Arjen

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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jhon117x
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Arjen

Message par jhon117x » dim. 3 janvier 2010 à 09h13

[HRP : Ceci n'est que le début du texte. Ce personnage est le chimiste qui suit la proposition faite en zone rouge. (CF : EDM-41).
La suite est en cours d'écriture. Je souhaite juste poster le début pour m'amuser, et vous faire travailler des méninges :)]


Nom : Lucassen

Prénom : Arjen (se prononce Arsen)

Alignement : chaotique

Race : Humain

Age : 45

Profession : Alchimiste, Chimiste. Il à une passion pour les chats et l'observation des étoiles.

Divinité : Arjen ne croit en aucune divinité propre, ses croyances sont fondées sur l'existence d'un architecte universel, une puissance infinie qui aurait enfanté l'univers autour d'elle.

Caractère : Arjen est un homme assez instable, tantôt rêveur, tantôt terre-à-terre. Il faut apprendre à danser au grès de son humeur capricieuse. Il aime se faire discret, même si, parfois, lorsqu'une personne l'intéresse d'un point de vu intellectuel, il n'hésite pas à aller à sa rencontre, quitte à se montrer trop avenant et se découvrir un peu trop.

Physique : Arjen est un homme d'âge mûr, de taille moyenne, légèrement trapu. Il aime s'habiller avec une certaine classe discrète.
Ses cheveux, d'un gris anthracite présentent les premiers signes caractéristiques de la vieillesse, ils ont la fâcheuse tendance à se clairsemer et blanchir sur le sommet de son crâne. Bien que le cuir chevelu d'Arjen puisse être classé comme catastrophe naturelle, ses yeux gris clair pétillent de malice et d'appétit intellectuel. Son regard espiègle est soutenu par de fins sourcils bruns, rendant son regard encore plus expressif. La plupart du temps, un fin rictus est accroché sur le visage de l'homme. Il arrive, parfois que celui-ci se transforme en une moue de réflexion ou alors en grimace de dégoût. La plupart du temps, lorsqu'il constate l'ignorance des gens.
Son visage en général est assez peu ridé et agréable au regard. En se concentrant sur celui-ci quelques instants, on peut entrevoir le jeune homme qu'il était auparavant.

***
Le rêveur de l'infini.

Le bruit de la mer, le matin. Quoi de plus rassurant et de relaxant ?
C'est principalement pour ces deux raisons que j'avais choisi cette petite maison, en haut de la colline, surmontant l'océan.
Pour voir la brume du matin, chassée par l'imperturbable soleil. Puis observer cet astre rougir, enfler et se coucher dans le bain miroitant de l'océan. Entendre le flux régulier des vagues, l'eau tomber sur l'eau lors des longues averses d'automne.
Sentir l'odeur du sel exciter mes sens dès le réveil. Frémir de la bise hivernale contre ma peau frigorifiée.
Goûter aux mets de la nature, poissons et crustacés, ravissant mon palais, remplissant mon estomac réclamant la pitance.
La vie à l'écart de la civilisation avait un goût de paradis, un goût de liberté infinie...

...Liberté qui m'était interdite.

Cette maison, cette mer, ce matin, ce soleil rassurant. Tous n'étaient que des inventions de mon esprit, dernier élément de liberté qu'il me restait. Je doutais même s'ils n'avaient jamais existé.

Mon corps était enfermé dans une pièce austère d'une infinie petitesse, seule l'ombre baignait l'atmosphère. Cette atmosphère était elle-même agrémentée d'une odeur d'humidité et de sueur. Ma sueur...
Seuls subsistaient la faim, amie traîtresse qui m'affaiblissait de ses cris silencieux, et le froid qui mordait mon corps nu.
Les jours et les nuits s'étaient confondus il y a maintenant une éternité, le soleil, repère naturel ayant disparu. A jamais...
Cette cellule sans porte ni fenêtre était devenue ma demeure, ma chambre... Mon tombeau.

Vivre à l'écart de la civilisation à un goût de paradis n'est ce pas ?

Le reclus infini, l'absence de contact humain, le peu de nourriture m'ont détruit. Je ne suis plus qu'une enveloppe, un point noir dans un océan d'obscurité... Une entité fantomatique, d'une masse négligeable, oubliée de tous dans cette pièce... Oubliette.

Mais mon esprit, impénétrable, vivace et caché, derrière cet horizon des évènements qu'est mon corps est toujours là. Il ne lâchera rien, et tiendra. Jusqu'à la fin de la fin.
C'est vrai, la fin est déjà arrivée... Mais même la fin a une fin...et elle n'est pas encore arrivée, pas tant que mon imagination sera toujours la.
Les yeux rivés sur le vide, je regarde, j'observe l'immatériel... L'infini... Dieu.

Ma vue miroite dans le noir, deux points blancs apparaissent, puis trois... Une infinité de blancs.

Happé dans ce rêve, je me noie... Et perds/prend connaissance.
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Re: Arjen

Message par jhon117x » dim. 3 janvier 2010 à 14h16

Mon nom est Arjen Lucassen. Je suis ma propre invention, dans un monde fictif qui est ma réalité, faute de réalité non relative... Elle même faute de ma condition de détenu dans cette oubliette... Mais peut être que cette vie, si fictive soit elle est une réalité. Peut être que la réalité n'est qu'un rêve et que cette cellule où règne l'absence de choses est mon cauchemar.

Quoi qu'il en soit, dans cette réalité, je suis Arjen Lucassen, Alchimiste et Chimiste. J'ai Quarante Cinq ans, et je vis dans cette maison qui est mon rêve... Cette maison, perchée en haut de ce rocher escarpé, rongé par le flux et le reflux relaxant des vagues.
Le paradis.

Il est huit heures vingt trois... J'ai une fois encore raté le levé de soleil, mais ce n'est pas très grave. Je verrais le coucher. Le temps ne me manque pas.
Un long bâillement échappe de ma bouche. Je m'étire longuement avant de repousser lentement la couverture un peu rêche de mon lit.
Le sol est froid, c'est agréable. Je me lève lentement, chassant la légère baisse de tension d'une inspiration pondérée. Ma vue ne s'est troublée que quelques instants, cependant, cette vision de blanc immaculé me procure une drôle de sensation... Un lourd sentiment d'amertume.
Je hausse les épaules et lève un pied du sol, et commence à marcher vers le ridicule salon de ma maison. Mes articulations craquent, se réveillant.
Chaque matin, je redécouvre mon salon : Une petite pièce ou sont habilement placés un canapé en tissu rouge, déchiré par les griffes de mes chats. Une table en bois légèrement bancale ou son négligemment posé les restes de mon repas d'hier et deux bouquins traitant d'alchimie encore ouverts. Une cheminée noircie par l'age, d'ailleurs, un de mes chats dors sur le rebord de celle ci...
A l'évidence, il a fait tomber un candélabre pour grimper là-haut. Le bruit de la chute de celui ci ne m'a même pas réveillé.
Je me gratte la tête et baille à nouveau. Devrais-je retourner me coucher ? Je me retourne et regarde mon lit... Non.
Je me dirige à présent vers la cuisine, récupère une gamelle vide au sol, ouvre un placard en bois sombre et en sort des morceaux de hareng séché. Le met préféré de mes petits monstres.
Tout en reposant le repas pour les félins, je me dirige vers la porte d'entrée, et pose la main sur la poignée, avant de la tourner lentement. A mi chemin je me stoppe et me dis. « Est-ce l'enfer ou le paradis qui t'attend là dehors ? » Je me répondis à haute voix. « Peu m'importe le paradis ou l'enfer, tous deux doivent être intéressants à étudier. » Et j'ouvre la porte.

