontrer... Pourquoi ne pas jouer le jeu ?

Elle posa une main douce sur son épaule, celui-ci se retourna, un sourire aux lèvres. Il était pitoyable et véritablement horrible. Il devait bien mesurer vingt centimètres de moins qu'elle si ce n'est plus.
En la voyant ainsi, lui souriant à son tour il enleva son petit chapeau de marin et le tordit entre ses mains, faisant couler les gouttelettes de houle qui s'étaient infiltrées dans le tissu, et trempant la lettre.

Dame Marie, je... je m'excuse pour la dernière fois, j'savais pas que...

Taisez-vous donc, tout cela appartient au passé...
Lui dit-elle d'une voix douce et pleine d'amour apparent ?

Bien... Heu... Je...

Plus un mot vous dis-je, mon beau marin...


Le pauvre garçon était rouge comme une pivoine, même un humain aurait pu le voir malgré la noirceur de la nuit.
Khimaira l'enserra dans ses bras, comme s'il s'agissait d'une simple accolade, l'étreinte amoureuse parfaite... Mais il n'en était rien. Elle le fixa de ses yeux verts, un air tendre sur son visage puis s'approcha de ses lèvres pour l'embrasser. Ce ne fut qu'au dernier moment qu'elle décala la tête pour planter ses crocs dans son cou, perçant ses veines et faisant affluer le sang dans sa bouche.
Le jeune homme n'eut même pas le temps de pousser ne serais-ce qu'un cri que la sensation d'extase le subjuguait déjà.
Khimaira ferma les yeux et goutta au délicieux liquide, entamant de longues et interminables gorgées. Ce jeune homme avait le sang doux, comme celui d'un enfant, un pur délice pour son palais qui criait famine, elle n'aurait pu être mieux récompensée...Un bémol s'immisçait pourtant, il n'y en avait jamais assez pour être totalement repus, mais il fallait faire avec, quand bien même l'idée de se nourrir d'une autre personne serait tentante.
Le mousse, totalement anémié par sa fatale rencontre ne tenait plus que grâce aux bras de Khimaira qui le supportait. Elle entreprit de le tirer vers le garde-fou puis bascula le corps par-dessus bord, ainsi que la lettre et le chapeau. Tout nait de la mer, et tout y retourne.

« Le sang, nourriture, mais tellement plus encore. Il est la séduction incarnée, de pourpre habillé, il vous est offert mais pourtant vous est inaccessible. Bien des difficultés doivent être franchies pour déjouer ses funestes gardiens, simples réceptacles, mais pourtant tortionnaires et bourreaux de cette magnificence qui transcende le corps et l'esprit, apporte la vie, mais qui rependue, provoque inexorablement la mort. »

–Page déchirée du journal de Khimaira –



Ennuis


Khimaira ouvrit lentement les yeux, et vérifia qu'elle était seule dans sa chambre avant de bâiller amplement, révélant ses deux crocs blancs nacrés.
La journée s'annonçait belle, encore une fois. Ce qui lui arracha un soupir, rien sur cette terre ne pouvait lui convenir, pourquoi le soleil ne tombait-il pas pour ne jamais se relever ?
Elle posa ses deux pieds sur le sol en bois et pris quelques secondes pour les admirer, n'ayant rien trouvé de mieux a faire... Puis, après cinq intenses minutes de réflexion sur la beauté de ses doigts de pied et de ses chevilles, elle se leva et se coiffa, compensant le roulis d'une jambe, puis de l'autre. Ensuite elle réfléchit à quelle robe mettre, se demandant laquelle correspondrait le mieux à son humeur. Elle opta finalement pour une robe noire, faite de dentelle et de soie. Avant de sortir, elle jeta un œil à la petite pendule, elle indiquait sept heures cinq du matin. Parfait pour faire un petit tour et s'imbiber de l'air frais et revigorant de l'aube.
Le petit tour en question ne dura que quelques dizaines de minutes que Constantin la rejoignait d'un pas pressé et l'air effaré.


Marie, Marie ! C'est une tragédie, un homme a été jeté à la mer !

Comment cela ?

Le Dr Frasier a vu quelqu'un pousser la jeune mousse par-dessus bord, oh Marie, c'est une catastrophe, il y a un assassin à bord !


Elle avait raté son coup et elle le savait, heureusement elle n'avait pas été reconnue.

Le capitaine a dit de tous nous rendre à la salle commune pour nous disculper.

Bien, allons-y dans ce cas...

Les scénarios se succédaient et se bousculaient dans sa tête, les divers mensonges qu'elle pouvait proférer à toute cette myriade d'idiots éphémères sans pour autant se trahir ou paraitre plus suspecte encore que ce qu'elle ne l'est déjà.
Constantin et Khimaira entrèrent ensemble dans la salle, suivis par des yeux fatigués et des visages graves qui révélaient une volonté sans faille de retrouver l'assassin. Ils s'attablèrent tous deux au fond de la salle, les premières places étant déjà prises.

Khimaira commença à compter les personnes assises, pour voir si tout le monde était présent. Elle fut rapidement interrompue par l'entrée du capitaine dans la salle commune.
Le capitaine remplissait bien sa fonction de stéréotype, c'était un homme au visage rude, aux joues parsemé de petits cratères dus à l'alcool. Il n'était pas très grand, avait un ventre légèrement proéminent, il ressemblait plus a une brute épaisse couplée d'un ours plutôt que d'un homme son visage était repeint d'une barbe noire qui commençait à tirer vers le blanc, révélant son âge peu avancé, malgré son physique. Il toisa les gens aux visages graves d'un air impérieux et empli de dédain puis s'exclama d'une voix grave et enrouée.

Bon, c'est quoi cette histoire ? Qui est l'affreux salopard qui a balancé un de mes mousses par dessus bord ?! Il appuya ses paroles d'un coup sur le mur, le faisant trembler - ainsi que tout l'auditoire-.
Bien évidemment, personne ne répondit. Khimaira tenta de sonde le capitaine, son visage n'exprimait que colère et violence.

Qui est le docteur Frasier ? L'intéressé leva la main, l'air peu assuré. Voilà donc l'homme qui l'avait aperçue, c'était donc ce petit maigrichon à lunette qui avait pu la voir par cette nuit noire et lui causer tous ses problèmes ?

Docteur, vous avez entrevu l'assassin de ce pauvre petit Crudjick, dites-moi tout ce que vous avez vu, a quelle heure cela c'est passé exactement... Le capitaine tapa dans la paume de sa main et lança un regard sadique à l'auditoire ...Et après je referais le portrait de ce connard avant de le foutre par-dessus bord.

Le docteur Frasier se leva lentement de son banc, tremblotant à la vue du capitaine... « Pathétique » … Il n'osait pas regarder le capitaine dans les yeux, tellement il était pris de terreur. Après quelques déglutitions difficiles, il commença à parler d'une voix peu assurée.

Je... J'ai vu quelqu'un habillé avec une tunique et une capuche porter le mousse avant de le lancer par-dessus bord...

Il faisait quelle taille ? Il était quelle heure ? Tu as vu son visage ? Pourquoi t'es pas allé pousser son assassin bordel !! Le visage du capitaine avait viré au rouge pivoine, comme s’il venait de manger quatre piments extrêmement forts et qu'il s'évertuait à les garder en bouche.

Il.. Il était assez grand, je crois... Dans les uns mètre quatre-vingt, peut être moins... Je n'ai pas vu son visage, et j'avais peur, merde ! Je suis pas fou au point de me lancer sur un type qui vient d'assassiner un mousse !!

Tu m'a pas donné l'heure doc !


Le docteur sursauta. L'heure l'heure... Rahh ! Je ne sais pas, il devait être vers minuit, je n'arrivais pas à dormir ! Le mal de mer m'a retourné l'estomac et...

On s'en branle bas de ta vie le doc ! Il était minuit point... Bref, tous les gens de plus d’un mètre soixante-quinze, vous vous levez et vous allez me filer un putain d'alibi ou je vous éclate la tête contre ce mur !

Khimaira ainsi que cinq autres personnes se levèrent, Constantin lui aussi se leva. Il devait faire à peu près sa taille...
Le capitaine pointa du doigt un jeune homme à la tête d'alcoolique chronique.

Toi là, petit con, tu foutais quoi hier vers minuit ?


J'étais en train de jouer aux cartes avec Roger et Jason M'sieur ! Cria-t-il en les montrant de la main . Les deux hommes acquiescèrent de concert.

