[BG Humain] Cleoria Linven

BGs validés des joueurs

Modérateurs : Conseillères, Admins et GMs

Avatar de l’utilisateur
Eriengaal
Spirit of Andras, the Betrayer
Messages : 312
Inscription : lun. 6 juillet 2009 à 01h45
Personnages : Désormais :
Cleoria Linven
Valdian
Jodian Annise
Llornek
Lodyl Athael
Liarvet Boneforêt


Au revoir et merci :
Chevalier Syriac De Lodyl
Iluna
Sijil
Mesnar
Akryssal
Ser Kyon Athael.,
Selkirk le Rouge
Ulinel
Liendl

[BG Humain] Cleoria Linven

Message par Eriengaal » sam. 5 décembre 2020 à 02h09

Image

Nom : Linven
Prénom : Cléoria
Titre : Compagnon
Age : 21 ans
Sexe : Femme
Race : Humaine


Métier : Apprentie d'un chevalier.
Compétences :

Martiales : Depuis ses 13 ans, elle a été recueillie par les membres d'un ordre de chevalerie en mission sur Hyralia, elle et son jeune frère Zahel. Devenue Page, puis écuyère de Ser Hiroen, elle a été rompue au maniement des lames et du bouclier, ainsi que des armes contondantes.
Magie : C'est une guerrière.
Social : Les chevaliers lui ont appris l'étiquette, mais elle n'était pas destinée à cette vie, et commet quelques impairs de temps à autre, en dépit de ses efforts.

Alignement : Neutre bon
Guilde : Compagnon de l'Ordre de Chevalerie d'Hyralia
Langues parlées : Commun uniquement. Elle sait reconnaître les autres langues, mais ne sauraient les comprendre.

Description physique:Haute de six pieds, sa silhouette musculeuse ne laisse que peu de doutes quant à son enseignement martial passé. Elle n'en conserve pas moins une grande part de féminité, et proprement apprêtée, pourrait tout à fait être considérée comme une belle femme, bien que ses yeux verts et son visage expriment parfois une certaine dureté, ses traits dans l'ensemble ont bénéficié de la générosité de la nature. Le fait est qu'elle ne prend pas excessivement soin d'elle, elle n'a pas grandi avec des filles, mais avec des guerriers, des Chevaliers, des hommes d'arme, furent certains d'entre eux des femmes. Aussi son comportement peut-il sembler dur, venant d'une femme plus particulièrement, mais elle sait jouer de son genre quand la situation l'y oblige. Elle est blonde, les cheveux coupés mi-longs, tirés en arrière, avec une petite queue de rat se balançant dans son dos. Naturellement, elle a une tendance à se balader en armure lourde, mais celle que lui avait offerte Hiroen a été emporté par les flots lors du naufrage du bateau.

Description mentale: Cleoria est une enfant qui a été forcée de grandir trop vite, comme beaucoup en les temps difficiles traversés par les mortels récemment. Après une enfance heureuse sur la côte sud d'Hyralia, elle a assisté au meurtre de ses parents par des esclavagistes du nord, puis a été emmenée avec son petit frère pour être vendue comme esclave. Elle en garde une haine farouche des marchands d'esclaves et de ceux qui s'en procurent. Après trois ans de servitude, elle est libérée, ainsi que son petit frère, par une troupe de chevaliers qu'elle prend de prime abord pour des ennemis. Malheureusement, la santé de son petit frère s'est grandement détériorée, et malgré les efforts de leurs libérateurs pour le sauver, il périra à son tour après quelques semaines de liberté. Elle ne s'en remettra jamais. Sa rencontre avec le petit garçon enlevé en même temps qu'elle agit comme une madeleine de Proust sur elle, et elle se voit inconsciemment sauver son petit frère au travers de cet enfant qu'elle prend forcément en affection. Cleoria est motivée par sa survie, avant tout autre chose, et elle a appris à ses dépens que tout ce qu'elle avait, elle pouvait le perdre. Elle n'accorde pas sa confiance facilement, mais n'hésitera pas à la feindre si elle pense que cela peut lui permettre d'atteindre ses objectifs, ou d'assurer sa sécurité ou celle des siens.

Situation financière : Subventionnée.
Comportement social : Pas vraiment la meuf que tu vas appeler pour lancer une chenille pendant un mariage, mais elle sait feindre d'être ce que son interlocuteur la croit être.
Type d’éducation reçue : Militaire.
Influence : Faible, et uniquement due aux connexions de ses supérieurs en Althena.
Pensée politique : C'est antinomique. Elle est contre l'esclavage, et la ségrégation des fois.
Croyances : Elle sait l'existence des Dieux, et a grandi avec des êtres aux fois opposées. On lui a appris que le mal pouvait être à l'origine du bien, comme la mort aide la vie. Elle est humble devant les dieux et n'oublie pas sa condition de simple mortelle.
Relations extérieures :

Elfes : Bonne
Humains : Bonne
Kamaels : Bonne
Nains : Bonne
Orcs : Bonne
Sombres :Bonne
Dernière modification par Eriengaal le dim. 6 décembre 2020 à 01h15, modifié 1 fois.
[Veuillez mettre ici une citation de votre choix, si possible d'un auteur célèbre, qui vous fera voir en moi un garçon cultivé, pertinent, drôle et un poil rebelle]

