Ultrin Quasarn'elyyr.

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Saül
Fairy Queen Timiniel
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Ultrin Quasarn'elyyr.

Message par Saül » dim. 20 décembre 2009 à 01h30

Chapitre 1 : Réalité.

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Je suis un sombre, un mâle, assez jeune selon les critères de ma race, mais j'ai vécu bien plus que la plupart des miens.
Tout commença en une matinée pluvieuse, j'avais le visage plongé dans un mélange de boue et de paille. Tout respirait la crasse. L'univers sonore n'était que chuchotements, près de moi, et un bruit... Oui, un bruit de foule partout autour. Je captais quelques mots. Je fus surpris de constater qu'ils parlaient le commun, une langue que je n'avais que peu entendu jusque là. J'inspirai le mélange de poussière et d'excréments qui composait l'air ambiant, et me mis à écouter avec attention, tentant de capter quelques mots dans cette cacophonie verbale, troublée de cris d'animaux et autres joyeuseries campagnardes.

- Combien pour la grande rousse là...? Dit une voix grasse, teintée de sarcasme et d'un mépris plus que désagréable. Une voix humaine.

- On l'a chopée facilement, disons, Mh, quinze mille ? Répondit une autre voix, plus froide, mais j'étais formel, un sombre avait parlé. Mais, il ne parlait pas comme un membre de ma race. Son accent, ses intonations, étaient humains, rustiques, barbares...

Je n'écoutai pas la suite de leur négociation. Je tentai d'ouvrir les yeux. Ma première réaction physique fut de vomir, ma tête tournait affreusement. Le goût de la bile emplit ma bouche, je n'avais rien dû manger depuis plusieurs jours.
Un rapide coup d'oeil me confirma mes présomptions, j'étais dans une cage, sur un marché aux esclaves. J'essuyai ma bouche d'un revers de manche et observai les autres... Résidents, discrètement.

Il y avait là un humain court sur pattes, l'air revêche, une femelle humaine, grande et aux cheveux presque rouges, ce qui m'étonna, je n'avais jamais vu cela auparavant. Il y avait aussi un vieux sombre, aux cheveux blancs comme la neige, qui m'observait plus ou moins discrètement, dans un coin de la cage. Celle-ci était plutôt étroite, de bois et de fer, le sol était de paille et de terre, et d'autres substances dont je suspectais le lien avec l'absence notoire de latrines.

Après m'être redressé difficilement, j'eus un sursaut d'horreur. Mes mains étaient entourées d'une bande de tissu rougie et souillée par la terre. Pourtant, aucune douleur ne vint lorsque je déroulai le pansement, encore accroché à la chair, afin de jeter un oeil. Les plaies étaient propres, malgré la gravité de la blessure.
Mes mains étaient brûlées, dans un état épouvantable, mais semblaient insensibles à toute douleur. Ainsi, avec froideur, en serrant les dents, je pinçai l'une des plaies. Aucun message ne vint. Mes mains étaient bien comme mortes, même si elles répondaient encore. Je pouvais ainsi bouger les doigts sans grand mal. C'était un bon début.

Les sourcils froncés, je replaçai le pansement de fortune. Sous le regard des autres esclaves, je ramassai un bout de verre qui trônait au sol, et observai le reflet déformé qu'il me renvoyait, après avoir retiré la terre collée à celui-ci.
Un jeune sombre, xas, mon visage était couvert d'ecchymoses et de coupures légères, j'avais aussi un oeil au beurre noir, mais ce n'était que détail au vu du reste.
Autre détail frappant, je ne me rappelais de rien. Ni de ma capture, ni même de mon nom. Peu importe, je devais d'abord me sortir d'ici. Le présent avant tout.

Les voix de l'esclavagiste et du négociant se rapprochèrent, j'eus tout juste le temps de me recroqueviller près de la paille et probablement du lisier qui servait de couche.

- Tiens, ça y-est, il est réveillé celui-ci ! Déclara le sombre. J'eus ainsi tout le loisir de l'observer, la pommette saillante, le menton volontaire, le teint clair. Un demi-sombre. Je ne sus pourquoi, mais cet état de fait me dégoûtait, sans doute un reste d'éducation, intéressant...

