[BGhumain] Lyael

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Laën
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[BGhumain] Lyael

Message par Laën » dim. 18 avril 2010 à 23h47

[
[27/05 : edition des descriptions]
Fragments de vie : (cette partie décrit des bouts de la vie de Lyael durant son périple, jusqu'à son arrivée sur le continent qui clôt ainsi son errance.)
I - II - III - IV - V - VI

Chapitres normaux : I - II - III -IV - V

Voilou, bonne lecture :)]



Nom : Amnell
Prénom : Lyael
Âge : 19
Alignement : Chaotique bon
Croyances : Eva (modérée)
Langues parlées : Commun, elfique. (appris auprès d'une Elfe)
Particularités : Elle se promène toujours avec un calepin accroché à la ceinture duquel pendouille un crayon usé, elle y note tout ce qui lui paraît intéressant. Elle est amasseuse (tic qui se caractérise par le désir de garder tous les objets qu'elle trouve, malgré l'inutilité de ceux-ci) et a une étrange fascination pour les naines, les blonds, les types en collant, le vert et les patates. Son rêve est d'arriver à réunir la somme de 500 millions d'Adenas. Pourquoi ? Mystère...
Elle ne supporte pas l'alcool : une simple gorgée de ce liquide la fait devenir complètement gaga.

Description Psychologique :
Lyael est une personne d'un naturel franc, souvent moqueuse, elle apprécie le cynisme et l'ironie. Elle est prompte à se mettre en colère, quand elle sent que quelque chose menace ceux auxquels elle tient secrètement, et se rend volontairement difficile à décrypter. Elle était autrefois très agitée et bagarreuse, mais sa décision de changer de religion semble avoir provoqué des changements dans son comportement. Elle a l'esprit assez mal placé, et c'est une vraie commère.
Elle fait preuve de beaucoup d'esprit d'initiative, et agit souvent par intêret.
Outre un goût très prononcé pour la bataille à distance et la fuite, elle apprécie les choses qui brillent. De manière générale elle a un caractère très versatile, et contre toute attente, fait preuve d'un énorme talent à l'écrit. Sa curieuse obsession pour les patates reste inexpliquée...
Elle est à l'origine de tous les plans foireux dans lesquels elle s'est retrouvée, innovant tour à tour pour faire mieux dans le pire.

Description Physique
:
Elle a la peau extrêmement pâle et est petite (une personne de taille "normale" la dépasse de dix centimètres au moins). Elle ne complexe pas spécialement sur sa taille, et est assez frêle : dans son dos est toujours attaché un arc et un carquois de flèches toujours à portée de main. Elle a de longs cheveux châtain attachés en une couette haute, et la forme de ses oreilles est à mi chemin entre celle d'un elfe et d'un humain. Insomniaque, elle présente souvent de légers cernes autour des yeux. Son corps est d'une grâce qui n'est pas sans rappeler la grâce elfique, et elle est très souple.
Avis sur les races :
Nains : Elle s'en méfie, car elle-même et cette race partagent la même obsession des adenas. Aux yeux de Lyael, un nain est donc un potentiel rival.
Orcs : Plutot impressionnée par eux.
Humains : Pas d'avis
Elfes Sombres : Son comportement avec ceux-ci change en fonction du comportement de la personne qui est en face. Mais, de manière générale, elle est plutôt méfiante avec ceux-ci (et hargneuse avec les femelles de cette race).
Elfes Blancs : Elle leur voue une admiration sans bornes.
Débuts.


Un petit village au fond des bois, tenant plus du regroupement de chaumière qu'autre chose, une nuit de pleine lune. Tout semblait calme, hormis peut-être les moutons ronflant paisiblement en rêvant de fourrage dans leurs enclos et quelques tofus gazouillant en se disputant des graines tombées de la dernière récolte de blé et d'avoine. Ainsi que des cris horribles.

Les cris venaient d'une chaumière située en bordure du village, ou un attroupement s'était spontanément formé. Ils provenaient d'une femme enceinte allongée sur son lit, le front en sueur et regrettant visiblement de ne rien avoir pour calmer la douleur des contractions. Les cris provenaient également d'un homme se tenant aux cotés de la femme enceinte, regrettant visiblement d'avoir les cheveux aussi long et d'avoir commit l'erreur fatale de s'etre approché a porté de main de sa femme. La sage femme, qui avait eut la présence d'esprit de s'enfoncer des bouchons dans les oreilles, histoire de ne pas devenir sourde, soupira en se demandant si ce ne serait pas une bonne idée, doublé d'un service rendu a la société, d'assommer les deux futurs heureux parents.

Les villageois massés devant la porte attendaient, les yeux embrumés de sommeil, de savoir ce qui se passait exactement. Des paris étaient en cours et l'option "égorgement de cochon en vue de la prochaine fête de la moisson" remportait les faveurs loin devant les autres. Quelques personnes a l'arrière se demandaient même s'il ne feraient pas mieux d'aller chercher la garde, des fois qu'un drame serait en cours, avant de se dire que si c'était le cas, il n'y aurait pas autant de spectateur.

Après un regard entendu, ils tendirent le cou avec curiosité histoire de ne rien louper du spectacle.
Au bout de trois heures de torture auditive, un nouveau cri se fit entendre. Celui d'une fillette venant juste de naitre. Quelques minutes plus tard, le père sortit dehors, brandissant bien haut sa fille afin que tout le monde puisse l'admirer. La majorité des présents s'intéressèrent plus aux trous visibles dans la chevelure de l'homme qui arborait une expression de bonheur et de soulagement mêlés.
Inconsciente des visages nombreux qu'elle avait en face d'elle, la fillette nouvellement née leva les yeux vers la lune et resta ainsi, un petit sourire baveux aux lèvres, a la contempler de ses grands yeux noisette.

Lyael était donc née ici-même, dans le petit village où avaient élu domicile ses parents cinq ans plus tôt. Elle était fille unique ; Son père, Harald était un Elfe, peintre depuis plusieurs décennies ; sa mère, Laereth, était ce qu'on apelle une voleuse à la retraite. En ce sens, ce couple était peu commun : il était rare de voir un elfe et une humaine ensemble. Bien sûr, cette union était très mal vue, chez les elfes mais aussi chez les humains. Ils essayaient de vivre à l'écart de la population, loin des grandes villes, en territoire neutre. Ils s'étaient mariés quand même, discrètement, un jour de pluie, en petit comité.
Les Amnell avaient toujours affirmé avec la plus grand fierté qu'ils étaient parfaitement dans les normes, merci pour eux.

