[bghumain] Aldo Rinehart

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Aldo
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[bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » dim. 4 mars 2012 à 14h19

Nom : Rinehart
Prénom: Estebaldo, dit « Aldo »
Surnom : Le Renard
Age : 37 41 ans
Sexe : Masculin
Race : Humain

Métier : Receleur, contrebandier... bref, un type peu recommandable.
Compétences :
  • Combat : Combattant à deux lames.
    Magie : Aucune
Alignement : Chaotique neutre à loyal mauvais
Langues parlées : Humain et Commun


Description physique : Un grand type d'environ 1m80, les cheveux noirs un peu filasses, les yeux bleus foncés comme l'océan une nuit d'orage au dessus d'un nez droit mais fin. Il possède une mâchoire anguleuse souvent rongée par une barbe de quelques jours. Taillé finement mais tout en muscles déliés, de quelqu'un qui se bat régulièrement (pugilat et autres armes de poing, ainsi que ses vieilles lames) et qui s'adonne régulièrement à divers exercices physiques pour garder la forme. On remarque une musculature assez développée au niveau des épaules et du dos, ainsi que des cuisses, signes marqueurs d'un port régulier de l'armure lourde et d'une pratique de l'équitation.
Son torse est marbré de quelques cicatrices assez vilaines, mais la plus visible lorsqu'il est habillé coupe son oeil gauche. Souriant, il se dégage quand même de lui une impression bizarre. Méfiance ou manque de franchise ? Il porte en permanence une boucle d'oreille à gauche en forme de croix. On le voit rarement sans quelque chose au bec. Il pourrait être séduisant si on aime le genre de type un peu louche.

Caractère : Aldo est quelqu'un de relativement méfiant, et ça se voit. Il préférera ne pas trop en dire, pour se préserver, et n'accordera que rarement sa confiance. Cependant, en public et en plein jour, il est relativement avenant et ouvert, n'hésitant pas à engager la discussion ou à y répondre, sait-on jamais, préférant mentir sur son état moral plutôt que de dire ce qui ne va pas. Il est habituellement assez calme, mais certains sujets provoquent chez lui des réactions tout à fait violentes et surprenantes. Ses colères sont ravageuses et destructrices, surtout pour lui, puisqu'il ne prend jamais de risques inutiles en frappant quelqu'un.
Lorsqu'on l'approche un peu, il apparaît comme quelqu'un de blasé, le genre de type qui n'attend plus vraiment rien de la vie. Nul doute qu'il a du en voir de belles...
Spoiler:
Situation financière : Très variable, en fonction des « affaires » en cour. Il s'en sort généralement pas mal, au minimum, de quoi se payer une chambre d'auberge et le pain quotidien.
Comportement social : Plutôt vagabond, mais là aussi, c'est variable. Il est en général assez ouvert aux autres.
Type d’éducation reçue : Peu le savent, mais Aldo a passé son enfance dans un milieu bourgeois assez aisé. Ca ne se voit généralement pas, mais il sait parler de façon plus que soutenue et se conduire en société, même s'il en fait rarement l'effort...
Popularité et/ou influence : Dans le « milieu », on le connait sous le nom du « Renard ». Relativement discret, il ne jouit pas d'une grande influence ni popularité, et c'est tant mieux...
Pensée politique : Aldo pense simplement que la guerre est bonne pour les affaires, mais qu'un chaos politique n'est pas forcément une chose bénéfique...
Croyances :
Spoiler:
  • Einhasad : La déesse mère... en tout cas, elle n'a rien fait pour lui.
    Gran Kain : Vague connaissance, peu renseigné.
    Eva : La déesse des elfes... ses icônes sont belles et harmonieuses, et ça s'arrête là.
    Shilen : Un fort joli choléra, à l'image de ses filles. Mais méfiance.
    Sahya : Totalement inconnue d'Aldo
    Pa’agrio : Son feu réchauffe en hiver, pas de respect ni de crainte particulière.
    Maphr : Sans opinion.

Relations extérieures :
  • Elfes : De jolies créatures, souvent intéressantes, enrichissantes à écouter, mais pas terribles pour les affaires...
    Humains : Des frères et des ennemis, c'est selon. Mais il prospère grâce à eux.
    Kamaels : Des êtres fascinants et parfaits. Ca cache quelque chose...
    Nains : Les rois du commerce, les plus habiles... des concurrents terribles et des alliés efficaces.
    Orcs : Une culture inconnue mais fascinante, et des coutumes qui piquent l'intérêt. A approfondir.
    Sombres :Il prend plaisir à observer leurs femelles, sans s'en approcher de trop près.. si Shilen est le choléra, elles sont la peste.
Dernière modification par Aldo le mar. 22 janvier 2013 à 14h16, modifié 2 fois.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » dim. 4 mars 2012 à 14h20

ATTENTION

Ce BG contient des scènes et des descriptions qui pourraient heurter les esprits les plus délicats.
Ames sensibles s'abstenir.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » dim. 4 mars 2012 à 14h39

20 ans plus tôt :
La nuit tombait sur le village des chasseurs. On entendait que la rumeur lointaine et festive de la taverne, ouverte pour la nuit. Parvenu à la lisière de la forêt, il mit son cheval au pas. Une large capuche recouvrait sa tête, le protégeant du vent peu clément de cette saison. N'entrant pas dans le village, il fit bifurquer la monture vers la droite, passant sous le dai d'un gigantesque saule qui étendait là ses branches tristes.
Peu après, il atteignit le bouge, et les fenêtres étaient si encrassées qu'on ne devinait rien à l'intérieur. Il attacha son cheval à un arbre et se présenta devant la porte : il frappa deux coups, puis un, et enfin deux autres coups, plus espacés. Après quelques secondes d'attente, il entendit des pas lourds et la porte s'ouvrit. Le visage d'un homme d'une cinquantaine d'année, le menton mangé d'une barbe fournie et l'oeil aviné, lui apparut.

« Tiens tiens... mais vlà le fils Ri...
- Ta gueule, et laisse moi entrer. »


L'homme ricana et s'effaça pour le laisser entrer. Il n'aimait pas qu'on lui donne le nom de son père, un père abhorré et méprisé, et surtout pas dans le genre de cercle qu'il fréquentait. Un nuage de fumée le saisit à la gorge lorsqu'il entra, et qu'il voyait flotter au dessus des lumières éparses. De nombreuses tables accueillaient des joueurs, qui fumaient et buvaient des liquides foncés, amassant de grosses sommes d'argent, en perdant tout autant. Au fond, un tavernier, l'air austère, essuyait des verres avec un torchon à la propreté douteuse.
Estebaldo fréquentait ces endroits depuis quelques mois. Il y passait tout l'argent qu'il gagnait en travaillant dans l'entreprise de son père. Mais du haut de ses seize ans, il était loin d'avoir conscience des enjeux...

« Ils t'attendent. »

Tranquillement, Estebaldo s'avança vers sa table habituelle, où l'attendaient trois malfrats de la plus belle espèce. L'un d'eux chiquait, et crachait sa chique à ses pieds, sous la table, de temps à autre. Lorsqu'il s'approcha, un autre lança :

« Dis donc, Rinehart ! T'es en retard... c'est maman qui t'as retenu ? »

Estebaldo grogna dans sa direction, asseyant sa déjà grande carrure sur la chaise en bois.

« La ferme... et appelle moi Aldo, si tu veux que j'te prête du fric ce soir... »

L'homme partit d'un grand rire et porta de nouveau sa cigarette à ses lèvres. Il en proposa une à Aldo, qui l'alluma. Ils commencèrent à jouer. Les lampes étaient disposées au dessus des tables pour éclairer les cartes et les dés, si bien qu'on ne voyait pas toujours bien à qui on avait affaire. Parfois, cela valait mieux... la plupart était hideux, vieux, balafrés et puants, ou d'autres choses, pires encore. Aldo lui, était une sorte d'exception à la règle. Entraîné ici par un ami peu recommandable, il était le plus jeune mais aussi le plus fort, et par là même, le plus beau.

C'est sans doute pour cela qu'Elle le remarqua. Aldo, tout à son jeu, ricanant lorsqu'il avait la meilleure paire, maugréant ou gardant le silence lorsqu'il perdait, ne l'avait pas aperçue, parce qu'elle était dans l'ombre. Seule la lueur d'une cigarette brillait dans le noir, près de cette table du fond, généralement occupée par les pires trafiquants venus vendre leurs produits illicites. Une bottine de cuir dépassait de l'ombre, entrant dans le rond de lumière diffus. Il aurait suffit qu'elle se redresse et se penche un peu pour qu'on aperçoive son visage.
Aldo, lorsqu'il releva ses yeux bleus foncés dans cette direction, croisa un instant son regard, qui sembla briller légèrement.

Ce soir là, la malchance d'Aldo fut épouvantable. Il perdit tout ce qu'il avait, et même d'avantage. La tension était à son comble à la table de jeu. Furieux, le jeune homme jeta son paquet sur le bois brut.

« Ca suffit.... je n'ai plus rien à vous donner ! »

L'un des trois types ricana et pointa l'oreille gauche du jeune homme, à laquelle pendait une boucle en argent pur, formant une croix. Aldo secoua la tête.

« Même pas en rêve, sac à merde... c'est personnel, ça. »

La tension monta d'un cran et Aldo se leva. La silhouette féminine suivit son mouvement, exhalant un panache de fumée d'une cigarette. On eût dit que son regard brillait dans le noir. Les hommes, tout à coup hostiles, suivirent le jeune homme du regard. L'un d'eux, menaçant, l'averti :

« Tu nous dois de l'argent, t'es au courant, Rinehart ? On va pas te laisser filer comme ça... »

Aldo se redressa de toute sa hauteur sous la menace. Il lança un regard froid sur les trois hommes et sortit, ses bottes claquant sur le parquet. Les trois hommes se regardèrent et se levèrent rapidement, le suivant. Le métal de leurs épées brillait. Dans le coin sombre, la silhouette n'était plus là.
Le jeune homme avait atteint son cheval, qu'il s'occupait de détacher, quand les trois hommes vinrent à sa rencontre, l'épée au clair.

« Tu vas nous payer, gamin... sinon tu peux dire adieu à ta petite gorge de minot... »

Aldo frissonna à peine, une violente montée d'adrénaline le submergeant. Un tintement métallique se fit entendre alors qu'il sortait son épée. Puis, alors que les quatre hommes allaient en découdre, un léger rire se fit entendre derrière eux, aérien, cristallin, mais à vous faire froid dans le dos. Une voix douce et chaude s'éleva, émanant de sous le saule pleureur.

« Oooh... messieurs... on ne s'en prend pas à la jeunesse... qui nourrira vos vieux jours...? »

Le ton caressant, exagérément enfantin de cette voix de femme fit ricaner les trois hommes. Aldo lui, la cherchait du regard.
Ils l'aperçurent, sous le saule, l'une de ses mains gantée de velour soulevant l'une des branches souples de l'arbre. Elle portait une robe élégante, ample, d'un brun foncé, qui dissimulait ses petites bottines, mais pourvue d'un décolleté pâle mais appétissant. Un collier au ras du cou, en dentelle et pierrerie, jetait un reflet délicat sur sa peau diaphane, si pâle qu'elle en était presque transparente. De longs cheveux noirs, lisses et brillants, encadraient son visage, si bien qu'on distinguait à peine la petite voilette de dentelle à son front. Une bouche d'un rose vif, sans nul doute soulignée par un peu de maquillage, s'ouvrait sous un nez charmant, que surplombaient deux yeux d'une couleur étrange, brillante. D'aucuns l'auraient jugée parfaite, et Aldo resta un instant interdit devant tant de charmes.
Elle continua de rire, lâchant sa branche de saule pour s'approcher, silencieuse, tandis que les hommes ricanaient toujours. L'un d'eux siffla, et l'autre lança :

« Aller ma jolie... attends un peu, on s'occupera de toi après. »

Un petit gloussement suivit ces paroles. Elle leva l'index et le balaya de droite et de gauche. Puis, s'approchant légèrement de l'homme, elle tendit la main vers lui. Cette scène hypnotique avait immobilisé les trois autres larrons, et l'homme, surpris, s'apprêta à la saisir. Lorsqu'il attrapa le poignet de la belle, il se figea, comme abasourdi, et un lent sourire éclaira son visage à elle.
Brutalement, sans que les autres puissent voir ce qui se passait, il s'écroula. Elle eut un léger rire, et regarda les autres.

« Je crois que... votre ami était malade... »

Son air faisait froid dans le dos. Elle s'avança vers les autres.

« Alors...? On s'en prend à la jeunesse...? »

Un frisson glacé les parcourut tous. Sans demander leur reste, les deux autres malfrats prirent leurs jambes à leur cou, mais la dame ne l'entendait pas de cette oreille. Glissant deux doigts à la base de son corsage, au niveau de la ceinture, elle en sortit deux objets qu'Aldo ne vit pas, mais qui brillaient dans l'obscurité. D'un geste souple, elle les lança, l'un après l'autre, et les deux hommes s'effondrèrent plus loin, deux petits couteaux plantés dans la nuque.
Aldo crut que sa dernière heure avait sonné quand elle s'approcha finalement de lui. Elle était si près qu'il pouvait sentir son parfum, un mélange de musc et de lys, entêtant. Elle lui sourit, dévoilant des dents blanches et régulières.

« N'aie pas peur, jeune homme... je ne te ferais pas de mal.
- Vous avez tué mes créanciers...
- C'est vrai... comment pourrais-tu me remercier ? »


Elle lui lança un sourire équivoque. Aldo n'en revenait pas, tant la scène qui venait de se dérouler était absurde. Une femme inconnue, mystérieuse et magnifique, le sauvait de ses créanciers et en plus, il n'en doutait pas, lui proposait de passer la nuit avec lui... son sang de jeune homme ne fit qu'un tour.

« Ma foi... »

Elle eut un nouveau rire cristallin, ne s'occupant pas du tout des trois cadavres non loin.

« Oh, mon tout beau, tu te méprends... quoi que tu me plaises beaucoup, il n'est pas question de cela... si tu veux ce genre de faveurs, il faudra d'abord me rendre un petit service... »

Aldo eut un sourire. Evidemment, ce ne pouvait pas être aussi simple. Mais cette femme lui plaisait, et il se mit en tête de la conquérir. L'audace de ses seize ans, la poussée d'un désir tout naturel à cet âge, et la volonté orgueilleuse d'inscrire une aussi belle créature à son tableau de chasse eurent raison de sa sagesse. Ce fut la plus grande erreur de toute son existence.

[ image externe ]

Dix-huit ans plus tôt :

[ image externe ]

La porte de l'auberge se referma brusquement, et Aldo rentra, jetant un sac de toile aux pieds de la belle, qui était occupée à se brosser les cheveux, assise sur un sofa. Elle releva le visage vers lui.

« Aldo, mon ange, ça ne va pas ?
- Non, ça ne va pas, Carmina. »


Elle fronça ses charmants sourcils, contrariée. Tandis qu'il se dirigeait vers la fenêtre, s'allumant une cigarette, elle ramassa le sac de toile, duquel elle sortit des petits sachets de cuir. A l'intérieur, une fine poudre bleue.

« Oh bravo, mon ange...! Tout à fait ce qu'il me fallait... »

Il lui répondit d'une voix sèche.

« Oui, tout à fait ce qu'il te fallait, je sais. Ca fait deux ans, que je fais ce qu'il faut. »

Lentement, elle se leva. Depuis deux ans qu'ils étaient ensembles, elle ne l'avait jamais laissé la toucher, trouvant toujours un bon prétexte, une nouvelle épreuve. Il avait tout quitté pour elle, amoureux fou, et l'avait suivie, apprenant le métier qu'elle lui offrait. Il avait appris à commercer, à marchander, à savoir où se trouvaient les bonnes affaires... mais le temps lui semblait long.

« Mais, mon ange... il fallait bien que je sois sûre que tu sois digne de confiance... »

Il tourna la tête vers elle, le visage fermé, et les muscles de sa mâchoire contractés. Elle frémit. Qu'elle aimait ses colères ! Tout son corps frissonnait de désir, dans ces moments, mais elle les réfrenait, car ce n'était pas encore le moment... seulement là, elle le sentait au bord de la rupture. Son corps de jeune homme de dix huit ans la réclamait, réclamait les faveurs d'une femme.
Elle se leva dans un long soupir, s'approchant de lui.

« Oui... je crois qu'il est temps... »

Il la surplombait de toute sa hauteur, grand jeune homme, déjà large d'épaule et musclé pour ses dix huit ans, qualités physiques qui iraient en s'améliorant.
Doucement, elle vint effleurer les premiers boutons de sa chemise, mutine, et il ne sut pas résister à son sourire. Il perdit de sa rudesse, laissant place à l'envie qu'il avait d'elle et qu'il retenait depuis déjà deux ans.
Ardemment, il l'enlaça et l'attira contre lui, se penchant pour prendre ses lèvres. Elle frémit de tous ses membres contre lui, et il eut la surprise de sentir, contre son torse dénudé, la peau de son décolleté, glacée... entre deux baisers fiévreux, il murmura :

« Tu es glacée...
- Réchauffe moi... »


Il ne se fit pas prier, la soulevant dans ses bras pour la porter sur le lit, s'occupant de la déshabiller, impatient de contempler ce corps qu'il avait si souvent imaginé, de toucher cette peau qu'il rêvait de caresser. Mais cette froideur.... c'était à la fois excitant, surprenant et... morbide. Pourtant, tout occupé de son désir, il avait chaud pour deux, son corps brûlant et frémissant sous les caresses de Carmina, sous ses doigts glacés.
Elle, la belle, sans âge, se plaisait à parcourir ce corps vigoureux, puissant, jeune... elle bascula sur lui, couvrant son corps de baisers brûlants, mais toujours d'une froideur à faire frissonner. Il glissa les mains dans ses cheveux lorsqu'elle descendit le long de son torse, fermant les yeux pour s'adonner au plus délicieux des vertiges.
Lorsqu'elle atteignit l'objet de son désir, elle s'en amusa longuement, et le contraste entre le feu qui le brûlait de l'intérieur et la froideur de ses lèvres, de sa bouche, provoquait chez lui un effet vertigineux. Les mains crispées dans ses cheveux, il sussura :

« Carmina...
- Non. »


Sa voix frémissait, et il sentait que son propre désir était au paroxyme. Mais pourquoi ne voulait-elle pas de lui en elle ? Il ne comprenait pas, mais l'explication lui viendrait bientôt...
Alors qu'elle lui prodiguait les plus exquises des caresses, malgré ses mains glacées, ses baisers vinrent le cueillir au creux de l'aîne, là où même la chair des hommes est tendre et soyeuse. Elle y passa sa langue, et avec une lenteur chargée de sensualité, elle y planta ses canines. Aldo eut un long frisson glacé, à la fois exquis et odieux, et il crispa ses mains sur elle, ne sachant trop s'il voulait la repousser, car la douleur était vive, ou s'il voulait la garder contre lui... mais le venin de Carmina se diffusant dans son sang, il ressentit soudain une félicité tellement vive, tellement pleine, bien au delà de toutes les jouissances terrestres qu'il pouvait espérer, tandis qu'elle s'abreuvait de son sang si riche, si vif, que le plaisir qui les submergea alors tous deux fut sans commune mesure. Jamais Aldo n'éprouva autant de plaisir, autant de désir, qu'entre les mains de Carmina. Jamais non plus, il n'éprouva la même horreur, le même dégoût, la répugnance atroce de l'odeur âcre du sang, le frisson terrible de la mort qu'il sentait près de lui.

