[BG Humain] Liarvet Boneforet

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[BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » lun. 14 décembre 2020 à 20h24

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Nom : Boneforet
Prénom : Liarvet
Titre : niet
Age : 28 ans
Sexe : homme
Race : Humaine


Métier : paysan, chasseur, boucher.
Compétences : modestes, l'arme au poing. Bon chasseur.

Martiales : S’entraîne depuis quelques mois au maniement des armes de guerre. Son manque de technique est encore criant aux yeux des experts, en dépit de ses efforts.
Magie : aucune prédisposition
Social : C’est un homme d’un naturel bourru. Dur, au premier abord, envers les inconnus. Il se retrouve forcé de prétendre être plus avenant.

Alignement : la haine l'a rendu loyal mauvais.
Langues parlées : Commun uniquement.

Description physique: Liarvet est un homme de taille moyenne, au physique assez ordinaire. Sa musculature, toutefois, tend à le faire remarquer. Ses épaules sont larges, ses bras, et surtout ses avant-bras, épais, témoignages des années passées à travailler la terre. Son regard est naturellement dur, bien qu’il essaie de se montrer plus avenant, ses yeux marrons surplombés de sourcils drus n’exprimant guère d’émotions. Celles-ci semblent cadenassées en son for intérieur. Ses cheveux, auburn et mi-longs, tombent généralement en mèches sales attestant d’entraînements acharnés. Ses lèvres sont fines, presque dépourvues de chair, et il a tendance à se les mordre assez fort. Son armure est faite de bric et de broc, et semble abîmée, voire piteusement rafistolée en certains endroits.

Description mentale:

Spoiler: 

Liarvet était autrefois, un homme doux et aimant avec les siens. Père attentionné, enfant et frère investi, membre investi de sa communauté, paysan travaillant sur ses propres terres, le massacre de Gludio, à l’initiative du boucher, lui a tout enlevé. Désormais veuf d'une femme déshonorée, orphelin de parents exécutés, père de deux enfants martyrisés, il est pour ainsi mort émotionnellement. Il ne vit, ne respire, n’existe plus que pour la vengeance qu’il compte prendre sur les tortionnaires qui l’ont privé de sa raison de vivre. Son abnégation absolue le rendra affable s’il doit l’être, taciturne, calme ou rageur, doux ou dur, bon ou mauvais. Il peut être n’importe quoi, car il n’a plus de raison d’exister en tant qu’individu.

Situation financière : il a vendu tout ce qui lui restait de sa famille pour acheter de l'équipement et rejoindre les forces armées.
Comportement social : ce qu’il a besoin d’être pour arriver à ses fins.
Type d’éducation reçue : paysanne.
Influence : insignifiante.
Pensée politique : l’ordre établi lui convenait parfaitement, jusqu’aux exactions de la Légion Azure.
Croyances : fervent croyant en Einhasad, il voit en sa main vengeresse l’écho de la colère de la mère.

Relations extérieures :

Elfes : en connaissait quelques-uns à Gludio, ils étaient un peu hautains, mais courtois.
Humains : ils s’en méfient, désormais.
Kamaels : n’en a jamais vu.
Nains : Bonne. Les a toujours trouvés sympathiques, même s’ils sont pingres.
Orcs : Bonne. Il doit la vie à l’un d’eux.
Sombres : Méfiance. Il n’en connaît aucun réellement mais il a entendu des choses terribles.
Dernière modification par Eriengaal le dim. 14 février 2021 à 10h11, modifié 4 fois.
[Veuillez mettre ici une citation de votre choix, si possible d'un auteur célèbre, qui vous fera voir en moi un garçon cultivé, pertinent, drôle et un poil rebelle]

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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » lun. 14 décembre 2020 à 20h28

(Ce BG ne sera pas entier avant quelques temps, mais je poste une première partie du background. Ne lisez pas la fiche perso si vous ne voulez pas de spoil ^^)
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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » lun. 14 décembre 2020 à 21h44

« Mais tu es obligé de partir maintenant, papa ? »

La voix de Caletina se faisait suppliante, son regard aussi. Pour une enfant de 7 ans, elle savait déjà diablement bien amadouer son interlocuteur.

« Eh bien, ça dépend. Tu aimes le chevreuil salé de papa ? »

« Oui ! »

« Est-ce que tu veux qu'on fasse du chevreuil salé pour ton anniversaire dans quelques mois ? »

« Oui ! »

« Alors il faut que papa chasse le chevreuil, et qu'il fasse la préparation dans la cabane de chasse dans la forêt. Je ne serai parti que pour quelques jours, et quand je reviens, tu auras peut-être une surprise. »

« Ouiiiiiii ! Moi j'adore les surprises ! »

Le regard de Liarvet s'attendrit.

« Et puis, il faut que tu restes ici pour rassurer maman et nana, tu sais qu'elles ont besoin que tu sois une grande fille forte, pas vrai ? »

Caletina, les yeux humides noyés dans ceux de son père, hocha lentement la tête. Liarvet prit sa fille dans ses bras et l'embrassa dans le cou. Lorsque la petite fille accepta enfin de desserrer son étreinte, il se releva, quitta la chambre des enfants, et prit la direction de la pièce à vivre. Sa mère et Tora étaient là, assises, s'affairant qui à écosser les haricots du déjeuner à venir, qui à balayer le sol de la pièce à vivre. La maison n'était pas immense : une grande pièce à vivre qui faisait office de cuisine, la chambre de Liarvet et sa femme, la chambre de ses parents, et une chambre pour l'enfant, ainsi que celui à venir, lequel déformait de plus en plus ostentatoirement la robe de Tora au dessus de la ceinture. Broderan, frère de Liarvet, avait quitté le domicile familial récemment pour s'installer avec sa femme, Eindila. Téole, leur mère, avait vu d'un mauvais œil que le couple ne s'installât avant que leur union ne fut reconnue par les dieux, dans le temps, on craignait que cela ne put être un mauvais augure, mais ni elle, ni Liarvet n'avaient jamais vu son fils si apaisé, et cela avait suffi à dissiper ses craintes.

« Je t'ai préparé des provisions pour 4 jours. Tu auras du pain, un fromage de Floran, un peu de la viande séchée qui nous reste, des tomates à l'huile et une outre de vin du père Valard. Je... t'ai mise aussi le dernier pot de terrine de chevreuil. Tu feras attention à toi ? »

Liarvet s'approcha de la besace qui trônait sur la table, en délassa les attaches faites du cuir d'un daim chassé l'an dernier. L'ouvrage de sa mère était proprement admirable. Téole avait toujours été douée de ses mains, et si elle n'avait eu ses enfants à élever et son mari aux champs, nulle doute que les citoyens de Gludio se seraient arraché ses créations. Il ouvrit précautionneusement le contenant, plongea sa main gauche à l'intérieur, et en sortit le pot de terrine, et la peau qui protégeait la viande séchée.

