Achaira.

[Achaira]

Ma nuit prend fin dans le souffle ondin de la rosée matinale, « l’homme » est derrière moi changeant de forme comme il a si souvent coutume de le faire depuis qu’il me suit partout où mes pas me portent. Je contemple encore le soleil se lever sur le monde, avec sa lumière aveuglante pour qui ne vit que la nuit.
Non, je ne suis pas un vampire au sens littérale du terme puisque je ne m’abaisse pas à poser mes lèvres sur un être quelconque pour en retirer la substance souillée qui parcourt ses veines, mais bien parce que je les parasites pour en tirer tout le bénéfice qu’ils peuvent m’offrir sans rien avoir à leur donner en échange si ce n’est l’extrême onction.

J’aime savoir que je plais avec mes traits fins, voire féminins, car c’est cela avoir du pouvoir. Mes sœurs de sang, ces traînées, savent trop bien se servir de leurs charmes avec leurs chaires gonflées d’orgueil qui finissent toujours par être rattrapées par la gravité, pour ne plus ressembler qu’à de braves buffalottes laitières défraîchies. Je haie tellement cette engeance qui se targue de tout pouvoir posséder simplement en ayant en commun avec la Déesse, une insatiable libido et des tendances tout aussi perverses. J’entends par là ces désirs incestueux, cette volonté de soumettre ce qu’elles ne peuvent pas égaler en argumentant qu’elles peuvent donner la vie… il est vrai que de voire comment se porte le peuple des Sombres depuis leurs règnes successifs, c’est une flagrante réussite en matière de prospérité…

Pourtant je suis moi même né d’une femelle dont je me suis nourrie de l’intérieur. Ma mère, de part sa nature profonde, a su donner toutes ses lettres de noblesse au terme « garce », éructant des ordres à qui mieux pour au final brasser du vent. Je lui reconnais volontiers une dextérité surnaturelle au fouet, et mon corps s’en souvient bien, mais elle n’aura jamais sue faire de moi, qu’un ennemi intime.

Que serais-je devenu si « l’homme », cette créature informe qui m’a épousé comme on prendrait femme, n’avait pas été à mes côtés ? Je ne puis expliquer concrètement pourquoi il m’a choisi ni comment ce choix a été réalisé mais il est là, silencieux et omniprésent, telle une sentinelle. Il était là quand j’ai tranché la gorge de ma mère devant l’autel de Shilen, il jubilait de me voire me baigner dans son sang, ma seconde naissance, il m’a porté pour m’échapper quand ces folles réclamaient vengeance.

Je n’ai que 270 ans, et j’admets que la vie est bien terne quand elle n’est pas teintée de rouge. Aussi mon jeu préféré est de voire des gens se battre, de leurs murmurer à l’oreille le mot qui mettra le feu aux poudres, de les voire se débattre lamentablement dans une danse effrénée, parade virile, pour la sauvegarde de leur si précieuse fierté. S’en est presque toujours risible.

Je pourrais être un démon, moi dont le sang est vicié, fulgurant poison changé ainsi par la haine, mais quel est meilleur démon qu’un simple mortel ?

Je pourrais presque être un humain, cherchant à justifier mes actes les plus vils derrière de fausses excuses, mais je n’ai pas de pudeur ni de limites.

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Je m’appel Yanosh Val’Iraï mais on me connaît sous le nom de Achaira, « celui qui rend fou ». Et j’aime ce nom, j’aime ce qu’il peut provoquer, je jouie de savoir que les enfants entendent mon histoire et que leurs parents les mettent en garde que je ne vienne pas les chercher s’ils ne sont pas sages.
Je n’ai pas de famille mais j’ai eu la présence d’esprit de conserver d’eux ma devise : « Nous aimons nous repaître de ceux qui voudraient nous soumettre », et sachez que je l’applique à la lettre.