[bghumain] Beregond

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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[bghumain] Beregond

Message par Perceval » ven. 6 mai 2011 à 01h02

Beregond,
ou la destinée
« L’homme est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert. »

Nom : de Meneldil.
Age : 21 25.
Sexe : Masculin.
Race : Humain.
Prénom : Beregond.

Métier : Dirigeant de la CHAF.
Caractère : Très variable.
Croyances : Einhasad, désormais peu pratiquant.
Alignement : Loyal bon Chaotique neutre.
Compétences :
Langues parlées : Commun
Pensée politique : Oligarchique.

Situation financière : Maigre fortune Très riche.
Comportement social : Noblesse.
Type d’éducation reçue : Haute.
Popularité et/ou influence : Secteur financier et économique.

Ancienne description (1) :
Spoiler:
Ce jeune homme d'un peu plus d'une vingtaine d'années mesure près de soixante-dix pouces. Fin et élancé, il a l'allure très fière. La multitude des combats que Beregond a menés lui ont taillé une silhouette assez gracieuse.
Son habit, en général, n’est autre que l’armure de son royaume. Néanmoins, on peut le croiser, lorsqu’il goutte à quelque moment de tranquillité, fort simplement mis. Les deux épées qui s’étendent le long des jambes de l’homme n’ont, au premier coup d’œil que peu d’intérêt, ne présentant aucune pierre incrustée mais elles témoignent cependant d’un travail d’une extrême qualité. Une bague finement ouvragée, sur laquelle est gravé le sceau royal d’Arda, orne sa main droite. Elle est le seul symbole de son appartenance à une grande lignée.
Ses cheveux foncés, légèrement bouclés, couvrent une bonne partie de son visage. En l’observant avec un peu d’attention, on distinguera quelques cicatrices discrètes vers le bas des joues et celui qui croisera son regard, pourra lire dans ses yeux châtains clairs, l’expression d'une grande détresse. Le départ de son royaume lui pèse lourd sur le cœur et il craint de ne jamais retourner auprès de son peuple.
Ancienne description (2) :

Spoiler:
Cet homme, jeune, du moins en apparence, mesure près de soixante-dix pouces. Sa haute stature ne lui confère, pour autant, que peu de grâce. Son dos s'est recourbé, ses mouvements ralentis. Il ressemble d'avantage à un jeune homme débauché qu'au preux chevalier qu'il fut.

Son habit n'est plus qu'un simple vêtement léger, bordé de cuir et recouvert d'une longue cape noire. Les deux épées qui s'étendent le long des jambes de leur maître n'ont, comme lui, plus rien de leur superbe. Seule, la bague finement ouvragée, sur laquelle est gravé le sceau royal d'Arda, orne sa main droite. Elle est l'unique et dernier symbole de son appartenance à une grande lignée.

Des cheveux foncés, légèrement bouclés, couvrent une bonne partie de son visage. Sa mine, autrefois douce et pleine de vie, s'est vue changée en une expression constamment dépitée, et un air toujours ailleurs. Si votre regard s'accroche au sien, outre la vue de son nez rougi par l'alcool et ses yeux cernés par le manque de sommeil, vous n'y trouverez rien d'autre que la culpabilité, les meurtres, le sang, la haine et la mort.
Nouvelle description :
Ce jeune homme mesure près de soixante-dix pouces. Son dos, redressé, et sa haute stature lui confèrent à nouveau une silhouette plus gracieuse. Un peu moins musclé qu’auparavant, il ne ressemble pas pour autant à un frêle individu.

Depuis la chute de la Tour d’Azur, son armure s’est vue changée en un superbe vêtement léger, bordé de cuir et recouvert d'une longue cape bleue. L'épée qui s'étend le long de la jambe, droite, de son propriétaire semble, comme lui, avoir recouvré de sa superbe. Une bague finement ouvragée, sur laquelle est gravé le sceau royal d'Arda, orne sa main droite. Elle est l’un des derniers symboles de son appartenance à une grande lignée.

Des cheveux foncés, légèrement bouclés, couvrent une bonne partie de son visage. En l’observant avec un peu d’attention, on distinguera quelques cicatrices discrètes au niveau des joues. Si votre regard s’accroche au sien, vous n'y trouverez rien d'autre que de l’ambition. Le reste demeurera caché par une contrariante impassibilité. Néanmoins, peut-être qu’en fouillant bien, vous découvrirez un peu de tendresse.

A présent, trois gardes traînent constamment non loin de l'homme. Avec une vue bien aiguisée, vous pourrez les apercevoir, alertes et discrets, veiller sur leur maître.
Dernière modification par Perceval le mer. 7 mars 2012 à 09h47, modifié 33 fois.
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Re: [bghumain] Beregond

