[BG Kamael] Tezcatl

[Quetzal]

Nom : anciennement " R9-0072B "
Prénom : Tezcatl
Surnom: "Sans-aile"
Age : 37 ans
Sexe : Mâle
Race : Kamael

Métier : Chasseur, tanneur.
Compétences : Arbalétrier (Arbalester)
- Combat : Maitrise de l'arbalète, expert en pièges, base en combat à la rapière
- Magie : Peu intéressé par la magie, même s'il reconnait son utilité et a appris quelques "tours"


Alignement : Chaotique neutre
Langues parlées : Commun, kamael, quelques rudiments en orc et nain. Déteste les langues elfiques et se refuse à les apprendre.


Description physique :

La première chose qui frappe les gens en apercevant Tezcatl, c'est son absence d'aile dans le dos pour un kamael. Il dispose d'une longue chevelure rose, souvent en bataille, et d'un corps sec mais plutôt musclé. Du haut de ses 2 mètres, il toise souvent les autres de ses yeux brun rougeâtre, lui faisant un regard rouge lorsque le soleil croise ses pupilles de face. Habillé uniquement en vêtements pratiques pour la chasse, et principalement de cuirs, il ne dispose d'aucune fioriture inutile. Tout son équipement de chasse, mais également de tannerie, semble être à disposition et en vue de tous sur divers endroits de son corps : couteaux à dépecer sur le flanc, quelques fioles en bandoulière, un carquois pour ses carreaux dans le dos, une deuxième bandoulière reliée à sa lourde arbalète de guerre sur l'autre épaule...
À priori, le kamael s'apparente à une réelle machine à travailler et est une représentation parfaite de ce qu'on attendrait d'un chasseur émérite, la joie de vivre en moins...
En dehors de ses habits de cuir, l'ensemble du tissu qu'il porte semble tendre radicalement vers le gris foncé, voire le noir. Le tout étant agrémenté de terre, de sang, et d'autres tâches non identifiées provenant probablement d'une de ses chasses, ou bien d'un dépeçage de gibier qui aurait mal tourné, qui sait..?
En outre, son visage est assez fermé et agrémenté de quelques rides minimes, mais présentes, notamment sur le front. Le bas de son visage étant presque toujours masqué par du tissu, qu'on devine servir à cacher les odeurs qu'il doit ressentir chaque jour lors de son activité de tannerie. En parlant d'odeur, Tezcatl semble bien souvent accompagné d'une odeur de gibier mort, au point qu'on aurait peine à savoir s'il prend parfois un bain...

Enfin, sur son dos, ou parfois un de ses flanc en bandoulière, un énorme coffret de bois tout en longueur orné de symboles mortuaires semble ne jamais le quitter.

Spoiler:

La base restante/le tronçon de son aile coupée est toujours repliée sous son armure et/ou ses vêtements, et donc non visible lorsqu'il est habillé, mais existante.

Caractère :

Peu enclin à la conversation mondaine, il est du genre à compter ses mots comme s'il s'agissait d'une monnaie ou comme si chaque mot de trop était une perte de temps. Le kamael semble donc se focaliser principalement sur les discussion liées à son commerce, à la chasse, ou lorsqu'il y trouve un intérêt.
Pour autant, il semble parfois tendre une oreille particulièrement attentive aux discussions militaire, sans pour autant y prendre part. Un observateur attentif pourrait y déceler un certain entrain ouvertement réprimé.
Malgré qu'il ne soit pas réellement blagueur, Tezcatl semble apprécier les traits d'humours, notamment d'humour noir. C'est dans ces rares échanges humoristiques, pour peu qu'on apprécie le genre, que le kamael semble faire preuve d'un peu plus d'humanité que sa froideur et distanciation habituelle ne laisse transparaitre. Habité par un certain cynisme, il semble être assez prompt à se moquer de la mort, et toujours prêt à relativiser même les situations les plus graves ou les plus désespérées, comme si elles ne l'atteignait pas.

