[EDIT : les musiques ont été ajoutées pour coller au BG ^^ Cependant il vous faudra les télécharger en appuyant sur le bouton DOWNLOAD pour les avoir en entières.]
Nom: De Manani
Prénom: Khimaira
Alignement: Mauvais Neutre
Race: Humaine (vampire au terme du BG)
Age: 22 ans
Divinité: Einhasad. Cependant, elle ne pratique jamais de culte voué à cette déesse.
Caractère: Khimaira est une femme ambiguë, elle peut se montrer froide comme sympathique. Mais il serait mal jugé que de penser que ses sentiments, ses sourires et ses remarques flatteuses sont sincères. Khimaira est en effet une comédienne hors pair, elle se délecte de jouer avec les sentiments des hommes et des femmes qu'elle côtoie.
Issue de la grande noblesse de la conté de Cricklade, ses manières sont gracieuses et fort polies, cependant il peut souvent arriver que celle-ci s'adresse aux personnes de manière hautaine et désagréable.
Descriptions physique: Cette belle humaine mesure un mètre soixante-quinze (sans talons). Elle est fine, assez musclée sans pour autant le paraitre. Ses cheveux sont blonds, légèrement cuivrés selon le temps et les saisons. Ses yeux sont d'un vert clair tirant sur le bleu vers la pupille. Appréciant être distinguée elle est constamment maquillée lorsqu'elle sort (Far à paupières noir ou sombre selon ses envies pour faire ressortir ses yeux), la plupart du temps elle porte à son cou une parure de pierres semi-précieuses.
[Edit:] Dernièrement Khimaira s'est faite tatouer deux symboles sur son corps en souvenir de son intronisation chez la Famille, le premier a son poignet représente un dragon enroulé sur lui même mordant un infini. Le second, au creux de ses reins représente l'infini se terminant par des pointes acérées.
Spoiler:
« Le solipsisme n'a en fait jamais été mon vrai problème. Dès la première fois où je m'étais posée la question, je m'étais résignée à l'impossibilité de prouver la réalité du monde extérieur, sans parler de l'existence d'autres esprits. J'avais également considéré qu'il n'y avait pas d'autre solution que de croire à cette réalité pour affronter la vie quotidienne. »
--Journal intime de Khimaira.--
Musique
Ennui.
« Quoi de plus propice à l'apathie et à l'ennui que d'être belle, riche, et souhaitée par tous les hommes du domaine ? »
Pensa-elle en montant les escaliers de marbre blanc menant à sa chambre.
« La vie d'une héritière est vraiment d'un blasant... C’en est plus harassant que d'être mise au fer... »
Elle ouvrit dans un petit soupir la porte en bois précieux de ses quartiers et s'écroula littéralement sur son lit à baldaquin.
« Il n'y a rien à faire dans ce domaine... Si ce n'est crier sur les employés et faire le tour des villages à cheval. Vu et revu... »
Elle enfonça son visage dans un coussin et ne bougea plus pendant quelques secondes, retenant sa respiration jusqu'à que de petites étoiles se mettent a miroiter dans son champ de vision et que la tête lui tourne.
« Je suis lasse... Je veux mourir par Einhasad. »
Elle releva lentement sa tête qui lui pesait une tonne sur les épaules. Et visita sa chambre du regard pour la énième fois.
« Que des bibelots, rien de plus... Le matérialisme est d'un ennui quand on peut tout s'acheter... La vie n'a de but que pour les pauvres en fin de compte... »
Elle se coucha sur le dos et leva les jambes pour les décrire mentalement, tout ce qu'il fallait pour briser l'ennui par l'ennui.
« Les jambes sont faites pour marcher... Découvrir... Mais cloitrée sur cette ile, elle n'ont aucun intérêt... »
L'idée de se faire amputer les deux jambes jusqu'au bassin lui parut presque plaisante. Cela apportera un peu de renouveau dans sa vie. Probablement. Les gens se mettraient à la plaindre, à la voir comme quelqu'un de spécial...»
« Une fichue poupée de cristal »
Grogna-t-elle intérieurement avant de reposer ses deux longues jambes sur le drap de soie. Elle leva ensuite les mains et les toisa d'un regard méprisant.
« Tout aussi inutiles que des pieds. Elles servent à saisir quelque chose qui n'existe, qui n'a de la valeur que pour nos faibles esprits. Et même s’il s'agit de nourriture, elles permettent seulement de rallonger notre existence morose, de calmer les cris de notre corps, qui ne comprend pas notre âme... »
finalement, elle se releva pour se mettre en position assise puis tendit la main vers un masque de bal. Elle le regardait d'un air neutre tout en s'allongeant à nouveau.