Bon, OK... Et c'est Capitaine pas monsieur, connard ! Il pointa ensuite un autre homme assez musclé, habillé en costume du dimanche. Et toi ? Tu foutais quoi ?


J'étais avec ma femme et mes enfants bien évidemment Capitaine. Vous pouvez leur demander, ils vous le confirmeront. J'ai dû me lever vers minuit pour changer ma plus petite fille, elle a réveillé tout le monde.

L'homme parlait avec assurance et il n'était pas le moins du monde impressionné par la démonstration de brutalité verbale du capitaine, celui-ci grogna puis pointa Constantin du doigt.

Et toi ? Tu foutais quoi ?

Moi ? Eh bien... Il se gratta la tête, l'air un peu gêné... Khimaira remarqua tout de suite son jeu d'acteur, bien qu'il était évident qu'il ne sauterait pas aux yeux des autres passagers. Pour tout vous dire, j'étais dans la cabine de Dame Marie, nous partagions le peu d'intimité que nous pouvons avoir sur ce navire... Vous comprenez ? Il lui fit un petit sourire innocent et contrit.

Ouais... J'espère que tu te l'es bien farcie, elle à l'air d'être une sacrée sauvage au lit, ah ah !!

Constantin baissa la tête, l'air honteux. Le capitaine sauta son tour, jugeant que ces explications étaient suffisantes...


Dix minutes plus tard, le coupable était tout désigné, il s'agissait d'un homme trapu au crâne rasé qui était resté seul dans sa chambre toute la nuit. Une grave erreur qui lui octroya le droit de passer « l'interrogatoire » du capitaine, qui consistait à affliger un grand nombre de coups de tête dans le mur de la salle commune sur un intervalle de deux minutes, avant de reposer la fatidique question rhétorique : « t'es coupable hein ? »
Le pauvre homme s'évertuait à nier, et à chaque fois la torture recommençait. À chaque coup puissant que lui affligeait le capitaine contre le mur en bois imputrescible, le nez de l'homme s'amenuisait, jusqu'à qu'il n'en reste plus qu'une espèce de patte informe et rougeâtre ou se mêlait morve et sang... Une scène comique s'il en est.
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jhon117x
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Re: Khimaira

Message par jhon117x » jeu. 1 octobre 2009 à 22h46

Complot.

Khimaira se déplaçait dans les couloirs étriqués menant aux chambrettes tout en tirant Constantin par sa main gantée, avec force et autorité. Elle vira subitement à droite et ouvrit la porte de sa cabine non sans brutalité. Constantin, effaré par une telle démonstration de violence, se laissa choir sur le lit dur comme la pierre.
Khimaira lui tournait le dos, ses mains étaient portées à son visage. Depuis la vue qu'il pouvait avoir de la jeune femme, Constantin en déduisit qu'elle se massait les tempes.
Elle se retourna et lui fit face. Une grimace s'était dessinée sur son beau visage.

-Pourquoi avez-vous insinué que nous avions couché ensemble ? Regardez à présent ce que pensent ces barbares ! Lui cria-t-elle à pleine voix, faisant fi du peu d'isolation dont jouissait la minuscule cabine.
Les tympans de Constantin résonnaient et lui faisaient mal, tant elle criait, il ne put s'empêcher de baisser le regard sur le sol, déformant sa casquette machinalement entre ses doigts, tentant tant bien que mal de faire passer l'anxiété.

-Désolé, je pensais que vous n'aviez pas de justificatif, et je me suis permit de...

-la prochaine fois, permettez-vous seulement de garder votre langue dans votre bouche, ce sera bien mieux.

Malgré l'apparente colère de Khimaira, celle-ci remerciait intérieurement son sauveur. Elle n'avait aucun alibi viable à donner à ce rustre de capitaine.

-D'accord Khimaira.

-Il y a intérêt à ce que... comment ? Comment m'avez-vous appelé ? La voix de Khimaira s'effondra, passant du cri au chuchoté, sans phase de transition.

Le jeune homme leva les yeux lentement sur elle. Son regard avait changé, il n'était plus celui d'un innocent chien battu. Celui-ci était froid et calculateur, ses yeux marron ne renvoyaient plus qu'à eux même, illisibles. Ce changement brusque de caractère suscita un sentiment d'angoisse de la part de la jeune femme. Elle était percée à jour, et ce, depuis son arrivée sur ce bâtiment. Peut-être même bien avant.
Constantin se leva du lit d'un geste lent, ne montrant aucune agressivité. Il régnait à présent dans la cabine un silence de mort, contrastant en tous points la cacophonie précédente. Les rôles s'inversèrent. Khimaira s'était assise sur le lit, toute retournée par la révélation, et Constantin, debout lui faisait face, toujours aussi inexpressif.

Comme un animal acculé, elle lui lança non sans véhémence :

- Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon nom ?


L'homme s'exprima d'une voix lente et posée, appelant au calme.

- Vous en avez trop fait, comtesse. Sachez simplement que je vous observe de loin.
Votre père, la noblesse de Cricklade, le mousse. Je ne sais pas quel démon a pris possession de vous, mais je compte bien faire lumière des événements. Tachez de vous tenir en place jusqu'à notre arrivée à Giran. Et si c'est le cas, il ne vous arrivera rien jusqu'à notre retour à Cricklade. À propos, vous avez hérité du titre de comtesse de votre mère suite à sa mort. Toutes mes félicitations.

Khimaira se prit la tête entre les mains, s'accordant un moment de réflexion. Elle en vint à une triste conclusion : elle ne pouvait rien faire.
Tuer cet homme dans sa cabine l'inculpera irrémédiablement, tout le monde l'a vue partir avec lui.
Jouer la comédie serait tout aussi futile, il pourrait révéler son identité, et elle serait certainement jetée a la mer, après tout, la ramener à Cricklade ne devait être qu'une option pour lui. La seule chose qu'elle pouvait s'accorder à faire était d'attendre et de réfléchir aux actions à long terme de cet homme... Mais la réponse était déjà toute trouvée. Elle serait expédiée devant un juge pour parricide et meurtre des trois quarts de la noblesse de Cricklade. C'est tout juste si elle n’est pas exécutée sans procès.
Un autre problème plus fâcheux, il avait compris qu'elle avait jeté ce mousse par-dessus bord, et a présent, il la surveillait de près, ceci entrainant son incapacité à se nourrir, et ce, pendant plus d'une semaine.
Elle serra les poings, froissant sa robe, puis leva son regard sur Constantin.

- Sortez de ma chambre. Je suis lasse.

L'homme ne laissa entendre aucun son puis sortit en toute discrétion, jetant un dernier regard à la femme assise sur son lit, dans une position inconfortable.

- Je vous surveille, ne l'oubliez pas.

Elle se coucha sur son matelas, les mains sur le visage. La sensation du tissu dans son dos lui paraissait être des piques qui se plantaient dans sa peau. Elle frappa le lit de ses deux poings.

- Merde !

Khimaira se redressa en position assise, monter sur ce bateau était la plus belle bêtise qu'elle avait faite. Mais que pouvait-elle faire d'autre ?
Elle réfléchit quelques instants. Qu'est-ce qui pouvait l'inculper plus que ce qu'elle n'est déjà ? Qu'est ce que Constantin pourrait trouver sur elle ? Soudain, elle se souvint. Elle se leva et ouvrit la petite armoire. Elle en sortit son journal et commença à arracher ses pages, tout le fruit de son travail, celui d'une vie, d'une mort. Elle en fit de petits confettis illisibles, les versa dans un bol et vida l'encrier sur le petit monticule de sorte a rendre toute lecture impossible.
Elle se laissa retomber sur la planche de bois lui servant de lit et dressa le bilan catastrophique de la journée, ce qui ne l'aida pas à se ressaisir.
Elle avait besoin d'un plan pour se débarrasser de cet homme. Mais plus encore, de tous ses hypothétiques poursuivants. Elle n'avait pas vu assez large par le passé, et elle en subissait aujourd'hui les conséquences.
Elle ferma alors les yeux, et laissa ses pensées s'attarder sur les différentes actions possibles.
Le tuer directement serait trop visible, de plus, si je venais à manquer mon coup, je serais face à de plus gros problèmes encore. Je dois trouver sa faiblesse. Toute personne a un point faible, il me suffit de découvrir lequel et l'exploiter !

Faille.

