Missive au Gouverneur Elion

[Archein]

Lettre remise par coursier en main propre au Gouverneur Elion.

Gouverneur,

Votre dernière envoyée s'est surpassée. Passées les courbettes un peu trop hypocrites, je ne m'attendais pas à devoir faire de la politique entre vous et moi, par émissaire interposé.

Vous avez envoyé Lorelei soit disant pour nous aider, elle s'est en réalité dévoilée juge et juré, usant de sa petite expérience sur le terrain du bourbier dans lequel les innommés sont en compagnie de la légion azure pour sous entendre qu'on était mauvais et qu'on ne savait pas gérer une ville. Elle a très vite mis en pratique les "pleins pouvoirs" que vous lui avez soit disant accordé.

Mauvais, c'est sur nous le sommes. Surtout quand on commence à nous critiquer sans réellement nous connaître. Sur pleins de choses c'est sur nous sommes des bras cassés, mais je vais vous rappeler quelques détails...

• On n'est pas des politiciens.

• On n'est pas dans le système préfectoral, ni de près ou de loin dans les clous de la régence.

• On n'est pas dans votre protocole militaire, religieux ou impérialiste.

• On est d'en bas de l'échelle.

• C'est donc normal qu'on soit mauvais sur certains points.

• C'est vous qui nous avez donné autant d'influence et d'autorité en cas d'absence d'un gradé.

• C'est aussi vous qui nous avez proposé de vous décharger de la gestion de Giran et autres dérivés.

Nous excellons sur d'autres points cependant, et le suivant tout en particulier. Nous refusons de nous faire gerber sur les bottes par de parfaits inconnus qui croient tout savoir sur nous après juste quelques échanges verbaux.

Il a été question de remettre les clés de Giran ou non, et au final notre choix semble futile puisque la sombre a décidé de nous retirer la ville juste par son simple souhait. Il faut dire qu'elle s'est faite un peu bousculer, mais avec de bonnes raisons.

Les innommés ont risqué leur vie bien assez de fois pour l'ouest pour qu'on évite de leur souffler qu'ils font de la merde au premier rencart. Dorénavant si des ententes cordiales amènent autant de déconvenues, on ne traitera plus qu'avec vous ou le capitaine Alaric, et les autres se feront envoyer paître. Les pertes de temps pour recadrage, ça commence à bien faire... nous n'avons pas à travailler avec des individus qui nous remettent en question. C'était la dernière fois.

Que les choses soient claires, je ne remets pas en question votre autorité, Gouverneur, par contre la sienne oui. Elle n'aura aucune légitimité chez les innommés. Puisqu'elle a les pleins pouvoirs, si c'est réellement le cas et vu son choix, je vous remettrai les clés de la ville en personne, et à vous uniquement. En attendant, je reste aux commandes.

Par contre si vous légitimez son choix, vous vous passerez de nos services pour tous les points qui suivent :

• L'entente avec les scientifiques Kamael pour la recherche contre le mal sombre.

• L'entente avec la délégation Kamael pour la recherche sur les toiles.

• L'entente avec les orcs et mahums des territoires sombres et elfiques.

• La gestion des troupes de la légion et des aides de camp à chacun de vos appels à l'aide.

• La gestion de vos cultures autour d'Althéna et de Gludio.

• La gestion des convois de nourriture depuis Cerulys et Heine.

• La gestion des convois de nourriture depuis Floran.

• La gestion des malades de Dion et leur rapatriement sur Gludin.

• Le renfort de la garnison de Dion et la gestion des rondes des gardes pour contenir une éventuelle révolte.

• Notre participation au conseil de Cerulys.

• Les négociations avec la guilde Vernalis pour le chantier d'habitations au port de Gludin.

• Toute éventuelle nouvelle négociation diplomatique.

• La formation de vos nouvelles recrues par notre maitre d'armes.

• Les mouvements de cristaux essentiels pour réparer la branche Sud.

• Les "autres" problèmes qui doivent être traités en dehors de l'ire bestiale et du néant. Exemple Laëb.

Tous ces points, on est pas payés pour s'en occuper à la base. Mes gars et moi on fait le boulot, et on nous chie dans les bottes dès que possible. C'est peut être un peu normal que je m'emporte ? Si on fait de la merde pour Giran parce qu'on est mauvais, on est aussi mauvais pour tous ces points cités plus haut. Autant en finir avec ça.

Donc soit vous mettez les choses au clair de votre côté une bonne fois pour toute, soit on redevient de simples portes étendards et on ira trancher de l'ire bestiale à la demande pour toucher notre solde, point barre.