« Voici donc un objet qui n'en est pas un... un simple morceau de bois taillé en forme de visage. Rien de très transcendant à première vue... Cependant, le fait de le porter sur le visage peut transformer quelqu'un en un autre. Tout masque est une âme n'attendant qu'un corps pour devenir une entité propre, l'homme n'est plus. Il est le masque. Le masque est l'homme. »
Elle sourit à cette pensée et le posa sur son visage, celui ci avait une légère odeur de poussière, signe de son existence latente dans le monde de sa chambre
« Qu’un masque paraisse dans l’entrebâillement de nos vies et il y a quelque chose en nous qui s’arrête et qui se tait. Un masque, et c’est tout l’univers bien ancré des certitudes qui bascule et l’envers qui tressaille à notre porte. Un masque, et déjà nous ne pouvons plus oublier le cauchemar qui s’est éveillé, refoule hors des frontières où nous l’avions enclose. Un masque, et c’est notre Double, venu à nous, plus vrai que nous, et qui nous rejette aux lisières de l’Inconnu. »
--Journal intime de Khimaira.--
L'identité du Masque.
Khimaira s'adonnait à son activité favorite – couchée dans son lit – quand elle aperçut à nouveau le masque de bal, posé la, sur sa petite table de chevet, comme attendant un visage pour sortir de sa torpeur. Elle le prit entre ses mains avec une douceur non feinte et le regarda fixement pendant plusieurs minutes. Elle le posa à nouveau sur son visage.
« Qui suis-je à présent ? Quelle identité le masque me confère-t-il ? Et pour quelle personne ? Suis-je une amante ? Une veuve noire ? Une femme mystérieuse ? Seul le regard d'un autre me permettra d'avoir une identité. Éphémère, frivole... Mais tellement belle. Ou horrible... L'idée d'un bal masqué serait une très bonne idée pour mettre en pratique le changement de personnalité...»
deux semaines plus tard étaient envoyées les premières lettres d'invitation au bal. La haute bourgeoisie et la noblesse furent conviées bien évidemment. Il n'y avait, logiquement aucune place de prévue pour le bas et méprisant peuple qui souillait les terres de la contrée. Leurs palais n'étaient pas adaptés pour les doux mets, leurs manières n'étaient pas faites pour participer à un tel événement. Après tout, ils étaient nés pauvres.
Première réception.
La réception eut lieu dans la plus belle pièce du manoir de la famille De Manani. Celle-ci était grande de cinquante mètres de long sur trente-cinq de large. Le sol, les murs étaient entièrement de marbre noir et blanc. Entre les dalles on pouvait voir que les joints, fait avec la plus grande attention, étaient en or. Le plafond, soutenant de gigantesques lustres de cristal, était lui aussi soutenu par de massives colonnes en pierre blanche nacrée, espacées de cinq mètres chacune. Une alcôve creusée dans le mur donnait sur un petit balcon – richement orné en plante verte – qui s'avançait sur le vide. À l'horizon s'étendait un petit lac où se reflétait la lune argentée.
Chaque convive se devait d'être annoncé sous un pseudonyme afin de ne pas révéler sa véritable identité, au grand plaisir de Khimaira.
Chacun discutait avec l'autre comme s’ils ne se connaissaient pas, inventant diverses histoires plus ou moins chevaleresques. Plus ou moins horrifiantes aussi.
La soirée battait son plein, l'orchestre jouait une musique douce, mais presque inaudible au vu du chaos que créaient les diverses conversations d'hommes et de femmes. De petits rires s'élevaient parfois de vacarme.
Khimaira s'était éloignée de tout ce bruit pour contempler le clair de lune sur le balcon. L'air était frais, mais agréable. Une petite brise soufflait par légères rafales, soulevant dans les airs ses cheveux blonds. Son visage était caché par le Masque, seuls ses yeux étaient visibles à travers celui-ci. Ce soir, Il lui avait fait endosser le rôle d'une jeune femme innocente, ce qui lui plaisait fortement.
« La nuit, le joyau des dieux. Un cristal éphémère scintillant au dessus de nos têtes. Elle ravit les esprits, ou les tourmente, permet le sommeil le plus calme et le plus réparateur, ou alors créée la pire des torpeurs. La nuit est notre amie traitresse, visage de tous nos fantasmes et de toutes nos peurs. »
De petits bruits de pas se firent entendre derrière elle, s'accentuant graduellement tandis que la distance séparent Khimaira de ce nouveau personnage s'amenuisait. Un petit déplacement d'air, et une vive odeur de parfum fruité partaient à l'assaut de ses sens. Il était à présent dans son champ de vision. C'était visiblement un homme. Son costume laissait apparaître une musculature assez importante sans pour autant être désagréable a la vue, il semblait plein de vigueur et de vie. Quelque chose de rare dans la conté.
