[ bghumain ] Narja

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Lariah
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[ bghumain ] Narja

Message par Lariah » dim. 14 octobre 2007 à 14h58

Cette fraîcheur sur mon front… Ne suis –je donc pas morte ?
J’entends encore les incantations pleuvoir, nous arrachant hurlements de fureur et de douleur… Je sent encore les lames avides déchirer mes chairs… J’entends encore les sanglots qui m’accusent et condamnent…
Pourquoi mes amis… Pourquoi avez-vous faillis ?
Il ne devait pas y avoir de lendemain…

J’ouvre les yeux, scrutant parmi les brumes de la semi-conscience qui est en train de commettre l’irréparable…
Elle est frêle et décrépite… Son visage parcheminé marqué à jamais par trop d’étés passés sous le soleil sans pitié. Mais ses mains son si douces malgré la moiteur qui les envahissent soudain…La peur… Je reconnaîtrais son odeur entre mille…
Un léger grognement m’échappe malgré moi, appelant le bien être de cette caresse quasi maternelle sur mes plaies purulentes. Après tout, il est probablement trop tard… Mes forces m’ont abandonné, je suis plus faible qu’un louveteau à peine né.
Je ne le mérite pas mais je ne puis me soustraire à ce besoin impératif. Une fois… Juste une fois…

Les jours passent et se ressemblent… Alternant veille et sommeil réparateur, je constate avec effroi que ma carcasse s’emploi à se rétablir, comme pour mieux répondre aux soins de la vieille qui m’a recueillis. J’ai tenté de l’en empêcher… J’ai grogné, tenté de la mordre… Mais la peur a définitivement quitté son regard. Elle ne voit qu’un chiot trop faible… Et a bien raison… Je ferme résolument les yeux, masquant comme je le puis les larmes de dépit qui me viennent… Vieille folle.

Je ne saurais dire si c’est des semaines des mois ou des années… Le temps n’a plus de signification depuis trop longtemps… Une succession de nourriture, d’emplâtres nauséabonds… La vielle semble se courber un peu plus chaque jour…Tandis qu’à présent je tiens facilement assise sur ma paillasse.
J’aime la regarder vaquer… Lentement, grimaçant sous les rhumatismes, souriant en me donnant mon repas quotidien. J’ai appris à être apaisée par cette odeur familière, mélange de citron, d’herbes et d’un je ne sais quoi de doux. J’ai appris à aimer ces mains qui inlassablement appliquent les onguents sur les meurtrissures violacées, tandis qu’elle ronchonne et exhorte la putréfaction à disparaître…

Elle me parle, souvent. Je n’ai jamais pris la peine de l’écouter… A vrai dire, son babillage m’indiffère. Mais j’aime sa voix, chevrotante et pourtant si pleine de force…
Dommage que l’odeur de la mort plane un peu près chaque jour sur elle… Je l’aime bien.
Jour après jour je me rétablit, jour après jour, elle décrépit, mettant dans ses éternelles mixtures toute l’énergie qu’il lui reste. Je vois les rides se creuser… Son regard se faner peu à peu sous la fatigue…
Tiens-tu tant à me donner ta vie, vielle folle ? Soit.

Le contrôle du corps par l’esprit restera toujours fascinant… Hier, cadavre en sursis… Aujourd’hui, le miroir que me tiend la vieille me montre des joues presque décentes. Mes cheveux ont poussés durant ma convalescence. Si ce n’était les cicatrices qui zèbrent ma peau de toute part, je ressemblerais presque à ce que j’étais …avant…

Comme à chaque fois, un étau de glace enserre mon cœur… Je ne dois plus y penser… Tout cela n’existe plus…
D’une façon ou d’une autre, elle l’a perçu. La voilà qui redouble son babillage, démêlant ma chevelure pour la natter d’un ruban…
Puis viens la question fatidique qui se heurte à l’éternel silence… Non, je n’ai plus de nom… Je ne suis plus rien ni personne. Juste un chiot que tu as recueillis au lieu de le laisser tranquillement voguer vers l’au-delà… Ne t’imagine pas que je vais te remercier…

Là voilà surprise par ma force… Moi aussi. Rien de bien extraordinaire que de repousser une main et de se tenir campée sur ses jambes… Mais c’est suffisant.
Adieu, vieille folle. Remercie-moi de te sauver au lieu de pleurer et de m’appeler en vain…

L’effluve des sous bois me remplit d’allégresse… Comme si je naissais à nouveau. Je sens des ailes me pousser tandis que j’allonge ma foulée… Courir… Courir à en perdre haleine… Libre des contraintes et des chaînes… Même si ce n’est que quelques mètres.
Je l’entends qui appelle et m’amuse de son inquiétude… Sauras elle me pister jusqu’ici ?
Je fais soudain demi tour… Car moi j’ai entendu l’écho sauvage qui répond à ses pas mal assurés.

Le chant lointain n’était qu’un leurre… Les chasseurs sont là, silencieux…
Cesse donc de hurler, imbécile !
Les appels se muent en cri de détresse… Ils l’ont trouvée… Acculée… Je cours aussi vite que mes jambes me le permettent… Elle ne mérite pas de finir ainsi… Non mes frères… Elle n’est pas a vous !

Ils sont cinq. Aussi efflanqués que moi. Leur poil est terne mais leurs crocs luisants. Affamés.
La vieille tente de s’échapper. Il s’en est fallut de peu ! La jetant contre un arbre pour la dissuader de courir et pimenter la chasse, je fais face.
Le chef de meute est devant moi, hésitant.
Je ne suis pas un gibier ordinaire… Par quel angle vaut-il mieux m’attaquer…
Les mâchoires claquent dans le vide. Facile à éviter. Il n’a fait que me tester.
Je lis dans ses yeux comme lui dans les miens. Nous sommes les mêmes.
Oui, mon frère, dansons. La lune pour seul témoin, nous déciderons à qui appartiens la proie.

« Mon enfant !!! »
Un éclat d’argent fend l’air pour atterrir à mes pieds. Une dague. De bien mauvaise facture, ébréchée mais… J’ai retrouvé mes crocs, mon frère. Luttons à armes égales à présent.
Les autres font cercle. Ils attendent de voir lequel sortiras vainqueur. Le sang qui s’écoule de nos blessures teinte les fougères ça et là. Mais nous ne céderont pas. Pas tant que nous n’auront pas épuisé la dernière once de volonté.

Un lent sourire naît sur mes lèvres et la dague s’enfonce profondément dans la fourrure, jetant mon adversaire à terre avec un gémissement douloureux. Il ne bouge plus, reprenant son souffle, m’offrant sa gorge et son ventre. J’ai gagné.
Et dans le don de sa vie, le voile qui obscurcit mes pensées se lève. Je titube en prenant conscience de la familiarité du duel, de cette tache blanche sur le poitrail haletant. Et tandis que j’enfouis mes mains pour endiguer le flot de sang, une langue douce et chaude vient essuyer les larmes qui se mettent à ruisseler sur mes joues.

Décidément, cette petite vieille à plus d’un tour dans son sac.
Je croise le regard de Nonos qui semble renvoyer la même conclusion, l’air mi-figue mi-raisin. Non contente de m’enlever sur le parvis de l’au-delà, la voilà en train d’entourer le poitrail du loup d’un singulier harnais d’où dépassent herbes et boue cicatrisantes.
Mais l’un et l’autre le sentons. Celui là sera le dernier. Ses gestes sont un peu trop fatigués, ses mains un rien trop tremblantes, son souffle trop irrégulier.
Et quand elle ferme les yeux pour un repos bienvenu, alanguie dans son fauteuil taillé a même un rondin de bois, je ne peux m’empêcher de graver une dernière fois ses traits dans ma mémoire.