Situation financière : Vie modestement de sa chasse et du cuir qu'il revend, sans rien mettre de côté.
Comportement social : Très solitaire, il évite les autres en dehors des affaires commerciales liées à son activité, et lorsqu'il a besoin de renseignement spécifiques.
Type d’éducation reçue : Tezcatl est un ancien kamael militaire, formé principalement au maniement de l'arbalète de guerre.
Popularité et/ou influence : Aucune influence mis à part quelques vagues connaissances commerciales. S'échine bien souvent à ne pas faire de vagues pour éviter les problèmes.
Pensée politique : Très porté sur l'anarchisme, il semble pourtant plus attaché à l'idée du concept sans vraiment trop y croire. Dans le fond, son passé revient bien souvent, et il reste plus attaché à l'ordre, notamment militaire, qu'il ne voudrais se l'avouer. Concernant sa vision philosophique de la vie, Tezcatl est probablement ce qui se rapproche le plus d'un fataliste extrémiste, considérant que toute chose, bonne ou mauvaise, ne saurais être évitée. Mais peut-être n'est-ce qu'un moyen de s'auto-convaincre qu'il n'avait aucune responsabilité dans les évènements de son passé...

Croyances :

• Einhasad : Aucun intérêt
  Gran Kain : Manque de connaissances pour s'en faire un avis définitif.
  Eva : Aucun intérêt
  Shilen : Aucun intérêt
  Sahya : Garde un respect lointain, même s'il s'en cache la plupart du temps.
  Pa’agrio : Respecte sans pratiquer.
  Maphr : Respecte sans pratiquer.

Relations extérieures :

• Elfes : N'aime pas trop les elfes, les trouvant souvent trop pompeux et/ou sociaux pour être honnêtes.
  Humains : Difficile de passer à côté. Ils font souvent de bon clients. Tezcatl apprécie notamment leurs défauts bien nombreux qui lui permettent de se sentir à l'aise au milieu d'eux.
  Kamaels : Mélange de haine et de jalousie. Il en veut à ses pairs tout en n'osant s'avouer qu'il regrette bien souvent leur compagnie. Mais Tezcatl est parti trop loin pour faire machine arrière...
  Nains : Respecte leur force au combat et leur savoir-faire technologique. Ils font en outre de très bons clients/commerçants, bien que souvent difficiles.
  Orcs : Respecte leur force au combat et leurs traditions, sans en connaitre vraiment le fond. Tezcatl est toujours avide d'en apprendre plus à leur sujet.
  Sombres : Des elfes à la peau sombre, que dire de plus ? Ah si, ils ont au moins parfois là décence d'assumer leur fourberie...

[Quetzal]

Chasse à l'Aile :

Voilà plusieurs jours que Tezcatl était sur leurs traces... ils ne devaient plus être bien loin, le kamael en était sûr.
Des jours à ramper dans la boue, à escalader des arbres, à combattre des animaux sauvages, à ne quasiment pas dormir, et certainement pas dans de bonnes conditions, pour espérer un jour avoir la chance d'arriver jusqu'à eux.
A cette simple pensée, un mince sourire se dessina sur son visage... bien vite interrompu par un spasme de douleur. Son dos le faisait encore attrocement souffrir.

Il passa la main dans son dos, pour palper la blessure sous les quelques bandages rudimentaires, et senti du liquide légèrement coagulé au bout de ses doigts. Bien entendu... qu'espérait-il ? Que la plaie se serait miraculeusement guérie après si peu de temps ?! D'un air noir, il essuya le sang entre ses doigts sur un revers de sa cuisse, et se tourna de nouveau vers son objectif : il arrivait enfin à l'aboutissement de sa chasse, il ne s'agirait pas de tout faire capoter pour une "petite" douleur au dos. Pas maintenant. Pas ici. Pas avant de l'avoir récupérée...

[...]

Des larmes coulaient sur ses joues alors qu'il entrait dans le grand bâtiment sombre et austère. Il n'aurait pas cru être capable de pleurer, que ce soit physiquement ou moralement, il ne s'en était jamais senti l'âme, et encore moins la possibilité...
Pourtant, le voila qui avançait, boitant et suivi d'une longue trainée rougeâtre sur le sol derrière lui. Un vide énorme semblait l'accompagner, et le kamael se sentait plus mort que vivant, avançant machinalement vers ce qu'il s'avait être une expérience bien pire encore que ce qu'il venait pourtant de vivre...
R9-0072B s'attendait déjà aux réactions de ses pairs et de son supérieur : de la colère, de la haine, des railleries, et bien entendu... un ostracisme attendu...

Il avait bien prévu. Et en dépit de ses prédictions, il n'en fût pas moins touché, particulièrement par le mépris que lui afficha son supérieur D3-0001Z, duquel il avait été jusque là l'un des meilleurs soldats, mais qui ne lui adressa pas même un mot. Alors que certains pointaient du doigts son dos ensanglanté, affichant tantôt dégoût, tantôt moqueries, le kamael qu'il avait sinon considéré comme un père, au moins comme ce qui se rapprochait le plus d'un grand frère fit signe à plusieurs gardes de l'expulser.