Belle nuit n'est-ce pas ? Commença l'homme.
Oui. Il est vrai que d'ici nous avons de magnifiques vues sur le firmament. Quoi de plus agréable, reposant et romantique ?
Je n'aime pas la nuit personnellement. Le jour me sied bien plus.
Khimaira commenta d'une grimace intérieure les paroles de l'homme, puis décida de changer de sujet ou il commencerait à l'agacer.
Comment trouvez-vous cette réception, mon bon monsieur ? L'hôtesse nous a gâtés ce soir. J'apprécie énormément.
oui, je trouve aussi. C'est une bien belle réception masquée. Pour peu que mon fichu masque ne me colle pas au visage, c'est une très belle fête... D'ailleurs.
Elle lui saisit la main pour le faire taire, puis lui dit d'une voix douce au creux de l'oreille :
et si nous allions entamer une valse ?
L'homme hocha la tête et entreprit de se diriger vers la salle. Elle le retint d'un geste doux, mais autoritaire. Lorsque la nouvelle musique débuta, qu'un nouveau tempo fit son apparition, ils commencèrent lentement à danser, main dans la main, sur le balcon, au clair de lune.
Musique
Luxure.
Tard dans la nuit elle avait entrainé l'homme dans les jardins du domaine, celui-ci n'avait jamais cessé de lui conter ses grâces. Durant tout le trajet, elle entendait encore et encore les mêmes remarques sur ses yeux, la douceur de sa peau, la beauté de son corps, la vivacité de son esprit...
Comme les codes pouvaient être harassants...
Finalement, ils arrivèrent devant un petit bâtiment éloigné du reste du manoir, elle ouvrit la porte qui n'était pas fermée et le pria d'entrer.
L'intérieur de la chambre était luxueux. Un large lit à baldaquin – qui pouvait contenir jusqu'à quatre personnes – siégeait au milieu de la pièce éclairée à la bougie. Un léger parfum relaxant flottait continuellement dans l'air.
« Le libertinage et la luxure sont permis depuis près de cinquante ans à présent... Pourquoi nous en priver ? » songeait elle tandis qu'elle s'avançait lentement vers l'homme. Elle le saisit tendrement par la nuque, l'entourant de ses bras puis l'embrassa langoureusement.
Celui-ci défit dans un geste tout aussi calculé les bretelles qui permettaient de soutenir la belle robe noire de Khimaira, et il l'allongea sur le lit. Elle se laissait faire tranquillement. Elle passa sa main sur son visage et retira son masque.
L'homme se figea quelques secondes, il n'en croyait pas ses yeux. Il était sur le point de coucher avec la fille de l'homme le plus puissant de la conté. Il songea à se raviser quelques instants puis se rebiffa et retira son masque à son tour. Khimaira elle, n'eut aucune réaction particulière, elle ne le connaissait pas et s'en moquais éperdument.
Elle le tira contre elle et l'embrassa à nouveau tandis que ses mains se baladaient sur son veston pour l'en libérer...
La fin de la nuit fut agréable pour les deux personnes, qui laissèrent les autres convives à leurs vaines histoires chevaleresques.
« Les mains glissent sur ma peau en sueur... Viennent me toucher, me faisant frissonner, me chatouillant parfois. Puis elles se font plus téméraires. Elles partent à la découverte des jardins secrets, des endroits où la chair en public jamais n'est révélée. Le plaisir monte a l'instar d'une vague dans la mer, flux et reflux. Jusqu'à l'extase de la chair et de l'esprit. Puis... Plus rien, la tristesse et la honte s'empare de nos âmes. Les mains préfèrent ne plus explorer, retournant dans leur territoire respectif... Jusqu'à la prochaine fois. Jusqu'au prochain rituel... »
--Journal intime de Khimaira.--
Rejet.
Cela faisait maintenant deux jours que la réception masquée avait eu lieu, et celle-ci avait été un franc succès. On en avait eu vent dans toute la conté de Cricklade.
Malheureusement, cet événement était passé. Et voilà que Khimaira s'adonnait à son activité quotidienne, la balade autour de la propriété et des champs à cheval, qui était d'un ennui mortel, comme à son habitude.