Message par Perceval » mer. 20 juillet 2011 à 15h37

Prélude

Chapitre I, Le royaume perdu d'Arda :
[ image externe ]
Eté de l’année vingt quatrième en Arda
Par une chaude soirée d’été, alors que les derniers rayons du soleil arrachaient à la nuit quelque ultime instant de clarté, des hurlements se firent entendre. La cité, réveillée de sa torpeur, se prit à s’agiter. La curiosité piqua bientôt les habitants qui s’empressèrent de sortir dans les rues. Là dehors, un Hérault, mandaté par Sa Majesté, annonçait déjà à la foule « Ça y est ! Le roi a deux fils ! » Après l’inquiétude, la joie. Elle envahit le cœur de la populace, qui, dans un fracas épouvantable, se dirigea vers le palais royal. La moitié de la ville fut rapidement aux portes de la demeure princière. Non, ce n’était pas une émeute, seulement la manifestation d’un soulagement. Tous se mirent à acclamer leur roi et à remercier le ciel de leur avoir donné deux héritiers pour les gouverner. Comme à l’accoutumée dans de tels circonstances, on fit donner les trompettes. Le son cuivré des instruments emplit le ciel, retentissant dans tous les coins de la cité et partout dans les coeurs. La ville frissonna toute entière puis s’accorda à répéter les notes, de sorte qu'aucune province de l’île ne fusse en reste. Le bruit mêlé de la musique à celui des exclamations du peuple finit par avoir raison des derniers dormeurs. Le reste de la nuit se résuma par la fête qui suivit la nouvelle.
Le lendemain, sur les murs de la capitale, les sujets pouvaient lire :
« Chers habitants,
La nuit dernière m’a apporté deux fils.
Il s’agit de jumeaux, Beregond et Baranor.
Tout deux sont les héritiers légitimes du royaume d’Arda.
La nouvelle m’a enchanté et a semblé également vous réjouir.
Les temps sont sombres et cette naissance est le symbole d’un renouveau.
N’ayez crainte, mes enfants seront à la hauteur de vos attentes.
Tout homme souhaitant voir les nouveaux nés est bien sûr convié au palais royal.
Votre roi,
Valendil.
»
On murmurait dans les tavernes que ces enfants représentaient le dernier espoir d’Arda, que les conflits armés avec les orcs ne faisaient qu’affaiblir le royaume, qu’un jour, si rien ne changeait, celui-ci serait amené à disparaître et laisser place au chaos et à la tyrannie. Durant les années qui s’écoulèrent, le royaume fut déchiré par de nombreux conflits, aussi bien extérieurs qu’internes. Cela n’empêcha pas Beregond et Baranor de grandir à l’abri des tensions. On les forma néanmoins, très jeune, à l’art de la guerre et aux idéaux du royaume. Ils reçurent par ailleurs un enseignement complet qui leur offrit de solides bases en sciences et une maîtrise de l'art des lettres. L’un préféra l’enseignement militaire, Beregond. L’autre, Baranor, s’intéressa d’avantage à la littérature et aux autres champs du savoir. A l’âge de dix neufs ans, Beregond et son frère, jugés aptes à commander, furent chargés de la défense du royaume. On envoya le premier défendre le front à l’Est tandis que son frère surveillerait l’Ouest. C’est à cette période que les conflits avec les royaumes voisins s'intensifièrent. Beregond n’eut aucun mal à se faire obéir des hommes qu’il était chargé de diriger. Les trois premières années, on crut à un nouvel essor. En effet, Beregond, à l'Est, mit en déroute l’armée ennemie pendant que le front de l’Ouest semblait lui aussi se stabiliser. Ces victoires accordèrent un peu de sérénité au royaume.

Malheureusement, tout a une fin. L’Ennemi reforma ses rangs, les combats redoublèrent de violence et, pendant que les armées d’Arda s’essoufflaient, celle de l’Ennemi ne cessaient de croître. En quelques mois, le royaume s'en trouva réduit de moitié et les armées de Baranor décimées. Les envahisseurs s’étaient amassés aux portes de la capitale. Seules, Beregond et ses hommes lancèrent un assaut désespéré sur le camp adverse. Celui-ci ne fut pas vain. L’ennemi, pris de court, fut chassé et son armée taillée en pièce. La victoire n’apporta toutefois pas le réconfort escompté aux troupes. Elle eut pour unique effet, celui d’accentuer leur lassitude pour les armes. Le visage des soldats en disait long sur leurs craintes ; « Nous avons gagné cette fois-ci. Certes, mais à quel prix et pour combien de temps ? Pendant que nos forces s’amenuisent, l’Ennemi, même vaincu, redouble de puissance. »
[ image externe ]
Fresque datant de 47, représentant la bataille d'Argeleb
Beregond et son frère, furent rappelés à la capitale afin de fêter leur héroïque succès. A l’approche de la ville, au loin, ils distinguèrent une tâche blanche, éblouissante, s’étendant du bord de la mer et éclairant toute la campagne. Ce devait être elle. Plissant les yeux, ils la virent. Ses pierres blanches, ses hautes tours perçant l’horizon et ses longues bannières, caressées par la douce brise du matin, flottant, avec la plus extrême grâce, au dessus des remparts. Peut-être parce qu'elle constituait un phare dans un océan de ténèbres, la cité, dont la lumière ne s'était pas tarie en dépit des tempêtes, leur sembla plus étincelante et plus belle que jamais. Ils pénétrèrent, triomphant, dans la ville, accueillis, comme le jour où ils ouvrirent les yeux, par le bruit des trompettes d’argent, des cors et des clameurs de la foule. Le peuple criait leurs noms avec transport, rendant hommage à leurs héros et rependant des pétales de fleurs rosées le long du passage. Les deux hommes traversèrent toute la ville, jusqu’au palais royal. Là haut, ils furent accueillis plus froidement. Beregond et Baranor se présentèrent aux portes du vieux sérail. Vingt officiers de la garde de Sa Majesté, leur père, vinrent les désarmer, après quoi ils les menèrent à la salle du trône. Un soldat annonça, d’un ton bref et sec « Les seigneur Beregond et Baranor sont arrivés.
Faites les entrer », ordonna le vieux souverain.
Les deux frères entrèrent et saluèrent avec les honneurs qui s’imposent, leur père. D’un geste, le roi congédia tous ses gardes. Ils restèrent seul, tous les trois, pendants de longues minutes, à se fixer silencieusement. Puis, brisant le silence, Valendil s’approcha d’eux, l’air affable, et s’exclama :
« Mes chers fils, je suis heureux de vous revoir vivant, qui plus est, victorieux.
Moi aussi père, humer à nouveau l’air de cette cité est un bonheur, répliqua Beregond. »
Baranor, la main sur une de ses côtes, indiqua qu’il ne se sentait pas bien, et demanda à prendre congé d’eux, ajoutant qu’il avait feint d’aller bien devant la foule pour n’inquiéter personne. Valendil fit appeler un médecin, à qui il recommanda de rester discret. Une fois seul avec Beregond, il lui demanda :