Carmina but pendant très longtemps à la gorge d'Aldo, à son aîne, et à d'autres endroits que seule l'imagination pervertie de la dame pouvait concevoir... et il ne pouvait plus s'en passer, il ne désirait plus que cela, comme la drogue qu'il prenait pour qu'elle puisse en jouir à travers son sang...
Ensembles, ils s'ennivrèrent à tous les vices possibles, et il faisait tout pour elle, pour son plaisir, pour sa jouissance... jamais on ne vit couple plus malsain, plus abject. Le jeune homme sacrifia les plus belles années de sa vie sur l'autel de la folie.

La prise de conscience fut brutale et faillit lui être fatale. Après onze ans de vice, d'affaires crapuleuses, de grand banditisme, Carmina se lassa soudain de lui. Elle était devenue désagréable, cherchait de plus en plus d'autres hommes à dévorer... le caractère d'Aldo s'affermissait, il devenait plus exigeant, son amour plus pressant.

Puis tout ceci prit fin. Elle s'en fut, énigmatique, le laissant pour mort, et sans la moindre ressource.


Aldo sortit brutalement de sa rêverie, sous les instances du vieux barbu. Ce dernier souriait, lui découvrant une rangée de dents irrégulières. Ils venaient tous deux de rentrer dans une auberge mal famée, où le vieux avait ses habitudes.

« Eh Aldo, réveilles toi, mon vieux, et souris un peu, bon sang !! On vient de faire une putain d'affaire ! »

En effet, ils avaient écoulé un important stock d'armes de contrebande. Les temps de conflit, ça rapportait pas mal... mais Aldo était distrait, car on était la veille du macabre anniversaire qui avait marqué sa première rencontre avec Carmina... vingt ans plus tard, il songeait amèrement qu'elle avait détruit sa vie.
Après qu'elle l'aie blessé à mort, lui laissant deux affreuses cicatrices, et d'autres moins importantes, vestiges de leurs vices passés, il avait mit plusieurs années à parvenir à se « sevrer », et à réapprendre à vivre. Ne sachant faire que cela, il s'était remit aux affaires, seul cette fois, et avait tenté de se sortir de la misère dans laquelle elle l'avait jeté en lui prenant tout.
Ca lui avait laissé un goût amer. Elle l'avait trahi, s'en était lassé puis l'avait jeté. Il prenait aujourd'hui conscience, parvenu à la maturité, qu'il n'avait rien fait de sa vie, et que si demain il l'a perdait, il ne manquerait à personne.

Distrait, il suivit son compère à une table, et le vieux, qui en réalité n'avait pas plus de cinquante ans, se laissa tomber sur une chaise.

« Tu sais quoi ? On devrait fêter ça comme il faut... écoutes, sans toi, on y serait jamais arrivé... j'me demande où c'est qu't'as appris à causer comme ça ! »

Aldo haussa les épaules. Il préférait ne pas parler de son éducation. Ils commandèrent deux verres de rhum, et Aldo s'alluma une cigarette, passant sa main sur son menton mal rasé. Le vieux balaya l'endroit du regard, il cherchait visiblement quelqu'un.

« Toi... t'as besoin de te détendre. T'es raide comme une corde d'arc ! Depuis combien de temps t'as pas baisé ? »

De nouveau, il haussa les épaules. Ca faisait... au moins plusieurs années. Il n'avait plus le souvenir de la dernière fois qu'il avait touché une femme. Et à vrai dire, ses expériences avec la gent féminine l'avaient pour le moins... sévèrement refroidit. D'habitude, il n'y pensait pas, se concentrant sur les affaires, qui occupaient toutes ses pensées et toute son énergie. Depuis toute cette histoire, c'est à dire depuis presque dix ans, il ne s'occupait exclusivement que de ses affaires.

Le vieux fit signe à un type, qui cria quelque chose vers l'arrière salle. Une jeune femme apparut, frêle et de taille moyenne, s'approchant de leur table. Les cheveux d'un blond pâle, la peau tannée par le soleil et des yeux d'un vert délavé, elle força un sourire, pâlissant un peu à la vue du vieux qui tendit le bras vers elle.

« Viens là, ma p'tite belle... ça te dirait de t'occuper un peu de mon copain, là ? Il a grand besoin d'ton affection... »

Ricanant, il lui pinça les fesses, lui arrachant un petit cri de stupeur. Pourtant, elle n'en fut pas outrée. Devant ce spectacle abject mais auquel il était hélas accoutumé, Aldo n'eut aucune réaction. Elle posa ses yeux sur Aldo.

« Aller vieux, c'est ma tournée ! Et pas question d'me refuser ça. Tu verras, elle est très douée, cette gamine. »

En effet, Aldo ne lui aurait pas donné plus de dix huit ou dix neuf ans. Il eut, l'espace de quelques secondes, envie de jeter son poing dans la figure de son compère. Quel vieux dégueulasse...

« Aldo, bouges toi, tu vas me vexer !! »

Il se leva, écrasant sa cigarette sur la table. De toute façon, la lassitude le gagnait. Ne réagissant pas au clin d'oeil de son compère, il prit la direction de la chambre qu'on lui avait louée pour la nuit. Comme elle ne le suivait pas, le vieux, lui donna une violente tape sur l'arrière de la cuisse.

« Qu'est ce que t'attends, petite traînée ?! »

Sans demander son reste, elle se précipita à la suite d'Aldo. Lorsqu'elle entra dans la chambre, il avait déjà retiré sa chemise, assis sur le lit, et s'allumait une autre cigarette. Elle s'approcha de lui, commençant de dégrapher sa méchante robe. D'une voix basse et un peu sèche, il la somma :

« Rhabilles toi. »

De surprise, elle interrompit son mouvement.

« Mais...
- Je ne veux pas de toi. Tu n'auras qu'à lui dire qu'on a fait tout ce qu'on avait à faire, que je me suis éclaté, bref... tu n'as qu'à dormir sur le lit, je dormirai par terre. »


Il fit un geste nonchalant, se levant du lit pour s'asseoir à même le sol. Dans un grognement rauque, il s'allongea. Surprise, elle s'assit sur la couverture, ne sachant pas trop comment interpréter ce refus. Elle le voyait comme les autres hommes, voulant prendre son plaisir avec elle et la virer ensuite, mal rasé comme il était, l'air d'un vieux renard méfiant, le regard sombre, le torse bardé de cicatrices. Pourtant, il ne voulait pas d'elle, et alors, il lui apparaissait différent. Elle murmura :

« Merci... »

Il ne répondit rien, et se contenta de se redresser sur un coude pour souffler la bougie. La pièce fut plongée dans l'obscurité. Il l'entendit s'allonger sur le lit, et remuer un peu, tandis qu'il restait immobile, les yeux grands ouverts. Sa voix fluette s'éleva de nouveau :

« Dis... comment tu t'appelles...?
- Aldo.
- Moi c'est... c'est Talissa... »


Il ne répondit rien. Il s'en moquait un peu, à dire vrai. Pensif, il était encore tout à ses calculs. Les Fontaines de sang suscitaient tant d'inquiétudes que les gens ne songeaient qu'à se défendre. Alors, ils achetaient des armes, même futiles, pour se rassurer. Ils achetaient de l'équipement, même de contrebande, même pour les moins fortunés... tandis que d'autres, voulant profiter de la vie, s'ennivrait de l'alcool et de la drogue qu'ils refourgaient... oui, les affaires étaient plutôt bonnes, ces temps-ci.
Une intense lassitude envahit Aldo, qui menaçait de ne plus le lâcher... il exhala un soupir lourd. Très doucement, il sentit du mouvement près de lui, et le corps frêle de la fille s'allonger contre lui. Il tourna la tête de son côté.

« Qu'est ce que tu fais ? »

Sans répondre, elle l'embrassa. Et Aldo se laissa gagner à la pitié, envers cette fille brisée. Pour une fois depuis de longues années, il écouta son corps.
Et le matin la trouva, couchée contre lui, et pour une fois, son visage n'était pas marqué par le dégoût.

Aldo n'attendit pas son compère. Se rhabillant, la laissant là, il ramassa sa besace et sortit de l'auberge. Il lui fallait un cheval, et des vivres.
Embarquant son butin, il décida de changer d'air. Tout ceci ne pouvait plus durer. Aujourd'hui, anniversaire maudit de la fin de sa vie, de l'anéantissement complet de son existence, il fallait reconstruire. Mais pouvait-on reconstruire sur de la cendre ? Par où commencer ?

Aldo avait de la ressource, et il avait toujours refusé de mourir. Il éperonna son cheval, pour aller ailleurs, n'importe où. Mais cette fois... la reconstruction, ou l'anéantissement, serait totale.
Les Dieux décideraient.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » jeu. 8 mars 2012 à 07h25

La lente fumée bleue tourbillonnait au dessus de lui, s'égrenant en volutes surprenants, capricieux, changeants... il fumait, nonchalamment assis sur son rocher des abords de Giran. La pluie avait fait une accalmie, et c'était tant mieux, parce qu'il attendait là depuis déjà une demi-heure. Il s'ennuyait ferme, et avait même commencé à faire des ronds de fumée.
Le joyau, dans sa bourse, émettait un joyeux chatoiement depuis son ouverture, à laquelle Aldo jeta un oeil. Il repensa tout naturellement à sa fournisseuse.

Jolie gamine, c'est clair ! Mais quelle chieuse...! Il fronça imperceptiblement les sourcils. A toujours se mêler de ce qui ne la regardait pas, à vouloir creuser... ça l'énervait. Ce qui l'énervait encore plus, c'est qu'il l'avait jetée sans ménagement, et qu'elle était revenue à la charge. Elle voulait le pousser à bout ou quoi ?

« C'était quand, ta mésaventure ? »

Mais.... mêles toi de ton cul ! Y'a bien d'autres chats à fouetter que de s'occuper d'un vieux renard... Aldo songea qu'elle devait rudement se faire chier dans ses recherches, pour être aussi curieuse d'un type aussi peu recommandable... elle lui faisait l'effet d'une jeune bourgeoise qui s'ennuie, et qui cherche une distraction dans les malheurs d'autrui.
Il soupira, ce qui eut pour effet d'expulser la fumée encore plus loin, rageusement.
Elle l'avait même embrassé, cette gamine.... Aldo avait l'impression de nager en pleine connerie, tellement c'était absurde.

« Ca t'amuses, de te foutre de ma gueule ?! »

S'il ne s'était pas retenu à temps, il l'aurait sans doute assommée. Première fois en plus de quinze ans qu'on lui faisait un coup pareil. Heureusement qu'elle lui rapportait un bon paquet d'argent... sinon il aurait déjà mis les voiles, et loin en plus.

« Alors, je te garde pas ce soir...? »

Mais... elle se prenait pour qui ?! Aldo fulminait, assis tout seul sur son rocher, et la pluie s'était remise à tomber. Sérieusement, c'était du délire.
Un bruit de pas se fit entendre sur sa droite, il tourna la tête.

« Elle s'appelle comment ?
- Hein ?! »


La rudesse du ton d'Aldo fit sourire le type qui s'approchait.

« Vu la gueule que tu tires, c'est forcément que tu penses à une nana. »

Aldo lâcha un juron entre ses dents.

« Malek, tu m'connais trop, on va plus pouvoir faire affaire. »

Néanmoins, les deux hommes eurent un rire. Il réitéra sa question, et Aldo haussa les épaules.

« Oh rien, une emmerdeuse... mais regarde plutôt ça. »

Il lui jeta le cristal, toujours dans la bourse, et l'homme y jeta un oeil. Un petit sifflement s'en suivit. Il sortit une bourse et la tendit à Aldo.

« Ecoute, mon vieux... en ce moment j'ai une grosse affaire avec ces trucs là... arranges toi pour que cette nana t'en files plein... plein ça veux dire, au moins trente ou quarante... un très très gros coup. »

Aldo parût surpris, mais Malek semblait tellement sérieux qu'il l'écouta avec la plus grande attention lorsqu'il s'approcha de lui, l'index levé. Il articula :

« Je vais tellement te payer, que tu n'hésiterais pas à aller jusqu'à lui faire du charme pour qu'elle t'en refourgue en masse... »

Aldo tira sur sa cigarette.

« J'en ai pas besoin... »

Malek le considéra quelques instants d'un air désesperé.

« A part si elle est vraiment moche, t'es irrécupérable, tu le sais ça, Rinehart ?
- Ouais. »


Aldo avait haussé les épaules, et Malek eut un rire rauque. Il empocha la gemme.

« On se revoit dès que t'en auras une belle quantité. Et t'as intérêt d'y mettre les moyens, t'entends ?! »

Sans attendre la réponse, il s'éloigna. Aldo demeura pensif. Y'avait de quoi se faire un sacré pactole ouais... de quoi le mettre à l'abri quelques temps, finie la famine ! Il allait enfin pouvoir acheter un tabac digne de ce nom, et du meilleur avoine pour son cheval. Peut-être même bien qu'il pourrait en acheter un second et les mettre à l'écurie de la ville... il secoua la tête en se levant, grognant contre lui-même.

« Arrête de rêver, Rinehart... »

Il regagna l'auberge.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » ven. 9 mars 2012 à 08h05

C'était du délire. Il sentait la colère monter en lui comme une vague, une houle puissante, et se diluer, comme si c'était de la peinture, vers sa poitrine, vers cette chose qui...

Cling !

Le cristal se brisa contre le mur, projeté avec une violence inouïe. Aldo considéra l'objet brisé avec fureur.

« Non, tu ne prendras pas ma colère, ma jolie, c'est la seule chose qui me reste !! »

La fureur se déversa alors, puissante, incontrôlable et incontrôlée. Mais qu'est ce qui lui avait pris ?! Il avait cédé, il l'avait fait, il y avait même pris du plaisir... mais depuis quand se laissait-il aller de la sorte ?! Elle aurait pu le tuer, elle aurait pu..... le mordre.

Un long frisson de dégoût lui parcourut l'échine, et son poing droit alla violemment s'écraser contre le mur. Un grognement sourd s'en suivi tandis qu'un craquement affreux retentissait. Les jointures n'étaient pas brisées mais la peau avait été arrachée, et il laissa une traînée de sang sur le mur extérieur de cette maison isolée sur laquelle il passait ses nerfs.

Il l'avait prise, comme elle s'offrait à lui, comme elle le suppliait... comme Elle ! Pourquoi ne savait-il pas renoncer à cela, pourquoi sa résolution avait-elle flanché ?! Il l'entendait presque encore, sa voix sussurrante, sa voix mille fois maudite...

« Mon Ange... je mordrais, je broyerais ta volonté sous ma langue... »

Il avait goûté la douceur des instants qui venaient après, et certes, ça changeait mais... un long rugissement retentit, un autre coup sourd fut donné au mur.
Aldo, contraint par la douleur à son poing ensanglanté, se calma peu à peu.

Attirée par un renard, tu parles ! Et elle voulait recommencer en plus ? Lui qui croyait lui avoir donné ce qu'elle voulait... il n'y comprenait décidément rien, et ça ne lui plaisait vraiment pas. Il sentait sourdre quelque chose, il avait senti ses ongles sur sa peau, profondément ancrés dans sa chair au moment paroxystique... Carmina aussi, le faisait.
N'était-ce pas une tentative pour l'amadouer ? Quel intérêt pouvait-il bien avoir, lui qui n'était personne...?

Il eut un ricanement sourd. L'amusement, le plaisir, de passage. Aldo se sentit stupide d'avoir accepté d'y passer la nuit. Son pressentiment s'accentuait, se propageait au reste de ses sens. Voulait-il encore de ces plaisirs sans lendemain ? Son propre dégoût de lui-même hurlait que non, mais son corps, encore vigoureux, réclamait son lot de délices. Mais à quel prix ?

Vite, terminer cette affaire...

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » dim. 11 mars 2012 à 08h30

Un long frisson lui parcourait l'échine. C'était froid... délicieux et brutal. A sentir ses longs cheveux glisser sur sa peau, à sentir ses mains glacées sur lui, le parcourant, appréciant ce corps meurtri par elle, adoré, abhorré, tant de fois corrompu...

« Oh, mon ange... laisse moi encore...
- Viens... »


Sa propre voix, chaude de désir, sa main glissant derrière lui, sur sa nuque à elle, la laissant se glisser, se perdre dans son cou, pour goûter encore le délice abject, l'horrible jouissance, l'affolant vertige d'être exsangue, de se sentir au bord du gouffre. Et la sentir se réchauffer à ce contact, presque à sentir battre son coeur mort, s'ennivrant du doux nectar vital.

La beauté devenait cauchemar, terreur, abjection pure, et le rire de Carmina, odieux, glacé.

« Mon bel Aldo... combien de temps pensais-tu encore me fuir ? Je serai bientôt de retour, ô, mon doux calice de chair... »
Un rugissement, puis le silence. Seuls, ses halètements brisaient le silence de la chambre d'auberge. Le corps en sueur, un frisson glacé lui secouant le dos, Aldo prit son visage entre ses mains. Deux fois qu'il rêvait d'Elle, cette semaine. Son torse se soulevait à un rythme soutenu, à la mesure de son coeur devenu fou. Fébrilement, il tendit la main vers la table de chevet, puis s'alluma une cigarette. Avidement, il inspira la fumée grise, et se détendit un peu, se rallongeant, la cigarette aux lèvres, le regard tourné vers le plafond et les bras croisés sous sa tête.

Aldo était inquiet. Il savait que ça pouvait venir de sa propre anxiété, mais il savait aussi que ça pouvait venir d'elle... elle savait créer des illusions, délicieuses, ou terrorisantes, de sa magie impie... mais après toutes ces années... il soupira. Aucun moyen de vérifier, et il ne voulait surtout pas se pourrir la vie, pas à cause d'elle.