Le bas peuple se tuait à cultiver les terres que leur prêtait gracieusement son père en échange de soixante-dix pour cent de la récolte saisonnière. Ils bêchaient, creusaient, labouraient avec une ferveur qui rappelait un fanatique religieux qui priait pour que son église ne s'écroule pas...
« C'est donc ça. Manger pour vivre » se disait-elle constamment en les voyant. Cette vision ne la choquait nullement. Ils étaient nés pour souffrir et pour servir, rien d'autre.
La surprise fut quand elle rentra chez elle. Après avoir déposé son cheval dans l'écurie. Elle vit assis sur les escaliers menant au manoir l'homme avec qui elle avait couché il y à deux jours de cela, il tenait un riche bouquet de fleurs dans la main droite. En la voyant approcher, il se redressa sur ses deux pieds et prit son meilleur sourire.
Bonjour Khimaira.
Bonjour. Que fais-tu ici ?
je suis venu pour te dire à quel point je t'aime Khimaira ! Cette nuit c'était...
ce n'était rien du tout. Tu n'as visiblement rien compris. J'ai couché avec toi uniquement par plaisir, pas pour tes jolis yeux.
L'homme la regarda d'un air surpris. Tout son monde, tous ses fantasmes, ses rêves sur sa vie future avec elle s'écroulèrent comme un vulgaire château de cartes soufflé par le vent.
L'idée lui traversa l'esprit de faire une scène. Voir même de lui infliger un soufflet, mais il se ravisa en se rappelant qui elle était. Qui était son père. Il tourna les talons et s'en alla, dépité.
Khimaira eut un petit sourire en le voyant ainsi partir.
« L'avantage des bals masqués, tout le monde vous voient, mais personne ne sait qui vous êtes. Il aura beau dire qu'il a couché avec moi, personne ne le croira. »
Musique
Deuxième Réception.
La deuxième réception eut lieu exactement au même endroit. Le thème était le même aussi. La seule différence notable était que l'orchestre était bien plus grand. Que le banquet était encore plus fourni, et qu'il y avait plus de monde. Certaines personnes étaient même allées jusqu'à traverser la mer en bateau pour venir à la réception.
Khimaira avait aujourd'hui opté pour une robe rouge lui descendant jusqu'à niveau des chevilles. Celle-ci était fendue au niveau de sa cuisse droite. Une tenue très aguicheuse en soit. Elle portait des talons qui la grandissait de douze centimètres, et lui garantissait une prestance sans équivalent. Quelque chose de très important, voire obligatoire pour le rôle de ce soir. Ce soir, elle voulait devenir une femme importante, plus importante encore que ce qu'elle est véritablement. Ou plutôt en donner l'image. Elle serait la superficialité même ce soir.
Elle restait dans la pièce, n'allant pas sur le balcon. Elle discutait avec quelques hommes et femmes, riait de bon cœur avec eux. Les soutenais de la manière la plus hypocrite quand il le fallait. Elle dénigrait et supportait à tout bout de champ, sans même savoir de qui il s'agissait.
Puis finalement, elle arriva devant un homme à l'air plutôt élégant, il portait un très beau costume noir qui relevait les courbes de ses épaules. Ses cheveux bruns étaient finement coiffés et ramenés en arrière. Il ne devait pas avoir plus de vingt ans...
« Pourquoi ne pas l'aborder ? Il m'a l'air plein de vigueur et de gentillesse... »
Bonsoir mon bon monsieur.
Bonsoir dame, belle soirée n'est-ce pas ?
Belle s'il en est en effet. L'hôtesse nous a offert une magnifique réception.
certes certes... Mais cette hôtesse, Khimaira... J'ai entendu dire qu'elle était une véritable catin.
Khimaira ravala l'injure qu'elle avait préparée en réplique et repris, il ne fallait pas qu'elle se trahisse.
… Ah bon ? Et pourquoi donc ?
eh bien, sachez ma petite dame, à ce que j'ai ouï-dire, cette jeune femme coucherait avec n'importe quel homme... Elle serait une sorte de libertine prônant la luxure. Elle jetterait les hommes juste après les avoir épuisés.
comment ça ?! Sachez, mon bon monsieur, que cette dame est tout à fait digne ! Elle ne prône en rien la luxure ! C'est peut être êtes vous jaloux de sa réussite, vous êtes certainement un vil impuissant ou une bête de ce genre !
Elle s'était emportée... Elle le savait, tous les convives s'étaient tournés vers elle.
L'homme la regarda d'un air méprisant, jura entre ses dents puis lui lança un soufflet en plein visage.