« Vous mon fils, n’avez-vous aucune blessure ?
Si fait monseigneur, mais elles ont déjà toutes cicatrisé.
Et comment avez-vous vécu cette guerre ? »
Le visage de Beregond se crispa, ses yeux devinrent humides, laissant échapper une larme. Beregond hésitant une fraction de seconde, reprit :
Ces années ont été horriblement longues, elles ont profondément meurtrie mon âme. J’ai vu s’éteindre beaucoup trop d’hommes. Si vous connaissiez ma haine à l’égard de ceux qui nous harcèlent ! Ces gens-là n’ont pas leur place dans notre monde. Ils méritent mille fois la mort. Si je le pouvais, j’irais détruire tour à tour chacune de leur ville, de leurs familles, de.. »
Valendil, ne voulant visiblement pas en entendre d’avantage, coupa net l’élan de son fils. Puis, posant la main sur son épaule, objecta :
Et puis quoi ensuite ? Mon fils, ton cœur est remplie de haine et d’amertume. Je comprends ta peine. Cependant, ne te laisse pas aller à ta colère, tu sais que ce n’est pas la voie que je t’ai enseignée. Tu es là pour garantir la paix et protéger la liberté et non pour apporter ta part de haine Ecoute bien ce que je vais te dire, je me fais vieux et je sens que mon autorité décroît, je m’appuie de plus en plus sur toi. Je sais que tu seras amené à prendre ma place..
Le roi marqua un instant de pause, au court duquel il fut pris d'une toux assez violente. Le vieillard cracha ses poumons pendant de longues minutes, sous le regard inquiet et désemparé de son fils. Une fois la toux calmée, Beregond rétorqua :
Et Baranor ?
Ton frère est bien trop doux et il ne s’intéresse pas à ces choses là. Tu le sais mieux que moi. Je le comprends, mener les hommes est une tâche bien fatigante. Et puis, le peuple semble t’avoir choisi. Tant que tu resteras noble, droit et fidèle aux principes que je t’ai enseignés, alors il y aura un peu d’espoir pour Arda et notre race. Ne me déçoit pas.
Le fils approuva, d'un hochement de tête. Puis, la voix grave, conclut :
Je tâcherai père.
Par ailleurs, j’ai de biens piètres nouvelles à t’annoncer. D’après le dernier rapport des éclaireurs, nos ennemis rassemblent à nouveau leurs osts. Ils sont bien plus nombreux et puissants qu’auparavant. La dernière campagne a été un désastre, le peuple est à bout. Nous n'aurons pas la force de souffrir un nouvel assaut.
Je sais. Où voulez vous en venir ?
Le conseil royal t’envoie quérir l’aide des royaumes du continent.
Comment ça ? Ma place est ici à défendre mon peuple, pas ailleurs.
Ici ou ailleurs tu dois restaurer la paix, pour qu'un jour, tes fils puissent connaître ne serait-ce qu’un instant de bonheur. Va quérir l’aide de ces royaumes et si la guerre est déjà chez eux, alors aide les.
Je..
C’est la volonté du conseil. Nous n’avons pas la moindre chance sans appui. Tu partiras au plus tôt.
Le surlendemain, Beregond était prêt pour son départ. Il regarda une dernière fois la bannière bleutée de la cité étincelante, s’agiter dans la brume. Son lot était de ne plus la revoir avant longtemps. Il partit par la mer en direction du continent avec un équipage soigneusement sélectionné. Durant le voyage, son navire dut faire face à une tempête. Elle fit se fracasser le bateau contre les côtes d'une vaste terre. La seule chose dont Beregond se souvienne, c’est qu’à son réveil il était seul, dans une auberge. Un homme l’avait découvert effondré sur la plage. D’après les dires de l’aubergiste, tout son équipage était mort et il ne figurait plus aucun objet à bord de la carcasse. Beregond, bouleversé, remercia son hôte et se mit en route à la découverte d'Elmoraden.
Chapitre II, L’abîme :
[ image externe ]
Début du printemps de l’an 48
L’infortuné jeune homme était là, presque inconscient, étalé sur le sol, la tête de son ami entre les mains. Il baignait dans ses larmes. Un crissement de porte lui fit soudainement reprendre conscience. Où était-il ?! Que faisait-il dans cet endroit ?! Ouvrant péniblement les yeux, il dirigea son regard vers le mort qu’il tenait et ne pu retenir un hurlement de douleur. Il se souvenait maintenant. Après avoir rôdé, pendant de longs mois, sur tout le long des côtes du continent, attendant un navire de son peuple, Beregond avait, un jour, entendu la rumeur de l’arrivée d’un étrange émissaire. Sûr qu’il s’agissait d’un homme de chez lui, il s’était précipité à sa recherche. Le pauvre homme avait suivi sa trace jusqu’à une maison isolée en forêt, près du littoral. A son grand désespoir, il y avait découvert, quelques heures plus tôt, un corps inanimé. Ce cadavre n’était autre que celui de Cirion, un de ses grands amis d’enfance. La mort de son ami ne symbolisait pas seulement la perte d’un être cher, mais aussi celle de ne jamais plus revoir son royaume.
Mais, à présent, il fallait agir. Quelqu’un venait de rentrer dans la maison. Beregond, tressaillant, mit la main à la garde de son épée. La porte s’ouvrit, laissant apparaître un homme masqué. Celui-ci lui s’enquit de savoir ce que l'étranger faisait chez lui, question à laquelle le triste prince s’empressa de répondre « Je cherchais cet homme, je l’ai trouvé mort. Que lui avez-vous fait ?
C’est mes affaires »,
rétorqua le meurtrier et, coupant court à la discussion, tira son épée tandis que le jeune homme s’armait de la sienne. Un combat acharné s’engagea, au terme duquel, Beregond mit à terre son adversaire. Des voix vinrent troubler la lutte, « Papa ! Papa ! » Le visage du jeune prince, s’assombrit, puis, fixant furieusement son adversaire, lui enfonça, de sang froid, son épée dans le sein. Il se dirigea ensuite vers les voix des enfants et, dans sa colère, les égorgea sous les yeux agonisants de leurs père, en hurlant « — Ainsi tu voulais me tuer, et bien meurs chien ! Tu m’as séparé de mon ami. Moi je t’offre la chance de mourir avec tes enfants. » Après avoir prononcé ces mots, il contempla, les yeux brûlants, ses victimes, se vider, peu à peu, de leur sang. Dans les instants qui suivirent, Beregond, prenant conscience de son erreur, s’enfuit loin, très loin, et finit par s’effondrer sur les genoux aux abords d’une rivière. Il y jeta l’arme avec laquelle il avait brisé la famille, en même temps que ses valeurs. Le jeune homme venait d’agir contre tout ce qu’on lui avait, jusqu’à présent, enseigné.
Après son double crime, il fit route vers le Nord, sans trop savoir ce qui l’y attendait. Il avait entendu des rumeurs. Rumeurs selon lesquelles une ombre s’y était répandue, ombre qui prendrait différents visages, pervertirait le cœur de hommes et causerait nombre de malheur. Qu’importe, à présent n’était-t-il pas lui aussi mauvais ? C’est une part de ce raisonnement qui le conduisit à Shuttgart. Une fois arrivé dans la ville, il fut pris à partie par des hommes de la souveraine Eileen. Peut-être pour se prouver qu’il n’était pas comme eux, il les provoqua, faisant affront à la reine. Les hommes de la garde, le firent sortir de la ville. Aussi étrange que cela puisse paraître, on ne le tua pas, on l’enjoignit seulement à repartir vers le Sud, à pied. Le chevalier noir Naal, lui laissa une marque, une profonde entaille dans l’épaule droite, qu’il fit avec sa lame. Beregond, chancelant, marcha jusqu’à Gludio, où il arriva dans un effrayant état. Les bêtes n’avaient cessé de le harceler sur son chemin. et il présentait d’inquiétantes morsures sur tout le long du corps. Le jeune homme, blessé, s’effondra au pied de Wiel, qui par chance se trouvait dans la ville. L’homme, accompagné d’Elvane, une elfe, le fit soigner. Beregond expliqua qu’il s’était égaré, sans trop rentrer dans les détails. Ils ne pouvaient pas comprendre.
Chapitre III, Un Éclairci :
[ image externe ]
Automne de l’an 48
Après de longues semaines de convalescence, où il eut tout le loisir de repenser à ses actes, Beregond s’enrôla dans l’armée de Gludio. En apparence, une nouvelle peu honorable pour un homme de sa condition, mais au moins, il combattait au même titre que ceux du Sud. Après tout, sa mission ne fut-elle pas de défendre la paix ? Son père le lui avait souvent répété. Ses paroles revenaient en boucle, « Qu’importe l’endroit ta quête reste la même ». Une philosophie, en réalité, bien difficile à tenir. Et il est souvent idiot de s’attacher à des paroles trop contraignantes et, peu réfléchies. Mais notre homme s'obstina à suivre les principes de son père. La période noire qu’avait traversé l'instable jeune homme, donna germe à toute une série de questions sur lui-même, celles-ci ne firent qu’accentuer sa conviction. Il se devait de combattre pour la paix, et donner sa vie pour elle. Il jura de détruire ce qu’il appelle avec effroi "L’ennemi". Un vague terme désignant tous ceux qui s’opposent aux valeurs du Sud et qui englobe ainsi les royaumes du Nord, coalisés contre les peuples sudistes, et Noct. Afin d’officialiser sa lutte pour la protection des terres libres du Sud, il passa en cette fin de l’année 48 un entretiens avec la comtesse Thyla, souveraine de Gludio. Après avoir testé ses capacités, elle l’accepta, à grand joie, au sein de sa troupe. Beregond précisa cependant, qu’il proposait ses services à titres temporaires, qu’il ne pouvait abandonner son peuple et que si un moyen s’offrait à lui de rentrer sur ses terres, il les quitterait. Son incorporation dans l'armée l'amena à combattre sur les nombreux fronts du Sud, passant par la porte des cauchemars, aux campagnes contre Dion, et bien sûr à la frontière avec le Nord lorsque la grande Guerre éclata.
(màj clantage Mingol)
Depuis son engagement pour le Sud, il s’était établi à Gludio. Une petite ville, qui en des temps si tourmentés, lui avait ouvert, chaleureusement, les bras. Comme une mère aimante et protectrice, elle le berçait dans sa vie et guidait déjà ses pas. Elle mit sur son chemin Epsaith, une jeune elfe dont la vivacité et la simplicité impressionnait Beregond. C’était une beauté simple, sans prétention, mais elle l’enchanta dès l’instant où il l’aperçut. Au bout de quelques mois, ce qui devait arriver se produisit. Les deux s’avouèrent la réciprocité de leurs sentiments. Le jeune homme avait longtemps hésité, par crainte de lier un destin bancal à celui d’une autre. Mais les regards d’Epsaith et de Beregond allumaient dans leurs cœurs des feux dont chacun s’étonnait. Aucun des deux n’avait la force suffisante de les contenir plus longtemps. Leurs yeux se parlaient, et c’est sous le regard bienveillant de la lune, un soir de Tombefeuille, qu’ils s’embrassèrent pour la première fois. Le lendemain, Beregond assit sur un des remparts du château de Gludio, nota :
« Une lueur dans mes ténèbres,

