[bgelfe] Elios

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Elios
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[bgelfe] Elios

Message par Elios » lun. 11 février 2008 à 07h46

Nom : inconnu
Prenom : Elios
Age : environ 5 ans
Sexe : masculin
Race : elfe
Classe : hydromancien/maître félin

Croyances : le Royaume des Oiseaux
Langues parlées : un peu de commun
Description :(Si oreilles félines équipées :)
Elios se trouve actuellement sous forme hybride, possédant des oreilles, des yeux, des griffes ainsi qu'une queue de chat.

Concernant ses habits, l'on pourra les reconnaître comme étant une miniaturisation de ceux d'Assa la gitane. A sa taille se trouve un foulard aux symboles étranges sur lequel est écrit son nom en langue Shimaï : Elios. Le manteau d'adulte qu'il porte est celui de Swann, tandis que la cape, ajustée à sa taille, a été offerte par Geriel. Son écharpe a été offerte par Clotho (Amelia).
Cet enfant androgyne haut d'un mètre se distingue par la longueur exagérée de ses cheveux immaculés. Ceux-ci atteignent en effet ses pieds.
Il porte a son cou un ruban auquel sont accrochées deux clochettes, une bourse rapiécée ainsi qu'un collier aux plumes de différentes couleurs. Sur son dos se trouve un sac de cuir.
Frêle, ce petit elfe s'avère extrêmement léger.
A sa main droite se trouvent un anneau mauve où sont dessinées des pattes félines blanches, ainsi qu'une chevalière avec un chaton blanc gravé.
Sa voix, lorsqu'il parvient à la faire fonctionner, s'avère extrêmement faible et efféminée.
La nuit, ses yeux mauves brillent à la moindre lueur. De profondes cernes décorent par ailleurs ceux-ci.

Il se trouve constamment accompagné d'un félin noir humanoïde aux habits somptueux, et de la même taille que lui.

Sous sa forme féline, Elios apparaît comme un petit chaton blanc maigrelet, portant à son cou un ruban auquel sont accrochées deux clochettes. A sa patte droite se trouve un anneau.
Autres : Ses formes féline et semi-féline le rendent entièrement empathique, lui octroyant un accès direct au monde des esprits.
Chapitre premier : Un nouvel éveil

De l'eau...
De l'eau...
La mer. Une immense étendue aqueuse. Des millions de litres d'eau salée. Seuls quelques poissons et plantes aquatiques se risquent dans cet univers. Pourtant, au beau milieu de cet mer, on pouvait apercevoir un elfe. Il avait coulé dans cette eau qui, en échange de cette intégration, avait généreusement intégré ses poumons, lui empêchant toute tentative désespérée de respiration. Quelle ironie, un enfant de l'eau, noyé. Mais en réalité, même la mer l'avait rejeté...

Tel un déchet, l'elfe fut identifié par la mer comme un intrus. C'est pourquoi, n'en voulant pas dans ses eaux, elle le repoussa au loin sur la plage d'une île inconnue. Cette créature était trempée des pieds à la tête à présent. C'est pourquoi, lorsque le vent se leva, le corps tout entier de celle-ci fut parcouru d'un frisson qui réveilla quelque peu les multiples fonctions organiques dont ce même corps était pourvu. Dont une fonction respiratoire qui se débattait tant à vouloir faire régurgiter une eau salée au jeune elfe aux cheveux blancs. Objectif auquel elle obtint un franc succès. En effet, de sa gorge sortit un long jet d'eau qui se répandit sur le sable à présent humide. L'enfant de l'eau toussa encore jusqu'à ce que ses poumons soient vidés de tout élément liquide et particule solide. Le jeune elfe entreprit alors de faire le bilan de ses fonctions organiques fonctionnant encore. Il remua légèrement quelques parties de son corps.
La jambe droite... en fonction.
Le bras gauche... en fonction.
Le bras droit... hors service.
La jambe gauche... hors service.
L'ouïe... en fonction.
Le toucher... en fonction.
La vue... impossible à déterminer.
Les yeux de l'elfe refusaient de s'ouvrir, restant clos en vue de se protéger de cette atmosphère menaçante. Au moins, il pouvait bouger un peu. Mais il n'eût hélas pas le loisir de tester d'autres fonctions de son organisme, car celui-ci fut fermement attrapé par des mains provenant de corps de parfaits inconnus. Certains de ceux-ci hurlaient des ordres. D'autres riaient de bon cœur. Quoi qu'il en soit, le jeune elfe fut emmené sur un navire, sûrement un navire pirate. Il fut ensuite emmené à un lieu sombre et humide qui était la cale de ce même navire. C'est ici qu'on lui banda les yeux, qu'il fut enchaîné, ligoté, et laissé à l'abandon pour toujours.

En effet, les corsaires ne purent jamais retourner dans cette cale. Au beau milieu de leur voyage sur la mer, une forte tempête les empêcha de continuer leur parcours. Le navire fut secoué de part et d'autres. Le capitaine fut le dernier à rester à bord. Mais, comme les autres, il fut repoussé au loin par le vent. Le jeune elfe, quant à lui, resté au fond de la cale, avait dû attendre que celle-ci se soit détachée du reste du navire pour flotter à son bord. Lorsque l'embarcation échoua non loin d'un port, l'enfant de l'eau fut à nouveau touché par des mains provenant des corps d'inconnus. Mais ceux-ci décidèrent, plutôt que d'accentuer son malheur, de le libérer de ses entraves. Il eut alors tout le loisir d'ouvrir les yeux et de découvrir un nouveau monde qui s'offrait à lui. Hébété, incapable de garder son équilibre constant, il s'effondra sur le sol. Se servant d'un des débris de la cale comme d'un appui pour marcher, il se redressa et se dirigea vers l'entrée du port, quittant la compagnie des pêcheurs qui l'avaient sauvé.

Lorsque le jeune elfe fut enfin libéré de toute autre présence humaine, il essaya tant bien que mal de recouvrer la mémoire sur les différents événements survenus. Mais tout ce dont il se souvenait, c'était ce navire où il avait été enfermé. Il allait pourtant devoir se débrouiller dans ce nouveau monde dont il ignorait tous les principes. Un monde qui l'effrayait un peu à vrai dire...
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Message par Elios » lun. 11 février 2008 à 21h32

Chapitre deuxième : Un nouveau nom

Le jeune elfe suivait à présent un sentier. Le premier chemin le long duquel il marchait dans ce nouveau monde. En attendant d'arriver à un lieu plus propice à l'organisation de sa vie, il observait ce qui l'entourait et contemplait tous les éléments de cette nature environnante. Les arbres lui paraissaient beaux. Les oiseaux se montraient majestueux, et leurs chants mélodieux. La brise était douce et lui berçait son visage sans plis ni cicatrices. Quelques heures plus tard, le jeune elfe commença à percevoir le son dune étendue d'eau se propageant. Le soleil était au dans le ciel, à son zénith. Une forme vint à la rencontre de l'enfant de l'eau. Cette forme paraissait être celle d'une petite fille. Elle était heureuse, cela se voyait à son sourire. En réalité, elle riait de bon cœur les yeux fermés. Oui, cette jeune fille avait l'air d'aimer la vie. Lorsqu'elle vit le jeune elfe, elle se précipita à ses pieds. Elle riait toujours. Mais lorsqu'elle se tut enfin, elle s'exclama à l'adresse de son interlocuteur :
-Bonjour!
Avant même que celui-ci eut le temps de faire quoi que ce soit, la petite fille s'empara de sa main pour l'emmener jouer non loin de là.

Cette petite personne était pleine de bonne humeur. Et elle s'amusait de tout son cœur. Elle usait de jeux divers pour faire participer le jeune elfe avec elle. Et avant qu'ils ne s'en rendissent compte, le jour était tombé sur cette terre merveilleuse. Et nos deux amis durent se séparer. Avant de partir, la petite fille questionna l'enfant de l'eau :
-Dis, monsieur grandes oreilles! Quel est ton nom?
Son interlocuteur adopta un regard empli de tristesse.
-Elios! Tu veux t'appeler Elios, monsieur grandes oreilles?
Le dénommé Elios acquiesça avec un léger sourire. Et ces deux êtres se firent des adieux...
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Message par Elios » mer. 13 février 2008 à 14h41

Chapitre troisième : Une nouvelle journée

Le jeune Elios avait passé la nuit sous un arbre non loin du village de Gludio. Les plaines étaient calmes et inoccupées. Il avait donc eu tout le loisir d'apaiser son âme au calme régnant ici bas. Le surplus d'oxygène dû à une grande activité végétale lui avait accordé quelques moment d'exaltation. L'euphorie n'était pas le genre de ce jeune elfe. Tout ce qu'il avait eu le plaisir de faire, c'était de fermer les yeux et de se reposer. Car c'est bien au prix de maints efforts à essayer de se maintenir de bout, que, l'équilibre chancelant, le corps vacillant, il était parvenu jusqu'ici. Pour éviter d'être gêné plus outre mesure par son bras paralysé, Elios avait jugé judicieux de caler celui-ci dans un bandage. Certes, à l'aide d'une seule main, le résultat n'avait pas été d'une beauté stupéfiante. Néanmoins, cela empêcherait bien son bras inactif de devenir un fardeau trop lourd à porter. Au premier abord, n'importe qui aurait pu croire à un bras cassé, ce qui est tout du naturel humain. Il s'était également fabriqué un bâton qu'il avait lui-même taillé dans du bois sacré gentiment donné par un nain forgeron de passage. Soit dit en passant, de fut en échange de tout l'or qui lui restait en poche jusqu'ici. Avec l'aide de celui-ci, il pouvait donc à présent s'appuyer plus amplement pour garder un équilibre assez stable. Mais ce n'était pas du tout. En effet, grâce au bois restant, le jeune elfe avait été capable de confectionner une flûte de laquelle il jouait avec le plus grand plaisir. Chaque son produit par cet instrument lui procurait une sensation d'apaisement jamais ressentie auparavant. Elios avait ensuite fait l'inventaire de tout ce qu'il possédait et celui-ci se réduisait au quotient intellectuel d'un légume :
-Un bâton
-Une flûte
-Une tunique
-Deux chaussures
Mais un nouveau jour était sur le point de naître. Et c'est donc au petit matin que le jeune enfant de l'eau se remit en route.
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Message par Elios » dim. 24 février 2008 à 13h37

Chapitre quatrième : Une nouvelle connaissance

Le jeune elfe avait fini par atterrir à la ville de Giran. Cette cité était pleine de vie. Tandis que plusieurs dames échangeaient quelques commérages entres amies en riant allègrement, quelques aventuriers s'agglutinaient près des vendeurs d'armes afin d'être les premiers à obtenir les meilleures épées. Il y avait maints marchands et maintes carrioles. Entre les bardes et autres saltimbanques, la population se délectait de la joie répandue. Elios, quant à lui, était perdu face à tant de monde et de magasins en tout genre. Dans certaines rues s'agglutinaient des dizaines de citoyens pour commercer avec les plus prestigieuses échoppes. D'autres ruelles, plus sombres, inspiraient moins confiance et paraissaient vides. Le jeune elfe, ne désirant qu'explorer ce lieu, marchait dans les quartiers les plus vides afin d'éviter la foule excessive. Lentement, il contemplait l'architecture de la ville de Giran. Finalement, il arriva non loin d'une église, tard dans l'après-midi.C'est alors qu'il entendit la voix plaintive de son estomac. Il fallait qu'il se nourrisse au plus vite. Fort heureusement, il lui restait un dernier fruit grâce auquel il pourrait certainement de sustenter. Il s'appuya donc sur un pilier de l'église afin de ne pas tomber, tout en fouillant dans une poche de sa tunique, pour en sortir un fruit à l'aspect plutôt mûr. Alors qu'il s'apprêtait à mordre dedans, il aperçut un homme, debout devant les portes de ce lieu de culte. Il avait l'air plongé dans ses pensées. Elios sourit à la vue de ce chevalier en armure. Il fut alors pris de sympathie pour cet homme et se dirigea donc vers lui. Une fois à ses côtés, il lui tendit la moitié de son fruit avec un sourire, dans l'espoir de le faire revenir à la réalité, et que celui-ci accepte de se délecter de cet aliment tout en contemplant le crépuscule avec le jeune elfe. Cet homme , à la vue de celui-ci, refusa poliment.
-Non merci. Je n'ai pas faim, dit-il.
Elios paraissait étonné, et considéra le fruit d'un œil perplexe. Le chevalier quant à lui, avait remarqué le bâton de l'elfe ainsi que les bandages qui entouraient son bras droit.
-Vous devez être vieux pour porter une canne, ou alors il vous est arrivé quelque chose...
L'enfant de l'eau répondit négativement d'un geste de la main. Ce qui rendit l'homme face à lui encore plus perplexe.
-Hum... vous êtes muet, n'est-ce pas?
Le jeune elfe hocha la tête. L'humain dit alors :
-Dans cette église derrière vous, vous pourrez trouver de personnes ayant une croix rouge tatouée ici ou là qui pourront certainement vous aider.
Quand il vit le triste regard de l'elfe à l'entente de ces mots, il s'exclama, abasourdi :
-Quoi? Ils vous ont déjà rejeté? M'étonne d'eux...
Sans pour autant comprendre ce que cet homme disait, Elios tenta d'effectuer un faible sourire à son attention.

C'est alors que le ciel s'assombrit et se colora d'un rouge cramoisi. Le sol trembla, ce qui fit s'effondrer douloureusement l'elfe. Le chevalier, conscient de ce qui arrivait, murmura pour lui-même :
-Encore une pauvre victime élue...
Il aida l'enfant de l'eau à se remettre sur pied, et l'emmena au plus vite à l'intérieur de l'église.
-Restez là. Vous serez en sécurité ici.
Elios ne put qu'obéir. L'homme quant à lui, se dirigea rapidement vers les portes du lieu de culte pour voir ce qui se passait dehors. Et avant de partir, il dit à l'adresse de l'elfe :
-Si un jour vous êtes à la recherche d'une famille, venez trouver une personne avec le même bout de ferraille que celui-ci.
Il exhiba son blason que Elios contempla d'un œil admiratif. Celui-ci représentait un long serpent mauve de profil. Après cette brève observation, le chevalier sortit finalement de l'église.
Dernière modification par Elios le sam. 20 février 2010 à 22h26, modifié 7 fois.
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Message par Elios » jeu. 13 mars 2008 à 20h47

Chapitre cinquième : Une nouvelle amie

Elios s'était écarté du centre de la ville afin de rester seul dans une rue sombre et depuis longtemps inhabitée. Lentement, il s'était allongé sur le pallier de la porte d'une maison, et avait commencé à contempler la Lune. Ce soir-là, elle se dévoilait entièrement, ce qui ne déplut pas aux yeux du jeune elfe. Ses pupilles se délectaient de cette vision mélancolique. C'est ainsi qu'il passa la nuit allongé sur le sol de pierre, après avoir longuement admiré sa muse.