Khimaira perdit l'équilibre et tomba sur les fesses. L'homme retira lentement son masque et la toisa d'un regard impérieux.
je puis vous donner un conseil pour l'avenir. Ne tentez jamais, Ô grand jamais d'insulter un Kavanagh.
Il fit demi-tour et sortit.
Khimaira bouillonnait de rage. Elle avait pris un soufflet par un Kavanagh, ces petites merdes qui venaient manger dans la main de son père ! Sa vengeance sera terrible, elle le jurait sur son nom.
Vengeance.
Cela faisait à présent deux semaines que Khimaira se torturait l'esprit à trouver la meilleure des vengeances envers cet homme. Elle était allongée sur son lit a réfléchir de quelle manière elle pourrait mètre sur pied un plan pour le faire souffrir. Si possible le plus longtemps possible.
« La brulure au visage pourrait être une bonne chose... C'est douloureux et puis il reste les cicatrices pour se remémorer inlassablement la souffrance... Mh... Je n'aurais pas le courage de le faire...
Peut-être, payer un homme de main ? Non... La violence n'est pas la bonne méthode, je ne suis pas une barbare... Le déshonorer... Lui faire perdre son titre de noblesse ? » Elle saisit son masque et regardait tout en réfléchissant. « Non... Ce serait trop dur... Rhaa ! Ça me rend malade ! »
Musique
Un temps se fit dans son esprit, puis le plan se ficelait comme de lui même, une toile de douleur et de déshonneur, spécialement tissée pour cet homme. Un large rictus se forma sur son visage. Elle s'empressa de saisir son journal pour écrire son plan puis s'en ravisa. Il ne fallait laisser aucune preuve... Ce plan était trop parfait pour être tué dans l'œuf.
Khimaira quitta le manoir la nuit même pour se rendre dans le petit village en contrebas. Elle avait opté pour les habits les plus simples qu'elle avait pour ne pas trop attirer le regard, mais ces chiens de bas peuple tournaient à chaque fois la tête en la voyant passer. Impossible de passer véritablement inaperçue dans ce village... Les différences entre le raffinement et la crasse étaient tellement visibles...
Elle entra dans ce qui semblait être un bordel et se fraya un chemin entre cette masse crasseuse et puante de pouilleux en rut. Les prétendantes à sa mission seraient rares, au vu des femmes laides qui siègent ici...
Elle interpela un jeune garçon qui trainait dans le coin et qui semblait se désintéresser des cris et des gémissements derrière les tissus miteux qui cachaient les clients des yeux indiscrets.
dis-moi mon petit... Ça te dirait de gagner de l'argent ?
Le garçon la regarda avec de gros yeux.
je fais tout ce que vous voulez pour dix pièces de cuivre !
quoi ?! Khimaira réprima une grimace d'indignation. non, je ne parle pas de « ça ». Je voudrais que tu me trouves la plus belle fille du coin. Mais attention, je complique le jeu. Je veux que celle-ci soit contaminée par une maladie. Tu comprends ce que je dis ?
pourquoi veux-tu d'une fille malade ? S'enquit de répliquer le petit
ne pose pas de questions. Si tu me trouves ce que je cherche, tu auras droit à cent pièces de cuivre.
Le garçon écarquilla encore plus les yeux, comme si ils allaient sortir de leurs orbites. Puis eut un grand sourire ravi.
d'accord madame ! J'y vais tout dessuite !
Bien.
***
Le gamin ne l'avait pas roulée. C'était une belle jeune femme aux cheveux noirs comme la nuit. Ses yeux étaient d'un bleu uniforme. Des formes gracieuses, une taille normale... Elle se tenait droite, avait un beau sourire, tout ce qu'il fallait pour mettre son plan à exécution. Les signes précurseurs de la Mel-Engwar (équivalent de la syphilis) étaient visibles sur ses bras. Cette maladie était parfaite :
Elle possède une période d'incubation assez longue. Entre une et trois semaines. Les premiers symptômes sont caractérisés par des liaisons cutanées au niveau du point d'entrée de la bactérie. Au bout d'un ou deux mois, la bactérie se repend sur tout le corps causant l'apparition de petites éruptions cutanées sur tout le corps. Par chance pour elle, ces éruptions sont traitables pour paraitre saines, mais la maladie est toujours présente. Belle et bien transmissible.
Le point le plus intéressant de cette maladie est qu'elle ne tue pas rapidement. Bien au contraire. Cette bactérie prend tout son temps pour souiller le corps et l'âme de l'hôte. Le recouvrant notamment de nombreuses roséoles et le rendant progressivement sénile, ou fou. Puis, au bout de vingt à trente ans de souffrances de déshonneur et de folie, l'hôte meurt.
