[Bgnain] Khira Thorn

[Ezekiell]

Nom : Thorn
Prénom : Khira
Race : Naine
Sexe : Féminin
Age : 20 ans
Né(e) à : Sur la route, près de Dion
Alignement : Neutre Bon
Divinité : Maphr
Future classe envisagée : Chasseuse de trésor, farfouilleuse
Subclasses envisagées : Sorcerer ou spellsinger
Situation matrimoniale : Célibataire

Description physique : De taille normale pour une naine, avec un joli visage assez fin, à l’air intelligent que démentent de grands yeux un peu naïfs. Ses cheveux auburn contrastent avec une peau claire et de grands yeux vert vif. Son armure est toujours impeccablement entretenue, mais elle ne se préoccupe pas toujours d’être sale et poussiéreuse lorsqu’elle revient de la chasse.

Traits de caractère : Elle a presque une double personnalité, une lorsqu’elle part à la chasse, en mission, et une lorsqu’elle est en société. À la chasse elle est téméraire, concentrée, consciencieuse. En société elle est plutôt timide avec les gens et en même temps spontanée, naïve, étourdie, et plutôt curieuse, voire indiscrète. Elle est souvent rêveuse voire paresseuse, pouvant passer plusieurs jours à jouer avec son loup, Skarr, ou à traîner à la taverne. Sa compagnie est agréable car elle est souriante et sincère, ne refusant jamais un verre de bière bien fraîche. Loyale envers ses amis et son peuple.

Déteste : La compagnie des ascètes, vraiment chiants (sauf ce vieil ermite rencontré au fin fond d’une forêt et qui ne se nourrissait que de drôles de champignons qui font rire)! Déteste les hypocrites, car ne sait pas reconnaître les mensonges.
Adore : La chasse, la farfouille, les grands espaces verts et les forêts profondes, jouer avec son loup. En ville elle adore les bons repas accompagnés de bière et d’alcool en général, les ragots et autres histoires colportées dans les tavernes.

Devise : « Même si ça pue, même si c’est sale, c’est peut-être beau en dessous. »
Devise : « Nous, les nains, ont vit pas plus vieux, on est jeune plus longtemps. »
Culte : Croyante, elle prie Maphr régulièrement mais passe peu de temps dans les temples.
But(s) / motivation(s) : Chasser et farfouiller, découvrir le monde, et devenir assez forte pour protéger ceux qu’elle aime !
Localisation : Partout dans le monde, soit dans les zones de chasse, soit à la taverne. On peut la croiser à Gludio, chez elle, à la maison du clan Azula.


Histoire / origines / BG :

Contrairement à la plupart des nains qui descendent de leurs montagnes, Khira est née dans les plaines, près de Dion, dans un champ de céréales sous les rayons doux d’un soleil printanier et le murmure tiède du vent dans les arbres fleuris. Ses parents, marchands ambulants, sillonnent les routes depuis des générations, n’ayant ni maison ni inclination pour les mines étroites. Une longue vie d’errance leur a donné le goût des grands espaces et des cieux infinis, des nuits claires autour du feu, où la famille se réunit pour travailler les matériaux avant de les revendre aux forgerons. Une vie bien atypique pour des nains, loin des pics enneigés, des mines sombres et des forges bruyantes. Cette vie d’errance, profitable pour leur commerce, avait aussi amené Khira à apprendre à se défendre, l’usage des armes contre les brigands et les créatures sauvages faisant partie de leur quotidien.
Lorsque Khira eut atteint l’âge de 19 ans, la tradition familiale voulut qu’elle quitte sa famille pour courir seule les routes, et auréoler seule son nom de gloire. Chaque membre de la respectable famille des Thorn avait vécu sa part d’aventure, avant de revenir au sein du clan, pour le protéger et chasser ensemble. Cette tradition, au-delà du but de former et d’aguerrir le jeune ou la jeune naine aux rudes conditions de vie du clan, lui permettait aussi de goûter à la liberté, ce qui prévenait le clan des éternelles crises des adolescents nains. Cette tradition permettait aussi aux jeunes nains, élevés au sein du clan, de se mêler aux autres peuples, car même s’ils vivaient sur les routes, les jeunes restaient souvent en retrait lors des haltes dans les villes. Finalement, après maintes aventures, la plupart des nains revenaient au sein du clan, une fois les affres de la jeunesse passée.
C’est ainsi que Khira se retrouva sur la route, avec devant elle de longues années de chasse solitaire, obligée de se mêler aux autres races malgré sa timidité.

[Ezekiell]

Rumeurs

Au village nain, dans les contrées glacées du Nord, dans une forge autour du feu repoussant le froid et les ombres de la nuit...

- Hé Baldur ! Paraît que l' Conseil a fait appel à des aventuriers pour r'trouver les âmes d' nos nains, volées dans l' cimetière. L' groupe parait qu'il a réussi à régler l' bazar, mais qu' s'est passé des trucs bizarres, d' la magie et tout l' toutim.

- Ofur, la ferme, tu sais pas de quoi tu parles... S'essuyant le visage, il continua, - C'était plus grave qu'un peu de magie ! Il parait que la sorcière essayait d’invoquer un gros démon, du genre majeur avec les dégâts qui vont avec. Bref ils l’en ont empêché, et les Conseillers vont refaire une cérémonie pour que les âmes volées rejoignent Maphr.

- Mouai, ben mes avis qu’ça c’est que l’ devant de la couverture. Ca sent mauvais tout c’bazar !

- De toutes façons, ce n’est pas notre village qui serait visé, mais le royaume de Garius.

- Comment qu’ tu sais tout ça toi ?

En maniant son marteau, modelant un cercle de tonneau de vin, Baldur expliqua :
- J’ai dû réparer le plastron de l’armure d’une petite naine. Elle était là-bas… et elle était plutôt remuée la gosse. Enfin bon, le Conseil me l’a envoyée, vu qu’elle était passée leur raconter les derniers évènements, et mettre en place la cérémonie funèbre. La pauvre gosse, ils ont dû arracher les cœur des nains pour arrêter la cérémonie en cours et empêcher le démon de sortir de terre, et même s’ils étaient déjà morts, la petite ça l’a remué.