La jeune fille n'hérita ni de la chevelure blonde de son père, ni de la rousseur de sa mère : elle avait de très longs cheveux châtain. Cependant, son teint très pâle et la forme de ses oreilles indiquaient qu'elle n'était pas qu'humaine.
Elle regrettait de ne pas avoir eu de frère ou de soeur, et s'ennuyait souvent dans ce petit village, même si elle côtoyait les quelques jeunes du village à diverses occasions.
Lyael passait le plus clair de son temps à aider son père ou sa mère dans leurs travaux quotidiens, à lire, à se promener pour observer la nature (qui était développée en cette région) ou encore à s'entraîner au combat sur son épouvantail. Elle vivait dans une bourgade reculée, où personne n'était vraiment doué en maniement d'armes, et où personne n'en avait vraiment besoin. Elle fut une enfant froide à l'extérieur, d'humeur toujours égale et contrôlée, apprit à obtenir ce qu'elle désirait par l'hypocrysie, et jamais l'art du combat ne lui fut enseigné. Ses parents souhaitaient la protéger d'un monde qui n'aurait peut-être pas voulu d'elle, mais Lyael n'était visiblement pas du même avis. Elle maniait plutôt bien l'arc, s'entraînant en cachette, mais se révélait être d'une constitution affligeante et être très fragile physiquement.

Elle se sentait de plus en plus a l'étroit dans le petit village qui l'avait vu naitre et grandir. Au grand dam de ses parents, elle préférait passer son temps à voler dans les échoppes et courir un peu partout plutôt que de suivre ce que ses parents appelaient "la bonne marche des choses".
Le besoin de partir découvrir le vaste monde et de survivre par elle même se faisait de plus en plus pressant, au grand dam de ces derniers.
Alors qu'elle essayait d'échapper à un marchand particulièrement furieux de s'être fait voler ses pommes, Lyael s'enfonçait dans la forêt près du village. Malheureusement, elle avait fait abstraction de la présence de meutes de sangliers dans la forêt. Lyael n'eut pas le temps de voir arriver un troupeau vers elle...
L'état de la petite fille était déplorable. En effet, se faire piétiner par un groupe entier de sangliers n'est pas un accident dénué de conséquences.
Lyael était d'un naturel carthésien et cynique. Etait car après ce « petit accident », sa personnalité eut tendance à osciller entre « à peu près normale » et «complètement dingue». N'affectant en rien son talent pour l'écriture, cet accident réveilla chez elle certaines choses étranges, comme la haine des patates, ou l'obsession pour la couleur verte.

Une belle nuit, elle prit sa décision.
Elle emplit sa besace de vivre et de quelques vêtements de rechange, subtilisa dans la cuisine deux lourds couteaux peu affutés et se glissa dehors avant de s'enfoncer dans la foret avec un sentiment proche du soulagement. Liberté.

Bien vite, elle compris que la vie n'était pas aussi facile qu'elle l'imaginait, une fois loin de la sécurité du village. De nombreuses créatures rodaient, prêtes a tuer au moindre geste de travers. Ayant la force d'un bonhomme en pain d'épice et ses couteaux s'avérant inutiles, la jeune fille mis au point divers stratagèmes (plus ou moins foireux) visant a piéger ses ennemis. Après quelques semaines d'errance, la jeune femme finit par s'effondrer devant l'église d'Einhasad, blessée, affamée et déshydratée. Reprenant conscience, elle fit la connaissance d'une prêtresse, qui la soigna et l'aida à recouvrir ses forces. Le temps passa. Il fallait qu'elle aprenne à se servir d'une arme digne de ce nom.
Le temps était venu de repartir à l'aventure, et le chemin serait long et semé d'embûches.
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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » lun. 26 avril 2010 à 20h11

Fragments de vie

Lyael n'a jamais été quelqu'un d'extrêmement sympathique. Lyael, ce n'est pas grand chose, une demi-elfe tarée sur les bords, avec un mauvais humour et de drôles de réflexes, c'est ça, ouais. Une gamine qui n'a pas froid aux yeux. Gamine...Non, plus vraiment. Voila quelques années à ce jour, qu'elle se promène dans le monde.

Et c'est un jour, après ses entraînements délirants, qu'elle commença à écrire. Aujourd'hui, son carnet est dans un état épouvantable, trempé par la pluie et mangé par le feu. Pourtant quelques-uns de ces écrits sont encore lisibles. La couverture du recueil est couverte de sang séché, non pas de doutes, c'est bien ce fluide qui tapisse la page cartonnée. Cela s'écaille sous les ongles si l'on gratte un peu. Doucement, la couverture est soulevée, le livre ouvert. Il n'y a pas de dates. Juste le temps qu'il fait, dehors, en elle ?
Ce n'est pas une donnée indiquée. Sur la première page, encore en bon état, se délient les mots d'une enfance banale.

J'ai eu une enfance tranquille. Je fus instruite, comme tous les enfants, à la maison, par mon père et ma mère. J'appris à lire, à écrire, à compter.

Mais en grandissant, je devins consciente que, au-delà de l'amour que me portaient mes parents, il y avait aussi la haine et le mépris de tous ces voyageurs fortunés, qui me regardaient en ricanant, ou m'ignoraient complètement. Pourtant, avec des yeux émerveillés, je voyais les cortèges passer, les chevaux au pelage parfait, les calèches à l'allure fière, et ces femmes magnifiques qui voyageaient à l'intérieur...
Bien éduquée, je ne manquais pas de les saluer quand je les croisais, comme je le faisais avec voisins et amis, mais jamais je ne recevais de réponse.

Ma volonté de rencontrer du monde, d'apprendre sur les autres, se heurtait inlassablement à un mur d'indifférence. Je commençais à comprendre que, aussi sage et gentille je fus, cela n'intéressait pas ces femmes bien coiffées aux capes de tissu soyeux, ni ces hommes lourdement armés aux montures impressionnantes. Mes parents voyaient cela avec fatalité.
"C'est comme ça, Lily, me dit un jour mon père. Ils ne veulent pas savoir qui nous sommes, mais combien nous gagnons." Quelle idée étrange ! Pourquoi juger les gens ainsi ?