Avatar de l’utilisateur
Eriengaal
Spirit of Andras, the Betrayer
Messages : 312
Inscription : lun. 6 juillet 2009 à 01h45
Personnages : Désormais :
Cleoria Linven
Valdian
Jodian Annise
Llornek
Lodyl Athael
Liarvet Boneforêt


Au revoir et merci :
Chevalier Syriac De Lodyl
Iluna
Sijil
Mesnar
Akryssal
Ser Kyon Athael.,
Selkirk le Rouge
Ulinel
Liendl

Re: [BG Humain] Cleoria Linven

Message par Eriengaal » sam. 5 décembre 2020 à 02h09

Le souffle court, elle se hissa péniblement sur ses genoux et ses paumes, ses cheveux blonds pointant le sol d'un doigt salin. Son nez la brûlait, et comme elle expulsa l'eau de mer qui embrasait ses sinus, elle distingua que le liquide ainsi évacué était teinté de rouge. Comme elle allait maugréer, le ressac lui renvoya la tête sous l'eau, noyant sa trachée sous ce flot gorgé de sel que son corps régurgita sitôt qu'elle parvînt, dans un énième effort, à émerger une nouvelle fois son visage. 
Trémulant et vacillant, elle rampa à grand-peine jusqu'à cette plage de sable sale où se disputaient aux marchandises échouées les débris de L'Attentive, à bord de laquelle naviguait encore Cleoria une petite heure plus tôt. 
Affalée sur le sable, la jeune femme s'étouffa pendant plusieurs minutes, expectorant l'eau de mer qui s'était invitée dans ses bronches et le sable malencontreusement inspiré en voulant recouvrer son souffle trop vite. La douleur faisait ruisseler de ses yeux rougis des larmes chaudes qui se confondaient avec l'eau saline sur son visage, ne se trahissant que par le léger sillon qu'elles creusaient au milieu du sable collé par l'humidité sur ses joues. 
Des acouphènes l'assourdissaient au point qu'elle percevait à peine la berceuse du ressac, souffrant à entendre même ses propres halètements, ceux-ci même qui, à cet instant, mettaient le feu à sa poitrine. Elle se retourna, pour faire face au ciel bleu, à ce soleil éclatant, et si l'once du doute l'avait jamais effleurée, non, ce n'était pas le gros temps qui avait coulé L'Attentive. Cette position la faisait souffrir, aussi se laissa-t-elle vite aller sur le côté, se lovant en position fœtale, les bras recroquevillés sur son ventre. 
Tout son corps lui donnait envie de hurler de douleur, et pourtant, elle n'avait presque aucune blessure apparente, des plaies superficielles, sans doute quelques hématomes, mais a priori, rien qui puisse mettre sa vie en péril, et définitivement rien de pire que ce qu'elle avait eu à affronter lors de son apprentissage. Sa tête vibrait encore de l'explosion qui avait éventré L'Attentive, alors même que la jeune femme avait cru, enfin, pouvoir accéder à un peu de repos. Le craquement assourdissant du bois avait eu lieu dans une cabine voisine de celle que, luxe suprême, le Chevalier Hiroen de Lompeac lui avait offerte pour cette mission, sa toute première en tant que compagnon. Bien vite, l'eau avait fait exploser le bois séparant les modestes pièces, projetant la jeune femme et sa couche contre le mur. Étourdie par ce réveil, elle parvînt tout de même à sortir la tête de l'eau pour agripper le barrot qui dominait sa cabine. Il n'est rien qu'elle eût le temps de prendre : ni son armure, ni même son épée, pas plus que le modeste pécule confié par Hiroen pour son périple, tout fut emporté par les flots. 
Comment elle était sortie de la coque, ce qui l'avait heurté à la tête, tout cela était encore trop flou pour l'instant. Et au plus elle essayait de se rappeler, au plus elle sentait son esprit s'embrumer. 

Tout juste eut-elle le temps de maugréer un "Chienne de vie..." qu'elle se sentit partir...