Si il y a une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est bien celle là. Cette drôle de sensation, une étrange chaleur mêlée à d’étonnants frissons.. Le contact de sa peau.. Ses yeux.. Je n’aurai jamais cru ressentir cela un jour. Ma vie, jusqu’à présent, n’a été qu’un lent déclin, me menant inlassablement vers une voie à laquelle je ne suis pas destiné.Mais maintenant tout est différent.. Elle est là.. Près de moi.. Pour toujours je l’espère.. Hier au soir, tout est allé si vite, elle rougissant, moi frémissant.. Elle est le rayon de lumière qui perce les ténèbres qui recouvrent notre monde. Son nom à lui seul parfume mes pensées, me fait retrouver le sourire. C’est si nouveau pour moi.. J’arrive à grand peine à aligner ces quelques phrases.. Il m’est dur d’écrire ce que je ressens..
Je crois que.. Je l’aime.
»
Au fur et à mesure que leur relation avançait, Beregond passa de nombreuses nuits chez l’elfe. Un charmant appartement dans la cité d’Heine. Mais plus son amour grandissait, plus ses craintes renaissaient. Si sa chère Epsaith arrivait à l’éloigner de ses ténèbres, elle faisait naître en lui des inquiétudes nouvelles. Il redoutait sa disparition. Un matin, après une longue nuit d’étreintes, il lui déposa, en partant, cette lettre :
« Epsaith,

