L’histoire de Jasdriane commence avec des cris…
Les cris de Dame Phaeve se faisaient entendre dans tout Sehl’Oloth, son mari, Alak Kirelarn avait décidé de suivre son bon ami Ilmnord Terenka’am sur une île, bien loin d’Elmoraden et de la vie de cité.
En effet, plusieurs groupes de sombres partirent fonder leur colonie, la natalité de leur peuple était trop basse, due à la forte présence de magie noire additionnée de la malédiction des terres sombres, Mithrael demanda à son peuple de fonder les colonies pour s'en éloigner et ainsi pouvoir accroître leur population.
Alak Kirelarn était un excellent herboriste et alchimiste, réputé dans toute la cité de Shel’Oloth, et même au-delà, c’est ceci qui décida Ilmnord Terenka’am a l’invité sur sa future île, la même île de Terramorci qui devint plus tard le siège de la maison Terenka’am, mais aussi la plus importante et prestigieuse fabrique de poisons, et c’est bien avec cette idée en tête qu’Ilmnord Terenka’am avait convié son plus fidèle ami.
Malhreusement pour Alak, la colère de sa femme était au moins aussi importante que sa beauté, c’est dire qu’elle était superbe, et que son caractère était détestable. C’est dans cette atmosphère tendue que les nouveaux habitants de Terramorci débarquèrent sur leur île.
L’humeur de Dame Phaeve empirait à mesure qu’elle découvrait les lieux, l’île était grise et triste à ses yeux, la majorité des terres étaient des marécages grouillants de plantes et d’animaux plus dangereux les uns que les autres. Sans oublier les vents déchirants qui battaient la côte sans pitié. Mais heureusement pour elle, sa morosité n’aller pas durer, loin de la magie noire et de la malédiction de Shel’Oloth, Phaeve attendu rapidement un très heureux événement, et sans sa venue sur l’île, elle n’aurait surement jamais enfanté. A partir de ce moment, Phaeve se mit à aimer l’île, mais ça ne dura pas.
Nul n’aurait cru que la tempétueuse Phaeve perdrait la vie en mettant au monde son premier enfant… Elle quitta ce monde en même temps que son enfant y entra. Et pour son époux, ce fût une déchirure plus qu’une joie que d’accueillir ce nouvel être. L’enfant fût appelé Istovir.
Les années passèrent et Alak éleva son fils au milieu de la fabrique de poison, étrange lieu pour grandir, mais son père l’éleva du mieux qu’il pu malgré sa solitude, très vite, il découvrit que son enfant avait un réel talent avec les plantes, ainsi que la confection de poison, il était destiné à suivre les traces de son père, et c’est avec une grande joie que, très tôt, Alak commença à enseigner son art à son héritier.
Malheureusement, Alak Kirelarn perdit la vie mystérieusement, alors que son fils était encore dans l’enfance. Orphelin, dépourvu de parents, le Tan’rek Tenrenka’am, en hommage à son très grand ami, adopta l’enfant et se chargea de l’élever avec son propre fils. Ainsi, bien des années plus tard, Istovir prit la tête de la fabrication de poison, et Akhym, qui était comme son frère, succéda à son père et prit le titre de Tan’Rek. Une profonde amitié liée les deux hommes qui avaient grandi et appris ensemble.
Istovir excellait au sein de la fabrique, génie du poison et des narcotiques, il passait son temps à travailler ne laissant que peu de place à sa vie privée mais il épousa tout de même une charmante jeune femme de l'île, Luasha. Comme la plupart des îliens ils se connaissaient depuis toujours et leur amour fût comme une évidence.
Luasha donna très vite naissance à une adorable petite fille prénommée Jasdriane. La petite grandit comme son père, dans le manoir de la famille Terenka’am, elle eut la chance de bénéficier de la générosité du chef de famille, Akhym, qui la confia à la même nourrice que son propre fils. La petite reçut une éducation d’excellence, mais en grandissant, elle se montra bien plus téméraire que les autres petites filles, sa passion était l’herboristerie, comme son père, très vite, elle s’aventura dans le marécage, et il devint un original terrain de jeu. La petite montra les tout premiers signes de maitrise de la magie durant l’une de ses escapades au marécage.
Durant son adolescence elle mena de front, l’étude de ses dons magiques, ainsi que l’étude de l’alchimie et l’herboristerie, assez aventureuse et dissipée, elle dût calmer ses ardeurs pour se saisir de livres et apprendre, heureusement, elle y prit goût. C’était une jeune femme qui ne prêtait pas grande attention aux garçons de son âge, bien qu’elle rencontrait un succès certain, elle n’hésitait pas à rejeter les jeunes mâles qui se montraient trop collants, son but était de se consacrer à l’apprentissage, cela seul, selon elle, lui donnerait l’opportunité de marcher dans les trâces de son père.
La vie sur l’île lui paraissait monotone, bien qu’elle participait à la fabrique et accompagnait son père dans les recherches, elle s’ennuyait le plus souvent, lasse de n’avoir jamais mise les pieds en Elmoraden, elle avait soif de découverte. Et une nouvelle allait grandement la satisfaire.
Ma chère Jasdriane
C'est avec un immense plaisir que je reprends contact avec vous, malgré les nombreuses décennies qui nous séparent de notre précédente rencontre. Je vous prie de croire en l'expression de ma plus grande considération, et vous renouvelle mes salutations, à vous, ainsi qu'à votre honorable père, qui seconda si heureusement le mien dans l'entreprise de la fabrique de Terramorci. Après force voyages et découvertes, je dois bien reconnaître qu'il y a longtemps que je n'ai plus de vos nouvelles, et, tout en souhaitant que vous vous portiez au mieux, j'en prends en me permettant une demande qui, je gage, vous paraîtra peut-être un peu cavalière.
En effet, comme vous le savez peut-être, je reprends depuis peu les affaires de mon père qui, las de tant de charges, s'est senti en devoir de me remettre son titre de Tan'Rek ainsi que son honorable fonction, ce que j'acceptai avec joie. Cependant, mon activité en la pieuse cité de Shel'Oloth se révélant plus chronophage que prévu, je me trouve quelque peu en difficulté quant au maintien des activités de la fabrique, que je dirige depuis la cité sombre. J'ai, de fait, besoin d'une personne qualifiée, apte à me seconder dans cette entreprise. C'est tout naturellement, et en souvenir de votre père qui fut un allié de choix, que je pense à vous, qui étiez, dans ma mémoire, quoique fort jeune, très prompte à apprendre et connaître les produits et les techniques de fabrication du négoce familial.
Je vous enjoins donc à me répondre, par courrier ou, s'il vous plaît de faire le déplacement, directement à Shel'Oloth.
Avec l'assurance de toute ma considération,
Veuillez agréer, Jallil, l'expression de mes salutations distinguées.
Senger Kelthar Terenka'am, Tan'Rek de Terramorci.
La jeune femme s’empressa de répondre, elle accepta sans attendre, enfin, un peu d’aventure, enfin, elle allait voir Elmoraden. Bien entendu, l’île lui manquerait, mais la curiosité était plus forte que tout. Elle rassembla le principal de ses affaires, dit au revoir à sa famille, et elle prit le premier bateau.
Ses yeux verts émeraude brillaient d’impatience alors que le navire s’approchait du port…