- Debout ! Rugit cette hérésie ambulante, en me frappant avec une espèce de nerf de boeuf.
Je serrai les dents sous le coup. Je ne m'y attendais pas. J'obtempérai cependant, aucune porte de sortie n'était encore possible, et mon état rendait impossible toute tentative de réplique.
- Pas mal... Il sort d'où ? Je levai la tête vers l'humain qui venait de parler comme si j'étais un bout de viande sur un étal miteux.
Il était de taille moyenne, assez corpulent, portait des vêtements pourpres, et était entouré de deux orcs habillés de haillons, et décorés de quelques cicatrices recousues sommairement. Des mercenaires sûrement. Ils avaient l'air redoutable, et portaient de lourds gourdins, ainsi qu'un poignard ou deux. La prudence était de mise.

-Il m'a été vendu il y a deux jours par une bande de bandits. Ils étaient salement amochés ! Déclara t-il avant d'éclater d'un rire gras. Il vaut de l'or, c'est rare un sombre jeune et vigoureux ! Pas comme l'autre loque ! Dit-il avant de jeter une pierre au vieux sombre qui observait la scène d'un oeil placide. Celui-ci, après un cri, alla se blottir au fond de la cage, comme une bête craintive.

-Mouais. Fit l'humain en se grattant le menton. Il est blessé, dit-il en montrant mes mains meurtries. Et abîmé. Il a été tabassé, peut-être même torturé. Si ça se trouve il ne parle même pas le commun...

-Il t'intéresse ? Comme t'es bon client, je te le fais à vingt mille adenas ! Le prix d'une vie, pensai-je. Il est un peu usé, mais il est aussi en bonne condition physique malgré le traitement subi ! Regarde-moi ces bras ! Et ce torse ! Déclama-t-il en attrapant mes membres et en les exhibant comme on explique les vertus de quelque produit miracle.

- D'accord, mais à ce prix là, je te prends le vieux aussi. Il pourra toujours se rendre utile. Et puis ne proteste pas, je viens chez toi presque tous les mois, ajouta l'humain en le pointant du doigt, le regard suintant presque d'ironie et de mépris.

Dans un grommellement, le demi-sombre acquiesça.

Je fus rapidement traîné par les deux orcs hors de la cage, sans ménagement. Je tentai de me débattre, la fuite était peut-être encore possible. Je lançai mon genou dans l'entre-jambe du premier orc, mais le contact froid du métal contre ma carotide me fit retenir mon geste. L'humain souriait étrangement tandis que les verts m'attachèrent solidement et me portèrent sans ménagement, après quelques coups de poing vicieux.
Nous traversâmes ainsi la foule, et ce marché ignoble. Il y avait là toutes sortes de denrées, armes volées, esclaves (en majorité des jeunes filles), et autres épices étranges et multicolores. Le tout sentait un mélange entre la transpiration, la crasse... Le brouhaha était insupportable, et les langues parlées innombrables. Je fermai les yeux, attendant une fin, quelle qu'elle soit, sous la pluie qui inondait le vieux marché, comme tentant d'en purger le mal.


Chapitre 2 : Le Maître des clefs.

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La perfidie humaine est décidément sans nom. Ce fut ici ma première leçon. Asservir les membres d'une race aussi noble et ancienne, juste pour le plaisir de les voir trimer.

L'humain vivait dans une débauche de luxe, où la luxure se mêlait volontiers aux mets raffinés. Sa demeure était emplie de marbre et de dorures. Les pièces étaient si grandes que les domestiques passaient parfois plusieurs jours à récurer les restes d'une précédente orgie.
Il m'avait gardé pour ce qu'il nommait avec cynisme les 'petits travaux'. C'est ainsi que l'on pouvait nommer l'entretient de son barrage personnel. Moi, et quelques autres humains étions chargés d'ouvrir et de fermer les écluses, en tournant cette espèce de roue de bois noir, à longueur de temps. Selon le plaisir de sa Majesté.
Mes mains, insensibles, saignaient sous la morsure de l'effort au fil des heures. Nous n'étions qu'une dizaine pour un travail qui demandait au moins le double d'hommes.
C'est ainsi que se déroula la première partie de ma nouvelle mémoire, si je puis dire. A tourner une roue de bois, une dizaine d'heures par jour, aux côtés d'humains puants en haillons.

Les yeux remplis par la sueur, les muscles en feu sous le soleil ardent, l'homme aimait à nous voir fouettés par ses orcs. Ces brutes ne retenaient pas leurs coups, et mon dos fut bien assez tôt une véritable pléthore de ce qui se fait de mieux en termes de stigmate. Nous étions heureusement bien nourris, l'humain détestant le gaspillage, il restait toujours bien assez après ses soirées orgiaques où il copulait dans la sueur et la crasse avec tout ce que ses moyens lui permettaient.