« Garde ça pour vous nourrir. Je devrais trouver du gibier dans la forêt, la viande ne manquera pas. »

La viande, ici, était venue à manquer. Et Liarvet ne voulait pas que ses parents, sa femme ou son enfant ne se privent pour que lui puisse manger. Les légumes, en dépit d'une mauvaise année, ne manquaient pas. Son père, qui avait travaillé la terre toute sa vie, y avait veillé, comme toujours, malgré son âge. Il passait encore ses journées à s'assurer que la récolte qui devait nourrir les siens soit la meilleure possible. Il y avait eu des hivers plus difficiles que d'autres, mais Liarvet ne pouvait pas dire qu'il ait jamais eu faim, et cette passion pour les fruits de la terre, Atran lui avait transmise au fil des ans. Et que son sang puisse manquer était difficilement acceptable aux yeux de Liarvet.
Sa femme fronça les sourcils :
« Liarvet, vous partez pour une semaine. Ne va pas t'affamer alors que tu auras besoin de forces pour la chasse. »

« Femme, n'oublie pas que je serai dans les bois de Floran. Je connais quelques coins où ramasser des strophaires pied-de-silenos. Entre ça et le gibier, nous serons probablement en train de festoyer d'ici deux jours. »

Il sourit tendrement à son épouse. Sa mère intervînt :

« Et garde un œil sur ton frère, s'il va chercher des russules ! Il y a quelques années... »

« … je sais, maman, il avait confondu des hypholomes bleuissants et des russules pied-de-silenos et était resté cloîtré aux latrines pendant deux jours et deux nuits, et vous l'y avez retrouvé au matin les chausses sur les chevilles dormant du sommeil du juste. »

Liarvet et les deux femmes s'esclaffèrent.

« Tu as raison, mère, je me chargerai de la cueillette. »

Il prit sa besace, ouvrit la porte d'entrée, harnacha ses vivres dans la charrette que tirait sa mule, qui trouvait déjà l'arc, les flèches, et les pièges pour la chasse. Il rentra embrasser femme et mère, et se mit en direction de la place de Gludio où il devait retrouver son frère.


***

« … et c'est là que maman s'est sentie obligée de nous rappeler la meilleure histoire de tes deux jours entiers passés sur le trône. »

Broderan rit de bon cœur :

« Je ne crois pas avoir ramassé de champignons depuis, et effectivement, tu seras de devoir de chasse aux végétaux si le besoin s'en fait sentir, ça te fera un adversaire à ta mesure ! »

Le cadet de Liarvet avait de l'allure sur son cheval, tandis que lui-même semblait bien plus humble, installé sur sa charrette. La nature avait été généreuse avec son frère, et comme Liarvet était ordinaire, son frère était beau. Comme il était taciturne, son frère était éloquent et drôle, et comme il était effacé, son frère était charismatique. Il avait été la coqueluche des jeunes filles de Gludio sitôt le temps avait fait de lui un homme, et il avait su en profiter. Bien des rumeurs avaient couru, au point que ses parents craignaient de ne le voir finir vieux garçon, mais l'arrivée d'Eindila dans sa vie semblait avoir tout changé, et bien vite, tout Gludio s'était pris d'affection pour ce couple d'amoureux si beaux et épris l'un de l'autre.

La route qui menait à Floran partait du Sud de Gludio, et longeait par l'Ouest les vestiges de la cité de Lostern, qu'on disait maudite depuis un massacre voilà des centaines d'années. Ses grand-parents lui avaient dit que leurs propres grand-parents avaient connu la cité prospère en des temps dont nul, aujourd'hui ne se rappelait, sinon des elfes, qui disait-on, vivaient parfois des centaines d'années. Les deux frères arpentèrent la voie dans un silence presque religieux, lorgnant de temps à autres sur les ruines. Ils n'avaient qu'une lieue et demi à circuler près des murs de la cité perdue, mais manifestement l'histoire avait marqué les deux jeunes hommes et ils ne voulaient courir aucun risque. Enfin, une piste s'ouvrit, à l'ouest, sur la forêt de Floran. Au bout de quelques lieues, les deux frères laissèrent leurs montures dans un pré, à l'entrée de la forêt, déchargèrent la charrette, et prirent la direction de la cabane.

Cela ne leur prit guère plus d'une heure pour arriver à l'abri. La mousse avait, au fil des années, recouvert le toit, et les murs faits de bois, et si l'intérieur sentait l'humide et la végétation, l'âtre aurait tôt fait de remplacer le parfum aqueux de l'herbe coupée par celui des cendres d'un feu crépitant. Broderan entra le premier, forçant un peu de son épaule pour faire bouger la porte en bois gonflée par l'imprégnation de la pluie des jours précédents. Il posa son sac sur une des deux couches et un fagot de bois sec près de la modeste cheminée de pierres. La pièce n'était pas bien grande, et ne nécessitait pas davantage de chauffage. Liarvet suivit son cadet, observa avec tendresse ce lieu qu'il visitait chaque année.
Sur la gauche, les couches superposées prenaient quasiment toute la longueur de la cabane. Un volet aveuglait la chambrée, couvrant une ouverture sans fenêtre sur le mur opposé. À son pied, désormais, siégeaient le fagot de bois et quelques bûches posés là par Broderan, jouxtant le talon de la cheminée, qui occupait le coin droit. Sur la droite de l'entrée, un plan de travail, pour la découpe des proies, surplombant deux tonneaux de sel permettant la salaison du gibier.

« Et la couche du haut sera donc pour l'aîné ! », s'amusa Broderan, en se jetant sur la paillasse du bas.



Cinq jours avait passé, et la chasse avait été bonne. L'adresse de Broderan à l'arc était impressionnante, et la troisième journée avait été dédiée entièrement au dépeçage et à la salaison de 7 chevreuils, deux sangliers, et même un cerf que Liarvet avait du achever au sol. Liarvet fut violemment tiré du lit par son frère :

« Liarvet ! Il y a de la fumée qui au nord, je n'en suis pas sûr, mais il semblerait que ce soit Gludio. »

L'aîné se leva d'un bond, sortit de la cabane, et grimpa sur une butte proche pour s'assurer des dires de son frère. Son frère pouvait ne pas avoir tort, mais il n'en était pas certain. Ce pouvait tout aussi être un champ à proximité de la ville cultivé sur brûlis.

« Quelque fermier pourrait tout aussi bien être en train de brûler des chaumes pour préparer sa prochaine récolte, mais on a fait bonne chasse, si ça peut te rassurer, on rentre maintenant. »

Broderan hésita un instant, puis acquiesça.