Ses yeux s’ouvrent difficilement pour m’observer, bien au chaud contre la fourrure de mon frère.
« Quel est ton nom… Mon enfant… »
Qu’importe… A quoi te servira t’il dans la tombe ? Et pourtant mes lèvres s’entrouvrent avant de se paralyser tandis que le reflet renvoyé tantôt par le miroir me revient.
« Narja. »
« Ainsi tu sais parler…», souffla t’elle en fermant les yeux à jamais.

Dors bien, petite vieille, tu as bien mérité le repos. Des débris épars de ta longue vie, je garde cette lame et un souvenir impérissable. Et tandis que le feu dévore la cahute qui à été mon foyer le temps de ma renaissance, je songes à ce que tu as fait.
Merci, petite vieille. Non pas de m’avoir soigné jour après jour, luttant contre le destin et moi-même… Mais pour m’avoir rendu mon humanité.
Dernière modification par Lariah le ven. 4 juin 2010 à 21h50, modifié 1 fois.

Lariah
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Message par Lariah » sam. 31 mai 2008 à 13h06

« Tu peux te reposer ici. »
Sans que je ne puisse m’expliquer pourquoi, ces quelques mots prononcés d’une voix plate et détachée m’envahissent d’une douce chaleur…
Je m’étais pourtant jurée de laisser tout cela derrière moi… De l’abandonner aux ténèbres d’un passé révolu et oublié… Et pourtant, je suis revenue sur mes pas…
Nos ne semble pas en faire grand cas lui… Le ventre plein, bien à l’abri, il nous regarde le sombre et moi d’un œil satisfait.
Peu lui importe mes démons… Un ventre bien plein lui suffit…
C’est dans ces moments là que je t’envie mon frère…

Tout a commencé quand la faim m’a poussé à revenir vers la civilisation…
J’aurais de loin préféré rester à l’abri des sous bois avec mon frère, mais force est de constater que malgré tout les bons soins que j’ai reçu je reste bien trop faible pour subvenir à mes propres besoins. Quand à mon frère, si il se débrouille mieux que moi, il ne peut certes pas chasser pour deux.

C’est là que je l’ai rencontrée. Joviale, attentionnée, la petite naine m’a plut. Et surtout, elle ne posait pas de question, m’épargnant d’avoir à la renvoyer à ses capsules. Si il est une chose que j’apprécie avec les nains, c’est que quand il s’agit d’adenas, on s’épargne bien des paroles inutiles.
Le marché fût vite conclu. Je lui ramenait ce qu’elle n’avait pas le temps d’aller chercher elle-même et en retour je recevait de quoi remplir mon ventre affamé. C’est ainsi que j’ai peu à peu repris pied dans la civilisation et son lot d’aberration. Que d’énergie gaspillée en vaines altercation ou en parade…
Je les regarde évoluer, sans trop prendre la peine de masquer mes sentiments. Tout cela me semble si vain. Ai-je réellement été ainsi ?
Les souvenirs me reviennent malgré moi et je me raccroche à mon mépris… Il ne doit pas y avoir de seconde fois… non surtout pas…

Et pourtant malgré moi, mon regard s’accroche au blason de Lysteria évoquant tout ce que je souhaiterais voir rester enfoui au plus profond de moi. Les jours se succèdent et les visages avec.

Je grogne, rabroue… Mais on ne peut se mentir éternellement…
Lentement le chemin se fait et je me surprends à guetter sur la place le signe des frères de la petite naine…
Personne… La déception m’envahis avant que je ne me sente glacée…
Non, pas une seconde fois… Alors je franchis les portes de la ville… Vers où je ne le sait mais le plus loin possible… Pas une seconde fois…

Alors pourquoi au terme de longs mois d’errance, me revoilà sur les lieux, fouillant la foule bigarrée du regard ?
C’est un sombre qui finalement apparaît. Un être pour le moins étrange… Mais il m’apaise.
C’est lui qui m’apprend qu’ils se sont établis à Heine… Je lutte difficilement pour contenir contre un rire nerveux… Telle est la marque du destin, dirait on… Et tandis qu’il me fait visiter les recoins que je connais par cœur, je ne peux que constater combien ma condition est risible.


« Tu peux te reposer, ici. »
Oui… Je le sait. Mais que se passera t’il après…
Les visages se succèdent, la chaleur aussi… Et la vérité vient me claquer au visage…
Je croise le regard de Nos profite d’une caresse d’une autre main que la mienne…
Et toi mon frère… Quand les as-tu acceptés comme ta nouvelle meute ?

Lariah
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Message par Lariah » jeu. 30 octobre 2008 à 14h00

Je marche.
Vers où, je ne le sais. Et qu’importe…
Tant que mes pas me mènent au loin, vers ce disque d’argent qui contemple notre misérable existence.

Marcher. Un pas… Un autre… S’enfoncer plus avant dans le silence paisible de la nuit, a peine troublé par le murmure du vent et les quelques couinements désespérés d’une minuscule proie malchanceuse, sous les serres ou les crocs d’un prédateur nocturne.

Un pas… Un autre… Comme pour m’éloigner de ces voix qui hantent ma conscience… De ces villes et de leur course folle… Et plus que tout, de ces êtres incompréhensibles dont la complexité n’a d’égale que leur cruauté…

Non… Ne penses pas… Oublies…

Les fantômes se mêlent aux nappes de brumes paresseuses, les arbres complices des ombres trompeuses…

N’y songes pas… N’y songes plus… Avance… Ne t’arrêtes pas…
Qu’importent les serments … Ce ne sont que des mots…
Vois… Sent… Ecoute…
Vis….
Et oublies…

Ce qui a été est révolu… Demain ne peut être hier…
Marches… Encore et encore… Viens à moi… Je suis là… Je t’attends… Encore et toujours.
Ne te retourne pas… Il n’y a rien pour toi là-bas…
Juste cet étau qui te broie lentement mais sûrement… Ces chaînes qui t’entravent …

Viens… Viens galoper avec moi … Sentir la joie sauvage de la victoire quand nous briserons la nuque d’une quelconque proie… Cette chaleur quand nous nous blottirons l’un contre l’autre pour chanter en l’honneur de notre mère lointaine… Ensemble… Juste vivre ensemble… Libres…

Oui… Continue…
Ecoutes cette voix au fond de toi qui te guide… Elle ne t’a jamais trompée…
Car elle est la mienne autant que la tienne… Viens… Viens à moi …
Tes chaînes sont enfin brisées… Notre heure est arrivée…


Gracieux et fragile, l’herbivore releva la tête, délaissant le cours d’eau où il s’abreuvait…
Les naseaux frémissant, l’oreille aux aguets, il cherchait à déterminer si ce léger craquement sonnait l’alarme ou le simple éveil de la forêt avec les lueurs de l’aube…

Une silhouette massive se découpa en haut du talus, le faisant détaler au travers des arbres. Le loup, énorme, le pris aussitôt en chasse, se faisant toutefois distancer au fur et à mesure que sa proie mettait ses dernières forces dans la course vers la survie.

Un poids soudain sur son dos, des griffes implacables lacérant ses chairs, des crocs brisant net sa nuque… Le daim roula à terre.
Le loup arriva en trottinant.
Le fauve quant à lui se relevait, léchant nonchalamment ses babines. Sa robe blanche striée de toutes parts avait pris la teinte écarlate du sang et il goûtait avec délice les fruits d’une chasse rondement menée.

[transfo onyx beast]
Dernière modification par Lariah le lun. 5 juillet 2010 à 04h16, modifié 1 fois.