Ce ne fut que lorsque la faim commença à se faire, que l'idée vint : elle était simple comme un trivial bonjour, et pourtant, elle garantissait un succès presque assuré.
Khimaira n'avait pas bougé depuis plusieurs heures, ne faisant que fixer le plafond de ses yeux verts. Mais lorsque l'idée; rapide comme un éclair lui traversa l'esprit, elle se redressa, comme pour accorder plus d'importance a celle-ci. Elle se leva machinalement et commença à faire les cent pas dans l'espace exigu de sa cabine.

Si je ne peux pas me débarrasser de lui directement, je devrais faire en sorte que ce soient les autres qui le fassent à ma place... Il n'y a pas plus simple que de combattre le feu par le feu.
S'il doit me ramener à Cricklade en « vie », cela veut dire qu'il doit m'empêcher de me faire attraper. Donc, nul besoin de me retenir, il fera tout pour me protéger, même si je tue...
Il me suffira de le pousser à bout, et à partir de là, les rôles s'inverseront.

La moue de réflexion de la jeune femme se transforma alors en un fin sourire empreint d'une pointe de sadisme. La nuit promettait d'être des plus « sympathiques ».

Première chose à faire, Khimaira devait déterminer les différents éléments utilisables sur son « terrain de jeu ». Elle sortit alors de sa chambre et traversa le couloir d'un pas léger tout en scrutant tous les objets à portée de vue. En arrivant sur le pont, elle vit plusieurs objets intéressants : diverses cordes qui pourraient éventuellement servir au moment venu, un tonneau de goudron pour colmater les brèches dans la coque, une boite de clous, des planches et un balai. La jeune femme haussa les épaules. Il n'y avait rien de réellement intéressant pour commettre un meurtre, hormis pendre la victime au mat, ou l'immoler grâce au goudron.
Tuer ne la dérangeait pas, mais faire preuve de violence gratuite et de sadisme physique n'était pas ses jeux favoris.

Après cette rapide réflexion, elle continua sa route, elle descendit les marches menant a la cale et aux quartiers de l'équipage, l'odeur salée de l'océan laissa alors place à une atmosphère de sueur masculine mêlée à divers autres effluves caractéristiques du manque d'hygiène chez l'être humain. Les quartiers de l'équipage étaient a l'image de ce que Khimaira avait pu en percevoir par l'odorat : sales et en désordre.
La pièce était sombre, partiellement éclairée par des bougies fixées sur l'armature en bois du bateau, la faible luminosité faisait projeter des ombres d'un noir d'encre sur les hamacs vides des marins, rendant la scène saisissante au possible. Khimaira venait d'atterrir dans une nouvelle dimension, comme si elle était témoin d'une seine d'apocalypse où les gens s'étaient précipités vers la sortie, laissant toutes leurs affaires sur place avant de disparaître, avalés par une quelconque créature ayant surgi de nulle part.
La jeune femme se pencha lentement sur un sac d'un des marins, elle y vit un couteau émoussé qu'elle jugea plutôt utile pour une utilisation future. Puis elle continua vers la cale, enjambant les piles de linge sale et esquivant les sous-vêtements usagés. Une chance que les marins soient en service ou au mess, elle se serait attiré des ennuis pouvant compromettre son plan.

La cale fut bien plus riche en objets potentiellement mortels que tout ce qu'elle avait pu trouver auparavant. Parmi les divers bagages des passagers et des colis à destination du continent, Khimaira put trouver un flacon en verre fumé contenant de la mort aux rats.
Elle sourit, ayant enfin une idée pour commencer. Ne restait plus qu'a se préparer pour la « représentation »

Ouverture


Plus que cinq jours de voyage, elle allait devoir jouer serré, mais par chance, tout était déjà en place pour le repas de ce soir.
Constantin l'avait « conviée » à se joindre à lui pour le repas, mais ce qu'il ne savait pas, c'est que celui-ci allait avoir un goût plus qu'amer...
Khimaira attendait patiemment, allongée sur son lit, écoutant les craquements du navire alors qu'il gravit une haute vague avant de la redescendre aussitôt. Cette coque de noix ne durera pas cinq ans de plus, au vu du bruit qu'elle fait, pensa-t-elle.
Elle fixait la petite horloge à balancier solidement clouée au mur, celle-ci affichait huit heures du soir. Tout allait se jouer à partir de là. Si elle parvenait à jouer correctement son rôle, il en serait bientôt fini de ce brave Constantin... ou n'importe quel autre patronyme par lesquels il se fait appeler.
Il serait bientôt de l'histoire ancienne, un autre trophée à mettre sur la liste des victimes de la jeune vampire.

Trois tocs sourds se firent entendre. En parlant du loup, voilà qu'il frappe à la porte. Khimaira se leva, prenant tout son temps pour faire s'impatienter ce freluquet trop sur de lui.
Elle tourna la poignée et tira la porte, celle-ci produit un son strident coïncidant parfaitement avec la vue du visage disgracieux de Constantin.

Khimaira fit une moue dépitée, comme l'avait surement prédit l'homme en s'imaginant la scène. Elle se devait de paraitre soumise, mais légèrement combative, comme contrainte a accepter son sort... au moins jusqu'à dans un quart d'heure.

Elle s'avança dans le couloir, sans même lui adresser la parole. Le jeune homme la rattrapa en allongeant le pas et la saisit au poignet d'une façon autoritaire. Ce geste était sensé la ralentir, ou lui rappeler qu'elle n'avait plus son mot a dire. Il est tellement aisé de lire en lui...
Sans même tourner son regard , elle lui demanda :

- Vous êtes-vous instruit avant de venir à ma rencontre ?

- Je vous demande pardon ? Répondit l'intéressé, quelque peu troublé par la question.

- Je vous ai demandé si vous vous êtes instruit, avant de me rencontrer. Vous sembliez assez affuté au sujet des mathématiques... Quoi que vous ayez confondu quelques termes, je dois avouer que je ne vous ai pas soupçonné... jusqu'à que vous vous trahissiez vous même.

- J'ai une vie, comme tout le monde, répondit le jeune homme. Je voyage beaucoup, donc je prends le temps de lire ce que je trouve, mais ne nous divaguons pas, voulez-vous ? Vous êtes sous ma surveillance... Vous n'êtes pas mon amie, dit-il d'un ton qui se voulait froid.

- Oui... J'imagine que la putain qui vous sert d'amie, elle, est bien plus intéressante.

Constantin se raidit instantanément, la pique avait trouvé son objectif.

- … Et j'imagine que votre ego est aussi large que vos cuisses... Khimaira.

Elle releva la tête tout en émettant un son se voulant empli de dédain. La pique avait elle aussi trouvé sa cible.

Ils arrivèrent au mess, la pièce était déjà pleine de passagers savourant leurs victuailles... de la soupe, encore. À croire que ces marins ne savaient pas comment combattre le scorbut.
Constantin désigna une table inoccupée pouvant seulement accueillir deux personnes, c'était parfait. La jeune femme feint une pointe d'agacement, étant obligée de s'assoir face à son gardien. Entre temps, elle vérifia rapidement la présence du médecin dans la pièce, celui-ci était bien là, assis à sa place, comme les six derniers jours. Tout se déroulait comme prévu.

Elle dévisagea alors Constantin et lui demanda :

- Alors, que comptez-vous faire de moi, une fois arrivés sur le continent ?

Celui-ci haussa lentement un sourcil, se demandant pourquoi elle lui posait ce genre de question. Pour lui, Khimaira n'était pas véritablement le genre de femme qui semblait se soucier de ces choses là. Il s'était apparemment trompé sur son compte.

- Et bien, je vais vous faire mettre aux fers une fois arrivés sur le continent, puis nous reprendrons un bateau vers Cricklade. Nous vous jugerons ensuite, et vous aurez très certainement la tête tranchée... Je puis dire que...

- Et vous croyez réellement que je vais me laisser faire, mon bon Constantin ? Répliqua la jeune femme, le coupant en plein milieu de sa phrase.

- Vous n'avez pas le choix, Khimaira... Vous devez répondre de vos crimes, j'en ai fait le serment.

- Que Nenni, voyez-vous ? Je me suis rendu compte d'une chose ici. Elle se pencha vers Constantin, lui susurrant quelques mots. Vous n'avez aucun contrôle sur moi sur ce navire...