Au petit matin, il fut soudainement réveillé par un cri. Il entrouvrit un œil, et aperçut brièvement des plumes. Un second cri retentit alors, ce qui lui fit ouvrir les yeux. Il constata alors qu'à quelques centimètres de sa tête, étaient penchées de têtes d'oiseau à l'air assez intrigué. Elios se redressa douloureusement, et prit en main son bâton. Brusquement, les deux oiseaux s'enfuirent sur un seul et même corps. Le jeune elfe quant à lui, sans savoir pourquoi, se mit à sa poursuite aussi rapidement que son infirmité le lui permettait.

L'oiseau à deux têtes lui faisait visiter la ville en passant par tous les quartiers. Bifurquant d'une rue à l'autre, il guidait Elios à travers les allées et les boulevards. Il courait certes, mais pourtant, on aurait dit qu'il attendait le jeune elfe. Cette promenade mouvementée confrontait deux instincts animaux : celui d'un elfe et celui d'un volatile. Cet accord entre deux êtres vivants formait une alliance pour le moins judicieuse, peut-être cela était-il dû à l'appréciation de Elios pour les animaux. Quoi qu'il en soit, il s'avéra que l'oiseau s'arrêta enfin, et que son poursuivant put en profiter pour réalimenter son corps fragile en oxygène afin de continuer à vivre malgré les efforts qu'il venait de fournir. Lorsqu'il redressa sa tête, il s'aperçut que les yeux d'une elfe noire le toisait du regard. Celui-ci ne put que rougir, ce qui fit légèrement sourire cette femme.

La sombre était une personne plutôt séduisante. Ses cheveux attachés à l'aide d'une ficelle laissaient découvrir un visage aux traits finement dessinés qui comportait notamment des yeux en amande d'une couleur que le jeune elfe ne parvenait à distinguer, de fines lèvres adoptant un charmant sourire, ainsi qu'une sorte de cicatrice sur la joue, ou du moins non loin de là, d'après la mauvaise vue d'Elios. Plus bas, sous son buste, se trouvait une autre cicatrice, plus précise cette fois-ci, juste en-dessous d'un magnifique collier serti d'un rubis éclatant. Son corps avait de parfaites proportions. En effet, celui-ci n'était ni trop musclé, ni trop maigre. L'elfe noire arborait une longue robe blanche ainsi que des chaussures bleues à talons hauts.


-Avez-vous un problème avec mon oiseau? demanda-t-elle.
Elios ne put réagir tout de suite.
-Est-ce qu'il vous pose un problème?
Son interlocuteur secoua timidement la tête.
-Vous devez certainement le trouver bizarre, dit-elle en regardant son animal. Oui ce doit être ça...

C'est ainsi que débuta une amitié qui ne déplut guère à Elios. Au fil des jours, les rencontres se multipliaient et ces deux êtres commencèrent à se connaître peu à peu. Un jour, la sombre lui dit enfin son nom. Elle s'appelait Eikan. Eikan... c'est un joli nom. Lorsque cette jeune femme apprit que le jeune elfe était muet, elle entreprit de l'aider à communiquer avec les autres. Elle essaya beaucoup de méthodes. Tout d'abord elle avait essayé de le faire écrire, mais Elios s'y refusait, dévoilant son incapacité à aligner d'autres lettres que celles composant son nom. Elle lui conseilla ensuite de venir quérir des renseignements sur le mutisme à la prestigieuse bibliothèque de la Tour d'Ivoire. Hélas, tout ce que le jeune elfe put y trouver fut une méthode assez archaïque
et pour le moins douloureuse. C'est ainsi qu'Eikan put découvrir un collier serrant le gorge d'Elios tellement fort que sa respiration se faisait lente et par à-coups. Finalement, la sombre, prise au dépourvu, commença à apprendre une langue des signes et, une nuit, elle étudia plusieurs manuels et réécrivit entièrement leur contenu afin de donner à son ami la capacité de s'exprimer. Cette tâche lui prit toute sa nuit et l'avait empêché de se reposer. Elle avait mis tout son cœur à l'ouvrage... Et finalement, elle put offrir à Elios ces quelques présents. Lorsque celui-ci découvrit les livres, il en eut les larmes aux yeux. Eikan avait tant fait pour lui qu'il en était ému. En guise de remerciement, il fouilla dans sa poche et en sortit une fleur. Cette fleur avait été choisie avec soin quelques jours plus tôt, afin de pouvoir offrir la plus belle à sa seule amie. Celle-ci fut assez surprise, mais elle ne paraissait pas réjouie. Elle se contentait de regarder la fleur, le regard vague. Elios lui avait offert une fleur...
Dernière modification par Elios le dim. 11 octobre 2009 à 14h35, modifié 3 fois.
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Message par Elios » dim. 11 octobre 2009 à 14h53

Chapitre sixième : De nouveaux compagnons

Elios s'enfonçait de plus en plus dans cette épaisse forêt. Cette forêt où il pensait pouvoir trouver le repos quelques temps tout en contemplant sa muse, la Lune. Peut-être ce jeune elfe pourrait-il peindre ce paysage aussi sombre que fascinant à ses yeux? Rares étaient les personnes qui osaient s'aventurer par ici. Et cela n'était pas uniquement dû au côté lugubre de ce lieu. En effet, et cela Elios l'ignorait, des monstres vivaient ici, tapis dans l'ombre, attendant impatiemment qu'une proie ignorante ose fouler de son pied ces terres souillées.

Elios avait trouvé un arbre contre lequel s'appuyer durant sa contemplation. Mais alors qu'il s'apprêtait à s'asseoir, il entendit un bruit. Des pas pressés. Quelqu'un courait dans sa direction. Cette forêt étant dense, le jeune elfe ne perçut pas immédiatement la personne qui fonçait à vive allure et plongea derrière un arbre. Elios vit alors une horde de monstres apparaître. Ils étaient visiblement à la recherche de cette étrange personne. Le jeune elfe, effrayé et incapable de faire quoique ce soit, brandit son bâton devant lui afin de se protéger, et instinctivement, balaya les nuisibles à l'aide de sa magie aqueuse. Lorsqu'il rouvrit les yeux, c'étaient des cadavres qui jonchaient le sol. Se dirigeant à présent vers l'innocent menacé, Elios s'accroupit vers lui et lui toucha l'épaule. Celui-ci tourna alors son visage vers son sauveur.

C'était un chat. Un chat à la face cachée par un chapeau bleu pointu. Il arborait un manteau, bleu également, sous lequel se trouvaient des bottes de la même couleur. Il portait sur son dos une besace presque aussi grande que lui. Réajustant son chapeau, il remercia Elios et le gratifia de courbettes polies. Puis, il tendit sa patte touffue pour lui serrer la main.


-Merci beaucoup monsieur. Merci beaucoup beaucoup. Sans vous j'étais perdu. C'est la providence qui vous envoie. Jamais je n'aurais pensé tomber sur un puissant magicien pour me secourir. Mais, maintenant que j'y pense, que faîtes-vous ici? Ce n'est pas un lieu où l'on va pour se promener. Oh, pardonnez-moi, j'en oublie mes manières. Mon nom est Uthenord. Et vous? Quel est votre nom jeune elfe?
Celui-ci montra le parchemin sur lequel son nom était inscrit.
-Je suis enchanté de faire votre connaissance Elios. D'autant plus que vous m'avez sauvé la vie. Par ailleurs... j'ai une dette envers vous à présent. Et je compte bien l'honorer.

Uthenord sortit une bague de sa poche. Une simple bague dorée d'où émanait une faible aura.

-Je devais revenir chez mes semblables pour apporter des bagages de la plus haute importance. Et grâce à vous, c'est chose faite, si je puis dire. Le peuple des chats vous en est donc reconnaissant. Merci beaucoup. C'est pourquoi, moi Uthernord, vous propose de passer un pacte avec nous, les chats. Vous serez alors libre de nous demander de venir à vous. Qu'en pensez-vous, cher Elios?

Le jeune elfe avisa la bague un instant. Être lié aux chats pouvait s'avérer agréable. Après tout, il appréciait beaucoup les félins. Cela ne pouvait sans doute que lui apporter du bien. Elios acquiesça alors et s'empara de la bague pour se la mettre au doigt.

-Mes félicitations Elios. Vous êtes officiellement l'un des nôtres. Sur cette bonne nouvelle, je repars rejoindre les miens. Je vous remercie encore. Et je vous souhaite une bonne continuation. A très bientôt.

Le dénommé Uthernord continua donc son chemin à pas pressés afin de retourner chez lui, laissant Elios seul au beau milieu de cette forêt.





Plus tard, le jeune elfe le remarqua, les chats étaient indéniablement attirés par sa personne. A chacun de ses déplacements, les félins qui se trouvaient non loin de lui se mettaient à le suivre, et cela sans exception, aucune. Finalement, il s'avéra qu'Elios se retrouva, nul ne sait comment, nul ne sait quand, avec un chat noir sur l'épaule. Cependant, celui-ci paraissait différent des autres félins. De ses yeux émanait un regard si intense, si profond, que l'on aurait pu croire qu'il pouvait voir à travers l'elfe. Lorsque celui-ci le découvrit, son visage était si près de son nouveau compagnon afin de le contempler, que ses moustaches frôlèrent son nez, ce qui ne manqua pas de le faire éternuer. Lorsque la détonation retentit, Elios constata que d'autres chats s'étaient approchés. Il se demanda un court instant comment cela avait pu se produire, puis finalement se contenta de sourire.
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Message par Elios » dim. 11 octobre 2009 à 16h22

Chapitre septième : Confusion

En ce matin le petit elfe avait trouvé un sifflet. En forme de bec celui-ci avait été taillé. Sous le plus grand secret Elios avait gardé son origine. Fier qu'il était de sa découverte, il était venu quérir des membres de la communauté des Siannodels pour le leur montrer.

-Tiens, tu as un nouveau jouet? s'étonna l'un d'eux.
Souriant derrière son masque, le petit elfe sifflotait gaiement.
-Chante-nous une mélodie. proposa un autre un autre.
Elios entama alors un concert de sifflements, qui semblait enthousiasmer ses compagnons. Force de chants, la mélodie attira un oisillon qui vint se poser sur la tête de l'enfant. Pour tous, l'heure était visiblement à la joie.

C'est alors que Sarathaï se leva, et avec elle Asmodée. La sombre souhaitait se rendre à Giran afin de se procurer quelques potions. Elios quant à lui, les suivit sous la proposition de la seconde. Tous trois s'engouffrèrent donc dans le portail qui allait les mener à la place de Giran.
Sur les lieux, une foule s'était agglutinée auprès d'un homme agonisant. Dans le brouhaha et la confusion, le petit elfe perdit ses deux aînées et se retrouva seul quand, après clameurs et exclamations, maints aventuriers se précipitèrent vers un portail reliant la cité à Oren.
Un bref instant plus tard, Xcylian, l'air posé, marcha vers ce même portail qu'avaient emprunté le flot de voyageurs quelques secondes plus tôt. Intrigué, Elios le suivit.
A son arrivée, l'enfant sursauta. Entre les murs, une bataille faisait rage. De gigantesques créatures assiégeaient la ville. Scorpions, araignées, scarabées, tous de taille effrayante, affrontaient les combattants. Aussitôt, le petit elfe se mit à la recherche d'une cachette. Un des pilier d'une arche menant au temple attira son attention.
Par sa petite taille, Elios put se faufiler entre les gardes sans attirer l'attention. Hélas, dans le tumulte et le chaos, un mercenaire le bouscula, et il tomba durement sur le sol. Reprenant ses esprits, il essaya tant bien que mal de ramper vers un endroit plus sûr.
Une tarentule géante lui barra le passage, bien qu'elle ne l'eût point remarqué. De ce fait, un chevalier la prit comme cible. Mais alors que celui-ci prenait son élan en vue de pourfendre la créature, il frappa violemment le crâne du petit elfe du pommeau de son épée, le projetant contre la façade du temple, le laissant dans un état second.
Asmodée, qui l'avait aperçu, se précipita à ses côtés pour s'enquérir de sa santé. Tandis, qu'elle réclamait des secours, l'enfant sombrait lentement dans l'inconscience.

Lorsqu'il se réveilla, Elios se trouvait dans un lit, en une pièce qu'il ne connaissait pas.
Cette pièce, c'était sa chambre.
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Re: Elios

Message par Elios » lun. 26 octobre 2009 à 13h06

Chapitre huitième : L'éveil de l'oisillon

Alors qu'il découvrait les lieux, Elios perçut un bruit. Quelqu'un frappait à la porte. Celle-ci se déplaça alors, découvrant une silhouette elfique. Pris au dépourvu et encore tout engourdi, l'enfant ne put que contempler ce visiteur qui s'avançait vers lui.
Il s'agissait d'une demoiselle, ou bien d'une adulte, de haute taille, au visage doux et aux cheveux longs. Pour Elios, tout cela se résumait à une
grande personne.
-Tu es réveillé? s'étonna-t-elle avec un sourire.
Suivie du regard par le jeune convalescent, l'inconnue alla se placer sur une chaise à ses côtés.
-Nous nous sommes beaucoup inquiétés à ton sujet. Est-ce que tu vas bien?
Elios ne comprenait rien aux mots qu'elle prononçait. Pourtant, le sens approximatif de ses paroles lui parvenait. Elle parlait le langage elfique.
Un peu sonné, l'enfant examina d'un simple regard ce qu'il pouvait voir de son corps, ses bras en l'occurrence. Ne constatant aucun problème, il hocha la tête. Visiblement rassurée, la
grande personne déclara :
-Te souviens-tu de moi? Je suis Doyll. Tu es déjà venu à la bibliothèque, là où je travaille.
Elios secoua la tête, et se mit à la bouger vivement pour inspecter la pièce, tout en poussant des piaillement affolés.
-Qu'y a-t-il? s'inquiéta-t-elle.
L'intéressé se contenta de contempler le plafond, silencieux et tremblotant. Perplexe, Doyll demanda :

-Tu ne sais pas où tu es?
L'enfant secoue la tête.
-Est-ce que tu te souviens de ton nom?
Il ouvrit de grands yeux en direction de Doyll, et émit un long sifflement impuissant.
-Tu t'appelles Elios. Il est important que tu le saches. Tu te trouves ici en sécurité, au château d'Innadril. Considère-le comme ton foyer.
Il prit quelques instants pour interpréter la nouvelle, sa réflexion ponctuée par de faibles sifflements. Il ferma finalement ses paupières, épuisé. Comme Doyll lui prenait la main et lui caressait le front, Elios plongeait lentement dans un profond sommeil, se préparant ainsi à la journée qu'il allait vivre à son réveil.
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Message par Elios » mar. 15 décembre 2009 à 18h40

Chapitre neuvième : E comme Elios

Alors que le petit elfe relevait doucement ses paupières, une figure trouble lui apparut. Familière, elle ne tarda point à se préciser : il s'agissait de Doyll. Celle-ci était probablement demeurée au chevet du blessé durant une partie de son sommeil. D'un petit sifflement éreinté, l'intéressé la salua tandis qu'elle se penchait vers lui, un sourire bienveillant éclairant son visage.
Lentement, Elios ajusta sa position pour mieux distinguer celle qui lui faisait face.