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Message par Lariah » jeu. 26 février 2009 à 15h20

L'animal dormait, roulé en boule contre son compagnon canin. Une sieste méritée après une énième séance de traque fructueuse, auprès de ce qu'il restait de la dépouille de leur proie. Le loup veillait nonchalamment sur les environs, s'autorisant de temps à autre à laper le sang qui maculait son pelage et ses babines.
L'autre avait sombré dans un sommeil profond, le souffle régulier. Le temps s'écoulait tranquillement mais de toute façon il n’avait aucune importance pour eux. Il n'était qu'une alternance de chasse, de jeux ou de repos, comme à l'instant.
Et le fauve à la robe striée aurait semblé en profiter pleinement, si ce n'était ses pattes agitées de soubresauts.

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Message par Lariah » jeu. 26 février 2009 à 15h21

Je regarde autour de moi. Une pièce comme les affectionnent les deux pattes, l'Ambassade comme ils l'appellent. Il parait que je pourrais y trouver de quoi me restaurer. Pourquoi pas, ce n'est pas comme si j'allais refuser le seul point positif de ce qu'ils appellent la civilisation.
Une voix. Je me tourne. Il est assis, semblant veiller sur cette pièce vide à l'exception de cette femme enrubannée. Ou peut être sur le garde manger qui sait.
Il approche. Je me prépare. Ce n’est pas le premier que je vois en parade.
Approches oui, on va faire connaissance. Et t'apprendras vite que c'est dangereux de venir faire la roue sous mon museau.
Etrange ... Il ne s'offense pas. Peut-être intrigué, mais il n'a pas l'air particulièrement perplexe dont j'ai l'habitude.
Malice ... Le concierge

Le temps passe et j'apprends à connaître ma nouvelle meute. Je les teste, les uns après les autres. Duels de mots, quelques coups de dents par ci par là, je commence à trouver ma place. En général, l'argument est convainquant pour qu'on ne vienne pas trop empiéter sur mon espace vital.
Hormis un.

Un sombre de prime abord. Je discute avec un de mes frères, Nym. Je l'aime bien. Ce qu'il y a de bien avec ceux de sa race, c'est qu'ils cherchent rarement la proximité. Chacun son espace. Et ça me convient à merveille. L'autre sombre semble un rien esseulé. Nous parlons de chasse. Pourquoi pas. Une impulsion, et je propose à l'esseulé à coté de nous accompagner. Il semble surpris. A dire vrai, à bien le regarder, il y a quelque chose qui me dérange un rien chez lui. Un truc indéfinissable qui me pousse à garder ma distance plus qu'avec un autre. La réponse à ceci ne se fait pas attendre. Deux crocs immaculés viennent à l'appui de sa provocation. Je me hérisse. Je n'aime pas ces choses là, et il l'a très bien compris. Et il me défie, railleur, sentant mon dégoût et ma peur instinctive envers sa nature. Mais tu me sous estime la sangsue...
Ni une ni deux, je lui saute à la gorge sans crier gare et mords violemment. Avec un peu de chance, si j’attrape la carotide, je vais lui faire rendre son dîner de la veille. Je regrette de ne pas voir sa tête, toute appliquée que je suis à mon affaire. Surprise de courte durée, une douleur aigue m'apprends qu'il contre attaque. Nym intervient avant que cela ne dégénère vraiment. Il me sait pas de taille face à la bestiole probablement. Mais le but est atteint. L'autre sait maintenant que je ne fait pas parti de la sa chaîne alimentaire.
Du moins je l'espère.
Je rentre à l'ambassade en méditant l'aventure. Sur deux de mes frères présents, deux m'ont entourés sur le champ. J'avais oublié ce que c'était qu'une meute... Peut - être n'est ce pas une si mauvaise idée au final. La tête appuyée sur mon premier coussin officiel, je médite tout cela avant que le sommeil ne l'emporte, bercée par les deux voix qui discutent ensemble et la main qui caresse mes cheveux ... Comme avant ...

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Message par Lariah » jeu. 26 février 2009 à 15h22

J'observe la place comme à mon habitude. Je regarde les uns et les autres vaquer, analysant ce qui m'entoure, tâchant de retrouver des repères dans le foutoir monstrueux qu'ils nomment civilisation. Le concierge arrive. On a finalement sympathisé au fil des discutions et des rencontres. Il a compris que si il n'empiète pas dans mon espace, je peux même me montrer aimable... Au moins selon mes critères... A dire vrai, je me sens même à l'aise avec lui, en confiance. Je sais qu'il a compris et respecte.
La sangsue rode. Visiblement se faire croquer par une proie lui a mis un sacré coup. Et moi au final, je me dis que j'aurais mieux fait de me passer d'attirer ce genre d'attention.
Malice veille l'air de rien. Je comprends peu à peu pourquoi je me sens plus à l'aide en sa présence. Il est un « deux-pattes » à la lisière, il connaît la loi implacable de la nature. Et il la respecte. Au final, on ne nous voit plus trop l'un sans l'autre. Dans une meute, on est tous des frères... Mais celui là l'est un peu plus que les autres. La complicité ... Ca faisait longtemps ... Je me sent bien, j'ai presque l'impression d'avoir retrouvé les miens ... Et ça m'effraies quelque part...

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Message par Lariah » jeu. 26 février 2009 à 15h23

La vie suis son cours, peut être même un rien trop tranquille pour moi. J'alterne les longues escapades avec mon frère loup et le repos parmi ma meute de « deux-pattes ». Mon frère Malice est là, toujours heureux de me voir revenir. On discute, des heures et des heures durant. De ce qui nous entoure, de la meute à laquelle je rechigne encore à m'attacher par une laisse dorée, de ses amours mouvementées et de bien d'autre choses.
Il est vrai que j'ai tout ce dont j'ai besoin. Pourtant, un vide est là. Et je n'en connais que trop la raison. Aussi douces soient ces eaux, elles ne sont qu'un cruel rappel de ce que j'ai perdu, de ce que j'ai détruit. Je me contente de tenir mon rôle, restant à proximité et à distance à la fois. C'est mieux ainsi.
Et si je sens que le collier risque de s'alourdir d'une laisse, je pourrais toujours partir sans trop hésiter. J'attends, je me laisse porter au gré des rencontres... Le monde bouge et change autour de moi sans grande prise. C'est ainsi. Je le veux ainsi.

J'ai appris il y a longtemps que rien n'est éternel et que ce qui fait sourire un jour vous arrache des larmes amères le lendemain. C'est la loi du monde des « deux-pattes »... S'attacher, croire en des idéaux, en des gens, refuser ce que l'on est comme ce qu'ils sont réellement pour quelque philosophie ou poétique billevesée ... Et pleurer quand on daigne ouvrir les yeux sur la réalité des choses.
En parlant de pleurer, une semble l’expérimenter. Elle est assise un peu plus bas sur les marches de Giran. Elolia je crois. J'ai vaguement entendu et vu la vérité qui vient de lui tomber sur le coin du nez. Son male qu'elle aime tant, comme je l'ai appris par une gifle retentissante provoquée par une blague vaseuse de ce crétin fini, est tombé pour les beaux yeux et surtout le tour de poitrine d'une sombrette.
La pauvre fille est éplorée et à dire vrai, l'ironie de la chose me prête presque à sourire. Il faut dire que ça doit être la seule à pouvoir se vanter de m'en avoir collé une, injustement à plus forte raison, sans y laisser un morceau de son anatomie. Elle fait toutefois moins la fière à présent Madame Toufeu-Touflamme. Un lapin blessé. Voilà ce qu'elle est devenue. Elle me hérisse. Son désespoir, pleurer pour un crétin qui s'en va courir d'autres jupons me donne envie de l'achever ...