Je plaque ma main contre mes yeux. J'avais déjà oublié que le jour s'était levé avant moi. L'air frais s'engouffre sous ma chemise de nuit, me faisant frissonner. Je lâche la petite poignée et commence à marcher, pieds nus sur l'herbe verte humidifiée par la rosée du matin. Un œil fermé, l'autre a demi ouvert, je me dirige vers le bout du rocher dominant la mer, laissant mes doigts de pied flotter dans le vide. J'ouvre les deux yeux et étend les bras sur toute leur longueur, les faisant craquer.
Paumes ouvertes, bras tendus, debout devant le vide je souris, laissant le vent frais s'immiscer dans mes habits, caresser mon visage. Je suis en vie. Comme chaque matin que fait l'architecte.


Assis dans mon canapé déchiré, des lunettes de lecture sur le nez, la main droite tenant un livre d'alchimie. La gauche caressant Al-Kimya, un de mes chats, je lis cet ouvrage magnifique résumant les différents composants liés dans la matière tout en sombrant lentement dans un sommeil léger.

« Parmi toutes les substances, il en est trois qui donnent à chaque chose leur corps, c'est-à-dire que tout corps consiste en trois choses. Les noms de celles-ci sont : Soufre, Mercure, Sel. Si ces trois choses sont réunies, alors elles forment un corps (...). La vision des choses intérieures, qui est le secret, appartient aux médecins. (...) Prenez l'exemple du bois. Celui-ci est un corps par lui-même. Brûlez-le. Ce qui brûlera, c'est le Soufre ; ce qui s'exhale en fumée, c'est le Mercure ; ce qui reste en cendres, c'est le Sel. (...) Ce qui brûle, c'est le Soufre ; celui-là se sublime, parce qu'il est volatil ; la troisième Substance sert à constituer tout corps... »

Un toquement à la porte me libéra de mon sommeil. Al-Kimya s'était déjà levé pour se diriger vers la porte et la gratter. Je me levais à sa suite et ouvrais lentement, me frottant l'œil. Qui pouvait bien frapper ?
La réponse fut aussi rapide que choquante. Deux gardes me toisaient d'un air impérieux, alors que j'étais toujours en robe de chambre. Je balbutiais un vague bonjour, le plus grand des deux gardes me rendit mon bonjour et s'exprima d'une voix grave :

Monsieur Lucassen ? Je hochais vaguement la tête, encore sonné par ma sieste tandis que le garde sortait une enveloppe scellée d'un petit sac en cuir.

Nous avons un ordre d'exclusion pour manquement au payement des taxes royales.

J'écarquillais les yeux, ne pouvant croire ce qu'il me disait. Celui ci repris :

Vous disposez d'un an pour rembourser vos dettes vis à vis du royaume ou nous entamerons la saisie de votre domicile.

Un cauchemar, c'était un cauchemar, comment se pouvait il que je n'ai pas payé mes taxes ? J'étais pourtant sur que ma maison était en dehors du territoire royal... Qui plus est, aucun créancier n'était jamais venu.
Abasourdi je lui demandais :
...Combien dois-je au royaume ?

Dix huit millions huit cent quatre-vingt mille et cent deux Adenas. Répondit aussitôt le second garde, presque fier d'avoir sorti le nombre sans fourcher de la langue.

Par l'architecte ! Comment se pouvait il que je doive autant ? Mes mains commençaient à trembler, je serrais la poignée contre mes doigts blanchis par la pression de mes muscles crispés.

Voici l'enveloppe, dit le garde tout en me tendant le morceau de papier. En espérant ne pas avoir à revenir. Ils se retournèrent comme un seul homme, je restais là. Abrutit par la nouvelle, l'enveloppe froissée entre mes doigts tremblants.

«  Monsieur Lucassen Arjen.

Le service des taxes de sa Majesté Garius vous informe que vous êtes sur le point de subir un redressement boursier pour manquement au payement des taxes saisonnières. La dette contractée par votre personne est d'actuellement 18 880 102 Adenas auxquels s'ajoutent 30% de majoration pour retard et 2 Millions d'Adenas de frais de dossier et de déplacement. Votre dette s'élève donc à 26 544 132 Adenas. Vous êtes prié de rembourser l'entièreté de votre dette au royaume dans un délai d'un an, soit le 08/10/1354. Si la dette n'est pas remboursée à l'arrivée de la date butoir. Un huissier de justice procèdera à la saisie des meubles ainsi qu'à hypothèque du domicile et l'expulsion du propriétaire.

Cordialement.

Le service des taxes du royaume. »

Je reposais la lettre, tremblant comme une feuille. Un an pour trouver 26 millions d'Adenas ! Comment pourrais-je faire cela ? Je ne suis qu'alchimiste... Je reposais ma tête contre le canapé, les yeux fermés, le visage crispé dans une grimace de réflexion. Je ne parviendrais jamais à rassembler tout cet argent.
Quelque chose montait en moi. Bouillonnant... De la rage, le désespoir. Je me levais, les poings serrés et dans un cri je donnais un vif coup de pied dans la table en bois. Jetais au sol mon canapé, rayant le parquet. Déchirant les peintures champêtres au-dessus de la cheminer, brisais les verres dans l'armoire, me coupant jusqu'au sang.

- Le royaume ne m'aura pas ! Sur la tête de l'humanité, Il ne m'aura pas ! Je vais le leur fournir leur argent ! Mais ils vont le payer cher !

Je me laissais tomber sur le sol, me recroquevillant sur moi même, serrant mes mains ensanglantées contre mon torse. Mes mâchoires étaient crispées, finalement, la haine fit place à la tristesse, et la tristesse au désespoir. Je restais la, comateux, ne bougeant plus, respirant au minimum. Avant de tomber dans un sommeil lourd. Les nerfs à fleur de peau.

Le réveil fut mouvementé, un grosse impulsion d'adrénaline me fit sursauter, le cœur battant comme jamais.
C'est incroyable ce que l'adrénaline peut faire faire à un homme. Quelques gouttes de cette substance peuvent transformer une petite fillette en surhomme pendant un instant, elle peut aussi ralentir la perception du temps ou améliorer les performances globales d'un être vivant a une vitesse fulgurante.
Dans mon cas, c'est l'idée qui m'est venue qui fut fulgurante. L'alchimie allait m'aider à résoudre mon problème. Je devais créer un produit qui me permettrait de réussir à franchir cet obstacle... Un produit reproduisant les effets des feuilles orc. C'est-à-dire, addictif, tentant et surtout, très lucratif. Il me faudrait aussi ajouter quelques petits effets plus ou moins utiles et caractéristiques du produit...
Je commençait à noter quelques ingrédients qui me venaient en tête, diverse plantes, produits transmutés et maudits ou bénits.
Sur une autre feuille, j'entamais les diverses marches à suivre pour cuisiner le produit.
Après deux jours de recherches sur les divers écrits alchimiques, sur les méthodes de confection, la mécanique des fluides et une réflexion sur l'évaporation des produits, j'avais enfin -sur 12 feuilles éparpillées- ma formule... Une fois les éléments regroupés, les ingrédients étaient les suivants :

« Recette :

Pour 10 kg de solution.