C'était bête, il avait passé une très bonne soirée ! Il ne savait pas résister aux jeux de dé, et même s'il n'avait vraiment pas voulu embrasser ce type - non mais, et puis quoi encore ! - il s'était amusé. Et puis, boire aux lèvres de cette fille, ça n'avait pas été désagréable, malgré les sous-entendus foireux de la sombre.
Il y avait aussi Kyrine, et ça avait fait sourire parfois Aldo, même s'il savait que pour le coup, il avait déconné. Au moins... elle ne lui courrait pas après, c'était déjà ça. Heureusement qu'elle ne s'était pas liguée à la sombre pour l'emmerder... parce que là c'était la fin de tout, et il aurait sûrement prit la fuite.

« Ca te ferait du bien de tirer ton coup ! »

Mais de quoi j'me mêle, sérieusement ?! Pour une fois qu'un type pensait pas qu'avec sa troisième jambe... et ça s'plaignait ? Jamais contentes, ces gonzesses...
Et en plus, quand il le faisait, ce qui était rare, ça ne faisait que l'énerver d'avantage. Mais ça, il risquait pas de lui dire...

Terminant sa cigarette, il ferma de nouveau les yeux, espérant se rendormir... sans cauchemar cette fois.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » lun. 12 mars 2012 à 08h34

Le cauchemar fut encore plus violent cette fois-ci. Le corps couvert d'une sueur glacée, Aldo se réveilla en sursaut, cherchant d'un regard affolé et effrayé quelque chose autour de lui. La chambre était évidemment déserte, mais il sentait son coeur cogner à ses tempes. Malgré le frisson glacé qui lui avait parcouru le dos, le corps de l'homme était chaud, brûlant même. Il passa une main sur son front. Pas de fièvre pourtant... se levant, un peu pantelant, il alla se faire couler un bain d'eau tiède, autant pour refroidir un peu son corps que pour calmer et détendre son esprit tendu.

Il soupira d'aise en se glissant à l'intérieur. Il n'aimait vraiment pas ce qu'il se passait... tout ceci semblait annoncer quelque chose, et il priait pour que ce ne soit pas le retour de Carmina...
La petite expérience avec Kyrine l'avait affaibli, autant qu'elle l'avait presque fait devenir fou. Oh cette sensation, il la connaissait si bien... il la haïssait de toute son âme... il la rejetait comme on rejette naturellement les poisons et la fange...

Cette impression que toute vie vous quitte, peu à peu, que l'énergie de votre souffle se dilue, que votre force physique vous abandonne, évanouie... bien sûr, c'était moins fort qu'une morsure, moins douloureux et moins jouissif. Mais la sensation rappelait cela...
Il avait posé son front contre son dos en lui murmurant de se dépêcher... il s'était senti faible, égaré, submergé par le dégoût, ravivant les vieilles douleurs... et elle avait obéi, ne poursuivant pas plus loin la torture. Elle lui avait proposé de rester là et de se reposer, mais pour Aldo c'était hors de question. Il fallait qu'il sorte, qu'il voie du monde, d'autres gens, qu'il se change les idées... un petit verre d'alcool n'aurait pas été de refus non plus.

Malgré leur épuisement mutuels, ils se rendirent à Heine, où diverses scène intéressantes se déroulèrent. Aldo eut l'impression de devenir fou en prenant conscience de la schyzophrénie de sa deuxième cliente. Ca ne lui plaisait pas... les fous ne sont pas fiables, c'est bien connu. Il faudrait voir si cela se reproduisait...

Immergé jusqu'aux épaules dans l'eau, Aldo tendit le bras pour atteindre son tabac. Il s'alluma une cigarette, les deux bras posés sur les rebords de la baignoire. Il commençait enfin à se détendre...
Il y avait eu cette métisse aussi... comment c'était déjà, son prénom ?

« Leanne ».

Ah oui... il l'avait prononcé à haute voix comme pour mieux s'en souvenir. Etrange demoiselle, froide et sinistre. C'était les deux adjectifs auxquels il avait pensé en premier pour la décrire. Elle était vraiment bizarre, à vouloir lui prêter allégeance comme ça, sur de simples rumeurs... Outre le fait qu'il trouvait contrariant d'être reconnu comme ça par le tout-venant, du moins, par une personne qui n'était pas directement du métier, c'était un peu gênant. Il ne faisait que peu confiance aux humains, les sombres, absolument pas, alors un mélange des deux, ça le laissait perplexe. Une femme, de surcroît !

« Vous ne faites pas confiance aux gens ? »

Il ricana au fond de son bain. Bien sûr que non... la dernière fois qu'il avait accordé sa confiance, sans réserve, on l'avait trahi, laissé pour mort dans la fange d'un chemin, en lui prenant tout ce qu'il avait... sa simple survie tenait du miracle.
La détermination soumise de la demoiselle lui avait fait penser qu'elle méritait sa chance. Soit, elle n'aurait qu'à lui montrer de quoi elle était capable... et il aviserait ensuite.
Il faisait cavalier seul depuis onze années... et n'avait pas vraiment envie de changer. Aldo ne croyait pas en l'allégeance. Il croyait à la loi du plus offrant. Et il n'avait rien de précieux à offrir à cette jolie fille. A part peut-être des emmerdes, ce qu'elle avait l'air de chercher.

« Je veux souffrir, je veux connaître tout ce qu'il y a de plus mauvais. »

En y repensant, il eut envie de la gifler. Il n'y avait qu'une gamine pourrie pour dire une chose pareille ! Lui, ce serait bien passé des mauvais choix qu'il avait fait dans sa vie... il aurait tout donné, à présent, pour revenir vingt ans en arrière et sauver sa vie, son âme, et sa famille... en se noyant dans la fange, il avait tout détruit. Tout ce dont un homme pouvait rêver.

Rageur, il écrasa la cigarette. Il ne voulait pas repenser à ça, parce qu'à chaque fois la colère le gagnait, fille du remord.
En sortant du bain, il aperçut son corps dans le reflet d'un miroir. La peau un peu tannée par le grand air, ses larges pectoraux et son ventre, détendu, offraient des muscles sensibles mais pas saillants. Il songea amèrement au poids des années. Son regard bleu sombre s'attarda sur l'hideuse cicatrice, sous son pectoral droit, qui formait une balafre boursouflée en forme de demi-lune. Mal recousue, à l'arrachée surtout, ça avait donné ça. Et l'autre, la cicatrice circulaire, sur sa clavicule, jumelle de celle de son oeil gauche, car produite par le même objet... tout ça, c'était sa faute, et uniquement la sienne... s'il n'avait pas...

Dans des gestes secs et brutaux, il se rhabilla. Attrapant ses affaires, et malgré l'heure matinale, il quitta l'auberge. Les deux derniers mots de Kyrine lui faisaient penser qu'elle s'était déjà mis au travail... et il savait qu'Alfrek était dangereux. Mais il voulait absolument savoir ce qu'elle ferait...

Prenant la route de Gludin, il s'en fut avec la ferme intention de rallumer son réseau de contacts...

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mer. 14 mars 2012 à 07h19

Marka, le 8 Blancheterre de l'An 52.
Le froid lui mordait les joues. Debout à côté de son cheval, il observait les gardes, au loin, près des portes de la ville de Schuttgart, prendre leur quart et changer de garde. Aldo leva le nez vers le ciel... à priori, il était huit heure du matin.
Après son premier soir à la taverne, il n'avait rien entendu de probant, du moins, rien qu'il ne savait déjà. La Reine locale avait prononcé le mot « guerre », ce qui pour lui n'avait aucune importance, puisqu'un mot n'était pas forcément à l'origine de mouvements massifs de troupes.
Une soirée plutôt calme donc, qui lui avait laissé tout le loisir de ruminer ce qu'il avait appris le jour-même... qu'on s'était encore bien foutu de sa gueule.

Dans un geste sec, accompagné d'un cliquetis métallique, il resserra l'une des sangles de la selle de son cheval. Il enrageait... c'était bien vrai qu'il ne pouvait faire confiance à personne. On lui avait encore prouvé que c'était impossible : mieux, une femme. Une femme avec qui il avait partagé, même si c'était sans importance, un petit instant de délice.

Aldo se maudissait. Il avait vraiment le chic pour tomber sur les pires salopes de la création ! D'abord Carmina, ensuite cette Kyrine... ça l'ennuyait profondément. En plus de se sentir trahi, ça l'emmerdait parce qu'il n'avait plus aucune envie de poursuivre le contrat... mais Malek attendait sa livraison, il fallait bien finir... Ils en avaient fait la moitié, pour l'instant... il lui faudrait encore supporter ces conneries une dizaine de jours, avant d'être définitivement débarrassé de ce joli minois... heureusement que Leanne lui avait rapporté gros.

En plus, ça avait failli lui coûter un boulot ! Au moins, pour une fois, sa réaction brutale ne lui avait pas porté préjudice, au contraire, prouvant aux deux dames qu'il ignorait totalement ce que tramait sa mignonne associée. Décidément, ça avait achevé de le convaincre... la magie noire, c'était vraiment la merde. A éviter, à fuir absolument... il le savait déjà, avec Carmina... sa façon de le manipuler...
Il secoua brutalement la tête.

« Fais chier...! »

Cette histoire le contrariait énormément. Peut-être qu'au fond il l'aimait bien, cette sale gamine. Mais il fallait bien se rendre à l'évidence... elle, comme les autres, n'était pas digne de confiance. Elle s'était bien foutu de sa gueule, à jouer les mignonnes, à se montrer presque tendre avec lui parfois. Un long frisson de dégoût lui parcourut l'échine au souvenir de cette nuit. Et dire qu'elle se penchait sur les Fontaines de sang... elle avait fait un rituel, lui avait-on dit, mais il ne voulait surtout pas connaître les détails. Il ne connaissait que trop la puissance du sang pour en avoir fait l'amère expérience auprès de Carmina, et ne voulait pas écouter ce qu'elle avait pu faire.
La simple participation à cet événement maudit suffisait à l'en dégoûter.

Mais le mensonge, la duplicité... ça l'insupportait. Et plus il ruminait ce qu'il avait appris, plus la colère montait en lui, pareille au souffle glacé qui lui courrait sous les vêtements, rebus du vent froid qui fouettait les abords de Schuttgart. Il se demandait si, à l'heure actuelle, elle avait déjà eu raison d'Alfrek... son contact lui assurait que si la demoiselle nouvelle au sein du cercle était bien celle qu'il pensait, alors elle progressait d'une façon intéressante.

Aldo se souvint de la raison pour laquelle il l'avait laissée aller tuer l'un de ses créanciers, contrairement à son habitude... il la soupçonnait déjà de magie noire, et connaissait fort bien les abjects moyens de tuer de ce genre de personnes... il voulait en avoir le coeur net, mais maintenant c'était inutile. Au moins aurait-il confirmation.

La colère reflua, pour revenir en force quelques secondes plus tard, au souvenir de leur étreinte. Impossible de garder ça, il fallait qu'il crache sa bile.
Une entreprise dangereuse et inconsciente, mais Aldo n'y résista pas.

C'était trop demander à une femme que d'être sincère.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » ven. 16 mars 2012 à 18h57

18 Blancheterre de l'an 52
La porte du box grinça. Un léger piaffement, un écart un peu brusque qui ébranla la parois de bois de la stalle.

« Raah... fais pas ta mijaurée... »

La voix grave qui venait de résonner était bougonne, éraillée. Aldo lança un regard peu amène au cheval, qui cessa de bouger en reconnaissant son maître. Eltros considérait Aldo d'un oeil placide. On y voyait pas bien clair, dans cette écurie peu entretenue des bas quartiers de Giran. Bientôt, des claquements secs de lanières de cuir et de petits cliquetis métalliques se firent entendre, et le cheval fut sellé. Après avoir fixé son licol, Aldo fit basculer les rènes et tira pour emmener Eltros hors du box.
Il régla les dernières pièces d'or au palefrenier une fois dehors, puis grimpa en selle.

Il se dirigeait vers Heine. Les dernières ventes et contrats qu'il avait passé lui avaient rapporté gros, et il pouvait désormais se permettre de payer une chambre dans la luxueuse auberge de Heine.
Sur le chemin, il laissa libre cour à l'envie de sa monture de se défouler, soutenant la cavalcade en bon cavalier. Nullement impressioné par la vitesse, il l'apprécia même, se laissant aller à la rêverie que lui permettait la grande vallée qu'il traversa.

On lui avait donné un travail, fort bien payé. Cette organisation avait l'air riche... un million, pour de si maigres informations ? Aldo n'avait fait qu'écouter les rares cancans, et la rumeur selon laquelle la Sorcière se serait déplacée chez ses pairs... ça avait fait un grand effet, pourtant il avait assuré n'avoir aucune idée de la raison qui avait motivé ce déplacement. Apparemment ça n'avait pas d'importance, il était engagé.

Un lent sourire étira son visage, tandis que le vent de la chevauchée fouettait son visage. Le mercenariat... ça faisait un bail. Une paye fixe, c'était tout ce qui lui importait, et rien ne lui interdisait de continuer son petit négoce pour « arrondir les fins de mois »...

Et puis, il avait encore ce contrat en suspend, avec Leanne... et ce qu'il devait finir avec cette maudite Kyrine.

« Est-ce qu'on se reverra ? »

Il resserra ses mains sur les rènes du cheval, qui subirent heureusement sans douleur ce nouvel accès de colère. Evidemment que non. Déjà que toutes les nanas qui se prétendaient intéressées par lui finissaient par le rouler, ou se servir de lui, pour une raison ou une autre... impossible de leur faire confiance. Et il avait aussi ce pressentiment avec Naelle. Cette insistance à vouloir se rapprocher de lui, c'était louche... paranoïa ou pressentiment ? Impossible de le savoir, mais Aldo avait sa propre idée.

Non, vraiment, on ne pouvait faire confiance à personne. Il secoua la tête. L'important, c'était le travail, et ça l'avait toujours été. Et comme toujours, il s'y adonnerait.

Si en plus, y'avait la moindre chance qu'il trouve un but à sa vie...

Spoiler:
MàJ Clantage Harventh Yalith

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mar. 20 mars 2012 à 09h21

Furieux, Aldo poussa brusquement la porte de sa chambre à l'auberge. D'un geste sec, il la referma, et le claquement retentit dans le couloir. Le trajet du retour lui avait laissé le temps de se mettre en colère. D'abord estomaqué, puis intrigué, il s'était finalement fâché, parce qu'il n'arrivait pas à démêler le vrai du faux.

« Partez.... allez vous en... »

Il ne s'était pas fait prier, aux suppliques de la jeune femme. C'était bien mieux comme ça, et pour une fois qu'on lui donnait l'occasion de fuir et d'enfouir profondément sa tête dans le sable, c'était tant mieux. Il l'avait laissée là à ses pleurs et à son désarroi, mais étaient-ils bien réels ? Aldo ne pouvait pas croire à sa déclaration, car après tout, que savait-elle de lui ?

« Vous n'êtes pas comme les autres. »

Non, il n'était pas comme Nylann, il ne baignait pas dans la luxure... il n'était pas comme Lulubia, à considérer la vie sous le bon angle, à rire de tout, à faire des choses étranges. Mais était-il meilleur pour autant ? Il fuyait un passé trop lourd, il courait après des chimères, rongé par des souvenirs atroces... oui, il était différent, mais peut-être qu'il était pire.

Penché au dessus de la vasque en faïence, Aldo s'aspergea le visage d'eau fraiche. Est-ce que c'était encore une ruse pour l'approcher ? Comment pouvait-elle espérer qu'il lui dise quoi que ce soit, lui qui n'avait jamais prononcé une parole sur lui-même, depuis toutes ces années ?

Il regarda les jointures de son poing, qu'elle avait soigné. Elle avait des compétences là dedans, c'était sûr. Et il croyait à ce qu'elle lui avait dit. L'insigne des paladins n'était pas donné à n'importe qui, et il ne l'avait vu que rarement...
En soupirant, et en tâchant de se calmer un peu, il alla se laisser tomber dans son lit, après avoir ôté sa chemise. D'une main distraite, il caressa doucement l'affreuse cicatrice sous son pectoral droit.

« Sois maudite... » Maugréa t-il, peu avant de s'endormir.

Un rire résonnait plus loin, mais Aldo n'arrivait pas à en distinguer la provenance. Le champ de myosotis s'étendait à perte de vue, et les collines alentour formaient comme des vagues qui l'empêchaient de voir jusqu'à l'horizon.
Un rire chaud, tendre... familier.

« Mon chéri, mon ange, mon bébé... »

Aldo cherchait en tous sens, et enfin, il l'aperçut. Sans résister, il alla se jeter à son cou, la serrant fort contre lui. Il caressait ses longs cheveux bruns, fleurant bon le savon à la lavande, et qui lui rappelaient tant de souvenirs... il murmura, d'une voix étranglée :

« Jaïniri... je t'aime, tu sais. »

Elle leva sur lui des yeux bleus sombres, jumeaux des siens, et l'instant fut comme figé dans l'éternité. Aldo savait qu'il rêvait, mais ça lui était si doux...

« Je le sais... je sais que tu es meilleur que ça... »

Une impression étrange venait de tomber sur les épaules d'Aldo, et une voix grave, tout aussi familière, mais menaçante, résonna dans son dos.

« Tu l'as tuée. Comment oses-tu encore te présenter devant mes yeux ?!! »

Il tourna la tête pour poser son regard sur la barbe noire et le regard sévère qui le toisaient. Les deux hommes se fusillèrent du regard, mais Aldo ne protesta pas à son invective. Il était rassuré d'avoir toujours Jaïniri dans ses bras. Mais lorsqu'il tourna doucement la tête vers elle, un frisson glacé lui parcourut l'échine.
Un autre regard tendre, chargé de désir, malsain, abhorré, le couvait. Le regard ardent de la belle, et ses lèvres carmins qui remuaient...

« Mon bel ange, moi aussi, je t'aime... mais mon amour est séculaire... »

Brutalement, il se dégagea d'elle, la repoussant. Elle eut un petit rire, se rapprochant de nouveau.

« Tu as beau dire, mon Ange... tu as besoin de ça... de moi... d'une femme qui t'aime... non ?
- Tu n'es pas une femme, Carmina... tu es un monstre... »

Elle fronça les sourcils, et Aldo sentit l'onde terrassante de sa magie noire, malsaine, et il eut soudain envie de vomir.

« Je ne suis pas loin, Aldo, mon Ange... et je viendrai t'aimer à nouveau...
- Je n'ai pas besoin de toi. »


Elle rit à nouveau.