L'erreur fatale quant on a un lapin éploré sous le museau, c'est de s'arrêter pour le regarder. Vaut mieux lui trancher la gorge net si on veut le dévorer ... Je l'ai regardée... Et me suis rappelé que son malheur a débuté sous mon nez... Peut-être aurais-je dû intervenir... Elle est une soeur après tout, même désespérément amourachée d'un idiot...
Résignée à voir mon dîner s'échapper, je lui mets quelques coups de pattes, pour la forcer à se relever. Je ne lui ferais pas de mal, je ne le peux plus. Je veux juste la voir se relever et gambader joyeusement...
Et me surprends à me sentir fière de la voir faire quelques pas tremblotants.
Lapin ... Une association étrange et tellement improbable ... Et pourtant ...

Je me retrouve à veiller, à être apaisée par sa joie pour laquelle elle lutte si durement... La Louve comme elle m'appelle ouvertement. La Louve qui veille sur sa protégée si fragile et pourtant si pleine de force. Celle qui lutte pour retrouver ce que moi j'ai laissé en arrière sans même vouloir y rejeter un regard ... La chaleur humaine ... Le jeu est dangereux, je m'en rends compte. Je commence à sentir le collier se resserrer autour de mon cou ... Et je n'ai plus, à mon grand désarroi, aucune velléité de fuir ...
La Louve ... Apprivoisée par un Lapin ...

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Message par Lariah » jeu. 26 février 2009 à 15h24

Les jours passent et se ressemblent. Je me sens bien, je réapprends ce que c'est que d'être entourée. J'ai certes eu quelques déboires mais rien de bien importants au final. J'ai trouvé un équilibre dans cette situation précaire qui me place entre deux mondes, aucun n'étant parfaitement le mien. Certes je n'attends pas que l'on me comprenne parfaitement. Je ne le demande pas de toute façon. Ils jouent leur rôle et moi le mien. Je me suis habituée au vide. Et quand il se fait trop fort, je pars quelques temps seule, le temps que l'Humaine se taise et que la Louve reprenne ses droits.
Nos a malheureusement disparu depuis quelques temps. J'avais bien senti qu'une meute rodait non loin et mon frère loup, probablement lassé de m'attendre dans un territoire un peu trop fréquenté par les « deux-pattes » s'en est allé. Je ne m'inquiète pas outre mesure pour lui. Je sais qu'il est bien plus autonome que moi. Mais le vide augmente tout autant.
C'est quand cette sensation était à son paroxysme qu'il est venu vers moi. Obsidien. Une superbe panthère au pelage couleur ténèbres. Probablement apprivoisée puis abandonnée me suis je dis. Les « deux-pattes » ne savent que posséder et une fois fait, abandonnent sans regret. Ils n'ont aucune loyauté. Leur maître mot est le mensonge et la trahison.
Je ne sais si c'est moi qui l'ai adopté ou l'inverse. Le fait est que je passe mon temps avec lui. Au repos. Oubliant les questions désagréables qui me viennent quand je trébuche parfois.

Obsidien mon ami... Le vide a disparu... Tu es là et je crois que c'est la seule chose dont j'ai besoin. Tu me regardes telle que je suis, sans un mot, sans une attente. Ensemble, jouer, chasser... Tu te fiches bien que je sois Louve ou Deux-Pattes. D'un regard tu sais... Les mots sont inutiles ... J'aimerais rester ainsi, éternels compagnons, l'un veillant sur l'autre.

Hélas, j'ai vite déchanté. Une nuit comme tant d'autre, bien au chaud contre sa douce fourrure. Une nuit peuplée de ces réminiscences que je m'emploie à occulter. Une main qui me secoue pour m'arracher aux limbes dans lesquelles je me noie. Glacée comme la mort elle même.
J'ouvre les yeux en sursaut. Et m'éloigne d'un bond du prédateur.
Yui, le vampire. Il me toise avec un sourire moqueur aux lèvres. Je cherche Obsidien du regard, son aide ne sera pas de trop si l'autre attaque, dans un coin aussi isolé.
Il devine. Il rit. Je comprends.
Metamorphes... Mais celui là a trompé mon instinct. Ce n'est pas le seul certes... Mais cette fois j'ai mal. Trahison. Encore et toujours…
Je vous hais...
Il sent ma colère et mon désarroi... Il s'adouci... Ses paroles se font de miel... Je fui les doutes qu'il instilles ...
Obsidien ... Imposteur ...
Rends le moi ...

J'erre. Le vide est à présent immense et la douleur aussi. J'essaie d'en parler à Malice. Il comprend. Mais rien n'y fait.
Yui... Rends le moi...
Il rode encore... Me rappelle cruellement ce qu'il m'a arraché... Je résiste ... Obsidien n'est qu'une illusion... Illusion ou ... Non je ne dois pas douter.
Je croule sous le poids de son absence. Rien n'y fait...
Alors j'accepte la défaite... Yui... Rends moi Obsidien... Quoi qu'il soit...
Il sourit... Il est presque heureux... Et l'espace d'un instant, j'ai retrouve mon si cher ami...
Tout n'est que jeux d'apparence ... Mais depuis quand ont elles une importance ?

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Message par Lariah » jeu. 26 février 2009 à 15h24

La dague pénètre cruellement mon flanc et les gardes stoppent leur mouvement.
Idiote ! Imbécile! Voilà ce qu'il en coûte de s'approcher du loup qui fait le mort. Tu le connais bien pourtant ce subterfuge. Tu es la première à l'utiliser.
Le sombre sourit. Il tient son passeport vers la liberté. Les gardes hésitent à mettre ma vie en danger. Et il leur fait bien comprendre en retournant la lame entre mes côtes qu'il ne faut pas compter sur son hésitation. La douleur me fait chanceler. Il m'entraîne, usant de son otage pour atteindre sa liberté.
Je me maudis. J'étouffe de douleur et de rage. Pas tant pour mon orgueil. Mais pour mon inconséquence qui a fait perdre la proie aux miens. Satalis... Tu ferais bien de me tuer parce que tôt ou tard je t'aurais...
Pire... Il a trouvé bien pire… Je regarde les chaînes fixées au mur de la grotte dans laquelle il se réfugie. Je me débats. De toute ma rage. Mais j'ai perdu trop de sang et de toute façon ne suis pas de taille. Un choc, le noir total.
Je me réveille, les chaînes fixées aux poignets. La terreur remonte du plus profond de moi. Pas ça !
Je panique. Je suis seule, il m'a soigné et abandonné avec un peu d'eau. Mais peu importe. Seules comptent ses chaînes honnies toutes droit sorties de mes cauchemars. Je tire, je me débat, des heures durant. Je m'épuise, entame mes poignets à force et espère que mon sang me permettra d'échapper à l'étreinte de métal.
Je hurle. De rage, de désespoir. Je lutte à nouveau. Des heures et des heures. Je ne le sais même plus. Je m'écroule. Vidée. Sans plus de force, torturée par la soif. J'espère que la mort ne tardera pas...

Une main fraîche, une langue râpeuse... Je m'éveille... Obsidien... Et mes frères...
Les chaînes honnies gisent aux pieds de Malice... Sarathai me soigne... J'ai soif... Le néant à nouveau... Et la promesse que si j'en réchappe, tu le regretteras amèrement, un jour ou l'autre...