L'homme se recula afin de jauger le sérieux de la jeune femme, son regard était froid et empli d'un sentiment d'angoisse qui le renvoyait à lui même. Il voyait sa propre peur dans le visage de Khimaira. En un instant, elle était devenue sa vision de cauchemar : belle et extrêmement dangereuse.

- … Vous avez tort, Marie.

L'effet escompté avait fonctionné, l'idiot l'avait involontairement appelée par son nom d'emprunt, il la fuyait mentalement, il avait peur d'elle. Et la peur était le moteur de son plan. C’en était presque trop facile.

- Au contraire..., elle posa sa tête contre la paume de sa main, le coude posé sur la table. Son index gauche faisait de petits ronds sur la table en bois, caressant les marques laissées par le temps. … le meurtre de la mousse est une véritable aubaine pour moi, car à présent que l'équipage cherche à se venger de sa mort, vous ne pouvez pas me faire mettre aux fers, ou même me contraindre, car vous savez qu'ils me jetteraient par-dessus bord au premier signe de ma culpabilité... Je suis alors libre de faire ce qu'il me chante... De tuer qui je veux... ces derniers mots sonnèrent comme une chansonnette, les ayant volontairement prononcés sur des tons différents.
Imaginez Constantin - si c'est bien votre véritable nom – un jour, un mort... Chaque jour que dieu fait, une victime innocente trépasse sans que vous ne puissiez rien faire d'autre que me donner un alibi.
Elle sourit d'un air se voulant presque charmeur si tant est qu'elle ne se délectât pas de le voir se décomposer sous ses yeux.
Ces cinq prochains jours promettent d'être des plus intéressants, ne trouvez-vous pas ?

Les poings de Constantin étaient serrés, ses articulations blanchirent tant il était crispé. Son visage était grave, le pauvre homme ne savait quoi dire, tant la vilénie de la jeune femme était sans bornes.
Il osa tout de même quelques mots étranglés.

- Je vous en empêcherai...

- Mais vous n'avez pas le choix, Constantin, en reprenant vos termes. Par ailleurs, vous avez déjà raté votre première occasion de sauver un innocent.

L'odeur du sang venait déjà titiller les sens de la jeune vampire, réveillant son appétit. S'en suivit un silence quasi religieux, tous les gens étaient tournés vers le docteur à présent.
Celui-ci saignait du nez, et des oreilles, ne comprenant visiblement pas ce qu'il lui arrivait. La coumarine dans la mort aux rats venait enfin de faire effet. Ingérée ce midi par le médecin, celle-ci avait fait son office pendant tout l'après-midi, fluidifiant son sang jusqu'à qu'il cherche a s'échapper par tous les pores, entrainant une hémorragie généralisée, puis des difficultés respiratoires, la cécité et finalement la mort, quelques heures plus tard.

Constantin était devenu blanc comme un linge, la totale absence de limites de Khimaira. Il regardait l'homme se vider de son sang. La vision d'horreur du liquide carmin se déversant sur le sol restant à jamais gravé dans son esprit.
Il était paralysé, ne pouvant rien faire. Mais le plus angoissant pour lui était qu'il ne pouvait réellement rien faire, il était condamné à regarder Khimaira jouer avec l'équipage de la Vengeance de Villeneuve, comme s’ils n'étaient que de vulgaires poupées de chiffon.

Interlude



Allongée sur la planche de bois lui servant de lit, Khimaira revoyait les évènements ayant suivi la mort du médecin. Il avait vraiment été trop aisé de piéger sa nourriture avec la mort aux rats lors du repas de midi.
Elle avait tout simplement versé une quantité non négligeable du produit dans sa salière, ayant préalablement remarqué que celui-ci avait tendance à beaucoup saler sa nourriture et toujours s'installer au même endroit; seul.
Il lui avait ensuite suffi de vider la salière au dessus de l'océan, faisant ainsi disparaître les preuves de sa culpabilité aux yeux de l'équipage.
La suite des évènements fut tout aussi divertissante. Le médecin mouru quelques heures plus tard, aveugle, à la limite de étouffement et baignant dans son propre sang. Il s'en suivit une réunion de tout l'équipage; marins et voyageurs pour essayer de comprendre comment la mort du médecin a pu survenir d'une manière aussi imprévisible et violente. Quelques personnes soulevèrent l'hypothèse d'une malédiction, d'autres d'une terrible maladie pouvant contaminer tout le navire. Les enfants se mirent à éclater en sanglots, effrayés par leur ignorance et les horribles scénarios que leur imagination leur faisait déjà vivre. Les mères tentèrent de les calmer en leur susurrant des mots doux, les hommes eux, étaient graves. Certains d'entre eux regardaient le sol, comme plongés dans une sorte de léthargie, d'autres serraient la mâchoire et tentaient de comprendre la situation. Puis il y avait Constantin, blanc comme un linge, silencieux, mais visiblement troublé et tendu.
Le capitaine l'avait bien remarqué, il le fixait par moment d'un air sérieux, masquant tout juste son animosité a son égard. Khimaira jouissait intérieurement, son plan s'était déroulé a la perfection. Et demain soir, il y aura un nouveau meurtre, comme prévu.

Acte I


La nuit était à nouveau tombé, Constantin n'avait pas cessé de la coller comme l'aurait fait un pervers ou un courtisant, mais Khimaira l'avait tout simplement ignoré.
Il avait bien essayé de lui soutirer des informations en lui faisant du chantage, ou en faisant appel à son humanité. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'elle avait oublié cette humanité depuis maintenant trop longtemps. Il s'était alors tût, totalement impuissant.
Le plus divertissant fut l'heure du repas. Pendant tout le souper, il n'avait cessé de jeter des regards à tous les gens présents, vérifiant certainement si aucune réaction bizarre n'avait lieu chez l'un d'entre eux. Bien entendu, la seule personne a la réaction étrange pour les passagers, ce fut lui.
Il fut rapidement mis à l'écart, les femmes et les enfants commençant à avoir peur de lui, ils ne lui adressaient plus la parole et évitaient un maximum de croiser son regard.

Khimaira sourit, satisfaite de son œuvre et se leva lentement du morceau de bois lui servant de lit.
Il lui fallait aller chercher l'objet pour ce soir : le couteau du marin.
Se rendre dans les quartiers de l'équipage sans se faire repérer ne sera pas quelque chose d'aisé, mais il le fallait, pour conserver sa liberté.
Elle se dirigea instinctivement vers ses talons pour les enfiler puis revint sur sa décision, songeant une minute au boucan que pouvaient provoquer des talons. En effet, de telles chaussures n'étaient pas véritablement conçues pour la discrétion... Le plus simple serait de se rendre dans les quartiers de l'équipage pieds nus, tant pis pour les instruments de pouvoir. Elle sourit à sa propre réflexion avant de tourner lentement la poignée et d'ouvrir la porte.
Khimaira avait dû remédier au problème du grincement de la porte d'elle-même. Un peu de graisse du poulet de ce midi sur les gonds de la porte, et le tour était joué.

Le roulis du bateau était insupportable ce soir, le navire approchait une tempête, lentement mais surement. Khimaira pouvait le sentir, l'humidité omniprésente dans l'atmosphère ne trompe jamais.
Elle traversa le couloir rapidement, s'aidant des murs pour maintenir son équilibre. Arrivée dehors, elle détailla précautionneusement les alentours à la recherche d'un marin pouvant la voir pénétrer dans les quartiers de l'équipage. Le ciel était couvert, et la lune absente, le voile de la nuit recouvrait le navire d'un noir des plus total. Aucun humain normalement constitué ne pourrait voir a plus de quelques mètres devant lui. Elle avait quelque peu tendance à l'oublier ces derniers temps, y voyant parfaitement dans l'obscurité la plus totale.
La nuit n'existait plus réellement au sens physique du terme, pour elle. C'était plutôt « les heures de la journée pendant lesquelles elle retrouvait toutes ses capacités physiques », les heures où elle pouvait se nourrir facilement sans se faire pour autant repérer à plusieurs lieues.