Khimaira ne la quittait pas du regard, toujours avec ce petit rictus ancré sur le visage. Finalement, elle reprit ses esprits et lui dit :
suis moi et tu seras une femme riche.
sans même un temps de réflexion la jeune femme se leva et la suivit, tandis que Khimaira sortait du bordel. Où allons-nous ? lui demanda la catin.
tu poses trop de questions. Suis moi, une fois arrivées, tu recevras cent pièces d'or. Et bien plus t'attendras lorsque tu auras accompli la mission que je te confierais.
Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour et elle pressa le pas pour la rejoindre. Marchant presque sur les talons de Khimaira pour être sure de la pas la perdre.
Khimaira conduisit la jeune femme vers un cabanon situé à la lisière du village. Il n’était qu’a dix minutes de cheval du manoir, ce qui permettait de fréquentes visites.
Le terme cabanon n’était pas véritablement approprié aux yeux des personnes modestes. Celles-ci le qualifieraient plutôt de pavillon ou encore de chalet luxueux.
La pièce principale était richement décorée en tableaux et diverses œuvres d’art qui trouveraient aisément leur place dans un musée. Sur la droite une petite porte peinte à la chaux donnait sur une salle de bain disposant de l’eau courante et du chauffage a la pierre.
ne tente même pas de voler quoi que ce soit. Ces objets ne valent même pas le quart de l’argent que je te réserve.
La jeune femme acquiesça, un peu honteuse. Lisait-elle dans ses pensées ?
ce que du devras faire est extrêmement simple, tu seras le cadeau d’un soir d’un de mes amis les plus chers tu comprends ?
Elle hocha à nouveau la tête en signe d’acceptation.
bien évidemment, je ne puis te laisse ainsi vêtue de haillons. Et je ne puis te permettre de converser dans le langage de barbare qui est celui des tiens. Mon ami est quelqu’un de très exigent.
Je vais donc t’éduquer aux bonnes manières, te faire porter les plus belles robes et parures que jamais tu n’as même pu voir dans ta misérable existence. Et alors, tu deviendras le plus beau des cadeaux qui n’aient jamais été faits à mon ami. Sois fière.
Éducation
« l’éducation aux bonnes manières est quelque chose de plus compliqué que ce que l’ont peut bien évidemment penser à première vue. Bien qu’il n’y ait rien de très compliqué aux us et coutumes de la tenue de la fourchette ou du couteau. Ou encore à la manière de se comporter à table. Cette paysanne semble emplie d’une énergie à apprendre de travers ou à oublier le moindre geste appris la veille. Je n’avais pas compris à quel point ces personnes étaient peu enclines à l’intellect… C’en est presque désespérant »
-- Journal de Khimaira --
Khimaira avait passé plus de trois semaines à expliquer la théorie du comportement d’une noble à la jeune catin. Bien qu’elle trouvait que celle-ci n’apprenait pas assez vite, Jaewill faisait de rapides progrès. Elle se savait se tenir droite à présent, n’oubliait plus de couper la viande avec sa main droite, de piquer avec la main gauche. Pour conclure, au bout de ces trois longues semaines, elle avait pratiquement perdu son accent de bas étalage ce qui arracha un petit sourire contenté à Khimaira. Son arme fin prête à entrer en action.
Musique
Jubilation.
La troisième soirée était encore plus magnifique que les deux précédentes, plus encore avaient été invités, et une fois n’est pas coutume, l’orchestre était resplendissant de par son nombre de musiciens, son armée de cuivres et de violons. Khimaira était accompagnée de la jeune Jaewill; elle prenait le temps de discuter avec quelques inconnus de tout et de rien, cherchant Kavanagh d’un œil distrait.
Ce soir, le Masque lui avait fait endosser le rôle d’une jeune femme très active, pleine de vitalité, un peu trop joyeuse par ailleurs… Certains soupçonneux eurent beau dire qu’elle avait abusé d’alcool ce soir-là, mais la raison de cette allégresse était toute autre.
Kavanagh fut annoncé, sous le même pseudonyme que la fois précédente, quel manque de chance pour lui, sa tâche serait bien plus facile que prévu pour le retrouver…
Khimaira avait traîné Jaewill dans toute la pièce en quête de le trouver, passant d‘abord par la porte d’entrée pour voir s’il était visible, puis au milieu de la pièce, vers le buffet, l’orchestre… Impossible même de l’entrevoir.