Tu es rentrée dans ma vie. Sombre existence d’un exilé, d’un sans couronne. J’ai perdu espoir de retrouver mon peuple. La destruction de mon royaume, mon héritage, a longtemps hanté mes songes. Après mon naufrage sur vos côtes, je suis resté sans nouvelles de ma terre. Pas un jour, sans que je ne me sois posé une question à son sujet. Toutes ces incertitudes n’ont eu qu’un effet notoire ; Elles m’ont dévoré et m’ont plongé dans de terribles affres. Mais heureusement, ton apparition dans ma vie, s’est mise peu à peu à effacer, ou plutôt à apaiser mes tourments. Depuis, d’épais nuages se sont mis à obscurcir le continent. Maintenant j’ai peur. Pas pour moi. Pour nous. Une crainte : celle de te perdre.Tu es le plus beau joyau que j’ai trouvé en ce monde et l’un des seuls qu’il me reste. Je ne laisserai rien nous séparer, ni personne te faire du mal. Mon destin, désormais, est lié au tiens et notre histoire s’écrira avec la même plume.
»
Dernière modification par Perceval le dim. 15 janvier 2012 à 02h06, modifié 20 fois.
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Re: [bghumain] Beregond

Message par Perceval » mer. 20 juillet 2011 à 15h40

Appendice A : Notes et Contre Notes :
Carnet avec lequel Beregond partagea ses sentiments, le premier écrit remontant au Sumbra, 24 Tourneterre de l'an 48.
Indications chronologiques : A l'annonce de la Guerre Nord-Sud.

La grande guerre a éclaté, elle oppose le Nord au Sud. Beregond, attristé par la nouvelle et ce qu’elle implique, écrit ses états d’âmes sur un bout de papier :
" La guerre, fléau éternel.
Combien de vies devront encore disparaître pour que l’on se rende enfin compte de sa vanité ?
Combien de morts, de blessés et d’orphelins ?
Combien d’années pour tout reconstruire, oublier et cicatriser ?
Ces questions reviennent à chaque guerre.
Mais on les oublie aussitôt qu’elle se termine.
Ainsi, tout recommence, comme une mauvaise boucle.
Il faut croire que chacun y trouve son compte.
Je me sens de plus en plus étranger à celle-ci.. Après tout, ce n’est pas mon continent, ils n’ont pas secouru mon royaume, alors pourquoi les aiderai-je ?
Aucun des deux camps n’est bon parti.
Au Nord, une puissance semble s’être élevée, mais elle n’a rien d’honnête.
Au Sud, un ramassis d’ignorants, de fous prétentieux, s’apprêtent à défendre le peu d’honneur et de valeurs qu’il leur reste. Bien sûr, il y a encore du bon au Sud, c’est peut-être pour cette raison que je me battrai encore,
Un peu.."
Beregond, héritier en exil du trône d'Arda.


Indications chronologiques : Des semaines plus tard. La guerre, pour l'instant s'est résumée à un enchaînement de défaite pour le Sud.(Du moins les combats auxquels il a participé)
L'apparition d'Epsaith dans sa vie semble l'éloigner de ses affres et de son penchant pour les ténèbres.