[...]
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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » mar. 27 avril 2010 à 15h16

Fragments de vie - II

C'est un soir de Juillet, sous l'éclat des étoiles,
Une nuit éphémère, où se déroule un bal.
La fête bat son plein, le son des instruments
Se répandant joyeux, en l'éther frémissant.
Pourtant dans la pénombre, je git abandonnée,
Réduite à l'état d'ombre, de chagrin accablée.
Les genoux repliés, j'épie les yeux luisants
La valse passionnée, que dansent deux amants.
Des courbes élégantes, des mouvements graciles,
Deux êtres en accord, qui devant moi défilent.
Ils se font des caresses, le regard attendri,
Les lèvres qui se cherchent, les joues un peu rosies.
A la fin du morceau, alors qu'ils se rapprochent,
J'étouffe mes sanglots, mes pleurs teintant la roche.
Je hurle à l'intérieur. Je crie mon désespoir.
Cette atroce douleur, cet hydre des plus noirs.
Mon cœur meurtri se serre, étouffe un battement.
Seule encore aujourd'hui, jour de mes dix-sept ans.


Seule.

[...]

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » jeu. 29 avril 2010 à 21h48

Fragments de vie - III

[ image externe ]
~~
Je cours à perdre haleine, hurle la peur qui m'entraine.
Un homme me course. Pour soulager ma bourse ?
Non !
Mais qu'ai je fais pour en arriver là ? Je ne sais plus, je ne sais pas !
Les souvenirs défilent, ténu j'en prend le fil.

Âgée de seize années, telle une pousse germée,
J'ai vu mes charmes grandir, mes formes s'épanouir.
Et lui m'a remarqué, s'est mis à me lorgner,
Puis il s'est approché, s'est mis à me chasser,
Et voilà qu'il veut prendre, lassé de trop attendre,
Ma vertu, son plaisir, ma pureté et en jouir.


Je heurte une racine, et chois dans une ravine,
Me relève, faire vite ! Mais bientôt je panique.
Car l'homme me rattrape. Il est là ! Il m'attrape.
Me prend par les cheveux, et m'attire à ses yeux.
Passe sa langue sur ses lèvres, et mes vêtements m'enlève.
Je crie ! Mais personne ne m'entend. Je sue et ai le cœur battant.
Je le le mord, je le griffe ! Lui me sonne d'une gifle.

Alors que l'homme m'enlace, je vois ma vie défiler.
Des images fugaces, des scènes esseulées.
Moi qui me prélasse, sous l'ombre d'un pommier.
Papa qui menace, mon repas supprimer
Si jamais trainasse, ces herbes à ramasser.
Les leçons d'alchimie, les vieux grimoires enfouis.

Les mains de l'inconnu au présent me ramènent,
Elles font les ingénues et sur moi se promènent.
Ô Eva je t'en prie, accorde moi ton aide !
Insuffle moi ton esprit, dans mes bras un remède !

Le démon lui insiste, mais ma ceinture résiste.
Et soudain j'aperçois, venant de son flanc droit
Un reflet argenté, un fourreau rapiécé.
Une dague ! C'est ma chance !
Sans réfléchir je la prend et m'élance.
Je déchire la chair, l'assaille de mon fer.
Le sang gicle, m'éclabousse. L'homme lui crache et tousse.
Les yeux révulsés, figé de surprise,
Il n'est plus à l'instant qu'un corps qui agonise.
Je sens la vie le fuir, et ses membres se raidir.
Un tout dernier assaut, l'ultime soubresaut,
Et il choit mollement, lâchant mes vêtements.

Cette scène horrible, en moi toujours ancrée,
Me fit être timide, non, bien pire, timorée,
Comme fleur qui s'étiole, mon âme fut marquée,
Par cette ébauche de viol, et à jamais lésée.
L'enfant maligne, espiègle, qui un jour j'ai été.
En ce jour maudit fut à jamais enterrée
.
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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » jeu. 29 avril 2010 à 21h53

Fragments de vie - IV

[ image externe ]

Aube blanche, jour de brume. Face à moi une plume
Se meut tout doucement, dansant au gré du vent.
Je la regarde descendre, admirant les méandres
Qu'en volant elle décrit, quiétude de l'esprit.
Elle valse dans la brise, se meut sans aucune prise,
Rémige opalescente, à la si belle descente.
Sa chute étourdie, sur mon front la conduit.
Sa caresse est si fine, la douceur si divine !
Je tend la main vers elle, la saisit par la penne,
Et d'un geste maternel, à mon cœur la ramène.
Cette essence si pure, je lui vouerai ma vie,
Afin que de mon âme un fragment soit transmis.
Dernière modification par Laën le ven. 14 mai 2010 à 12h01, modifié 2 fois.

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » sam. 1 mai 2010 à 21h35

(Ce chapitre décrit la rencontre de Lyael avec Noirdencre, autre de mes personnages.
Fragments de vie - V
Le jour de mes quinze ans, accablée de souffrance,
Je partis de moi même pour une longue errance.
Au cours de ce périple, en sa première année,
Je fis une rencontre qui devait me marquer...

C'était un jour d'automne, en début de saison,
Et les feuilles écarlates se comptaient à foison.
Plongée dans les tréfonds d'une forêt sans nom,
Je cherchais l'ingrédient manquant à ma potion.
C'est au détour d'un mur de ronces enlacées
Que je trouvai le corps d'une fille blessée.
Dont les bras mis à nus laissaient goutter en larmes
Un sang d'un rouge vif, du même que son arme.
Son teint était livide, ses lèvres de bleu teintées,
Et son regard si vide, que j'en fut terrifiée.
Il ne planait de doute, elle était en danger,
Et sans soins immédiats, elle allait y rester.
Je posai des garrots contre l'hémorragie
En priant qu'elle tienne au moins jusqu'à l'abri.
Je la pris sur mon dos, ménageant ses blessures
Et chargée du fardeau rejoignis la masure.

Je n'étais pas douée des mains d'Eva
Mais ce fut de mon mieux que je traitai son cas.
A renfort de potions, et autres infusions,
Je la menai sur la voie de la guérison.

Les journées ont passé, son corps cicatrisé,
Alors que son esprit s'est noyé dans la nuit.
Ses yeux sont grand ouverts, elle fixe le plafond.
Mais au cœur de leur noir git un abime sans fond.
Elle n'a plus de mémoire, sait tout juste parler,
Seul un abime noir fut par le choc laissé.
Peinée par son état j'ai pris la décision
De me faire sa mère jusqu'à sa rémission.
Mémoire de ce jour qui nos destins croisa
Je la dotai du nom de
Noirdencre.

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » ven. 14 mai 2010 à 12h02

Fragments de vie - VI


Lettres floutées de larmes, emplies de désespoir,
Voici un aperçu, de mes nuits les plus noires.