Ma musculature s'était nécessairement développée en conséquence de ces efforts quotidiens, répétitifs et, au final, fort ennuyeux. J'avais alors tout le loisir de réfléchir et de planifier mes escapades nocturnes.
Ce crétin d'humain n'était pas au fait de la nyctalopie propre à ma race. J'eus ainsi tout le loisir de consulter les ouvrages de sa bibliothèque, la nuit. Je cherchais des réponses sur mon passé, sur l'Histoire, sur les races... Et les religions. Je redécouvris le culte de Shilen, la Mère des miens...Je sus qu'Elle était ma Déesse à l'instant même où je lus son histoire. Opprobre, déshonneur et trahison. Oui. Je l'honorais en secret, et priais régulièrement. Elle était tout ce qui me rattachait à mes racines perdues.
J'avais appris beaucoup, durant les dix années passées là-bas. On me nommait « le sombre », cela ne me gênait pas outre mesure, étant, avec le vieux, le seul membre de ma noble race.

Mon départ fut quelque peu précipité. Le vieux sombre, vendu en même temps que moi à l'humain, avait lui pour charge la bibliothèque.
Je ne m'intéressais pas vraiment à cet être dénué de toute force, mais ne pouvais m'empêcher de remarquer qu'il m'épiait sans arrêt. Il savait pour mes virées nocturnes. Il savait pour la nourriture volée. Il savait pour le trafic d'herbe avec les orcs. Pour tout dire, il devenait gênant, je m'étais habitué à cette vie. Bien qu'elle fut pénible physiquement, il n'est rien qu'un sombre ne puisse endurer s'il en a le désir.
Un soir, on me rapporta que le vieux avait susurré à l'humain quelques mots sur des sacoches s'échangeant entre esclaves et orcs, je décidai d'en finir. Je risquais énormément dans cette histoire, à savoir une main coupée, ou la tête selon l'humeur du moment.

Un courant d'air fit voler quelques feuilles vierges dans les ombres de la bibliothèque. L'odeur de vieux livre, que j'adorais tant, flottait dans ce lieu si particulier. Le sol était marbré, finement ciselé, de hautes étagères se dressaient, selon un ordre bien précis, s'élevant vers le plafond parcouru de feuilles de vigne dorées. J'entrai dans le lieu consacré sans faire le moindre bruit. La force de l'habitude m'avait appris à être discret dans le coin. La lame d'acier sommairement aiguisée brillait dans ma main gauche enveloppée dans un gant de cuir brut.
J'avançais entre les rayons, cherchant le vieux. Les étagères défilaient devant mes yeux, puis je stoppai net. Une lumière, dans le fond, près de l'Enfer de la bibliothèque. Je ravalai ma salive, et, d'un pas feutré, me dirigeai vers la lampe à huile, posée sur une table.
Je serrai le morceau d'acier, prêt à me jeter sur ce vieux croulant à la première occasion. J'étais robuste, et, même si je n'avais jamais tué, cela ne devait pas être si difficile. Viser la gorge.

Puis, une voix, rauque, ancienne, s'adressa à moi, venant d'un rayon derrière moi. Impossible.
-Je me demandais combien de temps tu mettrais à venir mon petit...Je me retournai vivement, la mâchoire crispée. Le vieux se tenait devant moi, comme enveloppé dans les ombres. Je déglutis, il tenait une épée courte. Sur son visage s'étalait un mélange de pitié et de mépris.
-Tu es là pour...Tenter de me tuer, où pour des questions..? Me demanda-t-il. Il avait l'air d'un chat jouant avec sa proie avant de la découper en tranches. A vif, de préférence.
-L'un n'empêche pas l'autre. Quelles questions pourrais-je bien te poser, vieillard ? Dis-je avec une feinte assurance. Ma voix tremblait légèrement, et il ne fut pas dupe.
-Tu es bien jeune, fils. Tu as tant à savoir. Assieds-toi. Cela claquait comme un ordre, des années de servitude me firent m'asseoir sans rechigner. Sans non plus le quitter de mes yeux noirs.
-Alors... Alors. Fit-il, un léger sourire aux lèvres. Sais-tu qui tu es, fils ? Je répondis par la négative, du menton, réfléchissant à une manière de m'en sortir. Il ne savait rien sur moi, voulait juste s'amuser un peu.
-Tu es survivant d'un massacre, mon garçon. Enfin, survivant... Il fixa un instant les haillons qui m'habillaient, ainsi que ma saleté quotidienne. Je ne fuyais pas son regard. Hors de question. Il poursuivit :
-Je travaillais pour tes parents, jeune idiot. Je me suis battu pour la défense du Domaine. Tout cela fut de la faute de ton père....

Il me raconta tout.