___________________________________________________________________________



Sa vue était trouble, et son esprit encore brumeux, mais le froid de la roche sur laquelle son visage était appuyé la réveillait peu à peu. Les voix, distantes et légèrement feutrées, se manifestaient par de grands éclats rires gras et chaleureux. Peu à peu, Cleoria recouvrait ses esprits. Si le sol était froid, elle ne grelottait plus, et l'odeur de fumée ambiante lui confirma la présence d'un feu dans la pièce. Elle plissa les yeux, s'efforça de faire le point. Elle était encore sonnée, et sa tête la lançait continuellement, mais plusieurs faits ne laissaient aucune place au doute : d'une part, sa joue collée au sol orientait son visage vers un mur de roche irrégulier, et d'autre part, et ses mains et ses pieds étaient liés. Rien qui ne présage d'une suite agréable. Les liens qui entravaient ses membres étaient serrés fermement, il faudrait une lame acérée à proximité pour sectionner cette corde épaisse, sans doute de la corde de bateau. En fond, elle entendait le bruit du ressac, ce qui signifiait qu'elle devait toujours se trouver à proximité de l'endroit où l'Attentive s'était échouée, tout du moins était-elle toujours près de la mer. Elle décida d'essayer de tourner la tête pour voir d'où venaient les deux voix d'hommes qu'elle entendait depuis quelques minutes. Elle ne percevait pas vraiment le sujet de leur discussion, mais il y était manifestement question de prendre la mer, et d'une cargaison.
Des contrebandiers, sans doute.
Cleoria roula lentement son visage sur le sol, et comprit qu'elle se trouvait non pas dans une bâtisse comme elle le crut dans un premier temps, mais dans une sorte de caverne, faisant probablement face à la mer, à en juger par le râle persévérant des vagues dans le lointain. La lumière forte de ce ciel, bleu à en être offensant, tranchait avec l'obscurité ambiante, pourtant quelque chose semblait empêcher l'éblouissant jour de l'aveugler. Une autre personne se tenait allongée, près d'elle, les yeux grand ouverts et mouillés de larmes. Un enfant. En dépit de la pénombre ambiante, Cleoria distingua des yeux marrons sous une frange de cheveux châtains, des yeux marrons empreints de terreur, et des lèvres mordues pour retenir les sanglots. Le reflet de la morve lui parvint, de même que les larmes, mais l'enfant ne faisait pas un bruit. Il lui faisait face, et sa tignasse collée par le sel attestait qu'il avait probablement survécu au naufrage, tout comme elle. Ses mains étaient attachées dans son dos, mais elle nota que ses pieds demeuraient sans entrave, sans doute les ravisseurs avaient-ils estimé qu'un enfant ne courrait sans doute pas bien longtemps face à un adulte. Son visage tuméfié, quant à lui, témoignait d'un tout autre traitement.
Cleoria se recroquevilla, pivota pour appuyer son dos contre la paroi de la caverne, et se laissa aller à un sanglot, à son tour. Elle était là, pouilleuse, dans cette tunique beige sale, ses cheveux collés par le sel et le sang, ligotée, prisonnière et dépourvue.

"Eh ben, la princesse s'est réveillée apparemment."

Un des deux hommes s'était retourné, et il se levait à présent. Ses fringues déguenillées laissait supposer un homme du peuple, et sa longue barbe drue évoquait davantage un marginal ou un vagabond qu'un vrai bandit. Il était grand et élancé, sec à en faire deviner les côtes, ses sourcils épais durcissant un regard bleu azur. En le voyant approcher, les larmes de la jeune femme se firent plus sonores.

"Garde tes larmes, ma jolie. Nous sommes des gentilshommes, mon ami et moi. Nous ne te ferons aucun mal. Tant que tu nous obéis bien sagement."