Sumbra, le 6 Fondgivre de l'an 42

Rage, douleur, désespoir
Au loin le jour est noir
Où fuir ? Où aller ?
Nul espace où reposer


Marka, le 15 Vertefeuille de l'an 42

Voile éphémère
Issu de terre
Éclat d'opale
Sur moi s'empale

Un flot de larmes
En moi s'écoule
Jamais tari
Mais il me coule

Je broie du noir
Une lumière luit
Ilot d'espoir
Point de survie

J'ouvre la porte
Flot d'émotion
Vague m'emporte
Barrière fond

Frêle la force
Qui meut ma vie
Nue sous l'écorce
Je tais mon cri

Nuages ébènes
Cieux d'acajou
L'amour me benne
Me fait joujou

Frisson du cœur
Nuit de rancœur

Cœur de cristal
Mur en argent
Le froid métal
Fait taire l'amant



Lunem, le 11 Brûleblé de l'an 42

"La caresse d’une lame, le bruissement discret d’un tremblement de terre,   
L’éclat brutal de la perle aqueuse heurtant avec fracas et chaos la surface du lac.   
   
Un été chaud qui berce l’esprit, l’hiver tendre qui murmure ses chants de désolation   
Ou le printemps meurtrier qui brise les belles landes ensanglantés par la douce neige des montagnes.  
   
Le tic-tac irrégulier d’une montre, le passage vagabond d’un temps incertain,  
L’attente infinie de la seule certitude.  
   
La vie est meurtrière,  
Nous hurlons en silence…."
  
Dernière modification par Laën le mer. 22 septembre 2010 à 19h27, modifié 1 fois.

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » ven. 14 mai 2010 à 13h07

Lyael avait pris pour habitude de marcher. Marcher sans but, marcher droit devant elle, marcher jusqu'au lever du soleil. Elle redécouvrait alors son pays sous les couleurs bleutées de la nuit, écoutait la mélodie des oiseaux endormis et du vent dans les champs de blé. Elle entrait en osmose avec la nature, se sentait fondre en elle. Elle se sentait intégrée dans le métabolisme d'un organisme merveilleusement paisible. La nuit, les choses lui apparaissaient autrement, plus belles, plus calmes. Presque poétiques. La nuit seule pouvait lui offrir la possibilité de se sentir si en paix avec elle-même. Et personne ne savait qu'alors, elle devenait presque Elfe.

Elle ouvrit silencieusement sa sacoche, en retira un petit carnet à la couverture de cuir noir, auquel était attachée une plume rouge écarlate. La couverture était craquelée et les pages légèrement gondolées, on devinait aisément que le carnet datait. Malgré tout, aucune page ne volait. La plume elle, était longue comme l'avant-bras, et avait conservé un éclat parfait. Elle ouvrit délicatement le carnet, révélant une page recouverte d'une écriture pointue et précise. Elle ne lut pas les mots, elle les connaissait par cœur. Elle les avait lus et relus pour ne jamais oublier les souvenirs qu'ils recelaient. Cela la rassurait de savoir qu'il y avait une trace de son passé, quelque chose de tangible, qui résisterait au temps.

Un calme parfait. C'était la pleine lune, qui déversait sa lumière blafarde sur le visage blanc de la demi-elfe. Sa peau de marbre ne sentait pas la fraîcheur de la nuit. Aucun nuage ne venait masquer les étoiles. Elle aimait la nuit. Ses longues nuits d'insomnie étaient contraignantes au début, mais au fil des semaines, elle avait appris à apprécier l'ambiance nocturne si particulière. Le chant des grillons ponctuait magnifiquement le tout. Et l'air de la nuit était rempli d'odeurs nouvelles, introuvables la journée. La poussière que les aventuriers suant soulevaient à grand bruit le jour retombait, les émotions se calmaient et se raréfiaient, les animaux cessaient de dégager l'odeur caractéristique de la peur. Le silence remplaçait tout ça.

Elle regarda encore un peu le ciel, la lune, les étoiles. Une émotion nouvelle étreignait son cœur, celle qui apparaissait quand ses souvenirs l'assaillaient tous d'un coup.
Tant de choses à raconter...
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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » mer. 26 mai 2010 à 13h38

Six mois s'écoulèrent. Lyael s'était très vite habituée à son nouvel environnement, et, au bout d'un mois, nul n'aurait deviné qu'il n'y a pas si longtemps que ça, elle avait vécu isolée à des kilomètres de toute présence humaine. Si elle possédait d'étonnantes connaissances, elle était sur bien d'autres points aussi ignorante qu'un bébé. Elle portait toujours attaché dans son dos un arc finement ouvragé qu'elle avait choisi avec soin chez un armurier..
Être constamment armée ne relevait pas d'un caprice ou de la crainte d'une agression. Elle considérait son arc comme un premier jalon sur la voie qu'elle avait décidé de suivre et qu'elle définissait d'une simple maxime : ne dépendre de personne. Lyael acquit en douceur les réflexes d'une fille de la ville, et de ville en ville, les rencontres se faisaient nombreuses. Lors d'une soirée quelque peu animée, elle avait croisé la route de Jaëlle Durlois, une humaine altruiste qui se préoccupait peu de sa propre personne pour aider les autres, et de la Sombre Tamika, de laquelle elle s'éloignerait plus tard. Jaëlle, Swann, Cala, Kizzt le mercenaire, Isadrienia, Allen étaient autant de personnes qu'elle avait croisé, qu'elle estimait et pour qui elle était prête à donner de la sienne.

Elle s'épanouissait. Bien sur, la concernant, ce terme était à prendre avec mesure. Croire modérément en Eva avait quelque chose de satisfaisant à ses yeux. Elle aimait sa déesse, d'une manière dont elle ne parlait à personne, pas même à Jaëlle. Elle se traitait régulièrement et silencieusement d'idiote, d'aimer une divinité quand son monde était supposé être rationnel. Pourtant c'était ainsi, Eva était comme à ses côtés, guidait ses rimes et sa voix lorsqu'elle chantait, à tout instant.