- Et ben la pauv’ tiote… Mais z’ont tué la sorcière qu’avait pris les âmes ?

- Ca j’en sais rien, ça regarde pas les gens comme nous… C’est de la politique… Mais la gosse, Khira, elle marmonnait des imprécations contre l’autre sorcière, et à mon avis, si elle était si remontée, c’est qu’ils n’ont pas pu la tuer.

- Ben pour sûr, ta gosse l’a eu de la chance d’ pas y être.

- Keylla ? Hmmmmm… Ca vaut mieux, elle aurait tué l’autre tarée sans procès… Quoique ça aurait peut-être mieux valu… Allez Ofur, assez discuté, j’ai de l’ouvrage qui m’attend, et toi ta femme va encore râler si tu ne te magnes pas !

[Ezekiell]

Nuit d'effroi

La nuit avait été terrible. Khira était glacée, par le vent froid du Nord et par le manque de sommeil. Autour d’elle le village des nains s’éveillait dans les lueurs de l’aube. Des voix emplissaient les dernières ombres de la nuit, des silhouettes ensommeillées traversaient les rues, se dirigeant vers quelque activité. Des enfants se regroupaient sur le chemin de l’école, riants et se lançant des boules de neige, leurs éclats de voix allégeant le cœur de Khira. La vie continuait…
La jeune naine se tenait sur le pas de porte du Conseil des Anciens. Les vieux nains parlaient encore des derniers évènements, mais Khira, épuisée, avait du sortir de la pièce, avide d’air frais et de calme. Mais elle ne pouvait empêcher les souvenirs d’affluer…

Les corps de pauvres nains avaient été volés, déterrés de leurs tombes. Leur repos avait été brisé, leurs âmes volées afin de réaliser un sombre dessein. La nuit avait vu une horreur sortir des ténèbres, un démon terrifiant s’extirper du sol, à l’appel d’une femme terrifiante. Mais grâce à l’intervention d’un groupe de guerriers et de mages valeureux, auquel s’était joint la jeune naine, le pire avait été évité. Arrachant le cœur des nains de leur pauvres corps pantelants et froids – Khira frissonna à ce souvenir, regardant ses mains même si toutes trace de sang en avait été déjà lavée –, le groupe de vaillants défenseurs avait brisé le sortilège initié par la magicienne. La créature maléfique, qui tentait de se libérer du sol, était retournée dans le gouffre qui l’emprisonnait, dans un hurlement de dépit effroyable. Après diverses tractations avec la magicienne, qui était alors prisonnière du groupe – tractations que Khira ne comprit que peu, nullement au fait alors des agissements des Marins – la jeune naine se rendit vite compte que les événements la dépassaient.

Une larme perla, puis roula le long de la joue blanche de Khira. Elle qui parcourait le monde depuis plusieurs années, issue d’une famille de nomades, elle n’avait jamais rien vu de tel avant cette nuit… Mais au-delà de ces traumatisants événements, ce qui étreignait son cœur était surtout des sentiments d’échec et d’impuissance. Ce qui c’était passé la laissait troublée. Le Conseil nain avait fait appel aux gens du Royaume, notamment à Iann, l’un des fidèles de Garius, qui avait alors réuni un groupe de guerriers en toue hâte. Et cela, car personne au village nain ne pouvait régler cette situation. Mais surtout, Khira avait vu une évidence : aucun de ceux qui étaient présents ne s’était soucié des corps qui reposaient dans la neige, leurs torses béants et sanglants. Seule naine présente, et tandis que les autres s’intéressaient surtout à la magicienne, Khira sentit à quel point son avis était inutile. Le sort de la sorcière aurait dû être remis entre les mains du Conseil nain, mais il semblait évident que quelque chose de plus important, de plus grand que cette nuit était en marche.
Khira, avec l’accord de Iann, était alors retournée au village, réunir une petite équipe d’hommes valeureux et aux cœurs bien accrochés, afin de rapatrier les corps volés.
Le Conseil passa le reste de la nuit à délibérer, après le résumé de Khira, tandis que les corps étaient ramenés là où était leur dernière demeure. Les Anciens, et la jeune naine s’en doutait, ne parlaient pas du manque de considération faite à leurs morts. Les nains étaient depuis de nombreuses années vus comme quantité négligeable. Et il était vrai que nombre d’entre eux parcouraient le monde, farfouillant et forgeant. Seul leur travail était grandement respecté, mais depuis longtemps le peuple nain n’avait plus aucun poids, ni politique ni diplomatique, et encore moins celui d’une force armée. Les nains quittaient leurs terres ancestrales, comme l’avait fait le clan des Thorn, la famille de Khira, des siècles auparavant. Mais ils perdaient peu à peu tout poids politique, même si les traditions et leur attachement à leurs terres ancestrales et à Maph perduraient.

Serrant les poings de rage, Khira se sentit perdue, désemparée. Ne voyant aucune solution dans l’immédiat, elle rentra dans la salle du Conseil, comme des flocons de neige aériens flottaient dans l’air au gré du souffle du vent.