5 fruits de Sprigant
200 Grammes de souffre
1 Kg de tourbe du marais de la tour de Cruma.
1 Litre de venin d'araignée.
800 Grammes de Chitine de scarabée de la ruche Stakato.
200 Grammes de Sève d'Aefiscus-ancefa. (plante de la foret des miroirs)
Compléter à l'alcool fort et au mycélium de champignon. De préférence alcool de patate. »

Je me reculais dans mon fauteuil, m'adossant, la main sur le front. Ma plume toujours entre mes doigts goûtait sur mon front. Je soupirais longuement avant de me redresser, posant mes coudes sur mes genoux. Je pensais à haute voix quand à la récupération de ces divers ingrédients. La plupart seraient simple à récupérer... Hormis peut être le litre de venin d'araignée. Je déglutis difficilement, les araignées étaient ma hantise.

[HRP : J'en reste la jusqu'à la confirmation de l'existence de la drogue en question par les GM. Si vous avez a nouveau besoin du descriptif EDM-41 (le nom de la drogue) demandez le moi en pm :) )
Dernière modification par jhon117x le mer. 10 février 2010 à 19h22, modifié 3 fois.
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Re: Arjen

Message par jhon117x » jeu. 7 janvier 2010 à 23h32

[HRP : Une petite envie de continuer :) Voici un passage inintéressant s'il en est. N'ayant aucun véritable rapport avec l'intrigue ^^]

Je devais me rendre à Gludin, à présent que mes plans étaient établis. Je n'avais pas encore suffisamment d'argent pour me permettre de payer les ingrédients séparément. Et puis, c'est tellement moins discret.
Par chance j'ai réussi à retrouver un vieux bâton datant de l'école de magie dans la cave de ma maison. Cette vielle branche de bois poussiéreuse ornée d'un cristal fumé, bénite par l'architecte m'avait été bien utile lors de ma jeunesse... Il y a une éternité.
Reprendre la magie ne sera pas une mince affaire. Réciter les incantations demande une forte concentration et une diction claire, car si la langue fourche au milieu d'une incantation, au mieux le sort fait l'effet d'un pétard mouillé; au pire il vous ampute d'un bras ou d'une jambe...
Je remontais les escaliers de la cave à moitié essoufflé, le bâton dans la main droite et me dirigeais vers le salon ou je le posais sur le canapé, ou il patientera jusqu'à mon retour de la ville.
Je me dirigeais à présent vers la cuisine et récupérais un sac en cuir craquelé par le temps que je remplis de quelque mets et mis en bandoulière tout en me rendant à la petite porte d'entrée. A travers la vitre opacifiée de la massive porte en fer forgé je pu me rendre compte que le ciel était couvert, cette rapide conjecture fut aussitôt prouvée lorsque l'ouvrit la porte. L'air froid s'engouffra dans un appel d'air, me faisant frissonner. Une demie heure de marche par ce froid... Je levais les yeux sur le ciel, les nuages étaient ondulés, j'espérais de tout mon cœur qu'il ne neige pas.
Cependant, comme à chaque fois que je me prends à espérer que quelque chose n'arrive pas, le contraire se produit. Pas même cinq minutes de marche s'étaient écoulées que les premiers flocons commençaient à virevolter dans le vent.
La sortie ne sera pas pour aujourd'hui me dis-je à haute voix tout en rebroussant chemin tandis que les flocons d'un blanc immaculé mourraient sur le sol, se liquéfiant sous l'effet de la chaleur de la terre.
J'ouvris la porte de ma maison, agrippant la grosse clef glacée à deux mains pour la tourner dans la serrure grippée par le froid (et le manque d'huile). Le courant d'air chargé de flocons qui s'engouffra aussitôt dans le corridor eut pour effet d'éteindre les bougies et de faire tomber un objet dont je ne réussis pas à identifier le bruit. Je refermais la porte, la poussant de l'épaule. Le vent s'était transformé en un véritable blizzard... Je grattais ensuite une allumette contre le mur et tachais de rallumer les candélabres du corridor. Une fois la tache terminée, je regagnais le salon... Un cri me prit quand j'entrevis des morceaux de cristaux brisés sur le sol... Ainsi que des goûtes de sang. Al-Kimya, qui devait certainement dormir sur le canapé, à du se réveiller en sursaut lors du courant d'air, faire tomber le bâton et marcher sur les morceaux de cristal.
Suivant les traces de pas ensanglantées sur le sol comme s'il s'agissait d'une piste tracée par un animal sauvage, je me rendis dans ma chambre à coucher ou l'animal se léchait vivement la patte arrière en miaulant. Je m'approchais doucement de lui et le caressa doucement, lui susurrant des mots doux, dans le but de le calmer pour pouvoir le soigner.

Les blessures sont courantes avec Al-Kimya, chaque semaine ce chat me donne du fil à retordre. Soit il fait une chute de l'arbre devant chez moi, soit il se cogne contre un meuble pendant son sommeil, ou, plus rarement il se chamaille avec un animal sauvage a l'extérieur et rentre couvert de blessures. Habitué à le voir dans de tels états, j'avais préparé quelques cataplasmes curatifs à base de plantes médicinales couplées à un peu d'alchimie basique, pour soigner les diverses égratignures de ce sale sac à puces. Il suffisait d'humecter un tissu de ma potion et d'entourer la plaie de celui ci. En deux jours il ne restait plus qu'une cicatrice.

La blessure du félin soignée, j'entamais la récupération des morceaux de cristal ainsi que l'épongeage du liquide que contenait la boule... Phase fatigante s'il en est. Ce liquide magique qui avait pour but de catalyser le potentiel magique défiait les lois de la gravité et allaient irrémédiablement se plaquer sur le plafond... La scène d'épongeage est drôle, si non comique lorsque l'on aperçoit un homme en équilibre sur une chaise, brandissant un balai surmonté d'une éponge au plafond et jurant contre son chat.
Mon bâton était fichu, quand la neige aura fini de tomber, je me rendrais dans un magasin de magie pour en acheter un autre... Encore des économies jetées par la fenêtre.
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Re: Arjen