Elle éprouvait régulièrement le besoin de « méditer ». Elle allait au temple, la nuit. La nuit, parce que personne ne pouvait la voir, donc personne ne savait. Non pas qu'elle priait, simplement la méditation là-bas lui paraissait parfois plus simple. Elle se plongeait dans une transe profonde, de préférence sur un toit pour être tranquille, et ainsi, elle pouvait réfléchir, apaiser son esprit. A force de méditation, elle finit par vouloir tenter de nouvelles expériences. Elle tenta d'abord de parler avec sa Déesse. Elle ouvrait son esprit le plus largement possible, au monde qui l'entourait, à cette chaleur qui l'envahissait, en essayant de faire couler de son esprit son envie de communiquer. C'était devenu une obsession. Pourquoi voulait-elle tant parler avec elle ? Possiblement parce qu'elle connaissais peu d'être immortels et que, en tant que divinité, elle avait peut-être des réponses à lui fournir. Une raison à cette existence contre-nature.
Au fond d'elle, Lyael avait passé presque toute son existence à chercher pourquoi même cette existence... Ses tentatives se révélèrent infructueuses. Elle se dit que les Dieux ne voulaient probablement pas interférer avec leur monde, ou alors qu'elle y arriverait si elle avait plus de foi en ce qu'elle faisait. Or elle n'était pas complètement habitée par la foi... Elle bottait en touche, pour résumer. Alors elle voulut se consacrer à l'art de manier l'arc, avec le soutien modéré de l'académie Elfique. Elle s'employait à apprendre la langue elfique aux côtés de Swann, la fascinante, à qui elle portait un respect sans bornes.
Un frisson de joie anticipée parcourait son dos lorsqu'elle songeait aux découvertes qui jalonneraient sa vie, entourée de ses compagnons.
Dernière modification par Laën le lun. 5 juillet 2010 à 20h20, modifié 3 fois.

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » dim. 6 juin 2010 à 12h54

Sendo avait accepté d'enseigner l'archerie à Lyael et, même s'il semblait moins fermé qu'avant, ce qu'on lui avait dit sur lui s'était révélé être vrai ; son enseignement était impitoyable. Bien qu'elle lui soit reconnaissante de lui avoir montré les terres Elfiques, elle craignait quelque peu les futures épreuves auxquelles il allait la soumettre.
La demi-elfe se dirigeait vers la ville de Dion, l'arc dans le dos, après avoir effectué ce qu'elle appelait le « décrassage matinal ». Ses vêtements étaient terreux, et pour cause ; la jeune femme semblait avoir passé le début de la matinée à chasser dans les plaines. Elle avait dans sa main droite une masse de belle facture, concue pour les Nains mais qu'elle semblait manier avec aisance malgré sa frêle carrure. La dernière lubie en date de Lyael était d'apprendre le maniement des armes lourdes, et les rudiments du commerce ; ainsi espérait-elle pouvoir s'enrichir en revendant des matériaux.
Ses pas l'amenèrent dans l'enceinte de la ville. Elle ne savait pas pourquoi, jusqu'à fouler les marches menant au gîte de son amie Jaëlle. Elle n'avait pas ses clefs ; elle n'en avait pas besoin. Un coup de pied énergique eut raison de la porte vermoulue. Elle pénétra dans le couloir, savourant la légère odeur d'habitat ancien qu'elle associait à son « chez-elle ».
Son chez-elle... Jusqu'à maintenant, de rares endroits avaient obtenu l'appelation de « maison de Lyael », et cette dernière les avait quittés peu de temps après y avoir élu domicile. Elle était passée par les rues de Giran, son auberge, celle d'Oren et avait habité une minuscule maison près d'une cascade qu'elle appelait sa « planque », un squat intermittent et plutôt sûr, mais qu'elle avait préféré quitter lorsque elle avait appris que le légitime propriétaire -car il y en avait un- risquerait sûrement de l'y surprendre. Elle avait alors recommencé à dormir par-ci, par-là. Jusqu'à ce que Jaëlle décide de retaper le vieux gîte qu'elle avait hérité de son grand-père, jusqu'à ce qu'elle décide d'y loger une Elfe et une humaine, jusqu'à ce qu'elle invite de force Lyael à venir y habiter en lui annonçant que c'était leur maison.
« Je suis rentrée... » clama-t-elle nonchalamment, dans l'espoir de localiser les habitants de la bâtisse. Un silence lui répondit.
Les rayons du soleil traversèrent la fenêtre, réchauffant le visage pâle de Lyael. Elle se frotta les yeux et s'assit sur la grande table en bois qui trônait au milieu du salon. Elle s'étira, songeuse.
Qu'allait-il advenir de leur quatuor ?
[Subclass Bounty Hunter]
Dernière modification par Laën le lun. 5 juillet 2010 à 20h21, modifié 3 fois.

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » dim. 13 juin 2010 à 13h03

Lyael ferma les yeux. Eejil, sa monture, commença à piaffer, effrayée sans doute par l'atmosphère étrange qui régnait dans la forêt. Elle inclina la tête vers la droite, comme si ça pouvait lui permettre de mieux entendre. Le souffle du vent dans les arbres, le grincement des troncs, le murmure des animaux, la bruine qui se déposait sur elle... La demi-elfe se laissa absorber par ce que ses sens lui transmettaient. Sa main toujours froide se porta à son coeur. Un souvenir. Une preuve.

Maintenant que l'inquiétude sourde pour son amie grandissait en elle, son esprit commençait à s'ouvrir aux possibilités les plus inenvisageables. Son instinct lui avait dicté la bonne chose à faire, tenta-t-elle de se persuader. Son regard se dirigea vers le Nord. Elle talonna Eejil. Son amie pouvait-elle seulement entendre ? Comprendre qu'on arrivait pour elle ?

Le trajet était passé dans un flou artistique. Quand avait-elle abandonné sa monture ? Était-il possible que la demi-elfe fut si rapide, même plus qu'avant ? Elle ne prit même pas le temps de flatter son égo davantage. Elle avait élaboré des centaines d'hypothèses quant à ce qu'elle trouverait là-bas. L'entrevue avec Seryn avait apporté de l'eau à son moulin...
Son visage trahissait l'alerte. Il se crispait de contrariété. Elle n'était plus très loin de la cascade, elle espérait y arriver rapidement. Son esprit tournait de plus en plus vite, le visage de son amie apparaissant par flash. Elle ne cessa pas sa course, et pila net dès qu'elle fut arrivée devant la cascade des Anges.

Le corps entier de Lyael se crispa sous l'assaut de la crainte -sa propre crainte- et elle porta involontairement la main à son coeur. Où était-elle ?
Le paysage qui s'offrait à elle était magnifique, presque mystique. Mais elle n'en avait que faire. Ses yeux parcourraient chaque parcelle de terre, chaque roche, chaque relief, dans l'espoir de trouver un signe qui aurait pu lui indiquer la présence de son amie. Alors qu'elle inspectait le lac au bas des chutes, une butte de terre en contrebas, tout près de l'eau, attira son attention. Et en son centre...
Souffle chaud, inanimée, sur le dos, une jeune femme se trouvait.