Lariah
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Message par Lariah » jeu. 26 février 2009 à 15h25

Je m'étale sur l'herbe moelleuse de notre refuge. Je me suis remise peu à peu, et hormis une sérieuse blessure à mon orgueil, je n'ai aucune séquelle de la mésaventure avec le sombre fugitif. Obsidien passe de plus en plus de temps à mes cotés. Sous une forme ou sous une autre. Ca m’est égal. Je suis bien avec lui. Je ne sais pas grand chose de sa nature au final, et d'un accord tacite, nous n’en parlons jamais. Pas plus que des siens. Il n'est qu'Obsidien, mon ami. Pourtant je le sent préoccupé, plus sur ses gardes qu'à l'accoutumée. Plus torturé aussi.
Je n'arrive pas à comprendre ce qui lui pèse. Hormis sa différence. Car oui, il est différent des autres. Au final, c'est peut être cela qui nous rapproche le plus. Ce fossé entre nous et le reste de nos meutes respectives.
J'essai de le questionner, mais il reste évasif. Il est vrai qu'il ne se préoccupe que de moi. Ce rôle semble le satisfaire. Qui suis-je pour décréter à sa place ce que doit lui apporter notre amitié ?

Pourtant je m'inquiète chaque jour un peu plus. Il se cache, c'est manifeste. J'insiste. Il finis par me dire. Il quitte sa meute, il est en danger. Je ne comprends pas très bien le pourquoi de la chose, mais le fait est là. Si ils le trouvent, ils le détruiront. Je brise ses réserves et le cache sur notre territoire. Peu de gens y viennent, la terre des dragons sera un endroit un peu plus sûr pour lui. Mais je sais au fond de moi que cela ne durera pas. Juste gagner un peu de temps. Moi la première, je dépérirais en cage.

Malice est dans la confidence. C'est le seul en qui j'accepte de me fier pour quelque chose d'aussi important. Je sais qu'il hait sa nature, qu'il ne comprend pas vraiment. Je devrais le laisser à son destin, au repos éternel. Pour lui, quand bien même nous lui devons beaucoup pour avoir su me retrouver dans la grotte où j’étais prisonnière, il reste une aberration. Tu as probablement raison... Mais je suis trop égoïste pour accepter cela ...

Les jours passent, puis les semaines. Un peu de temps de gagné malgré l'inévitable, nous le savons tous deux. Il brise ses chaînes. Je ne cherche pas à le convaincre, à le retenir plus. Mieux vaut mourir libre que de rester enchaîné. C'est à moi de l'accepter.
Ses visites s'espacent, le vide revient peu à peu. Je le sais sauf. Je me raccroche à cette idée.
Puis elles cessent totalement.

Je tais l'étau qui me broie le coeur. Je fais comme si de rien, me raccrochant à cet unique espoir qu'il a trouvé son salut au loin. Mais le temps passe sans un signe et le doute devient certitude. Je nie l'inévitable.
Tout se ternit lentement. Je continue mon chemin, seule. J'essai de me raccrocher un instant a quelque chose ... Quelqu'un... Mais il n'en est pas d'autre pour vouloir autre chose que La Louve. Alors je suis celle là, fière et forte comme aime à dire Lapin. Que me reste-t-il d'autre à présent que je l'ai perdu ?

J'en croise un. A Heine. Sur mon territoire. Je connais sa nature pour l'avoir déjà croisé avec Obsidien. Je lui demande, faisant taire ma haine. Je sais déjà ce qu'il va me dire. Mais j'ai besoin de l'entendre. Besoin de cet ultime coup de poignard pour accepter.
Il me le donne. Mon âme se déchire en perdant les ultimes espoirs.
Obsidien n'est plus. C'est terminé.

Ne restent que la douleur et les larmes. Je ne m'en savais plus capable. Cela fait tellement d'années, je pensais qu'elles s'étaient taries à jamais.
J'erre. Je vacille. Je me noie.
Un seul nom, une seule douleur me submerge. Je m'effondre. Obsidien ... Mais il ne viendras pas me relever. Pas cette fois. Un nom me vient. Elle comprendra peut être. Et si ce n'est le cas, elle me donnera un peu de baume. Juste une fois, une main douce pour sécher mes larmes.

Les bras d'Elolia m'entourent. Elle m'apaise, me permet de donner un corps à ma douleur par quelques mots étranglés. J'étouffe toujours. Mais tout cela me semble un peu moins irréel à présent que je l'ai formulé.
Je m'enfui sur une excuse. Je suis la Louve, elle le Lapin. Je ne dois pas avoir de faiblesses à ses yeux. Comment pourras-t-elle puiser en moi sinon ?

Malice vient à son tour. Il sait. Il soigne le mal par le mal et quand bien même ses mots sont vrais, je me surprends à presque le haïr. Tu n'as pas compris. Tu n'as pas compris que la seule raison qui faisait que ton pilier était si solide sous tes coups n'est autre que celle là.
Continues ... Tu me briseras... Un jour ... Je le sais à présent... Tu as déjà commencé.

Je me réfugie dans les hautes herbes où nous aimions tant nous isoler du monde, bousculant un sombre au passage. Ici, repliée sur moi même, je lèche ma plaie indifférente aux voix qui s'élèvent pour essayer de me tirer de ma torpeur.

Laissez moi... Laissez moi juste dépérir tranquillement...
Je n'ai pas besoin de vous... J'ai juste besoin de lui...

Lariah
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Message par Lariah » jeu. 26 février 2009 à 15h25

Je ne sais depuis combien de temps il est là, à mes cotés.
Il est apparu dans ma torpeur. Nous avons échangé quelques mots. Je ne sais plus lesquels. C'est comme si mon esprit avait choisit d'occulter le désespoir de ses instants. Il ne me reste que des bribes. Des voix, des gens, l'indifférence de ma douleur face à ces mots dérisoires pourtant si pleins de bonne volonté.
Pardonnez-moi. Je ne sais visiblement pas vous rendre ce que je vous exige. Je ne vous autorise pas de prise.

Il m'a parlé. Longuement. D'Obsidien.
De ses craintes de laisser sa petite Louve derrière lui. Je n'ai jamais pu l'abuser. Je n'ai même jamais cherché à le faire.
Il l'a envoyé veiller sur ce qui lui était cher. Ces autres dont il m'a quelques fois parlé. Sur moi aussi.
Cela m'apaise. Il m'a laissé un présent étrange en guise d'adieu... La nounou la plus insolite qui soit. Mais je l'accepte comme tel. Xaszs est la seule chose qu'Obsidien m'ai laissé au delà des larmes.

Le temps suit son cours et lentement la blessure cicatrice. Sans Xaszs elle se serait probablement gangrenée. Mais il m'entoure continuellement et au travers de lui, c'est le regard d'Obsidien que je sens posé sur moi. Je ne veux pas faiblir. Pour lui qui a pensé à moi.
Je lutte pour reprendre des forces. Et quand je les sens vaciller, je me réfugie dans les jupons de Xaszs comme autrefois l'encolure de mon cher ami. Il sait combien il me manque. Il n'essaie pas de le remplacer. Il est juste là. Il écoute. Il prend soin de moi. Et me rappelle qu'Obsidien ne m'a pas abandonné.

J'observe les autres vivre, et reprend peu à peu moi-même goût à cette successions d'instants et de choses insignifiantes qui sur le moment nous semblent si vitales. Une succession de tensions, de peines, de haines comme de rires heureux.
Je refuse de me laisser aller. Les choses ont changé. Je vais de l'avant. Certes ce n'est qu'une façon de fuir comme une autre... Mais celle la profite à ceux qui m'entourent ... Ma meute qui me voit renoncer à ma liberté pour des questions que j'aurais royalement méprisées jusqu'alors, mes amis pour qui je m'efforce d'être ce pilier de granit qu'ils imaginent et dont je suis convaincue qu’ils ont besoin.