« La preuve que si... tu n'arrives même plus à te laisser aller avec une fille... ni à lui faire confiance...
- C'est de TA faute !!! »

Il l'avait vociféré, et un silence brutal tomba sur le champ de myosotis, onirique. Il allait ajouter quelque chose, mais Carmina avait disparu. Seul le souffle du vent lui répondit.
Le sommeil d'Aldo fut très agité cette nuit là, et lorsqu'il s'éveilla, au petit matin, il se sentit profondément malheureux. Pourquoi le poursuivait-elle ainsi ? Pourquoi fallait-il qu'elle ai raison ? Impossible de le reconnaître à voix haute, mais la solitude lui pesait. C'était peut-être aussi pour ça qu'il avait besoin d'eux tous... il était resté trop longtemps tout seul. Dix ans.
Comme il l'avait dit hier à la jeune femme, malgré lui...

« N'avoir confiance en personne, c'est épuisant... »

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » jeu. 22 mars 2012 à 07h17

10 Fondgivre de l'an 52
Aldo se sentait vaguement inquiet. Il y avait quelque chose d'étrange. Déjà, il était contrarié de sa conversation de la veille avec Lulubia.
Elle semblait être indifférente à la monstruosité, et ça, il avait du mal à l'accepter. Comment pouvait-on les traiter comme s'ils étaient de simples être vivants, des gens comme les autres en fait, à la différence près qu'ils se nourrissent du sang des autres ? Une broutille !
Un frisson de dégoût le parcourut. Non, vraiment, c'était insupportable... il se répétait mentalement que le travail, c'était le travail et qu'il ne fallait pas se laisser submerger par le dégoût.

Il sortit de l'auberge dans le petit matin, et s'efforça de penser à autre chose. Ses pensées se fixèrent sur Leanne. Plusieurs longs jours qu'il était sans nouvelles, après avoir constaté les multiples écorchures que les créatures de la grotte n'avaient pas manqué de lui faire. En passant le pont, il grimaça. Il espérait qu'elle n'était pas morte là-bas en présumant de ses forces... elle était bien plus vieille que lui, mais il savait d'expérience que la prudence ne s'acquiert pas forcément avec les années... certes, les cinquantes millions présents dans son coffre le dédommageraient largement de la perte d'une potentielle associée mais tout de même... elle méritait mieux que ça, la pauvre. Elle en avait assez bavé.
Mais... qu'est ce que c'était que ça ? Voilà qu'il avait de la compassion, maintenant ? Et pour une métisse en plus ?

« Aldo... t'es vraiment un abruti. »

Toujours vaguement inquiet, il parvint jusqu'à la sortie nord-ouest de la ville. Eltros était toujours là, dans son coin, attaché à son arbre. Lui aussi, il méritait mieux que ça. Kroman lui avait dit qu'elle envisagerait trois planches pour lui, et c'était suffisant. Le problème, c'était qu'il pleuvait toujours, dans ce coin.
Profitant d'une accalmie, il le dessella et entrepris de l'étriller. De mouvements amples et énergiques, il ôtait la poussière sur sa robe, lui rendant le bel aspect gris pommelé qu'il avait à l'origine.
Aldo trouvait du plaisir et de la détente dans cet exercice silencieux. Tout était facile, rien de compliqué... juste le cheval et lui, et l'étrille.

C'était pas comme hier...
Il avait pris comme une espèce de baffe en se rendant compte de quelque chose. Depuis dix ans, il avait soigneusement enfoui la question des sentiments, dans un coin inconnu de sa conscience, histoire d'être sûr de jamais retomber dessus. Et, devenu pragmatique, il se disait qu'on ne saurait tomber amoureux d'une personne qu'on ne connaît pas vraiment... sauf que c'était faux. La pauvre, c'était qu'il avait aimé passionnément Carmina bien avant de comprendre la moitié de ce qu'elle était.
Lorsqu'il l'avait enfin compris, c'était trop tard, il était déjà prêt à tous les sacrifices, même les plus odieux. Et il les avait fait...

Comment pouvait-il blâmer cette jeune femme ? Elle se débattait avec ça et il ne savait pas vraiment s'y prendre, finalement, depuis le temps. Il avait essayé de la réconforter, elle l'avait traité d'imbécile, et avait eu raison de le faire.

Aldo soupira, poursuivant des mouvements plus lents sur les flancs d'Eltros. Non, il n'était pas encore prêt à accorder sa confiance, même s'il aurait bien voulu. Il se rendait compte amèrement à quel point Carmina l'avait détruit.
Il ignorait pourquoi, mais voir cet insigne sur elle lui avait un peu réchauffé le coeur. Même déchue, elle avait eu, et avait encore l'espoir qu'il n'avait plus. Et c'était sans doute ce qui manquait profondément à son existence.

Une question, depuis longtemps oubliée, revint en force à sa mémoire.
Pourquoi vivre ? Pourquoi avait-il survécu ? Pourquoi ce carreau était-il entré une dizaine de centimètres au dessus du coeur ? Pourquoi avait-il guéri en passant si près de la mort ? Intervention divine, rage de vivre quand même ?

Non, il ne devait pas reporter sur les autres l'incompréhension de sa propre condition. Ils ne devaient pas faire les frais de ses doutes, de ses angoisses enfouies, qui remontaient peu à peu à la surface.

« On ne pourrait pas... être simplement des... amis...? »

Il rangea l'étrille et sella de nouveau Eltros. Puis il grimpa sur son dos.
Des amis... si, bien sûr. Il avait acquiescé avec un petit sourire, ça faisait tellement longtemps qu'on ne lui avait plus dit ça. Malgré ses doutes, et malgré ceux d'Ayen... peut-être en avait-il besoin. Mais finalement, elle avait l'air de lui faire confiance, au vu de la scène d'hier.

Peut-être faisait-il le mauvais choix. Peut-être qu'elle aussi, elle le trahirait, et le laisserait pour mort. Mais, tant pis...

La solitude a son prix, qu'il ne voulait plus payer.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » ven. 23 mars 2012 à 08h49

Le 14 Fondgivre de l'an 52
Le sommeil ne vint ce soir là qu'avec le concours de l'alcool et emporta un Aldo inquiet et furieux contre lui-même.
Fallait-il qu'il tombe de Charybde en Scylla ?

Encore une soirée étrange. D'abord, l'escorte. Comme Enaelle, il connaissait ça par coeur, il l'avait fait tant de fois... surveiller tout du coin de l'oeil, tout en ne donnant l'air que de se promener. C'était devenu un réflexe, reflet de sa propre méfiance.
Il avait discuté un peu avec la jeune femme en attendant Ayen. Des banalités, le boulot... des excuses pour les mensonges. Il passait l'éponge, il avait été bien suffisamment payé de sincérités, du moins le pensait-il, ces derniers temps.
Ayen était redescendue, et en les apercevant discuter, elle s'était mise à bouder, pour une raison qui semblait encore obscure à Aldo... de toute façon, il s'y était fait, il ne comprenait rien aux femmes... comment comprendre ce qu'elles ont derrière la tête ?
La fin de la soirée lui avait bien prouvé leur côté versatile...

Ils étaient sortis de l'auberge, et là, Aldo avait fait le plancton en attendant que les demoiselles finissent leurs messes basses... « des trucs de fille », lui avait-on répondu en riant, et ça l'agaçait.

« Rien qui te concerne. »

D'accord, il l'admettait. Pour le moment. Mais bon... selon lui, ça restait encore plutôt louche. En tout cas, Ayen et Enaelle avaient l'air de bien s'entendre. C'était tant mieux... on a besoin d'amis de confiance, dans cette vie... l'ennui c'est que c'est particulièrement dur à trouver.
Ils marchèrent ensuite vers la passeuse, où Ayen les abandonna brusquement. Mais que lui arrivait-il ?

« C'est un truc entre nous... »

Aldo ne comprenait pas. Ayen avait toujours été particulièrement souriante avec lui, du moins joviale, et il ne comprenait pas vraiment ce revirement soudain... est-ce qu'il avait dit quelque chose qui l'avait contrariée ? C'était fort possible. Aldo se savait maladroit et un peu butor, sur les bords, en ce qui concernait son rapport avec les femmes... chose normale lorsqu'on les évite comme la peste pendant dix ans...

Ca aussi, ça changeait. Par la force des choses, étant donné qu'il n'y avait presque que ça, au comptoir de la Rose. Il était même invité à une noce... entre femmes. Il ne comprenait pas bien, lui qui, malgré toutes les saloperies qu'une femme avait pu lui faire, n'avait jamais eu envie de virer de bord.
La soirée s'était poursuivie par un truc surprenant, qu'il n'avait jamais fait. Un pique-nique plutôt arrosé sur une falaise, et en y repensant le lendemain, il songea que ça avait été dangereux... surtout vu l'état dans lequel était repartie la jeune femme.
Il s'était décidé à la ramener à bon port, culpabilisant de la laisser ainsi. Peut-être finalement qu'il aurait mieux fait de s'abstenir...

« Tu sais... j'étais sérieuse quand je disais que je voulais qu'on soit des amis. »

Ca, il le savait... et ça lui allait bien. Avec les femmes, ces dernières années, il ne s'était jamais autorisé que des rapports purement physiques, parce qu'après tout, il demeurait un homme, dans la force de l'âge. Il savait qu'elle ne pouvait pas, son serment l'en empêchait, et... il respectait trop cela. Quand bien même l'envie l'en prendrait... ou une autre nuit trop arrosée... non. Le malheur lui avait laissé peu de principes, mais il lui en restait encore... et tenaces.
La fin de soirée, et cette petite chose fugace. Des bêtises de fille bourrée. Il connaissait ça par coeur.
Il espérait simplement que ça ne dégénèrerait pas...

Sur cette dernière pensée, il s'était endormi, épuisé. Il y aurait tant à faire le lendemain... à commencer par la revoir, Elle, une dernière fois.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » sam. 24 mars 2012 à 12h23

Assis sur le dos d'Eltros, Aldo regardait les côtes d'Heine. La pluie trempait son vieux manteau de cuir, élimé. La capuche rabattue sur le visage, on ne distinguait de lui que la fumée grisâtre de sa cigarette qui dépassait devant.
Il était encore très tôt, et l'aube se levait à peine sur les toits de la ville balnéaire. La brume recouvrait tout et on ne distinguait rien à plus de cinquante pas. Aldo s'était réveillé très tôt ce matin-là, incapable de dormir d'avantage.
Désoeuvré, et voulant plutôt se changer les idées, il était allé prendre un quart. Il savait que ce n'était pas son travail, de patrouiller, mais c'était une activité qui lui plaisait plutôt. Généralement tranquille, demandant une certaine attention, ça lui changeait les idées.
A cheval, il avait fait le tour des abords de la ville, ne s'approchant pas de la Fontaine réveillée, de toute façon sous bonne garde.

Il se sentait contrarié. C'était bien trop fréquent ces temps-ci, mais que diable lui arrivait-il ?
Ce qu'il avait appris sur Louvia le perturbait, et il la maudissait de lui avoir donné la confirmation de ce qu'il craignait. Fallait-il qu'il s'acoquine avec de telles personnes ? Enaelle avait raison...

« Pour mener la barque, il faut tenir le gouvernail. »

Ouais... il resterait là, attendant de voir. De toute façon, il fallait qu'il l'attrape, quitte à en crever, s'il en savait trop. Il la savait encline à tuer facilement les gens un peu trop gênant, et c'était d'ailleurs le principal objet de leur « dispute » de la veille.
Non, la vie n'est pas à prendre à la légère. Qui était-elle pour décider de cela ? Un démon... oui, c'était ça. Sans scrupule et sans remord.

Avec une grimace de dégoût, il cracha sur le sol, pour s'ôter le goût amer qu'il avait dans la bouche à cette pensée.
Il fallait qu'il l'attrape, pour savoir pourquoi. Si elle était un démon, pourquoi s'opposer au retour de celle qui l'avait créée ? Ca n'avait aucun sens pour Aldo. Et il ne voulait pas croire que le motif soit l'amour, pas pour une éphémère comme Edora.

Edora... le respect d'Aldo pour elle s'était accru. Elle au moins, elle réfléchissait, comme une adulte. Il lui semblait que Louvia se comportait d'avantage par caprice que par raison, mais... c'était peut-être le lot des êtres séculaires. Ils ont sans doute tendance à ne penser qu'à leur propre intérêt... et Aldo l'avait bien vu avec Carmina. Il haussa doucement les épaules. Ca n'était pas dénué de sens, mais ça n'était pas pardonnable non plus.
Bref... ça avait fait des étincelles, et son poing en avait encore fait les frais. Ce matin encore, d'ailleurs, ça le lançait.

« On est une grande famille. »

Aldo ricana.

« Mon cul, tiens... »

Ca ne signifiait absolument rien, pour le moment. Ou peut-être est-ce que cela venait de son refus obstiné de s'ouvrir, de parler de lui et de se confier. Il y avait des choses auxquelles il n'avait aucune envie d'être mêlé mais... comment les empêcher sans être sur place ?
Comment se sentir le frère d'un démon ? Aldo avait constamment le sentiment de marcher au bord de la falaise.
Cependant, pour le moment, il convenait d'attendre et de voir. Il ne se laissera pas monter le bourrichon par Elle, dont il se méfiait comme la peste malgré ses airs tristes... il poussa un léger grognement.

« Qu'est ce que je représente à tes yeux ? »

Ca l'énervait.

« Le vice est un poison dont on ne guérit pas, ou trop tard.
- Tu veux me sauver ? »


Aldo coupa court au souvenir de cette conversation. Sinistre, il se surprit à penser que pour Elle c'était trop tard, comme pour lui. Ils n'étaient plus à sauver. Mais Aldo, insensiblement, choisissait un autre chemin.
Il songea soudain à Enaelle et à leur conversation.

« C'est trop tard pour moi. Mais pas pour toi, tu es jeune.
- Tu n'es pas si vieux. »


Il avait secoué la tête. Non, quelque chose s'était profondément cassé en lui, brisé par les mains de Carmina. Elle avait annihilé toute bonté, tout but à son existence décousue par elle, méthodiquement, pendant onze ans.
Pourtant, à présent, il ressentait ce besoin irrépressible, dévorateur. Faire quelque chose de sa vie. A leur contact, il ressentait l'envie d'aider, de lutter, par pour lui mais pour les autres, pour des gens comme elle, qui ont beaucoup souffert mais qui ne sont pas encore perdus...
Il se trouvait semblable à elle, à une échelle différente. Tout perdre, se détruire soi-même avec soin, puis se réveiller, brutalement, et essayer. Mais l'espoir brûlait en elle d'avantage qu'en lui.

Eltros s'arrêta pour brouter, à côté d'un buisson, et Aldo se surprit à rougir.

« Alors... tu n'as toujours pas compris ? »

Si, mais un peu tard. Il baissa la tête, son coeur se serrant d'une manière étrange. Etait-il né pour briser ? Pourquoi ce genre de sentiments naissaient-ils autour de lui ? Il n'avait pas maîtrisé l'envie de l'instant, ce besoin soudain et brutal de proximité. Mais ça ne mènerait sûrement nul part. L'amitié est plus fiable que l'amour, et de toute façon, il n'en était pas encore question. Il ne voulait pas briser son serment, qui lui paraissait trop beau et trop pur, et qui lui rappelait tellement certaines choses enfouies.
Et Ayen... il ne comprenait pas. Comment était-ce arrivé ? Sa propre position devenait difficile. Comment se comporter ? C'était la première fois qu'un truc pareil lui arrivait, et ça lui paraissait tellement absurde... ça ne pouvait pas être vrai. Pas envers lui.

« Tu es aussi monstrueux qu'Elle. Puisses-tu mourir comme un chien dans la fange !! »

La voix brutale, masculine, cinglante comme une gifle, fatale comme un couperet, vieille de vingt ans, lui revint en mémoire comme si elle venait d'être prononcée.
Et son coeur se déchira une nouvelle fois à la pensée de ses fautes. Non, il ne méritait pas ce genre de sentiments si doux.

Le tourbillon des souvenirs et de la culpabilité l'envahit.

« Et toi, tu as bien connu ta mère ? »

« Tu l'as tuée. »

Aldo crispa sa main gauche sur son visage.

« ASSEZ !! »

Il était seul sur la lande d'Heine, personne n'entendit son rugissement.

En fait, il était comme eux. Peut-être même pire que Louvia, tout démon qu'elle fût.
Sombrement, il éperonna son cheval pour repartir et poursuivre sa patrouille. Il garderait le silence sur tout ça, il y avait plus important. Et peut-être qu'Ayen ne lui en parlerait jamais, finalement...

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » lun. 26 mars 2012 à 11h06

C'est fou comme les folies d'une soirée vous reviennent d'une façon très attendue et très douloureuse... pas même encore éveillé, le mal de crâne, lourd et inexorable, pesait sur Aldo comme une pierre pèse sur la terre.
Il remuait légèrement, pas trop, comme s'il savait inconsciemment que la place manquait pour remuer véritablement. Et puis d'un coup... un léger bruit de serrure...

« SURPRIIIIIIISE !!!! »

Débarquant dans la pièce, deux gais lurrons, non identifiés et non identifiable déboulèrent, surprenant Aldo dans une posture des plus bizarres, et surtout, bien mal réveillé et fort peu disposés à la plaisanterie en ce lendemain de cuite monumentale...
Dans un grognement sourd, apercevant vaguement le visage goguenard de Nylann, qui s'était assis sans façon sur une chaise près du lit, il n'attendit pas que Sham' dépose ce truc dessus... sûrement qu'ils avaient cru bon d'amener le petit déjeuner... pour se faire pardonner la sale blague de les avoir enfermés tous les trois dans la chambre d'Aldo ? C'était malin !!
Après un premier test fructueux, Aldo s'aperçut qu'il tenait sur ses jambes. Il se dirigea alors d'un bon pas vers la salle d'eau, entendant vaguement la rumeur de la confrontation habituelle entre Sham' et Naelle... Nylann et Ayen, eux, regardaient de son côté, se demandant sans doute ce qu'il fichait...

Splasch !!

Aldo se vida presque le broc entier sur le visage, ayant grand besoin de raffraichissement en ce matin difficile. Il prit lentement conscience de ce qui se passait. Tout ce beau petit monde était joyeusement en train de se payer sa tête. La rumeur joyeuse des conversations d'à côté lui paraissait absurde, et les douces râleries d'Ayen qui admonestait Nylann de leur avoir joué ce tour. Aldo crispa la main sur son front... ce bruit... ça lui vrillait les tempes.