Message par jhon117x » ven. 8 janvier 2010 à 15h39

Marcher dans la neige est une véritable plaie. L'accumulation de flocons des deux derniers jours avait habillé la plage de blanc. Les arbres, le toit de ma maison ainsi que celui de mon étrange voisine, étaient couverts de cet agrégat d'eau glacée qui commençait à fondre au soleil, formant des stalactites au bout des tuiles.
La neige ployait sous mon poids, m'obligeant à me dandiner dans une danse maladroite, me demandant le double d'effort pour me déplacer. Mon nez commençait déjà à geler dans cette atmosphère de froid. Je devinais que mes oreilles étaient dans le même état que le reste de mon visage, constatant que celles-ci me brulaient, mordues par le gel.
On n'est jamais assez préparé pour affronter la nature, d'autant plus quand il a neigé. Ce « beau » manteau blanc recouvre absolument tout, dissimulant pierres, plaques de verglas, ou pire, les excréments des animaux !
Je jurais tout en marchant, poussant vivement la neige qui m'arrivait en haut des chevilles et s'immisçait dans mes bottes, me glaçant les pieds. Je pensais à un bon feu de bois, chez moi. Un verre de vin dans la main, accompagné de mon chat sur mes genoux et d'un gros pavé traitant d'alchimie. Ah ! La beauté de la lumière tamisée et tremblante du feu de bois. Son odeur si caractéristique, le poil doux de mon petit Al-Kimya la complexité des...
En une fraction de seconde, je fus tiré de ma rêverie, trébuchant sur une pierre dissimulée, m'écrasant tête la première contre le sol.
Je hais la neige !!
Je commençais à me relever, époussetant mes habits à présent trempés de cette divine saleté quand quelque chose par terre m'interpella. La chose en question brillait au soleil d'un éclat jaune. De l'or ?! Pris d'une ferveur rare, je repoussais la neige sur les côtés de mes doigts transits de froids, n'y prêtant plus attention.
Une montée d'adrénaline, une fois encore. Puis une nausée incontrôlable accompagnée d'un vif mouvement de recul. Les yeux écarquillés, je contemplais une main bleuie par le froid.
La pierre sur laquelle j'avais trébuché n'était autre qu'un cadavre ! Me rendant moi-même compte de ma macabre découverte, je détournais le regard, vidant mes tripes sur le sol.
Dix minutes furent nécessaires pour retrouver un semblant de calme, je m'approchais craintivement du corps, comme craignant qu'il me saute dessus. Puis, dans un relent de ce que l'on pourrait appeler témérité, je dégageais la neige autour du macchabée, me refusant toujours à enlever celle qui masquait son visage. Voir l'éventuelle expression de peur mortelle sur la face de cet homme serait trop pour mon pauvre cœur...
Le défunt présentait diverses traces de coupures et d'entailles plutôt profondes au niveau des veines principales, le poignet droit était complètement taillé sur toute sa longueur, la lame avait commencé à mordre la paume de la main avant de se retirer. L'assassin ne l'avait pas raté. Chaque coup était d'une mortelle efficacité, ne laissant aucune chance à la victime.
Une idée honteuse me vint. Je tendis la main vers le veston luxueux du cadavre avant de me raviser. « Non, tu ne vas pas dépouiller ce pauvre homme ! » Me criais-je mentalement. Malheureusement, ma conscience ne triompha pas de ma cupidité. La fin justifie les moyens. Je suis sans le sou, avec une dette importante à rembourser, et cet homme n'a plus vraiment besoin de son argent.
Je glissais ma main sous son veston dans une grimace de dégout, cherchant dans ses poches un éventuel porte feuille ou une bourse. Je ne sentis rien d'autre que quelque chose de dur, rectangulaire et ayant la texture du cuir. Je ne pouvais en être réellement certain, mes doigts étaient glacés, le froid les obligeait à me trahir. Je tirais l'objet de la veste du cadavre, découvrant les papiers d'identité du défunt :

Nom : Urriel 
Prénom : Joesha
Date de naissance : 02/10/1318
Lieu de naissance : L'ile des Murmures
Statut de Noblesse : Aucun (roturier)

Un simple roturier, heureusement qu'il ne s'agissait pas là d'un noble. La découverte de son corps par un garde aurait aussitôt entrainé une longue enquête. De surcroit, j'aurais aussitôt été pointé du doigt comme suspect. Vu que le corps se trouve sur ma route, et que l'autre personne sur ce chemin était mon étrange voisine... Qui était elle aussi noble, donc à l'écart de toute poursuite sérieuse...
Au vu de la bague en or, ce roturier devait être de la haute bourgeoisie. L'idée de m'en saisir ne me traversa qu'une fois, la chevalière s'étant aussitôt retrouvée dans ma poche. Malheureusement, le bougre n'avait pas de bourse sur lui. L'assassin avait dû la lui dérober avant de fuir... Étrange chose que d'oublier une telle joaillerie sur un corps fraichement pourfendu. Je hochais les épaules : un coup du destin. Pour une fois dans ma vie, j'avais un tant soit peu de chance.
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Re: Arjen

Message par jhon117x » mer. 20 janvier 2010 à 14h12

La chance.

De conception populaire, la chance est perçue comme une sorte de balance sur laquelle sont posées, sur chaque coupelle, des particules de chance et de malchance. Ces deux entités antagonistes sont présentées ainsi en équilibre parfait sur la divine bascule. Ce qui détermine si un Être est chanceux ou non, proviens de la bénédiction que lui porte la divinité en laquelle la personne voue ses prières.
Mais, comme toujours. Bien que le Dieu ou la déesse fasse pencher la balance du coté de la prospérité et de la réussite, la substance en excès a tendance à s'évaporer lentement mais surement, rendant parfois l'équilibre précaire, voire, faisant pencher la bascule du coté du tourment et de l'infortune, jusqu'à la prochaine évaporation et au prochain équilibre, ainsi de suite.
Cette conception du hasard et des probabilités m'a toujours fait sourire. Mais, la plupart du temps, ce principe est tellement ancré dans ma tête qu'il m'arrive de penser selon ce modèle désuet.
Bien évidemment, un esprit éclairé ne prétendra jamais qu'une divinité est en cause de son bon ou mauvais sort. Après tout, la chance n'existe pas. Elle n'est qu'un ensemble de probabilités en conséquence a des choix et des actes aussi imperceptibles qu'ils puissent être. Eux-mêmes résultats d'autres actes commis précédemment, et ainsi de suite.
Pourtant, je pourrais tomber dans la facilité et dire que la balance n'a jamais penché en ma faveur...
A huit ans, mes parents, simples fermiers dans la région de Floran, – à l'est de Gludin – ont décelé un certain potentiel magique chez moi.
Une telle chose est plutôt rare chez une simple famille d'éleveurs. Les mages sont un peu comme des chevaux, ils sont élevés entre eux, se reproduisent entre eux. Chaque famille de mages fait en sorte d'accroitre son potentiel magique d'une génération à l'autre en sélectionnant un partenaire toujours plus puissant.
Le mana, de base, ne se fixe que très peu sur les gens... Une théorie disait même qu’a l'aube des temps. Les Anciens n'étaient même pas capables de manier un quelconque élément, si faible soit-il. Ce ne fut qu'après cinq cents ans de croisement entre les générations, que des lignées de mages sont apparues.
Quoi qu'il en soit. La découverte de mes compétences fut vécue comme une expérience assez unique dans le village.
Si unique fut elle que les problèmes ne tardèrent pas à se montrer. La plupart des malheurs qui pouvaient avoir lieu dans ce hameau m'étaient automatiquement attribués. Mauvaises récoltes, attaque de criquets, sècheresses... Même mes parents s'étaient mis à me craindre du haut de mes huit ans.
L'ignorance couplée à la superstition a scellé mon sort. À dix ans, mes parents me jetèrent dans une minable école de magie de Gludio, qui se trouvait à une cinquantaine de lieues de mon village natal.
Les cours de magie étaient d'un désintérêt le plus total. Quelle idée de faire du vent hormis pour sécher son linge ? De même pour le feu... La seule utilité visible pour moi était d'allumer une cheminée ou faire bouillir de l'eau...
Autant utiliser une allumette. Un peu de soufre fondu vaut bien mieux qu'une formule longue de deux lignes à laquelle on ne comprend strictement rien...
Les cours étaient d'autant plus médiocres que mon potentiel magique. Plus faible élève de ma sélection, il me fallait me détruire l'estomac en avalant divers cataplasmes pour égaler le niveau des autres. Réviser deux fois plus longtemps pour assimiler les formules, du fait de mon désintérêt pour la sorcellerie...
Après quatre ans de labeur et un recalage. J'ai finalement reçu mon diplôme de mage de premier niveau. Un vulgaire bout de papier sur lequel était inscrit que j'avais poursuivi une formation en magie élémentaire.