« C'est sûrement moi, mais j'ai un sentiment bizarre. Je pense que ça vaudrait mieux. Après... Je m'en fais pour rien depuis que... »

Il s'interrompit. Liarvet l'interrogea du regard. Broderan lâcha, dans un soupir :

« … depuis que je sais que ta fille va être cousine. »

Liarvet éclata d'un rire gras :

« Félicitations, frangin ! Je comprends pourquoi tu te mets dans tous tes états pour un peu de fumée maintenant ! Écoute, tu iras de toute façon plus vite avec le cheval, si tu veux rentrer au plus vite. Donne-moi un coup de main pour charger les prises dans la charrette, et je te rejoindrai chez les parents dès que j'aurais fini de m'occuper de la cabane, et après être passé à Floran récupérer deux tonneaux de sel. »

Les deux frères, une à une, précautionneusement, chargèrent les prises à l'arrière de la charrette, encore couvertes de sel, puis Broderan se mit en route, tandis que Liarvet remontait fermer le cabanon. Dans son empressement, Broderan n'avait même pas emporté ses affaires. Clairement, sa paternité à venir le retournait dans tous les sens, mais rentrer un jour plus tôt ne dérangeait pas outre mesure l'aîné des Boneforet, dans la mesure où la chasse avait été bonne, et que lui-même était impatient de revoir femme et enfant. Il éteignit les quelques braises dans la cheminée, brossa un peu le plan de travail, et le nettoya avec un peu d'eau d'un tonneau devant la cabane, pour enlever un peu du sang consécutif au dépeçage des proies. Il ramassa les cendres dans la cheminée et les dispersa derrière l'abri, puis il renversa un peu d'eau dessus, par mesure de précaution. Il balaya ensuite l'intérieur de la cabane, la quitta, et se mit en route vers Floran peu après midi.
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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Euria » lun. 14 décembre 2020 à 22h54

Je m'occupe de ton BG :elf2_14:

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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » dim. 14 février 2021 à 14h37

Broderan galopait à bride abattue, et le village n’était plus si loin, à présent. Plusieurs foyers nourrissaient l’épaisse fumée grise qui s’élevait au dessus de Gludio. La ferme familiale se trouvait légèrement au sud de la ville, et quoi qu’il fut en train de s’y passer, il espérait qu’elle fut épargnée, comme cela avait été le cas lors de l’explosion du centre-ville, quelques semaines plus tôt. Les mâchoires serrées, il s’efforçait en vain de ne pas penser à Eindila, tandis qu’il forçait sa monture à élever encore davantage la cadence. De dos, au loin, la maison et les champs de la famille semblaient ne pas être en feu, et cela rasséréna quelque peu le jeune homme. Il n’avait toutefois pas croisé âme qui vive depuis son départ de la forêt, et si la route du sud n’était pas la plus fréquentée, cela l’inquiétait grandement. Arrivé à 500 pieds de la demeure, Broderan arrêta sa monture, et l’attacha à un hêtre, chauve et esseulé, sur le bord de la route. La maison était devant lui, sur la gauche de la route, aussi descendit-il dans le bas-côté, s’accroupit, et avança aussi discrètement que possible. Au loin, venant de ma ville, quelque indescriptible tumulte se faisait entendre, mais de la maison, ni la voix forte de son père, ni les cris enfantins de Caletina ne perçaient.

Le jeune humain, toujours accroupi, parvint enfin à rejoindre l’arrière de la demeure familiale. Il plaqua son dos contre le mur, sous une des fenêtres de la pièce à vivre. Il tenta de jeter un œil à l’intérieur, mais le verre martelé ne lui permit pas de distinguer quoi que ce soit avec précision. Il vit, toutefois, une silhouette pénétrer la chambre de ses parents. Il aurait juré voir un homme en cote de mailles, et un frisson lui parcourut l’échine à cette idée. Il se rabaissa, puis contourna, prudemment, la demeure. Des voix d’hommes lui parvenaient à présent. Des voix, et des rires, inconnus. Il arriva au coin de la maison, vers l’entrée, du côté des champs.

Broderan passa furtivement la tête à l’angle de la maison, pour s’assurer que la voie était libre. C’est là qu’il vit, plantés de chaque côté du portillon qui permettait d’accéder à la petite allée de dalles de travertin menant à la porte de bois devant l’entrée, les deux têtes. Il plaqua à nouveau son dos contre l’angle du mur, frappa la base de son crâne contre le mur, serrant les dents et les yeux aussi fort qu’il le pouvait. Il retint le cri, retint le grognement rageur. Il n’avait pas vu les visages, juste des coiffures ensanglantées, mais il connaissait bien assez ses propres parents pour ne pas s’être trompé. C’est alors que des voix se firent plus proches. Toujours le dos plaqué contre le mur, sa main s’abattit sur le pommeau de la dague qui dormait à sa taille.
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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » dim. 14 février 2021 à 14h43

« … à foutre de tes prétextes, ce qui s’est passé ici, c’est pas normal, vous êtes partis en couilles, et tout ce qui est en train de se passer dans cette ville, ce qu’on fait, putain, c’est pas normal ! »

« Casse pas les couilles, Lavern, ils en seraient pas là s’ils n’avaient pas blessé le gouverneur. Les chiens séditieux subiront le sort des chiens séditieux. Maintenant, bouge, faut que je pisse, moi, après avoir craché. »

Il entendit les talons claquer sur le travertin, puis des pas feutrés dans l’herbe. Broderan longea précipitamment le mur, évita les bûches empilées pour l’hiver à mi-chemin, et eut juste le temps de s'accroupir derrière lorsque l’homme en cote de mailles passa le coin de la maison. Broderan tachait de contrôler sa respiration. Il entendit le poids de la ceinture glissant sur les mailles, et le son étouffé de la ceinture et l’arme s’affalant dans l'herbe. Puis ce fut les cliquetis de la maille remontée au dessus de la taille. Ce ne fut que lorsque le bruit du jet contre le mur de la maison de ses parents se fit entendre que Broderan osa un coup d’œil. L’homme, d’une quarantaine d’années, avait le front appuyé sur son avant-bras, celui-ci contre le mur latéral de la maison. Une barbe rousse mal taillée cachait difficilement la couperose qui lui polluait les joues. Son camail était rabattu vers l’arrière, révélant une calvitie avancée de cheveux carotte et sales, et des joues témoignant d’un certain embonpoint. Broderan, tel un chat, sortit de sa cachette et se glissa derrière le soldat, puis lui planta sa dague quatre fois dans la jugulaire, la main gauche sur la bouche de sa victime, avant de l’accompagner au sol, sur le dos, tandis que l’homme lui jetait des regards horrifiés en se tenant la gorge. La dague fila de la gorge à l’entrejambe de sa victime, qu’elle trancha sans ménagement dans ses grandes largeurs, provoquant un gargouillis de sang désespéré. Broderan se saisit de la partie ainsi amputée, pressa les mâchoires du mourant, et lui enfonça dans la gorge.