[récit suite à l'event de la Mort flouée, qui donnait à Khira le premier souffle pour s'impliquer dans le renouveau du peuple nain et son retour dans la géopolitique du continent]

[Ezekiell]

Skarr

Depuis des semaines déjà, Khira se morfondait profondément dans une taverne, ou plutôt un bouge des fronts de mer d’un village sans nom et sans gloire de la côte sud. Son exil forcé, tradition du clan Thorn, l’avait mené dans bien des endroits. Mais celui-ci respirait la lassitude, l’ennui, et surtout les relents de poissons crevés du port, rabattus par le vent hurleur.
Le sordide de la situation la faisait gémir, affalée devant une bière tiède et sans saveur, respirant l’odeur acre et grasse des pipes de matelots burinés… Des jours qu’elle attendait que le clan passe dans le coin, comme prévu dans les lettres de ses parents, annonçant de grandes retrouvailles et un repos béni, avant de repartir seule sur les routes. Et il avait fallu que cette stupide tempête, ce grain de l’automne s’abatte sur la contrée pour ruiner ce moment tant attendu. Le clan avait alors décidé d’éviter le coin, déjà réputé peu accueillant, pour se diriger vers les terres, remontant vers Dion, puis vers Giran.
Dehors le vent mugissait furieusement, fouaillant tout obstacle qui se dressait entre lui et sa colère. La mer démontée empêchait toute fuite de ce côté-la, et par les montagnes, les pluies torrentielles avaient ruiné les routes et sorti les rivières de leurs lits. Le seul gué qui permettait de quitter l’enclave, bref le seul passage pour fuir, devait être à cette heure noyé sous des mètres d’une eau bouillonnante et noirâtre. Poussant un soupire lamentable, Khira repoussa la bière avec dégoût et se leva, s’apprêtant à remonter dans sa chambre. Se ravisant, elle fila discrètement en cuisine, volant au passage un reste de rôti froid et un pichet de terre emplis de lait frais. Son larcin accompli, elle se dirigea tout aussi subrepticement vers l’étable qui courrait le long de la misérable taverne, et s’y engouffra par la porte de derrière, ni vu ni connu.
L’odeur de la paille chaude la réconforta, lui chatouillant délicieusement le nez, et l’odeur piquante et forte des animaux lui rappela maints souvenirs des temps heureux. Sans compter qu’ici, la puanteur du poisson, qui imprégnait tout le village, était couvert par le musc des animaux. Ignorant la vache de l’aubergiste, qui meuglait doucement, Khira fila derrière un vieil hongre inoffensif, et lui flattant la croupe, elle passa derrière lui…

Il était là, roulé en boule dans la paille, les yeux fermés, les pattes s’agitant et gémissant doucement, rêvant à quelque course dans les montagnes. Il paraissait si fragile et inoffensif, petite boule de poil, chaude et innocente, qui deviendrait un jour un redoutable tueur.

Khira posa sa main sur son flanc, et au contact le louveteau se réveilla. Reconnaissant Khira, il s’étira tranquillement, bailla largement, puis se colla contre elle, attendant caresses et nourritures. Il engloutit le lait et le rôti subtilisés à l’aubergiste en quelques bouchées, puis il se recoucha sans manière. Jouant avec les doigts de la petite naine, il les mordillait et les léchait tour à tour, grognant de plaisir. Depuis son arrivée, Khira s’était attachée au louveteau, comme le dresseur qui en avait la garde s’arrêtait dans l’auberge pour une halte forcée. Et comme la tempête s’éternisait, chaque jour passé voyait grandir son amour pour la boule de poil joueuse, qui pour l’heure s’attachait à lui lécher méthodiquement les doigts. Le dresseur, un certain Paul, devait emmener le loup apprivoisé à une foire, afin de le vendre. Khira savait ces bêtes très prisées, car elles pouvaient protéger leur propriétaire, jusqu’à la mort, mais aussi être montées tel un cheval ou un strider. Mais tous savaient que le lien unissant un loup à son maître était extrêmement fort, l’instinct de la meute perdurant à travers deux êtres unis à jamais. Khira se savait unie à lui, et qu’importait le prix, ou les menus inconvénients liés à ce genre de compagnon, dès ce soir elle en parlerait à son dresseur. Elle s’allongea tout contre lui, sentant sa chaleur contre son ventre, sentant s’apaiser la respiration du louveteau. Posant une main protectrice sur lui, elle lui murmura tout son amour, à mots doux, lui parlant des voyages à venir et de courses dans les montagnes, de trésors à trouver et de soirées paisibles sous les étoiles, près d’un feu crépitant.

Il dormait à nouveau, repu et caressé par une main amie, son odeur déjà familière emplissant l’air alentour. Il l’avait choisie, elle entre toute, il avait senti son cœur triste, désemparé, et tout cet amour à donner. Il avait senti sa solitude, la même qui étreignait son cœur, et avait su qu’elle désirait un compagnon de route, et qu’il serait celui-là. Il lui faudrait un jour lui dire son nom, le lui souffler dans ses rêves, lui dire que la meute l’appelait Skarr et que tel serait son nom.

[Ezekiell]

Thyla

Des heures que cela s’était produit, et pourtant Khira ressentait toujours une certaine peine pour la dame naine. Après plusieurs pintes d’une bière acre et épaisse, une spécialité des terres les plus septentrionales du continent, qui sentait les hivers âpres et rigoureux, Khira était repassée à un nectar plus fruité et léger. De toute évidence, et quelque bière que ce fut qu’elle avale, un goût amer lui restait dans la bouche. Il est des rencontres qui vous foutent le bourdon, et celle-là en particulier l’avait bien abattue.

Pourtant la journée avait été somme toute plutôt banale… Un peu de commerce sur la place de Giran, quelques potins et nouvelles d’importances échangés avec les badauds et les marchands, une lettre envoyée à ses parents, promise depuis quelques temps déjà, un petit tour chez une dame naine de sa connaissance pour affûter sa hache... Bref une journée banale, sans bonne ni mauvaise nouvelle. Jusqu’à ce que Khira entende quelqu'un héler « Kiena ! Kiena ! », en courant derrière elle… Une naine, d’un certains âge et aux cheveux roses, se précipitait vers elle, un air ravi et étonnée à la fois s’inscrivant sur son visage…

Finalement c’était une erreur, une méprise, une certaine Dame Thyla l’ayant prise pour une de ses amies, la fameuse Kiena. Rien que de très ordinaire dans la foule des rues de Giran, comme le crépuscule tombait, et que seule les torches fuligineuses éclairaient la pénombre. Mais la ressemblance trompeuse de Khira avec cette autre naine avait causé un certain émoi chez la fameuse Thyla, qui avoua à demi mot être la seule rescapée d’un terrible naufrage. Kiena était un fantôme, une ombre, un être cher disparu et avidement recherché, comme le reste des compagnons de la naine…
Khira tenta de réconforter Dame Thyla, promettant de parler autour d’elle de ce naufrage, afin de contribuer aux recherches des disparus, le cœur serré devant la détresse de la dame naine. Mais elle se sentit si désemparée et si inutile, face à cette perte immense, à cette solitude qui dévorait sa compatriote …
Les deux naines se séparèrent sur une poignée de main, avec la promesse de se revoir et d’échanger des informations, et si possible de s’aider l’une l’autre dans leurs chasses et leurs recherches respectives. Dame Thyla s’engouffra dans une ruelle étroite, avalée par l’ombre épaisse, et Khira se demanda furtivement si le destin les ferait se rencontrer à nouveau.

