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par Typhosys » sam. 27 mars 2021 à 16h41
En l' An 936, un navire s'échouait sur une plage de l'ile des Murmures après avoir réussi à échapper à des pirates.
Parmi les survivants se trouvait une petite compagnie de mercenaires. Ils tentaient de rassembler les blessés, prodiguant du mieux qu'ils pouvaient les premiers secours d'urgence.
Une odeur pestilentielle s'échappait du bateau.
- Nan mais sérieuseument, ils transportaient quoi dans leur foutu bateau ? Des cadavres en décomposition ou quoi ? Demanda la naine qui finissait de fixer une attelle.
- Je n'en sais rien, lui répondait un vieil orc imposant couverts de cicatrices.
Un pan entier de la coque s'effondra. La puanteur cadavérique emplit l'air de la plage. Plusieurs survivants vomirent de dégout. Le trou dans la coque mit à la vue de tous de nombreux corps d'enfants de tous âges.
- Karash, tu fais quoi ? demanda la naine.
- Je vais voir, lui répondit le vieil orc.
- Durant ma longue vie, il m'a été donné de voir beaucoup d'horreurs. Mais ça, c'est une première. Karash, soit prudent, demanda un sombre.
Le vieil orc opina du chef. Il s'approchait , méfiant, la main sur morceau de tissu couvrant le bas de son visage.
Il se figea quelques instants puis se rua vers le tas de cadavres. Les autres membres se regardèrent les uns les autres, haussant les épaules en guise de réponse à la question que tous se posaient.
Le vieil orc poussa délicatement quelques corps inertes infantiles.
Puis avec tout l'attention et la douceur dont il était capable, il extirpa une petite fille, respirant à peine.
Le corps était couvert d'ecchymoses. La chair avait commencé de nécroser à certains endroits. La jambe gauche était brisée, le coude droit était brisé.
Le souffle était un mince filet d'air, la respiration à peine perceptible. Elle tenta d'ouvrir l'oeil gauche, attrapa un doigt de l'orc, ouvrit la bouche sans qu'aucun son ne sorte.
Le petit corps presque inerte semblait si petit dans les énormes mains de l'orc. Et pourtant, il a tenait avait la délicatesse d'un père.
Le vieil orc appela la naine.
- Kainini, sauve la s'il te plait.
- Je vais faire ce que je peux.
- Euh, faites gaffes, vous risquez d'être contaminé, leur fit remarquer un elfe en armure.
- Tu sais Phileas, cela fait plusieurs années que nous combattons tous ensembles, et personne n'est encore atteint de ta connerie , lui répondit un Kamael en lui faisant un clin d'oeil.
- Karash, pourquoi tu la regardes comme si tu voulais la garder ?
- Regarde la, sa vie ne tient qu'à un fil, et pourtant elle s'est accrochée à la vie.
- Ne t'inquiète pas vieux briscard, nous comprenons, lui répondit le sombre.
- Merci vieux camarade. Mais je me demande pourquoi les cadavres ont des numéros.
- Etrange en effet. Dans ma culture, nous avons des matricules mais rien de semblable, répondit le kamael.
Plusieurs heures plus tard, Karash continuait de surveiller l'enfant.
Le sombre revenait avec plusieurs animaux tués pendant la chasse.
- Comment va t 'elle ?
- Elle s'accroche, lui répondit l'orc. Elle s'accroche.
- Et le numéro tatoué, cela te dit quelque chose ?
- T41U-114H ? Pas du tout. Je n'ai aucune idée de ce que cela veut dire. Nous avons regardé , il y a plein d'autres cadavres avec des numéros dans ce genre là. Kalael a essayer de fouiller dans sa mémoire, cela ne lui dit vraiment rien.
Le vieil orc écrivait dans le sable le numéro, puis l'effaçait, puis recommençait.
Après une dizaine de fois, le sombre s'assit .
- Karash, tu écris tellement mal que tes 4 ressemblent à des A. D'où, je suis, on dirait que tu écrit TALULLAH.
Le vieil orc afficha un sourire sincère. "Merci", dit-il en posant sa main sur l'épaule de son camarade.
Quelques semaines plus tard, la compagnie campait aux abords d'Althena. La Petite fille dormait dans le bras du vieil orc.
- Tu vas vraiment la garder , karash ?
- Non, répondit-il en posant sa main sur le coeur. Je vais l'adopter.
- Et tu vas l'appeler comment ?
- Talullah, répondit-il en faisant un clin d'oeil à son frère d'arme Sombre.
- Il est bizare son nom, trouva l'elfe en armure.
- T'as vu ta tronche ? Répondit aussitôt le kamael. Quand on te regarde , on croirait voir la cour des miracles !
- Eh !!! Il était très bien ce quartier !!!
Les yeux levés vers le ciel, sentant la chaleur que dégageait sa fille contre son bras, une larme coula le long de la joue de Karash.
"Talullah, tu porteras notre nom, ce nom qui nous lie tous, ce qui nom qui fait de nous une famille."
Il posa délicatement son front contre celui de l'enfant.
"Ma fille, Talullah Baragwanuuk."
Les jours passèrent, puis les semaines, puis les années.
Les voyages de Talullah étaient au gré des contrats de la compagnie.
La compagnie lui appris à lire et à écrire, à combattre et à survivre.
"- 'Pa !! Je veux pas aller me coucher !!
- Talullah... soupira le vieil orc. Tu dois te coucher.
- Nan ! Je veux encore écouter Tata Kainini parler des herbes : Je veux qu'elle me dise comment elle fait vomir Tonton Phileas !!!
- Talullah ..., soupira encore plus fort le vieil orc.
- Bon, j'y vais, mais tu me racontes une histoire alors !!
- D'accord, d'accord...
- Mais en orc !
- Et pourquoi dans cette langue ?
- Car c'est la langue de 'Pa !"
Talullah posait la dernière pierre sur la tombe de fortune pendant que ce souvenir s'envolait.
"Père, j'espère que tu as pu retrouver le reste de la Famille. Lorsque ce sera mon tour , je viendrais vous retrouver."