Marka, le 14 Vertefeuille de l'An 958
Profitant du rétablissement du réseau de passeuses entre Gevurah et le continent, une Kamaëlle contusionnée aurait visité le siège de sa hiérarchie afin de remettre trois missives scellées par de la cire. Elle les aurait remises au premier soldat croisé, avec indication de les remettre à un officier, avant de repartir pour le continent.
Rapport sur les territoires elfiques :
Hiérarques, Officiers,
Les territoires elfiques sont, comme vous le savez et comme nos anciennes cartes le décrivent très bien, enclavés.
Seuls deux véritables accès peuvent être dégagés, un par l'ouest, par la terre, et un autre par le sud, par voie fluviale.
Passer par le fleuve me semble inopportun. Certes, nos troupes pourraient rallier Cefedellen, mais leurs déplacements seraient fort limités. Il est trop risqué d'explorer le cœur des territoires elfiques, ainsi nous ne savons pas si l'Ire dispose d'engins de siège ou de troupes d'archers assez habiles pour couler nos embarcations.
Passer par la terre, par l'ouest, me semble également hasardeux. Les territoires au nord de Gludio restent contestés, et la marche serait bien longue, et donc d'autant plus dangereuse, pour faire le siège de Cefedellen.
Néanmoins, il me semble qu'une autre alternative, non conventionnelle, s'offre à nos troupes. Cette alternative nous permettrait de mettre à profit le talent de nos unités d'arbalétrières.
Lorsque la reconquête des territoires elfiques sera amorcée, je vous soumets l'idée de passer par les montagnes. Nos unités disposeraient alors d'un avantage stratégique sur nos adversaires, et nous pourrions les prendre au dépourvu.
Je me suis aventurée sur la crête marquant la frontière entre le marécage de Cruma et les terres elfiques et n'y ait pas trouvé d'éclaireurs de l'Ire. Sans doute certains doivent-ils roder dans les montagnes. Mais, ceux-là, nous pourront les éliminer en profitant tant de l'effet de surprise que de notre position avantageuse en amont de nos adversaires et des capacités de nos soldats.
Si cette idée est retenue, je suggère également d'empoisonner des points d'eau, potentiellement le Lac d'Iris qui irrigue toutes les terres elfiques, quelques jours avant le début de l'assaut. Cela permettrait d'affaiblir les troupes de l'Ire, et donc de remporter une victoire à moindre coût.
Bien entendu, je suis consciente que cette suggestion alimente des réticences. Raison pour laquelle je préconise de ne point user d'un poison létal ou qui pourrait durablement contaminer l'eau, et donc la terre. Nous pourrions tenter de développer un poison débilitant. Le printemps nous accueillant, il nous est loisible de cultiver puis récolter quelque plante pour en déterminer les effets.
K2-00791-F
Rapport sur les territoires sombres :
Hiérarques, Officiers,
Je n'ai, pour l'heure, que peu exploré les territoires sombres. Ma dernière incursion sur ces terres, à la recherche de l'école des arts occultes mentionnée dans nos archives, ayant manqué de peu de se solder par un arrêt brutal de mon existence.
Pour l'heure, je ne peux qu'affirmer que l'Ire est bien implantée sur ces terres, et que rallier Shel'Oloth me semble, à ce jour, une entreprise risquée. Une conquête par la terre impliquerait un long voyage, avec potentiellement deux fronts à tenir si les représentants de l'Ire présents sur les terres elfiques sortaient de leur enclave au moment de la reconquête, à défaut d'avoir été pacifiés, ou empoisonnés, préalablement.
Une approche par l'océan parait plus aisée, et permettrait de déployer nos troupes à proximité directe de Shel'Oloth. Néanmoins, procéder de la sorte présente trop de risques à l'heure actuelle, la garnison de Shel'Oloth restant inconnue.
K2-00791-F
Demande de réédition de papiers militaires et d'indication de rang :
Hiérarques, Officiers,
K2-09872-M m'aura sans doute devancée pour vous relater les événements ayant entaché ma précédente remise de rapport.
Néanmoins, peut-être a-t-il omis de vous indiquer que j'ai argué de mon rang, que j'ignore en réalité, pour canaliser ses errements. Je tairai ceux-ci afin d'éviter de jeter le discrédit sur ce soldat dont le défaut de compétence ne vous aura point échappé.
Du reste, lors de ma dernière intrusion en territoires sous domination de l'Ire, afin d'explorer l'école des arts occultes, j'ai été acculée par l'Ire et fus contrainte d'y laisser quelques plumes, ainsi qu'une bonne part de mes équipements dont mon passeport martial.
Je suis bien consciente de mes excès et du manque de déférence dont je fais souvent preuve. Néanmoins, je ne peux que noter la confiance que vous avez placé en mon existence, considération prise de la liberté que vous me laissez dans l'organisation de ma mission qui, convenez-en, et ne voyez-là aucune volonté séditieuse, est en réalité bien semblable à une carte blanche : "Explorez le continent. Cartographiez. Réfléchissez. Informez-nous". En somme, ne m'adonner à rien d'autres que les quelques passions donnant sens à mon existence, sinon vous informer. J'ai bien conscience de mes lacunes sur ce point et m’attelle, comme vous pouvez le constater, à vous informer de manière plus fréquente.
Veuillez bien croire en ma dévotion dans l'accomplissement de ma mission, elle-même quête propre à mon existence. Soyez également assurés de ma complète loyauté à Gevurah.
Ainsi, Hiérarques, Officiers, pouvez-vous rééditer mes papiers d'identification, et y faire figurer mon rang ? Je m'engage à ne point égarer mes identifiants à nouveau et, dans la mesure de mes passions, à ne point abuser du rang que vous voudrez bien me concéder, sinon pour faire respecter l'ordre étant cher à chacun de nos congénères.
K2-00791-F