Le frère de Liarvet se saisit alors de la ceinture préalablement laissée au sol par sa victime, et en tira l’épée de fer qui s’y trouvait. Il rejoignit l’angle du mur. L’autre homme se trouvait sur le petit banc de bois sur lequel son père aimait tant à s’asseoir, les après-midis ensoleillés, ce banc qu’il avait scié, taillé, construit, et vernis de ses propres mains, et sur lequel il ne s’assiérait plus jamais. Les coudes en appui sur les genoux, le visage plongé dans les mains, il ne vit pas l’humain fondre sur lui. Broderan lui assena un coup de pommeau à l’arrière de la tête, et l’homme s’effondra au sol. Il eut tout juste le temps de se retourner sur le dos et de supplier, les mains vers l’avant, que l’épée de son comparse lui traversait déjà le cœur.

Hors de tout contrôle, le cadet des Boneforêt pénétrait déjà la résidence familiale. Le corps étêté de celle qui l’avait mis au monde gisait là, dans l’entrée. Les soldats semblaient n’avoir pas même attendu d’être entrés pour se livrer à leur massacre. Broderan l’enjamba, s’abandonnant à sa fureur pour se couper du chagrin, et avança, dague et épée fermement empoignées. Au fond de la pièce à vivre, un garde gras doté d’une moustache en brosse à dents ronflait, cuvant l’alcool familial sur le fauteuil à bascule de la maîtresse de maison. D’autres bruits venaient des chambres, mais ceux-là, le cadet n’osait trop y penser en cet instant. D’un pas toujours aussi leste, il se présenta devant le garde endormi, et planta l’épée de fer au travers du crâne du lourdaud, en s’y invitant par la gorge. L’une des portes des chambres s’ouvrit alors. Broderan laissa l’épée rivée dans le crâne du soldat, fit glisser sa dague dans sa main droite, et se coula en un instant contre le mur opposé, près du clou dans le mur auquel Liarvet suspendait ses crocs de boucher. Des bruits de pas se firent plus proches, et quand il s’arrêtèrent net, Broderan comprit qu’il lui fallait frapper. Il se saisit d’un croc de boucher de sa main gauche, le rabattit d’un mouvement circulaire dans l’entrée du couloir qui menait au chambre, et tira dès qu’il sentit que le croc avait pénétré la chair, le soldat fut si surpris qu’il n’eut pas le temps de crier. L’héritier des lieux l’attira vers lui, et le poignarda à son tour avant de laisser un nouveau corps sans vie au sol. 
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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » dim. 14 février 2021 à 14h48

Il s’engagea dans le couloir. Il ne connaissait que trop bien la maison. À quelques pieds à peine, sur la gauche, se trouvait la chambre de Tora et Liarvet. Un peu plus loin, sur la droite, la chambre de Catelina, que Liarvet et Tora modifiaient petit à petit depuis que le ventre de la femme de son frère avait commencé à se rebondir, et au fond, la chambre de ses désormais défunts parents. C’est de celle-ci que les râles réguliers venaient. Broderan ferma les yeux, l’espace d’un instant, et prit une grande inspiration. Il avança tel une ombre, à l’affût du moindre son en provenance des chambres latérales. Il savait à quoi s’attendre, et cette seule pensée déjà était insoutenable. Il se glissa à pas de chat, jusqu’à cette chambre qui lui était interdite quand il était petit. Il fit aussi vite qu’il le put. Il ne voulait pas que le martyr se prolonge davantage, peu importe qui subissait les ravages derrière la porte.

D’une main agile, il souleva le clenche de sa main gauche, sa main droite se resserrant plus fermement sur le croc de boucher de Liarvet. Il ouvrit d’un geste vif la porte, fondit en un éclair sur l’homme qui n’avait gardé que sa tunique de laine, qu’il avait relevée à l’entrejambe, et abattit l’instrument de travail de son frère d’un coup sec sur l’épaule du monstre, avant de tirer brutalement. Le hurlement trancha avec les râles qu’il émettait jusque-là. Broderan lui assena un coup de poing à la glotte, coupant court aux cris, et l’homme s’effondra en s’étouffant. Il entendit, et reconnut alors les sanglots en provenance du modeste lit de feu ses parents. Il fut tétanisé, un instant, mais s’efforça de se retourner. Il ne la reconnut presque pas. Son visage tuméfié témoignait des nombreux coups qui lui avaient été portés. Son œil gauche était caché les gonflements associés de son arcade, ouverte et luisante, et de sa pommette rougie. Son nez était cassé et sanguinolent, et ses lèvres enflées, souffrantes. Sa respiration, déjà troublée par les sanglots, émettait un sifflement strident, conséquence probable de l’arrête de son nez brisée. Elle peina à prononcer en silence son prénom, ce qui restait de son regard suppliant et terrifié, comme incrédule face au retour de celui qu’elle aimait. Broderan se retourna, planta deux doigts dans la plaie laissée par le croc de boucher, et releva par la douleur l’homme qui tentait désespérément de recouvrer sa respiration. Il le plaqua contre le mur voisin de la porte, le meurtre dans les yeux, et lui appuya la lame de sa dague contre le cou, de sa main gauche. L’homme tenta de supplier, entre deux quintes :

« Je ne l’ai… pas battue… c’est pas moi… les autres… ils sont passés av… »

Brisé, le cadet des Boneforêt ne lui permit pas de terminer la phrase dans toute son horreur, et releva violemment la pointe du crochet entre les jambes de l’homme, qui émit un gargouillis, avant de sentir la lame filer funestement sur son cou. Il tomba sur le côté, les mains plaquées sur sa gorge, tordu par la douleur, jusqu’à ce que la lumière gagne ses yeux qui s’éteignirent.
[Veuillez mettre ici une citation de votre choix, si possible d'un auteur célèbre, qui vous fera voir en moi un garçon cultivé, pertinent, drôle et un poil rebelle]

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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » dim. 14 février 2021 à 14h51