Le premier niveau passé, le maitre mage me conseilla fortement de ne pas me diriger vers une carrière magique plus longue. Chose que je n'aurais de toute évidence jamais faite. Il me proposa alors, toute une liste de diverses études aboutissant a diverses carrières tout aussi pitoyables – et mal payées –. Toutes, jusqu'à l'alchimie.
Mon doigt se posa sur ce mot, intrigué par sa drôle de consonance. Jamais auparavant je n'avais entendu parler d'alchimie.
Le barbu maitre mage m'expliqua alors que l'alchimie était la clef de la transmutation. La transformation de la matière en une autre.
Imaginez donc ! Un jeune esprit perdu dans les méandres de la magie, qui aperçoit l'opportunité de quitter ce monde austère de formules et de mana ; remplacé par une science qui garantit la transformation de n'importe quel objet en un autre, de valeur toujours plus importante : Le charbon en diamant, le plomb en or, l'or en platine ! La richesse infinie, le rêve.


Ce vieux croulant m'avait bien eu en me faisant croire à cette stupide chimère. Nulle transformation du plomb en or, ni de pierre précieuse.
L'école située près de la capitale Aden était d'un modeste le plus fidèle qu'il m'eut été possible de voir. Les murs étaient crasseux et rongés par l'érosion. Les vitres poussiéreuses si non brisées et arrachées de leurs gonds par je ne sais quel démon. Les lits ne consistaient qu'en une vulgaire planche en bois sur laquelle on s'allongeait et qui en une nuit rendait votre dos plus sensible que celui d'un régiment d'anciens.
Cependant, et je ne le cache pas. Les cours étaient d'un intérêt tout a fait valable. Notre professeur, un grand homme d'âge mûr et barbu, avait l'art et la manière de subjuguer son auditoire ; le rendant docile comme des moutons et productif comme des fourmis.
Si productif qu'a la fin de notre premier cycle, déjà trois personnes s'étaient donné la mort par pendaison, et deux autres par ingestion de poison...
Motif : A eu peur de manquer son examen de fin de cycle et de se faire engueuler par monsieur Dargognan.
Il est vrai que ce bon vieux professeur nous avait pressés comme des agrumes, une année durant. J'aurais moi-même failli me pendre suite à l'échec d'une transmutation de salpêtre en sel.
Heureusement que Helianna, ma meilleure amie fut présente pour me décrocher.
Rencontrée en plein milieu de cycle, cette jeune femme à la singulière chevelure rouge avait un don tout particulier pour la magie. Mais, lors de l'obtention de son premier niveau d'aptitudes, elle avait préféré entamer des études d'alchimie, par souci de contradiction avec ses parents...
Ah les jeunes, de perpétuels rebelles... jusqu'à qui ils vieillissent.
Cent pour cent des jeunes entrants à l'école d'alchimie réussissent leur brevet de spécialisation.
Ce message publicitaire est tout à fait vrai. Cent pour cent des jeunes entrants à l'école d'alchimie réussissent leur brevet de spécialisation... Car cent pour cent des jeunes qui le réussissent sont ceux qui ont survécu au courroux du professeur Dargognan, au suicide ET au jeu de l'incandescence.
Le jeu de l'incandescence était de ce type de jeu d'une débilité profonde que les adolescents prisent tout particulièrement. Comme le jeu du foulard, ou les joutes. L’incandescence consiste à mettre sa vie en jeu dans une confrontation idiote.
Les règles sont simples : il suffit d'avoir son bâton d'apprentis mages. Connaître le sort le plus basique du feu. Et être incroyablement con.
Deux apprentis se mettent face à face et font chauffer le cristal de leur bâton lentement. Ce principe originellement était utilisé par les mages guerriers lors des grandes guerres interraciales. Ils avaient découvert qu'en faisant chauffer le liquide catalyseur, celui-ci s'évaporait et rendait la conduction du mana bien plus facile. Augmentant leur potentiel magique destructeur. Seul bémol : Au-delà d'une certaine température ou d'un certain temps; la conduction du mana devient trop importante, rendant le sort de feu bien plus puissant, et une réaction en chaine se produit, la chaleur grimpant à vitesse exponentielle fait éclater la boule de cristal sous l'effet de la pression. Libérant le liquide catalyseur qui entre alors en expansion et explose littéralement à la figure du mage.
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Re: Arjen

Message par jhon117x » lun. 25 janvier 2010 à 11h21

Avec trente ans de recul, je me demande vraiment comment j'avais fait pour être aussi bête pour accepter un défi à l'incandescence contre Helianna elle même...
Je me souviens clairement de ce jour ou ma seule véritable amie à explosé sous mes yeux, m'éclaboussant de sa propre substance, tachant mes habits et marquant mon esprit au fer rouge.
C'était une soirée d'été comme je n'en vit plus depuis fort longtemps. Depuis qu'elle est morte, enfaite.
Le soleil commençait lentement à décroitre, caressant les plus hauts sapins de la petite vallée ou était installée l'école d'alchimie. Les étoiles, timides tendaient à enfin poindre dans l'horizon. La chaleur n'était plus étouffante comme dans l'après midi; bien que le vent continuait de souffler par petites rafales tièdes et légèrement humides. Je me souviens m'être dit qu'il pleuvrait à torrents cette nuit la.
Je m'étais adossé à un rocher qui continuait d'émettre les rayons qui avaient tambouriné toute la journée durant. Le regard levé sur la myriade de petites lucioles qui entraient en scène dans la voute céleste, j'arborais un regard de contemplation, de rêverie... de solitude, d'amertume... de tristesse. Je ne sais pas pourquoi, mais le simple fait de fixer les étoiles, adossé à un rocher ou couché dans l'herbe, me donne une irrépressible envie de pleurer.
Comme toujours, avant que la tristesse ne m'emporte, je me levais et me dirigeais vers la cour de l'école. Trainant des pieds, comme a mon habitude. Jusqu'à qu'elle me tape sur l'épaule, comme à son habitude.
Je me souviens parfaitement de ses propos cette nuit la. Elle s'était penchée en avant, les mains sur les genoux et m'avait regardé avec ce sourire dont elle avait le secret. Par l'architecte, comme je savais qu'une tuile allait me tomber sur la tête a chaque fois qu'elle arborait cet air.
Je levais les yeux en l'air et lui demandais d'un ton manquant faussement de patience.

- Que me veux tu ? Helianna.

Elle se redressa et me regarda pendant un petit moment, sondant ma fausse expression d'impatience.

-Oh moi ? Rien du tout, me répondit elle d'une voix fluette. Je passais juste taper sur l'épaule de mon très cher ami. Un fin sourire hypocrite se dessina sur ses lèvres. De toute évidence, elle voulait quelque chose de moi, et elle attendait seulement que je lui demande de quoi il s'agit.
Je me jetais alors dans la gueule du loup, comme a l'accoutumé. Poussé par la curiosité.