-Est-ce que tu vas mieux? demanda-t-elle.
En guise de réponse, son interlocuteur hocha vaguement la tête. L'adulte tourna alors la sienne vers la porte de la chambre, puis reporta son attention sur l'enfant.
-Veux-tu aller dehors?
Considérant à son tour l'unique passage vers l'extérieur, le petit elfe ordonna ses pensées encore embrumées par la fatigue. Finalement, il acquiesça.
-Attends, dit Doyll. Laisse-moi t'aider.
Elle s'empara délicatement des mains de son protégé, lui conférant ainsi la stabilité nécessaire à la préservation de son équilibre. D'après ses mouvements maladroits, Elios n'avait vraisemblablement point assuré le contrôle de ses membres. Toutefois, ceux qui jadis ne pouvaient plus bouger, désormais fonctionnaient.
Doyll conduisit l'enfant vers la sortie, vers cette attirante clarté qui fascinait ses yeux désormais grands ouverts. Cette lumière, une fois le petit elfe dehors, le baignait et l'entourait d'une douce et agréable chaleur. Ebloui, l'intéressé abaissa ses paupières.
Comme pour saluer l'astre lumineux, Elios ouvrit largement son bec et commença à siffler.

Les deux enfants d'Eva s'étaient rendus dans les jardins du château s'asseyant dans l'herbe fraîche. Un cahier à la main, Doyll enseignait à son protégé l'alphabet.

-A comme arbre.
Attentif aux indications de son aînée, le petit elfe contemplait l'élégante écriture des différentes lettres, jusqu'au moment où un bâtonnet noir lui fut tendu. L'adulte souhaitait vraisemblablement d'Elios qui tentât lui-même de les reproduire. S'emparant du fusain avec le bec, le benjamin se vit appliquer une correction par son professeur. Tenant désormais l'outil d'une main engourdie, il s'exécuta.
Lentement, son membre fébrile se déplaçait sur la feuille de papier, y traçant des symboles distordus. Nul n'aurait cru, en observant son oeuvre, qu'il s'agît de lettres provenant d'un alphabet d'Elmoreden. Mais Doyll était patiente avec cet enfant qui n'en avait jamais vues, d'autant plus qu'il affichait un visage soucieux et concentré.

Le temps réalisant son oeuvre, les deux elfes s'étaient finalement étendus dans l'herbe foncée par la lumière rougeoyante du crépuscule, contemplant de leurs yeux fatigués le ciel empourpré.
Il survint qu'un oiseau traversât leur champ de vision, ce qui eut pour effet de rendre Elios agité, fasciné, envieux. De ses maigres bras, il se mit à battre l'air à une cadence effrénée, des sifflements nerveux accompagnant ses gestes. Apitoyée par ce spectacle des plus pathétiques, Doyll envisagea d'informer la communauté de l'état mental de son petit protégé.

Le lendemain, Elios commença à vivre dans la chambre de la bibliothécaire, au coeur de la cité de Heine.
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Message par Elios » sam. 26 décembre 2009 à 12h18

Chapitre dixième : Les Charlatans

-Assurément, ce remède lui fera le plus grand bien.
-Hurk, je pense qu'un grand coup sur la tête serait encore meilleur!
-Un antidote à tous les maux...
-Un choc crânien! Hurk!
-Et si on lui retirait son masque?
-Hurk! Laissez-moi le tabasser!
-Il faudrait l'endormir...
-Je veux bien l'assomer! Hurk!
-Ce baume!
-Cette fiole!
-Ces herbes!
-Cette gelée!
-Cette dragée!
-Cette drogue!
-Cette épée! Hurk!

Entre savants et ignorants, experts et docteurs, les adultes, tout rayonnants qu'ils étaient de leur sagesse d'aînés, devisaient sur le "mal" dont "souffrait" Elios, palabrant et contestant leurs sciences respectives, et ce faisant, manipulaient le petit elfe de leurs mains avides de prouver l'incontestable efficacité de leurs méthodes de guérison. En peu de temps, l'on vit l'enfant soulevé par une montagne de deux mètres, retenu sur 200 kilogrames de muscles, transporté de force à l'Hôpital de Heine, jeté sur un lit, immobilisé, examiné, tripoté, se faisant ouvrir le bec, enfoncer pléthore de substances dans le gosier, mentalement pénétrer. Les spécialistes se multipliaient et les jours passés dans la salle aux exhalaisons âcres et alcoolisées défilaient, sous l'oeil morne d'Elios qui contemplait la fenêtre avec mélancolie.
Durant sa "convalescence", le petit elfe fit la connaissance de Nala, un médecin dont la nouvelle obsession était devenue la "guérison" de son très jeune patient. Semblable par la race, cette aînée s'efforçait quotidiennement de lui faire ingérer une potion aux effluves des bois.

-Il faut tout boire, affirmait-elle.
Afin de rendre l'enfant plus docile, Nala le nourrissait abondamment de graines, espérant ainsi gagner suffisamment sa confiance pour le faire boire. Bon gré mal gré, celui-ci finissait toujours par s'abreuver de la décoction. Le médecin était alors plus encline à le laisser sortir de l'établissement de tous les malheurs.
Persuadé d'être définitivement libéré de cet enfer, Elios folâtrait alors dans les champs d'Innadril, sifflant avec aise et euphorie. Son immense joie était hélas toujours de courte durée, Nala le reconduisant constamment à la chambre d'hôpital qui le terrorisait.
Il arrivait régulièrement que l'aînée promenât son patient dans la cité, parfois même hors de celle-ci. Ce fut lors de l'une de ces expéditions que le petit elfe fit de nouveau la connaissance de Devra, une naine devenue garde de Giran qui l'avait rencontré quelques heures avant qu'il ne perdît une nouvelle fois la mémoire. Cette si gentille personne au regard masqué par de beaux cheveux était accompagné d'un magnifique félin, un cougar nommé Ecarlate, vraisemblablement ainsi baptisé à cause de ses couleurs vives.
Ecarlate était bien le seul fauve qui n'effrayait point l'enfant et, à ce titre, il se trouvait sujet à de multiples caresses qui fascinaient Elios, tant le pelage de l'animal était doux, tandis que celui-ci ronronnait de satisfaction.
Attendrie par un tel spectacle, Nala eu l'idée d'offrir à son protégé un animal semblable qu'elle avait élevé avec soin. Il s'agissait d'un jeune cougar blanc au caractère affectueux. La clochette qui permettait de l'appeler fut attachée au cou du petit elfe en un petit collier serré. Le félin serait ainsi plus apte à défendre son nouveau maître des dangers qui le menaçaient.
Dernière modification par Elios le ven. 19 mars 2010 à 06h47, modifié 2 fois.
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Message par Elios » sam. 13 février 2010 à 18h11

Chapitre onzième : Les amis

Elios était devenu très proche de Devra. La naine éclairait chaque journée de la vie du petit elfe de sa joie et de sa gentillesse. Aussi patiente qu'attentionnée, elle lui enseignait quotidiennement de nouvelles notions, de nouveaux mots, de nouveaux gestes, tous aussi importants les uns que les autres. Elle l'incitait en outre, et ce constamment, à se servir de ses mains. Docile, l'enfant finissait toujours par lui obéir, sauf incompréhension de sa part. Heureusement, ce professeur n'étant jamais à cours d'imagination, Elios parvenait le plus souvent à saisir le sens approximatif de ses demandes à l'aide des gestes explicites qu'elle effectuait.
Comme son protégé réalisait de nombreux progrès en ce sens, Devra lui offrit une brosse avec laquelle il pourrait, assurait-elle, rendre le pelage de son cougar aussi doux et soyeux que celui d'Ecarlate. Afin de transporter cet outil, elle lui confectionna un autre présent : une bourse, qu'il porterait au cou et dans laquelle il rangerait tous ses précieux trésors. Ces dons comblant le petit elfe de joie, celui-ci inventa un nouveau moyen d'adresser sa gratitude : il vint frotter sa tête contre la naine qui, touchée par cette attention, caressa celle-ci avec délicatesse.
Un jour, alors qu'il visitait Heine, Elios voulut s'abreuver à la fontaine qui se trouvait devant l'hôpital. Aveuglé par sa soif, il ne s'aperçut que trop tard que ses pieds quittaient le sol, et tomba dans l'étendue d'eau. Rapidement secouru par Nala, il retrouva le contrôle de ses poumons au bout de quelques instants. Ses haillons désormais trempés, le médecin les lui ôta, les remplaçant des vêtements neufs, immaculés et sur lesquels avait été cousu l'insigne des Siannodels.
Ce fut également à Heine que l'enfant fit la connaissance de Narja, une jeune femme qui souffrait d'amnésie, tout comme lui. Perdue et affamée lorsqu'il la rencontra, elle s'avéra par la suite vive et intrépide, emmenant le petit elfe avec elle lors de ses expéditions dans des lieux reculés, où sauter d'un point élevé était son activité favorite. Comme Elios ne savait point nager, elle le serrait toujours contre elle afin qu'il profitât de leurs chutes en toute sécurité. Celles-ci lui plaisaient beaucoup; il avait l'impression de s'envoler.
A Giran se trouvait régulièrement une sombre nommée Elauwen. Connue de Devra, elle s'était avérée très gentille avec le petit elfe, lui offrant régulièrement une friandise au miel, dont elle lui avait enseigné le secret de séparation de son emballage.
Suite à la chute dont elle fut victime du haut de la cathédrale d'Einhasad, la sombre était demeurée à l'Hôpital de Heine dans un état critique. Cette incertitude quant à la guérison de cette personne qui lui était chère tourmentait Elios, qui ne parvenait plus à sourire, jusqu'à ce qu'un homme évoquât le rituel qu'un elfe lui avait enseigné alors que celui-ci était ivre. En effet, assurait-il, lors des nuits de pleine lune, si un être au coeur pur tournait trois fois autour d'un grand arbre, un feuille alors tomberait de celui-ci, et si cet être au coeur pur parvenait à attraper cette feuille et qu'il formulait un voeu, plaçant soigneusement la nuit même le végétal sous son oreiller, son voeu serait réalisé. Aussi fasciné que déterminé, le petit elfe s'affaira à la réalisation de ce rituel en compagnie de Devra, comme cette nuit justement, la lune était pleine. Une fois le troisième tour de l'arbre achevé, Elios l'enfant pria de toutes ses forces, de tout son coeur, de toute son âme, pour qu'une feuille tombât de celui-ci.

Et la feuille, doucement, tomba.

Aussi radieux qu'affolé, Elios claqua du bec, agita les bras, courant à droite et à gauche afin de s'en emparer. A sa plus grande joie, il y parvint. Excité, il ferma ses paupières et visualisa ce qu'il désirait au plus profond de lui, son souhait le plus cher : la guérison d'Elauwen.
Enivrés par leur victoire, les deux amis fêtèrent celle-ci à l'Auberge du Dragon Bleu, autour d'un grand verre de lait. La boisson aidant, la naine se trouva rapidement en train de rire, amusée qu'elle était par les réactions de son protégé qui, tout aussi frappé d'euphorie, délivra un rire joyeux, un rire d'enfant, faisant ainsi connaître sa voix si longtemps endormie à Devra, à la grande surprise de celle-ci.
Epuisé par cet effort colossal, le petit elfe toussa violemment, détériorant ainsi son sifflet. Lorsqu'il tenta de piailler, ce fut une dissonance qui retentit. Désappointé par ce son disgracieux, Elios ouvrit grand le bec, invitant la naine à réparer l'instrument cabossé. Après un bref examen et quelques manipulations minutieuses, celle-ci conclut que le seul moyen de restaurer le sifflet était de retirer le masque du visage de l'enfant. Sans plus comprendre de quoi il retournait, le petit elfe laissa Devra poser sa main sur son bec, se contentant de plonger son regard dans celui de la naine. Cette dernière posa l'appendice sur la table, à la vue de son protégé.
Cette vision horrifia Elios qui, incapable de respirer, se mit trembler nerveusement, les yeux fixes. D'innombrables pensées pourfendaient son esprit torturé. A ce moment, il était vide. A ce moment, il était mort. Sans son sifflet, il n'était plus un oiseau. Sans son sifflet, il n'était plus rien.
Comme les lèvres bleues de l'enfant ne délivraient plus de souffle, Devra fut prise de panique, tentant de raisonner le pauvre garçon afin qu'il ne se laissât point succomber à ce choc émotionnel. Fustigé par la douleur, le petit elfe perdit conscience et s'effondra.
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Re: Elios

Message par Elios » dim. 21 mars 2010 à 17h16

Chapitre douzième : Les monstres

Les formes s'entremêlaient. Les songes du petit elfe créaient des entités diverses, tantôt effrayantes, tantôt apaisantes. Dans ce chaos surgissaient brièvement des images du passé.
Une grande personne se penchait vers l'enfant. La forme de son visage dont on ne pouvait distinguer que l'ombre, trahissait la présence d'un bec d'oiseau. L'adulte retira alors son sifflet pour le placer sur le minois d'Elios. Lentement, ce mystérieux personnage se leva, tourna les talons, avant de finalement disparaître, envolé.