Elolia m'annonce une heureuse nouvelle. Et me demande d'être son témoin. J'accepte, espérant que cette fois je n'oublierais pas le jour J pour un daim dodu. Je veux lui faire honneur. Elle s'est tellement battue. Une façon de lui dire sans un mot combien je suis fière d'elle. Mon Lapin... Ma soeur ... Si fragile mais si forte à la fois.
Le grand jour arrive. Et je fais de mon mieux pour tenir mon rôle. Je la veux heureuse. Doublement heureuse. Car à l'instant, je m'évertue à subir sans ciller les rires joyeux qui sont, sans le savoir, autant de lames acérées.
Je savais bien que tu m'achèverais...
Je tiens bon, autant que nécessaire pour que mon seul objectif soit atteint ... Le plus beau jour de sa vie, c'est ainsi que ça doit être. Je plaisante, malmène gentiment les uns et les autres et surtout muselle de toutes mes forces ce profond sentiment d'absurdité.

Les heures passent ... La libération vient. Je peux fuir sans qu'elle le sache, sans qu'elle le voie. Je n'entacherais pas ce jour qui lui est si important.
Ma satisfaction ... J'ai joué mon rôle, petite soeur, soit heureuse… Pour deux.

Je cherche Xaszs en vain. J'aurais tellement besoin de sa présence tranquille en cet instant. Parler, trier la tempête que je m'acharne à contenir de toutes mes forces. Tout cela est si vain...
Oui... Tout cela est vain ...

J’abandonne... Il est temps de d'accepter... Ma place n'est pas parmi eux...

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Message par Lariah » sam. 7 mars 2009 à 14h05

Les paupières de l'animal frémirent avant de s'ouvrir sur un regard trouble.
Titubant, il se dirigea vers ce cours d'eau auprès duquel ils avaient décidé de faire halte le temps de prendre du repos. Il lapa longuement l'eau fraîche sans que cela ne lui apporte un quelconque réconfort.
N'oublies pas...
Déboussolé, il cherchait dans l'environnement un repère, sous le regard inquiet de son compagnon qui s'approcha avec un gémissement plaintif... Comme une supplique empreinte de résignation.
Tu m'as promis … Souviens toi...
Et le fauve à la fourrure striée s'écroula.

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Re: Narja

Message par Lariah » jeu. 27 mai 2010 à 22h16

[hrp]un enrome trou a combler entre les deux auquel je vais essayer de m'atteler [/hrp]

Je marche, d'un pas lent et mesuré.
Cette terre est dangereuse, peuplées de créatures semi aquatiques sans pitié et surtout... bien trop puissantes pour moi.
Mais ce n'est pas le désir d'éviter d'éveiller leur attention qui dicte ma démarche... Non...Mes pieds semblent juste peser des tonnes, parfait écho de mon cœur en cet instant.

J'aimerais pouvoir me réfugier dans ma feinte indifférence comme autrefois... Mais il y a bien longtemps que je n'en suis plus capable.
Une louve en laisse, voilà ce que je suis devenue. Une louve attachée par une laisse dorée que l'on nomme indifféremment amour ou amitié. Une laisse qui aura mis des années a être tissée. Je l'ai longtemps combattue... Quant est ce que j'ai baissé ma garde pour qu'aujourd'hui elle m'étrangle inévitablement ?

«Le jour où tu as commis la folie d'accepter ce ridicule petit humain qui ne payait pas de mine»

Je tourne la tête à la recherche de la provenance de la voix qui ose salir de la sorte le bien le plus précieux de ma misérable vie. Un qui apprendra que pour garder l'intégrité de son dentier, il est des choses auxquelles il ne vaut mieux pas toucher. Et le «ridicule petit humain» est bien la première d'entre elles. Le décor danse et tangue sous mes yeux, tandis que je le fouille vainement du regard. La seule chose que je vois est le précipice en contrebas qui me rappelle que le moment est vraiment mal choisi pour se pâmer comme une demoiselle en détresse à l'arrivé du chevalier rutilant de blanc... Forte de ce constat, je tente de faire un pas, puis un autre pour m'éloigner du gouffre qui semble mué d'une force d'attraction irrésistible... Probablement … Telle fût ma dernière pensée avant de sentir le vent dans mes cheveux et l'impact de la roche sur ma peau et mes os.

La douleur est indicible mais me semble lointaine, s'atténuant au fur et à mesure que progresse l'écrin feutré des ténèbres. Bénie soit l'inconscience salvatrice...
J'ai l'impression de flotter dans le néant, loin de tout, loin du monde... Une sensation certes pas désagréable tandis que mon inconscient me donne une idée de ce que doit être mon enveloppe charnelle en ce moment, abandonnée au beau milieu des rochers après une chute vertigineuse... Rien de très beau à voir probablement... Y ai-je au moins survécu?
Un rire grinçant répond à cette question. Je cherche dans cet environnement éthéré qu'est le monde des songes, bienheureux hôte des imbéciles qui ne trouve pas meilleur moment pour un malaise que celui où ils longent une falaise escarpée, le propriétaire de ce dernier, bien décidée à le lui faire ravaler...

«Si tu avais dû mourir à chaque fois que tu t'es retrouvée dans une sale situation du genre, ton fichu gosse serais depuis longtemps orphelin »
Je reconnaissait la voix d'alors... Certes il marquait un point pour le coup, j'étais du genre coriace... Et il était bien placé pour le savoir …

J'attendais, glacée. Il aurais été étonnant que mes cauchemars ne me rattrapent en cet instant. Au contraire, aucune main secourable (ou lassée de prendre des coups qui ne lui était pas destinés) ne viendrais m'arracher aux limbes obscures de Noct.
Comme toujours, il devait lire mes pensées les plus profondes car il se mit à rire avant de chantonner et de mener une ronde endiablée autour de moi.
Un adolescent au visage encore enfantin, ses cheveux sombres tombant négligemment sur des yeux clairs dénués de pupilles... Un visage que je ne connaissait que trop, qui hantait chacune de mes nuits après que mes anciens frères aient mis un terme brutal et définitif à ce qui était sa vie … Si l'on osait parler de vie...

Je le laissait faire . J'étais accoutumée à son comportement étrange. Après tout, son âme lui avait été arrachée par la folie bien longtemps avant le dénouement tragique de notre amitié.

« Que veut tu cette fois, Nabarus ? »
A l'instant même où je posait la question, je m'apercevait qu'elle était sans aucune utilité ; je savais très bien ce qu'il voulait . Ce que je m'employais à éviter de toutes mes forces et à n'importe quel prix.

Il secoua négativement la tête, avec un air d'innocence qui aurait fait pâlir d'envie le meilleur comédien des terres d'Aden... Si ce n'était cette lueur malsaine et cruelle qui ne s'effaçait jamais complètement de son regard.
«Tu es cruelle … Moi qui ne songe qu'à ton bien.. Malgré que tu m'aie lâchement abandonné. »
La performance dramatique était parfaite et je ne pu retenir un léger pincement au cœur … La culpabilité... Quelle meilleure arme avait-il à disposition ? Mais néanmoins les conseils d'Imsha avait portés leurs fruits. Ma laisse dorée, autant qu'elle m'étranglait, était la meilleure des défenses en ma possession. Autrefois ce pincement aurait été une vague de remords et de désespoir. Aujourd'hui je n'était plus seule face à mes fautes. Tous ceux que j'avais fini par aimer m'avait assez aimé en retour pour m'absoudre...
Je le regardait sans ciller, partagée entre pitié et méfiance. Et il du comprendre que jouer sur la corde du remord était vain car il changea de posture, se redressant, quasi menaçant. Étais-ce de la colère qui animait ses traits ?