Khimaira traversa le pont tout en faisant attention à ne pas tomber lorsque la Vengeance de Villeneuve arrivait dans le creux d'une vague. Il lui fallait se cambrer sur une jambe, puis sur l'autre tout en faisant preuve de suffisamment d'anticipation pour ne pas se laisser surprendre. C'est donc ça, avoir le pied marin... se dit-elle tout en descendant les marches en bois menant aux quartiers de l'équipage tout en s'accrochant fermement à la rambarde .
Ici aussi tout était plongé dans le noir le plus total, tous les marins étaient endormis, lovés dans leurs hamacs en tissus.
En plus des craquements habituels du bois, Khimaira du supporter les bruyants ronflements de quelques marins, elle soupira intérieurement. Mais hormis l'aspect purement dérangeant de ce phénomène, le brouhaha incessant se révélait être un avantage. Le son de ses pas serait totalement camouflé par l'action parasitaire des craquements et des ronflements.
La jeune femme progressait lentement, à demi accroupie , enjambant avec précaution les affaires des marins, approchant de son objectif lorsqu'une voix se fit entendre, la figeant sur place.

- Hé, Riyad, tu dors ?

- Plus maintenant, connard !

- Dit, tu sens pas ?

- Sentir quoi ?

- Ça sent le parfum de la blonde, tu sais, la bonasse, celle qui porte toujours un masque.

- Non, j'sens rien, t'as dû rêver d'elle, une fois encore et son parfum t'es resté dans le nez.

- … Pt'etre bien ouais... Bordel, j'en ai marre qu'elle ne quitte pas ma tête, elle me fait peur, tu sais ! Mais j'peux pas m'empêcher d'y penser, elle est pas normale cette fille !

- Branle toi un coup et tu l'oublieras, maintenant laisse-moi dormir, merde !

Khimaira restait figée un petit moment, basculant son poids d'un pied à l'autre pour compenser les mouvements du navire. Elle fit une moue consternée dans le noir, son parfum l'avait trompée. Elle ne pouvait plus rien voler sous peine d'être directement découverte. Un simple soupçon sur sa culpabilité et Constantin pouvait reprendre le dessus.
Elle commença à faire marche arrière alors, essayant de faire preuve d'agilité, et surtout éviter de réveiller tout l'équipage.

De retour sur le pont, elle chercha une arme potentielle pour ce soir. Le couteau étant devenu inaccessible, il ne lui restait plus que quelques options, mordre ou chercher une autre arme suffisamment tranchante pour embrocher un homme... Elle soupira, tentant de re visualiser tous les objets potentiellement mortels qu'elle avait pu croiser.

Le mess est fermé, il est impossible de l'ouvrir sans la clef du cuisinier. Le bougre la garde toujours à son cou. Il faut quelque chose de plus aisé... Peut-être y a-t-il une autre arme, quelque part dans les chambres des voyageurs ? Non, ce serait trop long, et la tempête approche, je n'aurais pas le temps de tuer ce soir si je cherche a nouveau...

Il ne lui restait plus qu'une option : le balai. Elle soupira a l'idée d'utiliser une arme aussi loufoque, mais planter un balai brisé en deux en plein cœur, avec suffisamment de force pourrait remplir son objectif d'une nuit.
Elle alla alors jusqu'à celui-ci, plissant le nez en approchant du tonneau de goudron qui empestait une odeur insupportable. Elle prit le balai entre ses mains blanches comme la porcelaine, estima le point de casse le plus probable et força sur le manche avec son tibia.
Le bois craqua puis se cassa net, formant un beau pic semblant suffisamment dangereux pour blesser, sinon tuer quelqu'un. La jeune femme jeta alors la partie inintéressante, et se dirigea vers le couloir menant aux chambrettes tout en dansant d'un pied à l'autre, comme un poivrot sortant d'un bar.
Il fallait qu'elle se fasse la plus discrète possible en entrant dans la pièce. Aucune porte ne fermait à clef, mais le grincement des gonds rouillés trahirait sa présence. C'est pour cela qu'elle avait pensé à emporter avec elle un peu de graisse qu'elle avait utilisé pour sa propre porte.
Elle enduit alors les gonds du liquide semi-visqueux du bout de l'index et poussa avec précaution la porte. Celle-ci ne fit entendre aucune plainte, quelle chance . Elle entra accroupie après avoir vérifié que personne ne l'avait vu, de toute façon, le couloir était plongé dans le noir le plus total.

Sa cible était un homme, une fois encore. Il devait avoir dans les quarante ans, et semblait issu de la haute bourgeoisie. Il dormait à poings fermés, couché sur le dos, ronflant discrètement. Les deux mains posées sur son torse. Sa mort ne manquera a personne ne pensa-t-elle.
Elle pencha alors sur son cou après avoir refermé précautionneusement la porte, ouvrit la bouche, révélant ses crocs et les planta vivement dans la carotide du pauvre homme, tout en plaquant sa main sur sa bouche, étouffant ainsi son cri de surprise.

Les crocs d'émail, tranchant comme des lames se posèrent sur la peau du vieil homme dont elle ne connaissait rien, pliant l'épiderme, le faisant blanchir sous la pression grandissante. Puis, une fois que le poids fut trop rude pour le fin tissu, il se déchira, ouvrant un passage pour les deux poignards blancs. Ils firent alors leur passage à travers la fine couche de tissu adipeux, avant d'atteindre le derme, perforant la carotide.
Le corps étranger se retira en même temps que le sang commença a se déverser dans l'orifice nouvellement crée, et telle une source venant d'être mise au jour, il jaillit en un geyser sous pression, propulsée par le cœur.
Pour Khimaira, cette action d'une fraction de seconde s'étira à l'infini, comme si sa propre perception du temps venait à se distendre. Tel le phœnix renaissant de ses cendres, elle vivait du sang des autres, et se nourrir lui procura un plaisir proche de la jouissance. Elle ferma les yeux aspirant une grande gorgée du liquide carmin tout en maintenant fermement l'homme, sonné par la violence de la morsure.

Au grès d'un effort presque surhumain, elle se stoppa, souhaitant laisser suffisamment de sang pour que la scène de sa mort soit assez choquante pour les gens à bord. Elle lécha la plaie nouvellement créée qui se referma presque aussitôt et se redressa, le manche du balai dans sa main gauche.
Khimaira ferma les yeux un petit moment, l'homme n'avait aucune chance d'alerter les autres, il était déjà sonné du a son manque de sang. Elle se concentra et leva le morceau tranchant du bâton au dessus de sa tête avant d'assener un coup violent dans le torse de l'inconnu. Celui-ci traversa les cotes et atteint le cœur comme prévu. L'homme se raidit, comme voulant pousser un cri, mais un simple gémissement émana de sa bouche. Le sang commença à se rependre de son torse et glissa le long du lit avant de tomber sur le sol.
La jeune femme, fière de son travail se pencha et récupéra un peu de sang qu'elle se mit sur les mains. Ne pouvant s'en empêcher, elle suçota son index gouttant une dernière fois au liquide carmin, avant de se relever. Elle sortit de la chambre, s'aidant de ses coudes, elle ne pouvait pas poser ses mains sur les murs sous peine d'innocenter Constantin.
Elle arriva justement devant sa chambre et toqua du pied à sa porte. Une faible voix se fit entendre, puis la poignée tourna. La lumière se fit un instant dans le couloir.

Khimaira le vit alors, les cheveux en désordre et le visage encore endormi. Elle le regarda un petit instant, avant de lever ses mains immaculées du sang de l'homme.
Quel réveil ce doit être, pensa-t-elle quand elle vit le jeune homme reculer soudainement et chuter contre son lit .
Elle rentra à sa suite, comme si son recul était une invitation à pénétrer dans sa chambre, puis elle lui dit d'une petite voix.

- Je crois que j'ai encore tué...

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Élément perturbateur


Constantin était sous le choc, il fixait les mains de la vampire sans dire un mot. Ses paupières ne clignaient plus. Il était devenu stoïque, presque inerte tant le choc avait été intense pour lui.
Khimaira était presque étonnée de voir un professionnel tomber dans un tel état de stupeur aussi facilement, mais c'était tout à son avantage. Plus il souffrait, plus elle en jouissait intérieurement.
Il y eut un flash à l'extérieur, Khimaira put le percevoir à travers le hublot. L'éclair blanc se refléta sur la mer d'encre et explosa dans un vrombissement sonore, la tempête était au-dessus d'eux a présent.

Elle porta a nouveau son regard d'émeraude vers l'homme décontenancé et lui fit un fin sourire ne cachant plus son sadisme.