Il essayait de se rappeler des évènements de la veille au soir, et ça lui paraissait assez flou. Pourquoi est-ce qu'ils étaient tous là ? Et comment était-il possible que Nylann et Sham' aient déboulés comme ça ? Où était-il allé boire, comment avait-il pu finir dans cet état, et surtout, comment était-il rentré à Heine ? Tout était étrangement flou, et Aldo explorait sa mémoire à la recherche de tout ça...

Bizarrement, il se souvenait assez nettement de la fin de soirée, hélas. Sans doute que ce qu'on lui avait dit l'avait tellement traumatisé que son esprit l'avait marqué profondément. Ouais... ou alors c'était une hallucination. Mais dans le doute, il n'avait pas vraiment envie de poser la question...
Il avait laissé la porte de la salle d'eau seulement entrebaillée, et les voix d'Ayen et de Naelle, vaguement inquiètes, lui parvinrent simultanément.

« Aldo.... est-ce que ça va ? »

Aldo se mit à rougir, d'une manière complètement incontrôlée et incontrôlable, en se souvenant de la fin de la soirée... on nageait en pleine absurdité.
Il avait l'impression d'être assis à une table de poker, comme autrefois, devant l'un de ces barons du jeu qui autrefois l'effrayaient, et qui maintenant ne lui faisaient plus peur...
C'était comme s'il devait miser le double, ou bien se coucher. Oui c'était ça, quitte ou double... s'il se couchait, il passait pour un lâche, mais s'il misait le double, c'était prendre le risque de n'avoir pas assez de liquidités pour le croupier, ou pire, le baron, et ça pouvait finir en règlement de compte...

Dans la pièce adjacente, on réitéra la question.

« Raaahh... ouais, ça va ! »

Il avait répondu ça d'une voix rauque, même si ça n'allait pas vraiment, pour qu'on lui fiche la paix.
Il entendit vaguement des pas se rapprocher de la porte, et reconnu le pas conquérant de Sham'. Ah non.... surtouuut pas !
Prenant de l'avance, et ne prenant pas même le temps de renfiler son plastron, il attrapa simplement ses bottes sous le valet et s'enfuit littéralement par la porte, qui n'était plus fermée à clé.

Sans doute que la volonté d'enfouir profondément sa tête dans le sable lui avait fait pousser des ailes, car il prit bel et bien la fuite, sans qu'on puisse le rattraper.
Parvenu à bonne distance et certain qu'on ne le suivait plus, il enfila ses bottes. En chemise dans la rue, débraillé et l'air un peu piteux, il préféra gagner la sortie de la ville.

Il les laisserait s'amuser sans lui, il avait besoin de réfléchir... d'ailleurs, non loin de là, fatigué, il se laissa tomber sous un cocotier.
Comment est-ce que tout ça avait commencé ?
D'abord... il y avait eu les révélations au sujet de Lulubia, et ça l'avait mis dans une rage folle. Bon, là, il était trop fatigué pour s'énerver de nouveau, aussi resta t-il assis, ruminant ses pensées à ce sujet.
Il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'elle était différente de Carmina... ô combien différente... mais... n'était-ce pas une tactique pour qu'il baisse sa garde, devenant ensuite une proie facile ? Il n'avait aucun moyen d'en être sûr... et puis, il ne lui pardonnait pas de l'avoir fait s'afficher devant leur supérieur. Ca ne se faisait pas... mais il allait sûrement encore devoir prendre sur lui, comme à la réunion de la veille...

Il s'efforça de penser à autre chose. Le visage de Leanne lui revint en mémoire, sans qu'il sache pourquoi, l'alcool ayant complètement effacé sa brêve intervention de la veille, oubliant par la même occasion son insulte à propos de sa mère, qui l'avait mis dans un sacré état de rage. Il s'en voulait à lui-même d'avoir été à l'origine de toutes ses blessures, et heureusement, il avait une idée pour un boulot moins dangereux... il soupira. Pour ça il faudrait qu'il parle à Lulubia... c'était inextricable.

Le mal de crâne lui vrillait les tempes... le forçant à revenir sur les derniers évènements. Ca avait continué par une conversation à bâton rompus avec Naelle... et puis ça avait fini par un baiser.
Aldo fit les yeux ronds sous son cocotier. Hein ? Il avait vraiment fait ça ? Lui ? Tout seul ?

Ouais... et il en avait eu sacrément envie, en plus. L'une des raisons, avec la nouvelle pour Lulubia, qui l'avait convaincu de se mettre minable à la taverne. Qu'est ce qui lui arrivait ? Il n'avait pas retenu la leçon avec Carmina ?

« Et alors, qu'est ce qui t'as déplu dans ce baiser ?
- Rien... rien du tout... c'est ça le pire... »


Pour une fois que quelque chose ne clochait pas, il fallait qu'il complique tout. Evidemment, il était loin de se douter qu'elles lui feraient un coup pareil, corsant encore un peu la chose. Doux euphémisme.

Il secoua violemment la tête, ayant l'impression de sentir bouger son cerveau à l'intérieur, ce qui eut pour effet de le rendre atone quelques secondes.
Il prenait assez brutalement conscience qu'il en avait eu besoin. Besoin d'une chaleur féminine, de tendresse sans doute, lui qui était tout seul depuis dix ans. Rien de plus naturel en somme.

Non, Aldo n'était pas amoureux, il ne fallait quand même pas trop lui en demander. Mais il prenait conscience de ce besoin viscéral qu'il avait de ne plus être tout seul, de pouvoir faire confiance à nouveau... et il songeait, embrumé, sans pouvoir rien y faire, que ça risquait de lui tomber dessus. C'était possible, et l'inclination qu'il sentait, exprimée l'après-midi même de la veille... il avait de plus en plus de mal à y résister. En bref, il se voilait la face joyeusement sur ses propres besoins.
Il se sentait idiot. Est-ce qu'il cédait bassement à ses instincts, ou était-ce simplement qu'il était trop malheureux depuis dix ans, se le cachant soigneusement à lui-même ?

Cette histoire pouvait très mal finir. D'autant que mine de rien, Naelle avait pris la fuite ! Bon... s'il avait été un peu plus lucide, il aurait compris que c'était pour l'amitié d'Ayen qu'elle l'avait jeté. Et quelque part, il s'était senti à la fois déçu et soulagé. Mais... cette proposition finale était tout simplement complètement dingue... elles allaient forcément se rendre compte que c'était impossible.

Et si jamais... ce n'était pas le cas ? Il avait pris le parti, comme d'habitude, d'attendre et de voir... s'il s'attachait d'avantage... il soupira lourdement.

Aldo n'aimait pas dévoiler ce genre de faiblesses, et pour l'éviter, il n'avait côtoyé personne d'assez près pour ça, pendant un certain nombre d'années. C'était en train de changer. Est-ce qu'il était prêt à ce qu'une femme s'occupe de lui ? Pour ça, il faudrait déjà commencer à croire à l'amour qu'on lui portait...

Est-ce qu'il serait capable de vivre aux cotés de ces créatures ? Avait-il vraiment le choix, de toute façon ! Distraitement, il extirpa de sa poche de poitrine une petite clé d'argent massif, sertie d'une pierre rouge...
Non, il n'avait pas vraiment le choix s'il voulait agir... il savait qu'elles s'inquiéteraient, mais il avait le sentiment qu'il devait le faire. Et prier pour qu'une nouvelle catastrophe ne vienne pas s'ajouter à toutes celles-ci...

Sur l'image absurde de la fin de soirée, il s'endormit de nouveau, sous son cocotier, non loin de la sortie de la ville.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mar. 3 avril 2012 à 09h24

Un rire cristallin accompagnait ses songes. Un rire honni, et qui murmurait, un rire chuintant et grinçant comme une porte mal huilée.

« Je te connais Aldo, mon cher Ange... tu n'as même pas besoin de parler... »

Il se débattait dans le cauchemar, sentait ses lèvres froides contre la peau de son cou, planter profondément ses crocs dans sa chair chaude, vivante, palpitante et vibrante...

Il se réveilla en sursaut, le corps brillant de sueur. Fébrilement, il tendit la main vers la table de chevet et y rencontra un broc d'eau, qu'il porta à ses lèvres. Il but avidemment.
Trois cauchemars dans la même nuit, tous concernant Carmina. Aldo maudissait son propre pressentiment. Et si jamais c'était vraiment elle qui provoquait tout ça ?

Si seulement ça aussi, ça pouvait être un putain de cauchemar... mais la réalité de la soirée lui revenait en pleine face. Il avait maladroitement essayé de s'expliquer, peine perdue.... elle était aussi têtue que lui, voire d'avantage, et il s'en était prit plein la gueule... Il avait été très maladroit, mais pouvait-on le blâmer, quand il s'échinait depuis dix longues années à éviter de ressentir quoi que ce soit pour une femme ?
Sur le coup, il avait sans doute pensé ce qu'il avait dit à Lulubia à la taverne. Mais... les Dieux en étaient témoins, il avait prit une sacré baffe en entrant dans cette chambre, et en la voyant ainsi, les joues trempées de larmes... le souvenir de leurs baisers lui était revenu en pleine figure, et ça, ce n'était pas feint.

Ce qu'il avait dit ensuite les avait profondément choquées, et Aldo y repensait douloureusement. Alors c'était ça, d'être sincère ? De cracher ce qu'on avait au fond du coeur ? Il était presque prêt à y renoncer, tant le fait de n'avoir pas été compris le blessait. Il savait que continuer sur ce chemin là lui arracherait le coeur, plutôt, ce qui lui en restait après Carmina.
Mais Aldo prit soudain conscience que c'était impossible. Il ne pouvait pas lâcher prise, pas comme ça... en définitive, il y tenait déjà trop. Vraiment. Et la colère qui l'avait envahi à la voir s'obstiner à croire des choses fausses en était la preuve. Il lui était tout simplement insupportable qu'elle puisse penser qu'il s'était servi d'elle. C'était comme un corps étranger sous la peau. Insupportable.
Il voulait réparer ça, si on le laissait faire.

« Je ne te crois plus. »

Les muscles de sa mâchoire se serrèrent.

« Moi, je pourrais me passer de toi. »

Deux phrases qui l'avaient brûlées au fer rouge. Et il ne pouvait même pas les blâmer... il encaissait de bon coeur parce que c'était sa faute, la faute de sa maladresse et du brouillard qu'il avait à l'intérieur. L'éclaircissement avait été brutal, et il payait très cher le prix qu'il fallait pour prendre conscience des choses.

Impossible de se rendormir, malgré l'heure tardive. Ca l'obsédait. Alors il se leva, se rhabilla et sortit dans la nuit noire.
Eltros l'accueillit joyeusement, pour une chevauchée nocturne. Le coeur tout plein de leurs pensées, Aldo se laissa porter par le rythme d'un galop frénétique.

Il aurait voulu que tout ceci ne soit qu'un cauchemar de plus.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mer. 4 avril 2012 à 14h07

Il frappa trois coups, puis un coup bref, et enfin, deux coups très espacés. Il attendit quelques secondes, et le loquet s'ouvrit. L'obscurité régnait, et une voix masculine demanda :

« Mot de passe.
- Altérité. »


Un grincement, et la porte s'ouvrit. Aldo entra, gardant son capuchon, ce qui ne choqua pas l'homme qui le fit descendre un escalier en bois. Parvenus en bas, il aperçut quelques hommes qui fumaient en comptant de l'or, d'autres, assis sur des bancs, pansaient leurs blessures. L'homme s'arrêta devant Aldo. Il portait une affreuse balafre qui boursouflait sa lèvre supérieure.

« Tu mises combien ?
- Je mise pas. Je viens frapper. »


L'homme hocha de la tête et Aldo se déshabilla, ne gardant que son pantalon de cuir. Si quelqu'un voyait du sang sur sa chemise... Il se présenta au milieu des combattants. Il avait prit soin de dissimuler son visage aux regards, en serrant des bandes autour de ses tempes et du bas de son visage. On ne voyait que son regard bleu sombre, fixe.
Il sentait les regards des parieurs sur ses muscles. Il sentait qu'on détaillait chacune de ses cicatrices. Il vit qu'on murmurait. Un homme hocha dans sa direction.
Une cloche sonna, et un homme lui fit signe. Il se présenta devant son adversaire.

Après quelques secondes, il n'entendait plus que les hurlements sauvages des hommes qui observaient le spectacle. Des bêtes, des fauves, les aspects les plus bas mais aussi les plus martiaux du genre humain. Il rouait de coups son adversaire, déversant sur lui toute sa rage, toute son énergie refoulée, tout la détresse qu'il n'avait pas le luxe d'exprimer, sauf peut-être devant elles, qui ne voulaient pas l'écouter. Il s'en voulait à mort d'avoir osé dire ce qu'il avait sur le coeur... pour quel résultat ??
Deux doigts, joints, ensanglantés, se levèrent vers lui, tandis qu'accroupit sur son adversaire, les poings couverts du sang de son visage, il le rouait de coups. Il s'arrêta, se redressant, grisé, ennivré par le combat. Les rugissements de joie des parieurs retentirent, tandis que les pièces tintaient.

Aldo attendait encore son tour, plongé dans de sombres réflexions. Sa lèvre le lançait encore des combats du jour précédent... Ce qu'il faisait n'était pas raisonnable, ce qu'il faisait n'était pas recommandé... mais tant pis. Il en avait besoin, comme un alcoolique a besoin de sa bouteille.
Le second combat vint, puis le troisième... et le cinquième. L'homme était très grand et très fort, et les deux adversaires s'observèrent un petit moment.

« Ne frappes pas à la tête. »

L'homme hocha lentement, sûr de lui. Le combat s'engagea, brutal. Les pensées d'Aldo pourtant se tournaient dans une direction et une seule. La dureté de son regard, ses larmes qui pourtant lui montrait qu'elle le ressentait encore, bien que toute son attitude fasse montre d'une haine et d'une rancoeur farouche.

« Tu as surtout compris que tu la perdrais Elle. »

Aldo frappait avec toute la violence de ses poings, évacuant cette frustration insidieuse qui lui rongeait le ventre. Il ne comprenait pas ce qu'il devait faire, il se sentait acculé. Comment lui faire comprendre que ce qu'il ressentait, certes confus, était bien réel ?

Soudain...

Un violent coup au ventre lui coupa le souffle. Un autre, enchaîné, tandis que son adversaire l'aggripait par les épaules, l'atteignit malheureusement au pectoral droit. La douleur monta d'un coup dans son crâne, puissante, cuisante, écrasante. Elle le submergea brutalement. Il s'effrondra lourdement.

« Je serais toujours là pour toi... quoi qu'il arrive, Aldo. »

Son chaud sourire, les deux perles océan. Il souriait aussi, et sentait le feu sur ses joues. Et pourtant il ne songeait pas à quel point tout ceci était précieux. Il voyait aussi les deux émeraudes, brillantes, rieuses, pleines de vie.

« Aldo ! »

Toutes les deux, elles riaient, leurs mains jointes et leurs sourires lumineux vers lui.

« Tu ne vas pas mourir, dis... »

Il les regarda d'un air surpris.

« Mais non, voyons, pourquoi voulez vous que je meurres...? »

Leurs yeux se remplissaient de larmes, malgré la présence d'Aldo, malgré ses paroles apaisantes. L'impuissance atroce.

« Tu ne vas pas mourir, dis ?!! »

Un violent flash dans son crâne... ça faisait si mal, la douleur sourde, le sang dans sa bouche...

« Tu vas pas crever là, bordel ?!!! »

Une voix masculine et brutale. Le sol de pierre froide et l'eau glacée qu'on lui jetait au visage. Il ouvrit les yeux brusquement. Des hommes l'entouraient, et l'un d'eux fut soulagé.

« Foutredieux... tu m'as fait peur, mon gars ! Tu peux t'lever ? »

Aldo hocha lentement, encore sonné. Des bras le saisirent pour le mettre debout. Il voulut articuler, cracha une gerbe de sang.

« Merci... »

C'était désastreux. Plusieurs coupures mineures et des traces de coups partout. Heureusement, son visage était intact, comme il l'avait demandé à chacun de ses adversaires... mise à part sa lèvre fendue par les combats de l'autre jour et l'hématome qui s'effaçait déjà.
Il but un peu, resta allongé quelques minutes, et puis il se nettoya, décrassant les traces de sang sur son torse et ses bras, sur ses poings... il ne remit sa chemise qu'après être certain qu'il ne la tâcherait pas...

Il n'avait pas envie de rentrer à Heine tout de suite. Il fallait qu'il se lave correctement, et dissimule la douleur par une action quelconque. Celle-ci lui rappelait chacune de ses erreurs, et ce qu'il ne ferait plus.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mar. 10 avril 2012 à 13h02

Aldo fumait tranquillement une cigarette à sa fenêtre. La brume recouvrait Heine, comme d'habitude, et il réfléchissait aux derniers évènements dont il avait eu connaissance.
Le départ d'Edora l'avait fait réfléchir.
Pour lui, la conscience collective était un truc nouveau. N'ayant pensé qu'à lui et à lui seul depuis des années, il s'apercevait, surtout, il acceptait de voir que des choses cruciales étaient en train de se passer. Les temps n'étaient plus à la demi-mesure.

Il tira sur sa cigarette. Peut-être fallait-il changer d'endroit. Il eut un petit sourire, en repensant à ses deux Belles. Il avait fait un choix bizarre, très bizarre, que beaucoup condamneraient, et surtout, qu'il n'aurait jamais fait il y avait quelques années...
Mais il avait pris conscience que ces deux là étaient inséparables. Et finalement, c'était très bien comme ça. Elles se complétaient à merveille, pensaient les mêmes choses au même moment, avaient toutes les deux leurs beautés singulières, leurs timidités communes.
Les barrières de son coeur réticent cédaient une par unes, sous les assauts conjoints des deux jeunes femmes. Mis à nu il se sentait vulnérable, mais... à quoi bon lutter ? Il savait confusément, malgré sa difficulté à le reconnaître, qu'il n'avait plus envie de lutter. La solitude lui pesait trop.

Ena lui ressemblait tellement, dans son désir de lutte, dans sa révolte contre les desseins abjects des Dieux... dans sa combativité, dans son passé houleux et honteux.
Ayen, elle, lui apportait une joie qu'il ne connaissait plus depuis trop longtemps, et son rire le plongeait dans des trésors de calme et de sérénité.

Et leurs hésitations à toutes deux, qu'il trouvait adorable en même temps qu'il les déplorait, parce que, tout peu habitué aux dames qu'il était, il ne savait guère comment s'y prendre.
Et leur inquiétude... ses marques ne le faisaient presque plus souffrir. Oui, il portait encore la marque de la cruauté de Carmina, mais il avait à coeur de passer à autre chose.