Alors même que Khimaira désespérait intérieurement, elle le vit, il se dirigeai vers le balcon.
« Quelle chance ! Le seul lieu où il est possible d’avoir un peu d’intimité, ou l’on a la chance de ne pas être harcelé. Mon plan va fonctionner à merveille ! »
Khimaira jubilait déjà, le souffle court et la voix chevrotante, elle poussa Jaewill vers le balcon et lui dit :
voila ton homme, fais ce que tu as à faire maintenant
Elle se retourna finalement et repris ses conversations avec les autres convives. Plus joyeuse encore que précédemment.
Œil Morne.
Jaewill avait bien suivi tous les ordres de dame Khimaira. Tous ses percepts ont été appliqués à la lettre. Elle n’a pas juré une seule fois de la soirée, elle ne s’est pas gratté les fesses et n’avait pas non plus craché au sol. « Ma récompense sera très grande » se répétait elle en son for intérieur
Ce monsieur Kavanagh était quelqu’un de très beau, il était fort musclé et fort droit. Il avait un joli sourire qui faisait battre son cœur très fort.
« Ce n’est pas comme les clients que j’ai au bordel » songeait elle.
Elle avait passé la soirée à discuter de tout et de rien avec cet homme masqué, parlant surtout des chevaux, qui étaient sa grande passion depuis toute petite, pas les chevaux de trait comme on en voit dans les champs, mais les vrais étalons qui peuvent courir a la vitesse du vent.
Puis finalement, Monsieur Kavanagh s’ était penché sur elle et lui dit qu’elle était belle comme un astre ce soir. Que ses yeux brillaient de mille feux ou un truc du genre…
C’est vrai qu’elle se trouvait belle ce soir. Elle ne sentait pas le purin, ses cheveux étaient méticuleusement lissés pour former une cascade brune tombant jusqu’au bas dos. Et surtout, elle portait une magnifique robe noire qui relevait ses formes. Elle était heureuse d’avoir été choisie par dame Khimaira trois semaines plus tôt.
Elle s’ était penchée sur la balustrade, admirant la lune d’argent, quand monsieur Kavanagh posa ses mains sur ses épaules, doucement. Lui souffla quelques mots doux à l’oreille.
Elle sourit et se tourna vers lui, le regardant droit dans les yeux pendant plusieurs longues secondes.
Puis il lui saisit la main et l’entraîna vers la sortie.
Khimaira en les voyant quitter la réception main dans la main, fut prise d’un petit rire d’autosatisfaction. Elle se dirigea lentement vers l’orchestre et lui demanda de jouer quelque chose de plus… Sombre.
Baiser Mortel.
Jaewill avait encore une fois bien écouté Khimaira, elle avait emmené Kavanagh vers la petite chambre éloignée de la fête tout en se collant gentiment a lui, lui serrant sa main dans la sienne et déposant quelques baisers suaves sur sa joue.
Kavanagh lui, se laissait faire tout en contant les grâces à Jaewill. Le pauvre transpirait comme jamais sous les assauts affectifs de la prostituée.
Elle lui ouvrit la porte et la referma derrière lui. Kavanagh lui sauta directement dessus l'embrassant tendrement.
Dame, je ne puis attendre plus longtemps, vous...
Il l'embrassa à nouveau, la saisissant dans ses bras. Puis la déposa sur le lit. Il la regarda quelques instants et entreprit de la déshabiller tout en lui mordillant tendrement le cou.
Son destin était scellé dès lors, il ne le savait certes pas. Mais la dernière femme qu'il touchera sera celle qui lui aura transmis la maladie qui causera sa démence puis sa perte. De plus, il la contractera dans la luxure. Valeur qu'il dénigrait depuis toujours... Jusqu'à ce soir.
Cinq fois dessuite. Cette femme était une véritable machine songeait-il, jamais il n'avait vu quelqu'un de cette trempe au lit. Kavanagh était pleinement satisfait de cette soirée qui lui paraissait plus que fructueuse. Rien à voir avec la dernière fois où il avait dû user de violence pour faire taire une de ces idiotes de bourgeoises. Il tournait alors la tête sur la gauche et ne voyait plus la jeune femme allongée sur le lit. Elle était debout en train de se rhabiller. Il la rattrapa juste avant qu'elle ne prenne la porte, celle-ci se tourna vers lui avec un sourire innocent sur le visage.
tu as bien profité de ton cadeau ?
Mon cadeau ?
Oui, moi. C'est dame Khimaira qui a dit que ça te ferait plaisir.
D... De quoi ?!