«  Tu n'est qu'une idiote , têtue et bien trop rêveuse ! Ou croit tu que cela va te mener !? Crois tu vraiment qu'ils seront là auprès de toi quoi que tu sois, quoi que tu fasses ? Cesse donc de te mentir pauvre enfant crédule! La seule chose que tu récolteras à nouveau ne sera que souffrance. Tu n'as pas retenue la leçon encore ?
- Tais toi... Tu ne sais même pas de quoi tu parles.
- Ah oui ? En es tu si sûre ? Moi aussi on a tenté de me sauver .. Rappelle toi... L'un a échoué et poursuis un fantôme… Et toi... Tu m'as abandonné.
- C'est faux.
- C'est parfaitement vrai et tu le sais. Mais je ne t'en veux pas. Il est normal de penser d'abord à soit.
- J'ai essayé jusqu'au bout !
- Faux, sourit-il moqueur. Si c'était le cas, tu serais aussi folle et morte que moi!»

Le coup était assez rude car il avait tout à fait raison.
J'avais retrouvé une vie un tant soit peu normale, loin des affres du passé... Un fils et une fille trouvé aux coins d'une rue, aussi pouilleux et seuls que je l'avait été dans mon enfance avant que l'on ne me recueille... A la différence que moi je les aimait sincèrement et n'œuvrait à aucun but caché…
J'avais même fini par me créer un foyer, certes peu conventionnel, mais ceux que j'appelais mes frères m'avaient assez estimée pour remettre leur sort entre mes mains et suivre la voie que je jugerais bon de tracer. Oui... On était bien loin de la pauvre petite louve semi sauvage qui avait débarquée, sale et affamée dans une ville inconnue, méfiante et surtout … Seule.
La solitude … J'en avait même oublié l'amertume réconfortante qui la caractérisait.

« Cela te reviendra bien vite, me lança-t-il goguenard. »
Je m'étonnais plus depuis longtemps de sa capacité à lire en moi. Cela avait été une des caractéristiques de son vivant, grâce au lien qui nous unissait plus fortement encore que deux êtres nés du même ventre .. .Alors à présent qu'il n'avait de vie que dans mon esprit …

Il se mis à soupirer comme l'on fait face à un enfant borné qui a décidé d'épuiser votre patience malgré toute votre volonté, et pris une pose plus confortable. Envolés son faux entrain, ses chansonnettes hérissantes et ses faux airs d'enfant. Il me regardait avec tout le sérieux du monde, et je cru même y discerner .. Allons bon, de la compassion ?
En était il seulement capable depuis qu'il était ce qu'il était devenu?
Cela me remis instantanément en tête cet adolescent doux et timide avec qui j'avais tant partagé, cette autre extension de moi-même. Mes frères me l'avaient arraché pour sauver leurs vies... Qu'a cela ne tienne, la mort aurait du nous trouver tout aussi unis.. Sauf que le destin en avait décidé autrement. Moi j'avais survécu. Une vague de tristesse m'envahis comme à chaque fois que ce jour fatidique me revenait.

« Cela finira de la même manière, peu importe tes efforts, repris-t-il avec une certaine douceur.
C'est notre destin... A quoi bon retarder l'échéance ?

- Le destin n'est pas écris... Nous le faisons à chaque secondes.
- Balivernes! Cette sombre t'as fait tourner la tête !
- Elle m'a surtout ouvert les yeux.
- Et moi je te garanti qu'elle est juste une autre prêtresse du malheur qui s'abattra sur ton crâne ! Comme toutes ces bonnes âmes qui t'entourent! Un jour ou l'autre, ils te repousserons. N'est ce pas d'ailleurs déjà arrivé? Attends laisse moi me rappeler son nom... Mince je n'ai que ses beaux serments en tête …
- Tais toi...
- J'ai raison n'est ce pas ? Je peux me taire certes, mais ta raison se tairas-t-elle, elle ? Tu sais parfaitement que je dis vrai. Cesse donc de t'aveugler et accepte les choses comme elles sont. Tu ne fais que creuser une fois encore un lit de douleur... Pour toi … Mais aussi pour eux.
- Silence ! Mes souffrances, c'est a toi que je les dois! C'est toi qui est la cause de tout! Chaque événement de ma vie que j'aimerais voir effacé à jamais t'es imputable ! Puissent les dieux n'avoir jamais autorisé ton existence !»

Son regard se mis à briller étrangement... Je l'avais blessé, si jamais cela était possible de le blesser.. Quoique... J'étais probablement la seule à en être capable .. Nous n'étions qu'un tout au final... Pour la première fois, je le rejetais vraiment. Peu importait qu'il ai été une victime innocente d'un destin macabre. J'en était une aussi. Mais j'étais lâche. Car ce n'était pas lui le véritable responsable.. Mais celui la me faisait bien trop peur que j'ose ne serais ce qu'y songer.
Alors je m'en prenait à lui qui me faisait face. Le seul lien qui me restait avec le long cauchemar qu'avait été ma vie, avec mes fautes.

«  Je ne te ferais pas entendre raison … Tu es bien trop têtue... Tu préfère t'aveugler au lieu d'apprendre. Alors je vais te donner une leçon...
Je vais t'exaucer... Disparaître de ta vie... Moi et tout ce qui en a découlé... Mais tu verras... Tu reviendras vers moi, blessée... Et tu accepteras peut être enfin ton destin... »

Ses yeux luisaient étrangement... Bientôt je ne voyais plus que cela... Incapable de parler... Je me sentait flotter... Vidée...

La douleur.. Ce fut cela qui me réveilla.
Cela et la langue rappeuse d'un loup énorme.
Je me mis à hurler. Se réveiller pour se rendre compte que l'on va servir de casse croute à une bestiole de dix fois sa taille... Il y a mieux pour commencer la journée!
Le loup me regarda avec un air ahuri. Normalement le qualificatif était typiquement humain, mais pour le coup, le quadrupède en avait tout les éléments. Ses beaux yeux d'or étaient écarquillés de surprise, ses oreilles pendant de façon maladroite... Il lâcha même un petit gémissement perplexe et quasi outré.
Étrangement, la surprise passé, je ne ressenti aucune peur. L'animal n'avait pas l'air agressif. J'avais même la curieuse pulsion d'aller le grattouiller entre les deux oreilles pour le consoler de mes hurlements peu charitables. Après tout, il était magnifique... C'était injuste de le traiter comme si il s'eut agit... Agit de quoi d'ailleurs?

Je me sentait floue... perdue...
D'ailleurs je l'étais. Je constatais avec effroi que je n'avais aucune idée d'où je me trouvait hormis au beau milieu d'un mur de roches acérées, ni de comment j'en était arrivée là...
Ni même de mon propre nom...

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Re: Narja

Message par Lariah » jeu. 27 mai 2010 à 22h57

[hrp] encore des trous, oui c'est un vrai gruyère j'admets [/hrp]

Le dragon est mort. Et la Louve tout autant.
Certains dirons qu'il s'est couché quand les irréductibles se sont séparé de leur blason ou l'ont glissé dans le coffre des précieux souvenirs.
Pour moi il est mort il y a bien longtemps. Probablement parce qu'il était indissociable d'une figure emblématique qui seule l'exprimait pleinement.
"Tu peux te reposer ici"
Je crois que j'ai fait une sacrée sieste, Xcylian, quand j'ai accepté ton offre.
Une sieste qui a été peuplée de merveilleux rêves, jurant dans mon cauchemar permanent.
Une sieste si longue que la louve est morte, vaincue par l'affection douce amère de cette communauté.

Je regarde Heine depuis mon royaume de verdure et je me demande... Qui suis-je à présent ?
Que reste-t-il des nobles idéaux, des grands devoirs... Que me reste il surtout...
A part un morceau de métal émaillé de bleu frappé d'un dragon ?
Aussi loin que je regarde, je me rends compte de la progression inéluctable sur un chemin qui devait tuer la louve pour laisser naitre une Siannodelle... Une simple humaine, aussi pitoyable dans ses bonheurs et désespoirs que ceux dont naguère elle se moquait avec mépris...
Ouais... Elle a bonne mine la Louve...
Mais tout a tellement changé. Aurait-elle seulement une place en ce monde ?

