Asmodée

[Tristelune]

Un barde un peu éméché tapant du talon sur la table, hâlant plus qu'à son tour les ivrognes de la taverne.

Oyez, écoutez l'histoire des deux plus belles catins qu'il m'ai été donné de voir ces derniers jours.
Il y a peu de temps encore, je marchais dans ces rues pavées et sombres dont la mort peut surgir plus promptement qu'une poitrine d'un corset trop serré. Regardant la lune se refléter sur la toile d'eau tissée entre les pavés, je levais mes yeux sur une torche qui crépitait sous l'effet des gouttes d'eau tombant dessus. Je rabattais ma capuche un peu plus en avant et m'enfonçai dans la première taverne miteuse que je trouvais dans une rue encaissée où une rigole remplie d'immondices la traversait.
Le plafond bas semblait fait de toiles d'araignées, l'odeur putride; un mélange de bière de basse qualité, de transpiration et de vomis; vous donnait un haut le cœur immédiat.
Passant outre mon écœurement je décidais de m'asseoir sur un des troncs mal équarris qui faisait office de banc et de passer un peu de temps dans cet abris de fortune qui n'apportait que l'unique réconfort de me protéger de la pluie.
C'est alors, qu'une jouvencelle à la chevelure enflammée vint poser ses miches juste à coté de ma carcasse détrempée. Me regardant avec ses grands yeux noirs menaçant à tout moment de m'emporter dans le maelström de mes ardeurs!
Je me retins... respirait profondément une goulée d'air... erreur! Je vomis ce que mon estomac pouvait contenir! Comment aurais-je pu faire plus mauvaise impression?!
Qu'à cela ne tienne... cette beauté laissa éclater un rire cristallin qui m'emporta en dehors de cette taverne... à savoir que les injures de l'aubergiste n'y était pas pour rien non plus...
Je me laissais guider par le parfum de la donzelle et par la vue d'une chute de rein digne des plus belles fille-de-joie du port de Gludin! La suivant à l'écart... dans l'ambiance tamisée mais immonde d'une ruelle parallèle... Elle daigna enfin m'adresser la parole!
D'une voix suave elle dit ce dont je m'attendais le moins de sa part...

-Donne moi ta bourse mon mignon....

J'en ris, pensant à une farce quelconque... Que nenni! Elle brandit alors une dague sortit tout droit de son entre jambe! Me laissant miroiter un bonheur hors de portée pour le moment... Mais allais je me laisser faire? Allais je me laisser dépouiller par une gonzesse aussi belle soit elle?! Je décidais de profiter ET de ma bourse ET de la donzelle...
Ma foi, ce fut ma seconde erreur...
À peine avais-je levé la main qu'une flèche vint se planter juste sous mon nez, je me retournais pour voir d'où pouvait provenir ce trait pour n'entrevoir qu'une silhouette ressemblant à s'y méprendre à l'aut' donzelle...
C'est seulement quand mon corps heurta le sol que je sentis la douleur à la tête... Et je pu distinguer ces paroles avant de m'enfoncer dans l'abime de la torpeur.

-Les hommes, tous des porcs assoiffé de sexe et de violence... comme le père.

Un cracha sur la joue fut sans doutes la dernière chose que je pu sentir... Mais c'est sans honte que je conte cette histoire, car de pareilles beautés, même aussi revêches, il ne m'était jamais donné d'en contempler deux fois...

Un pêcheur attablé à une table s'exclama.

-Tes donzelles là, c'était des rouquines c'est bien ça?
-La chevelure la plus flamboyante qu'il m'ai été donné de voir l'ami.

Le pêcheur se gratta son favori avec son index, tenant sa longue pipe de cette même main.

-Ça me rappelle l'histoire de ce marin à l'Île Aux Murmures... qui s'est fait étriper comme un cochon par ses filles... deux rouquines également...
Enfin, il l'aurait mérité si l'on en croit le voisinage.. Tous les soirs des cris, de la violence... et d'autres choses aussi à ce que l'on raconte... L'ainée s'appelle Maelle je pense et doit avoir dans les 18 ans, sa sœur Asmodée quand à elle a à peine un an de moins...
Maelle a son caractère, forgé à grands coups de claques et d'insultes. Elle semble soignée dans sa façon d’être , mais son regard en dit long sur son passé , elle reste cependant douce quand il s’agit d’amadouer un pigeon

Le pêcheur ricana un moment se moquant ouvertement du barde.

Son père l’appelait souvent par d’agréable sobriquet... "la catin" ou "la Ribaude" dû à ses formes généreuses et son manque de pudeur . Cependant le père avait chèrement payé ces insultes et les quelques mains baladeuses sur elle.
Poignardé! À plusieurs reprises! Et la maison brulées! À croire qu'elles voulaient tirer un trait sur leur passé.. je ne me serais pas douté qu'elles avaient émergées ici...