Le sourire sur le visage de Jaewill se décomposa en une petite moue tandis que Kavanagh devenait blême. Avant même que celui-ci ne la rattrape, elle s'était déjà enfuie en pleurant, pensant qu'elle n'avait pas été si douée que cela.
Musique
Revers de la médaille.
Cela faisait à présent trois semaines que la petite Jaewill avait transmis la Mel-Engwar à Kavanagh. Les premiers signes de l'infection devraient se montrer sous peu. Si celui-ci ne vient pas à la prochaine réception cela voudra bien dire qu'elle a réussi.
Entre temps, elle s'était remise à son activité favorite : l'attente dans son lit.
Deux heures plus tard, elle fut réveillée alors qu'elle était emprise à un doux rêve. Le fait de se faire tirer ainsi de ses songes la mit directement de mauvaise humeur. Quelqu'un frappait doucement à la porte de sa chambre. Lorsqu'elle ouvrit la porte en se grattant les yeux ce ne fut que pour voir un énorme bouquet de roses rouges. Elle soupira puis sourit tendrement.
non, je suis désolée Gérald, mais je suis fatiguée et...
Le bouquet s'abaissa pour révéler le visage du prétendant. Ce n'était en rien Gérald. Derrière le bouquet se tenait Kavanagh avec un large sourire sur le visage, il la regardait d'un air méprisant et lui dit :
Bonjour Khimaira... Ça fait longtemps n'est-ce pas ?
Elle tenta de refermer rapidement la porte, mais Kavanagh avait déjà anticipé le coup en plaçant son pied sur son passage. Il repoussa la porte d'un coup de bras et entra dans la pièce.
Khimaira, totalement paniquée lui lançait divers objets à la figure, ce qui ne le faisait en rien reculer.
Son bras se tendit vers elle et l'attrapa par l'aisselle. Il lui donna une énorme baffe en plein visage, ce qui la sonna sur le coup.
Tout était flou, elle sentait juste que ses habits étaient ôtés. Son esprit divaguait dangereusement.
« Il m'a droguée ? … pourquoi est-ce qu'il me touche...là ... Aie... Ça fait mal...Voyons... Espèce d'idiot... C'est toi... Qui a ravagé... les récoltes... Sommeil...Ses mains me font mal...Dormir... »
Elle ouvrit les yeux lentement, la lumière de la chambre lui vrilla le crâne. Le moindre déplacement lui lançait des traits de douleur dans tout le corps. Elle se releva sur les coudes pour apercevoir qu'elle était totalement nue. Ses habits lui avaient été arrachés.
Elle se concentra, tentant d'ignorer la migraine qui lui martela le cerveau. Elle se souvenait de quelques bribes : un bouquet de rose rouge, Kavanagh dans sa chambre... Puis...
Elle écarquillera les yeux et cria :
il m'a violée !
Elle cria de rage, poussa les divers bibelots sur son petit bureau, les réduisant en de petits fracas de porcelaine et de verre.
Cet enfoiré m'a contaminée ! Il me le payera ! Tous les hommes me le payeront !
Musique
Procès.
Khimaira avait raconté à son père ce qui lui était arrivé dans sa chambre, corrigeant quelques petites vérités qui ne convenaient pas tout a fait au modèle de fille parfaite que se faisait son père.
Celui-ci s'était effondré dans son fauteuil, blanc comme un cadavre. Il la regardait comme s’il s'agissait déjà de sa défunte fille.
Après cinq minutes de réflexion intérieure, celui-ci se releva, et lui en levant un poing vengeur dit :
Nous allons le juger, lui et sa famille, et il finira sur le pilori !
Une semaine plus tard, au domaine Kavanagh, la réception de la lettre de convocation fut un événement fort. Il fut décidé que le père de famille et le principal concerné iraient au jugement.
Bien évidemment, tout procès dans la noblesse ne se règle pas sur la comparaison des faits. Savoir qui est innocent et qui l'est moins. Non, dans la noblesse, il n'y a qu'une seule règle : celui qui a les plus gros fonds pour payer le juge et les jurés, c'est celui qui l'emporte.
Par chance, ce fut la famille De Manani qui avait la bourse la plus remplie.
Le jugement fut rapide et trancha net. La famille Kavanagh se verra retirer ses quartiers de noblesse, le fils lui sera condamné à deux ans de prison puis, par la suite, lors de sa libération, il n'aura pas le droit d'accéder à des traitements médicaux afin de soigner sa maladie, sous peine de torture.
Les peines sont dures sur l'ile de Cricklade, mais elles sont justes... Pour ceux qui ont l'argent.
[FIN première partie :wink: ]