Les trémulations de Cleoria n'en prirent que plus d'ampleur, et le regard de l'enfant au sol se détourna du visage de l'adulte vers le sol, dépité. L'homme se trouvait à présent au dessus d'elle, et l'autre n'avait pas quitté la chaleur du foyer au dessus duquel grillait une viande quelconque, au parfum âcre et dérangeant, mais qui suscitait malgré tout l'intérêt de la jeune femme.
"Si tu essaies de t'enfuir, si tu cherches à nous duper, tu seras punie. Comme le petit con affalé à tes pieds."
Il désigna d'un coup de pied dans le ventre l'enfant qui regardait la jeune femme quelques minutes plus tôt. Le choc fit sursauter la naufragée, qui explosa de plus belle en sanglots. L'enfant, quant à lui, poussa un cri bref, et se poussa avec les pieds jusqu'au côté opposé de la caverne, glissant sur ses fesses. Sa petite mèche tomba devant son regard, cachant sa joue gonflée.
Son ravisseur passa la main sur la joue de Cleoria.
"Et tu n'as pas envie d'être punie, pas vrai ?"
Entre deux sanglots, Cleoria parvînt à secouer sèchement la tête plusieurs fois d'affilée. L'haleine de l'homme était chargée par la mauvaise bière, et sa chaleur témoignait d'un repas à demi-consommé.
"... tu as faim ?"
La proposition surprit Cleoria, qui posa ses yeux craintifs dans ceux de ce ravisseur qui lui faisait face. Ses yeux étaient très clairs, et bien que négligé, son sourire charmeur et son regard doux faisaient de lui un bel homme. Des mèches de cheveux bruns secs balayaient son front comme il la questionnait du regard. Elle entrouvrit la bouche pour formuler une réponse, mais ne parvînt qu'à secouer la tête de droite à gauche.
"Tu es sûre ?"
Semblant toujours fascinée par le regard de cet homme, elle opina du chef et articula difficilement un :
"Merci..."
L'étranger se fendit à nouveau d'un sourire, et se releva lentement, suivi des yeux comme son ombre par les yeux verts de Cleoria.
"Faudrait peut-être voir à pas engraisser la marchandise, Sabir."
Le deuxième homme s'était relevé, surplombant à présent le feu, et époussetait à présent sa vieille tunique. Comme l'autre était beau, celui-ci était laid. Son ventre gonflé semblait un fardeau pour son petit corps qui peinait à se tenir droit, son nez plat et large semblait avoir été enfoncé dans son crâne voilà des lustres, ses yeux tombants et écartés confinaient à la bêtise sous un front parsemé de mèches de cheveux gras.
Le regard fasciné de Cleoria recouvra sa crainte d'antan, interrogeant les yeux de Sabir du regard.
"Il y a des hommes qui paieraient très cher pour la compagnie d'une jeune femme comme toi, et jolie de surcroît. Ce n'est pas personnel, tu comprends ? Vous pouvez nous rapporter beaucoup d'argent tous les deux."
La lèvre inférieure de Cleoria tremblait déjà, retenant, semble-t-il, avec toutes les peines du monde des larmes, mais ses yeux glissèrent vers l'enfant roulé en boule de l'autre côté de la pièce.
"... tous les deux...?"
La voix calme de Sabir répondit dans un souffle:
"Il y a des hommes qui paieraient aussi très cher pour lui."
Le visage de Sabir ne dégageait pas d'émotion particulière, il avait le mérite de la franchise, et ne semblait pas perturbé par les vérités qu'il énonçait.
"Tu as quel âge ?"
Cleoria resta interdite, son regard triste semblant ne pas comprendre. Sabir prit le menton de la jolie blonde entre son pouce et son index, rapprocha son visage, et la fixa dans les yeux, avant de reposer la question, sans plus d'intonation :
"Tu as quel âge ?"
À grand-peine, la jeune fille finit par parvenir à articuler :
"... 21 ans."
Sabir jeta un coup d’œil derrière lui, et échangea un regard avec l'autre homme. Il revînt sur sa captive.
"Tu es vierge ?"
La bouche de la marchandise s'entrouvrit, puis elle planta son regard amande dans le regard azur et secoua très lentement la tête. Sabir en sembla légèrement décontenancé.
L'autre laissa échapper un râle de désapprobation, puis s'emporta :
"Bordel ! On aurait pas pu avoir de la chance, pour une fois ! Fallait encore qu'on tombe sur une putain ! Tu sais combien ça vaut une vierge ?"
"Calme-toi, Lartus. T'es ridicule."
La voix de Sabir avait été sèche, et ne laissait pas place à la moindre réponse.
"Nos amis viendront vous chercher demain matin. Tiens-toi sage juste quelques heures, et tout ira bien. Demain, vous embarquerez vers Hyralia et une nouvelle vie."
