[BG Elfe] Astrée Alcar

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Lili
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[BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » dim. 31 mai 2020 à 12h20

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Nom : Alcar
Prénom : Astrée
Âge : 142 ans (en 947)
Sexe : Féminin
Race : Elfe
Spoiler:
Métier : Membre du conseil de Heine et Cérulys
Compétences :
  • Combat : Notions de combat à mains nues
  • Magie : Hydromancie, Soins d’Eva
Alignement : Loyal Neutre
Langues parlées : Elfique & Commun

Description physique : Svelte, yeux noisettes et chevelure cendrée, oreilles en pointes, visage anguleux.
Caractère : Ambitieuse, calme et amicale.
Autre : Joueuse de harpe à ses heures perdues, les artistes sont son talon d'Achille.

Situation financière : En déficit
Type d’éducation reçue : Lettrée
Popularité et/ou influence : Anciens cercles politiques et diplomatiques adennois, ancien Préfet de Heine et Cérulys.
Pensée politique : Impérialisme

Croyances :
  • Einhasad : Priée
  • Gran Kain : Craint
  • Eva : Priée
  • Shilen : Crainte
  • Sahya : Craint
  • Pa’agrio : Craint
  • Maphr : Crainte
Relations extérieures :
Cordiales avec toutes les races.
Spoiler:
Dernière modification par Lili le mer. 13 juillet 2022 à 10h37, modifié 5 fois.

Lili
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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » dim. 31 mai 2020 à 12h27

947 – Cimetière d’Aden

Avant même d’avoir ouvert les yeux, je sentis le danger.
Des pas se rapprochaient et je sortis de ma torpeur, encore prisonnière d’un demi-sommeil. J’étais allongée sur le dos. Un froid glacial s’insinuait à travers mes vêtements. Prenant conscience de ma nuque renversée, douloureuse, j’entrouvris les paupières. Des formes oblongues se dressaient dans le brouillard opaque et bleuté. Je crus apercevoir, l’espace d’un instant une mâchoire déformée, mais je finis par discerner les silhouettes. Des tombes.
Je tentai de me redresser, mais mes mains glissèrent sur le sol détrempé. Engourdie par les brumes du sommeil, je roulai sur le côté pour m’extraire d’une dénivellation. Est-ce qu’on avait essayé de m’enterrer ? Un coup d’œil par-dessus mon épaule me révéla que je me trouvais à la lisière d’une fosse commune. À tâtons, je rampai entre les stèles et les monuments, essayant de maîtriser les ruades de mon estomac. L’endroit m’était vaguement familier, mais une douleur fulgurante résonnait dans ma tête et m’empêchait de penser clairement.
Un hurlement lugubre retentit au loin, mais c’étaient les bruits de pas qui m’effrayaient. J’étais incapable de déterminer s’ils se rapprochaient. Mon instinct me disait de me cacher, mais j’étais désorientée, comme hypnotisée par cette brume bleutée qui projetait des mirages dans le noir.
Je perçus un éclat de voix dans le brouillard. Astrée. Quelqu’un m’appelait.

Longeant le cimetière, je pataugeai dans un amas de feuilles mortes. Plus loin, prisonnier d’arbres noueux et touffus, j’aperçus un caveau de pierre blanche, nimbé d’un halo blafard, au sol, appuyé contre son seuil, Barnabé semblait mal en point. Je me hâtais de le rejoindre.
« Bar’ ! »
Nous agrippâmes mutuellement nos mains. Les siennes me firent l’effet de la lave calcinée. Les lèvres de mon frère étaient bleues, sa peau d’une pâleur de cadavre. Je remarquais à peine l’état déplorable de son armure.
« Entre ! Entre ! »
Barnabé m’attira à l’intérieur du caveau et je perdis le peu de vision qu’il me restait. Je sentis confusément qu’il se déplaçait : le frottement de la pierre sous ses bottes, puis de la pierre contre la pierre.
« Il y a… Il. Y a, un tunnel. »
Il haletait en me poussant déjà dans le sol. Je m’y enfonçai jusqu’à la taille, m’aidant de mes mains pour me repérer, je compris que je devrais progresser en rampant. Je me baissais tandis que j’entendais déjà le sol se refermer au-dessus de moi. J’hurlais le nom de mon frère, paniquée :
« Ne me laisse pas !
- Tu passes devant ! À la sortie du tunnel, cours sans te retourner, tu suis le chemin jusqu’au premier croisement. Tu m’y attends. Je te retrouverai. Gerich Veleth Nîn ! »
Un sanglot s’échappa de mes lèvres tandis que j’obtempérais, je me répétais en boucles ses paroles, comme un mantra protecteur.
Dernière modification par Lili le lun. 22 mars 2021 à 16h48, modifié 1 fois.

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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » dim. 31 mai 2020 à 12h30

957 – Territoires de Gludio

Laissés pour morts lors de la prise d’Aden, nous avions fui.
Pendant dix ans, l’Ire Bestiale engloutit chacune des villes où nous tentions de nous établir. Nous faisions profil bas, évitant les recruteurs de l’armée. Tantôt vagabonds, tantôt mercenaires ; notre enseignement nous permettait de subsister puisque notre fuite nous laissait sans ressource. Nous cheminions vers Giran quand la nouvelle de la chute de la ville nous parvint. Abasourdis, nous avions erré jusqu’à ce que nous tombions sur une ancienne ferme, à la périphérie de Gludio, qui jouxte l’une des zones les plus rurales de Floran.
C’était un endroit étrange : il nous donna la fausse sensation d’être hors du temps, ou plutôt qu’il avait été figé à l’Âge d’Or, une époque à laquelle nous avions à peine goûté dans notre prime jeunesse. Il suffisait de regarder par la fenêtre : d’un côté, de vastes prairies vierges ; de l’autre, d’immenses champs blonds bordés d’arbres centenaires. La maisonnette se situait au bout d’un chemin de terre, et les plus proches voisins, s’ils vivaient encore, devaient être à plus d’un kilomètre de là. La nuit, lorsque les lucioles scintillaient entre les branches touffues et que la senteur musquée et résineuse des arbres embaumait l’atmosphère, il devenait facile de se croire revenu à une époque lointaine.
Autour de la vieille bâtisse aux volets bleus courait une véranda à balustrades dont le dénivelé était visible à l’œil nu. Je m’y étais installée ; fermant les yeux, je m’imaginais une grange aux murs rouges et un troupeau de moutons dans le pré contigu.
« Je crois que nous devrions aller à Gludin. »
Barnabé m’avait rejoint, il observait une carte. Elle était si vieille qu’elle tombait en lambeaux et il devait la tenir avec plus de précaution qu’un nouveau-né. Certaines zones étaient biffées. Je n’avais pas besoin de la regarder avec lui pour vérifier que c’était notre seule option.
« On pourrait intégrer la brigade de l’Aile Pourpre qui est sur place, on aurait probablement un toit, et de quoi manger, continua-t-il, optimiste.
- Tu sais, Bar’, après Gludin, il n’y a plus que la mer. Si Gludin tombe… Que ferons-nous ? Apprendrons-nous à hisser les voiles et tenir la barre ?
- Ou à voguer dans les airs pour rejoindre les terres de Gracia ! »
Je souris faiblement à son trait d’humour tandis qu’il repliait soigneusement la carte d’ElmoreAden. Il pressa doucement mon épaule d’une de ses mains noircies.
« Il nous faut juste un peu de temps pour nous organiser. Il nous faut des alliés… On en trouvera là-bas. L’Empire n’est pas mort, Astrée. »
Dernière modification par Lili le lun. 20 juillet 2020 à 11h54, modifié 1 fois.

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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » lun. 20 juillet 2020 à 11h53


Sumbra, le 24 Blancheterre de l'an 958

Mon très cher frère,


J’ai regagné Gludin mais je m’y sens moins en sécurité que jamais. Le sommeil m’est devenu étranger et la nourriture a un goût de cendre dans ma bouche. Chaque fois que mes yeux se ferment, je revois ton visage, j’entends ta voix qui me hurle des mots que je refuse de comprendre. Je sens l’air d’une flèche qui fuse près de mon oreille. L’eau qui m’engloutit. L’air qui me manque. La solitude me ronge désormais et mon cœur est inconsolable.

Qu’Eva te guide,

Astrée



Jeriel, le 28 Blancheterre de l'an 958

Mon très cher frère,


Ma colère pour seule énergie chaque jour, je rumine contre ce Sombre qui a fait germer cette idée dans ton esprit. Puis, je me rappelle qu’il est bien égoïste de ma part de souhaiter que tu ne sois pas parti à la recherche de ta famille, de regretter de ne pas t’avoir convaincu, de ne pas avoir été assez courageuse...
Ma pénitence sera de faire preuve de plus d’audace dorénavant, je ne reculerai plus, je ne te laisserai plus seul.

Qu’Eva te guide,

Astrée



Marka, le 2 Fondgivre de l'an 958

Mon très cher frère,


Mon seul réconfort réside dans la certitude que tu es en vie, je le sens dans mon cœur, et chaque jour sur l’autel d’Eva, auprès des oracles, je prie de toute mon âme pour que nous nous rencontrions à nouveau. Car cela ne peut pas être notre fin.

Qu’Eva te guide,

Astrée



Sumbra, le 18 Fondgivre de l'an 958

Mon très cher frère,


Le groupe rassemblé sous le nom des Auxiliaires de la légion d’Azur est devenu une assemblée organisée et régie par Revel, cet Humain éleveur que tu trouvais si sympathique, et un autre Humain du nom d’Enguéran. Elle a pour nom Les Innommés. J’ai pu les rejoindre et consulter leurs notes. Je regrette que tu ne sois pas présent pour éclairer toutes les énigmes auxquelles nous sommes confrontés, je sais que nous en aurions vivement débattu ; et il ne se trouve personne d’autre au monde avec qui je souhaiterais échanger sans craindre les moqueries ou le jugement que toi.