Ses jambes se mirent en mouvement bien avant qu'elle leur ait ordonné. Elle se mit à courir, sauta dans l'eau et franchit le bras d'eau glacée qui la séparait de la parcelle de terre où était allongé le corps, le coeur serré d'une terrible peur face à ce qu'elle allait découvrir. Elle vacilla.
Il ne fallait pas qu'elle s'effondre, elle devait penser clairement... Jaëlle était inconsciente ? Morte ? Non !

Le rouge de la tunique de Lyael, si foncé, brillant...
Cette couleur, si sombre et si délicate, teintait l'acier de la lame que Jaëlle tenait dans sa main fermée.
Et le sol teinté de sang...
Et son visage...

La cascade continuait de battre son plein, laissant de grands ruissellements d'eau aller nourrir le fleuve, allant nourrir la terre. Fracas.
Et pourtant, un ruissellement n'était pas comme les autres. L'eau pure n'était pas translucide, cristalline. Effusions de plasma, globules, hémoglobines rejoignait bientôt les autres petits ruisseaux, pour aller abreuver la terre de son vermeille vitaminé, jeune. Le visage de Jaëlle, ce visage qui souriait tant pour les autres, était désormais barré de deux terribles entailles desquelles s'écoulait le liquide vermeille.


« Jaëlle, ma grande, Jaëlle, je suis là, m'entends-tu ? » Suppliait-elle, des larmes venant tracer des sillons humides sur les joues au teint cadavérique de la demi-Elfe.

Elle fouilla dans son sac précipitamment, en sortit un parchemin et incanta pour les ramener, elle et le corps inerte de son amie, en ville. Elle courut pendant de longues minutes, Jaelle et son visage ensanglanté dans les bras, passa devant les quelques habitants sans aucune déclaration, pour finalement arriver au seuil de l'hopital Goddarois. Elle la déposa sur un lit, les membres tremblants, et posa son regard sur son visage quelques minutes avant de sortir en courant. Il fallait qu'elle trouve quelqu'un qui aurait les compétences médicales et qui saurait s'occuper de son rétablissement... Jusqu'où était-elle prête à aller pour sauver son amie ?



~



Elle avait sa dose. Sa dose de fatigue, sa dose d'angoisses, sa dose de sang, sa dose de douleurs. Elle considérait tout ça, et surveillait sans pouvoir faire grand chose l'immense trou qui se creusait dans son cœur, dans ses entrailles. Comment avait-elle pu se laisser aller ainsi ?
Elle tentait d'apparaitre telle qu'elle voulait qu'on la voie, libre, droite et inflexible. Elle voulait sa carapace de diamant de dix centimètres d'épaisseur. Elle aurait supplié n'importe qui pour ça. La peur compressait sans merci aucune son cœur battant. Ses yeux embués déversaient des vagues de larmes. Couchée contre son arbre au beau milieu de la nuit, seule, en silence, la demi-elfe pleurait. Elle n'aurait appelé à l'aide pour rien au monde.

Personne ne savait, personne n'avait à savoir. Les traits tirés, les yeux rouges, ça faisait partie du boulot.

Lyael avait les yeux grands ouverts dans l'obscurité. Son corps lui semblait lourd, adossé à cet arbre sur la place d'Oren, sa bouche était pâteuse. Il faisait nuit dehors. Elle tenta de se rappeler comment elle en était arrivée là, quelle tâche elle avait laissée en suspens, ce qu'elle devait faire à présent. Néant.
Elle pouvait la défendre contre des monstres ou des personnes qui voudraient profiter de ses faiblesses apparentes. Elle pouvait même lui acheter des équipements, des armes pour la protéger, même une monture si le besoin se faisait sentir. Mais quand on en venait aux émotions, elle était démunie. Elle savait exactement ce que Jaëlle traversait, et à quel point c'était difficile.
Mais elle ignorait complètement comment elle pouvait la sortir de là...

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » jeu. 24 juin 2010 à 19h36

Alors que tout laissait croire à une soirée morne et sans intêret, j'avais été sollicitée par le second Alfirin lui-même, m'invitant à me rendre au château d'Oren.
Après lui avoir rendu poliment son salut, il m'invita à m'approcher. Je m'éxécutai avec une légère appréhension alors que le second Alfirin me fixait. Celui-ci commença par exposer un portrait des plus mélioratifs de moi-même pour enchaîner sur une phrase plus significative.

«Je ne vais pas y aller par quatres chemins. Souhaites-tu intégrer la communauté Alfirin ? »


... Un type plutôt direct, Melyn.
Je plissai les yeux et sentis comme un goût amer se distiller dans ma bouche. Je savais que je n’avais pas été à la hauteur de la cause que je voulais défendre ces derniers temps, on m'avait félicitée pour l'aide apportée après l'attaque du village des Chasseurs, soi disant pour récompenser mon héroïsme alors que je m'étais contentée de gésir sur le sol, paralysée par mes douleurs. Je les ai gardées dans ma mémoire, ces félicitations… pour que chaque matin je garde le souvenir de cet « exploit »… de mon indignité vis-à-vis de mon rang naguère, pour que jamais je ne commette de nouveau une telle atteinte aux convictions que je m'étais faites.


« Avez-vous pris en compte l'avis de vos membres ? Certains n'apprécieraient pas. Du tout. »
demandai-je abruptement.

La référence à mon statut de sang-mêlé était, là encore, bien évidente. Le fait que je sois une demi-elfe gênerait certains Alfirins et ils ne manqueraient pas de le faire savoir. Evidemment.
« Ealindir et moi avons décidé. Ils accepteront, qu'ils le veuillent ou non. »

Tu déconnes Simone. Je m'efforçai de m'en convaincre, sans grands espoirs malheureusement. La nouvelle de mon entrée dans la communauté Alfirin serait fracassante.
Qu'importe. Je les convaincrai, me ferai accepter parmi eux, au moins en tant que demi-soeur. J'y veillerai. Par Eva, j'avais des compagnons !

« M'enfin... Ce n'est pas fini. Tu auras un rôle particulier au sein du clan. Le clan va s'ouvrir au monde. Tu dois t'en douter, depuis que nous sommes les maîtres d'Oren... les choses ont changé. Le village des Chasseurs... Tu aimes bien ? »
(J'opinai.) « Bien. Dorénavant, tu seras en charge du village des chasseurs. Tu gèreras la garde, et te chargeras de l'administration. »

Ces paroles me frappèrent aussi bien que l'aurait fait une enclume de cent kilos.
Je ne répondis pas tout de suite, trente secondes filèrent dans le silence le plus angoissant. J'essayais de remettre mes idées en place. Mes idées en place. Que de fouillis là-dedans. Quelque part, la chose semblait trop loufoque pour être réelle. C'était comme si mon esprit n'arrivait pas à englober ce fait. Mais pourtant, ce que j'entendais me remplissait de joie.
Je songeais souvent à la liberté... Accepter un poste important, ce serait perdre la mienne ? Non. La vraie liberté ne consiste pas à faire ce qu'on veut mais ce qu'on doit. « Si je fuis, je perds irrémédiablement. »
On avait confiance en moi, bon sang, on me proposait de devenir quelqu'un ! Alors, j'accepterai, j'aiderai ces personnes, autant que faire se peut. Je relevai le regard vers l'elfe, une lueur dans le regard.