A son réveil, Elios se trouvait dans la chambre de Doyll. Quelqu'un frappait à la porte. Celle-ci s'ouvrit doucement avant de laisser passer la figure de la naine bien aimée. Fixant le regard livide du petit elfe, Devra vint délicatement s'asseoir au rebord du lit. Les yeux de son protégé parlaient d'eux-mêmes, la suppliant de lui rendre son bec. Un refus fut essuyé. Le visage de l'enfant était pitoyablement marqué par la tristesse, ses yeux vides et cernés, ses joues creuses, ses lèvres sèches. Son teint semblait même plus pâle qu'à l'accoutumée. Inflexible, la naine demeurait sur ses positions.
Tout faible qu'il était, Elios s'efforça maladroitement de s'échapper de ses draps. Quelques mouvements suffirent à le faire tomber. Relevé par Devra, il empoigna un pan de ses vêtements, ouvrant une bouche muette, levant une frimousse larmoyante vers le regard de sa bienfaitrice.

Force de supplications, le petit elfe parvint à repousser la naine dans ses derniers retranchements. Ne pouvant en supporter davantage, elle se dirigea vers le bureau et s'empara du précieux masque.

-Je t'en prie Elios, dit-elle. Ne me force pas à te le rendre...

Comme son protégé insistait, Devra ne put s'empêcher d'abaisser ses mains tremblantes vers ce dernier, lui laissant bientôt l'occasion de récupérer son bien. Ce qu'il fit, à son grand désespoir.
Face à la triste mine de la naine, l'enfant fit alors quelque chose de surprenant. Des sons venaient de retentir de sa bouche. La naine n'en revenait pas : il essayait de prononcer le nom de celle-ci en langue elfique.


-Vraa... Vraah..

Stupéfaite, elle l'encouragea à poursuivre son oeuvre.

-Oui... C'est ça....
-Deee... Raah... De... Dee... Vraaa...
-Tu y es presque!

Malmenant sa gorge, Elios toussait pitoyablement. Déterminé, il prit une grande inspiration et s'exclama :

-Devra!

Cette dernière le serra dans ses bras de toutes ses forces, le soulevant, le faisant tourner auprès d'elle. Emue, elle le félicita :

-Bravo Elios! Je suis très fière de toi!

Ainsi le petit elfe avait-il prononcé son premier mot, celui de l'être qu'il aimait le plus au monde.

Ses bras, il aurait voulu ne jamais les quitter.


***

Comme il ne savait pas comment mettre son bec, Devra l'avait elle-même attaché sur le visage de son protégé. Après un nouveau sommeil réparateur, l'enfant put donc retourner dehors, se remettant lentement de ses émotions.
Sur son chemin, il croisa la silhouette d'Assa, une sombre gitane qui lui avait offert des cristaux musicaux plusieurs jours auparavant. Sa danse avait le pouvoir d'enivrer le petit elfe tant elle était belle.


-Bonjour petit oiseau, lui dit-elle.

L'intéressé la salua d'un petit sifflement joyeux, ce qui la fit sourire.
L'adulte vint s'asseoir sur l'un des nombreux ponts de la cité, plaçant Elios en face d'elle. Une douce mélodie sortit de ses lèvres. Lentement, l'enfant vit son esprit pénétré par celui d'Assa.


"Elios? M'entends-tu?"

Celui-ci percevait en effet la présence de ce visiteur inattendu, qui se mit à vérifier les états physique et psychique du petit elfe. Après quoi la gitane explora ses pensées.
Son attention fut attirée par la récurrence du bec. Elle inspira alors une interrogation au jeune garçon, et les bribes de son dernier rêve apparurent.


***

Les rues de Giran n'étaient guère fréquentées en ce début d'après-midi. Parmi les pavés de pierre se déplaçait lentement une louve au pelage immaculé. Subjugué par une telle grâce dénuée de tout maniérisme, c'est avec une marguerite entre ses doigts que l'enfant se dririgea vers elle. En présent, il lui tendit la fleur. L'intéressée tourna la tête vers le courtisan. Face à ce pollen qui lui irritait les narines, elle eternua, ce qui ne manqua point de faire sursauter son admirateur. Honteux et confus, ce dernier sortit de sa bourse rapiécée une brosse à poils longs. Précautionneusement, il l'appliqua sur la fourrure de la bête. Celle-ci, loin d'être belliqueuse ou même effarouchée, laissa Elios s'affairer à son ouvrage.

Le flair du petit elfe ne le trompait guère. Ainsi lui apprit-il qu'une sombre exhalait les mêmes senteurs que la louve. Bien entendu, les deux personnages ne se présentaient jamais simultanément...


***

Heine... Peur. Heine... Méchantes personnes. Heine... Prison. Heine... Haine?

Comme Devra peut être gentille et attentionnée. Chacune de ses rondes parmi les rues de la ville de Giran s'accompagnait des chants de son protégé. Sifflant, battant des bras, tel un petit oiseau sur le point de s'envoler, l'enfant rendait ce devoir plus joyeux qu'à l'accoutumée. Auprès de la naine, Elios était heureux...
Hélas, comme l'heure de rentrer aux appartements de Doyll pouvait s'avérer douloureuse. Le petit elfe conservait d'horribles souvenirs de cette cité au mille souffrances. Que pouvait bien faire ce triste moineau, à part pleurer? Devra quant à elle, trouva un moyen de le consoler.


-Si tu ne veux vraiment plus vivre à Heine, tu peux habiter chez moi si tu le souhaites.

Ainsi se présentait la proposition qui allait enchanter la vie du petit elfe. Se blottissant contre la naine, il versa d'autres larmes, des larmes de joie...

***

-Saleté!
-Espèce de monstre!
-Hors de ma vue!

Elios revivait confusément la scène. Un adulte lui attrappa le cou, le soulevant, tentant de l'étrangler, tandis que de son autre main, il fourra le creux de la clochette d'un fragment de parchemin froissé. Incapable d'appeler le cougar de Nala, l'enfant ne pouvait que subir cet infâme traitement, jusqu'à ce qu'un garde vînt troubler cette agression.

Inspiration.

Ce fut dans une chambre d'hôpital que le petit elfe se réveilla. Il s'agissait de celle qu'il côtoyait si souvent, l'effrayante chambre de l'Hôpital de Heine où il était osculté quotidiennement. Elios n'eut point le temps de s'attrister : il fut en effet rapidement assailli par une profonde et lancinante douleur à l'estomac.
Il ne s'en souvenait guère, mais il avait été trouvé effondré dans une mare de sang, éventré par le poignard d'un agresseur et ce en la place même de Giran. Découvert par un guérisseur, il avait alors été conduit en ce lieu où il souffrait le martyr.
L'enfant n'était certes point parvenu à s'endormir, mais ce fut le jour suivant qu'il reçut la visite d'Assa. Cette dernière portait plusieurs présents à la main. Après les avoir posés, elle s'enquit délicatement de la santé du petit elfe, usant de ses pouvoirs de guérison pur analyser et apaiser les maux d'Elios. Ainsi lui permit-elle de respirer plus convenablement.
En guise d'offrandes, la sombre était venue avec de nouveaux vêtements, puisque ceux qu'avait portés l'oisillon durant son agression lui appartenaient. Ces habits étaient de la même facture que les précédents, mais ajustés à la taille de l'enfant. Ajoutés à ceux-ci une bouteille de soupe très nourrissante. Comme il n'avait rien pu avaler à cause des multiples troubles de son estomac, le petit elfe était affamé et encore plus maigre qu'à l'accoutumée. Le potage s'avéra délicieux.
Enfin la gitane présenta-t-elle au convalescent une petite boîte. Lui chuchottant comme pour partager un secret, Assa lui expliqua qu'à l'intérieur se trouvait un oeuf de faucon pèlerin. Bien à l'abri et au chaud dans son coffret, son éclosion devait survenir bientôt. Emerveillé, Elios ouvrit de grands yeux cernés, ému d'avoir à présent un petit frère.

Lorsqu'elle apprit la nouvelle, Devra, alors devenue lieutenant de la garde giranaise, se rendit immédiatement à Heine, où elle loua une chambre pour une durée indéterminée, le temps de veiller sur le petit elfe encore convalescent. Très affectée, elle éprouva des difficultés à apaiser son protégé qui désirait plus que tout rentrer à leur demeure, auprès d'elle...
Dernière modification par Elios le dim. 4 juillet 2010 à 12h50, modifié 1 fois.
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Message par Elios » sam. 27 mars 2010 à 22h51

Chapitre treizième : La guerre

-Il ne faut pas aller à Gludio. C'est dangereux.

Si le petit elfe comprenait les mots, il ignorait cependant totalement de quoi il retournait. Pour quelle sombre et mystérieuse raison Devra et lui ne pouvaient-ils point rentrer chez eux?
Il s'agissait des Marins des Mers Supérieures. Ces derniers avaient conquis la côte ouest d'Elmoreden, prenant le pouvoir à Gludin, Dion, ainsi qu'à Gludio. Si pour la population, ce fléau inspirait la colère ou la crainte, cette entrave n'était pour l'enfant qu'un triste constat : leur foyer leur était devenu inaccessible.

L'oeuf que lui avait offert Assa avait finalement éclos. Un magnifique bébé faucon en était sorti, où du moins celui-ci avait il daigné jeter un oeil au monde extérieur, car il ne bougeait pas de son nid douillet, demeurant lové dans le coffret, parfois sur le bureau de Devra, parfois dans la bourse constamment accrochée au cou d'Elios. Ainsi lui arrivait-il de sortir sa tête de l'escarcelle de l'enfant, à la grande surprise des interlocuteurs de ce dernier.
Un duvet soyeux décorait son crâne, et ses yeux étant peu habités à la lumière du jour, étaient juste entrouverts la plupart du temps. Comme il était curieux, il remuait toujours à droite, à gauche, pour voir ce qui se passait. Ce petit oiseau amusait Dante, qui affirmait qu'il ressemblait à Elios lui-même, ce qui faisait rougir l'intéressé. Facétieux, l'adulte avait pour habitude de taquiner le bébé faucon avec son doigt, habitude qu'il finit par perdre le jour où il vit le rapace refermer son bec sur son index.


Devra se rendait de plus en plus souvent aux appartements de Iann, le Haut Conseiller Royal. En compagnie d'autres adultes, elle conversait sur des sujets auxquels le pauvre enfant ne comprenait goutte, affichant le plupart du temps une mine inquiète. Lorsque son protégé était autorisé à la suivre lors de ces réunions, il se blottissait contre elle, buvant ses paroles comme autant de notes d'une berceuse. Pour lui, le monde des grands était décidément empli de bien des mystères.


Un jour où Devra s'était absentée depuis le soir de la veille jusqu'au petit matin, le petit elfe jouait comme à l'accoutumée sur la place de Giran, brandissant et remuant joyeusement la ficelle pourvue de multiples grelots que Thyla, une naine fort attentionnée et bien brave, lui avait confectionnée. Le lieutenant se montra alors, l'air anxieux. Cette naine-ci ne souriait guère à ce moment-là, et invita Elios à la suivre. Elle l'emmenait à Gludio.
A leur arrivée, l'enfant remarqua que la ville semblait diffèrente d'auparavant. Point différente comme après une pluit battante. Point différente comme lors d'un festival local. Différente dans le sens où elle n'était plus ce qu'elle avait été jadis. Différente dans le sens où elle ne serait plus jamais le refuge que le petit elfe avait connu. Et cette impression fut confirmée lorsqu'ils arrivèrent devant ce qui fut autrefois leur demeure.
Au centre de la façade à moitié effondré, la porte explosée révélait un escalier écroulé, autour duquel d'innombrables fragments de briques et de bois constituaient, avec les multiples ouvrages de la bibliothèque et l'amoncellement de vaisselle brisée, les ruines du foyer d'Elios qui s'étalaient sous ses yeux larmoyants.
Les cougars demeuraient quant à eux introuvables. Devra les avait en effet aidés à fuir après que l'explosion décimât leurs corps flétris et usés par la faim et la soif. Bien à l'abri sous la terre, ils étaient à présent en sécurité. Par deux croix de bois, le lieu de leur enterrement était indiqué.
Dernière modification par Elios le mar. 6 avril 2010 à 01h34, modifié 1 fois.
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Re: Elios

Message par Elios » dim. 28 mars 2010 à 15h38

Chapitre quatorzième : Maman...

-Dev... raaa... De...vra. Deevra?

De sa très faible voix, le petit elfe prononçait inlassablement le seul mot qu'il connaissait, le mot qu'il préférait, le nom de l'être qu'il chérissait.

-Il va falloir apprendre d'autres mots à présent, lui dit l'intéressée en souriant.

Elios toussa. Si ce coup de poignard à l'estomac avait éveillé ses cordes vocales en léthargie, l'enfant assurait néanmoins un contrôle versatile sur celles-ci, dont il ne s'était guère accoutumé à l'usage. Ainsi une inflammation pouvait-elle aisément survenir. La naine s'assit auprès de lui et commença la leçon.

-Oui, articula-t-elle en hochant la tête.
-O... Uu... U...
-Ouuuu.
-O... Oouu...Iiii.... Ouuii.
-Bien! le félicita Devra. A présent, non, dit-elle en secouant le chef de gauche à droite.
-D... D...Ne... Noo...
-Nooon.
-No... oon... Non.
-Oui, c'est cela!

Vinrent ensuite les phrases usuelles :

-Je.. m'ap...pelle... Elios... et habite à G...Gludio.

Puis l'apprentissage des villes qu'il avait déjà visitées.

-Djiii...Gii... rr... ran.

En quelques minutes, la naine était parvenue à enrichir considérablement le vocabulaire de son protégé.
Un cri perçant les interrompit. Devra leva la tête en souriant, admirant le rapace qui n'était plus un bébé se diriger vers le quartier général de la garde.

-Et ton faucon, a-t-il un nom?
Considérant le minois attristé d'Elios, elle poursuivit :
-Tu n'as pas une une idée? A quoi te fait-il penser?
Ce faucon... Il possédait des ailes, contrairement à son frère, car c'était un grand. Il était de plus pourvu d'un bec.
-Eee...Ele... El...bec, répondit l'interrogé.
-Elbec? C'est joli.
Tous deux se mirent à sourire de plus belle. La naine ferma doucement ses paupières, songeuse, puis déclara tendrement :
-Elios... Tu sais, pour ton cougar... Il n'est pas trop tard.
L'enfant baissa la tête, puis leva son regard vers les cheveux de Devra. Ces derniers étaient d'un rouge vif, peut-être légèrement pourpres, voire cramoisis... Non, ils étaient écarlates.... Ecarlate...
Sa propre tignasse qui lui tombait jusqu'aux pieds était quant à elle bien blanche. D'une couleur aussi pure que son âme, elle était en effet...

-Im... ma... culé.
D'abord surprise qu'un si petit être puisse connaître un tel mot, la naine confirma finalement, trouvant le qualificatif plus qu'approprié.