Jeté dehors, on lui fit comprendre qu'il était la honte de la compagnie, et qu'il ferait mieux de ne jamais revenir. A quatre pattes dans la boue, il vit son arme être lancé à ses pieds par l'un des soldat, dans un dernier regard de pitié. Il avait vécu en quelques heures plus d'émotions que durant tout sa vie jusque là, et bien plus qu'il ne le souhaitait pourtant pour l'ensemble de sa vie.

Tezcatl savait qu'il ne serait plus jamais le même, plus jamais réellement complet... plus jamais réellement "lui". Il savait que la vengeance ne lui apporterait rien : qu'il ne serait ni pardonné, ni excusé. Qu'il ne se sentirait pas mieux après...
Pourtant, il ne pouvait se résoudre à laisser une partie de ce qu'il avait été dans les mains de quelques immondes créatures. Et s'il ne pouvait vivre en tant que soldat, alors il le ferait en tant que "chasseur". Intérieurement, il riait déjà jaune à l'idée que ses premières proies seront alors ceux-là même qui l'avaient mené malgré lui vers cette voie.
Le kamael se releva lentement, puis tout en sortant quelques bandages de son sac, commença à se diriger vers la sortie du camp, d'un air faussement impassible perturbé par la douleur de sa blessure encore fraîche du matin...

" Il faudra que je me trouve un nom, puisque je ne mérite visiblement plus mon matricule..." murmura t-il, d'un ton mi-las, mi amusé.

[...]

[Quetzal]

Il s'était rapproché au plus qu'il pouvait sans être repéré, et pouvait déjà entendre les grognements sourds caractéristiques de ses bourreaux. Inspirant longuement, il ferma les yeux pour se calmer un instant, puis les rouvrit, plus déterminé que jamais. Jetant un regard vers le ciel, il vit que le soleil commençait à se coucher. Il était grand temps d'agir...
Aussi discrètement que possible, il commença à installer minutieusement les pièges qu'il avait préparé avant de partir. Seul moyen pour lui d'avoir une chance de venir à bout de la petite troupe et d'en ressortir, sinon indemne, tout du moins en vie...
Entre deux mise en place de pièges, le kamael prenait tout de même le temps de s'arrêter pour vérifier l'état du début de campement que ses ennemis étaient en train de monter. Puis, une fois prêt, il escalada un arbre un peu plus haut que les autres, et commença son repérage.

Concentrant son regard sur les créatures, il commençait à les compter, tout en guettant si l'un d'entre eux n'avait pas l'excellente mauvaise idée de s'éloigner un peu du campement, pour chercher de la nourriture ou du bois pour faire un feu. Cela serait inévitable, il le savait, mais il espérait tout de même intérieurement pour qu'elles se sentent assez en confiance pour ne pas se déplacer en groupe.
Il n'eut pas à attendre bien longtemps pour voir, non pas un seul d'entre eux tel qu'il l'aurait souhaité, mais bien trois Mahums se diriger hors du campement, armes en main. Aucun magicien parmi eux, heureusement, mais l'un d'eux était armé d'un arc et poserait problème s'il ne s'en occupait pas bien rapidement...

Du haut de son arbre, il attendit que les bêtes passent à côté de lui pour avoir une vue de dos sur eux. Préparant son arbalète, il encocha un carreau puis se mit à viser le Mahum en bout de file, qui restait sa seule cible dégagée. Ce n'était pas l'archer bien entendu, c'eut été trop beau. Néanmoins il devinait qu'il n'aurait peut-être plus d'opportunité de ce genre, il fallait donc se presser. Mais dès lors que son carreau partirait, il savait qu'il ne pourrait s'arrêter qu'une fois l'ensemble du campement vidé de ses habitants. Les Mahums de l'Ire étant bien trop organisés pour ne pas sonner l'alarme au moindre problème...