Broderan se précipita, au bord des larmes, vers son aimée meurtrie. Il s’excusa, prit le corps ravagé dans ses bras et enfouit sa tête dans son cou, la noyant sous ses « pardons ». Il lui demanda si elle pouvait marcher. Elle acquiesça faiblement, désormais en larmes. D’un regard suppliant, le doigt sur la bouche, il la pria de se forcer au silence, malgré tout. Il se faufila hors de la chambre, l’attirant derrière lui. Il lui demanda, d’attendre près de la porte. Il s’avança dans le couloir, toujours à pas de chat, longeant le mur de gauche. Il arriva près de la porte de la chambre de Liarvet. De sa main droite, il poussa doucement la porte, puis passa la tête. Tora gisait là. Son corps, déchiré, reposait sur lit. Le haut de son corps, ses bras, sa tête, pendaient le long du sommier. Ses yeux vides fixaient le sol et des larmes coulaient le long de son front. Elle n’avait pas autant été battue qu’Eindila, mais elle avait été souillée, elle aussi, et horriblement torturée.
Spoiler:
Son ventre avait été ouvert, et n’était plus rebondi.
Un vertige gagna Broderan, qui referma la porte, en se mordant la lèvre supérieure. Il n’eut pas le courage d’affronter le regard de sa femme. Il continua à avancer. Une partie de lui voulut continuer à avancer. Une partie de lui voulut de pas ouvrir cette porte. Voulut ne pas savoir. Mais comment aurait-il pu regarder son frère à nouveau sans savoir s’il n’aurait pas pu sauver tout ce qui lui restait ?

Sa main se posa sur le clenche de la porte. Son front se plaqua contre cette dernière. Il quémanda à Einhasad. Il aurait quémandé à Gran Kain, à Shilen et même aux dragons. Il releva le clenche, poussa lentement la porte. Cette fois-ci, il laissa aller ses larmes. Il entra dans la chambre, s’approcha de la petite Caletina. Il la rhabilla, ferma ses petits yeux, et déposa un baiser troublé de sanglots sur son front, puis l’allongea dans son petit lit.

Il quitta la chambre, l’esprit embrumé par les pleurs et la colère. Il se refusa à poser les yeux sur Eindila. Il lui tourna le dos, faisant face au corps sur le rocking chair.

« J’ai laissé le cheval attaché à un arbre, sur la route plus au sud en direction de Floran. On va fuir là-bas. On fera savoir ce qui se passe ici. On reconstruira. »

La tête lui tournait. Il se sentait fiévreux. Il observa le cadavre devant lui. Le parfum des tripes libérées avait empli la pièce, mais cela n’empêcha pas Broderan d’accrocher l’ustensile de son frère à sa ceinture, avant de rejoindre le corps et d’en retirer l’épée de fer.

« Pris sur le fait. »
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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » dim. 14 février 2021 à 15h08

Broderan se retourna précipitamment. Dans l’encadrement de la porte se tenait un homme d’une quarantaine d’années. Tout en armure de fer, un pavois sur le bras gauche et un morgenstern à la taille, une barbe noire drue mais taillée poignait de son camail. Son regard vert était semblable à des lames et surplombés de sourcils charbon broussailleux. Derrière lui, Broderan voyait d’autres silhouettes passer. Ils auraient du mal à sortir. Il se dirigea vers le couloir étroit au milieu duquel Eindila se trouvait toujours, fixant l’homme, les yeux rougis. Il répliqua :

« Pris sur le fait, oui. Tous autant que vous êtes. Des assassins. Des violeurs. Des barbares. »

L’homme entra, suivant le mouvement de Broderan comme autour d’un axe symétrique, pour ne pas le perdre de vue.

« Nous exécutons les ordres, et la purification des séditieux qui pullulent dans cette ville maudite me semble encore davantage nécessaire après avoir vu un monstre tel que toi attaquer lâchement mes valeureux hommes. »

Broderan arrivait devant le couloir. Tout en continuant à parlant, il fixa son aimée qui n’émettait plus un son.

 « Valeureux ? Quelle valeur vois-tu exactement à s’attaquer à dix en armure, à un couple de petits vieux ? », ses yeux revinrent sur le garde, « quelle valeur vois-tu à ce qui s’est passé dans la chambre des enfants ? Dans celle de mon frère ? », il regarda Eindila, que l'autre n'avait pas vue, fixement, « ou dans celle-ci, au fond ? »

Il s’arrêta devant le couloir. L’homme stoppa son mouvement, de concert, à quelques mètres. Eindila, le visage déformé par les coups et les larmes, faisait « non » de la tête, mais déjà ses pieds l'emmenaient vers l’arrière. Elle s’insinua dans cette pièce qui avait vu son calvaire. Elle se glissa à reculons dans l’encadrement de la porte, sous le regard aimant de Broderan.

« Nous sommes là pour purifier la ville. Les chiens qui ont attaqué et blessé le Gouverneur ne valent pas mieux que l'Ire Bestiale. C’est la guerre, petit. »

Le visage de Broderan se crispa. Sa mâchoire crispée l’empêchait presque, sous l’effet de la rage, de prononcer les mots qui le brûlaient en dedans, lesquels sortaient accompagnés de petits jets de salive.

« Mon père… ma mère… les deux femmes ici… cette… enfant… », son regard inquisiteur, rougis, était planté dans les yeux de son opposant, « aucun d’entre nous n’était impliqué… aucun d’entre nous n’a même mis les pieds dans le centre depuis que vous l’avez fait exploser. Vous avez… », il tourna la tête vers Eindila, « ouvert la fenêtre… », son regard revint immédiatement sur l’étranger, « à un océan de haine et de rancœur contre cet uniforme que vous souillez. Désormais, » il fixa Eindila une dernière fois, « la porte sera fermée », il ferma les yeux, laissant une larme rouler sur chacune de ses joues, fit face à l’homme, "cette fois-ci, à toute forme de pardon pour les crimes que vous avez commis. »

Eindila ferma la porte, son œil encore ouvert jetant un dernier regard sur celui qu’elle aimait. Le clenche se rabattit comme Broderan frappait le coin du couloir de l’épée de fer, le regard fixe dans les yeux de l’intrus, offrant une couverture sonore à son aimée. Celui-ci dégaina son morgenstern :

« Il est temps que tu paies pour tes crimes, chien. »

Derrière le meneur, un lancier et un guerrier, un espadon massif entre les mains, se mirent en garde, et entamèrent leur marche en avant vers Broderan. Leur faisant face, celui-ci se glissa dans le couloir, pas à pas. Il rangea sa dague à sa ceinture, et reprit en main le croc de boucher de son frère, lorsque le lancier, armé d’une bardiche, passa le premier. Le visage de celui-ci n'exprimait aucune émotion. Il devait dépasser le cadet des Boneforêt d’une bonne tête. Une moustache rousse se distinguait au milieu d’un visage bourru orné d’un regard gris-vert dépourvu d’intelligence. Son pied droit en appui, le pied gauche vers l’avant, il s’engagea dans le couloir face à un Broderan qui reculait. Sa lance pointée vers la taille de son adversaire, impassible, il mima deux coups d'estoc, que son adversaire fit mine de parer de son épée, faisant teinter le métal dans le corridor étroit. Ce dernier ne se laissa pas décontenancer, et frappa la bardiche de son épée de fer par la droite. Son adversaire, limité dans ses mouvements par l’étroitesse de l’espace, rabattit d'un mouvement de lance sur la gauche la lame qui heurta le mur. Broderan, vif comme l’éclair, retira la lame d’un mouvement vers l’arrière, et abattit le croc de boucher sur la lance, plaçant le crochet entre la hampe et le croissant, et tira d’un coup sec, désarmant son adversaire, lâcha le croc, se rua sur son opposant et planta son épée de fer dans le cou du géant, qui agrippa le bras de son bourreau, avant de s’effondrer de tout son long au milieu du couloir.