-Pour continuer à apprendre de nouveaux mots, il faut que tu sois attentif, et que tu écoutes les gens parler.

Déjà le petit elfe se remémorait-il des bribes de dialogues entre diverses personnes qu'il appréciait. Ayant bien réfléchi, il ouvrit le bec et déclara, son regard plongé dans celui de son interlocutrice :
-Jje... ai...me... Devra.
Celle-ci rougit, avant de répondre :
-Oui... Moi aussi, je t'aime Elios.

Ce soir-là, alors que la naine bordait l'enfant sur le divan de ses quartiers, celui-ci se souvint d'un mot que lui avait appris Doyll, et que Sarah avait employé pour désigner Shalinah, la kamaelle qui s'occupait des petits orphelins à l'Hôpital de Heine. Ensommeillé, il parvint ainsi à articuler :
-Merci... Maman...
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Message par Elios » dim. 4 avril 2010 à 00h14

Chapitre quinzième : Rouge-gorge

Devra était encore partie travailler. Debout devant les appartements de Iann, Elios attendait sa désormais mère avec mélancolie. Ses pensées furent troublées par l'arrivée d'une sombre. C'est en levant la tête qu'il la reconnut : il s'agissait de la guérisseuse qui les avait accostés la veille, la naine et lui. Un sourire tordant ses lèvres, elle salua le petit elfe qui, après quelques essais, parvint à faire de même. Comme l'adulte disait avoir besoin de compagnie, l'enfant accepta son invitation lorsqu'elle lui proposa de se promener avec elle.
Marchant d'abord le long du chemin au nord de Giran, ils se mirent bientôt à courir, la sombre conviant Elios à une course. Tout frêle qu'il était, ce dernier ne se déplaçait guère bien vite, et se retrouva rapidement essoufflé, à bout de ses maigres forces. Face à ce spectacle affligeant, la guérisseuse recommença à marcher à ses côtés. Sur le trajet qui les menait à une rivière, elle lui offrit une pomme qu'elle prit soin de découper après avoir constaté que son bec abritant de jeunes dents de lait pouvait difficilement contenir le fruit en son intégralité.
Arrivés à un pont de bois, ils s'assirent au bord de l'eau. Prétextant une envie d'aller cueillir des poires, la sombre se leva, enjoignant le petit elfe à rester sage, avant de s'éloigner. Elios obéit, et resta docilement à sa place, contemplant les reflets que projetait la rivière devant lui. Il pensait encore à Devra et au jour où elle l'avait emmené à la plage de Gludin, lui faisant découvrir l'eau sous un autre jour, lorsqu'une vive douleur lui brouilla l'esprit.
Derrière lui se tenait son accompagnatrice, qui venait de lui asséner un violent coup de dague au cou, le transperçant de telle sorte que la lame entrât dans le champ de vision de l'enfant. Pris au dépourvu, ce dernier ne put que laisser échapper de pitoyables sifflements suffoquants.

-Mais tu vas te taire, oui!
Avant de sombrer dans l'inconscience, le petit elfe eut le temps de reconnaître la voix de la sombre, ce qui lui arracha des larmes de tristesse et d'incompréhension.
Un cri aigu perça les cieux. Elbec, qui venait d'assister à la scène depuis les airs, fonça en piqué vers les deux êtres afin de porter secours à son
frère. La femme brandissant le frêle corps devant elle comme un bouclier, le faucon se vit obligé de poser ses serres sur la tête de son protégé afin d'arguer le bec dans le but de porter un coup vif à l'agresseur, qui arracha alors sa dague de la gorge d'Elios, ce qui eut pour effet de la déchirer. L'enfant tomba dans la rivière, emporté par le courant.

Cette pomme avait été délicieuse. Cependant, pour avoir goûté au fruit défendu, il y avait un prix à payer...
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Re: Elios

Message par Elios » dim. 4 avril 2010 à 11h07

Chapitre seizième : Dans la gueule du loup

-Elios... Pardon... Pardon...

Je veux pas voir maman pleurer. C'est douloureux...

Au bout de plusieurs semaines de convalescence à l'Hôpital de Heine, le petit elfe put de nouveau parler. Sa voix était devenue faible, éteinte et efféminée.

J'ai mal...

Après avoir interrogé son protégé, Devra s'était mise à la recherche de son agresseur, sur lequel elle se jeta en brandissant sa lourde lame.

Maman...

Placée en garde à vue à Giran, la sombre avait finalement été libérée pour absence de preuves, ce qui suscita chez la naine une ardente colère.
Où es-tu?

Alors que la criminelle se trouvait à Giran, la brigadière quant à elle raccompagna l'enfant à ses quartiers. Prétextant du travail supplémentaire à effectuer, elle s'apprêtait à quitter Elios lorsqu'elle se vit offrir le bec de celui-ci. Touchée par ce geste, elle l'accepta en lui souriant, ce que fit également le petit elfe qui ignorait qu'il ne récupérerait point son sifflet de sitôt.
Maman...

Ce n'est qu'après de longs jours d'attente qu'il reçut enfin de la visite. Mais ce n'était point Devra... C'était Iann.
Que fais-tu?

La requête du conseiller semblait pourtant si simple. Se rendre à Goddard le temps d'une nuit et patienter jusqu'au retour de Devra.

Je ne te vois pas.

Comme il tremblait, la sombre, celle-là même qui lui avait tranché la gorge, accepta que l'on emmène l'enfant à l'hôpital de la ville.
-Déshabille-toi et va t'allonger, lui dit-elle une fois sur place.
Fébrile, Elios obéit à son grand regret, ayant même jusqu'à céder le ruban à clochette qu'il portait au cou. Portant désormais la chemise de l'hôpital, toutes ses affaires seraient conservées par le personnel de l'établissement.


J'ai peur...

La sombre qui surveillait les dortoirs était sadique. Manipulant sans ménagement le petit elfe qui haletait de peur, elle alla jusqu'à le gifler violemment.

Je serai sage. C'est promis.

L'enfant fut emmené au château de Goddard par celle qui avait attenté à sa vie. Après avoir traversé maintes portes et maints couloirs, il fut conduit devant un jeune homme alité. Il s'agissait du prince Léo.

Alors s'il te plaît... Ne me laisse pas...

Le prince affirmait que Devra était une mauvaise personne, qu'elle avait tué son enfant, ce à quoi Elios ne pouvait croire, répétant inlassablement :
-Maman... gentille...

Je veux t'appeler.

Oeil pour oeil, dent pour dent. Le jeune homme exigeait la mort du fils de la naine en guise de punition, après une torture préalable de celui-ci devant sa mère. La sombre lui rappela qu'il fallait conserver le petit elfe vivant pour faire revenir la brigadière dans les geôles de la forteresse. Ainsi proposa-t-elle de lui couper la langue.

Mais je ne peux plus...

Roué de coups, l'enfant fut attaché à un fauteuil à l'aide de liens serrés. La sombre s'empara du poignard qui avait auparavant servi à l'égorger. Tirant à l'aide d'une pince l'organe condamné, elle leva sa lame, et d'un geste vif, trancha violemment la langue d'Elios.

Maman... Je t'aime...
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Re: Elios

Message par Elios » mar. 6 avril 2010 à 08h08

Chapitre dix-septième : Un oiseau en cage

A son réveil, Elios se trouvait sur un sol humide et froid, entouré par plusieurs sombres. Celle qui l'avait par deux fois meurtri d'un coup de dague le fit tenir sur ses jambes flageolantes. Confus, il entendit cependant hurler la voix de sa mère.
-QUE FAIT ELIOS ICI?
Une elfe noire s'approcha de la cellule dans laquelle se tenait la naine grièvement blessée, dévêtue et horrifiée.
-Cet enfant est coupable de faux témoignage. Nous lui avons infligé la punition que nous réservons aux menteurs.
Sur ces paroles, la sombre claqua des doigts, enjoignant explicitement celle qui avait torturé le petit elfe à lui ordonner d'ouvrir la bouche. Le visage trempé de larmes impossibles à stopper, celui-ci refusa faiblement d'un signe de tête. Réitérant ce geste après que la sommation lui fût répétée, Elios se vit enfoncer l'estomac par un poing ganté, ce qui le fit s'effondrer. Un sombre en armure empoigna la longue tignasse du petit elfe inconscient pour le traîner jusqu'à la cellule voisine à celle de Devra, qui s'époumonait, sanglottait, implorant les tortionnaires de libérer son fils.

Une quinte de toux fit bouger l'enfant. Comme le sang poisseux collait à sa bouche emplie de cloques, celles-ci étant dues à la cuillère chauffée à blanc appliquée sur le mognon de langue pour stopper l'hémorragie, le mouvement de sa mâchoire le fit se crisper de douleur. Plaçant sa main contre ses lèvres, quelques gouttes du liquide vital y furent projetées. Perdu, il appela faiblement sa mère d'une respiration sifflante. Comme elle pleurait mais ne répondait point, Elios se traîna vers l'origine des sanglots.



Il fut rapidement bloqué par de froides barres de fer. Tout chétif qu'il était, il passa son bras au travers, rejoignant ainsi celui de Devra qui imitait son geste. Leurs efforts réunis, ils parvinrent juste à faire leurs doigts se frôler. Face à cet échec, le petit elfe s'affaira à retirer la trop grande chemise de l'hôpital de Goddard, avant d'y tracer de son sang les lettres formant le nom de la naine, en dessous desquelles il dessina un coeur. Il concentra ensuite ses maigres forces pour faire parvenir le vêtement à travers les barreaux de sa cellule jusqu'à celle de Devra. Cette dernière s'en empara et lu le message aussitôt, avant de serrer affectueusement l'habit froissé contre elle, anéantie.
Des bruits de pas se firent entendre, laissant place à une sombre venu visiter les détenus. L'enfant s'était placé aux limites de sa cellule afin d'être le plus proche possible de celle de sa mère. Recroquevillé contre les barreaux, les os saillants, les yeux rouges, il leva lentement son index qu'il pointa vers la naine, puis joignit les mains comme pour prier.

-Tu veux être près de ta maman? demanda la sombre en haussant un sourcil.
Le petit elfe hocha faiblement la tête.
-Un coeur qui ne connait pas la haine, mumura-t-elle pour elle-même.
-Ne l'approchez pas de moi... dit l'intéressée en langue sombre, livide.
L'elfe noire se tourna vers Elios et lui déclara :
-Je ne peux accéder à ta requête.
L'enfant laissa ses larmes couler.

Le petit elfe ignorait s'il s'était endormi. Il ne savait ni où il était ni ce qui se passait. Les ténèbres formaient autour de lui des figures effroyables. Tremblant de tout son corps, ses yeux étaient-ils ouverts ou fermés? Ces horribles souvenirs de coups et de pleurs, de torture et de terreur, n'avaient-ils été que d'affreux cauchemars? Ces visions le hantant, il se mit à haleter de peur.
-Elios...? Elios?
Comme Devra l'appelait à son tour d'une faible voix, l'intéressé tourna la tête, cherchant sa mère.
-Elios... Elios est-ce que tu vas bien?
-Ouuu... eeiii...
La naine sanglotta de plus belle. Entendre son fils tenter de s'exprimer en vain était plus que ce qu'elle pouvait endurer.
-Elios... Qui t'a amené ici? Qui?
L'enfant ne se souvenait point comment il avait quitté l'hôpital. Il articula donc :
-Ee... aiii... aaa...
-Est-ce que c'est Iann? poursuivit-elle.
-Oon... Ooonn...
-DIS-LE MOI ELIOS! QUI T'A EMMENE ICI? QUI? VERITE!
Afin d'apaiser la colère de cet être qu'il chérissait le plus, Elios commença à utiliser l'une des voyelles qu'il pouvait prononcer pour chanter une mélodie bien connue de sa mère.

Celle-ci hurla.

-TAIS-TOI! TAIS-TOI TAIS-TOI TAIS-TOI! TAIS-TOI!
[ image externe ]
Maman...

Pourquoi... Tu m'aimes plus...
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » mar. 20 avril 2010 à 12h11

Chapitre dix-huitième : Taxidermie
Grelottant sous la couverture de sa cellule, le petit elfe avait fini par attraper froid.
-Il faut qu'il reste en vie si nous voulons le vendre, dit une voix.
Comme l'intéressé somnolait, il fut aisé de le porter pour l'emmener ailleurs. Ce fut alors en état semi-léthargique que l'enfant fut conduit aux sources chaudes de Goddard, où il fut lavé de maintes impuretés qu'il avait conservées, avant d'être emporté pour la ville, vers les sous-sols de l'embassade Shebali. Là-bas il s'éveilla sur un lit, alors que la sombre guérisseuse lui présentait des habits somptueux, caractéristiques de ceux que pouvaient s'offrir les nobles de la maison Shebali.
Son accompagnatrice l'aida à se vêtir. Celle-ci s'avéra fort douce et attentonnée. Elle accepta même de rendre à Elios sa précieuse clochette, dernier souvenir de son cougar, Immaculé. Le petit elfe consentit enfin à se nourrir de la soupe que lui servit la sombre lorsque cette dernière lui dit :

-Tu dois être en bonne santé si tu veux rendre ta maman heureuse.
Bien que les souliers eussent toujours effrayé l'enfant, celui-ci obtempéra lorsque l'adulte lui demanda de les porter. Il s'agissait de la première fois pour lui. Mais comparée à la tâche qui lui incombait, cette expérience fut aisément réalisable. En effet, Elios allait devoir nourrir sa mère...

Quel triste échec.
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » lun. 26 avril 2010 à 19h27

Chapitre dix-neuvième : Cauchemars

Maman...

-Je suis pas sa mère...

Elios avait finalement été libéré et confié aux soins d'Assa. Encore fiévreux, il fut forcé d'attendre plusieurs jours avant de retourner à Giran, à la recherche de sa mère. Il y trouva Thyla, qui le plaça en sécurité au quartier général de la garde. L'enfant reçut la visite d'un Iann méconnaissable, défiguré par la tristesse et coî. En compagnie de Prune qui porterait Elios, il emmena celui-ci voir sa mère.

Ca fait... mal...

-Prends ton fils dans tes bras Devra. Il a besoin de toi.
Celle-ci refusa d'un signe de tête.

Pourquoi... tu m'aime plus?

Comme le petit elfe tentait de se rapprocher d'elle, la naine recula, fuyant le contact. Incapable de parler, ni de siffler sans son bec, l'enfant se contenta de pleurer, ne parvenant pas à s'en empêcher.
J'ai été... méchant?
En définitive, il fut décidé qu'Elios et Devra vivraient désormais chez Prune et son fils.