Le soir même, de retour chez elle, et les vapeurs d’alcool se dissipant, Khira écrivit une longue lettre à son clan, les priant de l’aider dans sa recherche. Puis elle alla au temple de Maphr de Hindemith, y passant presque toute la nuit, priant que sa déesse accorde la sérénité et le repos à l’âme tourmentée de Thyla. Puis elle adressa une dernière prière à Maphr, de la guider sur la voix de la lumière, de lui montrer le chemin, elle si perdue et sans but…

[Ezekiell]

Espoir

Depuis plusieurs heures déjà, Thyla et Khira chassaient côte à côte des hordes de créatures effrayantes, déferlant sans cesse pour s’empaler sur leurs lames ensanglantées.

Entre deux vagues de violentes attaques, Thyla en profita pour reprendre une conversation maintes fois commencée – sur la création d’un clan de nains. Tandis que le soleil couchant embrasait les pics déchiquetés de la Vallée des Saints, et que les deux naines profitaient de cet instant de répit pour évaluer leurs acquisitions respectives, les deux petites naines en arrivèrent à parler de leur envie de rassembler les nains.
Khira sentait depuis quelques temps l’impatience de son amie de se lancer dans cette aventure. Sa famille perdue sur Gracia et lors de ce terrible naufrage, l’avait laissée seule et désemparée. Et malgré ses airs fiers, la solitude qui envahissait Thyla peinait la jeune Khira… Toutes deux espéraient réunir les nains des plaines autour d’elles, de recréer une famille, un groupe soudé, prêt à s’entraider, à diffuser la culture des Terres d’Hindemith. Un lieu et un groupe au sein desquels elles pourraient vivre au rythme des valeurs qui leur étaient chères, comme protéger l’honneur du peuple nain et de Maphr, le respect des Anciens, de la belle ouvrage et de la parole donnée. Khira cherchait sa place en ce monde, et pouvoir guider et soutenir les autres nains lui semblait enfin être la voie à suivre. Et même si autour d’elle tout n’était que violence, que le sang empourprait le sable de la Vallée des Saints, et que déjà les créatures enfuies revenaient, alléchées par les restes des morts au sol, Khira sentait en elle un apaisement l’envahir. Une sérénité irréelle l’habitait, comme si la main bienveillante de Maphr s’étendait sur elle, et la guidait sur cette voie.
De son côté, Thyla murmurait, toujours assise, faisant rouler sur sa langue divers mots en Khazalid, faisant s’entrechoquer les consonances âpres et les notes musicales de la langue naine. Elle cherchait un nom pour cette famille, qui exprimerait leurs valeurs, celles de nains valeureux, braves et courageux. Khira entendit plusieurs fois revenir Throng, Azula, Azul, Mingol, parmi d’autres mots en Khazalid. Thyla murmurait, le sourire aux lèvres, mettant un nom sur son rêve…

La nuit allait tomber, et la région deviendrait bien vite dangereuse, à nouveau livrée aux actes sanguinaires des créatures indigènes. Khira et Thyla échangèrent un regard calme, apaisé et confiant, puis ramassèrent leurs sacoches. Elles étaient attendues par deux jeunes naines, Auda et Inga, des sœurs qui semblaient prêtes à les suivre… Les deux naines, épuisées mais souriantes, déchirèrent chacune un parchemin de retour, disparaissant peu à peu…

[Ezekiell]

Une famille

Les dernières semaines avaient été épuisantes… Allongée dans son lit, dans sa chambre exiguë de La Chope de Cuivre, dans les bas-fonds de Giran, Khira sentait son corps endolori par les nombreux combats passés.

La pièce, étroite, envahie de paquets, de sacoches et de pièces d’armure, déposées ça et là, témoignait du désordre qui habitait l’esprit de Khira, et de son épuisement. Habituellement plutôt ordonnée, tout lui demandait un tel effort qu’elle laissait choir les objets là où il restait de la place… Le soleil hivernal dardait ses rayons, révélant la poussière qui volait dan l’air.
La rumeur de la rue montait par la fenêtre entrouverte, conversations de commerçants mêlées de cris d’enfants, d’appels à la criée de marchands, et de voix indistinctes et lointaines… La vie, si crue, si vraie, apaisait Khira, après le silence qui régnait dans les rues de Dion ou de Gludio, quand les gens pleuraient leurs morts. Ici elle respirait, et pouvait enfin penser à demain…
La jeune naine s’extirpa de son lit en gémissant, tâta l’épais bandage qui entourait sa tête, puis se traîna jusqu’à une petite table. Une grosse fiole, emplit d’un épais liquide verdâtre, l’attendait en la défiant du regard. Khira la déboucha prestement, avala une gorgée du liquide âcre, toussa puis grimaça de la plus belle manière en remettant le bouchon de liège, tandis qu’une odeur nauséabonde s’exhalait déjà du flacon.
S’asseyant en gémissant dans un vieux fauteuil au cuir crevé, Khira écouta attentivement les bruits venant de la taverne. À cette heure, seuls ses amis devaient encore être ici, les clients de passage ayant sûrement déjà plié bagages. Mais le silence qui planait lui fit vite comprendre qu’elle seule devait encore être là. Oncle Bel devait déjà vaquer à quelque activité, tout comme Keylla et Thyla. Auda et Inga avait déjà dû repartir de Giran, appelées pour régler différentes affaires, avant de les rejoindre.