Déjà, le bretteur s’engageait derrière lui. Sa mâchoire large, prognathe et mal rasé achevait de donner un air patibulaire à son corps ramassé et large. Dépourvu de camail, ses courts cheveux noirs semblaient collés sur son crâne, par une substance quelconque, ici ou là. Un sourire mauvais était dessiné par ses lèvres fines et sèches, tranchant avec l’apathie de la dernière victime. Broderan surplombait du cadavre du lancier, dont les gargouillis de sang venaient de cesser. Il se plaça à deux pieds du corps du géant. Bien vite, le bretteur comprit pourquoi : comme il avança, il se rendit compte que l’étroitesse du couloir obstrué par la masse de son comparse inerte interdisait la moindre stabilité à ses pieds, Broderan utilisant le corps comme une sorte de rempart naturel. L’espadon de l’assaillant, bien plus long que la largeur du couloir, était pointé vers le visage du fils de ses dernières victimes, lequel venait de sortir de sa ceinture une courte dague encore rougeoyante du sang du précédent compagnon qu’il avait occis, et se tenait en position septime, le fer de sa frêle épée prêt à être testé par les assauts de l’acier tenu par le bretteur. Le garde de fer fut le premier à planter une banderille, s’essayant à un coup d’estoc, que l’humain en face para sans difficulté, témoignant d’une aisance manifeste épée en main. Les métaux tintèrent, puis se fut la dague qui vint repousser l’acier, tandis que le fer se retirait pour rejaillir à hauteur de taille vers le spadassin. Surpris, celui-ci parvint toutefois à esquiver d’un petit bond vers l’arrière. Broderan, garde baissée, ramena son bras tendu à lui, tandis que déjà son adversaire préparait déjà sa riposte, tentant une imbroncade. Le cadet des Boneforêt se plaqua contre le mur, son épée en rempart devant lui déviant la funeste trajectoire du métal vers son torse. Le garde de fer, tout à son offensive, trébucha alors sur le corps de son compagnon, lâchant son épée d’une main pour amortir sa chute. Son avant-bras gauche heurta mollement le dos du lancier, et il sentit son épée arrachée de sa main, le talon du jeune opposant s’étant abattu sur le plat de la lame. Le garde de fer, abasourdi, ne releva la tête que pour voir la lame rouge fondre sur son œil, qu’elle traversa brutalement dans un bruit aqueux, immédiatement suivi du claquement caractéristique de la corde bandée que l’on relâche. Broderan n’eut que de lever les yeux avant que les carreaux des deux arbalétriers qui lui faisaient face au bout du couloir ne pénètrent sa chair.

Le premier se ficha dans son bras droit, et il lâcha l’épée de fer sous l’effet de douleur et du recul. Le second le frappa en plein manubrium, le projeta vers l’arrière, et lui arracha un cri de douleur qui résonna dans toute la maison. Sa tête frappa la porte de la chambre, qui s’ouvrit sous l’impact, révélant la danse des modestes rideaux de jute au dessus de la fenêtre ouverte.

Malgré les vertiges qui le gagnaient, malgré la douleur qui l’accablait, un mince sourire grimaçant s’invita sur les lèvres de Broderan. Ça n’avait plus d’importance. Il aurait voulu prévenir Liarvet. Il aurait voulu pouvoir venger sa famille, avec son frère, mais au moins aurait-il permis à Eindila de s’échapper. Et donc, à l’enfant qu’elle portait. Ses pensées furent brutalement interrompues par la main qui l’agrippa par les cheveux  et le tira vers le haut. Le pied de celui qui semblait être le meneur éloigna l’épée de fer, tandis qu’il relevait le jeune homme blessé. Il le tira jusqu’à la pièce à vivre. Broderan trébucha sur les corps de ses victimes, mais la main le tirait inexorablement vers la salon.

Il fut jeté aux pieds du corps qui gisait dans le rocking chair. Allongé sur le côté, abruti par la douleur, il releva les yeux. Outre le meneur aux sourcils broussailleux et les deux arbalétriers dont les carreaux avaient transpercé sa chair, deux autres gardes munis d’épées et de boucliers, se tenaient au dessus du cadavre sans tête de sa mère. Un sentiment d’impuissance s’empara de lui. Il n’avait jamais eu la moindre chance. La voix du meneur s’éleva dans le salon :

« Je n’imagine pas même à quel point tu dois te sentir dépourvu, à présent. Vu comment tu te bats, ce ne doit pas être un sentiment qui t’est familier. Oh, oui, tu devais être la vedette de ton petit patelin de bouseux… quand on en aura fini avec, personne ne se souviendra de Gludio. »

Un large sourire gagna son visage.

« Ainsi le Capitaine en a-t-il décidé. Les chiens séditieux de Gludio ont signé leur arrêt de mort en s’attaquant au gouverneur. Alors, ta petite famille de merde… elle était déjà morte avant qu’on arrive. Oui, tu dois te sentir bien impuissant… malgré ton petit baroud d’honneur... tu n’auras pu sauver absolument personne. »

Il s’accroupit et ajouta, tout prêt de l’oreille de Broderan :

« Pas même ta jolie petite fille… elle t’a appelé tout le long, tu sais, « papa », elle a vraiment cru que tu viendrais. »

Il recula son visage, suffisamment pour croiser le regard furieux de Broderan, et lui imposer un sourire malsain. L’oncle de Caletina déplia on bras d’un geste vif, attendu, que le meneur para aisément, saisissant le bras vengeur de sa main gauche, et le carreau toujours fiché dans le bras dans l’épaule de sa main droite, et le fit jouer dans la plaie, provoquant une nouvelle salve de hurlements. La nausée, les vertiges, la douleur, la rage se mêlaient dans l’esprit du malheureux. Il aurait voulu voir Liarvet surgir dans l’entrebâillement de la porte, il aurait voulu qu’il ait entendu ça. Les colères de son frère, si doux au quotidien, étaient notoirement terrifiantes. Broderan entendait des cris, au loin. Ces barbares devaient exterminer le village en ce moment même. Il laissa aller sa tête contre le sol, et fondit en larmes. Ils ne méritaient pas ça… personne ne méritait ça. Les autres se mirent à rire devant les larmes. Les cris semblèrent se rapprocher, puis se turent.