Un bruit sourd de corde qui se détend se fit entendre, alors que le carreau se figeait dans l'arrière de la gorge de sa victime. Il n'y eut qu'un gargouillement presque inaudible, puis le son de l'imposant corps qui heurta le sol. Tezcatl commençait déjà à recharger, espérant avoir le temps pour un deuxième tir avant qu'ils ne comprennent ce qui s'était passé, et ne trouvent sa position. Il semblait bien qu'il rêvait éveillé une fois de plus. Et ce serait peut-être la dernière se dit-il, alors qu'une flèche manqua de dessiner une belle estafilade sur sa joue droite.
Tellement rapides. Ils sont tellement rapides se disait-il tout en commençant à pointer son arme vers le Mahum qui lui faisait face quelques mètres plus loin et plus bas, arc en main. Du coin de l’œil, il apercevait également l'autre bête un cor à la main, prêt à souffler dedans. Il savait qu'il aurait encore moins de temps que prévu, ce qui le stressait d'autant plus et lui fit finalement rater son tir, le nouveau carreau se plantant dans une souche non loin de sa cible.
Grommelant, il tenta tant bien que mal de se cacher à moitié derrière le tronc de l'arbre qui le soutenait, autant que sa position et la branche sous lui le lui permettait. La riposte ne s'était pas faite attendre elle aussi, et sa manœuvre lui avait probablement permis de survivre à cette flèche qui lui entailla sévèrement le côté de l'abdomen, sans pour autant se planter dans son estomac comme cela aurait été le cas s'il n'avait bougé.
Dans le même temps, le son du cor retentissait dans l'ombre de la forêt, et alors que la nuit semblait presque arriver, le camp se mit soudainement à émettre un bruit grandissant de grognements. Un hurlement glacial et strident semblait sonner le début de la chasse, la sienne cette fois-ci...

Pour autant, le kamael n'avait pas le luxe de s'apitoyer sur son sort et se laissa donc glisser rapidement de sa branche pour esquiver un troisième projectile qui lui passa au-dessus. Il continuait à descendre de branche en branche, tout en surveillant ses deux ennemis les plus proches du regard.
Voyant que celui muni du cor l'avait désormais lâché pour charger droit vers sa position d'arrivée au pied de l'arbre, il compris très vite qu'il n'aurait pas le temps de recharger son arme une fois arrivé en bas, et s'empressa donc de le faire tant bien que mal en continuant sa descente. Puis, arrivé à la dernière branche, il se jeta au sol en se tournant vers sa cible, surprenant assez le Mahum pour éviter le coup d'estoc qu'il avait prévu pour lui. C'était la dernière erreur de cette sale bête se dit Tezcatl, alors qu'il déchargeait son arme dans le bide de la créature.

S'il avait bien prévu son coup pour se débarrasser, anticipant même qu'elle bloque la ligne de tir de son camarade derrière, ce qu'il avait moins bien prévu en revanche, c'est que le corps du Mahum s'effondre sur lui. Bloqué, et sans moyen rapide de se dégager, il lui fallait trouver une solution prestement, avant de finir en porc-épic. Fort heureusement pour lui, le cadavre ainsi que sa position au sol ne rendait pas la tâche facile à son adversaire.
A contrario, les grognements sourds qu'il entendait se rapprocher peu à peu dans un fracas métallique d'armes et armures qui s'entrechoquent, l'effrayait bien plus à ce moment. Il eut cependant le sang-froid de garder cette pensée pour plus tard, et se concentra de nouveau sur l'archer, d'autant qu'une nouvelle flèche vint se loger dans le corps de sa précédente victime, non loin de son bras gauche.

Tezcatl tira difficilement une poignée de couteau de lancer de l'une de ses bandoulières, tout en restant protégé tant bien que mal de son rempart de chair, alors qu'il entendait la bête se rapprocher un peu, probablement pour ne pas rater son prochain tir. Il lui fallait faire vite : pliant ses jambes tant bien que mal sur sa poitrine, il appuya le plat de ses bottes sur le cadavre, puis d'un grand coup sec le projeta sur le côté tout en se relevant d'un seul bond.
A moitié surpris, mais tout de même prêt à l'accueillir, la créature décocha sa flèche en corrigeant partiellement sa trajectoire initiale de visée vers le sol où le kamael se trouvait un instant auparavant. La pointe se planta alors dans la jambe gauche du kamael qui ne put réfréner un léger cri de douleur.
Malgré tout, un rictus se dessina sur son visage alors que ses trois couteaux venaient d'atteindre leur cible dans le même instant, se logeant pour deux d'entre eux dans le visage du Mahum tandis que le dernier disparaissait plus loin dans les bois...

La joie du chasseur fut de courte durée : il était maintenant la proie. Encore.


[...]