- Je crois que vous dévoiler fut votre pire erreur, mon très cher Constantin. Comment les gens de Cricklade vont-ils prendre cette bavure ? Certainement très mal... Car voyez vous, même si votre rôle était de me protéger des autres, vous n'auriez jamais pu prédire que vous auriez a les protéger de moi.
Voyez-vous ? Je ne fais qu'appliquer les enseignements de mon père : « Quand quelqu'un nuit à ta liberté, élimine-le, écrase-le. » Ce bougre m'aura au moins inculqué une chose utile dans sa vie...

Elle se dirigea vers un seau d'eau et commença à se laver les mains. L'eau stagnante n'avait aucun effet nuisible sur sa peau, contrairement à l'eau vive, et elle louait cette propriété de sa nature. Il aurait été extrêmement difficile d'avoir une hygiène correcte, le cas contraire.

Constantin n'avait pas bougé d'un pouce, fixant toujours le même point dans le vide, c’en était presque déprimant pour Khimaira. Un autre éclair déchira le ciel.
Puis, comme si le coup de tonnerre avait agi comme un déclencheur, le jeune homme tenta de prononcer quelques mots.

- Qu'êtes-vous … ? Vous ne pouvez pas être la fille du Comte De Manani... Vous n'êtes pas comme lui.

Khimaira fit volte-face lorsqu'il aborda le sujet de son père et se pencha sur lui.

- Vous croyez réellement qu'une personne sensée aurait cherché à ressembler à une personne telle que mon père ? Vouloir être à l'image d'un homme suffisant et sans ambitions ? Non merci, trop peu pour moi.
Je hais mon père, par ce qu'il est né avec la cuillère en argent dans la bouche. Il n'a jamais eu qu'a s'assoir sur la fortune que ses ancêtres avaient amassée pour lui. Père n'a jamais pris le moindre risque dans sa vie, et je me suis juré de ne pas commettre les mêmes erreurs que lui.

Constantin leva lentement le regard vers Khimaira et lui dit d'une voix faible :

- Mais tous ces morts... Pourquoi ?

- Ce ne sont que des dommages collatéraux dû à votre intention à me nuire, si vous ne vous étiez pas mis au travers de mon chemin, jamais ils n'auraient péri. Vous êtes un élément perturbateur, et vous devez être éliminé.

Constantin serra les poings comme prêts a la saisir et l'étrangler, elle se recula sans pour autant montrer de faiblesse.

- Non non, très cher, vous n'avez pas le luxe de vous offrir ce genre d'action. Dit-elle dans un petit sourire tout a secouant l'index de de gauche à droite.

- Vous paierez pour vos crimes … ! Rétorqua le jeune homme au bord de la crise de nerfs.

- Je vous enverrai une invitation ce jour-là, mais je doute que vous soyez encore en vie si cela vient a arriver.

Elle se retourna lentement et ouvrit la porte avant de se stopper et de tourner la tête, un fin sourire sur les lèvres.

- Que la nuit, vous soit peu accueillante, Constantin.


Épilogue.
La journée avait commencé en fanfare. Un cri suraigu réveilla en sursaut la moitié de l'équipage, et en quelques minutes seulement, tout le monde était sur le lieu du crime. L'air grave et la mine encore endormie.
Khimaira était là, elle aussi, jouant le rôle de la jeune femme venant juste de découcher.
Il y a avait aussi Constantin, qui lui ne jouait pas son rôle, n'ayant pas dormi de la nuit. De profondes cernes étaient creusées sur son visage blanc maladif.
À son arrivée, les gens avaient réussi à détourner le regard du corps inanimé du notaire pour se tourner vers le jeune homme sans mot dire.
C'était parfait, il avait le visage du suspect par défaut. Il ne suffirait que d'un petit déclencheur pour déclarer, les hostilités pensa la jeune vampire.

Quelques minutes plus tard, des pas se firent entendre dans le couloir. Khimaira put facilement discerner la silhouette bourrue du capitaine qui se dessinait en contrejour.
Celui-ci traversa le troupeau amassé autour de la scène du crime s'il s'agissait d'un berger écartant ses moutons. Il laissa derrière lui une trainée d'alcool qui fit plisser le nez a Khimaira.

Les mains dans son dos, l'échine courbée et la pipe au bec il contempla le cadavre un petit moment avant de se redresser et de transpercer l'assemblée silencieuse du regard.

- Je veux que le fils de salaud, le tordu consanguin qui a fait ceci se désigne, sur le champ !
La voix du capitaine résonna dans le couloir exigu, faisant trembler les tympans des passagers et tressaillir les enfants cachés derrière les jupons de leurs mères.
Personne ne dit mot.

- Bon, vous avez choisi la manière forte. Tout le monde dans la sale commune ! Dis le barbu tout en faisant de grands gestes de son bras et en beuglant tel un fou furieux.

L'interrogatoire se déroula de la même façon que la fois dernière. Chaque personne fut interrogée sur sa soirée, et le capitaine compara la véracité de leurs explications avec les témoignages de son propre équipage des autres passagers. Tout se déroula dans un ordre presque religieux jusqu'au tour de Constantin.
Lorsqu'il fut appelé, il s'affala plus qu'il s'assit sur le banc face au capitaine. L'homme avait l'air d'avoir été déterré la nuit dernière, et le capitaine, rien que dans sa façon de le regarder, le considérait comme un coupable.
Il se cambra sur son banc avant de joindre ses deux énormes pattes sur la table et planta ses deux yeux noirs de jais dans ceux de Constantin.

- Alors mon p'tit salaud, qu'est ce que tu faisais hier ?

Constantin resta stoïque, sans dire aucun mot, regardant un point invisible sur la table. Un silence se fit, les regards tendus des mères se fixèrent sur le jeune homme avachi sur la table.
Le capitaine lui donna une tape assez puissante qui le fit chavirer sur le côté.

- Hé ! Tu m'écoutes quand je te parle ? Tu étais ou hier ?

Toujours rien. Le commandant du navire attendit quelques secondes avant de se lever, et avant de prononcer la sentence, Constantin s'exprima.

- C'est elle... C'est cette catin... Celle que vous connaissez sous le nom de Marie.

- Qu'est ce que tu dis ? Rétorqua le capitaine.

Constantin leva son regard fatigué et tourmenté vers le capitaine et se répéta.

- C'est elle, c'est cette catin ! Elle cherche à me pousser à bout ! Elle veut me détruire !! Mais je ne la laisserais pas faire !

Il se leva vivement du banc et se tourna, pointant Khimaira d'un doigt accusateur. Ce monstre essaye de m'éliminer !

Khimaira prit instinctivement un air consterné, comme si elle était outrée de la réaction du jeune homme et posa sa main sur son cœur, comme pour signifier que celui-ci venait de se briser.
Il était extrêmement facile pour elle de jouer le rôle de la victime parfaite.

Le jeune homme se tourna vers l'assemblée et leur cria :

- Vous ne voyez pas qu'elle vous manipule tous ?! Vous êtes ses instruments ! Elle se jouera de vous et vous tuera, comme les trois personnes précédentes !!

Il s'était emballé et ne se contrôlant plus. Il gémissait et haletait, bavant tout en vociférant sans aucun rationalisme, puis, voyant que personne n'avait bougé, il se jeta au cou de Khimaira, écrasant son cou sous la pression d'une rage qu'il venait de se découvrir a l'instant.

- Je vais te tuer monstre ! Tu vas mourir !

La jeune femme bascula et chuta sur le sol, se faisant étrangler. Même si cela ne lui faisait rien, elle se devait au moins de mimer la douleur.
Constantin retira une main et serra son poing avant d'assener un vif coup de poing au visage de la vampire, lui ouvrant la joue. Sa vue se troubla, de petites étoiles commençant a miroiter dans son champ de vision. C'est juste avant de recevoir le second coup que le poids de l'homme sur son ventre s'évapora. Elle entendit un grand cri, puis le fracas des os contre le bois. Puis un autre cri, celui du capitaine.

- C'était donc toi connard ! Tu vas crever maintenant !

Les bruits de pas désordonnés s'éloignèrent. Des mains musclées vinrent agripper les bras de Khimaira avant de la soulever et de la remettre sur ses deux pieds.

- Tout va bien dame ? Ce salaud a bien amoché votre beau minois...

Elle hocha instinctivement la tête pour répondre à la question du marin qui venait de l'aider à se relever et rouvrit les yeux tout en se tenant la joue de sa main. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas senti de douleur physique.

- C'est fini à présent, il ne cherchera plus à vous nuire. M'dame.

- Oui... Merci...

