Au milieu des roulottes formant un cercle, chaque membre est présent, l'un assis en tailleur, l'un agenouillé, l'un couché sur le ventre.
Au centre, trois grands feux crépitent, lançant vers l'œil de la lune scintillante leurs gerbes d'étincelles féériques.
Dans le cercle, certains jouent de leur instrument, apportant une atmosphère étrange, juste milieu entre exotisme et mysticisme, à la rythmique relativement calme.
Elle s'avance alors, tête légèrement baissée, imprégnée de sa concentration.
Au centre, elle s'arrête. Les flammes dansantes cuivrent légèrement sa peau au sombre azur. Immobile, les tissus légers recouvrent partiellement les formes soyeuses de son corps, ne dévoilant rien, suggérant tout. Les rayons lunaires viennent caresser son visage aux traits fins, raffinés, lui offrant une impression d'infinie douceur alors qu'elle l'offre à cet astre vénéré.
La musique se calme encore, pour finalement s'arrêter dans ses dernières notes mourantes.
Ne reste que le crépitement des flammes, venant briser le silence de la nuit. Tous silencieux, tous attentifs.
Puis, sans que rien ne prévienne, une percussion. Un geste de la danseuse. S'ensuit immédiatement une musique rythmée aux sonorités folkloriques. Elle danse de ses gestes précis et élancés, tournant, tournoyant, se déhanchant au gré des cymbales et tambourins. Sous le reflet de la lune et des feux, brillent et tintent les clochettes attachées à ses poignets et chevilles, scintillent et résonnent les multitudes de pièces métalliques accrochées à son corset et sa taille basse. S'offrant à la musique, se donnant à la nuit, la sombre fait corps avec ses mouvements, serpentine, féline, gestuelle hypnotique, à la sensualité indéchiffrable.
Le rythme s'accélère, se faisant peu à peu endiablé, bientôt intensifié par les claquements de main du clan, augmentant la tension, la fièvre, donnant vie à la nuit, la chargeant de cette magie où tout devient possible. Son corps se lance, se plie, saute et pulse. Elle se déhanche, se tend et se détend, jouant de son être, jouant de ses voiles, montant dans cette transe incomparable, ne sentant bientôt plus ses membres ni se qui l'entoure, n'étant qu'une danse, qu'un vecteur de la puissance et de la croyance, transcendant son esprit alors que son cœur palpite au rythme de la musique qui lui a donné vie. Plus rien n'existe, plus rien n'est, son souffle s'accélère, se chahute, se dispute, incontrôlé, incontrôlable, jusqu'à son paroxysme, son explosion, son implosion !
... Et tout s'arrête ...
Figée. Hors d'haleine. De ce corps plein de vie ne reste qu'une silhouette offerte à la lune, à genoux, bras ouverts.
Son buste se soulève au rythme de sa respiration emportée, sa peau luisant de cette fine pellicule, ses yeux nimbés de cette aura au bleu lunaire... Signe extérieur de cette révélation silencieuse...
Je reprends mon envol alors, montant en altitude. Et là, au point culminant, je plonge de nouveau en piqué vers cette faible lueur au centre de la place qui m'attire. La terre se rapproche à une vitesse vertigineuse, fonçant vers elle, vers cette sombre, vers mon être me souriant doucement... Impact de l'esprit réintégrant son corps.
Elle ferme ses yeux hypnotisés, prend une inspiration soudaine, comme un corps privé d'oxygène qui remonte à la surface. Ses yeux s'ouvrent de nouveau, laissant la vie reprendre ses droits. Elle frissonne légèrement alors que ses sensations lui reviennent peu à peu, s'affaissant légèrement.
Tandis qu'un des siens s'approche, la couvrant d'un tissu bigarré, ses lèvres laissent filtrer un son à la faible intensité.
- Merci Mère...
Oui, elle avait vu, en cette nuit de cérémonie, elle avait pu communier avec leur Mère à tous, eux enfants du voyage au sombre passé. Elle savait maintenant où aller. Elle chercherait dorénavant à joindre cette cité, là où l'œil protecteur l'avait en vision guidée.
Nom : Assa du clan Shimaï
Race : Elfe noire
Age : +- 270 ans (vingt-sept années humaines)
Constitution : Fine silhouette au corps souple
Communauté : appartenant au clan Shimaï, communauté gitane
Alignement : chaotique neutre
Métier : Danseuse, prêtresse de Shilen
Historique du clan Shimaï
La légende contée au coin du feu lors des nuits de grande lune raconte que le clan Shimaï est originellement une Maison Sombre. Lorsque la malédiction de leurs anciens frères s'est levée, qu'enfin les sombres purent sortir de leurs grottes et monter leurs vengeances envers le monde qui les avait bannis, la Maison Shimaï préféra se détacher de la communauté avec laquelle elle cohabitait, lasse des tensions incessantes et fratricides auxquelles elle devait faire face et se plier pour perdurer.
Prenant la route, ils appréhendèrent leur nouvelle liberté d'une manière différente de leurs frères, sans les rejeter ni les condamner, mais préférant trouver leur salut dans cette évasion retrouvée. Ils parcoururent ainsi les terres et les contrées, ne s'arrêtant que rarement pour de plus longues durées, assez peu souvent considérés comme les bienvenus. Rejetés par les leurs qui les considéraient plutôt comme des déviants que comme des frères, évités par les autres races trop méfiantes et suspicieuses à leur égard, les Shimaï vécurent en relative autarcie pendant des générations, clan soudé, exception dans cette communauté sombre autodestructrice.
Ils restèrent fidèles à leur Mère, Shilen, appréhendant son culte d'une manière plus nuancée.
Au cours de leurs périples, les membres du clan accueillirent par moment des sombres, voir même des non-sombres qui parvenaient à passer outre les préjugés et à faire tomber les barrières auto-protectrices du clan.
Ainsi vivait la communauté, ainsi vivait le clan. Mais ainsi aussi certains membres la quittaient, cherchant leur vérité là où les menaient leur cœur, leur désir, là où les conduisaient parfois aussi les visions léguées par leur Mère au travers de ses filles. Car c'est cela aussi que signifiait cette liberté qui leur était si chère, celle de rester, ou de découvrir le monde par ses propres yeux.
Le clan Shimaï
Extrait du journal d'Alletsiel - Erudit sombre solitaire