[Quetzal]

Les yeux fermés et un mince sourire de satisfaction sur son visage, R9-0072B savourait doucement la sensation de la douce brise de vent sur son visage. Plantant ses mains nues dans la terre, il en retira dans chacune une poignée avec laquelle il jouait maintenant entre ses doigts. Malgré que cela fût peu usuel chez les siens, il avait toujours apprécié la nature, et plus particulièrement la forêt. Son odeur, ses paysages, ses animaux... la sauvagerie d'un monde où l'ordre était dominé par le chaos imprévisible et sans pitié de la nature.
S'il avait eu du courage, ou dans une autre vie, il aurait aimé vivre dans un tel lieu, loin de toutes ses responsabilités auprès de la compagnie. Il avait toujours aspiré à plus de liberté, tout en sachant combien de telles pensées n'étaient pas dignes du soldat impitoyable qu'il était, et devrait toujours être. Mais là, dans l'instant présent, et pour une poignée de secondes, voire espérait-il follement, de minutes, il pouvait être autre chose.

Profitant alors au plus qu'il le pouvait de ce court instant de répit sur une vie martiale sans fin, dictée par des devoirs et des responsabilités, il prit une longue inspiration et afficha malgré lui un plus large sourire qu'il n'avait jamais eut jusqu'avant. Sourire qu'il savait probablement être le dernier de ce genre, mais qu'il n'oublierais pas de sitôt.

Rouvrant alors lentement les yeux, il tourna la tête vers la voix qui l'appelait à son côté, reprenant un air plus sérieux pour répondre à son coéquipiers. Il n'avait pas compris ce que l'autre kamael lui avait dit, et son regard se concentra alors sur le visage de son interlocuteur, pour tenter d'en comprendre les paroles.

Paroles qu'il n'eut jamais le loisir de comprendre, en voyant d'un air horrifié une flèche se planter dans l’œil de R9-0185F, son cadet, dont la vie était sous sa responsabilité durant ce tour de garde. De même que l'ensemble des autres membres de la troupe actuellement sous ses ordres qui se reposaient dans le campement derrière lui.

R9-0072B afficha une mine sombre en voyant son cadet s'effondrer, mais son professionnalisme militaire repris immédiatement le dessus. Dans un geste preste, il mis la main à son collier, qu'il tira vers sa bouche, se préparant à souffler dans le petit sifflet en bois qui pendait jusque là à son cou. Il n'eut pas le temps de s'exécuter, le fracas d'une masse retentissant sur le côté de son crâne...

...

... Il n'avait eut qu'un simple moment d'absence.
... Deux minutes.
... Trois peut-être.

Trois minutes en plus de 25 ans de service impeccable et exemplaire. Trois minutes pour foutre en l'air sa vie, et celle de toute sa troupe. Toutes ces vies qu'il avait sauvé maintes fois par ses actes héroïques ou choix stratégiques, gâchées par trois minutes d'inattention et de liberté. Décidément, la vie était parfois bien cruelle se dit-il, en tombant dans l'inconscience...

Son réveil fût bien plus brutal encore que ne l'avait été le coup qu'il avait pris à la tête.
Hurlant de douleur, R9-0072B tentait de se débattre, les membres visiblement maintenus au sol par plusieurs Mahums, grognant et bavant autour de lui.
Ce qui semblait être leur chef se tenait derrière le kamael, debout et armé d'une grosse lame tranchante ornée de nombreux anneaux de fer à l'arrière de sa lame. Couverte de sang, l'arme était visiblement à moitié plantée dans la chair qui rattachait l'unique aile du sergent kamael à son corps.
Un large sourire cruel sur son visage, l'énorme Mahum albinos finissait de découper cette dernière tandis que les autres lui tenaient les bras et les jambes, riant de ce qui arrivait à la faible créature qu'ils avaient sous les yeux.

La douleur était intenable, et le kamael manqua à plusieurs reprises de tourner de l’œil, mais l'une des bêtes s'évertuait à le maintenir conscient en lui collant des baffes tout en soutenant son regard sur lui, son haleine fétide se propageant jusqu'aux narines de leur pauvre victime.
Profitant pleinement de la torture qui lui était infligée, et de l'humiliation qu'elle représentait, en bon sergent qu'il avait été jusque là, R9-0072B cherchait encore désespérément une trace des siens aux alentours, espérant follement que certains avaient eut le temps de se défendre, voir de s'enfuir. Un espoir bien vain, mais qui lui permettait de tenir quelques instants face à la folie qui le rattrapait devant l'horreur de la situation.
Il espérait peu, et en cela son désespoir en fût légèrement amoindri quand il aperçut les reste de ses compagnons, ici brûlant en tas au centre de ce qui restait de leur camp, et là éparpillés en plusieurs morceaux sur des piques autour de lui...