Son coeur se gonflait d'espoir à l'idée qu'il n'était plus tout seul. Il avait gagné un formidable compagnon d'arme, et une femme à protéger, les deux à chérir. Sur le moment il eut l'impression qu'il avait la vie devant lui, sa combativité remontant en flèche. L'une l'espoir, l'autre la rage de combattre... il souriait.

C'était comme si tout était possible, et même si les temps étaient difficiles... même si les combats à venir promettaient d'être terribles... ils seraient trois à les affronter. Et il n'avait pas l'intention de se débiner. Il savait qu'Elles non plus.
Et Carmina pouvait bien venir, la soumission était terminée.

Plein de détermination, Aldo acheva sa cigarette. Puis il quitta l'auberge. Il refusait de voir l'ombre au tableau de son âme. La souffrance terrible qui l'attendait au début de l'été, marquée par son propre anniversaire.

Vingt ans.... vingt ans pile depuis le crime qui le rongea toute sa vie.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » dim. 22 avril 2012 à 14h47

Aldo se laissa brutalement tomber sur l'herbe, au pied de l'arbre. D'un geste rageur, il se débarrassa de son gantelet, puis du gant de cuir déchiré, ses jointures abimées se mettant à saigner sur le sol. Il attrapa sa flasque et renversa quelques lampées de whisky sur la blessure, serrant les dents. Un léger grognement de douleur s'échappa de ses lèvres.

Avec brutalité, il envoya valser la flasque, qui alla s'écraser dans le sable de la plage un peu plus loin. Ne tenant pas en place, Aldo se releva et se mit à marcher en tous sens.

« Merde, merde, MERDE !!! »

Il hurlait sa rage et sa rancoeur à la face d'un ciel qui ne lui répondait pas. Ces derniers temps, c'était pire que tout. Oh certes, il y avait eu ces moments d'incommensurables bonheurs... avec Elles, dans leurs bras, dans leurs yeux aimants, mais...

La vision des flammes, dévorantes, comme la rage qui lui brûlait le coeur, s'imposa de nouveau à lui. Et c'était comme si ses flammes lui riaient au nez, riaient de le voir si désemparé, si coupable.

« Tout est de ta faute, Estebaldo. »

Aldo eut un hurlement de rage.

« Ta gueule !! Par tous les Dieux, ta gueule !!! »

S'en était trop... ce genre de souvenirs l'achevèrent. Il se laissa tomber sur le sable, les épaules secouées.

« Jaïniri, pourquoi t'es plus là ?!!! »

Il avait lancé ce cri de désespoir à l'océan, qui, calme, lui renvoyait doucement son ressac.
Gagné par tout le poids de son impuissance, Aldo sentait ses épaules s'écraser, inexorablement. Il n'avait pas pu rester avec elles, ce soir là. C'était trop douloureux. Pas après avoir vu la peur dans le regard de cette enfant, pas lorsqu'il était si en colère contre lui-même.
En tombant, un cristal s'était échappé de l'une de ses poches, et gisait sur le sable près de sa main. Aldo y posa son regard embué.

« Continue à te battre pour tes rêves, pour ta vie, ton bonheur. Et quelle qu'a pu être la blessure qui assombri ton coeur, je sais que tu pourras en ressortir davantage grandi et enrichi. »

Sa voix, lointaine, lui parvenait. Même elle, il n'avait pas pu la sauver, il n'avait rien pu faire. Rien.
Il en était incapable.
Il avait laissé mourir Jaïniri, et malgré tout ce qu'Elles pourraient dire, rien ne lui ôterait sa culpabilité. Ses rêves... oh, il en avait eu... et même, lorsqu'il était avec Elles, il s'offrait le luxe de penser qu'il pouvait encore rêver. Encore espérer faire ce qu'il avait toujours voulu faire.

Et là, comme une violente gifle, la réalité reprenait ses droits. Maîtresse de tout, elle lui rappelait qu'il n'était rien, et piétinait tout ce qu'il avait espéré jusqu'alors. C'était de sa faute, et il ne pouvait même pas aller chercher le responsable pour l'expier. Parce que leur bonheur à Elles importait plus que le sien.
Il n'était même pas capable de protéger qui que ce soit...

« Je suis plus apte que vous à recevoir les coups. »

Cette simple phrase, prononcée avec assurance, avait blessé autant Aldo que son orgueil. A quoi servait-il ? Il ne pouvait même pas espérer protéger celles qu'il aimait. De la fierté mal placée, sans doute, mais aussi et surtout une blessure plus profonde.
Aldo n'en avait pas conscience, mais il avait profondément besoin de se sentir utile, concrètement. Mener une vie solitaire ne lui convenait plus, il aspirait à autre chose. Et il n'était plus seul, mais... visiblement, il n'avait pas plus d'utilité. Et à part ses ressources et ses petites astuces de magouilleur, sa force et sa résistance élevée aux coups étaient ses seuls atouts. Et voilà qu'une femme si chère à ses yeux le rabrouait... ajouté aux derniers évènements... c'en était trop pour lui.

Ses aspirations et ses rêves... comme si, alors qu'il s'apprêtait à les saisir, ils glissaient entre ses doigts comme le sable fin de cette plage.

« Tu ferais ça tellement bien, mon Aldo... c'est une si belle idée, que de vouloir t'en occuper... »

Le ressac des souvenirs le rendait presque fou, il aurait voulu s'arracher la tête plutôt que d'entendre de nouveau cela, comme si elle l'avait prononcé hier...
Une larme roula sur sa joue, parvenant lentement jusqu'au bout de son nez pour s'écraser sur le sable sous lui.

« Tu me manques tellement, Jaïniri... »

A ce visage si chéri, se succéda un autre, qu'il avait appris à haïr, et un sourire exécré...

« Ah, tu me veux, hein... il faudra donc venir me chercher... monstre. »

La haine et la rage l'avaient maintenu en vie toutes ces années, parce qu'il n'avait que cela. Maintenant qu'il avait autre chose, ces deux aspects de la question s'affrontaient en lui.
Et en ce moment précis, alors qu'Ayen pansait les blessures d'Enaelle, Aldo laissait son esprit dériver dans les méandres d'une rage meurtrière, qui s'apaiserait avec le levé du soleil, ou un seul de leurs baisers... pour renaître à la moindre turbulence...

Pas de demi-mesure... Tout ou Rien.
Il se redressa et reprit le chemin de Dion.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mar. 1 mai 2012 à 12h28

C'était fait, il l'avait. Cette splendide jument blanche de tout juste trois ans, à peine débourrée, énergique et prometteuse. Il l'avait payée une vraie fortune, mais l'animal était splendide. La tenant par la longe, il tirait doucement pour l'emmener avec lui, s'étant délesté de trois bons millions pour ce trésor. Mais le jeu en valait la chandelle, c'était pile ce qu'il recherchait. Tout en avançant dans la direction de Dion, Aldo flatta l'encolure de la jument.

« T'es magnifique, tu sais ? Eltros va t'adorer. »

Il eut un rire. En réalité, il songeait que la cohabitation allait être ardue, surtout au début, et il espérait que le grand Shagya de sept ans révolus ne serait pas trop dur avec cette pouliche. Il ne fallait surtout pas qu'il la blesse, et cela, rien n'en était moins sûr. Pourtant, il l'avait prise la plus robuste possible : 1m58 au garrot, longiligne, la robe blanche et le poitrail musculeux. Le vendeur la certifiait pur sang, des contrées d'orient... elle en avait l'apparence, mais Aldo n'avait aucune garantie. Il le verrait bien lorsqu'il acheverait le dressage...
Mais pour le moment, il fallait la mettre à l'abri, et commencer le débourrage. Une fois celui-ci terminé, il l'habituerait à la présence d'un cavalier lourd, lui-même, bien qu'il ne comptât pas l'affubler d'un caparaçon, mais pour qu'elle soit plus à l'aise, et ne sente quasiment plus son cavalier. D'autant qu'ensuite, il laisserait surtout Ayen et Ena la monter. Et puis, si elle était vraiment docile, il lui confierait la petite Peluli.

Au bout d'un long moment, ils parvinrent tous deux aux environs de Dion, près de l'écurie miniature qu'Aldo avait construit lui-même. Il ne pouvait y rentrer que deux ou trois chevaux, un truc vraiment minuscule, mais bon, c'était suffisant pour les protéger des pluies de sang et des intempéries, en attendant de trouver mieux. Il approcha avec la jument, sans crainte, car il savait qu'Eltros était parti faire un tour, comme à son habitude, répondant à son seul sifflement s'il ne se trouvait pas trop éloigné.
Il attacha la longe de la jument à un grand cercle de fer, profondément fiché dans le sol, et vérifia qu'elle avait de l'eau et du fourrage. Il tapota son encolure, laissant ses doigts se mêler aux crins soyeux. Puis il sortit, la laissant là. Il ne craignait pas qu'on lui vole son trésor, les gardes de la ville se trouvant trop proches, et puis, ils se saluaient régulièrement, ils connaissaient Aldo, au moins de vue.

Il sortit et entendit le bruit familier des sabots d'Eltros, de lourds cercles de fer, retentir sur la terre morte.

« Ah, tu tombes bien, vieille carne ! »

Eltros s'ébroua, exhalant un gros nuage de poussière. Aldo fit la grimace.

« Mon pauvre vieux... va p'tet bien falloir qu'on fasse quelque chose, hein. Aller, amène toi. »

Il fit un signe ample du bras et le cheval s'approcha pour venir happer une mèche de ses cheveux, faisant rire l'homme, qui l'attrapa par la longe et l'entraîna vers la rivière. Parvenu à destination, il s'occupa de retirer le lourd harnachement du cheval, composé d'une grosse selle de cuir, d'un tapis rembourré, surtout sur le devant, et de diverses plaques rivetées qui formaient sur le poitrail un caparaçon de fortune, visiblement fait à la main.
Une fois débarrassé, Eltros fit un écart et son dos fut parcouru d'un long frisson, comme s'il voulait se dégourdir les muscles du dos et des flancs, puissants. Aldo en profita pour vérifier l'état général de sa monture, au cas où. Rien d'anormal, le cheval était sale, mais en pleine forme.

« Aller, zou, à la flotte ! »

Il donna une petite claque sur la croupe et Eltros avança en piaffant légèrement, comme mécontent, pour entrer dans l'eau vive. Aldo retira simplement sa chemise et ses bottes, puis le rejoignit. L'eau était fraiche et agréable, par la chaleur ambiante. Il avait récupéré une grosse étrille dans l'une des sacoches, et vint s'occuper de démêler la crinière d'Eltros, qui, lui, buvait goulûment à l'onde.

« Va falloir que je te présente quelqu'un. »

Eltros ne fit aucun mouvement, se laissant peigner sans douceur par son propriétaire.

« Et me fait pas honte ! J'veux un beau poulain, t'as compris ? »

Aldo était de très bonne humeur. C'était comme si une partie de son rêve commençait à se réaliser, se concrétisait, même si rien n'était joué... ça lui mettait du baume au coeur. Il avait tellement hâte... Mais il essayerait aussi d'économiser pour acheter de jeunes chevaux, car l'élevage proprement dit coûtait très cher... et prenait beaucoup de temps.

« Je sais qu'il ne te reste pas beaucoup de temps. »

Il se surprit à rougir. Qu'est ce que ça venait faire là, dans sa pensée ? Il secoua la tête. Ca non plus, ça n'était pas encore fait. Mais il devait bien se rendre à l'évidence, il y pensait constamment, depuis qu'elle lui en avait parlé.

« Dis moi... est-ce que ça te plairait ? »

Il appuya son front sur la robe humide d'Eltros, qui, tranquille, barbotait à ses côtés dans l'eau.
Bien sûr que ça lui plairait, il en serait fou... avait-il droit à un tel bonheur ? Et qu'est ce qu'en penserait Ena ? Ca impliquait tellement de choses...
Son rythme cardiaque s'était acceleré, et voilà que ça ne le lâchait plus. Il s'exclama, plus à lui-même qu'au cheval :

« Tu m'imagines, moi, un père ? Alors que j'ai tant détesté le mien ? »

Une petite voix pourtant lui murmurait : « ce n'était pas lui que tu détestais, c'était toi-même. ».
Mais d'autres voix, lancinantes, lui hurlaient que le temps lui était compté. Et Ayen qui, la veille, lui avait rappelé leurs conditions à tous deux, elle une elfe immortelle, lui, un humain déjà presque en fin de course. C'était un truc qu'ils s'étaient soigneusement cachés, tout en le sachant pertinemment.

« Il me reste quoi... vingt ans ? Peut-être vingt-cinq ? »

Il ne l'avait pas dit, mais il avait pensé : « pile le temps qu'il faut pour élever des mômes ».
Pensif, il ramena Eltros sur la terre ferme, s'emparant d'une autre étrille, avec laquelle il s'occupa de le décrasser.
Et Ena... elle était jeune, elle aussi, peut-être n'aurait-elle pas envie de ça. Il ne voulait forcer personne. Et même si c'était une chose qui le démangeait, peut-être instinctivement – il suffisait de le voir faire avec Peluli -, il ne voulait pas qu'elles le ressentent comme une obligation. Quitte à mentir. Faut être deux pour ces choses là.

Mais cette idée était bien partie pour l'obséder. Elle avait réveillé ses instincts paternels, profondément enfouis et refoulés, à ses risques et périls !

Lorsqu'il eut achevé son nettoyage en règle, Eltros avait bien plus fière allure. Il découvrait sa robe d'un gris clair, pommelée sur les flancs, l'encolure et la croupe, le museau gris sombre. La crinière, anthracite, était demmelée et semblait en meilleure forme.

« T'es mieux comme ça. Prêt à conter fleurette ? »

Aldo eut un sourire, qui fit disparaître l'air inquiet et désemparé qui était venu se coller à ses traits. Il rééquipa le cheval de sa selle, laissant le caparaçon, qu'il prit sur son dos le temps de revenir à la cabane.
Il devait commencer les « présentations », et ça ne serait pas une mince affaire...

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » lun. 7 mai 2012 à 11h44

Le matin était venu le cueillir de très bonne heure, et il ouvrit les yeux sur la petite chambre qu'occupait Enaelle au dispensaire de Dion. Il tourna légèrement le regard pour le poser sur la demoiselle endormie dans ses bras, car l'aube se levait à peine, et il en profita, car il savait que tout comme lui, elle était du genre à ne pas traîner au lit le matin. Immédiatement, son esprit se porta vers Ayen, partie on ne savait où, et l'inquiétude le reprit. Elles ne se ressemblaient pas vraiment physiquement, mais il ne pouvait pas s'empêcher de voir l'une dans le visage de l'autre, tant elles étaient complémentaires.
Enaelle n'avait pas l'air de s'en inquiéter outre mesure, ou alors faisait-elle semblant... ou bien, plus probable, elle ne lui disait pas tout. Mais si c'était le cas, et bien que ça le contrarie énormément, il lui faisait confiance pour avoir d'excellentes raisons. Aldo n'avait pas vraiment envie de bouger, car il se sentait extraordinairement bien et à sa place, à l'endroit et dans la position où il se trouvait. Il ne manquait qu'Ayen pour que tout soit vraiment parfait.

Et il goûtait ce bonheur avec d'autant plus d'avidité qu'il savait que la roue peut tourner brusquement, et vous jeter dans le malheur le plus profond après vous avoir accablé de trésors. Ces deux-là, c'était ça, son trésor.
Il glissa tendrement un baiser sur le front de la belle endormie, qui, après l'ivresse de la veille, s'étaient assoupie contre lui, dans le plus simple appareil, et Aldo subissait les affres du réveil masculin. Pourtant, il fit un effort de volonté et s'extirpa du lit, se saisissant de ses affaires pour les enfiler rapidement. Il s'abreuva une dernière fois du spectacle à la fois séduisant et amusant de la jeune femme, qui, après son départ de la couche, en avait profité pour s'étendre de tout son long en mobilisant tout l'espace disponible. Il retint un léger rire et sortit en secouant la tête, un intense sentiment de bonheur et d'accomplissement dans le coeur, quoique assombrit par une absence inexplicable.

Aldo passa à l'auberge prendre de quoi déjeuner et dîner, puisqu'il allait crapahuter au moins toute la journée. Il fallait qu'il remette la main sur une de ses connaissances, un nain du nom d'Erokar, mineur et chercheur de son état.

Comme il l'avait dit la veille à Enaelle, il comptait contacter cet architecte pour voir avec lui les modalités de construction d'une véritable écurie, et discuter de son emplacement. Après quoi il devrait acheter d'autres chevaux. En bref, tout ce qui lui manquait, ce n'était pas les idées, mais les fonds... il fallait donc qu'il se remette à des activités plus lucratives que son travail de mercenaire à la Rose. Et des choses plus importantes que la simple revente d'alcool sous le manteau...

Il se souvenait très bien d'Erokar. Un nain sérieux, travailleur, de la suite dans les idées, vraiment. Ils avaient travaillés de longs mois dans une mine au nord-est de Schuttgart, et il lui avait tout appris de la fouille, de la recherche... il avait vraiment affuté l'esprit critique et l'oeil expert d'Aldo. Il lui en devait une belle, et d'ailleurs, Aldo l'avait remboursé en lui sauvant les miches d'un sérieux coup de grisou au cours duquel ils avaient failli y passer tous les deux.

Aldo comptait remettre à profit ces connaissances en recherche pour se constituer un beau pactole et lancer son activité, ce qu'il n'avait plus fait depuis longtemps. Mais il y était fermement déterminé. Et pour ça, Erokar pourrait peut-être bien lui donner un coup de main...

[Apprentissage sub Bounty Hunter]

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mer. 9 mai 2012 à 13h24

Lorsqu'il se réveilla ce matin là, la douleur qui parcourait chacun de ses membres le rappela brutalement à l'ordre. Se redressant sur son bras droit, endolori par les coups qu'il avait porté la veille, il remarqua qu'Enaelle était déjà sortie. Le chant des oiseaux lui indiquait qu'il était déjà tard dans la matinée, et il laissa échapper un grognement peu amène.

« Belle connerie de dormir par terre, Rinehart... »

Cela dit, il était toujours aussi sale que la veille, et l'odeur de marécage commençait à devenir vraiment désagréable. Il observa aussi l'armure, empilée près de lui, recouverte de ce liquide visqueux dans lequel ils avaient pataugé la veille, et du sang noir des bestioles qu'ils avaient tué.
Il soupira, songeant que la première chose de la journée à faire était de prendre un bain, et puis d'aller embrasser Ena et Ayen, s'il les trouvaient...