-Je sais très bien que tu n'es pas venue ici dans le seul but de me donner une tape dans le dos et me dire ô combien tu m'apprécie.

-C'est tout à fait vrai ! Cette réponse me fit grincer des dents; elle préparait un sale coup.
« En faite, je suis venue te voir, -mon grand ami mélancolique- dans le but de te demander de jouer a un petit jeu avec moi... » J'inspirais l'air pour formuler mon refus catégorique, mais elle m'avait déjà coupé, formulant ma propre réponse de manière plus argumentée :
« Je sais ce que tu vas me dire ! » Elle prit une expression renfrognée dans une grimace, le tout accompagné d'une voix grave forcée dans le but de m'imiter.
« Je ne joue pas a ces jeux peu constructifs et sans aucun but a long, court, ou moyen terme. Je préfère m'isoler dans ma chambre et lire mes bouquins d'alchimie seul, comme un grand père ! »

J'éclatais alors, rouge comme une pivoine. Cette fille avait le don pour me mettre dans tous mes états.
-Je ne suis pas un loup solitaire ! Et tu sais quoi ?! Je vais te le prouver, je vais y participer à ton jeu idiot.

Elle me dévisagea un moment, comme un enfant qui se faisant passer un savon par son père. Puis, elle gloussa, avant de rire à gorge déployée.
-Ah ah ! Tu es si facilement influençable mon petit Arjen d'amour. Allez, suis moi, il faut tout d'abord aller récupérer ton bâton dans tes quartiers... Elle me saisit par la main et m'entraina vers le dortoir des hommes.

Un bâton de mage, un jeu... Ces deux mots mis en corrélation me firent reculer précipitamment, me paralysant sur place.

-Non ! Je sais quelle idée de jeu tu as derrière la tête, et je ne veux pas participer a une telle idiotie !

-Allons, Arjen... L'incandescence n'a rien de dangereux; tu le sais aussi bien que moi. Il suffit de s'arrêter quand ton intuition te le dicte. Elle me fit un petit sourire visant a me mettre en confiance, mais ma peur primale de la mort ne put être calmée si facilement. L'éventualité de mourir par cette nuit n'était pas des plus attrayantes...
- Non non Heliana, je refuse catégoriquement; on ne va pas mettre notre vie en danger pour si peu !

-Je te dis que tu ne risques rien Arjen, tu pourras t'arrêter quand tu le voudras.

-Non, ca ne suffit pas... Et puis qu'est ce qui te prend a vouloir jouer a un jeu si idiot ?
Helianna baissa les yeux sur sa main qui enserrait mon poignet crispé. Un long silence s'installa, ne laissant la place qu'au chant lointain des grillons et au crépitement des torches de la court.
Elle reprit finalement la parole, brisant le troublant silence de sa voix emplie de culpabilité.

-En faite, J'ai parié contre de l'argent... Avec Treador.

-Treador... L'incapable fils de riche ? Le vil faquin ? Ce jeune homme avait le don de me hérisser le poil a chaque fois que je le rencontrais. Toute l'école avait eu vent de la richesse de son père et de la cruauté crasse de son fil.
Il se racontait dans l'école que Treador père avait envoyé son fils dans cette école miteuse pour lui inculquer le respect des classes plus pauvres.... Ce qui ne fonctionna bien évidement pas. Treador avait tout ce qu'il pensait être important, c'est à dire les filles et l'argent. Il n'avait aucune envie de travailler dans quelque matière que ce soit. Juste créer un remue ménage dans tout l'école et forniquer avec toute les filles trop bêtes pour comprendre que la sexualité n'était rien de plus qu'un jeu pour lui.
Il se délectait de faire craquer les gens... Sa pratique la plus courante était d'attirer une personne grâce a l'argent, et l'utiliser comme une marionnette... Comme il l'avait fait avec Helianna, et par conséquent, moi même.

-... Il m'a proposé mille Adenas... Assez pour pouvoir m'acheter les derniers bouquins d'alchimie et des ingrédients supplémentaire. Je ne pouvais pas refuser Arjen...

- Tu aurais du m'en parler ! Maintenant on est tous les deux impliqués dans le même problème. Je soupirais lourdement, fixant la jeune fille d'un air accusateur.

-Oui... Je sais. Mais il suffit que je gagne contre toi... Écoute, tu n'aura qu'a faire durer un petit peu; faire croire que tu veux véritablement gagner, puis t'arrêter quand tu le souhaites. D'accord ?

Je soupirais à nouveau avec lourdeur, comme si la simple idée de participer a ce jeu idiot m'épuisait au plus haut point, puis je repris d'un air agacé : « C'est d'accord... Allons chercher le bâton »


Helianna m'entrainait dans les couloirs tortueux et frais de l'école comme si j'étais un néophyte, faisant une visite guidée du bâtiment.
Nous arrivâmes après deux minutes de marche devant la lourde porte menant a ma ridicule chambre.
-Attend moi ici, s'il te plait. Je ne voudrais pas que l'on nous surprenne entrain de sortir ensemble de ma chambre.

-Oui... Bien entendu.

Les relations amoureuses n'avaient rien de clandestin a sein de l'école. Mais laisser pénétrer une femme dans la chambre d'un homme, et réciproquement, était proscrit. De plus, cela pouvait emmener a diverses spéculations plus ou moins contraignantes pour la vie des concernés.

Helianna s'adossa au mur de pierres grisâtres, tandis que je cherchais la clef de ma chambre dans ma poche, puis la glissait dans la vielle serrure grippée.
Ma chambre était d'un ridicule abjecte. Tant par la taille que par l'agencement. Tout d'abord l'éclairage : Une seule et unique bougie dispensait un éclairage tamisé et qui fatiguait les yeux. De plus, de par sa position, lorsque j'étais assis sur le bureau, l'ombre de mon propre corps se projetais sur mon livre, m'obligeant à me tortiller pour laisser le passage aux précieux rayons de lumière.
Il en allait de même pour le lit. Celui ci était positionné juste en dessous de la fenêtre au cadre gondolé par la pluie. Les nuits d'hivers étaient fraiches, et les rhumes courants.
Il en allait de même pour mes placards. Ceux ci étaient totalement détruits par les anciens propriétaires. Les portes avaient la fâcheuse tendance a s'ouvrir toute seules en émettant un grincement sinistre.
N'ayant pas la place pour ranger mes livres, je les déposais tout simplement soit sous mon lit. Soit, sur mon bureau. Dans les deux cas il m'arrivait souvent de les retrouver mordillés, percés et griffés par les rats, quelque chose qui m'irritait au plus haut point. Les livres étaient sacrés pour moi.
J'ouvris la porte de mon placard qui grinça sur ses gonds, puis retirait divers habits de l'intérieur pour les poser avec précaution sur le lit. L'accès enfin libéré, je sortit un étuis en bois gravé de mon nom. Chaque mage, a la fin de son premier niveau recevait son bâton fourni avec son étuis, gravé de son nom.
Je mis la boite sous mon aisselle et ouvrit la porte, retournant dans le couloir. Helianna n'avait pas bougée. Les bras croisés contre sa poitrine, fixant le mur d'en face.
Elle tourna la tête une fois passé dans son champ de vision.

-Fin prêt ?