Le pêcheur tira longuement sur la pipe, pensif.

M'est avis que la fille à l'arc est la plus petite des deux... elle a moins de caractère que sa grande sœur mais la suit partout... par contre je pense qu'elle deviendrait vraiment dangereuse si sa sœur courait le moindre risque.

Le pêcheur éclata de rire.

Alors tu t'es fait avoir par des gamines? Allez fiston viens boire un verre, tu oublieras ça comme le reste...

Le barde voulu répliquer qu'il n'avait pas la certitude que c'était bien ces deux gamines... mais le doute accompagné d'une bonne soif est un bon remède contre toute protestation inutile...
Mais une bonne histoire ne vaut elle pas mieux que le doute?

[Tristelune]

Le pêcheur entassait des sacs de grains non loin d'un entrepôt du port de Giran quant une personne le hâla.

-Ohééééé. C'est moi, le barde de l'autre fois vous vous rappellez?

-Oh... le crét... le musicien de l'autre fois, oui oui je me rappelle, alors? toujours à la poursuite de tes deux rouquines là?

-Bien entendu je ne suis pas bien courageux mais je suis tenace! Je veux en faire mes muses!

-Tes muses -ricanement- Tu en dis des âneries ma parole.

-Vous n'auriez rien appris à leur sujet?

-Je ne sais pas... j'ai des problèmes d'élocutions quand j'ai la bourse si légère...

-Tenez, prenez cette bourse, c'est toute ma fortune!

-10 adenas? soit...
Mmmh, me semble avoir vu la benjamine fricoter avec des corsaires dans le coin, une sacré bande de mécréants si vous voulez mon avis, enfin... ça date déjà un peu là. Récemment on la voit plus souvent en ville avec un un gars qui porte constamment un nid d'oiseau sur le crane et une aut' gamine plutôt mignonne, rouquine aussi et plutôt mignonne, malgré les deux lames qu'elle balance à ses hanches comme une bourgeoise exhibe ses boucles d'oreilles.
Puis bon, quand ces deux gamines sont pas avec le mec au nids, elles folâtrent du coté d'heine avec la communauté Siannodel... me demandent bien ce qu'elles foutent là.
Par contre la grande je ne sais pas trop, à moins bien sure que l'aut' gamine ce soit elle car elle semble plus vieille quand même que l'aut' gamine.

-Ah non! l'ainée on m'a dit de chercher du coté de Goddard!

-Ma foi je me trompe peut être de rouquine aussi... tiens reprends une pièce, c'est la monnaie pour le doute...-rire gras-
Allez dégage maintenant, j'ai du boulot moi, et ces sacs ne vont pas se décharger tout seuls....

[Tristelune]

Mais qu'est ce que c'est que cet hurluberlu? Pensa tout haut notre cher marin en voyant un nain plutôt bizarre bondir de caisse en caisse comme un singe.

Hep toi! Tu veux bien descendre de mes marchandises avant que je ne te colle une raclée?

En moins de temps qu'il n'en faut à un orc assoiffé pour vider un tonneau de bière, le nain était sur le marin et se planta devant lui en le fixant.

Maitre Tcha-pong pas abimer caisse. Toi marin?

Le drôle de phénomène avait un accent assez étrange, orientale selon le marin qui avait pas mal bourlingué.

Heu oui oui c'est ça...

Bien, moi aller vers est, vers forêt de bambou, faire nouveau chapeau de bambou pour prochain élève.

Holà du calme l'ami, me raconte pas ta vie je m'en cogne. Tu veux aller vers l'est? Pas de soucis mais faudra payer hein, moi je ne me satisfait pas de chapeau en bambou.

Moi pas argent, mais Maitre Art Secret! Moi montrer.

Ramassant une vieille planche assez épaisse, la tenant des deux mains, il ferma les yeux se concentrant, comme si il lisait les yeux fermer dans une planche en bois! Un vrai taré selon le marin qui s'apprêtait à laisser là cet idiot. Mais il se mit à gronder de l'intérieur puis d'un coup! Il brisa la planche avec son front!.
Le marin en perdit sa pipe de la bouche.

Mouais, un mercenaire à l'œil... C'est bon ça marche, allez on démarre dans une heure, prépare tes affaires.

Maitre Tcha-Pong croisa les jambes en tailleurs directement sur le pont et fermant les yeux il murmure quelques paroles.

Patience, endurance, adresse.... bientôt petit singe, bientôt nous nous reverrons mon élève de rubis....

[Lotradas]

Compte supprimé par conséquent de même pour le perso