Qu’Eva te guide,

Astrée



Jeriel, le 22 Fondgivre de l'an 958

Mon très cher frère,


Le général Élion mène un combat acharné au péril de sa santé pour atteindre le but de la reconquête et de la liberté des 5 races. Aujourd’hui les Innommés se sont tenus à ses côtés pour la dernière étape de la libération de Giran. Et elle est désormais libre, en ruines, mais débarrassée de l’Ire. J’espère que la nouvelle te parviendra et apportera dans ton coeur autant de joie et d’espoir que cela en a apporté dans le mien. Il y avait dans le groupe un Humain déchaîné par la perspective de libérer la cité, il rendait coup pour coup et n’a jamais faibli, il m’a fait penser à toi.

Qu’Eva te guide,

Astrée
Spoiler:
Intégration des Innommés
Subclass Elven Elder

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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » jeu. 17 septembre 2020 à 15h47

14 d'Astrée de l'an 958
Mon très cher frère,

Où que tu sois, j'espère que tu te tiens loin des portails apparus dans certaines villes et que ce qu'on appelle aujourd'hui le Mal Sombre t'aura épargné.
J'ai parcouru cette nuit les rues de Heine. Car, mon frère, la ville a été libérée. Le Capitaine Alaric est apparu à Giran, il souhaitait partager la nouvelle avec nous, une fois sur les lieux toutefois il a reçu comme une vision, ou plutôt un appel mental - j'ignore comment cette magie fonctionne. Cet appel à l'aide provenait de réfugiés de Heine qui avaient fui avant l'Ire. Ô comme j'ai espéré à ce moment. Je trépignais. Les Innommés m'ont paru se décider à une lenteur de petit escargot : ils pensaient à un piège. Mais nul traquenard dans notre expédition, plutôt une découverte extraordinaire ! Une ville. Une ville magnifique. Elle s'appelle Cérulys. Alimentée par des cristaux dont les gisements à proximité sont exploités, il y règne une atmosphère paisible, comme lorsque l'on se laisse aller dans la mer en fixant le ciel. L'architecture est probablement due à la main des Géants ou d'êtres divins inconnus. J'espère que tu verras cette ville. Le Conseil qui s'est constitué sur place nous a proposé de nous donner les clefs de la ville, mais aussi de partager toutes leurs récoltes, car les terres autour sont très fertiles. Aërya et moi, en avons obtenu la charge. Je t'épargnerai tout l’imbroglio précédant cette décision. Les innommés ont rejeté la gouvernance de la ville, ils pensent que leur mission ne tient qu'au militaire.
Enfin, je n'ai pas trouvé le sommeil, aussi j'ai arpenté ces deux magnifiques cités. Le soleil culmine maintenant et je me sens bien abattue. J'ai encore l'espoir que tu puisses te trouver à Cefedellen. C'est apparemment notre prochaine bataille.


Qu'Eva te guide,
Astrée
22 Astrée de l'an 958
Mon très cher frère,

C'est mon anniversaire.
10 Vertefeuille de l'an 958
Mon très cher frère,

La peur me glace tellement le sang qu'aucun feu ne semble pouvoir me réchauffer. J'ai rencontré aujourd'hui en présence de l'Orc qui se fait appeler Sandales et d'Euria, la Cardinale Hazel. Elle fait partie de la Tour d'Ivoire et a pris le risque de nous rencontrer pour nous apporter quelques réponses. Ce qu'elle avait découvert et que nous n'osions pas deviner, en tout cas. Notre ennemi est une entité chaotique qui se fait appeler le Néant. Composant sur un réseau sous-terrain, il fragilise le voile entre nos mondes et y instille tout son venin. Malheureusement nous l'avons nous-même permis en commettant une erreur fatale.
Quand reviendras-tu Barnabé ? Si je dois mourir, je voudrais égoïstement que tu sois à mes côtés.

Nous passons commande aux experts de Cérulys d'un golem pour transporter un cristal et tenter une expérience, je garde espoir. Sandales a eu une idée intéressante, aussi je m'en vais explorer la forteresse des Sables Blancs.

Qu'Eva te guide,
Astrée
14 Vertefeuille de l'an 958
Mon très cher frère,

Je t'écris depuis la forteresse des Sables Blancs, je suis allée la visiter pour voir si nous pourrions l'utiliser pour loger des ouvriers et les faire traverser par bateau vers les champs de Cérulys. Malheureusement, si la forteresse est tout à fait exploitable, la traversée quotidienne n'est pas envisageable.
C'est assez agréable de se retrouver loin du carnage en tout cas, le matin on observe l'océan onduler et les roseaux s'agiter, c'est très paisible. Je rechigne à rentrer, aussi j'ai décidé d'utiliser les routes et les chemins plutôt que la magie pour assurer mon retour. J'espère que tu es en paix également, où que tu sois.

Qu'Eva te guide,
Astrée
21 Brilleblé de l'an 958
Mon très cher frère,

Trois Innommés ont été emprisonné à Gludio, le peuple réclamait leur mort, mais Elion a décidé de les gracier. Malheureusement, la décision de miséricorde avait été divulguée et le peuple fomentait de se soulever. Un carreau empoisonné a atteint le Gouverneur et maintenant Gludio est une zone où nous ne sommes plus les bienvenus. J'espère que nous pourrons rétablir le contact et apaiser les tensions. Pour l'instant, les Innommés sont encore très ébranlés de cet épisode et ne semblent pas pouvoir dépasser leur culpabilité.

Qu'Eva te guide,
Astrée
15 Brûleblé de l'an 958
Mon très cher frère,

Je hais les Innommés. J'ai quitté aujourd'hui leur énième réunion, leurs discussions en boucle... Je ne les blâme pas, personne ne sait rien, et nous avançons dans le noir le plus complet. Les quelques étoiles filantes qui éclairent notre ciel nous rappellent seulement l'obscurité dans laquelle nous évoluons. Mais pourquoi s'en plaindre autant ? Pourquoi être si sarcastiques entre eux ? C'est un éternel échange de piques et de mauvaise humeur... Sans parler de leur éternel défi envers la hiérarchie. Il s'adresse au Gouverneur avec si peu de respect. Ils continuent de s'indigner de recevoir des responsabilités de la part du Gouverneur, des responsabilités qui ne sont que des symboles de sa très haute confiance. Confiance qu'ils ne méritent pas puisqu'ils doutent du Gouverneur. Je ne sais quelle décision prendre. Nous avions rejoint Gludin pour trouver des alliés, et seule, je ne parviendrai à rien. Les flux de population créent des tensions dans les cités. Avec Aërya, nous essayons de répartir les fruits de la prospérité agricole de Cérulys de façon équitable... Enguéran et Hortense lancent un plan de construction près du port de Gludin. Personne n'a parlé de s'attaquer à la libération de Cefedellen. D'ailleurs, la véritable priorité est, en fait, Aden. La Cardinale Hazel nous a assuré que la clef était là-bas - et je ne peux m'empêcher de me demander, est-ce que toi, tu es là-bas ?

Qu'Eva te guide,
Astrée
25 Astredoux de l'an 958
Mon très cher frère,

Je t'écris depuis le dispensaire que je quitterai bientôt. J'ai été cruellement blessée lors d'une attaque contre un convoi de nourriture que nous étions venus assister dans les terres d'Innadril. Par chance, des soigneurs ont été dépêché depuis la forteresse la plus proche et si j'ai souffert, cela n'a pas duré longtemps. Les sous-races d'Innadril, ici une tribu d'homme-crocodiles, ont été féroces et elles se sont largement servies dans les récoltes que nous acheminions. C'est Sire Khalaart qui est à l'origine de ces récoltes, c'est un maître d'armes à ce que j'ai entendu dire, mais il ne rechigne pas à travailler la terre pour nourrir ses semblables, il est dommage que ses efforts soient récompensés par ce type de calamités, néanmoins nous en tirerons les leçons nécessaires pour les futurs convois.

Une des Innommées, une Kamael érudite, si je me rappelle bien, est partie en éclaireuse à la Tour d'Ivoire, malheureusement la Tour était assaillie par les sous-races qui la vidaient de tout son savoir. J'ignore si des érudits ont survécu à cette attaque. La Kamael a réussi à faire exploser un des ponts de la Tour, si cela ne pourra pas tout sauver, au moins elle aura essayé et compliqué la tache à notre ennemi.


Qu'Eva te guide,
Astrée
2 Tourneterre de l'an 958
Mon très cher frère,

Le golem pour le cristal a échoué. C'est bien dommage. Les râleurs d'Innommés n'avaient pas besoin de ça. J'ai relu ma correspondance - si je puis l'appeler ainsi - et me rend compte que je ne me suis jamais associée à eux par les mots. Il y a eux, et il y a moi. Je sais que j'ai les ambitions pour deux, mais c'est toujours toi qui a été l'être sociable, celui qui fait du lien. Je devrais faire plus d'efforts en ton absence.


Qu'Eva te guide,
Astrée
13 Tourneterre de l'an 958
Mon très cher frère,

Comme nous le savons à nos dépens, les Mahums tiennent Cefedellen. Mais nous avons également appris qu'une tribu Orc a colonisé la capitale Sombre. Cependant, ces deux tribus ne semblaient pas fermées au dialogue et hier un traité a été conclu. Une sorte de pacte et d'alliance. Je ne sais que penser... Constater qu'une sous-race possède le pouvoir sur les nôtres me troue le cœur, mais au regard des atrocités commises partout ailleurs, peut-être est-ce notre chance. Je m'enjoins à la patience car la situation ne pourra perdurer éternellement, il sera toujours temps de soulever une révolte si nous survivons au Mal Sombre, ou de leur proposer une nouvelle terre, à eux. J'aurais probablement étudié la seconde option, pendant que tu m'aurais invectivé de la première. Cet esprit belliqueux me manque. Je ne cesse de me demander : qu'aurait pensé Barnabé ? Qu'aurait-il fait ? Puisses-tu être ici et me le dire.