La veille ils s’étaient réunis, entourés de bougies et d’ombres profondes, dans la chambre de Thyla. De lourdes étagères emplies de piles de livres, de traité et d’essais couvraient les murs. Dans un coin, Balner prenait des notes, noircissant un carnet et griffant des passages entiers, marmonnant et roulant des yeux. Inga écrivait sur son calepin, parlant ainsi avec sa sœur Auda et Beldin, tandis que Keylla se chauffait les pieds près de la cheminée. Ils n’attendaient plus que Thyla, et Khira jetait de fréquents coups d’œil à la porte de la chambre, sirotant sa bière pour oublier ses douleurs. Puis enfin la retardataire arriva, et la pièce sembla plus lumineuse, baignée de la verve et de la sagesse de Thyla.
Ils étaient là, enfin, discutant des diverses modalités, graves et souriants à la fois, le cœur baigné de sérénité, Maphr bénissant leur réunion. Ils parlèrent de longues heures, dégustant une bière que Keylla avait été chargée de rapporter pour l’occasion, un liquide ambré et carré, qui sentait les pics enneigés du Nord et les longues soirées hivernales.
Pour finir, Thyla leur dévoila le nom du clan, Mingol Throng Azul, et chacun apprécia la fierté, le courage et la force qui se dégageait de ce nom…

La nuit avait été longue… Il y aurait sûrement d’autres réunions, mais pour Khira, ce fut ce soir là qu’elle vit enfin sa nouvelle famille prendre forme, et déjà des amitiés se forger.




[HRP : maj BG pour rejoindre la Mingol Throng Azul]

[Ezekiell]

Une nouvelle voie

Beldin était accoudé devant un copieux petit déjeuner, au milieu des clients de la salle commune de la Chope de Cuivre. L’air distrait, il releva la tête pour voir la jeune Khira descendre l’escalier en grimaçant. Le sourire aux lèvres, il la vit raide et douloureuse, marche après marche, s’avancer vers lui dans la douce lumière du petit matin…

Sa chère petite nièce enchaînait depuis plusieurs semaines des entraînements éreintants, faits d’exercices d’assouplissements et d’équilibre. La chère enfant s’exerçait depuis un certains temps au maniement de deux lames, comme le pratiquait certains maîtres guerriers humains et elfes. Ne lâchant pas sa nouvelle lubie, il avait fallu qu’elle s’adapte à ce nouveau type de combat, car même si sa coordination et sa force physique, sa vigilance et son habileté étaient déjà impressionnantes, force était de reconnaître que Khira manquait de souplesse. Hors ce type de combat, pour ce qu’en savait Beldin, peu aux faits des diverses pratiques martiales qui ne requerraient pas un marteau de guerre, demandait une souplesse et un sens de l’équilibre sans faille…
Beldin tortilla sa moustache, sourit innocemment à la pauvre enfant qui s’asseyait péniblement, poussa vers elle une assiette de pain et de fromage. Mais son sourire malicieux laissait entendre clairement que la situation l’amusait profondément… Cependant il était fier de l’acharnement de la petite, têtue comme une bourrique, qui malgré les difficultés et la souffrance physique, restait campée sur ses positions, sans jamais se plaindre. Et pour l’encourager, il lui avait forgé, avec l’aide de Keylla et Dame Thyla, deux belles lames de combat, idéales pour le nouvel art qu’elle pratiquait.

Mais riant intérieurement, le vieil Oncle se dit que la prochaine fois que la petite voudrait explorer d’autres voix martiales, elle préférerait sûrement quelque chose de plus mentale. Et malgré son manque d’intérêt pour la lecture et autres savoirs, ce que lui-même en tant qu’érudit et conteurs désapprouvait – en silence –, il se doutait que la prochaine fois elle explorerait quelque chose de plus spirituel…




[HRP : Petite maj BG pour ma sub => glad]

[Ezekiell]

Le temps des lames, le temps des larmes…

Les nains, graves, solennels, la tête baissée, écoutaient la voix de la prêtresse de Maphr. La nuit étoilée baignait la petite vallée d’une lumière douce, tandis que le vent descendu de la montagne fouaillait les visages et rosissait les joues.
Au premier rang, Khira, les épaules baissées, lasse, écoutait avec tristesse l’oraison funèbre. Autour d’elle, réunie dans un dernier adieu, sa famille, tous les Thorn, chaque branche de cette grande lignée de nomades, tenaient une bougie, la protégeant de leurs mains rougies par le froid… Sa flamme, ténue, vacillait comme son cœur, comme son âme… En cette nuit solennelle, le vieux Garin, le plus âgé de leur famille, serait mis en terre, et son corps, son âme, bénie par Maphr pour un dernier adieu…
Mais comme la foule reprenait en chœur les paroles de la prêtresse, la jeune naine ne put s’empêcher de penser à tous ceux qui étaient partis… Cette cérémonie, dans son cœur, devenait celle de tous ceux qui avaient été perdus, souvent au combat. Nains, humains, elfes, orcs, tous ceux qu’elle avait connus et vu tomber…
Des larmes commencèrent à perler, des larmes de délivrance et de fatigue, noyant sa colère, engloutissant sa rage…
Son cœur si pur, si jeune autrefois, avait en quelques mois était empli de tant de noirceur, flétri par tant de combats, de rage, de haine…

En cette nuit, comme les Thorn enterraient Garin, Khira enterra son innocence. La terre recouvrit son enfance, les bougies incendièrent son cœur, ne laissant qu’un gout amer de cendres… La noirceur de son cœur s’écoula comme une encre indélébile, mais elle sentait la tache en elle, que rien ne pourrait jamais laver…
Et le gout des cendres…

[Ezekiell]