À l'énoncé du continent, Cleoria ne put s'empêcher de hoqueter un cri d'effroi, puis s'effondra en sanglots, une nouvelle fois.
"Pas Hyralia, pitié ! Je vous en prie, tout, mais pas Hyralia ! Gardez-moi ici, avec vous, je ferai tout ce que vous voulez, je serai votre esclave, je sais cuisiner, je pourrai me rendre utile, je serai une bonne maîtresse de maison. Je vous appartiendrai, corps et âme, mais ne me renvoyez pas pas à Hyralia, je vous en supplie ! Je serai à vous..."
Le regard de Sabir était amusé à présent, son sourire avait quelque chose de finassier. C'est à ce moment que l'enfant, qui s'était fait oublier, bondit et se rua vers la sortie, prenant au dépourvu les deux ravisseurs. Il fonça la tête la première dans Lartus qui chancela et tomba sur le feu en hurlant, puis se roula sur le sol. Cleoria vit alors Sabir se retourner et courir vers l'entrée de la caverne, alors que l'enfant en était déjà sorti. L'homme détacha d'un geste preste un bolas de sa ceinture, et, arrivé sur le seuil de leur refuge, s'arrêta pour viser, puis lança son piège en direction du jeune garçon. Le cri plaintif, et les pleurs qui s'en suivirent ne laissaient guère de doutes quant à l'adresse dont avait fait preuve le bandit. Celui-ci se retourna, fouilla dans une besace posée là négligemment et lança quelque chose sur le petit gros, qui se remettait tout juste de ses émotions, et éructa :
"Ce petit con a pas compris la première fois, cette fois-ci, tu me le fouettes jusqu'au sang ! Si c'est un aveugle qui l'achète, je veux qu'il puisse le reconnaître rien qu'en caressant son dos, je me suis bien fait comprendre ? Tu penses que tu es capable de faire ça ?"
Lartus était toujours affalé par terre, fulminant et insultant, mais s'interrompit pour acquiescer :
"Crois-moi ; il va s'en souvenir ! Je vais lui passer l'envie de filer, moi !"
Sabir se retourna vers Cleoria, qui tremblait à présent de tout son être, puis, sans adresser un regard à son complice, articula :
"Et surtout... prends ton temps. Je ne veux pas te voir rentrer avant que je vienne te chercher."
Lartus se releva, épousseta les cendres de sa tenue, puis sortit sans un mot. Sabir s'approcha de sa prisonnière, roulée en boule contre la paroi, qui répétait en boucle, entre deux pleurs, "J'ai rien fait... j'ai rien fait...".
La voix chaude et placide de l'homme tenta de la rassurer :
"Je le sais bien, tu es une gentille fille."
Il délaça ses chausses en s'approchant d'elle. Elle se laissa aller sur le dos, son mouvement toujours gêné par ses mains nouées derrière elle. Il posa la main sur son mollet gauche et lui embrassa la jambe. Elle tremblait un peu. Il défit le nœud qui entravait ses jambes, qu'elle écarta très délicatement. Dehors, résonnaient les claquements du fouet manié par Lartus sur l'enfant. L'homme en se penchant au dessus d'elle, put voir une larme sur la joue de sa proie, rouler lentement vers le sang séché dans ses cheveux. Il regarda celle qui s'offrait à lui. C'était un joli brin de fille, avec de longues jambes peu couvertes. Le naufrage l'avait probablement surprise au coucher.
Comme il arrivait au dessus d'elle, la jambe gauche de la jeune femme fut la première à bouger. Le genou lui heurta si violemment la mâchoire qu'il la sentit en un instant se remplir de sang. Sans qu'il sut dire comment, en un instant, le membre laissé libre se replia autour de son cou, soudain prisonnier entre ce mollet ferme qu'il embrassait encore voici une seconde et cette cuisse musclée qu'il envisageait déjà. La jeune femme prit appui sur le corps viril, les bras toujours noués dans le dos, et en une seconde, elle était assise sur lui, son étreinte se faisant plus forte à chaque instant. Il tenta d'appeler, mais la pression ne lui permit que de perdre un peu de l'oxygène qui lui restait. Il tenta de la frapper, mais ses coups étaient bien faibles dans cette position, et le regard amande de la jeune femme, soudainement dur et froid, devint le refuge d'une supplique pour un regard d'azur qui se troublait progressivement.
Cleoria desserra légèrement son étreinte, l'espace de quelques secondes, elle plongea ses beaux yeux verts dans ceux de son ravisseur, et prononça les derniers mots qu'il entendit :