Qu'Eva te guide,
Astrée
30 Tourneterre de l'an 958
Mon très cher frère,

Les Kamaels ont trouvé un remède pour le Mal Sombre ; ils exploitent une plante et l'on voudrait la cultiver en plus grande quantité. J'espère que nous y parviendrons. Le climat de Gevurah me paraît bien aride, mais peut-être l'ont-ils cultivée sous serre. Cette perspective m'enchante : bien que je ne sois pas atteinte de ce Mal, j'ai beaucoup de peine pour les autres, ils paraissent très affaiblis. Je prie pour que tu sois toi aussi en bonne santé.


Qu'Eva te guide,
Astrée
21 Rougefeuille de l'an 958
Mon très cher frère,

Te souviens-tu lorsque nous cheminions entre les cités, cherchant un abri après la chute d'Aden ? Je détestais cette période et ne cessais de me plaindre, comme tu as dû me supporter alors. Je me disais que je ne voudrais plus jamais vivre ça pour rien au monde. Et désormais, je suis grisée de cette liberté. Après l'annonce des Kamaels, je suis partie en quête de champs à Cérulys, et ne suis pas rentrée. J'ai marché, marché, marché. Les paysages ravissent mes yeux. J'observe le soleil se coucher avant de m'endormir et me réveille avec ses premiers rayons. Je sais que ma chambre de l'Aile Pourpre m'attend à Gludin, comme un animal loyal qui aura autant de plaisir que moi à nos retrouvailles. Pourtant je repousse cette échéance et continue de sillonner les territoires d'Innadril. Est-ce que je te cherche ? Sans doute.

Nos amis, les Innommés, subissent encore quelques dommages : certains membres se lassent ou se fâchent, j'imagine. Plusieurs ont annoncé vouloir quitter le groupe. Je reste encore, en y pensant, c'est bien la seule façon de me rendre utile ; et pour le reste ce n'est pas une entrave, personne ne me demande de compte. Enfin, Revel semble renoncer à diriger ce groupe, je crois que ça le soulagera, c'est donc Enguéran qui prend sa suite. Il a l'air énergique et organisé, soutenu par Hortense. J'envie un peu ce binôme -- est-ce qu'on ne vit pas mieux en sachant que quelqu'un est là pour protéger nos arrières ?


Qu'Eva te guide,
Astrée
10 Tombefeuille de l'an 958
Mon très cher frère,

Tamutak, le chef des Mahums de Cefedellen, a adressé un appel à l'aide et nous y avons répondu, enfin 8 d'entre nous. Les autres ont pris le parti de rejoindre le front de bataille aux abords du Passage de la Mort - n'est-ce pas sinistre et ironique ? Tant de vies perdues dans ce gouffre si fatidiquement nommé. Une percée par les armées d'Elion devait être engagée. Ils y sont parvenus au prix du sang - le Néant a été repoussé. J'espère que les dieux récompenseront nos morts.
A Cefedellen, nous avons combattu les armées sous-raciales du Néant. Elles s'en prenaient à l'Arbre-Mère, la puissance de sa magie empêchait les créatures du Néant d'approcher, mais pas les sous-races contrôlées grâce à cette magie venimeuse probablement alimentée des cristaux corrompus. Tamutak défendait notre gardienne, Nerupa, avec ferveur, et j'avoue avoir été touchée de le voir prêt à sacrifier sa vie pour cette haute personnalité. Nos valeurs et nos intérêts sont probablement plus communs que je ne veux bien le voir. J'attends encore de démêler mes sentiments quant à ce point. Tu n'aurais probablement pas de pitié de ton côté.
Finalement, nous avons pu sauver notre Arbre Mère et celui-ci par un chemin de jeunes pousses nous a guidé jusqu'à la forteresse abandonnée du territoire. L'endroit grouillait de créatures de Néant, mais par une habile manipulation, nous sommes tombés dans le piège jusqu'à atteindre le point de rencontre fixé par notre ennemi : le Néant. Il se matérialisait comme une tourbillon, une sorte de petite tempête de sable. Comme si un portail était ouvert et qu'il aspirait et rejetait en même temps la matière mutable autour de lui. J'ai eu si peur alors qu'il nous tue, il y avait d'ailleurs parmi nous une enfant. Son cœur devait être vaillant car elle avait la langue bien pendue, mais elle était bien trop jeune pour mourir. Nous avons tous survécu, selon le bon vouloir de l'Ennemi, et gagné bien peu d'informations. Je sentais qu'il aurait fallu poser les bonnes questions pour décortiquer quelques mystères parmi ceux qui planent encore au-dessus de nous, mais je restai muette. J'entendais encore cette voix, celle de mon mentor, qui me serinait : quand on ne sait pas de quoi on parle, on se tait.
Je retourne aujourd'hui à Cefedellen pour voir si nous pouvons récupérer le bracelet de servitude du chef Mahum que nous avons affronté et qui était manipulé par le Néant, ainsi que quelques pousses de l'Arbre Mère, au cas où elles auraient survécu. J'en profiterai sûrement pour te chercher parmi chaque visage, et peut-être qui sait, si on m'y autorise, arpenter un peu à nouveau ces terres.


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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » lun. 21 décembre 2020 à 23h16

12 Tombefeuille de l'an 958
Mon très cher frère,

J'ai appris que la Cardinale Hazel a disparu tandis que Cefedellen était assaillie. Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec ta propre disparition : l'Ire Bestiale est impliquée des deux parts, et si tes pouvoirs ne sont pas égaux à ceux de la Cardinale, ils demeurent puissants telle que j'en suis témoin à chaque battement de cœur depuis mon réveil au Cimetière d'Aden.
Je me sens anéantie tout à coup, et malheureusement un voile de morosité plane aussi sur le continent après le massacre de milliers d'innocents à Gludio hier. Il semble que cet acte de violence intense ait été ordonné par le capitaine Alaric, mais je ne peux pas me résoudre à le croire : c'est un homme si calme, si bienveillant qui nous a accueillis à la création des Innommés. Je me souviens de ton bon sentiment à son égard, j'essaie de m'y accrocher. D'ailleurs, il n'est que Capitaine, peut-être a-t-il dû exécuté des ordres avec lesquels il était en désaccord ? Ou était-ce une forme de sacrifice nécessaire au pouvoir ? Je n'oublie pas la violence des jeux politiques.
T'écrire apaise un peu mon esprit, mais les souvenirs harcèlent mon coeur. Que ne donnerais-je pour te revoir, mon frère... Toutes mes pensées t'accompagnent.
Qu'Eva te guide,
Astrée
18 Tombefeuille de l'an 958
Mon très cher frère,

J'ai décidé d'emménager à Cérulys et ai rendu les deux chambres que nous louions auprès de l'Aile Pourpre de Gludin. Cela fait des mois que je n'ai pas complété une de leurs requêtes, et pourtant je suis encore en possession d'un coffre rempli d'un millier de billes de l'esprit. Depuis que Bremmer est mort, l'endroit n'est plus le même et je n'ai pas eu le coeur de m'y rendre.
Aussi, j'ai procédé à un tri de nos affaires. Je n'ose pas me séparer de tes effets personnels, aussi je préfère les consigner pour l'heure. Toute ta vie tient dans une malle. Je trouve cela amusant en y pensant. Tu n'as vraiment besoin de rien.
J'ai acquis à Cérulys, avec l'aide du conseil, l'espace d'une famille qui a préféré regagner Heine. C'est modeste, mais suffisant pour mon usage. J'y ai donc déposé tes trois malles et suis partie en quête de meubles auprès des artisans Cérulyens.

Je repense souvent à notre demeure familiale à Aden, tous nos souvenirs... Le petit canapé vert molletonné dont l'inconfort était réservé aux visiteurs indésirables mais que tu estimais plus que tout. Je crois même qu'il sentait le chien.

Je me rends compte désormais que je suis la seule gardienne de notre mémoire. On dit que l'on meurt lorsqu'il n'y a plus personne pour se souvenir de nous... Mon frère, jamais tu ne mourras, je t'en donne ma parole.

Qu'Eva te guide,
Astrée
30 Tombeglace de l'an 958
Mon très cher frère,

L'Ire Bestiale a lancé une attaque d'une violence inouïe dans la vallée. Nous les avons affronté et essuyé énormément de pertes. Lorsque nous avons pu fouiller le camp ennemi vidé de tout danger, nous avons fait une découverte étonnante : un Elfe était retenu prisonnier, issu de la résistance d'Oren selon ses dires. Il a dû subir des épreuves que nous ne pouvons imaginer, il ne pouvait s'empêcher de pérorer pour sur-compenser son traumatisme, mais le corps a eu le dessus et il s'est évanoui au milieu de nous. Il a été transporté à Giran pour y recevoir les meilleurs soins. Il s'appelle Rhaël.
Cette découverte ajoute encore de nombreuses questions à notre liste. Personnellement, j'ai pris le parti que toutes les questions ne pouvaient obtenir une réponse. La seule m'obsédant encore étant ton devenir.


Qu'Eva te guide,
Astrée
3 Blancheterre, de l'an 959
Mon très cher frère,

Avant la bataille précédente, j'avais pu lire les rapports houleux de plusieurs Innommés relatant leur rencontre et leur avis sur le nouvel envoyé du Gouverneur, la nouvelle envoyée devrais-je écrire. Il s'agit de Lorelei Mag'na, une mage très puissante - je l'ai constaté par la suite lors de la bataille.

J'ai honte aujourd'hui de mon comportement, ne me fiant qu'à leurs écrits, j'arrivais pleine d'à-priori sur cette femme et lorsque je reçus sa proposition d'entretien au sujet de Cérulys par l'intermédiaire du conseil, j'eus des mots fort méprisants à son sujet, et indignes de mes aspirations. Heureusement, la bataille changea mon regard en tous points et lorsque nous nous rencontrâmes, je fis de mon mieux pour la recevoir.
Dame Mag'na était affiliée à Heine et nous nous sommes entendues pour que les cités demeurent soeurs et se soutiennent mutuellement. Lors de cet entretien, Aërya, qui était également présente a souhaité, et j'en étais très surprise, signifier qu'elle préférerait rester en retrait sur la gestion de Cérulys. J'aurais aimé que tu la rencontres, Barnabé. Aërya suscite des sentiments si ambivalents chez moi, elle me fait penser à une sorte d'animal dangereux dont l'idiot retirerait beaucoup d'orgueil à l'avoir apprivoisé mais qui se ferait croquer au premier faux pas. J'ai si peu d'amis dans ces cercles que mon cœur souhaite pouvoir la considérer comme une alliée, mais mon instinct me dicte qu'elle me pousserait probablement du haut d'un gouffre sans trop se morfondre à mon sujet. La solitude dans laquelle tu m'as laissée est parfois si pesante...