Il rêvassait agréablement, quand la mémoire lui revint brusquement, en même temps qu'un pincement au coeur. Ayen n'était pas là... et ça faisait plusieurs longs jours qu'il n'avait pas eu l'occasion de l'embrasser et de la prendre dans ses bras, ou de sentir ses mains sur ses épaules pour le détendre, ce dont il rêvait en ce moment même.
Il finit par se lever, et trouva un sac pour charger l'armure sur ses épaules avant de sortir du dispensaire.
Il progressa jusqu'à son coin habituel, un petit bras de rivière où il avait l'habitude de faire ses ablutions, et se récura de fond en comble, ayant toujours à l'esprit les horreurs de la veille.

Le visage, ou plutôt la forme de l'Annonciateur, cette chose étrange qui l'avait fait trembler. Il le reconnaissait sans honte... c'était la première fois qu'il se retrouvait face à un démon de cette puissance, et franchement, là, tout seul dans sa rivière, il devait bien le reconnaître... il avait eu la trouille de sa vie. Heureusement, l'adrénaline, sa volonté décuplée par la présence d'Enaelle et le désir de la protéger, le besoin viscéral de revenir, pour peut-être retrouver Ayen, l'avaient maintenu debout et prêt au combat, qu'il avait finalement livré contre la créature envoyée par l'Annonciateur.

Tout semblait étonnamment calme autour de lui, comme si ça ne s'était jamais produit. Pourtant ils étaient rentrés sans les autres, qui avaient franchi le vortex... que leur était-il arrivé ? Est-ce qu'ils étaient vivants ? Edora, le Baron ? Et tous les autres qu'il ne connaissait pas ? Il faudrait qu'il parte sans tarder enquêter... et en parallèle, il devait aider Erokar.

D'abord, lui rapporter cette poudre. Et lui garantir que son armure pouvait subir de gros chocs. Et huiler un peu tout ça, si possible... Erokar avait été plutôt clair.

« Hésite pas à la fracasser, je veux voir comment elle tient ! J'te connais, t'es doué pour prendre les coups ! T'aurais du être templier, mon gars... »

Il avait ricané en lui refilant les plaques, qu'Aldo s'employait à nettoyer consciencieusement. Oui peut-être... encaisser, c'était un truc de famille, hérité de la force physique du grand-père, paladin de l'ordre Einhasaadique.

« J'te jure, le plus gros filon que t'as jamais vu ! Si tu m'aides à le faire péter, et qu'ensuite tu m'aides à l'écouler...
- Ce sera dangereux ?
- Un peu mon n'veu ! Si ça nous pètes à la gueule, aucune chance qu'on s'en sorte ! Mais bon, tu m'connais, je sais doser les charges... »


Aldo savait bien que le dosage ne suffisait pas... il se rappelait du coup de grisou qu'ils avaient ramassé une fois, au fin fond d'une mine... ses réflexes les avaient sauvé tous les deux ce jour là. Sauf que c'était il y avait maintenant bien dix ans...

Ramenant ses cheveux humides en arrière, Aldo chassa ces considérations de ses pensées. S'il commençait à avoir peur, il ne ferait rien du tout, et il pouvait dire adieu à son écurie. Il faisait confiance à Erokar, quand il disait que ce gisement d'Orichalque les rendrait riches. Il avait toujours eu du flair, et Aldo avait les contacts pour la revente.
Il noua rapidement ses cheveux sur sa nuque, qui continuaient de goutter dans son dos, et se rhabilla sur la berge.

Pour ça... il se rendait bien compte que le temps passait. L'entraînement intensif qu'il s'imposait lui permettait de conserver une forme excellente, malgré les faiblesses qu'il connaissait. Plusieurs perforations du poumon, ça ne s'effaçait pas en claquant des doigts, et par moment, le souffle lui manquait, ou alors, il passait de longues secondes à le chercher. A trente-sept ans révolus, Aldo prenait bien conscience que son temps passait.

« Ça vous fait envie, hein ? »

Comme souvent, il avait maudit Batsoleil. Et pile à ce moment précis, Enaelle apparaissait sur la place de Rune. Depuis plusieurs longs jours, il brûlait de savoir si elles en avaient parlé. Mais, peu optimiste, il songeait que ce silence valait toutes les réponses. Ramassant son paquetage, il se dirigea vers l'écurie improvisée, où il trouva Eltros, qui mangeait du foin non loin de la jument. Aldo grogna.

« Profites-en, sale carne. »

Il le sella et chargea l'armure empaquetée à l'arrière de la selle, répartissant le poids de chaque côté pour ne pas déséquilibrer la monture.
Oui... même dans les paroles d'Ayen, à ce sujet, quelque chose clochait. Et Aldo était trop fier pour la laisser commettre l'irréparable sans en avoir réellement l'envie. C'était assez terrible pour lui d'en arriver là, maintenant, il le savait, mais tant pis. Elles étaient plus importantes que ses envies égoïstes d'être un père.

Il éperonna Eltros, qui fila en direction du nord. Chacun de ses muscles le tiraillait.

« T'avais raison, finalement, Théodras. Avec ta sale engeance de fils, c'est la fin des Rinehart. »

Son chemin le mènerait tôt ou tard au village des chasseurs... et l'appréhension lui tordait le ventre à cette idée. Mais il y avait tellement plus important, à l'heure actuelle...

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » ven. 11 mai 2012 à 12h41

De la buée se formait autour de ses lèvres à chacun de ses souffles, et le bout de sa cigarette rougeoyait, comme se réverbérant sur la neige sale qui demeurait encore au sol.

« Tu vis vraiment dans un sale pays, Erokar. »

On était bien loin des températures clémentes des environs de Dion... et de la chaleur humide de Heine. Le col de sa redingote remonté sur son cou pour se prémunir du vent, il attendait, un peu plus au nord de la sortie de la ville. En ce moment même, Aldo regrettait amèrement la douce chaleur de son lit, et les deux femmes qui s'y trouvaient cette nuit... il laissa échapper un doux soupir. Ayen était enfin revenue, pour leur plus grand bonheur à tous les trois.
Ca avait été une journée harassante, mais les retrouvailles avaient été à la hauteur du manque qu'elle avait laissé dans leurs vies.
Il avait échappé de peu à un troisième épisode, d'ailleurs; qui l'aurait sans doute laissé mort de fatigue, et en y repensant, il se trouvait un peu idiot.
Il eut un rire... si avec ça, il ne parvenait pas à être père un jour, c'était vraiment que la guigne le poursuivait.

C'était un problème qui restait épineux, pour lui. Ena n'avait malheureusement pas été très claire, et ça avait été un moment bizarre. Pendant quelques instants, Aldo s'était même senti franchement malheureux, comme s'il se débattait dans des sables mouvants sans avoir aucun moyen d'en sortir. Il avait eu très souvent cette impression par le passé. Heureusement, ce sentiment négatif n'était pas demeuré, et il avait concédé, pour cette fois, qu'il valait mieux « laisser tomber »...

« Je... je ne me sens pas prête, Aldo. »

Il comprenait, évidemment. Lui qui se réveillait à trente-sept ans, il n'allait certainement pas la blâmer, elle qui n'avait pas trente ans, de penser à tout autre chose. Et il s'était maudit d'avoir eu un jour cette idée, ou d'avoir dit ce qu'il avait sur le coeur à Ayen lorsqu'elle en avait parlé... peut-être, cette fois-ci, aurait-il du mentir.
Ça leur faisait peur, et il le savait. A toutes les deux. Alors il avait décidé de ne plus en reparler, même si, malgré eux tous, le sujet revenait régulièrement. Ayen lui avait dit y penser de plus en plus, mais ils se heurtaient là à un conflit générique... auquel Aldo ne comprenait rien. Il y avait des tas de choses qu'il ne comprenait pas, comme le secret projet qu'elles avaient toutes les deux, qu'Aldo osait à peine nommer... prolonger la vie. C'était complètement surnaturel et ça le dépassait de très loin. Il sentait la crainte poindre en lui et tâchait de se maîtriser, de ne pas s'emballer, dans un sens comme dans l'autre. Car après tout, rien n'était fait...

« Fais le pour nous... »

Il eut un long frisson, pas seulement du au froid, ce qui l'amena à tirer furieusement une bouffée sur sa cigarette. Il se savait prêt à tout, c'était bien ça le pire. Il se savait capable du pire et du meilleur, lorsqu'une telle puissance s'emparait de lui. Mais il n'avait plus l'âge de foncer tête baissée. Oui, il y réfléchirait, lorsqu'il y aurait un plan de bataille...

Un instant, il laissa son regard se perdre sur l'imposante montagne face à lui, et surtout l'à-pic rocheux qu'il avait sous le nez, ou plus exactement à quelques mètres au dessus de la tête. Il secoua la tête, se remémorant une vérité qu'il avait apprise la veille...
Le mensonge... comment pouvait-il le blâmer ? Ça lui arrivait souvent, lui aussi, pour ne pas inquiéter ses proches, et la dernière fois, pas plus tard que la veille. Pour ne pas effrayer Ayen, il lui avait certifié que ce qu'il faisait n'était pas dangereux, qu'il n'entrerait pas dans la mine.
Non seulement il allait entrer dans la mine, mais il placerait les charges avec Erokar et les ferait sauter, en espérant que le nain ait bien dosé les gargousses. Il y avait toujours le risque qu'un gaz dans les tunnels fasse sauter quelques charges avant l'heure, provoquant un éboulement qui pouvait les ensevelir tous deux, comme ça avait déjà failli se produire. Mais si Aldo commençait à avoir peur, ou à ne plus prendre de risques... il ne pourrait jamais avoir les fonds nécessaires à la réalisation de ses projets.
On ne devient pas riche sans prendre de risques...

Oui, il avait menti, un peu, pour qu'Ayen n'ait pas peur. Alors que Peluli ait menti, pour protéger sa propre vie, il pouvait comprendre, même s'il avait du mal à l'accepter... et bizarrement, il s'était senti profondément touché par cette révélation, sans doute à cause de la proposition que lui avait faite Enaelle.
Et il prenait toute la mesure de la fierté qu'avait pu avoir Théodras, lorsque Jaïniri avait donné naissance à un petit garçon. Même si Peluli n'avait rien de l'héritier traditionnel, et ne le serait peut-être même jamais. Encore de la magie... ça le dépassait vraiment.
Il souffla la fumée et des craquements sur la neige lui parvinrent. Erokar venait dans sa direction, tirant la bride d'un âne qui progressait lentement. Aldo jeta sa cigarette et l'attendit.

« Dis donc, c'est pas trop tôt ! »

Le nain lâcha un juron grossier avec un large sourire, et les deux continuèrent d'avancer jusqu'à un conduit qui pénétrait à même la roche. Erokar farfouilla dans une besace et en sortit un parchemin roulé, qu'il étendit devant Aldo. C'était un croquis de la montagne.

« Alors là tu vois... ce sont les tunnels que j'ai presque finis... et quand j'aurais creusé un peu plus, on mettra les gargousses là, là, ici et ici. Et deux autres à cet endroit. Par contre, faudra pas attendre d'être sortis pour allumer la mèche, j'ai pas envie qu'elle s'éteigne... tu m'suis ? »

Aldo hocha lentement de la tête, concentré, observant les points qu'il lui montrait sur la petite carte.

« En attendant, je vais te montrer un peu le filon, qu'tu puisse être sûr d'me croire... aller, viens par là. »

Il laissa l'âne là et s'engouffra dans la brèche, suffisamment haute pour lui, mais Aldo dut se pencher. Ils progressèrent le long du tunnel quelques longues minutes, éclairés par une lampe à huile, avant d'arriver sur un cul de sac.
Sans rien dire, Erokar approcha la lampe d'une des parois, venant toquer dessus de son gantelet de métal. La paroi produisit un écho métallique, et Aldo se pencha pour voir de plus près... sous la poussière, il distinguait les reflets bleus de l'orichalque, qui brillait doucement dans l'obscurité. Son visage se fendit d'un sourire.

« Magnifique ! »

Le nain ricana, tout content.

« Tu vas voir, quand on va tout rafler ! »

Ils ressortirent ensembles de la mine, et le nain offrit un godet de bière à Aldo, pour fêter ça. Ils convinrent ensuite de la marche à suivre : l'homme allait contacter ses connaissances et établir des prix, qui ne seraient fixes qu'une fois la quantité d'orichalque déterminée avec précision. Le but était de faire monter les enchères. Le nain, quant à lui, continuerait de creuser son tunnel jusqu'au bout, et alors, ils procéderaient au bouquet final.

Après cet intermède, Aldo prit la direction de Gludin, l'air satisfait.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » dim. 13 mai 2012 à 13h37

Lorsqu'il s'éveilla, peu avant l'aube, Aldo trouva une Enaelle toute vêtue, allongée près de lui. Pour une fois, elle ne se blottissait pas contre lui, et il ressentit comme un pincement au coeur en se rappelant ce qui l'avait causé, la veille. Ayen était sortie et n'était pas rentrée, et tout ça se mélangeait dans son esprit pour devenir la source d'une anxiété profonde. Qu'est ce qui avait bien pu se passer pour qu'elle réagisse ainsi ? Ça ne pouvait pas être de la faute d'Enaelle, alors qu'avait-il encore fait ? Il se redressa en soupirant, se rhabillant lentement. Il avait vraiment mal dormi... il serait bien resté quelques longues heures de plus au fond de son lit, mais un événement d'une grande importance l'attendait.
Il devait être à Schuttgart au point du jour, pour rejoindre Erokar. En partant, il déposa simplement un baiser sur le front d'Ena et sortit du dispensaire encore endormi.
Les rues de Dion somnolaient encore, et il salua quelques gardes en faction qui finissaient leurs quarts en baillant un peu. Parvenu à la passeuse, il demanda Schuttgart.

Un long frisson le parcourut lorsqu'il fit quelques pas dans la ville froide. L'automne était bien là, c'était clair, et il regrettait la chaleur de son lit... pas un rayon de soleil pour réchauffer l'atmosphère. Resserrant le col de sa redingote autour de son cou, il prit la direction de la sortie nord est. Quelques gardes stationnaient là, et Aldo les dépassa tranquillement, prenant la route qui s'éloignait de la ville, à pied.
Lorsqu'il fut hors de vue, ayant dépassé le pont, il aperçut Erokar, qui attendait près d'une mule très lourdement chargée d'une énorme carriole, vide pour l'heure.

« Eh beh, t'en tires une tête ! T'as pas dormi ?
- Pas beaucoup. »
Concéda Aldo avec un sourire en tendant sa main au nain, qui la serra.

Les deux comparses se mirent en route.

« J'ai besoin de toi en forme, l'ami, ça va être chaud marron aujourd'hui ! Il ne reste que les deux plus grosses charges à placer et on pourra faire péter. »

Ils progressaient dans la neige, s'éloignant toujours plus de la ville, en direction du nord est. Ils marchèrent ainsi une bonne heure, et on ne voyait plus qu'à peine les hautes murailles de la cité, derrière les arbres et le brouillard. L'à-pic rocheux et le bout de montagne leur apparut alors, comme ils l'avaient laissé la dernière fois. Erokar arrêta sa mule et la carriole à une distance respectable, et farfouilla dans un sac pour en sortir deux énormes gargousses et une longue tige enroulée sur elle-même, sans doute la mèche. Les deux comparses s'étaient tus, s'étant plongés dans une sorte de concentration professionnelle.
Ils pénétrèrent à nouveau dans le tunnel, et Erokar, en silence, indiqua un emplacement à Aldo, en lui tendant une gargousse, ainsi qu'un bout de la mèche. Il s'exécuta, fixant la mèche à la gargousse et plaçant celle-ci contre la paroi de roche friable, l'enterrant à moitié contre. Il était très anxieux, porté par le souvenir de leur dernière mésaventure, et terrifié à l'idée qu'il pourrait être enseveli en ayant quitté Ayen d'une telle manière, la veille...

« Bordel, Aldo, qu'est ce que tu fous ? T'es avec moi ou pas ?! »

Il sursauta, se maudissant d'une telle dérive.

« Aller, on va allumer cette foutue mèche. Toi, tu restes là, faut vérifier qu'elle flambe bien jusqu'au bout... »

Du bout du pied, il dégagea la terre qui entourait la mèche, afin qu'elle soit bien mise à nu sur le sol.

« ... et tu fais pas le con... dès que tu vois que ça crame bien à partir d'ici, tu te barres hein ! J'veux pas que tu sois réduit en charpie... »

Aldo acquiesça, tendu, restant là, le plus près possible de l'issue, mais bien en vue de la mèche. Erokar lui, disparut dans les tunnels. Agrippé à la lampe à huile, il attendait, le silence devenant oppressant. C'était presque comme s'il espérait sentir la présence du gaz mortel qui pouvait tout faire exploser...
Les minutes passèrent, et puis, au bout d'une attente qui sembla l'enfer à Aldo, un léger sifflement se fit entendre, et il vit la mèche crépiter, progressant avec une vitesse ahurissante vers le point d'impact, l'énorme gargousse, à deux ou trois mètres à peine de lui...

Aldo prit la tangente, aussi vite que le lui permettait son corps fatigué...

« Mais MERDE !! Ça brûle trop vite !!!! »

Il parvint au point de convergence des tunnels, et nulle trace d'Erokar. Est-ce qu'il était déjà sorti ? Ou s'assurait-il encore que les mèches du fond ne s'éteignaient pas ? L'explosion pouvait se produire d'une seconde à l'autre...
Il parvint enfin à l'entrée du tunnel, mais toujours pas de nain. Une sueur froide parcourut le dos d'Aldo, et, sans réfléchir, il s'engouffra de nouveau dans le tunnel, convaincu désormais qu'ils allaient y rester. Ça n'avait duré que quelques secondes, et lorsque, au pas de course, il revint au croisement, il tomba sur Erokar, qui courait de toute la force de ses jambes raccourcies. Ils faillirent même se percuter.

« Rinehaaart, bouge toiiii de làààààààà !!!! »

Le nain l'avait hurlé, en proie à une sorte de panique. Quelque chose avait du merder. Au moment où Aldo faisait demi tour pour regagner la sortie, un bruit sourd retentit, loin au niveau de la paroi, et le sol se mit à trembler. L'entrée du tunnel n'était plus qu'à une grosse vingtaine de mètres lorsque les autres charges explosèrent. La montagne trembla, et c'était comme si tout à coup ils se trouvaient en plein milieu d'une tempête.