Comment mon père, aidé de l'un de mes frères étudiait la démonologie, afin d'asseoir son pouvoir sur les Maisons voisines. Comment ceux-ci lancèrent l'assaut pour éviter la soumission. Comment mon Père donna sa vie pour invoquer un démon, alors que la bataille était perdue, sous les attaques répétées des Maisons, et de leurs alliés, des bandits humains, et autres demi-pâles.

Il me raconta, comment mon clan sortit au grand complet, sabre au clair, vers la Gloire ou la Mort. Alors que la bataille faisait rage, que les sombres sortaient pour leur dernier baroud d'honneur, le démon fit irruption dans les jardins. Il moissonna comme du blé mûr les têtes des guerriers de tous bords, et rasa la propriété, ne laissant que ruines et hurlements.

Il me raconta comment mon père dut se poignarder, comment ma Mère, Matriarche, fut soumise aux derniers outrages jusqu'à ce qu'on lui accorde la froide étreinte de la mort. Ce fut l'un de mes frères, qui avait trahi le secret, qui s'était acoquiné avec les assassins, lui, le fautif. C'était monnaie courante chez les sombres.

Je serrai les poings, en sueur, comme après un effort physique incommensurable. Les larmes me montaient aux yeux, mais je les repoussai. La fierté avant tout.
Enfin, il me livra mon nom...
-Fils, susurra-t-il, ta maison était celle des Quasarn'elyrr, et ton prénom était Sharlario.
Je tremblais lorsqu'il ajouta :
-Mais tout le monde te surnommait Ultrin.
Ultrin...Le conquérant. Un sacré surnom, ma foi.
-P..Pourquoi Ultrin, Ancien...? Demandai-je, bégayant, encore sous le choc. Son histoire...Je la pressentais vraie. Un voix hurlait en moi, qu'il disait la vérité, ce vieux.

Il laissa mon âme s'imprégner de ces instants. L'odeur du cuir et des livres. L'image de son visage sortant de l'ombre, sur le sol immaculé. La lumière se reflétant sur sa lame d'acier, comme le reflet de ma propre peur, de mon propre désarroi.

-Tu étais le cadet, et le plus doué, avec une épée, et un bouclier. Ce sont les armes des soldats de Shilen, de ses Chevaliers. Ta Mère voyait en toi l'avenir de la Maison. Répondit-il calmement. Ton Clan a désormais disparu, de même que tes frères. Jyl et Ishtil. Le traître et... Disons que ton frère le plus âgé était légèrement impulsif, il a très bien put s'en sortir...

Alors, je plongeai ma tête entre mes bras, simulant un sanglot. J'avais appris quantité de choses. Mon visage restait sec entre mes mains gelées, j'étais venu avec un but bien précis, et allais repartir avec tellement plus. Comme je le pensais, il s'approcha de moi, les sourcils froncés.
Il disait qu'un sombre de haute lignée ne devait ainsi se laisser aller à ses émotions. Quand j'eus relevé la tête, il comprit son erreur, et tenta dans un feulement de me transpercer de sa lame.
Il poussa un cri de surprise lorsque je saisis la lame à pleine main. Le sang gouttait lentement sur le sol, j'eus tout le loisir de poser ma lame sur sa gorge.
-Où a-t-on vu le félon, ce frère, pour la dernière fois, vieillard...? J'avais récupéré mon assurance. J'allais retrouver ce traître et...Nous verrons après, du sang noble coule dans mes veines, je ne puis l'user ici, au service d'un humain lubrique et dégénéré. Il lâcha sa lame, qui tomba dans un bruit assourdissant, raisonnant à travers les rayons emplis d'ouvrages.

Bien sûr, il me donna le nom, et, bien sûr, je l'égorgeai dans la minute. Aucun témoin ne devait parler.

L'humain avait confiance en ses orcs de garde, mais il ignorait leur degré de corruption, et leur bêtise. J'avais subtilisé une des plus belles épées de l'armurerie du château, tâche facilitée par le somnifère placé dans l'herbe que j'avais vendu à l'orc de garde ce soir-là.

Sautant le mur d'enceinte, je me réceptionnai, accroupis dans l'ombre, à peine éclairé par la lune qui semblait me fixer. Je rattachai la sangle de l'épée convenablement, me relevai.

Sans un regard en arrière, j'avançai vers le Nord-est, comme indiqué par l'Ancien. Ma vie d'esclave et de trafic était bien terminée.

[La suite est en cours d'écriture]
Dernière modification par Saül le sam. 28 novembre 2009 à 15h13, modifié 3 fois.

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