Qu'Eva te guide,
Astrée
16 Fondgivre, de l'an 959
Mon très cher frère,

Les Innommés ont procédé au remplacement du cristal avec succès. Dion devrait évoluer sous de meilleures hospices. Je prie pour que les tensions sociales s'y apaisent désormais.
Nous avons récupéré des golems de guerre utilisés par l'ennemi lors de la précédente bataille, ils sont acheminés vers Cérulys pour que les experts les examinent et nous disent quoi en tirer.

Qu'Eva te guide,
Astrée
18 Fondgivre de l'an 959
Mon très cher frère,

Les Kamaels ont réussi à créer un antidote au Mal Sombre à partir d'une plante. J'ai reçu aujourd'hui quantité de graines afin de les cultiver dans les terres fertiles d'Innadril. Les meilleurs botanistes de Cérulys ont été conviés, il me semble qu'il y a parmi les Innommés, ou autour, une personne qui maîtrise cet art mais n'ai pas pu la contacter, faute d'information.
J'espère que la culture se passera bien, ce serait un peu de lumière dans la nuit que nous traversons.


Qu'Eva te guide,
Astrée
21 Fondgivre de l'an 959
Mon très cher frère,

Une fête avec des joutes s'est tenue à Gludin. En traversant la ville, une étrange sensation s'est insinuée en moi, quelque chose que je n'avais ressenti qu'à la forteresse Elfique, mais persuadée que ce n'étaient que d'anciens souvenirs que je ressassais, je n'y prêtai pas attention. Il était agréable de retrouver nos vieilles connaissances de Gludin. Plusieurs querelles ont évidemment éclatées : une chasseresse avec des énormes bêtes est venue réclamer je ne sais quoi à je ne sais qui, un Humain a été terrassé par une des créatures, puis une sombre histoire de vol. J'ai félicité la personne qui avait résolu cette affaire mais elle m'a renvoyé dans les dents qu'il n'y avait aucune fierté à en tirer car les voleurs n'essayaient que de survivre dans le monde, rien de plus. Je n'ai pas eu le cœur d'argumenter... J'avais d'ailleurs consommé beaucoup trop d'alcool, mes souvenirs sont si flous à ce jour.

Aujourd'hui, nous avons reçu les golems et l'expert a pu nous livrer son verdict : j'avais convié quelques personne afin que l'information circule mieux. Ils ont bien été créés par des Nains : auront-ils été volés ? Fabriqués par le Nord pour alimenter l'Ire et nous évincer de la carte politique ? Ou simplement construits par des captifs ? Nous ne le saurons probablement jamais ; l'expert a proposé de les réutiliser pour en créer plusieurs petits puisqu'ils ne sont plus viables en l'état.


Qu'Eva te guide,
Astrée
15 d'Astrée de l'an 959
Mon très cher frère,

J'oscille entre le désespoir de te retrouver un jour et le bonheur de ne pas t'avoir trouvé.
Dame Mag'na et dame Navith, la mage du conseil de Cérulys, ont repéré des signaux, très faibles, émis par la Cardinale et elles ont ouvert un portail pour que quelques-uns d'entre nous puissent aller la chercher. Evidemment cette forte hausse de magie a eu pour effet d'attirer des créatures du Néant à la volonté implacable, aussi une grande partie des présents a dû rester sur place pour protéger le portail. Puisqu'une de mes hypothèses tenait au lien qu'il pourrait y avoir entre ta disparition et celle de la Cardinale, je suis partie en excursion avec d'autres compagnons à travers le portail. Il y avait avec moi un Humain, Revel, Dame Euria et Dame Ysel. Si j'avais dû choisir une équipe pour ce qui nous attendait, je n'aurais probablement mieux choisi.

Nous atterrîmes dans un lieu dévasté à l'atmosphère étouffante, il y avait de nombreuses ruines qui pourraient faire penser à un village. J'avais envie de pleurer et ma gorge était si sèche que ma langue en était râpeuse. Je pensais d'abord que nous étions dans une région désertique, mais la texture sableuse sous nos pieds se révéla être de la cendre. Tout à coup, le sol se mit à trembler et une meute de créatures apparut. Tapis parmi les décombres d'une maison, nous les observâmes, le souffle coupé. Leurs mouvements nous indiquèrent que les créatures accomplissaient une ronde : il y avait donc bien quelque chose à surveiller sur cette terre brûlée. Nous nous déplaçâmes de décombres en décombres, nous abritant de leur vue comme nous le pouvions, je scrutai chaque recoin, guettant un signe de ta part, ou de celui d'Hazel. Ysel, qui est soldat de formation, fut une véritable inspiration de bravoure et elle nous indiqua le chemin en éclaireur. Dans certaines bâtisses, nous trouvâmes des socles contenant une orbe : Dame Euria identifia qu'il s'agissait de magie du Néant et nous choisîmes de ne pas y toucher. Mal nous en prit car lorsque nous parvînmes enfin à trouver Hazel : emprisonnée au centre de qui devait être l'ancienne place de ce village carbonisé, nous comprîmes que nous devions détruire les orbes. Nous nous séparâmes pour les désactiver au plus vite en retournant sur nos pas, et nous pensions, Euria, Ysel et moi, atteindre bientôt l'un des socles quand un grand bruit retentit et que le sol trembla de nouveau : en nous retournant, nous vîmes Revel, Hazel sur l'épaule, qui courrait à toutes jambes vers le portail et nous invectivait d'en faire autant. Il était alors poursuivi par toute la meute. Nous rejoignîmes tous le portail : je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie.

De l'autre côté, nous avons retrouvé nos compagnons éreintés, et je suis à peu près sûre de m'être évanouie ensuite. Je ne sais si c'est le désespoir de ne pas te trouver à nouveau ou le soulagement de savoir que tu n'étais pas dans cet abominable endroit... En tout cas, je réalise que si je dois commencer à retourner chaque pierre de toutes les dimensions de ce monde, je devrais probablement d'abord m'atteler à quadriller correctement celui-ci.
Qu'Eva te guide,
Astrée
22 d'Astrée de l'an 959
Mon très cher frère,

Tu as gagné deux ans de plus, et moi de même. Cet anniversaire est un peu moins triste que le précédent. Je ne l'ai partagé avec personne, évidemment, mais le plan qui s'échafaude dans mon esprit me permet de rester concentrée ; et j'ai recommencé à jouer un peu de ma harpe pour accompagner la croissance des plantes abritées dans les serres de Cérulys. Je crois que mes encouragements sont appréciés : on devrait pouvoir récolter très bientôt.
Je discute souvent avec Dame Euria, elle me fait beaucoup penser à Evalesca : l'esprit vif et d'une grande bienveillance, l'Orc des surnoms l'appelle d'ailleurs Maman, quel meilleur archétype ? J'espère que si tu n'es pas avec moi, tu as au moins retrouvé ta femme et tes enfants. Ils me manquent énormément eux aussi.
Qu'Eva te guide,
Astrée
29 d'Astrée de l'an 959
Mon très cher frère,

Les territoires Sombres, soumis à une tribu d'Orcs jusqu'ici, ont été repris par l'Ire bestiale ; cela a causé une vive inquiétude car tous nos efforts pour stabiliser et sécuriser la Toile semblaient sur le point d'être soufflés. Sur notre chemin pour enquêté, nous trouvâmes quelques Orcs de cette tribu, totalement lobotomisés, le Marionnettiste avait gangrenés leurs esprits.
De mon côté, mon plan est enfin prêt. Je suis prête à partir et te trouver.

Qu'Eva me guide,
Astrée
Dernière modification par Lili le lun. 22 mars 2021 à 17h15, modifié 1 fois.

Lili
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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » lun. 18 janvier 2021 à 10h00

  • « Astrée ? »

    J’ignore ce que je lui répondis. On aurait dit que mon sang s’était solidifié dans mes veines. J'observais cette peau à la pâleur fantomatique recouvrir les os et les muscles qui formaient les traits de mon frère.

    Il s’approcha. Il ne marchait pas, c’était quelque force invisible qui le portait vers moi. Je voyais ses deux yeux limpides, sincères, remplis de cette même joie qui me remplissait le cœur ; ces yeux, rayonnant de plus en plus près de moi, m'aveuglaient presque de leur éclat.

    Je le serrai dans mes bras. Les larmes coulèrent le long de mes joues et il était déjà trop tard lorsqu'un cri retentit. Un avertissement qui fut recouvert par les sons gutturaux qui envahirent mes oreilles.

    Déchirée par la douleur et assaillie de migraines, je voulus me plier en deux alors que les bras de mon frère se décomposaient pour révéler des écailles visqueuses. Du mucus toxique engluait et brûlait mes mains me faisant perdre ma prise, mais les griffes acérées plantées dans mon dos me maintenaient fermement contre le corps amphibien qui se révélait. Une gueule monstrueuse remplie de dents pointues attaquait ma gorge avec voracité tandis que je me débattais pour la repousser, déplaçant à tâtons mes mains jusqu'à son visage. Je tentais d'éloigner sa mâchoire qui claquait si près de mes doigts qu'elle m'arracha des lambeaux de peaux alors qu'elle manquait de me trancher un doigt à deux reprises.

    Écrasant finalement mon talon de toutes mes forces sur un de ses membres inférieurs, je parvins à dégager mon bras et lui planter mon pouce dans l'œil. Un frisson de dégoût me parcourait et secouait vigoureusement mon estomac.