« Tu as de la chance, toutefois. On ne va pas t'égorger ici-même comme le chien que tu es le mériterait. Tu vas servir d’exemple. Il y a beaucoup de têtes coupées, déjà, au centre de ton village, mais la tienne aura une saveur particulière, quand tes concitoyens sauront qu’ils seront exécutés parce que ta famille a lâchement... »

Un orc fit son entrée, interrompant la tirade.

« Sergeant Horas, j’ai trouvé ça qui essayait de s’enfuir vers le sud. »

L’orc leva son bras, tenant par les cheveux une Eindila geignant, vraisemblablement à demi-consciente. Le Sergeant laissa éclater un petit rire :

« Mais qui voilà ? On dirait presque que tu as failli réussir quelque chose. »

Horas souriait largement. Il tapota sur la joua de Broderan, se retourna et fit signe aux deux porteurs de bouclier, qui vinrent prendre le malheureux chacun par un bras, et le maintinrent debout.  Horas se présenta auprès de l’orc, sortit une dague, et déchira la chemise de nuit tâchée de sang d'Eindila que l’orc avait vraisemblablement sonnée. Son corps était rongé pas les bleus, les coups, et quelques plaies visiblement faites à la dague. Il n’osait pas, ne pouvait pas imaginer le martyr qu’elle avait du endurer. Horas fit glisser sa lame le long du cou d’Eindila, puis entre ses seins, puis jusqu’à son pubis.

« C’était une jolie fille, tu sais. Mes gars se sont beaucoup amusés avec elle. Vraiment beaucoup. »

Il se retourna vers Broderan.

« Malheureusement c’est fini maintenant. »

Il perça, très doucement, le bas-ventre de sa victime, et remonta la lame lentement, très lentement, dans les hurlements de l'une, et les vaines tentatives de se libérer de l'autre. Les viscères d'Eindila commençaient à poindre, et Horas lâcha sa dague, sortit son morgenstern, et revint vers Broderan, qui se débattait toujours, dévoré par la rage. Il aurait voulu pouvoir lui arracher la gorge avec les dents.

« Quand tu te réveilleras, tu ne sauras pas ce qu’on lui a fait. Et crois-moi, ca te hantera jusqu’à ton dernier souffle. »

Le morgenstern s’abattit sur la tempe de Broderan.
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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » dim. 21 février 2021 à 16h07

Chancelant et trémulant, Liarvet sortit de la maison en flammes, le corps meurtri de Caletina dans les bras. Il tomba à genoux, à quelques pieds à peine de cette maison qui l'avait vu grandir, et que les flammes dévoraient désormais. De retour de Floran, Liarvet ne s'était pas pressé, dans un premier temps, mais plus il s'était rapproché de Gludio, plus l'épais nuage de fumée qui s'était élevé au dessus de Gludio l'avait angoissé, et plus le parfum âcre de l'incendie avait embrassé l'air. Et puis, il y avait cette odeur infâme, une pestilence qui aurait pu être une simple odeur de viande trop cuite, mais Liarvet, en bon boucher, connaissait la viande, et cette odeur, il ne la connaissait pas. Il avait compris, bien trop tard, la gravité des événements en cours, et sa pauvre mule avait été forcée de galoper, presque, les derniers lieux durant.
Il serrait le petit corps meurtri de sa fille, pleurant et la berçant, comme pour la faire revenir. Son esprit était harcelé par les images de ce qu'il avait vu à l'intérieur. Ses parents, le corps de sa mère, Eindila - grands Dieux, pauvre Eindila - et sa pauvre Tora... et tous ces inconnus. Des soldats, en armure grise. Et puis, il avait trouvé Caletina, et sa vie s'était arrêtée. Et nulle trace de Broderan. Il aurait voulu tuer les Dieux. Les hommes de l'ouest rebattaient les oreilles des citoyens avec la menace de l'Ire depuis des mois, mais c'est bien de l'armée qu'était venu la mort et la torture. Les monstres se cachaient sous les traits-même de ceux qui avaient juré de protéger les citoyens. Il y avait eu l'explosion en centre-ville, et maintenant... maintenant...
Quelques cris s'élevaient encore du centre-ville, sporadiquement, mais c'est surtout le silence, à peine trahi par le crépitement des flammes, qui était tonitruant. Il regarda autour de lui, comme pour appeler au secours, mais nul n'aurait pu répondre. Au loin, il distingua le tintement métallique des armures s'entrechoquant. La nuit, seulement éclairée par les incendies, était grise. Nulle étoile ne répondait à l'appel. Il se retourna vers la maison que les flammes avaient désormais avalée. Il déposa délicatement le corps de son enfant chérie derrière la barrière, s'efforça de bien regarder les têtes de ses parents, puis il lui caressa le visage, et l'embrassa sur le front. Un soldat gisait là, devant le banc sur lequel son père aimait tant à s'asseoir. Un trou sanguinolent au niveau du coeur, il était allongé sur le dos, ses yeux morts fixant le ciel. Il semblait ne même pas avoir pu sortir son arme. Il imagina que Broderan devait être à l'origine de tout cela. Aura-t-il recruté quelques villageois pour défendre ce qui pouvait encore l'être du village ? Liarvet n'en savait rien. Il récupéra une petite hache de guerre attachée à la taille de l'humain.
- "Eh boucher ! Boucher !"
Son butin à la main, l'aîné des Boneforêt se retourna. Il plissa les yeux, incapable de localiser la provenance de la voix. Une petite silhouette s'extrayait, en se contorsionnant comme un ver, d'entre deux bottes de paille dans le champ face à la maison en flammes. C'était Nin, le cadet des Reikel, de la ferme voisine. Couvert de suie et de boue, le gamin se releva difficilement, puis courut se jeter dans les bras de Liarvet, qui ne réagit pas dans un premier temps. Le gosse s'effondra en larmes avant que Liarvet ne s'accroupisse, désormais incapable de pleurer. Il finit par repousser le gamin, et lui demanda ce qui s'était passé. Hoquetant et sanglotant, Nin balbutia péniblement que les soldats avaient fait ça, sans pouvoir en dire davantage.
- "Et mon frère ? Tu as vu mon frère ?"
Le petit acquièsça :
- "Ils l'ont emmené il y a deux heures vers le centre-ville... Je suis resté caché là... J'avais trop peur... J'ai vu ce qu'ils faisaient... et..."
Déjà, Liarvet regardait vers le centre de Gludio.
- "Ils ont... tué tout le monde chez moi."
Les pleurs du petit repartirent de plus belle.
- "Reste caché."
Liarvet prit la hache et se mit à courir tout droit, le coeur au bord de l'explosion, les veines pompant du venin. Il ne voulait pas d'explications. Il voulait des noms, et du sang. Déjà, les remparts de la ville et la sortie se présentaient au loin. Liarvet distingua trois silhouettes de forte corpulence, sur la droite, tapies dans l'abri médiocre que représentait un sureau. L'humain ne se posa pas de questions et se rua vers l'arbre et ses habitants. Buka, le représentant du peuple orc, sortit de l'ombre et lui fit signe d'être silencieux. Liarvet le rejoignit. Drikus et Rakoy étaient là, avec lui, stoïques.