"La vie m'a appris qu'il est deux choses qu'un homme est prêt à croire venant d'une femme : la première, c'est qu'elle est faible. La seconde, c'est qu'elle est attirée par lui."

Sabir se débattit encore quelques instants, puis la vie quitta son corps. Cleoria roula sur le côté, et se contorsionna pour passer son postérieur et ses jambes entre ses bras, toujours retenus. Au dehors, pleurs et cris s'essoufflaient peu à peu sous les coups de fouet qui sifflaient encore dans l'air. Uniquement vêtue de sa tunique, les jambes et les pieds nus, Cleoria se glissa comme un chat vers la sortie, fit halte à proximité du feu, et se saisit d'une bûche en partie épargnée par les flammes. Elle tenta dans un premier temps de brûler la corde épaisse qui entourait ses poignets, puis se ravisa, face aux incessants claquements du fouet. Le soleil trônait haut dans le ciel, insouciant témoin du martyr d'un enfant. C'était une belle journée, pour tous les autres. Lartus fouettait l'enfant à même le sable. Elle eut le temps de voir du rouge, partout, sur la tunique déchirée, avant d'atteindre le dos du bourreau. En heurtant l'arrière du crâne du petit homme, la bûche éclata en une myriade d'étincelles, que l'acolyte de Sabir n'eut pas l'occasion de voir en s'affaissant. Il ne se retourna, gémissant et tenant son crane ensanglanté, que pour voir la bûche incandescente fondre sur son visage.
Cleoria se retourna vers l'enfant, s'agenouilla auprès de lui. Il n'était pas évanoui, mais la douleur avait embrumé son esprit. Il leva un regard hagard, mais terrifié sur celle qui venait de mettre fin à son supplice. Elle retint ses élans d'émotion et articula calmement :
"Tu es un petit garçon très courageux. Tu as bien agi, là-bas. C'est toi qui nous as sauvés, tous les deux."
Le petit garçon s'essaya à un sourire qui s'estompa tout aussi vite sous l'effet de la souffrance. De plus près, son corps entier, son dos, ses jambes, ses bras étaient couverts de lacérations. Cleoria s'en voulait d'avoir été aussi impuissante. C'est elle qui aurait du subir le fouet. Mais rien n'aurait alors pu les sauver de leur destin.
Elle prit les petites mains blessées entre ses mains entravées, et dissimula maladroitement ses émotions en chuchotant :
"Je vais prendre soin de toi. Je suis tellement désolée. Je te promets de tout faire pour que tu guérisses. Comment t'appelles-tu ?"
L'enfant tenta d'articuler un mot dans une bulle de sang, mais sa conscience le délaissa. Cleoria laissa s'échapper une larme rageuse, baissa la tête, puis abandonna le petit être à son repos, levant enfin le nez pour observer les alentours. La plage n'était distante que d'une trentaine de mètres, et pourtant, l'entrée de la caverne offrait un par-terre d'herbe verte à peine ternie par le jaune du sable. L'ombre d'un chêne zéen couvrait même à cette heure la bouche du refuge. Elle s'y dirigea, recouvrant la fraîcheur de l'abri, en dépit des faibles braises ayant survécu à l'atterrissage de Lartus. Rien d'exploitable pour se défaire de ces liens toutefois. Le coutelas qu'elle trouva dans la besace qui abritait le fouet, en revanche, devait s'avérer bien plus exploitable, allié à un peu de patience, et beaucoup d'insistance. Elle s'agenouilla, plaça le manche entre ses genoux, le fil de la lame face à elle, et entama son travail de sape sur ses liens. La tâche lui prit dix bonnes minutes, le cordage était épais, de la vraie corde marine, mais la lame, de son côté, était affûtée, et finalement, elle sentit le lien céder, libérant ses poignets de son emprise. Elle se leva, approcha du corps de Sabir. Bien qu'elle n'en doutât pas, elle prit toutefois soin de vérifier son pouls. Sans résultat. De toute façon, la pièce commençait à empester les entrailles, odeur caractéristique de la mort. Elle se baissa pour ramasser la corde qu'il lui avait ôtée, celle qui entravait ses jambes. Une vraie corde de pendu, se dit-elle. Puis, elle tira le corps à l'extérieur de la caverne, l'appuya contre l'arbre, avant de s'approcher du corps de Lartus. Le bougre pissait le sang, par le nez, la bouche, un de ses yeux avait même été crevé par un éclat de bois, mais il était vivant. Amoché, davantage encore, se dit-elle, mais vivant. Elle le retourna avec difficulté, et se servit de la corde qui lui obstruait autrefois les jambes pour ligoter le petit gros. Comme elle aurait ficelé un veau, elle lui attacha les mains, puis les jambes, et l'affala de tout son poids sur le côté. Elle ne craignit guère qu'il allât loin dans son état.
Elle rejoint le garçon évanoui, et le prit en poids, souillant sa tenue du sang du malheureux. La morsure du fouet avait ouvert la jeune peau en maints endroits. En le transporta à l'intérieur, le déposa auprès d'une des modestes couches des bandits, puis fouilla la pièce. Outre le coutelas, elle trouva du fromage, une gourde dans lequel elle trouva un vin âcre, une modeste épée d’entraînement et le tonnelet de bière qui avait donné son haleine à Sabir. Elle s'en saisit, puis sortit et en vida le contenu au pied de l'arbre. Ceci étant fait, elle marcha à pieds nus dans le sable, jusqu'à la mer.
L'espace d'un instant, elle fut apaisée. En même temps que le chant du ressac, revint en sa mémoire des souvenirs enfantins, des côtes blanches de terres lointaines, si lointaines. En ce temps-là, la vie était un rêve. La bicoque familiale sur la plage était isolée, et la pêche de son père, qu'il ramenait fièrement sur sa modeste embarcation, leur amenait le pain, le delta de la Sarelthe, non loin, leur offrait l'eau pour leur soif, et leur modeste potager de quoi se nourrir. Oh, bien sûr, alors, elle rechignait à aller jusqu'à l'embouchure pour remplir des seaux, car l'on a, lorsqu'on est un enfant, l’oisiveté de ceux qui veulent se donner tout au jeu. Elle aurait tout donné, aujourd'hui, pour retrouver ces heures où nulle plus grande contrariété ne pouvait chambouler sa vie que de devoir quitter les vagues, les embruns et l'amusement pour soulager sa mère d'une tâche quelconque.
Et bien sûr, il y avait Zahel...
Elle sentit l'eau fraîche lui embrasser les chevilles. Un petit frisson la parcourut, mais un doux sourire gagna son visage souillé par son sang, par sa sueur, par le sel. Le sel. Il était un danger constant, lui avait appris son père, un mal qui rongeait tout, du fer des outils à la coque des bateaux. Et pourtant, s'il était un danger, il apportait aussi la vie, à laquelle il donnait du goût, il permettait de garder la viande, et le poisson, quand les hivers se faisaient rigoureux et que les tempêtes interdisaient à son père d'aller naviguer. Et le sel, surtout, elle l'avait appris à ses dépends, petite fille, déchirait le corps et l'âme quand il s'invitait sur une plaie. C'est pourtant ainsi que sa mère nettoyait les plaies de ses enfants, lorsqu'ils s'écorchaient ou se blessaient, car selon elle "la douleur que tu ressens, c'est ta blessure qui se meurt".
Cleoria regarda autour d'elle. La lagune était immense, et si elle distinguait au loin les restes de L'Attentive charriés par les vagues sur la côte, nulle âme ne semblait être en mesure d'assister au spectacle. Elle jeta le tonnelet dans les flots, et retira sa tunique, puis avança dans la mer jusqu'à mi-cuisse. Elle s'agenouilla, grimaça légèrement. La morsure du sel était là, bien présente, sur des plaies pourtant insignifiantes. Elle plongea sa tunique sale dans l'eau de mer, la frotta, pour la débarrasser un peu de ce sang innocent, ce sang qu'elle aurait tant voulu ne pas voir couler. Elle imprégna le tissu du liquide, puis se passa le linge imbibé sur les épaules, se frotta les bras, puis le cou. Elle rinça à nouveau le morceau d'étoffe froissé, et le laissa dériver au gré des flots. Elle prit une grande inspiration, plissa le visage au moment de mettre la tête sous l'eau. Elle sentit sa blessure à la tête mourir si fort, qu'un vertige l'envahit, mais elle se contenta de frotter de plus belle. Elle secoua fort sa tignasse, déjà gorgée de sel séché, puis se releva d'un mouvement vif, jaillissant des flots dans une myriade de gouttelettes. Elle essuya de ses mains son visage, un peu grisée par la douleur, vivifiée par le contact de l'eau. Elle les fit glisser vers ses cheveux blonds, qu'elle rabattit vers l'arrière, glissant derrière ses oreilles ses mèches tout juste assez longues pour y parvenir. Du regard, elle chercha sa tenue, et le tonnelet, et s'empara de la première, puis du second, qu'elle remplît, avant de s'en retourner, toujours nue, vers la caverne.