    Mais mon haut-le-cœur n'aboutit pas. Les cris aigus redoublant d'intensité me vrillèrent les tympans tandis que mon dos se libérait enfin de l'emprise déchirante. Je me reculai vivement. D'un revers de main, je repoussai les cheveux qui me barraient la vue pour mesurer enfin la monstruosité qui m'avait dupée.

    Ses traits atrophiés, auparavant figés de douleur, se murent en une expression de haine et de voracité viscérales que je n'avais jamais observées jusque-là. Mais la pensée qui résonna le plus fort dans mon esprit ne fut pas la certitude que j'allais mourir de ses mains, mais plutôt des mains de ses semblables qui s'extirpaient au large.

    Mon cœur lancé dans une course folle cessa de battre un instant. Je sentis la peur s'insinuer à travers chacun de mes pores. Ma vue se brouillait me privant de mon dernier point de repère, mon corps heurta le sable : j'avais dû reculer pour tenter de fuir.

    J'accueillais les derniers instants de ma vie lorsque retentit la forte voix de Barnabé. Il était bien là. Il était derrière ces créatures et il me hurlait quelque chose. J'essayais de tendre l'oreille bien que les acouphènes y sifflaient encore. Quatre mots. Ces mêmes mots prononcés alors que nous avions été séparés deux ans auparavant.

    Fondant sur moi, les sirènes me rendirent la présence d'esprit qu'il me manquait. Je le fis sur-le-champ. Je laissai la puissance déferler en moi et levai mes mains dans leur direction.

    Tous mes sens me revinrent. Je me vis les arracher à elle-même. J'entendis le craquement des côtes qui se déplacent, le bruit humide de la chair déchirée qui se transforme. Tous les liquides qui composaient auparavant mes assaillantes m'éclaboussèrent. Je sentis leur chaleur disparaître en même temps que leur vie s'éteignait.

    Écœurée, je me roulais sur le côté et laissais mon estomac vider tout son contenu. Alors qu'une dernière ruade me secouait, des mains, ses véritables mains, je le sus instantanément, saisirent mes épaules.

    Je ne compris le sens d'aucune parole, seulement le ton qui trahissait l'urgence. Il y en avait d'autres, je pouvais le sentir. Je repoussai l'aide qui m'était proposée et trébuchai lamentablement plusieurs fois avant de me redresser. Dans un dernier élan de lucidité, je fourrai un parchemin de téléportation entre les mains de Barnabé et laissai les glyphes incandescentes nous engloutir.
Spoiler:
Mystic muse achieved + Barnabé is back bitchiz
Dernière modification par Lili le lun. 22 mars 2021 à 17h22, modifié 1 fois.

Lili
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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » sam. 30 janvier 2021 à 11h47

8 Souffleglace de l'an 959

Mon très cher frère,


Joyeux Dies Natalis... Si je puis encore le souhaiter après ce que nous avons vécu. Je sais que tu ne me gardes aucune rancoeur, il est vrai que je n'aurais pas pu prédire que les festivités tournent si mal et épuisent les quelques forces que tu avais récupérées.
Je passerai demain vous voir avec les enfants.
Embrasse-les pour moi.
Astrée
24 Tombeglace de l'an 960

Mon très cher frère,


Suriel est arrivé et tu ne m'avais pas menti. Quel drôle d'oiseau... Il s'attire vite les rancœurs de l'espèce masculine, réaction si primaire que j'essaie de ne pas juger outre mesure. Aussi, il s'acquitte très bien de son rôle de catalyseur... Et je lui en serai éternellement reconnaissante.
Depuis son arrivée, la solitude me pèse un peu moins, et je dois de toute façon bientôt te rendre visite.
À très vite,
Astrée
18 Fondgivre de l'an 960

Mon très cher frère,


Tu ne pourras probablement pas croire ce que tu liras. Mon estomac en est encore retourné et mon coeur est bien en peine : tout commençait comme une belle soirée. Je rencontrai Sandales et Euria à Heine, nous fûmes rejoint plus tard par moultes nouveaux visages dont un très jeune humain, un artiste ! Tu l'aurais adoré. Celui-ci a fini par s'absenter suivant un Sombre je ne sais où. Je décidai de les chercher quand il commencait à se faire tard car l'Humain avait laissé ses affaires... Euria et L'Ambassdeur Kamael se joignaient à moi, et lorsque nous les avons enfin trouvés, le Sombre menaçait l'Humain du bout d'une arme ! Je t'épargne les différentes péripéties, mais le Sombre est mort dans un mouvement de panique et les bons soins d'Euria n'y ont rien fait. Lorsque je ferme les yeux, j'entends encore son râle. Et la détresse de l'Humain que je dois garder sur ma conscience... Le problème de ce monde est qu'il s'échine toujours à briser les coeurs les plus généreux.
Je n'ai cessé de penser à tes enfants sur le chemin du retour à Cérulys. Embrasse-les pour moi.
Astrée
28 Fondgivre de l'an 960

Mon très cher frère,


Je passe presque tout mon temps libre avec Euria à Heine, elle m'apprend beaucoup et je crois pouvoir assurer aujourd'hui que nous sommes amies. Elle m'a conseillé d'écrire à Lorelei Mag'na au sujet du conseil de Heine, mais je ne souhaite pas devenir conseillère, le poste à Cérulys me convient, toutefois Dame Mag'na m'a fait une très forte impression à notre rencontre, c'est probablement prétentieux de ma part, mais je la juge de la même étoffe que la mienne. Je vais donc me lancer et lui proposer de devenir son apprenti. Croise les doigts pour moi. Même si tu es toujours convaincu de mes futures réussites, fais au moins semblant.
Embrasse ta famille pour moi,
Astrée
30 Fondgivre de l'an 960

Mon très très très cher frère,


Dame Mag'na a répondu ! Elle est d'accord pour me rencontrer.
Nous avons reçu un ordre de convocation pour le front à Oren. La ville est sur le point d'être libérée, mais je m'y rends confiante et le coeur léger.
Je vous embrasse !
Astrée
1 Astrée de l'an 960

Mon très cher frère,


La ville d'Oren est libre, mais il reste son château.


Je m'apprêtais à te relater les faits, comme à mon habitude, mais ne puis rester en place. Je t'envoie ce pli finalement pour te prévenir de mon arrivée imminente. Je viendrai probablement avec Suriel, il aura bien besoin d'un peu de douceur.

À tout de suite,
Astrée
11 Astrée de l'an 960

Mon très cher frère,


J'étais dans le déni de l'annonce de la mort de Dame Mag'na - après tout combien de personnes disparues ont refait surface ? Était-ce si idiot d'espérer ? - mais le Gouverneur Elion m'a confié en avoir la certitude en son coeur, et c'est un sentiment que je connais et que je comprends.
Le Gouverneur m'avait convoquée à la Magistrature pour me proposer une place que je n'aurais jamais imaginée... Je suis sortie de cet entretien comme cheminant dans un autre monde et ai rejoint Heine, désormais ma nouvelle Cité, dans un état second. Mon seul regret est que je ne puisse pas te nommer Conseiller, je crains d'ailleurs avoir du mal à compléter la liste qu'Elion m'a remise.

Je passerai dans deux jours.
À bientôt,
Astrée
21 Vertefeuille de l'an 960

Mon très cher frère,



Combien de sacrifices devrais-je encore concéder à ma destinée ? Je m'étais préparée à la solitude, à la mise au ban, à la désapprobation, à la défiance et à la haine. Aucune d'elle ne m'a été épargnée. Mais aujourd'hui, j'ai dû m'arracher le coeur. Je voudrais mourir... Et ce rhume qui n'en finit pas.

Nous devons combattre dans quelques lunes à Shel'Oloth, mais je ne puis me concentrer... Je te demande tellement, mais je t'en prie trouve les mots justes car j'ai l'impression d'être inconsolable.

J'espère vous voir bientôt toi, Evalesca et les enfants.
Je vous embrasse,
Astrée

Lili
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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » mer. 24 mars 2021 à 17h48

22 Vertefeuille de l’an 960

Mon très cher frère,
J’ai rédigé une longue lettre listant point par point les motifs de ma décision. Je la relis quand je sens que je veux en changer. C’est-à-dire à peu près toutes les cinq minutes.
Je sens que cette missive n’était que la première d’une longue série, peut-être qu’à ma mort, on pourra les combiner en un recueil avec celles que je t’adressai avant de te retrouver. Il y aurait un titre un peu mélancolique et l’ouvrage nourrirait une nouvelle génération de personnes cyniques.
Écris-moi.
Astrée
24 Vertefeuille de l’an 960

Mon très cher frère,
Parlons d'autre chose. Enfin, moi j'écris, et toi tu ne réponds pas. Te souviens-tu du dragon de mon récit sur Oren lors de notre rencontre ? Je me doute que oui.
Il se trouve que j’ai pu le revoir. Je n’ai pas prononcé un seul mot et je m’émerveille encore que d’autres, comme l’Ambassadeur Kamael Asharim, l’aient pu. C’est une personne qui me fascine : il ne perd jamais contenance et est d’un pragmatisme désarmant. En tout cas, ils ont parlé et j’ai écouté. Et nous avons constaté que le dragon avait été sévèrement blessé par celui qu’on appelle Numéro II. Il n’y a pas eu de grandes avancées dans les innombrables énigmes qui nous entourent, mais avant de nous quitter, il nous a laissé un présent : cinq dents de dragon. D’après ce que nous démêlons, cela pourrait nous être utile pour attaquer Numéro II.
Par la suite, j’ai pu visiter Gevurah avec Asharim et Euria. N’y ayant jamais mis les pieds, j’ai apprécié l’allure générale de la Cité. Certains diraient « sinistre », mais je répondrais « ordonné ». Une énergie différente y circule et l’architecture semble animée par les pulsations d’un cœur. J’ai d’autant plus apprécié la maison de l’Ambassadeur que j’ai découvert qu’il était un véritable petit maniaque du rangement, comme moi. Je garde le contenu de notre conversation pour notre prochaine rencontre, ne me juge pas trop sévèrement ; ou écris-moi enfin ces satanés conseils que je te réclame.
Astrée
26 Vertefeuille de l’an 960

Mon très cher frère,
Je me mets en route et arriverai dans l’après-midi. Le messager me devancera.
Un peu de lecture en attendant :

Finalement, non. Je te raconterai. Sache seulement que la Cité Sombre s’est effondrée sur elle-même malgré toutes les précautions et nos efforts, et que Sandales a été victime d’une tentative d’assassinat – avortée.