Les empêcheurs de tourner en rond, les culs pincés, les zélés, les égocentriques et j'en passe, on a pas le temps pour ça.

Les innommés ont déjà assez de leurs fortes têtes à gérer en interne, on va pas non plus se payer celles de la légion ou du conclave.

Dans l'attente de vous lire, ou de vous rencontrer.

Enguéran Merkiz, dit la lance d'argent.
Commandant des Innommés.

[Valens]

Du Gouverneur de l'Ouest,
Au Commandant des Innommés.

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Commandant Enguéran,

Vous ai-je seulement jamais insulté ? Ai-je jamais remis en question la compétence de ce groupe ? Pourquoi croyez-vous que je m'évertue à faire de vous une nouvelle génération de décideurs ? Parce que vous m'êtes sympathiques ? Certainement pas. Mais je crois en vous depuis le début, et ce contre l'avis de mes propres conseillers. Alors, de grâce, épargnons-nous ces sensibleries.

Si j'ai envoyé Lorelei à vos côtés, c'est avant tout pour qu'elle porte ma voix au sein des Innommés parce que je ne peux être sur tous les fronts. Je vais être très clair, j'entendais, et entends toujours, qu'elle vous confie l'autorité pleine sur les cités du Sud, au même titre qu'un préfet, pour que vous puissiez prendre toutes les dispositions nécessaires à leur redressement. Et je tiens à préciser, que vous seriez évidemment restés sous l'autorité du gouvernement de l'Ouest, c'est-à-dire la mienne.

Cela étant, il semble que d'un côté comme de l'autre la rupture soit consommée. Je suis particulièrement surpris, et déçu, par la tournure qu'ont pris vos interactions ; Lorelei étant pourtant connue pour sa douceur et sa patience. J'ignore le fond des échanges, mais je ne peux m'empêcher de constater que vous n'avez donné aucune chance à la relation naissante.

Je vous propose, et n'aurai aucune autre proposition en réserve, que l'on s'en tienne à mon plan, à savoir formaliser votre autorité sur Giran et vous confier progressivement l'autorité sur Heine et Cérulys. Il est toutefois une condition qu'il faudra accepter, c'est de prendre sur vous, d'un côté comme de l'autre, et réintégrer Lorelei à cette dynamique. Elle est là pour vous épauler, vous faciliter les choses dans la mission qui est la vôtre, ce n'est pas votre ennemie. Nous n'avons qu'un seul ennemi.

Enfin, j'aimerais conclure sur un point qui m'apparaît déterminant et que je ne veux plus revoir apparaître dans nos interactions. Vous faites un excellent travail, c'est la raison qui me pousse à vous en proposer toujours davantage. Si vous considérez que ces services que vous rendez à l'Ouest sont une sorte de bénévolat insupportable et qu'ils font de nous vos obligés ; vous pouvez partir. Vous ne voulez pas de l'autorité et du rôle de premier plan qu'on souhaite vous donner pour récompenser les plus méritants, vous prenez ces honneurs comme des fardeaux ? Je le comprends, et bien il n'appartient qu'à ceux que l'affaire dérange de reprendre le chemin de leurs élevages dans la quiétude illusoire de l'Ouest en attendant que le monde vienne les chercher.

J'espère recevoir une réponse positive et que nous pourrons maintenir notre précieuse collaboration. Et quand vous vous sentez insultés comme Innommés, rappelez-vous que c'est d'abord moi qu'on insulte. Ce groupe, c'est moi, seul, qui ai souhaité le créer.

Sceau de l'Ouest

Élion.

[Archein]

*Réponse au Gouverneur.*

Gouverneur,

Je connaissais quelque peu votre réponse par avance. Je n'ai pas vraiment compris pourquoi on nous a mis en porte à faux sur la gestion de Giran si vous pensez que nous en sommes capables. Je ne pouvais cependant pas rester passif sur certaines paroles de Lorelei. Le doute m'est permis quand c'est un représentant officiel d'Elion qui nous remet en question.

Cela provient peut être du fait que certains d'entre nous doutent de leurs propres capacités vu leurs origines où leur métier. Comme nous sommes un groupe basé sur vote majoritaire, je me dois d'écouter et peser le pour et le contre de chaque argument présenté.

Cependant, refuser de tenter de faire de notre mieux pour les tâches que vous nous confiez serait trahir votre confiance. Nous continuerons donc ce que nous avons commencé à vos côtés. Nous sommes partis du mauvais pied avec votre envoyée, nous retenterons.

Il n'y a pas de rupture, les choses sont mises au clair et c'est bien ce que j'attendais. Vos derniers mots sont lourds de sens, nous nous en montrerons dignes.

Enguéran.