" Et si j’avais jugé trop promptement ?

Ma peine aurait-elle aveuglé ma perception de la réalité ?
Je n’ai pas été capable de différencier mes amis de mes ennemis.
Mais je crois que j’ai compris.
L’heure n’est plus à la scission, elle se doit d’être à l’unité.
C’est le dernier rempart qu’il nous reste contre le Nord et tous nos ennemis.
La menace de voir s’effondrer tout ce que nous avons connus, tout sur quoi le monde s’est fondé, est trop grande pour laisser nos querelles nous diviser.
L’heure est avancée, mais il n’est jamais trop tard.
L’histoire n’est pas écrite à l’avance, elle s’écrit à la sueur et la peine des hommes.
Celle-ci ne manquera pas de rebondissements, j’en suis certain.
A présent, chacun a son destin en main, à lui de trancher.
"
B.
Spoiler:
à suivre.
Dernière modification par Perceval le mar. 22 novembre 2011 à 22h23, modifié 6 fois.
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Re: [bghumain] Beregond

Message par Perceval » mer. 20 juillet 2011 à 15h41

Appendice B : Enseignements martiaux :
Indications chronologiques : Se situe avant la grande Guerre. Il s'agit là de la période où Beregond a été envoyé à la caserne de Gludin dans le but de fraterniser et connaître les méthodes des soldats de la ville.

Beregond, lors de sa mission dans la caserne de Gludin, se lia d’amitié à un commandant de la garde, un dénommé Auron.
Lors de son séjour à la caserne, les deux passèrent de nombreuses nuits à débattre avec passion sur l’art et la manière de combattre.
Leurs avis divergeaient.
L’un, Auron, était adapte des combats traditionnels, ceux à l’arme unique et au bouclier, tandis que Beregond, en novateur, exprimait les avantages à combattre à deux lames.
Malheureusement pour ce dernier c’est Auron qui eut raison.
Un soir, en rentrant d’une expédition, le pauvre Beregond se trouvait percé par plusieurs flèches.
La chance est qu’il eut à faire à un très mauvais tireur. En effet, l’archer qui était à l’origine de ses maux, n’avait pas été capable de toucher sa cible avec précision.
Cependant, ayant frôlé une fois de plus la mort, Beregond se résolut à apprendre les techniques d’Auron. Après tout, il utilisait bien deux épées, pourquoi ne s’essaierait-il pas avec une seule ?
Spoiler:
MAJ SUB PALADIN
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Re: [bghumain] Beregond

Message par Perceval » mer. 18 janvier 2012 à 23h09

Le Plongeon

Chapitre IV, La mort de l’aimée
[ image externe ]
Au printemps de l’an 49
L’histoire de Beregond aurait pu s’arrêter là. Une femme, un logis, une armée, un engagement. Il aurait pu vivre de longues années à combattre le Nord et tous les maux qui, continuellement, s’abattent sur les hommes. Comme de nombreux braves, il aurait été le disciple de bêtes principes et serait mort pour eux. On l’aurait pleuré pendant un moment, et puis, le temps et la postérité, auraient effacé peu à peu son nom des mémoires. Le destin en voulut autrement. Il fallut que cela commence par elle. Ainsi, l’amour de Beregond et d’Epsaith, touchait au bonheur, lorsque l'elfe fut emportée par son imprudence. Le pauvre prince qui, depuis le début de sa vie, essuyait les malheurs, n’eut pas le privilège de voir une dernière fois la défunte. Seules des morceaux de l’armure de sa tendre, lui parvinrent, amenés par deux gardes. La pauvre devait, à présent, être morte, noyée dans son sang et dans la boue de la région de Heine. Quelle idée avait-elle eu de sortir par ce temps. N’avait-elle pas songé un seul instant que sa perte entraînerait celle de Beregond ? Des questions qui demeureraient, pour l’éternité, sans réponse. L’endeuillé, à qui les larmes ne devaient jamais s’arrêter de couler, se saisit d’une plume avec laquelle il écrivit :
« Elle est morte.Trois petits mots dérisoires pour décrire la perte d’un être si cher. Celle pour qui mon cœur n’a cessé de battre ces derniers mois, s’en est allée, emportée par le terrible flot de la nature.Ma vie, à présent, est destinée à la pleurer. Quelle existence affreuse ! Si au moins j’avais pu partir avec elle. Mon lot est-il de perdre tout ce qui m’épouse ? Après avoir été arraché à mon père, ma famille, mon peuple et mon royaume, voilà que celle que j’aime disparaît.La mort rôde, fine et sournoise, je la sens passer, tout près, m’effleurer. Elle entoure chaque objet, chaque personne que je touche, chaque terre que je foule, d’un halo de ténèbres. Où vais-je ? Je descends sans que jamais je ne m’arrête, l’abîme est profond et le fond rouge de sang. Quelle est cette force qui, si férocement, m’attire vers la nuit ? Oh ! J’aurai tant voulu naître en des temps plus cléments ! Rien de tout cela ne serait arrivé. Et puis cette blessure.. La voilà qui me relance. Naal savait ce qu’il faisait lorsqu’il me planta sa lame de malheur dans l’épaule. Je le sens bien. Après une année, la plaie est encore vive et, à chaque mal qui m’accable, elle me dévore un peu plus. L’horrible douleur obscurcit ma pensé et révèle une partie mon cœur trop longtemps refoulée.. »
Chapitre V, Parenthèse de vie :

[...]
(à venir si j'en ai le courage)
« Laissez-les nous haïr, pourvu qu'ils nous craignent. »

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Re: [bghumain] Beregond

Message par Perceval » mer. 18 janvier 2012 à 23h13

Et après l'azur ?