À tout de suite,
Astrée
27 Vertefeuille de l’an 960

Mon très cher frère,
Je lui ai écrit et envoyé une lettre. Tu avais raison, je suis emplie d’une nouvelle sérénité : qu’il réponde et mon bonheur sera complet ; qu’il ne réponde jamais et je saurais alors qu’il n’est pas la peine d’y penser davantage.
Je peux maintenant envisager ce qu’il me reste à faire : terminer la liste des membres du Conseil de Heine, trouver un Capitaine pour les Lions, résoudre l’énigme des méduses. Et à ce sujet, précisément, voici ce que les chercheurs Kamaels ont révélé (car nous en avons pêché quelques-unes avec Garok, un Orc qui a déjà quadrillé la zone et établi une carte – il est pêcheur ! Je te raconterai de vive voix) : l’échantillon recueilli présente une infime portion de mana en chaque spécimen qui les poussent vraisemblablement à proliférer. J’ai gardé l’une d’elle chez moi à Cérulys : toi qui connais mieux la magie que moi, j'espère que tu viendras y jeter un œil également.
Je t’embrasse,
Astrée
2 Brûleblé de l’an 960

Mon très cher frère,
J’étais à Cefedellen et ai enfin rencontré celui dont tu me rabâchais les oreilles et dont tout le monde parle dans la cité elfique. En le voyant, je me suis rappelée que nous avions déjà échangé quelques mots alors qu’il entamait la réfection du Temple. En tout cas, l’endroit brille maintenant de mille feux et son bienfaiteur espère y faire célébrer une cérémonie prochainement, j’espère que tu viendras avec moi.
Cette entrevue a été édifiante (tu as donc toujours raison), et je l’ai évidemment immédiatement apprécié, j’espère apprendre de sa sagesse ; mais en attendant, il me demande de trouver une façon de détourner Tamutak de sa trajectoire. Il y a quatre ans, je lui aurais répondu : qu’il y aille et qu’Alaric le tue, mais tout a changé. Les sous-races ne sont que des victimes collatérales d’une lutte de pouvoirs, et comme les cinq peuples libres, ils aspirent à la paix et à la reconnaissance. Tamutak m’avait émue par sa bravoure et son sens du sacrifice lors du saccage de Cefedellen, et j’ai décidé depuis d’enterrer mes vieilles rancœurs, qui étaient de toute façon erronées. J’espère que tu en feras autant.
Je t’embrasse,
Astrée
16 Brilleblé de l’an 960

Je contrôle à peine les tremblements de mes mains. J’espère que tu parviendras à me lire.
Mon cher frère. Mon très cher frère. Je ne peux me résoudre à écrire ces mots puisqu’ils vont ancrer cette réalité insoutenable et injuste. Mais je le dois pourtant. Suriel est mort. Son cœur ne s’animera plus ni pour respirer ni pour aimer. Ses lèvres ne s’écarteront plus pour faire entendre son petit rire moqueur ou ses paroles frivoles et légères. Ses yeux d’un rouge insondable ne cacheront plus l’immense gentillesse qui l’habitait. Car plus rien ne l’habite.
Je n’ai pas encore affronté le regard de sa compagne, viendras-tu avec moi ? Je ne saurais m’y rendre seule, car malgré toute cette peine qui m’anime, malgré les larmes et l’amertume de l’injustice sur ma langue, malgré la culpabilité qui me ronge, je suis irrémédiablement et inconditionnellement heureuse. Je me sens terriblement égoïste. Et je le suis puisque je m’épanche encore alors qu’il n’est même pas question de moi ici. J’entends tourner en boucle dans mon esprit « Tue l’enfant, tue l’égo ». Mais c’est ainsi, je suis si heureuse que j’ai l’impression de rayonner ; et j’ai peur qu’elle ne le perçoive et que mes condoléances sonnent si faux. Aucun mot ne pourra la réconforter, mais je ne lui ferai pas l’affront de paroles dépourvues de sincérité.
La crémation aura lieu dans quelques jours, le temps de rapatrier le corps à Heine. Je promets de ne plus te solliciter ensuite, car je sais que ton humeur est au repos.

Et maintenant, prends soin de toi.
Astrée
18 Brilleblé de l’an 960

Mon très cher frère,
Le nom d’Hestui t’est-il familier ? Je te soupçonne d’avoir envoyé une certaine personne auprès de moi. Mais il n’y aura plus de chaperon, seulement moi. N’ai-je pas très bien vécu pendant ton absence ? D’ailleurs, tu me sous-estimes, je n’ai aucun ennemi.
Que tu l’aies envoyée ou non, en tout cas, elle m’a fait grande impression ; et c’était avant qu’elle m’ait fait boire de l’eau de feu (qui porte bien son nom, si tu veux mon avis). Elle a insisté sur le fait qu’elle cherchait un travail, écris-moi pour me dire si tu l’avais envoyée, dans le cas contraire, je lui en trouverais un.
Ma liste pour le Conseil de Heine ne s’allonge pas ; mais Euria a promis de réfléchir, c’est donc un peut-être. Aussi, je lui ai demandé si elle pensait que Sandales accepterait également, cependant il est plus farouche qu’une vierge, alors ce sera non. C’est bien dommage pour moi, et pour Heine. Cela dit avec les menaces qui planent sur eux, je comprends qu’ils soient si frileux.
A très vite,
Astrée
23 Brilleblé de l’an 260

Mon très cher frère,
Euria a accepté ! J’en suis ravie. Ensuite, avec l’habile intervention d’Elion, Asharim s’est également ajouté. Cela fera probablement hausser quelques sourcils, mais il me garantira de ne pas m’enfermer dans l’indolence, étant plus téméraire et tranché que moi, j’apprécierai son avis.
Enfin, dernier nom, mais non des moindres, Aether. Je crois qu’il pense que je lui ai forcé la main, mais cela n’a jamais été mon intention, comme tu t’en doutes ; les circonstances ont juste été malheureuses. J’espère que nous y trouverons chacun notre compte, je ne veux pas que ce soit un fardeau supplémentaire pour lui.
Que t’écrire de plus ? Des nouvelles du front, sans doute. Une équipe a saboté le ravitaillement en eau du château d’Oren. Cette action n’a été possible que grâce à la diversion créée par la force armée du Phoenix, et cela leur a coûté très cher. Les nerfs de chacun avaient été mis à rude épreuve et la nouvelle d’une perte aussi grande a terminé d’achever tout le monde, je me suis exfiltrée avec Aërya sur la fin (ou Aërya m’a exfiltrée ? Il faut que je pense à la remercier), craignant une pluie de reproches ou de coups de poing... Je te raconterai cette anecdote de vive voix, tu en riras probablement. Fais-moi également penser à te parler d’un Humain rencontré récemment : Liarvet. Ça aussi, tu vas en rire ; je crois que je l’imite plutôt bien.
Je t’embrasse,
Astrée
30 Brilleblé de l’an 960

Mon très cher frère,
Nous avons eu la première, et j’espère dernière – car tu connais ma passion pour celles-ci – réunion du conseil de Heine. Ce n’était pas aussi terrible que je l’appréhendais. Étonnamment, Liarvet est le sujet qui l’a clôturée. Euria et moi avons pris sa défense, mais j’imagine que ce ne sera pas la dernière fois. En tout cas, les Lions ont décidément besoin d’un Capitaine, c’est si en-dehors de mes compétences que c’en est risible. J’aurais aimé que Nuzä accepte, mais elle s’obstine à vouloir travailler pour une personne et non pour une cité. Je ne peux pas vraiment la blâmer, je comprends qu’on se sente réfractaire à devenir sciemment le petit rouage d’une grande machine. Il leur faut une personne altruiste, audacieuse et sage, et pour collaborer avec moi, qui soit optimiste. Ou en tout cas, qui ne confond pas cynisme et pertinence. Car j’en ai bien assez soupé. Oui, nous vous entendons les cyniques, le monde est aride, oui, la rage, oui, le chaos. Mais ne pouvons-nous pas les combattre autrement qu’en affichant cette éternelle posture de subversion ? Ne souhaitent-ils pas plutôt construire ? Cette amertume ne leur confère d’ailleurs ni force ni courage, donc cherchons cette lumière, cet avenir meilleur, ayons cet audace… Comme je meurs d’envie d’échanger un seul regard avec toi dans ces moments-là.
Et un nouveau se présentera bientôt, puisque je suis redevable à Aether, je me rendrai également à la réunion au sujet de Laëb qui se tiendra à Cefedellen, cela me réjouit encore moins car elle mettra en présence tant de personnes qui ne souhaitent rien avoir à faire ensemble que ce ne peut que mal finir. J’espérais également m’en tenir à distance pour Suriel, tu m’as suffisamment fait de remontrances sur l’attrait de la vengeance. Mais il semble que ce soit ma destinée, et qui suis-je pour lutter contre le destin, n’est-ce pas ?
Je t’embrasse,
Astrée
14 Brûleblé de l’an 960

Mon très cher frère,
Je ne sais même pas comment résumer ce qu’il s’est passé. Tu n’auras qu’à me demander de te le raconter à ma prochaine visite. Ou viens à l’Aube d’Astredoux. Ce sera drôle, promis.