Des flèches au cœur…

Sous les étoiles scintillantes, montaient les murmures profonds d’une centaines de nains…
Le cœur lourd, la jeune naine écoutait avec tristesse les anciens du clan Thorn évoquer la vie des jeunes guerriers morts sur l’Ile des murmures. La bougie à sa main brillait d’un éclat ténu, petite lumière parmi toutes celles brillant autour d’elle. Les nains Thorn, la mine grave, étaient tous venus pour la cérémonie des flambeaux, rendre un dernier hommage aux trois vaillants guerriers.
Les paroles en vieux Khazalid, empreintes de tristesse, de fierté et de foi en Maphr, mettaient du baume au cœur de l’assistance.
Puis les trois corps furent mis en terre, et l’on se pressa vers le cercle des roulottes, afin de partager quelques histoires autour du feu… La nuit calme, la neige immaculée, rendaient l’atmosphère paisible, et bientôt, seuls quelques nains encore debout restèrent là. Khira, parmi eux, leurs conta les derniers évènements de l’Ile, autant pour apaiser son cœur, que pour honorer la mémoire des morts.

Le lendemain, après une nuit courte de recueillement et de prières, quelques guerriers partirent en chasse. Khira les accompagna, le marteau à la main. Elle laissa sa lourde armure, pour revêtir une tenue plus appropriée pour la chasse. Parmi les montagnes enneigées, dans la faible clarté du jour naissant, elle suivit les chasseurs Thorn, le cœur apaisé et le corps vivifié par le froid glacial.
Avec quelque humour, ses frères et sœurs de sang se moquèrent de son inaptitude à la chasse… Faisant un boucan de tous les diables, la jeune guerrière se rendit à l’évidence : les années passées à Gludio lui avaient fait perdre bien des talents acquis durant son enfance. Trop habituée désormais à la guerre, au combat , la chasse silencieuse lui était aujourd’hui rendue bien difficile.

La jeune naine profita alors des deux semaines de retrouvailles qui suivaient la cérémonie des flambeaux afin de renouer avec cette nature si proche, pour laisser son armure lourde en arrière, et déposer son marteau et ses deux lames, comme on dépose un fardeau.
On lui mit avec un sourire moqueur un arc entre les mains, un simple arc de bois, que seuls les jeunes nains utilisaient. Avec humilité et reconnaissance, elle le prit, et passa alors de longues heures avec les plus jeunes pour en apprendre les rudiments. La première semaine, elle rentrait au camp avec les doigts coupés, sanglants, mais le cœur léger. Oncle Beldin passait alors la soirée à lui bander les doigts après les avoir enduits de baumes cicatrisants, sachant bien que le lendemain ils seraient à nouveau ensanglantés.
Puis la deuxième semaine, les chasseurs émérites l’emmenèrent avec eux, appréciant la vitesse avec laquelle leur jeune guerrière en avait acquis les bases. Ils lui enseignèrent alors à capter le vent, à se déplacer en silence, à attendre la proie et à reconnaitre les traces au sol.
Le temps passa à vive allure pour Khira, entourée de sa famille, à réapprendre la chasse, à écouter la nature, à repérer les traces de la vie, et à chasser et tuer avec humilité, priant Carna Maphr avec ses frères et sœurs pour les proies offertes.

Lorsque l’heure du départ fut venue, c’est avec nostalgie que la jeune naine et son oncle Beldin embrassèrent chaque ancien, chaque nain et naine de leur clan, chaque enfant aux joues rougies par le froid. Les anciens lui remirent alors le vieil arc en bois avec lequel elle s’était entrainée, mais elle le leur rendit...
- « Gardez le pour moi, quand je reviendrai, j’aurai encore tant à apprendre ! »
Fiers de la sagesse de la petite, les anciens le reprirent sans un mot.
D’autres baisers et accolades furent échangés, les derniers pour les parents chéris de khira, qu’elle voyait si peu.
Puis ils prirent leurs montures par la bride et entreprirent la longue redescente vers les vallées.
Gludio attendait, avec les sœurs et les frères Azula, Thyla aussi, ainsi que tous les évènements riches de peur, de tristesse, de gloire et parfois de joies…




[HRP = maj BG pour ma sub moonlight sentinel]

[Ezekiell]

Les bougies fondaient peu à peu, emplissant l'air de lumière, et d'une légère fumée odorante.
Penchée vers l'autel de Maphr, la petite silhouette priait avec ferveur, modulant en Khazalid des mots à la gloire de sa Déesse.

Depuis les derniers évènements, la jeune Azrinn, bien qu'experte en certains domaines martiaux, avait peine à trouver du réconfort dans ses armes.
Bien que fervente de Maphr, elle maudissait le fait de ne pas avoir reçu un quelconque don particulier à la naissance.. Après une longue conversation avec son oncle Beldin puis Thyla, elle en était venue à comprendre que Maphr, dans sa bonté, pouvait offrir certains de ses dons, par la prière et la foi.
Et bien qu'effrayée de ne pouvoir réussir dans cette voie, la jeune naine commença à prier avec ferveur, tout en étudiant avec passion les textes des sages de son peuple. Lisant les sagas, les légendes, parcourant d'un regard affamé la longue liste de ces guerriers capables de maitriser la Terre, ou de bénir les siens durant les batailles.
Même si elle ne savait pas encore quelle voie elle choisirait, elle suivait son modèle, Thyla, fière de la voir s'élever peu à peu par la force de sa dévotion.

Pour le moment, elle n'en était qu'à apprendre les prières, les chants de guerre, et à plonger profondément en elle, afin de communier avec la Déesse. Mais elle le faisait avec passion, se livrant à Maphr, dévoilant ses sentiments, ses doutes et ses regrets, mêlés de tristesse et du souvenir de tant de morts...