__________________________________________________________

Les plaintes de l'enfant lui déchiraient le cœur, mais au moins était-il conscient. Nettoyer ses plaies l'avait tiré bien vite du sommeil dans lequel son corps s'était pourtant plongé pour oublier la douleur. Trop faible pour se débattre, il avait gémi, pleuré, et malgré la douceur de ses mots et de ses attentions, Cleoria n'était pas parvenue à l'apaiser. Il geignait, à présent, son corps entier le brûlant sans doute. Elle repensa à la douleur qu'elle avait ressentie en ce plongeant dans l'eau. Elle n'oubliait pas non plus que ses blessures à elle n'étaient que superficielles.
Elle sortit quelques instants, et ramena un peu de bois pour nourrir le feu. Le soleil déclinait désormais, et il s'en faudrait de peu pour qu'ils soient plongés dans l'obscurité la plus complète. Elle avait remarqué, au loin, un bâtiment de grande taille, coiffé d'une coupole aux tuiles bleues. Elle en aurait pour au moins une heure de marche, de nuit, et un enfant blessé et geignant dans les bras. Certainement pas le meilleur des moyens de passer inaperçue. Et elle n'envisageait pas une seconde de le laisser ici, bien au contraire. Elle n'avait aucune envie que cet enfant innocent reste là plus longtemps. Les mots de Sabir résonnèrent en elle :
« Nos amis viendront vous chercher demain matin. »
Un frisson lui traversa l'échine. Enroulée dans une couverture laissée là par leurs hôtes, elle avait remis sa tunique, après s'en être servie pour nettoyer les morsures du fouet sur la peau de l'enfant. Elle était répugnante, à n'en pas douter. Il lui fallait trouver un moyen de circuler avec discrétion. Sa main se saisit de la gourde de vin âcre. La journée avait été éreintante, et faute de la douceur d'un vin aux épices, elle n'était pas contre s'enivrer, rien qu'un peu, fût-ce avec du vin de marin. Elle s'en offrit une lampée, et ses yeux se posèrent sur l'enfant, une nouvelle fois. Elle garda le vin un instant dans la bouche, déglutît, secoua la tête et se dirigea vers lui.

____________________________________________________________________

Elle marchait d'un pas alerte, sur une petite route de terre, l'enfant dans les bras. La nuit était tombée à présent, bien que son subterfuge ait permis de partir deux bonnes heures plus tôt. Vêtue de la couverture épaisse, resserrée par de la corde à la taille, elle pouvait aisément pour une femme du peuple. L'enfant, si son souffle innocent empestait à présent le vin bon marché, ne geignait plus. Il dormait du sommeil du juste sur l'épaule de Cleoria. Elle se revit soudainement 8 ans en arrière, Zahel dans les bras, marchant aussi vite que le pût l'enfant de treize ans qu'elle était. Elle chassa ce souvenir de la mémoire, et ralentit le pas comme elle arrivait près des restes du naufrage de L'Attentive. Des hommes munis de torche cherchaient dans les débris du navire quelque marchandise de valeur, probablement. Des pillards, ou des opportuns. Il n'était pas dit qu'ils attaquent une femme seule avec un enfant, une petite personne si humblement vêtue, mais Cleoria préférait ne pas prendre le risque. Comme elle allait faire un détour par la plaine, elle vit un des hommes remonter sur la route, une torche à la main, le regard tourné vers l'arrivante. Rien n'aurait su être plus suspect qu'un changement subit de direction. Elle remonta un peu l'enfant, dont elle avait pris soin de dissimuler la peau blessée sous la couverture, entre ses bras, et tacha de le porter simplement à la force de son bras gauche, sa main droite sur le manche du coutelas qu'elle avait pris soin de glisser dans sa ceinture de fortune. Elle tâcha de conserver une respiration calme. L'homme tenait haut la torche, comme l'étrangère se rapprochait. Elle compta les flammes présentes sur la plage. Elle en vit cinq, puis sept, puis huit. Avec celui en face d'elle, cela pourrait faire neuf adversaires, avec pour seule arme un coutelas. Elle devrait pouvoir aisément éliminer celui qui se tenait désormais à quelques mètres d'elle, mais elle le savait, cette torche dans sa main alerterait les autres en un battement de cils. Et elle ne pourrait pas fuir, l'enfant dans les bras. Bien sûr, elle avait la solution de le laisser là, et de fuir pour sa vie, mais... non, elle n'y pensait même pas.
« Ne t'approche pas, femme. Et cache les yeux de ton enfant. »
Cleoria fit halte. La coupole bleue reflétait la Lune, dans la nuit. Elle était à présent si près.
« Je vous en prie, laissez-moi passer messire... C'est mon petit frère... »
L'homme suivit le regard de la jeune femme. Il posa un œil intrigué sur elle :
« L'école de magie ? »
Cleoria opina vivement du chef, le regard affolé :
« Il a de la fièvre depuis plusieurs jours. Notre oncle est l'apothicaire, il devrait pouvoir l'aider... S'il vous plaît... »
L'homme avança la main vers elle. Elle sentait le manche du coutelas moite de transpiration, aussi fit-elle sa prise plus forte. La main ennemie se posa sur son épaule, et l'homme s'écarta :
« Bien sûr, petite. Tu ne devrais pas voyager seule de nuit, tu sais. Va vite. Et ne regarde pas en bas. Eva a été cruelle, aujourd'hui. »
Elle comprit alors que les hommes n'étaient pas des pillards, mais des villageois venus de bon cœur récupérer les malheureux charriés sur la plage par la mer. Ceux-là même avec qui elle voyageait encore ce matin. Elle acquiesça, murmura un « Merci. », se servit à nouveau de sa seconde main pour porter l'enfant, et repartit d'un pas vif.