Le sang commençait à recouvrir son dos, puis à se propager au sol, lorsque l'albinos poussa un grognement de satisfaction en levant bien haut la grande aile qui ornait autrefois l'arrière du kamael vers le ciel, montrant son trophée à l'ensemble de ses troupes. Visiblement, il semblait bien motivé à parader auprès de tous avec sa nouvelle acquisition, et s'éloigna donc avec en laissant les siens s'occuper de ce qui avait été autrefois un kamael accompli... ou plutôt "complet".
Aux portes de la folie, mais ne laissant pas échapper la moindre larme pour ne pas leur donner de satisfaction, le sergent fit de son mieux pour leur jeter un regard de défi. La crispation de son visage du fait de la douleur ne laissait pourtant aucun doute quand à la fragilité mentale et physique du soldat. Dans son dos, ne restait dorénavant qu'un pauvre tronçon de chair déplumée, que personne ne pourrait plus qualifier "d'aile", et témoignage immortel de sa déchéance...

Continuant de rire de son humiliation pendant encore quelques minutes, la petite troupe restante finit par se lasser de leur nouveau jouet. L'un d'entre eux le souleva d'une main pour l'étrangler jusqu'à l'inconscience, puis le jeta au sol comme un vulgaire insecte. Tous se relayèrent enfin pour cracher sur le corps inanimé au sol, visiblement bien amusés de le laisser pour mort, humilié, au beau milieu des restes de ce qui avait été jusqu'à il y a peu ses compagnons d'armes pendant de très longues années...

[...]

[Quetzal]

Tezcatl savait qu'il n'avait pas un seul instant à perdre : brisant la flèche qui était plantée dans sa jambe pour ne pas trop entraver ses mouvements, il se mit à courir dans la direction opposée des grognements qui se rapprochaient. Après tout, la douleur de la pointe encore dans sa chair n'était rien en comparaison de celle qu'il avait subie lors de la perte de son aile !
En revanche, malgré sa vitesse habituellement plus grande que bien de ces balourds, cela risquait de le ralentir assez pour qu'il ne puisse leur échapper suffisamment longtemps...

Se retournant tout en continuant sa course, il décocha un carreau sur le plus proche et le plus téméraire d'entre eux, probablement trop confiant de leur nombre et trop pressé d'être le premier à lui mettre la main dessus pour penser à sa propre sûreté. Puis, d'un geste minutieusement calculé, il lâcha son arbalète bien trop lourde pour la course qui l'attendait pour décrocher de son flanc une petite bourse qu'il lança sur le tronc de l'arbre le plus proche de la course de ses poursuivants.
Éclatant au contact de l'arbre, la bourse propagea un nuage de fumée blanchâtre qui surpris et aveugla quelques instant les créatures, masquant pendant une poignée de secondes tout au plus Tezcatl aux yeux de ses poursuivants.
Un répit bien court, mais suffisant pour lui permettre de reprendre sa course dans une autre direction, vers son réel objectif !

Bien sûr, il ne leur faudrait pas longtemps pour s'apercevoir de la supercherie et être de nouveau sur ses talons, probablement encore plus énervés qu'ils ne l'étaient déjà, si tant est que cela soit possible. Mais cela devrait justement jouer en sa faveur : disparaitre trop loin d'eux, ou leur laisser le temps de se calmer ne ferait que jouer en sa défaveur : il fallait qu'ils sentent leur proie, sa peur, réelle comme feinte, son sang qui coulait derrière lui de ses différentes blessures. Qu'ils entendent encore les bruits de sa course...

Le halètement coordonné des Mahums à ses trousses ne faisait qu'augmenter la pression psychologique que le pauvre kamael subissait, mais il était là dans son environnement. Il avait été formé pendant presque 30 ans pour ce genre de situation, et s'il ne pouvait se racheter auprès de ses compagnons morts, il leur devait au moins une vengeance digne de ce nom !
Évitant instinctivement les racines, cailloux ou autres obstacles qui auraient pu lui coûter la vie s'il trébuchait ou perdait ne serait-ce que quelques secondes, il arriva finalement là où il le souhaitait. Observant une légère inscription de son cru sur un arbre quelques mètres devant lui, il préparait déjà une nouvelle fournée de couteaux pour la suite des évènements.

Se précipitant alors vers l'arbre en question, ses pas éclaboussaient les environs d'un liquide inconnu tandis qu'il s'en rapprochait de plus en plus. Sur ses talons, ses bourreaux n'étaient plus qu'à quelques mètres derrière lui, et il vit même quelques projectiles le dépasser ça et là durant sa course.
Il jeta un dernier regard vers le ciel pour vérifier que tout était en place alors qu'il dépassait finalement l'arbre marqué, puis se retournant d'une traite, lança deux couteaux vers la cime des arbres derrière lui.