Constantin devait déjà être mort, jeté par-dessus le bastingage par le capitaine et ses acolytes. Quel dommage, elle aurait tellement souhaité lui rendre son coup de poing !

Plus tard, le capitaine revint et exprima toutes ses excuses à la jeune femme tout en lui révélant qu'il avait toujours eu des doutes sur le jeune homme. Selon lui, son air ne lui revenait pas, et son flair de l'avait jamais trompé.
La chambre de Constantin fut fouillée de font en comble. L'équipage y retrouva un seau vide où avait coagulé une petite quantité de sang et une salière remplie de mort aux rats. Des preuves plus que nécessaires pour démontrer la culpabilité de celui qu'ils avaient jeté par-dessus bord.

Comme Khimaira aimait le monde dans lequel elle vivait.

Un monde où l'ont tuait d'abord et l'ont posait les questions ensuite.

Un monde où un nombre considérable de gens allaient périr pour couvrir ses arrières.

Un monde où tous les hommes et les femmes étaient ses jouets, sa nourriture.

Un monde où elle était libre de faire ce qu'elle voulait.

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Dernière modification par jhon117x le sam. 23 juillet 2011 à 13h20, modifié 1 fois.
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jhon117x
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Re: Khimaira

Message par jhon117x » sam. 3 octobre 2009 à 13h22

[HRP :Cette partie relate les choix et les hésitations de Khimaira vis à vis de son clantage, enjoy :)]

« Trois longues semaines me furent nécessaires avant de rencontrer la première personne ayant un lien de parenté avec moi.
La personne en question se nommait Soa. La rencontre fut assez intéressante, du fait que nous avons uniquement discuté à base de métaphores. Soa est une femme très intelligente, et son regard, même masqué, laisse suggérer une certaine forme de plaisir à se jouer des gens et de leur sentiment.
Une future grande amitié vient de voir la nuit. »

– Page brulée du journal de Khimaira –

« Aujourd'hui la comtesse m'a invitée dans son « logement de fonction ». Nous avons partagé une coupe de bouquet précieux et fort ancien. Le met était à la hauteur de l'hôtesse : D'un luxe et d'un raffinement sans égal. Une proposition a été faite. Elle m'a proposé de la rejoindre, me ranger à ses côtés et faire partie intégrante de la Famille. La retenue fut de mise tout d'abord. Toute chose trop brillante peut être un appât. »

– Page brulée du journal de Khimaira –

« Comptes du mois d'aout :

Argent restant : 95 394 374 Adenas
Vin : 15 litres
Frais divers à payer : 2500 Adenas.

L'argent commence à baisser assez rapidement, il va me falloir trouver une solution afin d'arranger cela... La maison sur la colline de Gludin m'a couté près de 25 000 000 d'Adenas... Il faut que je prenne garde aux dépenses à présent.
Pour ce qui est du vin, la situation est plus que bonne, les récoltes se font assez facilement sur ce continent... Qu'en est-il de la conservation ? »
– Livre de Comptabilité de Khimaira –

« Aujourd'hui, rencontre avec une jeune femme « nommée » Isaya. Elle se dit être la sœur de Soa. Bien qu'au début la jeune femme m'ait fait douter de par son manque de manières, l'invitation dans le « logement de fonction » de Soa fut la preuve que ses dires étaient fondés.
Nous avons partagé comme à l'accoutumé un bouquet rare d'une douceur exquise et avons discuté de la famille. J'ai ainsi pu obtenir plus d'informations sur le sujet. Une certaine relation de confiance commence à se créer entre ces deux femmes et moi même, peut-être tissons-nous les prémices d'un avenir prometteur ?
Quoi qu'il en soit, je dois continuer à me renseigner, mais l'offre semble être alléchante. »

– Page brulée du journal de Khimaira –


« Comptes du mois de septembre :

Argent restant : 75 245 871 Adenas
Vin : 25 litres
Frais divers à payer : 0 Adenas
« Les comptes sont mauvais malgré la relative hausse du vin. Ce n'est que poudre aux yeux, le vin ne se conserve pas plus d'une semaine. L'argent est encore une fois en baisse suite à l'achat d'un violon ainsi que d'un piano pour la maison (qui demande un entretien presque constant). Je dois songer à faire un retrait d'argent sur mon compte à la banque nanesque, je n'ai presque plus d'argent liquide. »

– Livre de Comptabilité de Khimaira –


« Aujourd'hui, j'ai reçu un cadeau offert par Devra. Cette naine est quelqu'un qui m'est fidèle à l'instar d'une fanatique religieuse. Sous ses airs de jeune enfant naïve se cache une véritable force, que j'ai pu constater suite à un petit accident lors d'une récolte. Elle pourra m'être utile en temps et en heure.
Pour ce qui est de Leus, le pauvre jeune homme semble fou amoureux, il ne souhaite plus se séparer de moi. Ce qui commence à être légèrement dérangeant pour ma liberté d'action.
Bien qu'il accepte tous mes choix, l'avoir constamment sur le dos, sous le prétexte de la protection commence à m'exaspérer. Je continue de le payer, car il est utile pour les récoltes et qu'il fait un bon sujet d'étude.»


– Page brulée du journal de Khimaira –


« Après une petite discussion avec Gongbao ainsi que Soa, j'ai décidé de proposer l'idée d'un concert de piano ou de violon au roi. J'espère que l'idée l'enchantera. Giran manque cruellement d'activité ces derniers temps.
Le chevalier Lhadhaniel commence à devenir gênant, déjà deux tentatives de meurtres en l'espace de deux semaines. Je vais devoir précipiter les choses avec la famille si je veux me sortir de ce guêpier. »


– Page brulée du journal de Khimaira –


Comptes du mois d'octobre :

Argent restant : 71 157 154 Adenas
Vin : ∞
Frais divers à payer : 2 000 000 Adenas

« Un assez bon mois dans l'ensemble, les dépenses ont chuté, ce qui est amplement satisfaisant. Le vin est fourni en quantités illimitées par Nahau. Quelle chance d'être tombé sur un être si utile . Les frais sont assez élevés ce mois-ci du fait que j'ai dû payer nombre de consommations et de repas à Devra, Leus et Gongbao. »


– Livre de Comptabilité de Khimaira –

« Aujourd'hui nouvelle discussion avec Soa et Iann à propos du problème de Lhadhaniel et de son acolyte Cyan. Les deux conseillers m'ont fortement suggéré de déposer une plainte pour harcèlement et tentatives d'homicide. Je devrais y songer, mais beaucoup de paramètres rentrent en jeux... Je dois y réfléchir...
Édition du soir : Finalement, je ne compte par portée plainte envers ces deux troubles-fête. Ma position étant bien trop instable, je n'aurais que trop de mal à justifier leurs actes sans pour autant me dévoiler. Surtout que Lhadhaniel semble avoir la langue bien pendue.... »

– Page brulée du journal de Khimaira –

« Aujourd'hui je viens de m'inscrire aux élections de conseillers royaux. Je doute que mon admission soit facile, mais j'ai dans l'espoir que Soa et Isaya me donnent un petit coup de pouce pour réussir à passer. Les avantages seront non négligeables compte tenu de la situation dans laquelle je me trouve en ce moment. L'information est la réussite même. »

– Page brulée du journal de Khimaira –

« Grande victoire en ce jour mémorable, je viens officiellement d'être élue conseillère royale, ce qui fait de moi une personnalité du royaume. Comme toute personnalité politique, je bénéficie de l'immunité politique, ce qui me rend invulnérable du point de vue juridique. Lhadhaniel n'a qu'a bien se tenir ! »

– Page brulée du journal de Khimaira –

Comptes de novembre :

Argent : 60 875 157 Adenas
Vin : 2 Litres
Frais divers a payer : 2 000 000 Adenas

« Piètre mois s'il en est, mon inscription sur les listes du royaume m'a valu une taxe d'imposition de près de 7 millions... Il est bon à croire que les notaires de ce pays sont payés en lingots d'or. J'ai entrepris une démarche envers la banque nanesque afin de faire importer mon compte qui est resté sur Cricklade. Le conseiller m'a dit qu'il y en aurait pour plus d'un mois, car il fallait compter les deux trajets en bateau...Pour ce qui est du vin, c'est purement catastrophique, je ne puis même plus récolter ne serais-qu'un simple litre de ce liquide tellement le temps vient à me manquer. De plus, Nahau a comme disparu, ce qui fait que je suis à nouveau sans alcool... »