-Oui. Nous pouvons y aller.

Helianna se redressa et commença à marcher en direction de l'amphithéâtre à ciel ouvert, le duel aura lieu la bas.
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Re: Arjen

Message par jhon117x » lun. 25 janvier 2010 à 21h38

Le sang bouillonnait devant moi. Remplissant mon champ de vision d'une marrée couleur noir ébène. Puis, en une fraction de seconde, celui-ci se retrouva projeté contre mon corps. Me souillant de sa culpabilité jusqu'à l'os. Le noir total, les rires frénétiques de l'assemblée. La morsure du sol contre mes genoux, l'irrépressible envie de rendre. Le monde tourbillonnait autour de moi, comme s'il s'agissait d'une toupie infernale...
Le duel avait pourtant bien commencé. Helianna et moi étions face à face, entourés d'une dizaine de personnes, tous de la bande à Treador. Elle avait brandi son bâton perpendiculairement au sol et avait prononcé l'incantation ardente. Le premier sort que l'on apprenait à l'école de magie.
Puis ce fut mon tour, il me fallut trois essais pour enfin parvenir au résultat souhaité. Chacun de mes échecs était suivi par des rires moqueurs et des gloussements désagréables.
Finalement, l'atmosphère autour de la boule de cristal se mit à chauffer, créant un léger courant d'air. Une série de petits craquements peu rassurants me commandèrent d'arrêter sur-le-champ. Mais je me rassurais tout seul, me disant que ce n'était que le bois qui se vidait de son humidité et craquait sous la chaleur... Après quelques minutes de chauffe, le liquide catalyseur commença a prendre une teinte bleu vert inédit, puis se détacha du sommet du cristal pour se coller au fond dans de petites gouttes. Je pus apercevoir à travers la vague de chaleur tremblotante que le bâton d'Helianna en était au même stade.
Son sourire s'était effacé et une moue de concentration avait pris place sur son visage habituellement si doux. Le seul fait de rapprocher le bâton de mon corps me faisait suer de chaleur et trembloter de peur, je le tendis alors le plus loin possible de moi, le regardant d'un air méfiant. Je tenais une bombe à retardement...
La moitié du liquide catalyseur était devenu vapeur, ne créant plus qu'un brouillard ou quelques gouttelettes venaient se coller contre la paroi de la sphère, avant de disparaître a nouveau. La chaleur devenait insupportable. Même bras tendu, l'atmosphère brulante séchait mes yeux, m'empêchant de les ouvrir totalement. Tout mon corps me criait d'arrêter ce jeu idiot. De vifs tremblements parcouraient ma main gauche que je cachais dans ma poche, de peur que les autres ne me prennent pour une poule mouillée. Ma main droite, elle, était crispée sur le bâton comme s'il s'agissait d'un morceau de branche auquel je m'accrochais frénétiquement pour ne pas tomber dans le vide. Je tournais à nouveau la tête vers Helianna. Il était bien plus dur de la voir à présent, la vague de chaleur entourant mon bâton avait encore augmenté et il devenait plus compliqué de discerner quelque chose derrière elle.
Pour me détendre, je décidais de proférer une petite boutade visant à faire sourire, oublier l'objet de mort incandescent que je tenais entre mes mains.

-Hé tu la connais celle-là Helianna ? C'est papa orc et bébé orc qui sont à table et qui festoient comme chaque midi. Le petit n'a pas touché à son assiette et dit a son père : « Papa j'aime pas grand-mère... » Et le père lui répond : « Hé bien laisse-là sur le bord de l'assiette. »

Un sourire déformé par la chaleur se dessina sur les lèvres de la jeune fille, et un petit rire s'échappa. Elle me regardait avec ce regard empreint de malice, les yeux brillants.

-Ah ah ! Arjen, tu es vraiment trop...



Le bâton d'Helianna émit soudain un craquement cristallin. Une vive impulsion d'adrénaline me foudroya, ralentissant ma perception du temps. Tout était tellement clair, précis, d'une beauté saisissante. Je vis le cristal se fissurer en plusieurs endroits en même temps, se désolidarisant de sa structure. Repoussé par le gaz qui réclamait de la place, toujours plus de place. La fumerolle, au contact de l'air froid entra dans un phénomène de compression intense, se repliant sur lui même. Attirant en même temps les morceaux de verre qui n'avaient pas encore eu le temps de chuter sur le sol. Pendant quelques fractions de secondes, je vis ce que peu de gens encore vivants purent décrire comme une « sculpture divine ». Le catalyseur, sous l'effet de sa propre absorption de chaleur s'était rétracté sur lui même et avait chauffé, faisant fondre le verre, celui-ci fondit instantanément, formant de magnifiques arabesques uniques. Seulement focalisé sur cet évènement, il m'était impossible de voir le visage d'Helianna à cet instant. Était-elle elle aussi subjuguée par la vue qui s'offrait devant ses yeux ? Ou peut-être, était-elle terrifiée par le triste sort qui l'attendait... Seul l'architecte le sait, à présent.
La sculpture perdit de sa cohésion. Formant un vif halo de lumière bleue blanc. Puis, une explosion. L'œuvre éclata sous mes yeux impuissants, d'une force incroyable. Faisant raisonner mes tympans, me repoussant en arrière par son souffle. Tel un majestueux dragon, les flammes s'emparèrent de la scène, transformant le tableau d'une splendeur inégalée en un sombre enfer ou règne le chaos...
Puis le sang bouillonna... Le sol mordit mes genoux. Les rires frénétiques de mes camarades emportèrent mon esprit dans les méandres de la nuit et de la confusion.
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Re: Arjen

Message par jhon117x » jeu. 25 février 2010 à 01h03

Le réveil ne fut pas celui auquel je m'étais attendu. Helianna n'était pas là. Elle n'était pas à mes côtés. Treador, lui, si. Ils me regardaient tout sourire, alors que j'étais allongé dans mon lit, nauséeux. Mon bras me faisait souffrir, je tentais de le lever pour regarder dans quel il était. À première vue, il semblait intact. Une simple tache de sang avait traversé le bandage provisoire. Cependant, la simple vue du liquide écarlate me donna envie de rendre. Me voyant combattre ainsi mon envie de régurgiter ma bile, un des camarades de Treador me vint en aide, m'apportant un seau. Mon envie enfin soulagée, le sale gosse reprit son sourire dégoutant et me dit d'une voix qui se voulut pleine d'éloges :

-Bravo champion. T'a gagné le pari... Tu es très fort... Arjen, c'est ça ? T'a blague l'a littéralement fait mourir de rire ha ha ! Tiens, voilà tes mille Adenas mon brave. Ce fut un spectacle des plus distrayant.

Il déposa sur mon drap les deux minables pièces dorées, toujours dans ce même abominable sourire. Puis, sa bande et lui s'en allèrent sans dire un mot de plus.
Ma seule envie était de me lever et de leur coller mon poing dans la figure et de leur faire comprendre ma rage... Ils m'avaient fait tuer mon unique amie. Mais que pouvais-je faire contre un fils de riche bourgeois ?