_________________________________________________________________

Elle passa devant l'école de magie sans s'arrêter. Par bonheur, elle savait désormais où elle se trouvait, grâce aux indications de Hiroen avant le départ. Il lui avait tout fait répéter, plusieurs fois. Une cervelle n'était pas, selon lui, le genre de cartes que l'on peut égarer. Il avait beau être sévère et exigeant, il fallait bien reconnaître que ses leçons s'avéraient utiles. Elle passa un pont de bois, pressa encore davantage le pas. Les râles de l'enfant se faisaient entendre, à nouveau, même s'ils étaient plus proches du gémissement plaintif. Elle voyait à présent le phare, au loin. Au pied de celui-ci, sur sa gauche, devait se trouver le village aux Murmures. La fatigue la gagnait. Elle pourrait amener l'enfant à l'Église du village, là, on prendrait soin de lui. Elle s'efforça de chasser cette idée de son esprit, et tourna à droite, vers le grand pont de pierres.
Les gardes tiquèrent à son approche, mais nul ne l'empêcha de traverser. « Il suffit de passer le pont », se martelait-elle. Les gardes suivaient des yeux ce curieux spectacle, mais nul ordre n'avait été reçu concernant la traversée des civils, fût-ce au beau milieu de la nuit. Ce ne fut que lorsqu'elle atteignit les portes de l'impressionnante bâtisse militaire qu'on lui barra le chemin. Les geignements de l'enfant s'étaient fait plus forts à présent. Les deux gardes croisèrent leurs lances devant l'étrangère et son fardeau.
« Halte là, femme. Je ne peux pas te laisser entrer. Tu ne trouveras nul soin pour ton enfant ici, et nul pain pour toi. L'Église, au village, se charge d'aider les miséreux. »
Un immense fanal dansaient au loin, au sein du centre d'entraînement de Ser Cedric. Une herse massive lui barrait l'entrée, en plus des deux gardes. Elle sentit son ventre geindre, à son tour. Elle devait vraiment avoir l'air d'une mendiante. Elle défit sa ceinture de fortune, faisant glisser la couverture au sol, les blessures de l'innocent exposées aux yeux des gardes.
« Allez réveiller le Grand-maître Roien, avec mes excuses, et dites-lui que l'émissaire des Chevaliers Hiroen de Lompeac et Namide Horsel a survécu au naufrage de L'Attentive. Et faites quérir l'archiatre aussi. Au moins par pitié pour un enfant.»
Le garde, à la voix dure et inflexible, lâcha sa lance, pour se saisir de l'enfant, provoquant un mouvement de recul de Cleoria. D'une voix douce et rassurante, il lui dit, en la regardant dans les yeux :
« Nous allons prendre soin de lui à présent. Tout va bien. »
Déjà, derrière lui, deux hommes d'âge mûr forçaient pour soulever la herse. Le second garde ne quitta pas son poste, mais déjà le camp, si calme voilà encore quelques instants, semblait s'animer, surpris d'entendre la herse s'ouvrir au beau milieu de la nuit. On invita la jeune femme à entrer. Elle prît place auprès du brasier qui illuminait toute la cour. Elle avait froid. Elle avait faim. Son corps la blâmait de tous ces efforts consentis. Un homme d'âge mûr se présenta dans une armure manifestement revêtue à la hâte, suivis de deux gardes bien plus alertes et réveillés. Bien que vraisemblablement tiré du lit, l'homme semblait avoir les idées claires :
« Je suis Maître Roien, neveu du fameux Paladin Cedric. La missive de Ser De Lompeac m'est parvenue il y a peu. Nous ne vous attendions pas si vite. »
« Certains pirates, si, semble-t-il. Je suis honorée de vous rencontrer. Mon maître ne tarit pas d'éloges sur vous, mais pour l'heure, sauf votre respect... J'apprécierais un repas chaud, le voyage n'a pas exactement été de tout repos. Et quatre hommes prêts à partir dès celui-ci finit. Nous parlerons pendant le repas, et à mon retour, si vous pardonnez mon audace. »
Le vieil homme fut secoué d'un petit rire.
« Nul doute, vous êtes bien son élève. Vous aurez vos quatre hommes. Accordez-moi une heure. Je veux en savoir davantage sur ces recherches. »

____________________________________________________________________
[Veuillez mettre ici une citation de votre choix, si possible d'un auteur célèbre, qui vous fera voir en moi un garçon cultivé, pertinent, drôle et un poil rebelle]