Cette nuit-là, l'enfant fut hanté par d'effroyables songes.
Seul, le petit elfe suivait un long sentier au long duequel se tenaient toutes ses peurs les plus atroces.
Les démons et toutes leurs cohortes, les dédales et leurs multiples portes. Les félins aux griffes acérées, les adultes aux sourires mauvais. Tous ceux qui lui avaient fait du mal depuis sa perte de mémoire le saluaient, avant de s'assembler pour former une masse ténébreuse et effrayante.

Elios tenta d'appeler sa mère, en vain. Alors que sa bouche s'ouvrait sans émettre le moindre son, la silhouette de la naine rapetissait à l'horizon, jusqu'à disparaître...

Maman... M'abandonne pas...
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » lun. 3 mai 2010 à 01h59

Chapitre vingtième : Plumes

Lorsqu'il ouvrit ses yeux, le petit elfe vit ceux de sa mère qui le regardaient avec bienveillance.
-Bonjour Elios, dit-elle doucement.
L'esprit encore confus des tourments qui l'avaient hanté durant la nuit, l'intéressé ne put qu'émettre un faible bruit de respiration surpris. La naine le berçait délicatement près elle tandis qu'il se nourrissait de cette magnifique contemplation que constituaient les deux globes occulaires de Devra.
-Je serai toujours ta maman... Pardon d'en avoir douté.
L'enfant frotta affectueusement sa tête contre sa mère, des larmes de soulagement coulant abondamment sur ses joues creusées par l'anxiété et la dénutrition subie à Goddard.
Merci... Maman...

La petite famille se rendit à Giran pour s'y promener. Il n'y avait guère beaucoup de monde en ce début d'après-midi et les oiseaux se faisaient rares dans le ciel. Lorsque la naine vint s'asseoir sur les marches menant à la passeuse, son fils trébucha. Il venait encore de marcher sur ses cheveux. Considérant son protégé qui se couvrait douloureusement la tête de ses petites mains, Devra déclara :
-Il va vraiment falloir les couper...
Comme Elios affichait une mine terrifiée aux dires de sa mère, celle-ci poursuivit :
-Je pourrais te les attacher, comme moi?
Ce faisant, elle désigna les tresses enroulées de chaque côté de sa tête.
-Viens, dit-elle en le prenant dans ses bras. Je vais t'arranger ça.
Sur le chemin qui les menait à la demeure de la famille de Prune, la naine caressait doucement le dos du petit elfe qui tremblait de peur.
-Tu ne crains rien, lui souffla-t-elle.
Arrivée sur la plage, Devra posa son fils sur le sable au bord de la mer, avant de se rendre à l'intérieur de la cabane où elle résidait. Elle revint se placer dans le dos de l'enfant, munie d'une paire de ciseaux, d'une brosse, ainsi que d'un élégant ruban. Une fois assise, elle commença à brosser les longs cheveux d'Elios. La chevelure devenue soyeuse, la naine s'empara des ciseaux et les approcha du corps frémissant de son protégé. Délicatement, elle se saisit d'une mèche... et la coupa.
Une expiration saccadée sortit de la bouche de l'enfant, bientôt suivie de plusieurs larmes qui tombaient une à une sur le sable. Sa mère quant à elle, continua son ouvrage.

Maman... Que fais-tu... à mes plumes?


Certains de ses cheveux étaient encore souillés par le sang qu'il avait perdu à Goddard. Devra fit ainsi disparaître les sombres mèches qui donnaient à sa colombe des allures de corbeau.
La naine termina en laissant une longueur atteignant les fesses du petit elfe. Elle reposa ensuite les ciseaux pour brosser une seconde fois la chevelure immaculée. Enfin elle réalisa une tresse au bas de laquelle elle noua un magnifique ruban, avant de serrer son fils contre elle, laissant au vent le soin de faire disparaître toute trace de son oeuvre.
Tandis que les mèches coupées s'éparpillaient dans les airs loin derrière eux, les traces de cet évènement prenaient place dans l'esprit d'Elios, qui se souviendrait à jamais de la douleur de ce jour.

Dernière modification par Elios le dim. 4 juillet 2010 à 12h43, modifié 1 fois.
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » ven. 7 mai 2010 à 15h24

Chapitre vingt-et-unième : Langue de chat

Maman... Je veux t'appeler...

Pourquoi... ai-je mal?


Depuis ce sombre jour à Goddard, le songe était devenu récurrent.
Ca... brûle...

Mais aujourd'hui, la souffrance était bien plus vive qu'à l'accoutumée.

Ca fait... mal...

C'est alors que Devra leva le charme soporifique qu'elle lui avait jeté une heure auparavant. Confus et apeuré, mais fort affaibli, le petit elfe tourna la tête afin de comprendre où il se trouvait et ce qui se passait. Allongé sur un lit d'hôpital, l'enfant voyait sa mère penchée sur lui, l'air inquiet.
-Elios, lui dit-elle dans un souffle. Tu peux parler?
Interpelé, l'intéressé remua fébrilement les lèvres. Lentement, il articula :
-Ma... Maman...
Sa mère le serra dans ses bras, émue et soulagée. Perdu, il affichait un minois abasourdi. Comme la naine l'avait redressé sur sa couche, il pouvait désormais distinguer une silhouette elfique qui lui souriait affectueusement.
-Nala t'a guéri, dit Devra. C'est elle qui a soigné ta langue.
-Bonjour Elios, déclara-t-elle. Je suis très heureuse de te revoir.
Mais son fils ne pouvait déjà plus parler. Sec, son membre retrouvé refusait de bouger.
-Est-ce que tout va bien Elios? lui demanda sa mère, voyant qu'il couvrait se couvrait la bouche de ses petites mains.
Le petit elfe secoue la tête de gauche à droite, ce qui fit s'effacer le sourire des deux adultes.
-Ta langue te fait souffrir? pouruisivit-elle.
Sur ces mots, Nala alla quérir un flacon contenant une macération à base de feuille orc.
-Juste une gorgée d'accord? l'avertit-elle avant de lui donnant la potion.
D'une main fébrile, l'enfant s'en empara et commença à boire, projetant vraisemblablement de faire cul sec. Estomaquée, Nala hurla :
-Devra! Empêche-le!
Aussitôt la naine lui arracha-t-elle la fiole que déjà son fils tendait faiblement ses bras vers elle, réclamant le breuvage.
-Elios! lui dit elle. Qu'est-ce qui t'a pris?
-Eau... souffla-t-il à bout de forces.
Sa mère se frappa le front et s'exclama :
-Nala! De l'eau! Il a soif.
Devra serra de nouveau son fils contre elle. Celui-ci haletait, la langue complètement déshydratée. Un gobelet rempli d'eau fraîche lui fut donné, suivi d'un autre, puis d'un autre, et encore d'un autre...
-Pas trop, hésita Devra qui craignait une mauvaise réacton de son tout petit estomac.
Une nouvelle préparation lui fut bientôt tendue, chaude cette fois-ci. Utilisant du miel, elle était censée modérer l'assèchement de la langue du petit elfe, langue qui, au contact du liquide, se réfugia immédiatement dans la bouche de son possesseur, brûlée. Constatant le phénomène, Nala alla refroidir le breuvage, avant d'essuyer un nouveau refus de son protégé qui venait encore de s'ébouillanter. Après plusieurs tentatives, Devra lui déclara doucement :
-Elios... C'est presque froid...
L'enfant lappa une fois, deux fois, trois fois... avant de porter le bol à ses lèvres tremblantes, et vider le contenu de celui-ci. Après discussion des deux adultes, la naine emmena son fils à Giran, emportant avec elle des infusions confectionnées par Nala. Arrivés dans la cité, ils se rendirent aux appartements de Iann qui, abasourdi d'entendre le petit elfe qui l'entourait de ses maigres bras s'exprimer de nouveau, laissa sous cette vive émotion échapper quelques larmes qu'Elios s'empressa de lécher.
-C'est mieux avec tes mains, lui dit-il avec le sourire en s'emparant délicatement de l'une de l'enfant, avant de s'en servir pour essuyer ses pleurs.
Devra expliqua à Iann la situation dans laquelle se trouvait son fils qui déjà portait ses doigts humides à ses lèvres. Ainsi le guerrier prépara-t-il une infusion avec le sachet que lui fournit la naine, puis la fit refroidir à l'aide de ses capacités magiques.

-Ne bois pas trop, le prévint sa mère.
Mais à peine Elios avait-il avalé quelques gorgées qu'il se recroquevilla, une main plaquée sur l'estomac. Alertée, la naine s'écria :
-Iann! La porte! Vite!
L'apostrophé s'exécuta sur-le-champ et lui ouvrit le passage vers l'extérieur, la laissant ainsi sortir avec son fils dans les bras. Se plaçant dans un renfoncement de l'édifice, elle le reposa sur ses deux jambes vacillantes, et lui frictionna le dos d'une main pour lui tenir les cheveux de l'autre.
-Respire lentement, dit-elle.
L'intéressé haletait, les deux mains serrées sur le ventre, avant d'en porter une à sa bouche que lui ôta prestement Devra.
-Tu peux le faire tu sais, lui souffla-t-elle. Ce n'est pas grave.
Tremblant de peur, lui qui ne comprenait point ce qui lui arrivait, le petit elfe commença à régurgiter tout le liquide qu'il avait absorbé. Comme il hoquetait, le contenu de son estomac se déversait par à-coups sur les pavés. Après plusieurs minutes qui lui parurent interminables, Elios s'arrêta enfin, avant d'éclater en sanglots.
Dernière modification par Elios le dim. 4 juillet 2010 à 12h42, modifié 1 fois.
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » dim. 9 mai 2010 à 01h02

[A paraître prochainement]
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » dim. 6 juin 2010 à 11h42

Chapitre vingt-troisième : Le retour du chat

En ce petit matin de Brilleblé, Elios ramassait des coquillages sur la plage en vue de concevoir un collier pour sa mère. Son attention fut attirée par une coquille plus grosse que les autres. Intrigué par cette imposante trouvaille, l'enfant s'approcha lentement de celle-ci, puis se pencha pour vérifier qu'aucun pagure ne se trouvât à l'intérieur. Ce qu'il y vit le troubla.
Un tout petit chat noir s'était recroquevillé dans le creux de la coque. Sale et blessé de toute part, il était en piteux état. Inquiet quoi qu'un peu effrayé, le petit elfe posa son trésor au sol et avança une main fébrile vers le fond du coquillage. Délicatement, il se saisit du corps du pauvre chaton avant de le tirer vers lui, immobilisant la coquille à l'aide de son autre bras. Le félin enfin sorti de sa cachette, Elios le serra contre son coeur et courut vers la cabane où se trouvait Devra.

-Maman... Maman... l'appela-t-il de sa faible voix.
-Qu'y a-t-il Elios? lui demanda-t-elle en se tournant vers lui.
Comme son fils brandissait sa trouvaille entre ses deux petites mains, la naine s'approcha de lui pour constater de quoi il retournait.
-C'est... C'est ton chat, déclara-t-elle interloquée.
-Mon... chat? souffla-t-il.
[ image externe ]
Un chat noir est signe de malheur.
Devra s'empara de la créature blessée et l'allongea sur le lit, avant de joindre ses mains au-dessus d'elle pour commencer le processus de guérison, laissant au petit elfe tout le loisir d'assister aux soins magiques. Et quel spectacle en effet : déjà les plaies se refermaient. Aussi fasciné qu'effrayé, l'enfant contemplait le miracle les yeux grands ouverts. Délivrer un être de ses souffrances, quel fabuleux pourvoir.
-Elios, lui dit sa mère en lui tendant un chiffon humide, tu veux le nettoyer?
L'intéressé se figea, considérant un instant l'animal inconscient. Après avoir pris une grande inspiration, il se saisit fébrilement du fragment de tissu avant de l'avancer vers le félin. Lentement, il l'appliqua sur son pelage et commença à le laver. Au bout de quelques instants, le chaton commença à bouger. Une plainte apeurée sortit du bec du petit elfe.
-Elios... Ce n'est pas la petite bête qui va manger la grosse.
Comme il approchait le chiffon du museau de l'animal, ce dernier se mit à bailler, dévoilant des crocs acérés, ce qui fit gémir l'enfant de plus belle. Ses yeux larmoyants tremblaient d'effroi, comme tout son corps.
-Elios... souffla la naine, atterrée.
C'est alors que le félin ouvrit les yeux. Confus, il agita la tête et promena son regard dans toute la pièce. Lorsque celui-ci se posa sur Elios, il n'en bougea plus. A la grande surprise du petit elfe, le chaton se jeta sur son masque.
-Ton bec! lui cria Devra. Enlève-le!
L'enfant gémissait et sifflait, ses mais tremblantes s'agitant vainement derrière sa tête. Grâce à l'aide de sa mère, le masque tomba avec l'animal qui le fustigeait de coups de griffes. La naine s'empara rapidement du sifflet et le serra contre son coeur.
-Apparemment, ça l'énervait, dit-elle.
Un immonde raclement de gorge se fit entendre. La gueule grande ouverte endirection du sol, le félin tremblait. Il cracha finalement un minuscule objet. Devra posa le bec de son fils pour l'identifier : il s'agissait d'une bague. Le chaton affaibli, elle profita de sa fatigue pour le prendre dans ses bras et tendit l'anneau à Elios.
-Mets-le, l'invita sa mère.
-Com... ment? demanda l'enfant.
-A ton doigt.
-Le... quel?
-Je ne sais pas. Essaye.
Le petit elfe s'exécuta. Aussitôt le félin se mit à briller. Alors que son aura lumineuse s'intensifiait, il sauta des bras de la naine et entama sa métamorphose. Lentement, sa forme se modifia et prit une apparence humanoïde. Lorsque la lueur s'éteignit, le chaton se trouvait debout sur ses deux pattes postérieures. Face à Elios, il se jeta sur lui, ce qui eut pour effet de le faire tomber en arrière. Devra s'interposa vivement.
-Si tu lui fais du mal, déclara-elle, je te tue.
L'intéressé serra les crocs, outré par l'attitude de la naine.
-Non... Je te... connais pas... gémit l'enfant.
La créature adressa des miaulements rancuniers à Devra.
-Wouoh je parle pas le chat moi!
Son interlocuteur rougit. L'adulte soupira.
-Maman... poursuivit le petit elfe, je com... prends... pas quoi... il dit...
-Hein? s'exclama sa mère. Il parle? Mais je n'entends rien moi.
Considérant un moment le félin, la naine déclara :
-Elios, je dois partir... Je crois que tu n'as rien à craindre avec lui. Profites-en pour refaire connaissance...
Ainsi laissa-t-elle son fils seul avec celui qui fut jadis son protecteur.