Un glissement de terrain. Une avalanche de terre, un éboulement de la pire espèce. C'était comme si la montagne entière s'effondrait sur eux. Sans doute grâce à une intervention divine, ils parvinrent à la sortie, firent quelques longs mètres dans la neige avant d'être rattrapés par la terre, sorte de bête furieuse réclamant son du, hystérique d'avoir été blessée ainsi. Aldo se jeta puissamment en avant, espérant atteindre une distance la plus éloignée possible. Erokar fit de même, poussé sur ses pieds comme sur des ressorts, et si la situation n'avait pas été aussi critique, Aldo aurait sans doute été grandement impressionné par un tel bond.
Évidemment, ils étaient presque rendus sourds par le fracas immense que fit l'à-pic rocheux en s'effondrant, s'écrasant au sol dans un énorme nuage de neige et de poussière.

Au bout d'un moment, tout redevint calme, et on entendait plus qu'un caillou qui retombait, de temps à autre. Le nain se mit à tousser, se redressant, ricanant.

« Héhé ! On a réussi ! On l'a faite péter ! T'as vu ça, Rinehart ?! »

Tout guilleret, il se redressa, époussetant ses vêtements, cherchant son comparse de ses petits yeux chafouins.

« Rinehart ? »

Erokar avait réussi à parvenir presque au couvert des arbres, la peur lui ayant donné des ailes, littéralement. Mais visiblement, Aldo n'avait pas réussi à aller aussi loin. Il avait toujours été un peu plus lent, car plus grand et plus lourd. Erokar déglutit, revenant fébrilement sur ses pas en cherchant l'homme parmi les décombres de la montagne...

Quelque chose remuait plus loin. D'un mouvement violent, une grosse pelletée de terre fut projetée, et le visage noircit d'Aldo apparut, complètement enseveli sous la terre.

« Putain... j'suis là ! »

Erokar se précipita à sa rencontre, le dégageant du mieux qu'il pouvait, repoussant l'énorme morceau de roche qui avait manqué d'écraser les jambes d'Aldo. Mais lorsque celui-ci voulut se redresser, un gémissement de douleur retentit et il retomba au sol dans un bruit sourd.

« Merde... c'est ta jambe ? »

Prudemment, Aldo jeta un coup d'oeil là d'où provenait la douleur... et il lâcha un juron en voyant l'angle peu naturel qu'avait pris son mollet. Le nain grimaça.

« Cassé ?
- Non... j'crois pas... »


Aldo se redressa du mieux qu'il put et prit une longue bouffée d'air froid. Erokar, comprenant, lui glissa un bout de cuir entre les dents, qu'il venait de sortir de sa poche. Dans un brusque craquement sec et immonde, l'homme remit l'os déboité en place, et la douleur fut telle que ses dents se déserrèrent, laissant échapper le morceau de cuir dans un long cri de douleur rauque, qui le laissa essoufflé et les larmes aux yeux.

« Ça... ça aurait pu être pire... »

Erokar hocha la tête, tapotant amicalement l'épaule d'Aldo, puis se détourna, partant avec sa pioche à la recherche de leur précieux butin. L'homme se redressa lentement, car ce n'était pas le moment de lambiner.
Boitillant un peu, une douleur intense lui fusillant le genou droit, il entreprit d'aider le nain à déblayer les morceaux d'orichalque brut pour les jeter dans la carriole... un travail long et difficile qui le laisserait sûrement épuisé...

Au bout de quelques heures de déblayage, Erokar fit signe à Aldo de continuer tout seul, voyant qu'ils en auraient pour des jours entiers s'ils n'étaient que deux. L'homme le regarda d'un air interrogateur, mais Erokar s'éloigna.
Il revint trois heures plus tard, suivit de deux carrioles et de deux autres personnes. Aldo aperçut une naine et deux jeunes nains, qu'il n'avait jamais vu. Malgré la fatigue, il jeta un coup d'oeil amusé vers Erokar, qui grogna.

« J'te présente ma femme, Angra, et mes deux rej'tons, Erok et Akar. »

Aldo salua la petite famille, et tout le monde se remit au travail. Il était impressionné de l'efficacité des maîtres chercheurs nains, sachant pertinemment qu'il n'atteindrait jamais un tel niveau... mais la plus admirable était sans doute Angra, qui battit des records d'efficacité.
Si bien que la nuit passa, la petite troupe continuant son industrie, désireuse de ne laisser aucune orichalque sur place au moment du départ. Bientôt, les trois carrioles furent surchargées, si bien qu'Aldo songea que jamais les mules ne pourraient porter de telles charges. Mais c'était sous-estimer la force des mules naines...

Tout le monde regagna l'atelier d'Erokar, un peu plus à l'est du village nain. La mission d'Aldo était terminée, et il n'avait plus qu'à attendre le signe d'Erokar qui lui ferait savoir que les orichalques seraient prêtes à être revendues. Mais le filon, d'une extraordinaire pureté, était très prometteur...
La famille naine lui proposa de rester se reposer un jour ou deux. Mais cela faisait déjà deux jours qu'il était parti, sans prévenir ni dire ce qu'il allait faire... il savait que l'inquiétude serait grande, d'autant qu'il boitait...

Il décida plutôt de partir sans attendre, et repartit en boitant du côté de Schuttgart.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » lun. 14 mai 2012 à 12h26

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Le vent balayait doucement les feuilles des arbres, qui parfois se détachaient, venant tournoyer à la bise d'automne, et Aldo ne pouvait que goûter le calme de la clairière dans laquelle il se trouvait. Il la connaissait si bien, pour s'y rendre parfois, pour rêver d'y être un jour par an. Cet hommage, il ne le rendait habituellement qu'un ou deux mois après, pour être sûr de ne pas y croiser Théodras. Mais que lui importait la date, finalement...

Il était assis, tranquillement, sur la mousse, aux côtés du marbre froid, gravé. Une étrange sensation de quiétude le gagnait, il se sentait si bien...
Il ne tarda pas à entendre des éclats de rire. Tournant la tête vers l'orée de la forêt, il vit arriver les deux jeunes femmes les plus chères à son coeur, qui se poursuivaient en riant. Ayen en tête, la plus rapide, qui filait comme le vent, avec une agilité toute elfique. Et Ena, qui suivait, athlétique, lui lançant de douces invectives. Aldo regardait ça en souriant, amusé. Mais c'était comme si elles ne le voyaient pas, continuant de s'amuser, comme deux enfants.
Ça ne dérangeait pas Aldo. Il se sentait bien, assis là, à simplement les regarder, à côté de cette pierre tombale qui, loin d'être glauque, réchauffait doucement au soleil d'automne près de lui.

Au plus profond de ses songes, il n'avait pas conscience de tout ce qui venait de se dérouler. Et il goûtait avec délice cette paix retrouvée en les regardant.
Mais ce sentiment de bonheur pur et intense devait être de courte durée... voilà qu'un vent froid balaya les feuilles mortes, et un frisson glacé lui parcourut l'échine...

« Qu'est ce qu'elles sont jolies, de loin... »

Un rire résonna, cristallin, immonde. Aldo se figea, comme devenu de marbre.

« Tu as toujours eu un excellent goût en matière de femme, mon cher Ange... »

Il tourna brusquement la tête, avisant de Carmina, nonchalamment assise, précieusement, sur la pierre tombale, le symbole chéri de Jaïniri. Aldo sentit toute sa peau se hérisser. C'était pire qu'un blasphème.
Elle les regardait, et son regard de grenat les dévorait avec gourmandise.

« Comme leur chair doit être tendre... surtout l'elfe... »

Son rire résonna à nouveau, malsain, et qui résonna comme un larsen à ses oreilles.

« Une elfe, rien que ça, mon bel Aldo ! Et alors...? Est-ce que sa peau est douce ? Ça donne envie d'y goûter, je te comprends... »

C'en fut trop pour Aldo, qui projeta violemment son poing en direction de la tempe de Carmina. Mais, comme dans chaque rêve, le corps est impuissant, et son mouvement ne finit pas. C'était comme s'il était purement et simplement... effacé. Il se retrouva immobile, et Carmina lui lança un regard étincelant. Désir, haine et jalousie mêlées.

« Mais l'autre, par contre... je ne te comprends pas, on dirait un homme ! Bon... elle a l'air d'avoir de jolis yeux et de belles courbes... mais je n'aime pas du tout son air. »

Aldo parvint enfin à desserrer les dents.

« Pas surprenant... elle représente tout ce que tu crains... c'est une paladine... »

L'étincelle de haine s'accrut dans le regard de la vampire, qui se mit à trembler de rage.

« Et c'est pour CA... que tu as cessé de m'appeler, dans ton sommeil ?! C'est à cause d'Elles ???? »

Elle bondit littéralement de fureur, et se jeta sur Enaelle et Ayen, qui continuaient de s'amuser sans les voir. Une indicible et indéfectible peur s'empara d'Aldo, faisant cogner son coeur dans sa poitrine, comme s'il allait exploser. L'angoisse l'étreignit d'une telle façon qu'il se sentait horriblement oppressé, suffocant presque.
Elles ne l'avaient pas vue, et Carmina progressait vers elles à une vitesse ahurissante. Aldo aurait voulu leur crier de s'enfuir, ou au moins les avertir pour qu'elles puissent, toutes deux, se défendre contre sa force incommensurable. Mais il était déjà trop tard...
~~~~~~~~~~~~~~
Un hurlement de rage et d'angoisse, et Aldo se réveilla en sursaut. La tête embrumée par la potion de la veille, la douleur dans le genou encore plus forte, il enfouit son visage dans ses mains en gémissant faiblement. Il se rappelait confusément de la dispute, du bain forcé, de la douleur de son genou, et de ses larmes... Sainte mère, comme il avait honte ! Il s'était pourtant juré...

Il n'avait plus rêvé de Carmina depuis des semaines. Et voilà que ça recommençait... il se demandait toujours s'il devait prendre ses paroles pour des vérités... l'avait-il jamais vraiment appelée dans son sommeil ? Il en doutait, lui qui la fuyait depuis douze ans maintenant. Et ce rêve venait de lui révéler une angoisse profonde... celle de la voir s'en prendre à celles qu'il aimait. Peut-être la peur de les perdre, suite à ses dernières imbécilités, avait-elle réveillé ce genre de songes atroces ?

Se rallongeant brusquement, il préféra attendre que la douleur se calme un peu avant d'espérer bouger... mais combien de temps...? Il y avait tant à faire... à construire...

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mar. 7 août 2012 à 19h22

La nuit était tombée sur la route... et Aldo n'entendait plus que le faible hennissement des montures enchainées à l'épais chêne qu'ils avaient choisis tout exprès. Errokär avait choisi le premier tour de garde et faisait les cents pas, le nez levé vers le ciel clair et ses étoiles.
Allongé sur le dos, Aldo passait sa deuxième nuit loin de sa maison et loin d'Ayen. Les mains sous la nuque, il regardait les étoiles en attendant le sommeil.

Ces derniers mois avaient été le théâtre d'une foule d'évènements... le rituel elfique et l'heureuse nouvelle... il n'existait aucun mot pour décrire le bonheur qui avait explosé dans son coeur en apprenant la grossesse d'Ayen. Il avait depuis longtemps dans le coeur cette envie, cette sorte d'instinct qui le poussait à faire mieux que Théodras, à être père. Et même s'il angoissait de reproduire les mêmes erreurs, même s'il avait peur que quelque chose finisse par clocher... il se sentait l'homme le plus comblé sur Ether.
Mais comme un intense bonheur n'arrive jamais seul, l'affiche, qu'il avait arraché de rage à Floran, cette affiche maudite ternissait tout. Comment l'Eglise pouvait-elle condamner Enaelle, qui n'avait jamais prôné que le Bien, qui malgré son sale caractère, possédait un coeur intrépide et foncièrement bon, alors que cette même Eglise laissait librement, en liberté, des vampires et des kainistes.... une telle injustice lui donnait envie de vomir.
Il faudrait bientôt trouver une solution, car l'appât du gain était souvent plus fort que l'esprit de justice chez les êtres humains... et chacun savait qu'elle vivait avec eux à Floran. Il faudrait peut-être reprendre contact avec Théodras... il soupira. Comment ternir son bonheur... quelle plaie !

Il se força de revoir le visage radieux d'Ayen et son petit ventre rond, à quatre mois de grossesse. Et dire que son fiston n'avait pas encore de nom... il aurait voulu que ce soit un fils. Il extirpa un carnet de sa poche ainsi qu'un petit fusain et regarda ce qu'il avait noté sur l'une des pages.

Kalirn, Baïan, Peleor, Dawen, Samwen, Melkior, Ehuel...

Il notait les noms qui lui venaient, comme convenu avec Ayen avant son départ. Au prochain relai, il transmettrait le bref mot qu'il avait écrit à son intention.

Ma toute belle,

Trois jours loin de toi et de notre maison, la cavalcade me semble longue... cela faisait longtemps que je n'avais plus l'habitude de courir les routes, visiblement je deviens sédentaire ! Et dire qu'autrefois c'était mon lot quotidien... comme cette période me semble lointaine ! C'est comme si j'avais totalement changé de vie, pour ma plus grande joie. Je pense constamment à toi et au petiot qui grandit, et j'espère que tout se passe bien pour toi. Fais attention en mon absence, d'accord ?
Je vais essayer de dormir, car je prend le quart de nuit après Errokär.
Je t'aime,

Aldo.

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"Oups... ça brûle un peu, je crois, non ?"

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » dim. 12 août 2012 à 11h40

Une missive parviendra au domaine Rinehart de Floran, destinée à Ayen. L'écriture en est clairement reconnaissable bien que hachée.
Ma toute belle,

Nous traversons actuellement une grande plaine, et pardonne mon écriture chaotique, j'écris sur le dos d'Eltros et cette vieille carne n'évite pas les trous sur la route, à croire qu'il le fait exprès !
Nous avons été arrêtés à la frontière d'Oren et sommes restés bloqués deux jours en attendant une autorisation de passage, car apparemment, la politique est d'abattre à vue tout étranger ne disposant pas d'un laisser-passer... il y a quelques années, j'aurais quand même tenté le coup, mais notre convoi est voyant et je ne voulais pas prendre de risque. Vingt chevaux et six poulains, ça ne passe pas inaperçu et hors de question de les épuiser en passant vite. Par contre, la taxe de passage a fait très mal à mon portefeuille...
Mais enfin, nous traversons la plaine en direction du sud. C'est long car nous cherchons les arrêts près des courts d'eau et ils sont fréquents, pour ne pas épuiser les bêtes... je les veux en pleine forme à notre arrivée.
J'ai du courir après l'étalon, Arhod, hier après midi. Il a brisé sa longe et a prit la poudre d'escampette... j'avais pas utilisé de lasso depuis quoi.. dix ans ? Quelle galère ! Ca m'a vraiment épuisé, ces bêtises ne sont plus de mon âge, vraiment. J'imagine ta tête, je sais que tu n'aimes pas quand je dis ça... ça me fait rire. Heureusement qu'Eltros est rapide et costaud, je crois bien qu'il m'aurait filé entre les doigts... résultat, j'ai du lui mettre une vieille chaîne en métal, sortie tout droit d'une des poches d'Errokär. Ce nain m'étonnera toujours.

Pas de menaces pour le convoi, pour le moment. Les nuits sont calmes et chaudes, et à part ma course folle hier après Arhod, aucun incident. Tu n'as donc pas à t'inquiéter. Je pense beaucoup à toi et à notre petite chose en formation, et j'espère que tu ne forces pas trop. N'hésite pas à demander de l'aide au palefrenier que j'ai embauché récemment. Je sais que tu ne le connais pas trop mais c'est un bon gars.

On va s'arrêter pour faire boire de l'eau aux chevaux. Tu verrais ça, c'est magnifique, ça te plairait pas mal, il y a un grand saule et une large rivière peu profonde. Je vous embrasse, toi et ton petit ventre.

Tendrement,
Aldo.

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Re: [bghumain] Aldo Rinehart

Message par Aldo » mar. 22 janvier 2013 à 14h17

Lorsque les conflits menaçaient à nouveau d'éclater entre le nord et le sud, il y avait plus de deux ans de ça, cela faisait déjà longtemps qu'Aldo n'avait plus mis les pieds à Heine. A vrai dire, ça datait déjà du moment où Edora avait été emprisonnée à Rune. En l'absence de Kroman et des têtes pensantes du Harventh Yalith, Aldo n'y mettait plus les pieds et ne recevait plus de missions. Il ne recevait donc pas de prime, et commençait à souffrir de cette situation.

C'est là que son ami Errokär lui proposa de participer à une petite affaire, bien juteuse, bien lucrative, qui lui permit d'acheter le domaine à Floran. Il put y réaliser un vieux rêve, celui d'établir un haras... auprès des deux femmes qu'il aimait. A partir de ce moment là, il ne retourna plus à Heine, et on ne réclama pas non plus sa présence, ce qui lui allait très bien, lui permettant de se consacrer tout entier à sa nouvelle vie.
Le haras prenait forme, et il ne tarda pas à le garnir de chevaux, qu'il s'employa à dresser lui-même. Les affaires promettaient d'être bonnes...

Bientôt, et grâce à des bourdes diplomatiques monumentales et dont même Aldo, pourtant néophyte en diplomatie, comprenait la portée, la guerre entre le nord et le sud sembla être sur le point d'éclater de nouveau...
Aldo craignit alors pour sa famille, car Ayen s'apprêtait à donner naissance à leur enfant ; il décida alors d'emmener la jeune elfe dans un endroit sûr et de s'y établir tous les deux. Il désirait ardemment qu'Enaelle revienne, pour les accompagner, mais il n'en fut rien, et ils étaient tous deux sans nouvelles depuis de nombreux mois... optimistes, ils préféraient penser qu'elle se cachait, car les Eglises d'Eva, d'Einhasad et de Maphr la recherchaient.
Aldo continuait d'administrer son domaine depuis leur cachette, faisant parfois des voyages jusqu'à Floran pour s'assurer de la bonne marche de son affaire. Il oublia complètement Heine et le Harventh Yalith, trop occupé par son activité et par le soin qu'il désirait apporter à sa compagne et à son enfant.

Ayant toujours des nouvelles de Dion et de Floran, Aldo entendit dire que les conflits s'étaient apaisés. Il décida alors de retourner au domaine Rinehart de Floran et de reprendre lui-même ses affaires. Il espérait qu'un jour, ils recevraient des nouvelles d'Enaelle, par n'importe quel moyen. En attendant, il n'avait pas l'intention de perdre les précieux moments qu'il vivait aux côtés d'Ayen et de leur enfant...

[MàJ Déclantage Harventh Yalith]

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