Un bruit de corde se relâchant se fit entendre alors qu'un liquide poisseux se déversait sur la troupe de Mahums depuis le ciel.
Intrigués mais ne s'arrêtant pas pour autant, les premières créatures de l'Ire n'eurent le temps que de voir le regard mauvais que leur lançait leur proie alors qu'il jetait au sol une petite torche.
Derrière eux, un énorme Mahum albinos hurla dans un mélange de terreur et de colère, probablement pour prévenir les siens de ce qu'il venait de comprendre. Trop tard, comme le kamael à son heure, bien trop tard....

En une fraction de seconde, toute la zone s'embrasa. Les flammes semblant venir du sol, des arbres environnants, du ciel, et de leur pelage lui-même. Des cris de douleur, de panique, et de rage retentirent dans toute la forêt. Tous se débattaient en tentant de survivre à leur manière..
Certains essayaient de se rouler au sol pour éteindre les flammes : grand mal leur en pris, le sol imbibé du liquide leur paru les rôtir deux fois plus vite encore.
Les plus malins d'entre eux enduraient la douleur en cherchant des yeux une sortie à cet enfer, mais sans succès, Tezcatl s'en étant assuré et ayant prévu que les flammes se propagent tout autour d'eux sur une longue distance. Ceux-là mourraient donc plus loin en tentant de traverser le mur de flammes, mais leur sort n'en était pas plus envieux que les autres.

Seul leur chef, l'Albinos, et ce qui semblait être ses trois meilleurs guerriers, paraissaient garder la tête assez "froide" au vu de la situation pour s'apercevoir de la petite faille dans le plan du kamael : pour que son piège fonctionne correctement, il fallait une certaine proximité entre ses poursuivants et lui-même au moment de son déclenchement. Il n'avait donc pas pu prévoir assez d'épaisseur de flammes entre eux et lui sans risquer de brûler avec ses proies. Il leur suffisait donc de traverser les flammes là où elles étaient les moins étendues, droit vers Tezcatl. Ils ne s'en firent pas prier, et si la douleur les assaillaient, eux aussi en avaient vu d'autres durant leur longue vie de combat !

Chargeant alors le kamael dans un élan retrouvé de rage, sans hésiter à piétiner les cadavres encore chaud de leur alliés déjà tombés, parfois encore partiellement en vie, les quatre bêtes se frayaient un chemin hors de l'enfer pour atteindre ce dernier. De son côté, réalisant un peu tardivement la faille dans ce qu'il avait mit en œuvre, son visage empli de confiance se déconfit peu à peu alors qu'il voyait la menace se rapprocher à grande vitesse à travers les flammes.
Paniqué d'avoir sous-estimé ses adversaires, Tezcatl fit volte-face aussi rapidement qu'il le pouvait, et repris sa course de plus belle. Mais la fatigue, et la douleur à sa jambe commençaient à reprendre le dessus : il s'était arrêté quelques instants. Il s'était crût victorieux, et avait relâché la pression. Son corps meurtri venait maintenant chercher son dû à travers le regain de la douleur et l'impossibilité de se déplacer aussi rapidement que possible, ce qui n'échappa pas à ses poursuivants, qui redoublaient d'efforts dans leur course effrénées.

Il n'avait plus réellement d'avance. Il était plus lent et à bout moralement comme physiquement, et ce qui devait arriver arriva : les trois soldats Mahums finirent par arriver à portée d'arme du kamael, suivis de près par leur chef qui crachait sa rage contre ce dernier.
Les armes scintillèrent sous l'éclat de la Lune avant de commencer à s'abattre sur le pauvre kamael qui n'eut pas le temps de dire ses dernières paroles qu'un bruit d'explosion se fit entendre et que le plus gros arbre à leur côté s'effondra sur les trois bêtes, les écrasant dans une gerbe de sang et d'entrailles indescriptible.
Recouvert de sang et de boyaux, Tezcatl s'essuya le visage pour contempler son œuvre devant lui. Puis levant les yeux au delà du tronc, il vit le regard mauvais de l'Albinos de l'autre côté. Exténué, à bout de souffle et le visage et le corps à moitié brûlé, il semblait encore plus mal en point que le kamael. Mais il ne s'y trompait pas : même dans cet état, le monstre était probablement un adversaire redoutable.