Mais plus pour longtemps. En effet l'enfant reçut la visite de Nala peu après le départ de Devra. Assis face à la mer, le petit elfe perçut la voix de son aînée comme celle du messie, et se leva avec peine pour venir se blottir contre cette venue providentielle. Comme elle lui caressait la tête, Nala vit le félin s'approcher d'eux et lui adressa :
-Bonjour, monsieur le chat.
Et à l'apostrophé d'effectuer une gracieuse révérence.
-Oh mais qu'il est bien élevé.
L'intéressé détourna dédaigneusement la tête.
Tout en continuant de cajoler son protégé, l'adutle demanda:
-Tu en veux aussi des caresses?
Un feulement jaillit de la gueule de son interlocuteur.
-Tant pis, dit-elle dans un sourire.
Nala baissa la tête vers celui qui frottait inlassablement sa tête contre elle et lui proposa :
-Elios, que dirais-tu d'une promenade?

Quelques minutes plus tard, le groupe se retrouva à Heine, ce qui ne manqua guère d'effrayer l'enfant. Toutefois, une vision apaisa un tant soit peu cette peur qui le hantait. Devant lui se tenait de dos Allen. L'adulte vint justement à la rencontre de ce dernier pour le saluer. Surpris de croiser leur route, Allen semblait cependant ravi de voir Nala et Elios en ces lieux.
-Je dois m'absenter quelque instants, dit Nala en se penchant vers tout petit elfe. Je te laisse avec Allen, ajouta-t-elle avec un sourire avant de partir.
Intimidé par son aîné, l'enfant au bec d'oiseau parla peu, profitant de la venue de Sylka pour demeurer en retrait. Une autre naine s'approcha bientôt, dont la présence fit s'éclairer le visage d'Elios qui vint se blottir contre cette personne. Il s'agissait de Thyla, qui avait crié le nom du petit elfe en l'apercevant. Celui-ci lui montra la nouvelle clochette qu'il portait au cou, ainsi que sa récente natte.
-Devra... m'a fait... déclara-t-il faiblement en tournant le dos à son interlocutrice.
-Hmm... Za manque de clozettes za! affirma-t-elle.
Peu à peu, d'autres individus rejoignirent le groupe, dont Nala qui s'empara de la main de son protégé.

Par la suite, tout alla très vite.

Sans comprendre comment ni pourquoi, Elios se retrouva en compagnie de guerriers et de magiciens dans un sinistre édifice construit sous la mer. Quiconque levait la tête pouvait en effet voir celle-ci à travers les dômes e verre.
-Je suis désolé Elios, annonça Nala en le prenant dans ses bras. Moi qui croyais que ce serait une promenade tranquille...
La troupe avançait dans le bâtiment, explorant chaque recoin, remuant chaque urne, ouvrant chaque porte. Mais alors qu'elle entrait dans une nouvelle salle dont les murs suintaient, son membre le plus petit qui demanda avec effroi :
-Nala... Quoi est?
Et à l'apostrophée de se retourner pour découvrir une foule de monstres aqueux. Les armes furent dégainées, les sorts incantés. S'ensuivit un véritable tonnerre de sons et lumières. Horrifié, l'enfant dissimula sa tête contre son accompagnatrice en tremblant de tout son corps. Dans tout cette confusion, Elios aurait voulu disparaître, se trouver ailleurs, dormir, se reposer, même rester des heures durant sur cette plage... tant que c'était ailleurs que ce lieu atroce.
Durant les rares instants de calme relatif, entre une éprouvante bataille et une énigme qui demandait aux aventuriers de réunir le couple de neurones divorcés qui habitait leur boîte crânienne, le petit elfe eut tout le loisir de faire la connaissance de Malice, un homme bourru et vraisemblablement rancunier envers l'enfant, qu'il accusait d'avoir provoqué la mort d'une certaine Asmodée, femme qui décéda effectivement en voulant lui souver la vie lors de l'attaque d'Oren. Mais bien entendu, l'intéressé n'en avait conservé aucun souvenir.

-Ne l'écoute pas, lui souffla doucement Nala. Il râle...
Mais c'en était fait. Déjà son protégé versait-il un torrent de larmes, persuadé d'avoir causé la mort de quelqu'un. Qu'était exactement cette "mort" qui faisait ainsi disparaître les êtres chers et causait tant de tristesse? Elios l'ignorait.
-Arrête de le cajoler! intima l'homme à celle qui tenait le petit elfe dans ses bras. Il faut qu'il apprenne un peu la vie.
A bout de forces, l'enfant ne pouvait plus supporter le moindre vacarme, la moindre souffrance. Il songea un instant à sa mère, à Elbec, à son chat qui ne le lachait point d'une semelle. Tout devenait flou dans son esprit. Dans ce chaos aux millions d'idées, Elios se perdait, ne comprenant goutte à quoi que ce soit, s'ennivrant de ce douloureux tumulte pour oublier celui qui se jouait en sa présence. Il arriva finalement que Nala prononce les mots magiques :
-C'est fini Elios... Je te ramène chez toi.
Vidé de toute énergie, le petit elfe fut porté par son aîné jusqu'à la cabane de Prune. Sur le trajet qui les y menait, il songeait à Malice, siannodel tout comme lui, à son éveil dans la forteresse d'Innadril auprès de Doyll, et demanda demanda à Nala d'une voix éthérée :
-Pour... quoi... je suis... siannodel?
Etonnée d'une telle question, son accompagnatrice déclara :
-Tu y étais déjà avant de perdre la mémoire... donc je suppose que tu l'avais décidé.
Face au silence de son protégé, elle poursuivit :
-Tu sais, c'est une grande famille.
-Fa... mille? articula-t-il.
-Oui, une famille... Hélas, cette famille est sur le point de se séparer.
-Pour... quoi?
-Je ne sais pas... Ses membres se sont fâchés. Ils ont changé.
Une fois le groupe arrivé à la sempiternelle plage, l'enfant fut posé au sol. Un tantinet plus guilleret, il adressa ces quelques paroles à l'adulte qui s'en allait le quitter :
-Siannodels... méchants... Mais Nala... gentille...
Et à elle de lui sourire affectueusement.

Je... suis plus... Siannodel... Je suis... content...
Dernière modification par Elios le dim. 4 juillet 2010 à 12h41, modifié 1 fois.
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » dim. 4 juillet 2010 à 14h53

Chapitre vingt-quatrième : Orphelin

Chat... Est-ce que Devra va revenir?

Je l'ignore, mais tu ne peux pas rester enfermé ici.

Mais Prune... Je dois pas partir... Et Devra aussi...

Devra n'est plus là. Autant partir à sa recherche. Quant à Prune, elle comprendra.

La nuit-même, le petit elfe et son félin noir quittèrent la plage pour se rendre à Giran, en vue d'y rencontrer la naine. Mais même l'ouïe et l'odorat du chat s'avérèrent inefficaces. Devra demeurait introuvable dans toute la cité.

Elle ne peut qu'avoir quitté la ville.

Au comble du désespoir, Elios s'assit dans une étroite et sombre ruelle, recroquevillé et en larmes. Cela faisait déjà plusieurs mois que sa mère n'avait plus donné signe de vie. Lui qui ne pouvait se résoudre à admettre avoir été abandonné, se retrouvait face à la crainte qu'un malheur ne fût arrivé à la naine.
C'est alors qu'apparut Shalina. Accompagnée de sa fille Sarah, elle avait suivi un chaton pour finalement trouver l'enfant dans cet état. Comme la fillette s'approchait de lui, la kamaelle demanda d'une voix douce :

-Elios... Que fais-tu là en pleine nuit?
***
Dame,

Il y a longtemps que nous nous sommes vu, j'espère que vous vous souvenez de moi. Je suis Shalina, la kamaelle qui s'occupe des orphelins de Heine. La nuit dernière j'ai croisé Elios, livré à lui même et apeuré. Ne vous en faites pas, il va bien, je l'ai recueilli chez moi. Cependant je lui ais promis de vous chercher. Il est très inquiet, il dit que vous n'êtes pas rentré depuis longtemps.
Je ne vois pas d'inconvénient à m'occuper de lui jusqu'à ce que vous veniez le chercher, je peux même le garder avec mes orphelins lorsque vous êtes absente, je sais que leur compagnie lui fait du bien, surtout celle de ma fille.

Cependant il y a une chose qui ma taraude. Son chat... J'ai le sentiment qu'il domine clairement Elios. Si celui-ci à quitter la maison c'est d'après lui pour ne pas désobéir au chat. C'est une forte tête, j'ai beaucoup de mal à calmer ses ardeurs et j'ai le sentiment atroce qu'Elios disparaitra dès que j'aurais le dos tourner. Pour la nuit ça a été mais je ne sais pas comment faire pour la suite. Elios dit que le chat veut le protéger, qu'ils doivent rester ensemble et que le chat ne veut pas voir Elios enfermer. En réalité je pense que ce chat peut être un réel danger. Elios en a peur.
Je me fais peut être du soucis pour rien mais je préfère vous mettre au courant.

Donnez moi vite de vos nouvelles.
Amitié.

Shalina
Cette lettre adressée à Devra, remise à la garde comme à la banque, demeurera sans réponse. En effet, durant le mois qui suivit la prise en charge du petit elfe par la kamaelle, la naine fut tuée lors d'un duel l'opposant au chef des troupes d'Aden, qui avaient pris d'assaut la cité de Giran.
La révélation vint d'Allen. Celui-ci avait aperçu Elios à Heine, ville où s'était installée la famille Shalina, leur maison ayant été brûlée par les pillards de Dion. Il lui confessa que sa mère se trouvait désormais dans un monde meilleur.

-Où est... monde meilleur? demanda l'enfant au bec d'oiseau
Considérant son interlocuteur qui désignait les cieux en insistant bien sur l'aspect lointain de ce lieu, Elios poursuivit :
-Maman est... avec Roi... des oiseaux?
-Oui... C'est ça, répondit Allen.

Le Roi des oiseaux donne les ailes aux grands.






-Je peux t'aider à retrouver ta mère. Tout ce que tu dois faire, c'est trouver la Dame du lac.
Ces paroles que prononça un étrange kamael, le petit elfe les garda en mémoire. Comme Shalina travaillait le plus souvent à l'hôpital, elle ne pourrait certainement pas l'emmener voir le Roi de sitôt. Un choix s'imposa alors à lui : rester à Heine où partir à la recherche de cette Dame du lac. Le chat, qui ne savait comment raisonner l'enfant sans le traumatiser, se contenta de dire :

Tu es libre Elios... Mais prends garde à ce kamael.

Ainsi s'enfuit-il de Heine.

En visitant les différentes villes du continent et en y interrogeant la population sur la fameuse Dame du lac, le petit elfe rencontra Swann, une aînée fort gentille qui accepta de se mettre à la recherche de cette mystérieuse personne. En effet, elle avait déjà entendu parler d'une femme près du lac Narsell. Lorsqu'elle interrogea l'enfant sur la raison pour laquelle il souhaitait trouver la Dame du lac, celui-ci répondit :
-Est pour... trouver Devra.
Swann, qui avait pris connaissance de la mort de la naine, ne l'avoua pas immédiatement à Elios. Elle se contenta de poursuivre ses investigations. Après avoir effectué un tour complet du Colisée, elle déclara :
-Etrange... Elle n'est pas là aujourd'hui.
L'adulte attendit finalement le moment où elle allait rentrer chez elle, devant la porte de sa demeure, pour commencer sa tentative d'explication.
-Elios, sais-tu ce qu'est un dieu?
Comme le petit elfe secouait négativement la tête, Swann lui enseigna l'existence de plusieurs dimensions, utilisant une métaphore de boîtes.
-Ta mère se trouve dans cette dimension inaccessible. Mais sois certain qu'elle veille toujours sur toi, là où elle est.
-Mais... J'ai besoin... maman...
Elle le prit dans ses bras, s'efforçant de rassurer celui qui ne comprenait pas ce qu'était la mort, et qui pleurait celle de l'être qui lui était le plus cher au monde.
-Tu peux rester ici si tu le souhaites, lui souffla-t-elle. Tu as besoin de repos.
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » mer. 7 juillet 2010 à 00h59

Chapitre vingt-cinquième : Miaou

Le phénomène avait débuté chez Swann. Au réveil d'Elios, deux oreilles félines étaient apparues sur le sommet de son crâne, remplaçant celles typiques des Elfes. Sur les conseils de Chat, il avait alors pris l'habitude de garder sa capuche rabattue sur sa tête, afin que nul ne vît les étranges protubérances.
Peu à peu, la métamorphose commençait à se répandre, atteignant les autres parties de son corps, décuplant ses sens, modifiant ses habitudes. Ainsi pouvait-on surprendre le petit elfe à se lécher une main, à ronronner, où à courir après sa longue natte comme un chaton le ferait avec une queue... jusqu'à l'apparition de celle-ci, qui remplaça bien vite l'objet du jeu. Fort heureusement, il parvenait encore à la dissimuler.
Swann en fut rapidement informée, tout comme Assa, Thyla, et même Shalina, qui autorisa l'enfant à demeurer à Oren aussi longtemps qu'il levoudrait. Et dans le coeur du petit elfe, les promenades avec Swann sur les terres elfiques n'avaient point de prix.

Chat avait élaboré une théorie. Selon lui, la métamorphose était due à l'usage chaotique qu'Elios faisait de son énergie magique. Cette dernière étant dévouée aux arcanes félines depuis le port de l'anneau de pacte, la transformation progressive en chaton en serait alors l'effet.

-Je connais, avait dit Swann, un lieu où se trouve une statue de chat. Peut-être s'agit-il d'un temple dédié au dieu des chats? Que dirais-tu de nous y rendre en pélerinage? Je ne sais pas... Peut-être pourra-t-il nous aider, en échange d'offrandes, qui sait...