***





Pourquoi ce souvenir était-il revenu déjà ? Je l'ignore. C'était certainement à cause de ce macchabée découvert dans la neige. Parfois, il suffit d'un simple dénominateur commun pour que l'esprit fasse le rapprochement avec un évènement passé.
J'avais dû décomposer le corps en ses constituants les plus simples afin que personne ne puisse le retrouver. Encore de l'argent jeté par les fenêtres. Les ingrédients pour une telle transmutation étaient chers et rares... voilà pourquoi peu d'assassins faisaient décomposer leurs cadavres. De plus, le cercle de transmutation était extrêmement complexe. Il devait y figurer les six éléments principaux à décomposer. Ici, l'oxygène, le carbone, l'hydrogène, l'azote, le calcium et le phosphore. L'hypothétique assassin aurait dû avoir de sacrées connaissances en alchimie pour pouvoir produire un tel cercle.
Il ne me restait plus de ce mystérieux Urriel Joesha que sa chevalière en or massif. Je m'étais promis de la faire fondre une fois rentré de Gludin. Il n'en serait que plus aisé de la vendre ainsi.

Gludin était le genre de petite ville avec le vent en poupe. Port d'attache des navires-venants de l'ile parlante, un commerce non négligeable pour le royaume s'effectuait dans cette ville. Il arrivait parfois même que le port de Gludin fasse de l'ombre à celui de la capitale économique du royaume : Giran. La pêche du poisson était l'activité principale de cette petite ville. Deux fois par semaine, la bourgade se transformait en un noyau de population bouillonnant et bruyant, faute au marché. Il m'arrivait souvent de me déplacer jusqu'à Gludin pour me fournir en hareng séché pour mes petits monstres, et je me surprenais parfois à flâner dans la ville, un sourire béat sur les lèvres. La plupart des gens là-bas – si simplets soient-ils – étaient d'une sympathie communicative, ce qui est plus que normal, quand plus des trois quarts de l'année est baignée par un soleil radieux. De plus, le passé de la ville n'avait pas été des plus faciles, d'où le relativisme optimiste de la population. Le village qu'était Gludin l'ancienne avait été par deux fois rasé. La première fois par les hordes de mutins orcs, et la seconde par une vague géante précédée d'un tremblement de terre. L'architecte avait été capricieux avec cette ville.
Depuis, la nouvelle Gludin a été reconstruite sur les plans de l'ancien village, en plus grand, cependant. De hauts remparts avaient été érigés tout autour de l'enceinte de la petite citée portuaire, la reléguant au rang de place forte lors des sièges et des diverses guerres. Gludin n'était plus tombée depuis bien longtemps.

J'entrais enfin dans Gludin. Deux gardes du royaume étaient stationnés dos aux murs de la porte sud. L'allure fière et le dos droit. L'un d'eux me dévisagea d'un œil torve, puis finalement me laissa passer sans effectuer de contrôle sur ma personne. Encore un garde zélé. Certainement un profane.

La place centrale était baignée de blanc tant la neige était tombée. Cette fichue vague de froid avait annulé le marché d'aujourd'hui. Mais qu'importe; Ma mission était de me trouver un équipement potable afin d'aller chercher les ingrédients alchimiques, je n'avais pas le temps de me préoccuper des autres. J'entamais alors ma marche vers le quartier marchand qui se trouvait a l'autre bout de la place, m'attardant sur de petits détails, comme les éclairages urbains recouverts de neige ou les différentes traces de pas sur le sol pavé. Marcher seul n'est jamais très distrayant, il est souvent préférable de se concentrer sur tout et n'importe quoi pour ne pas s'ennuyer.

L'échoppe était des plus banale : située dans un angle de rue, dos à la banque naine. Elle arborait un grand écriteau suspendu par une tige en métal par des chaines. Sur celui ci ont pouvait difficilement lire « Armes & Armures » tant la peinture était décrépie par le soleil et le temps.
La porte était fermée, certainement à cause du froid. On ne laisse pas une porte ouverte lorsque l'eau gèle dehors.
Je saisis la poignée alors, me gelant ses doigts contre le métal glacé puis poussait. La porte émit un long grincement lorsqu'elle commença à se mouvoir sur ses gonds, il y eut ensuite un petit tintement de clochette, le signal d'alarme disant qu'un potentiel client vient d'arriver dans la boutique. J'entrais dans le magasin, refermant la porte du pied, me frottant vivement les mains gelées puis, m'avançait vers le comptoir vaquant.
L'atmosphère qui régnait dans l'échoppe était diamétralement opposée à celle de l'extérieur : cinq candélabres éclairaient faiblement la pièce, lui donnant un aspect presque mystique. La luminosité extérieure n'était presque pas visible à travers les carreaux grossiers qui servaient de vitres. Accrochés aux murs il y avait des armures, des cottes de maille et des tableaux qui devaient certainement montrer la rigueur et le talent du forgeron. Mais ces objets étaient tellement recouverts de poussière que le client devait plus se poser des questions sur les talents de la femme de ménage plutôt que sur ceux du forgeron.
Dans un tonneau étaient disposés diverses épées rouillées et émoussées. Du matériel d'occasion revendu par des aspirants guerriers qui ont certainement du comprendre que se battre était contre-productif et qu'il fallait se mettre à la guipure au lieu de jouer les apprentis héros.
Le marchand me sortit de ma contemplation lorsqu'il se présenta derrière le comptoir. Il s'agissait d'un homme de taille moyenne au visage dur et mal rasé. Il me regardait de ses yeux pris de cerne se demandant surement ce qu'un guignol faisait dans son échoppe.
Il prit la parole, me laissant tout le plaisir de humer son haleine puant l'alcool :

-Qu'est-ce qui' peu faire pour l'monsieur ?

Je le fixais quelques instants, l'air abrutit puis lui répondit.

-Je voudrais acheter de l'équipement d'assez bonne facture, on m'a dit que c'est ici que je pourrais me fournir.

-Ah ça mon bon m'sieur, c'est en effet ici que vous pourrez vous fournir. Mais il va falloir allonger les Adenas... Je suis l'seul marchand d'la région et j'compte bien gagner ma vie !

Je me retenais de lever les yeux au ciel. Un fort pressentiment me prenait. J'allais une fois encore perdre inutilement de l'argent.

-J'aurais besoin d'un bâton de mage, avec une mesure de liquide catalyseur, et puis...

-Oulàà ! Vous comptez faire la guerre où quoi ? Une m'sure ! Mais vous z'etes fou ! Avec ça vous pouvez au moins abattre une souris a deux pieds de distance Ah ah !!

Le marchand se mit à rire d'un rire gras et désarmant . Une mesure de liquide était deux fois plus que ce que j'avais dans mon ancien bâton... Je me souvenais clairement pouvoir faire de sacrées étincelles avec si peu de liquide...

-E...Écoutez ! Je vais vous faire un p'tit prix, vous me paraissez être un bon couill... client. J'ai dans la réserve un bâton de trois mesures de liquide. En avoir autant est illégal, mais wouah ! Personne ne vous résiste avec ce truc entre les mains !

-Non, vraiment pas besoin de vous déranger pour ça...


Il était déjà trop tard, le vendeur avait filé dans la réserve en sifflant un air complètement faux sans me laisser le temps de protester. Il revenait bientôt avec un bâton enroulé dans une couverture. Il la posa sur le comptoir et l'ouvrit. Je clignais des yeux plusieurs fois avant que l'information ne monte à mon cerveau.

- M..Mais c'est un bâton d'absence !

- Exact mon gars ! Un bâton d'absence.
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