– Livre de Comptabilité de Khimaira –

« Aujourd'hui, rencontre avec Soa. Celle-ci m'a dit avoir un cadeau pour moi, nous nous sommes rendues à son « logement de fonction » et sur la table du salon m'attendait un paquet-cadeau fait de rubans de soie. À l'intérieur se trouvait un violon de grande facture avec mon initiale inscrite en lettre d'or sur le corps. Ce cadeau fut le déclencheur d'une nouvelle discussion à propos de la famille... Je songe à présent à la rejoindre... D'autant plus que je n'ai plus le temps de faire de récoltes, et que le vin vient cruellement à manquer.
– Page brulée du journal de Khimaira –
« Ma fonction de conseillère royale devient trop envahissante, je ne puis plus me nourrir décemment. De plus, le travail, de plus accaparant m'empêche de récupérer mes heures sommeil manqué (qui deviennent de moins en moins réparatrice et confortable au fil des mois).
La faim me taraude l'esprit, chaque jour plus pesante et plus entêtante. Je sens le faux pas approcher invariablement. Le nombre de litres de vin restant est proche de 0, ce qui ne me laisse pas perplexe... »

– Page brulée du journal de Khimaira –

Aujourd'hui, Devra m'a invitée à rencontrer sa mère, une sombre dérangée du nom d'Aleena.
Durant toute la soirée elle m'a regardé avec de gros yeux qui ne voulaient rien dire d'autre que « mange-moi» pour ma pauvre personne affamée... Ainsi, la bête est sortie sans que je ne puisse la retenir et l'a mordue violemment, vidant son corps de son essence vitale. Devra est parvenue par chance à la retenir en lui affligeant une douleur insoutenable... Je n'ose imaginer les conséquences si cet acte de violence avait été accompli jusqu'à son terme... Une mère morte, une fille dépitée et rancunière envers son ancienne « meilleure amie ». Je dois à tout prix trouver un moyen de me nourrir...
Je vais accepter la proposition de la Famille.

– Page brulée du journal de Khimaira –

« Aujourd'hui j'ai rencontré Soa, je lui ai parlé de ma décision. Celle-ci m'a questionnée sur de nombreux aspects. Autant sur mes attributs que mes compétences, ou encore mes choix futurs. Cette discussion devant l'angoissante eau du bassin de Giran a porté ses fruits. Soa m'a demandé d'aller voir Isaya pour lui annoncer mon choix.
Je n'ai plus qu'à trouver l'intéressée.

Édition du soir : J'ai enfin réussi à trouver Isaya quelques heures après ma rencontre avec Soa, je lui ai donc fait part de mon envie de rejoindre la famille. Celle-ci me posa à nouveau des questions, cette fois-ci d'ordre plus technique. Elle souhaitait savoir si je pratiquais les arts du combat. Je lui ai bien entendu répondu que oui, mais a un piètre niveau. Je lui ai fait part de mes compétences en sciences appliquées, ce qu'elle jugea plutôt utile. Finalement, elle accepta ma requête et nous partîmes chercher Soa. »

– Page brulée du journal de Khimaira –

« L'intronisation dans la Famille.

Note : Je préfère dépeindre précisément cette soirée pour qu'a jamais je me souvienne ce que j'ai vécu, la beauté de l'acte, l'amour réciproque de ma nouvelle famille.

Nous marchions tranquillement dans la rue qui menait vers la sortie ouest de Giran, Soa Isaya et moi. Isaya avait pris la main de Soa une fois qu'elle eut vérifié que personne ne la surveillait. Cette action troublante après mure réflexion me parut comme justifiée, Isaya considérait Soa comme sa sœur ou même sa mère; son sourire était véritablement empli d'un amour le plus pur, je regrettais presque de ne pas voir son visage qui était caché par son masque...
Nous arrivâmes après deux petites minutes devant la porte du « logement de fonction » de Soa et Isaya. Les deux sœurs s'identifièrent et le garde nommé Theobolt nous laissa entrer.
Entrer dans cette pièce me laisse à chaque fois sur le fil de deux émotions totalement antagonistes : l'angoisse et le salut.
Soa dit quelque mot à un homme en bure rouge et aussitôt un passage s'ouvrit dans l'espace environnant, aspirant l'air de la pièce (la pression du lieu derrière le portail devait être certainement moins forte). Soa y passa un pied puis s'engouffra totalement dans le petit portail, puis ce fut le tour de Isaya, et finalement le mien. Que pouvait-il se trouver derrière ce passage dimensionnel ? Je ne le saurais qu'après l'avoir franchi.
Le passage d'un portail me fait toujours tourner la tête, mais ce coup-ci, c'était diffèrent, la tête ne me tournait pas. Quelque chose en moi était différent, comme apaisé.
Deux grosses brutes me faisaient face, me regardant d'un air impérieux, ce qui ne me fit nul effet... Une seule chose me surprit : leur odeur était celle des éternels, ce qui me mit en confiance.
Soa et Isaya ne leur prêtèrent pas même un regard et se dirigèrent dans la cour de ce qui m'apparut comme étant un manoir délabré. Les murs étaient dévastés par les multiples tempêtes (ou batailles) qui avaient dû avoir lieu. Certaine des arcades du petit porche en pierre étaient allé jusqu'à s'écrouler sur le sol, cela devait faire un certain temps qu'ils jonchaient ainsi le parvis, la mousse s'était agglutinée et rependue sur la face nord de la roche. Soa me rappela à l'ordre d'un petit signe de la main et je suivais les deux consœurs à présent jusqu'à une vieille porte à la peinture décrépite. Soa sortit une grosse clef qu'elle tourna dans la serrure rouillée et poussa la lourde porte, celle-ci donnait su un long corridor a la tapisserie champêtre légèrement gondolée et fanée. Au bout du couloir peu éclairé était visible l'imposante statue d'un équidé à trois têtes; à sa gauche se trouvait une autre porte que Soa poussa sans même y introduire une clef.
La pièce que dévoilait la porte à présent ouverte, était un large salon à la lumière tamisée qui forcément avait été étudiée pour être le plus agréable possible.
Au fond de la pièce, entre un majestueux sofa de velours rouge et une chaise au haut dossier du même ton se trouvait un petit feu accueillant qui crépitait doucement, ce qui créait un très léger écho dans la pièce d'un silence absolu.
La lumière tamisée dont je n'avais pu identifier l'origine lors de mon entrée dans la pièce provenait de deux lustres accrochés au plafond qui arboraient plus d'une trentaine de bougies chacun.
Nous avançâmes jusqu'au centre de la pièce, Isaya s'était décalée sur la droite et avait ouvert un cercueil pour y déposer ses affaires à l'intérieur. Soa fit de même peu après, dans un grand cercueil qui semblait avoir été construit pour accueillir deux personnes. Elle retira ses gants et les jeta à l'intérieur, pendant ce temps Isaya la rejoint.
-Es-tu prête à jurer fidélité à la famille ? Me dit la sombre sans une once de gentillesse dans le ton, elle n'exprimait que le froid et l'austérité.
Un doute s'immisçait en moi tout à coup, je me retenais de refuser, me forçant à ignorer cette austérité flagrante. Elle voulait certainement m'intimider, mais je ne me laisserai pas faire, j'acceptais donc, et la cérémonie visant à m'introduire au sein de la famille commença... * Cette partie a été rayée et est illisible *
Isaya et Soa me souriait à présent, mon poignet me faisait mal, j’avais le doux gout cuivré de leurs essences dans ma bouche, je me sentais comme heureuse, heureuse d'être en leur compagnie. La sensation de crainte avait totalement disparu, un étrange sentiment avait pris sa place... Je ne ressentais plus qu'un amour fraternel envers mes deux nouvelles sœurs.
La relative simplicité de la cérémonie cachait en fin de compte quelque chose de bien plus complexe, elle permettait de créer de nouveaux liens, de réveiller des sentiments cachés. C'est quelque chose de magnifique que de se sentir à nouveau aimée et d'aimer réciproquement. Leurs visages n'avaient jamais été si beaux, leur sourire si radieux, leur corps si gracieux. Cette maison n'avait jamais été si belle, si parfaite. Elles étaient devenues mes sœurs, et j'habitai à présent la maison de ma famille, celle des êtres les plus chers de toute mon existence. »
[HRP : Clantage chez les âmes perdues]
I'm not insane, I'm just smarter than you.
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