Les deux elfes partirent visiter le site en question en compagnie d'Allen, qui les avait rencontrés à Oren. Le voyage s'avéra assez éprouvant pour l'enfant à l'apparence féline. En effet, les chats avaient besoin d'une quantité de repos doublement supérieure à celle des formes de vie humanoïdes.
L'île où se trouvait le temple était très apaisante. Couverte d'herbe et décorée de petits ruisseaux, elle brandissait en son centre une tour au sommet de laquelle avait été érigée une satue de chat. Du haut de cette tou, Swann aperçut une sorte d'autel sur l'île.
Une fois quelques repérages effectués, chacun rentra chez soi. Ce fut après une énième sieste qu'Elios se rendit à la clinique de l'Organisation des Soigneurs d'Elmoreden, dans l'espoir d'y trouver Assa. A sa grande joie, il vit la sombre à l'entrée de l'établissement.
La gitane, qui avait développée des capacités de communication par la pensée, put entendre la thèse de Chat. Afin d'aider le petit elfe à évacuer le surplus d'énergie magique activée en lui, elle lui avait offert un cristal capable d'absorber celle-ci. Hélas, force fut de constater que ni le cristal, ni l''apprentissage du contrôle de son énergie magique auprès d'Assa n'avaient induit les résultats escomptés. la métamorphose se propageait encore et encore.
Alors l'enfant parla-t-il à la sombre du temple félin.


Après s'être chargée de vivres ainsi que d'autres affaires, la gitane se rendit au temple avec sur son dos son petit guide. Sur la route qui les menait au site sacré, Assa s'amusa à courir, sautiller, parfois même tournoyer, dans le seul but d'égayer le trajet de son protégé.
Une fois parvenue au sanctuaire, la sombre plaça sur l'autel quelques offrandes, composées de thon, de lait, de billes de verre, de pelotes de la naine, d'une couverture moelleuse, ainsi que d'une bourse d'or. Elle emmena ensuite Elios tout en haut de la tour, afin d'y interroger la divinité. Là, la gitane se concentra afin d'optimiser ses chances de percevoir le moindre signe de réponse de sa part.


Qui ose me déranger durant ma sieste?

La voix presque amorphe avait résonné si fort dans leurs esprits que les pélerins en sursautèrent. Assa déclara :
-Pardonnez-nous de vous interrompre, ô divinité. Nous sommes venus vous apporter des offrandes dans l'espoir de vous consulter.

C'est gentil... J'accepte de répondre à votre question.

-Merci... Nous souhaiterions rompre la malédiction qui pèse sur Elios ici présent. Est-il possible pour lui de redevenir normal?

Elios et le chat ont commis un faute très grave... Les règles du Royaume sont claires. Il est interdit de sympathiser avec les oiseaux.
[ image externe ]
Entre les deux peuples, c'était la guerre.
Il s'agissait donc bel et bien d'une punition de la part du Royaume des Chats.

Il existe néanmoins un moyen pour lui de redevenir un elfe.

-Quel est-il, ô divinité?

Elios doit vivre ses neuf vies de félin.

-Qu'en tendez-vous par "vivre ses neuf vies de félin"?

Il doit toutes les vivre. Lorsqu'il sera complètement transformé en chaton, il lui faudra dépenser ses neuf vies. Une fois qu'elles seront toutes épuisées, il redeviendra un elfe.

-S'il vous plait, puis-je plaider en sa faveur?

Vous le pouvez.

-Si Elios s'est rapproché des oiseaux, ça n'était pas en vue de se détourner de vous ou de trahir le Royaume des chats. Il a en effet perdu la mémoire suite à une grave blessure lors d'une guerre à Oren. Il n'était point conscient de son erreur. Est-il possible d'alléger sa peine ou de la partager, d'une quelconque manière?

La punition est la même pour tous. Entre nous, c'est plutôt une chance pour lui...

-Elios n'apprécie pas ce qui lui arrive.

Comme vous m'êtes sympathiques... et que vos offrandes me plaisent beaucoup... je vais vous donner un conseil.

-Nous vous écoutons.

S'il désire absolument reprendre sa forme d'origine, vous pouvez toujours l'aider à raccourcir la durée de sa... "punition".

-Vous voulez dire lui faire vivre la mort plusieurs fois?

C'est cela.

-Je vois...

A la fin de ce dialogue au cours duquel il fut question du sifflet de l'enfant, qu'il serait finalement autorisé à conserver, celui-ci n'étant plus en mesure d'appeler les oiseaux, Assa demanda à son protégé s'il avait une question à poser à la divinité. L'intéressé hocha la tête et articula autant que possible :
-E-est... d... dou... l-lou... r... reux... m-mou... ri... r?

Je ne puis te répondre, petit elfe.









-Elios, je ferai en sorte que cela soit le moins douloureux possible...








Sous quelle forme me réveillerai-je demain?
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » ven. 22 octobre 2010 à 09h35

Chapitre vingt-sixième : Les Neuf Enfers
Cela faisait plus de six mois. Six mois durant lesquels Elios vécut dans le corps d'un chaton blanc. Avec le temps, le petit elfe s'était habitué au train de vie quotidien félin. Dormir... Jouer, avec Chat la plupart du temps, parfois avec un objet moelleux, comme une pelote de laine, comme cette nouvelle existence. Ici l'enfant était au calme, avec du repos, de quoi se distraire, du lait pour se nourrir, un compagnon pour le protéger, et une amie pour le réconforter.
En effet, la mort de Devra n'avait toujours pas apaisé le cœur de celui qui en vain avait tant cherché sa mère adoptive. Être un chat n'était ni plus ni moins qu'un doux rêve... un rêve... Dormir, rêver peut-être.
Il pouvait s'écouler des jours sans qu'Elios ne se réveillât. Lui qui était si faible, épuisé par ses pérégrinations insensés, par ses rêves absurdes, par la souffrance du cœur et les mille blessures qui étaient le lot de l'opprimé; qu'il est difficile de vivre en étant si différent... Toutes ces afflictions l'avaient finalement poussé à atteindre une longue et clémente retraite auprès d'êtres chers et bienveillants.
Mais tout cela était trop facile, bien trop aisé pour celui qui avait choisi malgré lui de s'engager dans des chemins de traverse. Les leçons étaient loin d'être achevées. Aussi la fortune voulut-elle qu'une calamité déferlât sur la si récemment paisible cité d'Oren.

Où te-rends-tu, Elios?
C'est un temps pour jouer. Je vais dehors, Chat.
Très bien. Allons dehors si tu le désires.

Dehors, il faisait en effet si beau. Dominée par des cieux blancs et bleus, parsemée de magnifiques arbres éclatants de vie, l'humble ville d'Oren ressemblait à un petit coin de paradis.
Allez savoir comment, allez savoir pourquoi, c'est en ce même paradis que les portes des Enfers s'ouvrirent soudainement, laissant entrer en ce sanctuaire une armée d'abominations sanguinaires. Précédée d'une colossale onde de choc qui projeta Elios et son compagnon contre un pilier, cette apparition annonçait la mort...

Huit vies...


Elios! Cours te réfugier!
Dans le tumulte qui s'ensuivit, Chat avait déjà perdu son protégé de vue. Ainsi ne le vit-il point lorsque l'un de ces monstres lui asséna un violent coup de griffes.

Sept vies...


Elios! Où es-tu?
Ainsi ne le vit-il point lorsqu'une autre créature le piétina sans même le remarquer.

Six vies...


Eliooos!
Ainsi ne le vit-il point lorsqu'il se fit dévorer.

Cinq vies...

Ainsi ne le vit-il point lorsqu'il se fit déchirer.

Quatre vies...

Ainsi ne le vit-il point lorsqu'il se fit transpercer.

Trois vies...

Ainsi ne le vit-il point lorsqu'il se fit consumer.

Deux vies...

Ainsi ne le vit-il point lorsqu'il se fit massacrer.

Une vie...

Il fallut bien que l'on mît un terme à ce macabre festival. Les démons furent repoussés, et la cité détruire, une fois encore... Chat avait fini par retrouver le cadavre de chaton blanc. Comme il avait fière allure, ce gardien noir : des entailles sur tout le corps ainsi qu'une patte brisée. Aussi rapidement que son état le lui permettait, il se traina jusqu'au corps inerte de l'enfant.
Peu de temps après, Swann apparut. Son angoisse et sa tristesse se lisaient aisément sur son visage. Aussi précautionneusement que possible, elle se saisit de la dépouille encore tiède de son ami, adressant une prière à Eva. Ni ses frictions, ni ses pressions répétées sur les restes inanimés du petit elfe n'eurent le moindre effet.
-Chat... dis-moi quoi faire... Parle-moi... Je t'en prie...
L'apostrophé invita par son approche l'adulte à se baisser à son niveau, et à déposer le cadavre au sol. Swann s'exécuta et, sous les gestes affaiblis de Chat, abaissa ses paupières. Le félin posa alors son front contre le sien.

Les Chats se cachent des yeux des êtres précieux pour renaître...

Lorsqu'elle dévoila son regard, Swann découvrit un petit chaton blanc crasseux... mais indemne. De ses oreilles le sang ne coulait plus, de sa gueule la mort n'exhalait plus. C'est le cœur soulagé d'un immense poids que l'aînée prit les deux félins dans ses bras.
-Je vous emmène en un lieu plus paisible.
Quoi de mieux en effet que Cefedellen pour apaiser les rescapés d'un tel désastre? Au centre de la ville trônait un arbre majestueux, au pied duquel coulait une eau limpide et aux multiples vertus. Swann s'assit devant cette étendue aqueuse et commença à laver le corps du chaton inconscient.
C'est alors qu'un événement inattendu se produisit. Lentement, Elios commença à grandir. Ses membres se déformaient, son pelage rétrécissait, ses oreilles s'abaissaient... Et ce fut un tout petit elfe maigrelet, nu et littéralement enveloppé dans des cheveux blancs plus longs que jamais qui apparut dans les bras de Swann.
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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » lun. 10 janvier 2011 à 00h44

Chapitre vingt-septième : Recto verso

Elios, il est l'heure de se réveiller.
L'intéressé remua faiblement la queue pour toute réponse. Un doigt vint alors agacer son oreille gauche, qui remua aussitôt.
S'il te plaît Chat... laisse-moi dormir encore un peu...
Une caresse s'ajouta au traitement du petit elfe.
Les doigts de Swann... Mais... je ne sens pas son odeur...
Une voix douce et cristalline déclara s'adressa à lui :
-Lève-toi, Elios...
Comme l'enfant ne bougeait toujours pas, son interlocuteur contourna le divan avec une souplesse désarmante. Doucement, il approcha ses lèvres de celles de l'endormi recroquevillé et les y posa, ce qui eut pour effet de lui faire ouvrir lentement les paupières. Une forme inconnue se dessina devant ses yeux. Il s'agissait d'un elfe aux cheveux noirs. Une telle vision surprit Elios et le fit se redresser, ainsi put-il mieux distinguer cette personne.
L'adulte portait un pourpoint bien trop petit pour lui, dévoilant ses épaules ainsi que sa poitrine. Il était svelte et souriant. Quant à son regard, celui-ci trahissait une sagesse et une lucidité respectueuses... ainsi qu'une appartenance à la race féline. Son protégé le reconnut immédiatement à l'odeur.

-Chat... souffla-t-il.

L'art de la métamorphose était une spécialité chez les Chats, tout du moins chez les Gardiens. Ils s'en servaient quotidiennement pour passer de leur forme animale à une autre plus sophistiquée, bipède. Partant de cette branche de la magie, Chat n'avait donc guère fait face à beaucoup de difficultés pour changer modifier son enveloppe charnelle.

Chacun désormais, avait expérimenté le corps de l'autre. Quoi de mieux en effet, pour connaître parfaitement et protéger un être cher, que d'en adopter la forme? Unis par l'esprit et par la chair, l'on n'était plus en mesure de distinguer ces deux êtres, l'un comme étant un elfe, et l'autre un chat. Non, tous deux étaient à ce moment précis égaux : ils étaient de moitié elfes et de moitié chats.

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Re: [bgelfe] Elios

Message par Elios » jeu. 19 avril 2012 à 10h09

Chapitre final : Négatif

Parmi les mornes certitudes que l'on peut avoir développées, même les moins sceptiques ne peuvent nier le caractère inexplicable de l'esprit. Le sens est une notion conçue par des êtres pensants, et les inclinations de chaque entité consciente se trouvent façonnées par d'innombrables facteurs. Une telle sensibilité implique des configurations uniques, bien qu'éventuellement convergentes en bien des points. L'on peut donc se trouver légitimement fasciné par cet ectoplasme qui constitue notre essence, et émet ce que l'on appelle la raison.

Sans doute pourra-t-on justifier les derniers événements par une sénilité précoce ; Elios ne s'est jamais vraiment rétabli de ses dégâts intellectuels. L'empathie qu'éprouvaient le petit elfe et son protecteur l'un pour l'autre aura probablement achevé de les rendre fous. Il fallait en effet que l'aliénation fût considérable pour que ce couple commit une telle erreur de jugement.

Elios avait récemment acquis le statut d'espion auprès de l'autorité dionnaise. Nonobstant la dangerosité de la tâche, il avait dès lors entrepris de rassembler des informations concernant un certain Maarten. Les circonstances l'amenèrent à se focaliser sur la ville de Schuttgart, cité où siégeait la Compagnie Sève-Ambre.

Si l'on pouvait entendre certains individus accorder à feu la Sorcière de Schuttgart la capacité de transcender la mort pour reprendre son emprise malveillante sur la ville du Nord, Elios se trouvait quant à lui plutôt serein en cette dernière qui semblait lui avoir pourtant toujours porté malheur.

Une malédiction peut être dissipée. Une blessure peut être guérie. De douloureux souvenirs peuvent être apaisés. Mais nul ne peut affirmer avoir connu qui que ce soit comme étant revenu d'entre les morts, sans que cette personne se trouvât sous le contrôle d'un nécromancien. Aussi, après avoir survécu à plusieurs tentatives d'assassinat, aux assauts d'une mer inhospitalière, à la folie d'une mère qui ne lui était plus familière, à neuf décès félins, et à tous les êtres chers qu'il vit mourir, il était temps pour l'elfe d'achever de payer le tribu de son existence.

L'ironie dont les voies divines sont manifestement affublées aura voulu que deux êtres liés par une profonde affection finissent par se constituer bourreaux l'un de l'autre. La beauté à laquelle auront aspiré ces âmes déchues n'aura-t-elle donc été qu'une chimère ? Il paraissait inconcevable que l'infortune pût s'acharner sur un enfant vraisemblablement des plus vertueux. En guise d'explications, de sombres pigments viendront obscurcir le tableau de la vie auprès de ceux qui auront perdu quelque chose, quelqu'un de précieux.

Tout comme un écrivain peut manquer d'encre ou briser sa plume, tout comme un sot peut se faire arracher la vue par l'astre lumineux, tout comme nos songes peuvent nous faire vivre des aberrations, la recherche du sens se soldera par un silence.
Puissiez-vous vivre une plaisante évolution.

Je publie parfois mes dessins par ici.