Chapitre VI, Là où tout s'achève :
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A l'été de l'année cinquantième
« Chaque personne, aussi modeste soit-elle, a son rôle à jouer dans l’histoire, le tien aura été de me précipiter dans l’abîme »

Cette phrase, plus empreinte de colère que de tristesse, fut prononcée par l’homme à qui la capuche servait de refuge. Accompagné de quatre soldats lourdement armés, l’inconnu s’éloigna. Dans un dernier élan d’affect, il s’arrêta et obliqua vers la tombe de son aimée. Son visage dur et grave demeura figé pendant quelques instants jusqu’à ce qu’une larme vienne troubler la sévérité de son expression.

« Il faut partir monseigneur.»

D’un hochement de tête, il acquiesça, puis se remit en route. Au sortir du cimetière, un chariot plein de matériel, avec à son bord deux autres soldats, les attendait. Les militaires ne portaient pas les insignes d’un royaume connu d’Ether. Certainement venaient-ils du même endroit que leur maître encapuchonné. L’homme en question dévoila enfin sa face. Elle laissa apparaître le visage de Beregond. Un an qu’on ne l’avait plus aperçu sur les terres de la Tour d’Azur. Un an surtout qu’il avait déserté la guerre Nord-Sud après s’être rendu compte de sa vanité. Le malheureux en était ressorti fantôme, ombre, spectre. La guerre avait fait de lui un monstre, la mort, un mélancolique et la culpabilité, un fou. Il s’en était retourné en Arda et y avait découvert les débris d'un royaume : des ruines, des victimes mais également et surtout, la paix. Elle avait été signée et l’Ennemi bouté hors de l’île. Bien sûr, l’engouement public avait laissé place à la misère et au chaos de l'après guerre, mais à cela, un seul remède existe : rebâtir ce qui fut jadis. C’est ce que tous s’attelèrent à faire.

Seulement, la paix ne convient pas aux hommes de guerre. Le jour, Beregond s'ennuyait profondément dans son sérail, rien ne semblait pouvoir l'arracher à son immuable langueur. Pas même les jeux de la cour. La nuit, elle, se transformait en immense et infâme cauchemar où il revivait les évènements passés en Ether. Ce qu’il y avait commis le rongeait, ce qu’il y avait perdu, le détruisait. Une idée avait longtemps sommeillé dans son esprit, celle de retourner à Gludio. Et, à l’instant, où Beregond apprit la chute imminente de la Tour d’Azur, il rembarqua, sans hésiter, pour le continent avec une forte somme d’argent, quelques hommes et un peu de matériel.

« Monsieur, le temps presse , insista le même soldat.
Oui. Mettez vous en selle »

Un des deux conducteurs du chariot hurla une destination à son cheval et celui-ci, après quelques coups de sabots, s’empressa d’exécuter les ordres de son maître. Le convoi partit en direction de la petite ville de Gludio, accompagné de cinq cavaliers.
Chapitre VII, Lorsque seule la peur est maîtresse :
[ image externe ]
Marka, le 2 Rougefeuille de l'an 50
« Que fait-on monsieur ? »

Beregond tourna la tête vers le soldat qui se tenait stoïquement derrière lui. Après de longues secondes de mutisme, il se dirigea vers la fenêtre de la chambre, ouvrit les rideaux, puis vit l’épaisse tempête de fumée qui se dégageait du château. L’immense masse noire tourbillonnait dans le ciel et prenait par instant des formes des plus inquiétantes. Beregond y vit le fantôme de tous ses songes ; la destruction sous sa forme pure. Il frissonna. L’effroyable ombre ne tarda pas à venir embrasser le pauvre prince et la malheureuse capitale de la Tour d’Azur. Elle rôda un moment autour de la ville puis ouvrit grand la gueule pour avaler sa proie.

Gludio, ultime bastion de la morale, n’avait pas résisté longtemps face à la foule d’assaillants qui s’étaient précipités sur elle. Des milliers de soldats se tenaient, là, en face de la pauvrette, prêt pour son Salut. Tous avaient répondu à l’appel des royaumes coalisés dans l’espoir de vomir leur souillure sur le monde libre. Un puissant cor mit fin à l’attente insupportable et perverse de la ville. Les premiers soldats nordiques s’avancèrent vers leur objectif, puis y pénétrèrent. Beregond referma brusquement le rideau et regarda son garde qui vit en lui un enfant terrifié. Le rideau ne les préserva malheureusement pas du triste spectacle qui se déroulait en bas de l’auberge. En effet, ni la densité des murs, ni les rideaux ne parvinrent à atténuer le fracas des lames qui s’entrechoquent, le hurlement des combattants et des blessés, puis l’insoutenable silence de la mort, saccadé par le râle des mourants.

Beregond, le visage pâle, hurla :

« — On s’en va, vite ! Tout est bien prêt j’espère ? »

Le soldat hocha, en guise de réponse, puis ajouta :

« Il va falloir que nous sautions par la fenêtre arrière de l’auberge si nous voulons éviter d’être repéré. L’ennemi est déjà à la porte de la bâtisse. L’affaire ne va pas être aisée.

Ne t’en fais pas l’ami. On va s’en sortir, mais maintenant cours !

Je ne m’en fais pas pour moi, Monsieur, mais pour vous. Nous avons à assurer votre sûreté.