Non c'est bien qu'elle soit morte avec le Dragon. Ce dragon qui accueillait sous son aile tout ceux qui justement n'avaient aucune place établie en ce monde. La communauté des bras cassés, comme j'aimais parfois à le dire. Il doit falloir au moins ca pour poursuivre des idéaux aussi fou que l'équilibre ou combattre des reptiles qui vous balaient un château d'un coup de queue. Non le bonheur, le monde parfait, c'était pas assez difficile. Il fallait bien quelque chose d'aussi fou que les trois quarts de ceux qui portaient ce blason.

Et quand je regarde Heine... Même si le monde est toujours aussi misérable et haïssable, je me dis que nous avons bien travaillé. Tant qu'elle resteras celle ci, le dragon ne sera pas véritablement mort ceci dit.. Oui...
Je suis peut être la seule assez folle pour vouloir le croire... Non.. Au moins deux pour sur... Qu'il nous reste au moins ca pour nous lier...
Le dragon dors sous les flèches de cette cité. J'aime a croire qu'il se réveillera si on viens a trop faire de ramdam sur sa tête.
J'ai peut être tord.. Peut être raison.. Mais qu'importe au final... C'est ici que j'ai vécu.. Vraiment... De bien, de mal, peu importe... Elle est le mausolée d'une époque que je regrette depuis très longtemps.. Et sur lequel je veillerais comme sur le reste des morts qui m'accompagne... En silence, depuis le morceau de terre que je me suis octroyée comme tanière.

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Re: [ bghumain ] Narja

Message par Lariah » sam. 12 mars 2011 à 14h58

Cela faisait quelques temps que nous jouions... Lui à nous pister, nous à lui échapper en lui laissant un ou deux indices de ci de là.
Il ne représentait pas une menace. Il n'était pas le premier des grands verts à croiser le chemin de la meute. Peut être était ce une de leur tradition... Ou simplement l'envie de se mettre au vert... Pourquoi pas. Je le faisait bien moi.

Bref le jeu se poursuivait, des lunes durant. Et malgré quelques maladresses, mais il semblait relativement jeune ceci dit, il ne se débrouillait pas mal. Bon d'accord, parfois nous le laissions nous observer un peu avant de lui détaler sous le nez pour lui laisser croire qu'il avait progressé dans ses approches... Un peu comme nous le faisons avec les louveteaux. Il faut savoir leur laisser croire qu'ils dominent de temps à autres pour leur donner confiance en eux.

D'une certaine façon, nous l'avions accepté. Et j'aimais bien de temps à autre l'observer seul face à son feu de camps.
Autant je me mêlait à mes frères, parfois une vague de nostalgie me prenait. je n'était pas capable de maintenir mon apparence de quadrupède indéfiniment. Et quand je retrouvait cette conscience purement humaines, je retrouvait malheureusement toutes ces choses qui allait avec. Solitude, regrets... Tout ce que je fuyais en me jetant à corps perdu dans cette vie simple faite de chasse , jeux et repos.

Parfois j'étais tentée de l'approcher. Mais les orcs ne sont généralement pas réputés avec leur promiscuités avec les humains. Même si parfois je me disais que je n'avais plus de cette race qu'un nom générique.
La louve, l'hybride... Voilà qui restait malgré tout mon chemin le plus proche de ma nature bien que je soit bien loin de ce que j'étais autrefois.
J'en étais à geindre sur moi même encore une fois quand je le senti. Lui aussi. Quand à mes frères, j'entendais leur appel au combat raisonner déjà au loin; ceci dit, il leur fraudrait du temps avant d'être sur place. Le jeune orc aurait droit à l'apéritif.

J'étais étonnée en avisant la créature. Par quel miracle ou plutôt mauvais coup du sort s'était elle perdue ici?
J'en avait déjà eu vu, mais elles avaient la bonne idée de vivre généralement bien bien loin de notre territoire, bien au delà des citées. Avant même que le combat ne s'engage, je savais qu'il n'était pas de taille. Hors, c'était tout notre territoire que menaçait cette chose.
reprendre mon apparence quadrupède ne fut pas sans efforts. Je n'avais pas pris assez de repos encore. Ceci dit, ce n'était pas avec des crocs d'humaines que j'allais être d'une quelconque utilité.
Il ne parut pas surpris quand je bondit sur le dos de la chose, tentant de trouver une bonne prise au niveau de la nuque. Au final, on jouait peut être le même jeu tour à tour.
Mais le moment était mal choisit pour tailler la bavette ensemble aussi nous nous contentions d'assener à notre adversaire nos coups les plus puissants, lui à l'aide de ses griffes métalliques, moi avec mes armes naturelles.
Et pour dire vrai, on prenait cher. La meute ne tarderais plus mais il fallait encore tenir bon. Il le sentait autant que moi visiblement.
a ceci près que moi, je n'étais pas certaine de pouvoir tenir encore longtemps, non pas en terme de blessure mais métamorphe ou pas, je restait tributaire de ma nature première.
Un coup plus violent qui nous faucha tout deux régla le problème. Je sentit la douleur typique de mes muscles qui reprenait leur place première... Encore quelques instants et je serais bel et bien désarmée. lui gisait au sol, la mousse se teintant de son sang. Il avait pris cher et son air ahuri m'appris vite que j'étais redevenue une petite humaine sans grande utilité vu que armes et armures étaient bien loin d'ici. L'autre attaquait de nouveau. Une charge le fit voler plus loin. Nos à point nommé comme toujours. mais si la surprise et sa masse avait pu lui donner un avantage quelconques, je savais qu'il ne tiendrais pas trois coup face à la bête, même si nous l'aviosn déjà copieusement blessée.

la suite se fit simplement au gré de l'instinct. Je pris les seules armes encore accessible a jolies petites mimines blanches, a savoir les griffes acérées de métal et improvisait joyeusement dans cet art nouveau. Si ma connaissance de la dague ne m'était guère très utile pour le coup, je m'aperçus que manier ces instruments n'était pas si difficile... De part la similitude de mes armes sous forme animale.

La meute finit par arriver et après une lutte acharnée, nous finîmes par avoir raison de l'intrus.
Au prix de pas mal de vie, de pas mal de balafres... Et du jeune orc qui baignait dans son sang.
Il n'y avait plus rien a faire sinon attendre qu'il rende son dernier soupir. Ce qu'il fit de longs instants plus tard.
J'aurais du lui parler avant... Enfin tant pis. Je me contentait de l'enterrer selon le peu qu'il m'avait expliqué des rites. Il ne reverrait jamais les siens. Mais il irait surement auprès de leur dieu ainsi. Je le lui souhaitait en tout cas quand bien même je n'ai pas pour son Paagrio un amour immodéré. Pas plus que pour les autres en fait.
Il n'avait pas de regret. Une chose souvent que j'admirais chez les orcs, leur facilité à accepter leur fin lors d'un combat.

Nous reprîmes notre route, changeant de direction. Je gardait avec moi les griffes de métal de cet "ami" impromptu. Il m'avais laissé le soin de les remettre à qui de droit. Et elles me seraient fort utile pour poursuivre mon chemin en attendant que je puisse a nouveau retrouver mes propres armes.
J'appris au fur et a mesure a m'en débrouiller... Peut être pas de façon académique... Surement pas même... Mais pour l'instant, et jusqu'à ce que je retrouve mes affaires et la civilisation, c'était mon passeport pour la survie ...
Et je voulais la retrouver très vite. Quelque chose ne tournait plus rond. Les miens avait peut être besoin de moi.

[justif sub]