Reprenant tous deux leur souffle sans se quitter du regard, des secondes qui parurent interminables au deux combattants s'écoulèrent. Lentement, le kamael fouillait ses différentes poches et bandoulières, à la recherche de matériel utile en vue de l'affrontement qui l'attendait. Impassible de son côté, l'énorme Mahum ferma finalement les yeux en levant son bâton, et commença à psalmodier dans une langue gutturale qui écorchait les oreilles du kamael...
Continuant de palper son restant d'équipement ça et là, le kamael listait alors de tête ce qui lui restait : un peu de poudre, une fiole de liquide inflammable, quelques couteaux de lancer qui lui semblaient minuscule au regard de la taille de son ennemi, des carreaux d'arbalète sans l'arme qui va avec, une fiole de poison...

... un éclair noirâtre lui frôla le visage alors qu'il se jetait au sol instinctivement en voyant la bête rouvrir les yeux.

Plus de pièges, plus d'arme digne de ce nom, et maintenant un gigantesque Mahum fou qui lance des éclairs. Que du bonheur en perspective pour un petit kamael dépourvu d'aile !
Pas le temps de s'apitoyer sur son sort : le kamael arracha ce qui restait de tête de Mahum au sol à ses côté pour la jeter par dessus le tronc. La voyant se faire foudroyer en vol, il se précipita par dessus l'arbre couché vers sa cible dans une dernière charge désespérée, une fiole à la main et deux couteaux de jet dans l'autre. Lançant un premier vers l’œil droit de sa victime, cette dernière l'esquiva d'un mouvement de recul tout en préparant son prochain sort à destination du petit kamael.
Ce mouvement de recul était tout ce qu'espérait ce dernier pour avoir une chance d'en finir avec son imposant antagoniste. Un deuxième couteau partait déjà, à destination d'un des pieds de la créature, coupant un orteil à son arrivée et forçant l'albinos à laisser échapper un cri de douleur : juste ce qu'il fallait au kamael qui sauta vers la tête du Mahum pour jeter sa fiole de poison fraîchement débouchée au fond de sa gorge.

Un dernier éclair sombre crépita dans une direction aléatoire alors que l'énorme bête lâcha son bâton pour ramener ses deux mains vers sa gorge en train de se liquéfier...
De la bave verdâtre s'échappait de la gueule et des oreilles du monstre alors qu'il s'effondrait sur place, encore maintenu par son imposante carrure, les bras lui tombant finalement le long du corps.

Retombant au sol avec fracas, Tezcatl laissa échapper un léger gémissement. Puis, se retournant sur le sol, il s'affaissa dos à la terre pour observer la Lune et enfin souffler...

C'en était fini. Enfin.
Il avait vengé ses camarades et pourrait récupérer son membre arraché, espérant nerveusement que l'albinos ne l'aurait pas trop abîmé du fait qu'il la traitait comme un trophée...

Il poussa un soupir.
Peu importait, c'en était fini. D'eux. De son ancienne vie. De son ancien "lui".
Il souffrait attrocement, de la perte de son aile, de la perte de ses compagnons et alliés, de son échec passé.

Pourtant, quelque part au fond de lui, il remerciait son formidable adversaire de lui avoir, certes bien malgré lui, offert une porte de sortie vers une vie à laquelle il aspirait bien plus.

Il se haïssait pour ces pensées, qu'il savait déjà qu'il réprimerait toute sa vie et rechignerait à avouer toujours, mais il en était malgré tout égoïstement satisfait...

Tezcatl ferma alors les yeux, le calme revenu sur son visage, ayant fait la paix avec lui-même, autant que cela lui était possible...

[...]

[Quetzal]

Epilogue :

Ouvrant les yeux lentement dans le même temps qu'il déverrouillait le lourd coffret, Tezcatl fut satisfait d'y découvrir son aile, certes encore ensanglantée, mais intacte autant que faire se peut, à l'intérieur.
Voilà tout ce qu'il restait du kamael qu'il avait été jadis. Le symbole à la fois de son échec et de sa renaissance...

Affichant un demi-sourire triste, il s'arrêta un bref instant sur la vision qui s'offrait à lui, puis referma le coffret.
Soulevant ce dernier, il le pris sous le bras et ressorti de la grande tente. Autour de lui, un campement entièrement vide, paraissant presque fantomatique sous la pâleur de l'astre lunaire.

Sans s'attarder un seul instant de plus, il quitta l'endroit maudit en tapotant des doigts sur le gros coffret qu'il tenait sous le bras, réfléchissant déjà à ce qu'il pourrait bien faire de sa nouvelle vie...