[HRP = maj BG pour ma sub warcryer, en tant que chanteuse de guerre naine]

[Ezekiell]

Cachée sous une grande couverture, assise en travers du fauteuil, Khira, penchée sur un grand carnet relié de cuir, laissait ses larmes couler. Les billes d'eau salée roulaient sur ses joues, dans le silence glacé de sa chambre, plongée dans la pénombre. Une unique lueur brillait sourdement, petite flamme d'une bougie crachotante. Le froid de la nuit s'insérait dans son cœur, déjà meurtri par les visions qui l'avaient assaillis. Noct, cette terreur prenant forme, avait instillé en tous, eux, les pauvres erres et pauvres héros de ces temps troublés , la Peur..
Reniflant lamentablement, elle tendit une main vers une plume, l'attrapa, en toucha la pointe vaporeuse du bout de ses lèvres gercées, puis la trempa dans l'ancre. Frissonnante, elle écrivit quelques mots, les noyant de taches de larmes insondables.

... cette nuit, j'ai vu mourir Thyla, et s'écrouler le monde, mon monde... Plus jamais cela... Que la mort me prenne avant que cette vison ne devienne réalité. Ô ma Déesse, Ô Maphr, entend ta fille, apporte moi la délivrance... Je siègerai parmi les guerriers morts, à ta droite, et accueillerai ma reine aux cieux...

Puis secouée de sanglots, Khira plongea au plus profond du vieux fauteuil, le visage noyé parmi les ombres, et souffla la bougie.

[Ezekiell]

Sumbra, le 18 Astredoux de l'an 48

Le fracas de sa lourde lame retentissait sur le bouclier du soldat, dans l'air enfin doux de l'été tant désiré !
Tombant à genoux, Khira sentit le poids de son armure l'entrainer en arrière, et la pointe d'une épée acérée se pointer sur sa gorge... "Perdu, encore perdu !"
Se relevant avec hargne, elle empoigna son propre bouclier, et en assena un coup puissant sur le heaume découvert de l'humain. Il tituba, puis s'affaissa avec un long soupir plutôt satisfaisant. La jeune naine posa alors le lourd pavois à terre, s'appuyant dessus, et exhala un long soupir de soulagement, et de douleur, tous ses muscles la faisant souffrir.
Derrière elle, elle entendit un léger soupir, puis un éclat de voix : "Pas encore ça, Azrinn, mais vous tenez le bon bout".

Elle se retourna avec un sourire vers le vieil elfe, frêle sous le poids des années, flottant presque dans son armure imposante. Elle n'était certes pas au bout de ses peines, mais de voir pour la première fois un des grands gaillards de maitre Urleth au sol, le regard vitreux, l'emplit d'une joie depuis longtemps oubliée.
Il faudrait encore bien des combats pour maitriser l'art du bouclier, mais elle sentait déjà que, derrière ce grands remparts, elle pourrait protéger bien des vies...

Et ces longues heures d'entrainement offraient au moins l'avantage de la laisser épuiser sur sa couche, le soir venu. Les cauchemars tant redoutés continuaient de la harceler mais grâce à la fatigue et quelques alcools forts, ils lui laissaient désormais quelques heures de répit...
Et puis il fallait bien qu'elle se l'avoue, malgré de nombreuses heures à communier, à étudier, à chanter, elle ne savait que faire parler l'acier. Et même si elle était toute dévouée à Maphr, son inaptitude pour les chants de guerre nains, lui avait vite sautée aux yeux... Plutôt que de s'apitoyer, ou de s'en vouloir pour ce renoncement somme toute plutôt raisonnable, elle s'était lancée vers un autre art martial. Puisque c'est dans l'art des armes et du combat qu'elle excellait, elle se lança à corps perdu dans cette nouvelle aventure, avec passion et acharnement.




[HRP = maj BG pour ma sub tank, après abandon de la voie de chanteuse de guerre naine]

[Ezekiell]

A l’ombre de la Dame de pierre…


Jeriel, le 10 Blancheterre de l'an 49


L’odeur de paille moisie envahissait la pièce, suffocante et agressive. Les torches fuligineuses du couloir ajoutaient à l’atmosphère suffocante, l’air vicié rendant la respiration presque difficile. Repliée dans un coin, les bras autour des genoux, la silhouette dans l’ombre restait immobile, seule le bruit de sa lourde respiration signalant que la vie n’avait pas quitté son corps...

Parfois, un bruit de pas dans le couloir, un cri horrible déchirant l’obscurité, ou le simple bruit d’une goutte d’eau tombant sur le sol, semblait la sortir de sa torpeur. Puis, enfin, avec mille précautions, la silhouette déplia son corps dans le noir, révélant son corps nu, qu’avec pudeur elle s’obstina à cacher de ses bras engourdis. Écartant des mèches sales de son visage, elle approcha en quelques pas de la porte, et attrapa au sol une écuelle d’eau sale. Semblant ravaler son dégout, tenaillée par la soif insidieuse, elle avala quelques gorgées, pour aller aussitôt les vomir dans un coin de la cellule humide. Son corps ne semblait plus ni accepter de nourriture, ni même d’eau, malgré le désir de vivre qui animait sa démarche…

Prise de haut-le-cœur, elle se recroquevilla sur elle-même, avant de se glisser vers un coin éloigné de la cellule. Reprenant sa position prostrée, elle reposa avec épuisement sa tête sur ses genoux repliés, resserra les bras en une ultime protection, et sombra dans un sommeil agité de rêves effroyables, où seule la nuit, la mort et la maladie semblaient présentes… Marmonnant dans son sommeil, dans ce lieu sordide, seul un nom franchissait ses lèvres...