Embrasse mon neveu et ma nièce pour moi,
Astrée

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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » mar. 30 mars 2021 à 22h33

4 Astredoux de l’an 960

Mon très cher frère,

Puisque tu ne viens pas aux distractions, j’apporte les distractions jusqu’à toi.
Premièrement, j’espère bien que tu regrettes de ne pas avoir pu venir à l’Aube d’Astredoux, d’une part, car c’était amusant ; mais aussi parce que nous nous sommes rendu compte que les méduses, mon deuxième sujet favori, étaient, comment le décrire ? Réceptives à la musique. Elles se sont regroupées au niveau du canal où avait lieu la représentation, c’était déroutant (et répugnant, disons-le) de les voir ainsi attroupées. Peut-être que ce sera une information inutile pour la suite, mais j’ai tout de même hâte que cette affaire soit démêlée puisque cela semble être bien plus qu’une simple invasion d’invertébrés.
Dans la même soirée, j'ai trouvé le Capitaine des Lions. Il est comme je l'espérais. Non, je retire. Il est encore mieux car en plus de cocher chacune des cases de ma liste, il est aussi intègre. Il s'agit du maître d'armes Khalaart Noya, un exemple pour nous tous, si tu veux mon avis.
Aussi, j'ai terminé deuxième du concours. Ni tricherie, ni favoritisme, je le jure. Es-tu fier de moi ?
Je t'embrasse,
Astrée
16 Astredoux de l'an 960

Mon très cher frère,

L'histoire de Laëb avance. Mais chaque avancée est si douloureuse... Elle se fait sous le coup de sacrifices. Le sacrifice des Kamaels. Le sacrifice de Suriel. Le sacrifice d'Asharim. Et aujourd'hui celui d'Aether. Par Eva, j'espère qu'il sera protégé. Il me détaillait les étapes avec son ton calme et son sourire bienveillant ─ que j'ai trouvé très agaçant ─ et je voulais simplement le secouer par les épaules en lui hurlant dessus. Je voulais lui dire que je prendrais sa place, qu'on s'en fichait, qu'on pouvait bien envoyer quelqu'un vendre son âme contre l'assurance de la tranquillité éternelle pour le continent. Cependant je pensai à Valdian et à ce que je lui demandais déjà d'endurer, de changer chez lui. Sans compter que la fierté et la longévité que je devine chez Aether le désignent évidemment comme martyr, une place qu'il ne laissera donc pas. Je ne sais pas quoi penser honnêtement. Enfin, si je sais très bien ce que je pense, mais il n'y a aucun mot pour le formuler. Donc au lieu de tout ça, j'ai acquiescé et je l'ai écouté.
Mais mon coeur est lourd.
Puis-je passer vous voir dans la prochaine quinzaine ? Ma nièce et mon neveu me manquent.
Astrée
20 Astredoux de l'an 960

Mon très cher frère,

Le drôle de rêve est revenu. Deux ans sans le subir et voilà qu'il réapparaît. Je ne sais plus s'il est le fruit de l'éternel récit de nos parents ou si l'Oracle l'a imprimé dans ma rétine. Parfois j'ai l'impression de l'avoir rencontrée ; et d'autres, j'entends simplement la voix de maman relater cette vision.
Il y avait toujours cet arbre gigantesque, baignant dans la lumière filtrée par les vitraux, je l'observe et mon cœur est serein. Puis ma vue est obstruée par un prêtre Humain. Non, un Cardinal. Je reconnais son habit d'apparat, celui des grandes cérémonies. Je baisse les yeux. Quelque chose ne va pas avec ses chaussures, mais je ne peux pas y penser davantage car on dépose un objet au sommet de mon crâne. Le poids n'est pas agréable et je sens ma nuque se raidir. Une main saisit la mienne et la serre. Comme pour me réconforter ? Le son solennel des cloches résonne. Derrière le Cardinal, je distingue les mouvements d'une silhouette imposante. Je veux regarder qui se tient à mes côtés, mais alors mes bras me brûlent. Des runes incandescentes irradient de bleu et d'orange. Un cri monte dans ma gorge, mais c'est toute la foule qui me devance. Une clameur monte. Parfois, c'est simplement l'expression d'une liesse ; et d'autres fois, ce sont des hurlements de rage. Et alors, tout se brouille : les cloches, les voix, des chants ?
Je me réveille en pleine nuit. Mon souffle n'est même pas court, j'ai simplement pris une grande inspiration. Comme si mon corps était bien rôdé à cette mécanique et qu'il disait à mon cerveau « ça suffit pour cette nuit ». Et alors, impossible de me rendormir, évidemment. Je sors mon carnet, y dessine encore une fois cette étrange scène tant qu'elle est présente dans ma tête embrumée.
Je fais les cent pas. Je m'habille. Je rejoins les serres, joue quelques notes de harpe en espérant m'abrutir l'esprit. Mais le rêve tourne, et tourne. Je quitte Cérulys. Je marche dans Heine. La nuit est douce, la place est calme. Je rejoins le belvédère de la sortie Ouest et j'observe l'horizon jusqu'à ce que le jour se lève.
Et c'est à ce moment seulement que mes paupières aspirent à un peu de nuit. Je somnole comme pour tester la vérité de cette sensation d'engourdissement. Mais elle est réelle. Je vais dormir. Alors, je regagne la place de Heine et là, un Humain. Il est âgé mais tout en armure rutilante. Je me demande si j'ai une vision. J'observe s'il a une ombre. Il est bien là sur son banc en pierre, à polir son épée comme on caresse le dos d'une femme. Et puis, il lève les yeux sur moi et me sourit avec l'air confiant des aînés. On partage une discussion.
Je suis contente de savoir que j'aurais un compagnon d'insomnie pour les prochains jours. Il veut apprendre l'Elfique et il s'appelle Léon. Je ne lui ai pas parlé du rêve, à part toi, j'ai le sentiment qu'on penserait simplement que je suis toquée du bocal.
Tu me manques un peu, j'ai hâte de vous retrouver pour mon anniversaire.
Je vous embrasse tous les quatre.
Astrée
24 Astrée de l'an 960

Mon très cher frère,

J'étais heureuse de partager quelques jours avec vous, merci pour tout.
À très bientôt,
Astrée
8 Tourneterre de l’an 960
Mon très cher frère,

Il y aurait tant à te raconter, mais je préfère donner une note de scandale à cette lettre en te partageant le dénouement du meurtre de Gludin en avant-première. Sache que tout était manigancé par la jeune veuve ! Je suis scandalisée de ce dénouement. Eliadus - t'ai-je parlé de lui ? Il mériterait bien une lettre également, mais une prochaine fois - a même trouvé des oignons dans un tiroir ! Elle les utilisait pour pleurer ! Qui fait ça ? J'ai rencontré la veuve et me sens encore plus dupée que je compatissais sincèrement à sa peine. Rends-toi compte : son cœur est si sec qu'elle ne pouvait en tirer une seule larme de sincérité pour pleurer la perte (qu'elle avait orchestrée !) de la personne qui partageait sa vie, aussi faux que le lien les unissant fut, j'avoue avoir du mal à l'envisager. Valdian me disait d'ailleurs que son défunt mari était très apprécié à Gludin. C'est donc scandaleusement triste.
Je connais assez ton discours sur la vengeance, mais si ça t'arrivait à toi, je serais obligée de lui crever les yeux. Assure néanmoins Evalesca de mes bons sentiments.
Je t'embrasse,
Astrée
10 Tourneterre de l'an 960

Mon très cher frère,

J'étais conviée à un atelier de points de croix, j'ai dû le rater, mais le cours de rattrapage était encore plus intéressant. C'était comme si on m'avait nettoyé les yeux, que tout prenait sens, que j'observais tout le tableau dans son ensemble. Euria et Sandales sont si dangereux pour notre Ennemi... Ils le traquent sans pitié et les rouages de l'intelligence de l'un et de l'autre sont bien huilés. Sais-tu d'ailleurs qu'ils ont résolu plusieurs de ces horribles casse-têtes de l'Aile Pourpre ? Je regarde encore parfois la suite de lettres qui n'a aucun sens lorsque je m'installe pour écrire... Je désespère qu'elles trouvent un sens un jour.
Enfin, je viendrai te raconter de vive voix.
À très vite,
Astrée
17 Tourneterre de l’an 960

Mon très cher frère,

Le troisième assaut pour Oren a eu lieu. Comme promis, je t’écris pour t’assurer que je suis en vie.
A.
21 Tourneterre de l’an 960
Mon très cher frère,

Merci pour tes sincères félicitations et ce présent pour le moins incongru. J’ai compris le message sous-jacent après le premier jour : je pourvois à tous ses besoins, comme un bon maître, mais je me plie également en quatre pour qu’il m’apprécie ; et rien n’y fait, aucune parole, aucune caresse, aucune cajolerie, aucun présent ne le fait réagir. Il se contente de me regarder, miaulant si je m’éloigne, feulant si je m’approche. Je l’ai baptisé Nattir ; puisqu’il me méprise tant, autant que ce soit son prénom.
Aussi, j’abandonne l’idée d’être appréciée et n’agirai que par devoir, je le promets. De toute façon, il me suffit que tu m’aimes et que Valdian m’adore.
À très bientôt,
Astrée
23 Tourneterre de l'an 960

Mon très cher frère,

Mes progrès en hydromancie ne sont plus un secret pour toi, et j'en mesure l'étendue à chaque fois que j'y ai recours.
J'ai écouté tes conseils et ai pris attache auprès de Soïm Nekar, l'artisan et associé de Monsieur Perpetus. Ils se sont installés à Heine, tu te souviens ? Soïm avait réalisé une épée pour Suriel. Il y a un terme technique mais je l'ai oublié. Non : rapière. En tout cas, je l'ai vue et elle était vraiment bien exécutée. Du grand art. J'ai remarqué qu'il était passionné et observateur car cette arme est aussi unique que l'était Suriel. Elle lui correspondait totalement. Soïm est une personnalité étrange, j'aimerais que tu le rencontres pour me dire ce que tu en penses. Asharim l'avait identifié comme dangereux à cause de son comportement taciturne, et peut-être à cran (Soïm cherche toujours un partenaire de duel. Tout le monde refuse, mais j'avoue que ça me tenterait. Enfin, j'aimerais en connaître les modalités. Je suis certaine qu'on en apprend beaucoup sur soi). Bref, tu me connais assez pour savoir que je voulais en apprendre davantage. Évidemment. En tout cas, une nouvelle arme est commandée, et si Soïm m'initie au duel, tiens-toi prêt !
Je t'embrasse,
Astrée
26 Tourneterre de l'an 960