« J'accepte. Je ne vous décevrai pas. »

Il posa une main sur mon épaule.
« Crois en Eva ma soeur. Crois en Ealindir, crois au peuple Elfe. Qu'Eva te protège.
Ta cérémonie d'admission au clan aura lieu dans deux lunes. »



***

Je passai beaucoup de temps à réfléchir dans mon lit cette nuit-là, regardant le plafond fixement.
Le changement.
La vérité était que, n'ayant mené ni village, ni personne auparavant, je n'avais aucune idée de comment les choses devaient être faites, surtout que j'avais longtemps vécu en « sauvage ». De plus, je ne voyais pas quelle crédibilité je pouvais avoir avec une allure pareille... Ce détail ne semblait gêner personne, et je m'efforçais moi-même de ne pas sembler y prêter attention. J'avais des projets, et ils semblaient être approuvés et suivis. Après tout, c'était bien le principal.
Ceci mettait ainsi un terme à une longue série d’échecs de ma part, et réaliser ça me donner un coup brusque dans le matelas.
Le changement.
Il ne fut pas difficile pour moi de reprendre, ou plutôt de recommencer l'entraînement. J'y mis plus d'ardeur que jamais. Je voulais être à la hauteur de mes camarades, meilleurs qu'eux même, comment prétendre à un titre de dirigeante sans ça ? Je passais nuit et jour à chasser, maniant l'arc avec ennui mais acharnement.
Je voulais de l'argent, pour m'acheter des habits qui me rendraient plus forte. J'ai toujours fait les choses à l'excès, je voulais taper plus fort, sur des monstres plus gros.
Le changement.
Les choses sérieuses commençaient.

[MàJ clantage Alfirin.
Ceci est une retranscription, bien évidemment, d'évènements s'étant passés en jeu.]

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » mar. 6 juillet 2010 à 19h13

Intermission



« Alors c'est le retour de Lyael la solitaire, chieuse notoire, demi-elfe distante et effacée ? »
« Non bien sûr que non ! »

Tout avait pris une couleur plus terne ce soir. Un genre de voile gris sale qui s'était abattu sur toute chose, et les recouvrait entièrement. Ou peut-être juste devant ses yeux.
Ses pensées dérivaient vers Jaëlle. Leur relation ressemblait à une sorte de fraternité immuable. Depuis combien de temps était-elle partie ? L'apprentie médecin avait disparu sans laisser de trace. Comme prévu. Elle était une grande fille, elle se débrouillait sûrement très bien seule. Peut-être. Pas ? Les souvenirs lui échappaient, comment s'étaient-elles quittées ?

C’est il y a une semaine maintenant qu'elle avait vraiment senti son départ. Ce fut d’abord instinctif, elle sentait que quelque chose manquait. Elle avait bondi à travers le salon du gîte et grimpé les marches vers l'étage, où elle avait couru vers la chambre de Jaëlle et ouvert la porte à la volée. Vide. Elle avait emporté le peu d’affaires qu’elle possédait. Son odeur s’était déjà évanouie.
Malgré ça, elle commençait à vraiment apprécier la solitude et passait plus de temps à méditer. Cela la calmait considérablement. Elle réfléchissait sur tout, elle reconsidérait certaines choses de sa vie, elle voyait plus clairement ce qui l'entourait. C'est ainsi qu'elle prit conscience que ses pensées se tournaient régulièrement vers lui. Qu'il était le point central de ses rêves. Que son cœur battait plus fort quand il était là.

Cette réalisation lui faisait froid dans le dos. Qu'est-ce qui lui prenait ? D'où ça sortait ? Elle trouvait déjà incroyable de côtoyer tellement de personnes, de faire confiance, de veiller sur des gens, d'être liée aux habitants d'un village. Aimer cette personne, inaccessible, c'était simplement trop. Sa poitrine lui faisait plus mal que jamais, elle respirait avec peine. Ses soucis respiratoires faisaient surface au mauvais moment... Elle s'étendit sur le toit pour fixer les étoiles, une main sur les poumons à essayer de le calmer, geste totalement inutile. Son corps entier était raide, elle attendant, pantelante, que ça passe. Elle ne fit pas un bruit. Hors de question qu'il l'entende ainsi un jour. Que quiconque l'entende ainsi.
Elle n'était pas au bout de ses peines. Elle savait qu'elle avait des chances de se trahir, étant une moins bonne menteuse que certains. Néanmoins, que pouvait-elle faire ? L'avouer n'était pas une option, l'ignorer non plus. Il n'y avait aucune autre option que de garder ses lèvres scellées le plus longtemps possible.
La nuit tombait quand elle se décida à reprendre sa marche. Ses pieds laissaient leurs empreintes dans la terre humide et une rosée crépusculaire imprégnait son pantalon. Les herbes hautes fouettaient ses cuisses sur son passage. Dans son sillage, elles se couchaient, piste facile à repérer et à suivre. Elle n'y prenait pas garde. Sa course l'écartait de la forêt, de sa lisière menaçante. Limite entre les ténèbres et l'ombre. Ici on pouvait voir le ciel.

Elle s'arrêta bien assez vite, et s'accroupit pour raffermir ses jambes chancelantes. Un vertige passager allumait de petites lueurs devant ses yeux. Sensation de faiblesse, presque un envol, presque agréable. Mais on ne plane pas éternellement.

Malgré tout, malgré tout, les plantes continuaient à danser dans le vent. Cela faisait de grands frissons à la surface du monde, des risées miroitant à la lumière de la lune. Elle était vivante. Elle se releva doucement, pour mieux observer ce qui l'entourait. Elle se trouvait dans la zone Neutre, non loin des plaines Elfiques. Une jambe devant l'autre, mécanisme naturel de la marche, cela fonctionnait encore, c'était déjà ça.
Elle n'allait nulle part. Elle avançait sans but, juste pour sentir le vent glacer sa peau. Écouter la nuit. Mille bruissements inconnus, échos de chants, un appel au loin, son souffle. Sentir la vie, au dehors, au dedans.
La lune était haute lorsqu'elle arriva à la lisière du lac d'Iris. Elle regarda un peu les eaux miroitantes, la plaine tellement verdoyante qu'elle se demandait si c'était bien réel, et fixait l'immensité liquide qui s'étendait devant elle. Et elle n'en revenait pas. Ce ne pouvait pas être un lac. Un lac n'était pas aussi large, ni aussi impressionnant, il n'y avait pas de vagues à sa surface... Pourtant, à bien y regarder, le doute était impossible. Elle poussa un petit sifflement admiratif et s'assit près de la berge.