Commence par assurer la tienne, et vois ensuite pour la mienne. Allons, vite ! bon sang, saute ! »

Tandis que l’armée ennemie avançait en écrasant impitoyablement les dernières poches de résistance, Beregond et ses hommes parvinrent à rejoindre le reste de leur équipage au dehors de la cité. Ils achevaient de tuer les soldats ameutés lors de leur passage, mais il en vint bientôt d’autre, toujours plus nombreux. Ils lancèrent alors le chariot à toute allure afin d’échapper aux crocs du serpent nordique.
[ image externe ]
'' Direction Heine, au galop. '', An 50
(maj déclantage Mingol)
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Re: [bghumain] Beregond

Message par Perceval » mer. 18 janvier 2012 à 23h14

Un nouveau cap

Chapitre VIII, S'encloître ailleurs :
[ image externe ]
Printemps de l'an 51
Décidé à céder aux platitudes et aux phrases vides commençant par « les temps changent [..]» souvent appuyées par « les gens aussi », il pénétra dans l’enceinte du bâtiment qui se tenait devant la place principale. Accompagné à son passage par les « Monsieur. » soumis des serviteurs et les « Vous désirez ? » des plus audacieux, Beregond fit ouvrir la porte de son bureau. Celle-ci laissa bientôt découvrir un splendide mobilier en chêne, divers tableaux accrochés aux murs et une sorte de gigantesque graphique trônant là, au fond de la pièce. Le jeune prince demanda quelque chose à boire puis ouvrit un grand dossier intitulé, « De la finance à la domination ».

Tous ses projets se résumaient désormais à cette éloquente et redoutable phrase. La chute de Gludio avait délié les dernières chaînes, morales, à l’exécution d’une telle entreprise. L’épopée des trois naines et du géant vert constituait à présent un chapitre clos de son existence, du moins partiellement. La poussière dégagée par l’abattement de la Tour d’Azur venait d’achever les plans d’un nouveau type de système financier. Désormais Beregond n’était plus le malheureux prince en exil, mais le propriétaire d’une sinistre institution bancaire au nom peu approprié, la Caisse Heinnoise d’Assistance Financière (CHAF). Etouffant le particulier, intimidant les entrepreneurs et entamant son emprise sur les administrations, le jeune homme cherchait à se rendre maître d’un système impitoyablement affreux. Peut-être par ambition, plus certainement par vengeance.

Un but officiel, celui d’aider à se développer toutes les villes, et ce, à des taux d’intérêts évalués aux cas par cas et soumis à des limites dans les cités jugées « sûres ». La CHAF affichait de nobles ambitions et de grands desseins pour Ether. En réalité, il n’en fut rien. Son seul souci résidait en l’amorce d’une dépendance des royaumes à son égard. La perspective d’influer et de perturber le fonctionnement des villes du continent était trop à porté pour la laisser en l’état de songe. L’idée de faire trembler les fondations même de ces immenses masses de pierre paraissait trop attrayante pour ne pas être réalisée.
(màj création + présidence de la CHAF : http://www.vae-soli.fr/viewtopic.php?f=216&t=19444)
Dernière modification par Perceval le dim. 5 février 2012 à 20h07, modifié 2 fois.
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Re: [bghumain] Beregond

Message par Perceval » mar. 27 mars 2012 à 18h01

Chapitre IX, Dion ouvre-toi :
« J'ai vu les choses en grands, j'ai du temps, j'ai du talent
Je reste sur mes gardes, je n'suis qu'un homme [...]
Si seulement tu savais (Si seulement tu savais)
Tout le mal que je garde (Tout le mal que je garde)
»
La Caisse avait été crée, elle avait su se montrer pérenne. En deux ans, cette institution s'était imposée comme référence dans le secteur financier ; peut-être même plus. Althéna, Gludin, Gludio et Heine figuraient désormais parmi les villes teintées de l'obscur et mystérieux halo de la CHAF. Qu'adviendrait-t-il ? Le capitaine, manœuvrant la machine sans remords ni états d'âme, paraissait s'être effacé. Pourtant, il n'en était pas moins présent. Dans son superbe bureau, la machination prenait forme, les plans s'achevaient, peu à peu.

« Dion. »

Oui, Dion. La ville martyre, la malheureuse. Le destin ne s'était jamais autant acharné sur une cité. Par chance, Beregond ne croyait plus à celui-ci. Jouet des dieux, certainement. Mais "destin" n'existait pas. Il fallait oser, poser un nom sur ces divinités, celles qui se fichent pas mal de leurs inférieurs. Peu ont ce courage, cette hardiesse, de désigner Eva, Einhasad ou un autre comme l'origine de leur maux. Pour le président de la Caisse, ce n'était pas le cas. Les dieux l'avaient roulé. La mort de sa famille, la chute de Gludio, le décès de sa chère Epsaith. On l'avait bien raillé. Restait à déterminer lequel des dieux s'avérait être ce "on".

Quoiqu'il en soit, Beregond saurait s'affirmer à Dion. Les fonds étaient débloqués, l'argent envoyée. Une véritable fortune investie ; non sans intérêt. Les instigateurs de la réaffirmation dionnaise avaient besoin de lui, de son argent, il le savait. L'impitoyable financier en profiterait, autant que possible. Dans ses quartiers, toujours, l'homme, d'une écriture fine et assurée, s'attaqua à la feuille blanche en face de lui.

« Réarmement, remilitarisation. Retour sur investissement. Cartel. »

Son office se mélangeait avec la politique. Rien de bon à envisager pour Ether. Encore moins pour Dion.
« J'sais où j'vais sans savoir si j'serai l'bienvenue, j'suis pas invité [...]
J'me dirige vers la gloire et les blème-pro
»
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