« Ne reste pas là, boucher. Les exécutions ont cessé, mais certains des gardes de fer sont encore dans le centre. Rejoins la grange du vieux Tissier. Au fond, tu verras deux hautes piles de bottes de foin. Tu noteras un interstice entre le mur et la pile de droite. Si tu t’y faufiles, tu trouveras une trappe cachée sous les bottes. Tout ceux qui ont réussi à se cacher des hommes de cet « Alaric » ont été réunis là-bas. Nous ne sommes pas nombreux. Et surtout… ne rentre pas dans la maison. Crois-moi, tu n’as aucune envie de voir ce qu’ils y ont fait.»

« Est-ce que… mon frère… »

« Ton frère a été exécuté sur la place publique voilà une heure, après qu'ils ont daigné le laisser se confesser. Ils l’ont décapité. Ils ont prétendu qu’il avait massacré sa famille et quelques gardes, mais personne n’est dupe. »

Liarvet tourna la tête vers le centre-ville. Au loin, des torches tenues à bout de bras se reflétaient sur la patine métallique des armures usées. Devant ses yeux, passa la maison familiale en proieaux flammes. Les têtes de ses parents, fichées sur les poteaux. Le corps écorché d’Eindila, et les lambeaux de sa peau sur le sol. Il revit Tora, ses yeux ouverts et vides, son ventre, ouvert. Il revit sa petite Catelina.

Il se revit dire à son frère de ne pas l’attendre, et qu’il irait plus vite avec son cheval. La gorge nouée mais voulant hurler de rage, il baissa la tête. Sa prise se fit plus ferme sur le pommeau de la hache, et il s’élança vers les portes de la ville. C’est alors que le poing de Drikus le heurta en plein estomac. Il s’écroula, le souffle coupé, et ne releva la tête que pour voir Buka déjà au dessus de lui :

« Pardonne-nous, boucher. »

Le poing massif de l’orc s'abattit sur le dernier des Boneforêt, qui tomba inconscient.
Dernière modification par Eriengaal le lun. 22 février 2021 à 18h03, modifié 1 fois.
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Re: [BG Humain] Liarvet Boneforet

Message par Eriengaal » dim. 21 février 2021 à 23h08

La tempe lourde, encore sonné, Liarvet fut réveillé par le parfum de la vieille paille humide. Face à lui, un mur de pierres sale luisait de la lumière de quelque torche ou bougie. Il se rassit précipitamment. Des alambics, des bouteilles larges, posés sur des tables de bois rustiques : il était, lui et bien d’autres, dans la distillerie du vieux Tissier. Son père avait toujours su que ce vieux ronchon faisait de l’alcool de contrebande, et que la gnôle qu’il vendait ne venait pas de Gludin. Dans le distant, un homme d’un certain âge, vêtu d’une robe rouge, tourna la tête vers Liarvet, et s’avança.

C’était l’archevêque de Gludio, Raymond. Il s’accroupit à hauteur de Liarvet, dont il prit la main entre ses petites mains de vieil homme. L’âge se lisait sur son visage, et la misère sur ses traits. Ses joues étaient creusées, et ses petits yeux marron, couverts d’une légère cataracte, perlaient, peut-être de fatigue, peut-être d’avoir trop pleuré. Les rides, les taches brunes, sa bouche fine et frippée, tout trembla lorsque ses lèvres essayèrent de murmurer quelques mots au survivant de la famille Boneforêt :

« Mon enfant… je ne peux pas même imaginer la peine qui t’étreint à cet instant… ce qui s’est passé ici… est un affront à Einhasad elle-même. Et dans tout son amour, même Elle a su se montrer vengeresse en son temps. Ton frère… a été assassiné. Les exécutions sommaires avaient pourtant cessé, car le gouverneur était intervenu, mais dans leur ignominie, les bourreaux lui ont laissé le droit à la confession. Et il a confessé. Il a confessé tout ce qui s’est passé dans cette maison. Il voulait que tu saches. Il ne s’est pas confié au représentant de la Mère, mais à l’ami de sa famille. Aussi est-ce en cette qualité que je partagerai avec toi ce qu’il m'a confié. Tu auras chacun des noms qu’il a pu me donner. La tête, c’est le capitaine Alaric. Il a… autorisé… non, organisé le génocide de la ville. En ce qui concerne ta famille… », le haut-prêtre pressa légèrement la main de Liarvet entre les siennes, « c’est le caporal Horas, et sa troupe de dix hommes, qui a commis les exactions à la ferme de tes parents. Ton frère… a fait tout ce qu’il pouvait. Six d’entre eux sont tombés de sa main. Il s’est battu comme un lion. Qu’importent les mensonges prononcés lors de son… exécution. Quant aux cinq restants, outre Alaric, restent donc le caporal Horas, un archer du nom de Larreln, un autre dont il n’a pas entendu le nom, ainsi que deux porteurs de bouclier, l’un au nom inconnu, et l’autre appelé Kermak. Maintenant, je te demande de m’écouter, et ce sera dur. Tu n’auras jamais rien vécu de plus dur dans ta vie. »

Le Haut-prêtre Raymond lui fit le recit de tout ce qui s’était passé dans la maison. De tout ce que Broderan avait vu, et de tout ce qu’il avait fait. Les viols de Eindila, Tora, et Caletina. Leurs meurtres, aussi. Comme il avait rhabillé la petite fille. Comme il avait éliminé, un à un, les soldats dans et autour de la maison. Comme il était finalement tombé.

Liarvet écouta. S’effondra, par moment. Une fois le récit terminé, il posa les questions qu’il avait à poser. Les survivants passèrent 24 heures de plus dans l’abri, au terme desquelles chacun sortit voir ce qu’il pouvait encore sauver de sa vie d’avant.

Liarvet, lui, vendit les terres de ses parents, puis mit les siens en terre. Il dépensa l’argent pour acheter la meilleure armure qu’il put acheter, et une hache solide, faite de bois et d’acier. Il chargea le chariot, prit sa mule, et abandonna à jamais Gludio pour fomenter sa revanche.
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