Thyla… Thyla... Thyla…

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Sumbra, le 18 Blancheterre de l'an 49


Le temps semblait éternité, elle perdait la notion des jours, des heures... Depuis combien de temps était-elle là, dans cette cellule humide, écrasée sous le poids de l’angoisse, ses rêves parcourus de sombres pensées. Elle luttait contre le froid, la faim, la soif, l’envie tenaillante d’en finir enfin, mais au fond d’elle, elle espérait, elle espérait en sa famille, qui saurait la faire sortir de là… Malgré l’obscurité, et la peur qui engloutissait tous ses espoirs, restait une maigre lueur d’espoir, comme une flamme vacillante, qui repoussait la noirceur envahissant ses pensées…
Soudain, des bruits de pas, la lumière d’une torche aveuglante dans l’encadrement de la porte ouverte. Elle se releva précipitamment contre le mur, protégeant sa nudité avec ses bras noircis de crasse et de brins de paille humides. Un garde entra sans ménagement, lui jeta quelques guenilles, lui ordonnant de se vêtir rapidement. Malgré les douleurs, et les courbatures, elle passa sur son corps blanc les vêtements, puis suivit le garde sur un signe de tête brutal.

Le souffle de l’air frais de l’hiver passait par de hautes fenêtres, le jour succinct gagnait peu à peu le ciel, comme le soleil se levait… Elle estima alors les jours passés dans la cellule sordide, encadrée par les gardes qui la menait sans ménagement vers quelque funeste horizon… la pendaison, la décapitation... La libération ? Malgré ses doutes, elle ne pouvait s’empêcher de sentir battre son cœur plus vite, à l’idée de rejoindre enfin les siens, ce fol espoir commençant à envahir toutes ses pensées !
Elle commença à marcher plus vite, ses pas se précipitant, houspillée par les gardes, les entendant à peine, toute à ses questions, tandis que tantôt son cœur s’emballait d’espoir, tantôt il se serrait à l’idée d’une funeste fin.

Puis soudain, on la poussa vers une porte, et elle fut comme aspirée par la lumière qui y régnait, pourtant chiche, mais si éclatante après l’obscurité de la cellule. Un lit aux draps propres, de la nourriture, frustre mais saine, sur une table, et des guenilles sur le dos…
Aux mots bourrus des gardes, elle comprit que ce n’était point la fin de son emprisonnement, mais juste un meilleur traitement, dû à son rang de noble. Et tandis que son fol espoir s’éteignait à nouveau, elle espéra quand même, voyant dans ce geste de la froide Dame de pierre, naitre la raison, que l’on ne tue point une noble ainsi... Et même si la Mort ne tardait peut-être pas, même si la libération n‘était point acquise, elle pourrait déjà la voir venir plus sereinement, et se préparer à l’affronter…
Elle s’assit sur le lit, puis en glissa, et s’agenouilla, priant avec ferveur sa Déesse, pas seulement pour la liberté, mais aussi, si le pire venait, d’avoir la force d’affronter la Faucheuse avec dignité.

[Ezekiell]

L'étreinte de la mort


Marka, le 2 Rougefeuille de l'an 50


Depuis bien des jours, l'Azrinn de Gludio avait presque déserté son poste, ne faisant que de brèves apparitions... Malgré le retour de sa Reine, elle avait semblé aux yeux de tous comme la pale figure de la jeune naine enjouée et pleine d'espoir d'autrefois...
Bien que son rire cristallin résonnait encore parfois dans les couloirs ou la grande salle du chateau, échangeant quelques bon mots avec tout à chacun, son regard désormais voilé de tristesse ne laissait guère planer le doute sur les troubles qui la consumaient.
Et tandis que le Nord s'agitait, que des négociatiosn tombaient à l'eau, que la population était amenée à tourner ses pas vers d'autres contrées, de même la jeune naine perdait peu à peu toute énergie.

Finalement, après quelques semaines d'errance, elle trouva la voie vers l'autel de Maphr, enfoui au plus profond du château de Gludio. Et là, parmi les chandelles flamboyantes , son cœur empli de sombres incandescences, dans les voix millénaires des chants sacrés, elle retrouva la sérénité si longtemps perdue.
Mêlant son chant d'abord frêle et timide aux voix puissantes et profondes des nains et des prêtres, en un crescendo faisant trembler les cœurs et les âmes, elle déposa son fardeau au pied de sa Déesse. Ouvrant son cœur, son âme, Khira laissa s'écouler de sa poitrine une noirceur longtemps dissimulée, longtemps retenue, et laissa tout ce fiel, cette douleur larvée, ce cri de l'âme, s'arracher lentement de son cœur palpitant.
Il lui sembla alors que son cœur ne battrait plus jamais, qu'il était vide, figé comme un insecte dans sa gangue d'ambre orangée. Puis peu à peu, son cœur battit à nouveau à ses oreilles, et il sembla s'accorder avec les chants, les voix des nains bercés par la ferveur de Maphr.
Se relavant, les jambes chancelantes, les épaules douloureuses mais plus légère que jamais, elle sut que lorsqu'ils viendraient, lorsque son heure serait venue, maintenant ou plus tard, la seule chose importante était d'être en paix avec elle-même, et avec sa Déesse séculaire.
Embrassant une bougie encore éteinte, serrée dans sa main, elle l'alluma alors, puis la déposa parmi les autres... Tant de bougies allumées par les siens, tant de flammes vacillantes mais tenaces, tant de lumière que l'obscurité ne pouvait atteindre totalement.

La certitude l'envahit alors que son destin serait bientôt scellé, que la Déesse lui sourirait bientôt de toute sa bienveillance. Et que le cortège des morts, des ombres, s'étirerait longuement derrière et devant elle, vers les portes du Royaume des morts..
Mais elle savait que la lumière, pour laquelle elle s'était tant battu, ne vacillerait pas en ce jour funeste qui approchait. Elle savait que dans son sacrifice consenti, auprès de sa Reine, d'autres allumeraient ailleurs les feux de la révolte, et feraient en sorte de maintenir dans leurs cœurs le souvenir de sa propre flamme.

Bientôt, elle serait morte... Elle l'était déjà... Mais ailleurs, la lumière rejaillirait un jour, si puissante sous le couvert de l'ombre, qu'elle en éblouirait le continent entier, et se déverserait directement dans les cœurs, et bruleraient les yeux de ceux vivant dans les ténèbres.




[HRP = maj BG pour la mort de Khira lors du siège de Gludio le 13/11/11]

Edit Meliäa : me pm quand tout sera en ordre