Rationnelle comme elle avait toujours été, la religion et la magie n'avaient jamais été des composantes fondamentales de sa vie. Mais, au fil du temps, elle avait appris que ce qui ne pouvait être ramené à des équations mathématiques pouvait exister, malgré tout. Elle aimait venir la nuit, observer la nature, l'avoir pour elle, afin d'écouter le silence et sentir la puissance mystique de certaines terres.
Elle était là pour protéger tout ça, elle le savait maintenant, et et elle le ferait, quitte à en crever. Elle l'avait juré. Ses soucis relâchaient leur étreinte sur elle, et elle cessait de penser à son rôle de gérante, au combat. C'était le sentiment le plus doux qu'elle pouvait ressentir, indescriptible, mais indispensable. Il y avait du divin sur ces terres, elle le sentait dans chaque fibre de son corps, et le froid qui ne l'avait pas lâchée depuis le début de la journée semblait se dissoudre. Rien n'était familier pourtant, mais les frissons qui parcouraient sa peau étaient agréables. Elle contempla le ciel, en haut, songeuse. Elle ferma les yeux, là, dans l'obscurité, et attendit le sommeil. Il ne vint pas. Devant ses yeux dansa quelques instants son visage, lumineux... parfait.

Peut-être que si, finalement...

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » jeu. 5 août 2010 à 12h55

"Elle... Elle a craqué... Elle... Elle veut plus me voir... Plus nous voir... Je sais pas."

"Elle a dit ... Plus vouloir. Plus pouvoir... Et... Elle est partie..."
Il faisait nuit, tout était silencieux au Gîte. Elle regarda les bouteilles de vin avec envie, attrapa un verre. Soupir. La porte de la chambre de Keren était encore ouverte, à côté. Lyael eut l'impression que tout autour d'elle s'envolait, rapetissait, se ratatinait. Elle ne pouvait supporter d'entendre les paroles de Keren résonner inlassablement contre son crâne. Pourtant, là, la vérité était tout simplement inévitable. Et incompréhensible. Comment les comprendre autrement ?

Pourquoi ? Est-ce qu'elle reviendrait un jour ? Peut-être. Pas ? La question résonnait dans le vide, encore et encore, tandis qu'elle remplissait à nouveau son verre.
Les yeux plongés dans la pénombre, Lyael eut une association d'idées malheureuses.
Elle avait changé, atteint un rang élevé, réussi sa vie, dans les apparences. La demi-elfe ressassait ses souvenirs de cette période évanouie, qu'elle avait passé, libre, entièrement libre. Cela avait duré quoi, deux mois, peut être trois? Pas grand chose au regard de vingt années d'existence. Alors, pourquoi cette nostalgie? Pourquoi regrettait-elle sa liberté, l'habitude de se rendre à Goddard pour lui rendre visite, les instants au gîte ou ailleurs ? Et surtout cette présence, à ses côtés, grâce à laquelle elle n'était jamais seule ?
Un reniflement se répercuta sur les murs de la pièce.
« Trop occupée pour leur rendre visite. Trop occupée pour leur rendre visite. » Lyael se trouvait elle-même répugnante.

Elle était revenue au gîte, après une dispute et un long temps passé, elles avaient échangé des excuses, et Lyael avait imaginé que, peut être l'amitié d'avant... Elle n'avait pas compris, sur le coup. Ce qu'était la distance. Que c'étaient sans doute des adieux.
Elle avait été tellement égoïste. Tellement. Egoïste. Le remords dévorait la demi-elfe au point de le faire suffoquer -conjuguée à l'odeur du vin, sans doute. Lorsque le souffle voulut bien sortir de ses bronches, ce fut sous forme de sanglots rauques, étranglés.

Dans un reniflement, elle se leva, et d'un pas chancelant, vint à l'extérieur du gîte rejoindre sa monture. Son seul désir aurait été de ne rien ressentir... Elle aurait voulu s'arracher le coeur, les entrailles, tout ce qui criait en elle...Elle enfourcha sa monture et se lança au grand galop dans les plaines.
Elle voyait des traces de roue plutôt profondes par terre, et elle voulait sentir l'odeur de son amie. Un signe. Donnez-moi un signe. Elle suivit les traces dans la nuit, indifférente au froid et aux bruits d'animaux divers. Elle suivit la piste jusqu'à l'orée des bois, où la végétation était plus dense, où les odeurs étaient plus nombreuses. Elle continua encore un peu, mais elle dut se rendre à l'évidence : elle l'avait perdue. Jaëlle avait disparu.

Disparue.
DISPARUE !!!

Alors, seulement là, son corps se contracta et expulsa un cri à fendre l'âme, alors que des larmes se répandaient par vague sur ses joues. Elle ne sentait même pas son cœur battre et se jeter contre ses côtes comme un forcené, son esprit n'assimilerait plus rien.

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Re: [BGhumain] Lyael

Message par Laën » mar. 17 août 2010 à 16h33

Disparition
En ce jour s'achevant, les flocons tourbillonnent,
Brillant tel un diamant, qui de maints feux rayonne.
De leur contact au sol, un bruissement discret,
En chuchotis s'envole, s'épanchant sans arrêt.
La vie des animaux, semble s'être arrêtée,
Ce jusqu'au bruit de l'eau, qui s'est évaporé.
Le silence est de mise, il emplit tout l'espace,
Dense comme la neige, qui s'étend sur la place.

Sur l'étendue glacée, des courbes se dessinent,
Ne se brisant qu'aux pieds, de qui les assassine.
Ses cheveux détachés, se perdent dans le vent,
Qui vient les emmêler, l'espace d'un instant.
Rayons purs et brillants, sur sa peau claire et lisse,
Le soleil se répand, et nimbe sa pelisse.
Lyael est accroupie, les mains sur la figure,
Elle oscille et gémit, s'épuisant en murmures.
Baignés dans la douleur, ses yeux se voient voilés
Par des larmes et des pleurs, sitôt cristallisés.
Et puis éclat scintille, fugace et tremblotant,
Et lame ouvre les veines, faisant couler le sang.


Fumant.