Mon très cher frère,

Je sais que tu vas lever les yeux au ciel, mais je ne peux plus espérer vivre jusqu'à mille ans. Je te joins ce jour mon testament, une copie est chez le notaire.
Spoiler:
Je, soussignée, Astrée Alcar, née le 22 d'Astrée de l'an 815 à Aden, résidant en Cérulys, établit par la présente mes dispositions de dernières volontés.
Je révoque toutes dispositions testamentaires antérieures à ce jour, auxquelles se substituent les présentes.
Je lègue à :
  • Barnabé Alcar, toute ma fortune personnelle sous forme monétaire.
  • Valdian de Lensac, la totalité de mes biens matériels en Cérulys, à l'exception des éléments listés ci-dessous, qu'il en dispose comme il lui semblera juste et bon pour lui.
  • Aether Aerandil, ma charge à la magistrature de Heine. J'ai à l'esprit qu'elle ne puisse être déléguée sans l'accord du Conseil, mais j'y dépose ma voix post mortem.
  • Euria, mon matériel de pêche et de couture, et tous mes couvre-chefs.
  • Sandales, une exemption de la taxe du tabac en Innadril pour les 6 prochains mois suivants mon décès.
  • Aërya et Asharim, le partage des bouteilles de grand cru de ma cave. À votre santé, mes amis.
  • Eliadus, le bail qui m'était accordé à Heine par Sire Iason.
  • Nuzä, le bail qui m'est accordé à Cérulys par le Conseil.

Je souhaite que mon corps soit incinéré et que mes cendres soient dispersées sur le territoire de Cefedellen, proche de la dernière forteresse Elfique. Aucune cérémonie, j'ai toujours détesté les réunions et ne saurai en imposer une pour ce dernier moment.
Le 26 Tourneterre de l'an 960, à Cérulys.
28 Tourneterre de l'an 960

Mon très cher frère,

Te souviens-tu de la torpeur dans laquelle nous étions à notre réveil après Dies Natalis ? J'ai vécu à nouveau une expérience similaire avec d'autres. Nous avons rejoint un rêve. À moins que ce ne fut LE rêve. Difficile à dire. C'était une autre dimension, probablement. Là-bas les noms ont un pouvoir. Si j'étais déphasée, ma chère Nuzä est entrée, elle, dans une rage folle : un Humain a prononcé son nom dans le rêve et elle a failli être condamnée -- j'imagine comme cela doit te sembler abstrait, mais pense à Dies Natalis --. En tout cas, j'étais ennuyée de la savoir tourmentée, elle qui est toujours un véritable roc. Nous avons rejoint Heine et Eliadus. Qui est aussi une personne qui travaille sur sa colère, ou plutôt ses émotions d'ordre général. C'est un érudit et un mage de feu ; et d'expérience, nous savons l'influence de leur magie (ce qui reste moins pire que la tienne, mais c'est un autre sujet), ajoute par-dessus cela un cadre familial exempt de soutien... Il a parfois du mal à se canaliser, mais je pressens qu'il pourrait y arriver, qu'il devrait se faire confiance. Peut-être qu'il lui manque le déclic. Comme ce fut le cas pour moi. Bref, une chose en amenant une autre, nous discutons de la magie du feu et je repense à mes maigres compétences en la matière -- allumer une bougie, après 3 essais ! -- et, tu le vois venir, je me suis dit : mais pourquoi pas moi ? T'ai-je dit qu'Eliadus était très malin ? Et que Nuzä l'est encore plus ? Si je trouve un bail à Heine pour Eliadus, il nous dispensera des cours à tous les deux (Nuzä et moi, je veux dire). Je pressens que ce sera long : les discussions avec Iason ne manquent pas de digressions et de lenteur. En attendant, il a dressé une liste d'ouvrages à lire. Je commencerai demain.
Prépare une bougie, je te ferai démonstration de mes progrès.
Astrée
23 Rougefeuille de l'an 960

Mon très cher frère,

Les obsèques de Dame Mag'na ont eu lieu hier. Ce fut douloureux d'entendre le Gouverneur et Euria lui adresser un dernier hommage, et d'observer toutes les personnes qui se sont rassemblées pour la commémorer. Nous nous sommes tenus en silence à la fin des discours, et je repensais à son dernier acte, l'altruisme (et la force) dont elle a fait preuve pour nous sauver de l'attaque de Numéro II. S'il est une qualité que j'espère honorer en sa mémoire, j'espère que ce sera celle-ci.
Je vous embrasse tous les quatre,
Astrée
25 Rougefeuille de l’an 960

Mon très cher frère,

Est-ce que je t’avais parlé de Lodyl ? Cette personne qui semble être devenue l’hôte officiel de toutes les âmes errantes du coin. J’avais rencontré sa version Chevalier, Kyon. Et c’est seulement ensuite qu’Euria et Eliadus m’avaient fait part de leur lumière à son sujet. Maintenant que j’en sais un peu plus cela me fait m’interroger sur la vie après la mort : est-ce que les âmes de nos ancêtres nous suivent constamment, est-ce qu’elles essaient de nous guider ? Je regarde parfois par-dessus mon épaule : est-ce que nos parents sont là ? Et notre oncle, notre tante ? Nos grands-parents ? L’hôte de Lodyl, qui est son ancêtre, est vieux d’un millénaire… On pourrait remonter loin de notre côté.
Enfin, j’ai rencontré l’âme originaire de ce corps. Lodyl, donc. Qui est bien plus en adéquation avec son aspect. Il a réussi à tisser un lien d’amitié assez fort avec Eliadus, j’étais surprise d’observer le mage de feu, d’ordinaire si stoïque, être soucieux. Donc un second paramètre qui a éveillé ma curiosité à son sujet. Et puis finalement Lodyl a eu quelques paroles qui lui ont attiré toute ma sympathie et ma compassion, il mentionnait le (trop grand) sérieux des personnes du continent (car il est originaire d’une autre contrée) et je ne pouvais que l’approuver : il n’y a rien que j’aime plus que rire, et il est difficile parfois de se heurter à tant de solennité, j’observais les yeux de Lodyl et je comprenais que pour lui comme pour moi, rire était une audace et un répit ; une forme d’intelligence qui montre qu’on n’est dupe ni de soi, ni des autres. Qui rend tout infiniment plus supportable. Je me suis donc promis de l’aider autant que je le pourrais, peut-être que lorsqu’il n’aura plus qu’une seule âme, il fera un bon compagnon de rigolade.
Prépare-moi tes dernières anecdotes sur tes enfants, je passerai à la fin de la semaine.
Je t’embrasse,
Astrée
3 Tombefeuille de l’an 960

Mon très cher frère,

Cette semaine fut une semaine de grandes premières. Tu désapprouveras, mais je ne veux rien te cacher, et peut-être aussi que j’espère te prouver quelque chose. Ou me le prouver. Je ne vais pas tergiverser en psychologie.
J’ai reçu mon premier cours de combat à mains nues, dispensé par Khalaart, rien de moins. Depuis, je répète les enchaînements qu’il m’a montrés et je travaille mon souffle car il s’est avéré que j’étais moins endurante qu’Eliadus ! Pour un rat de bibliothèque, il cache bien son jeu. Khalaart est un bon professeur, bien plus captivant que mon maître en hydromancie et bien plus sympathique que mon maître en droit administratif. Il ne se limite par aucune croyance et semble penser que chacun peut apprendre et progresser. J’ai hâte de mes prochaines séances. J’espère qu’il y en aura d’autres communes avec Eliadus, c’était intéressant d’observer ses exercices.
Seconde grande première : j’ai finalement pris mon courage à deux mains pour demander à Soïm de me faire démonstration des duels. Le regard désapprobateur d’Euria et les avertissements de mon futur professeur se dressaient sur mon chemin, mais je me suis lancée comme on enjambe la fenêtre pour faire le mur. Et je dois dire que c’est grisant. Évidemment grisant, car comme tu le devines, j’avais le sentiment de braver l’interdit ─ pour une fois ─ et aussi pour la discipline en elle-même. J’ai même mis Soïm vaguement en déroute à un moment. Il a retenu ses coups, de sorte que je ne garde que quelques contusions, rien sur mon magnifique visage.
Je te raconterai de vive voix, je suis sûre que ça te fera changer d’avis.
Astrée
20 Tombefeuille de l’an 960

Mon très cher frère,

Partage cette lettre avec ma merveilleuse nièce car je vais conter la course de la boucle du Sud et de l’Ouest. Elle et moi avons déjà établi à quel point tu as été sévère de ne pas la laisser y participer avec moi, mais qu’elle se console car je n’ai malheureusement pas pu m’y rendre ; aussi, elle aurait été de toute façon bien déçue. Mais j’ai assisté à l’arrivée et j’espère que ces quelques mots achèveront d’atténuer ses regrets.
L’arrivée avait lieu sur la place de Gludin (promets-moi de ne jamais y habiter car il semble que tous ses habitants soient toujours frappés de malheur), c’est un lieu grand est découvert. Il y a un immense arbre au centre et plusieurs étales, comme sur toutes les places. Elle est accessible par deux entrées, et donne au Nord sur une grande cathédrale dédiée à Einhasad. Il y a aussi à gauche la magistrature où siège parfois le Gouverneur Elion, et alors tu peux voir à l’entrée ses Chevaliers Pourpres dans leurs armures étincelantes.
Nous avons guetté les arrivants un par un. Il y a eu trois vainqueurs : troisième, Dame Ginit, une Naine (qui a aussi l’oreille musicale car elle avait également terminée troisième, je crois, à l’Aube d’Astredoux), deuxième Sandales, c’est un Orc avec un chapeau pointu, il n’appelle jamais les gens par leur prénom, si bien que j’ignore le sien. Il n’avait ni transpiré, ni l’air fatigué, à croire qu’il avait usé de magie. Enfin, meilleure d’entre tous, Nuzä, une Orc impressionnante et plus grande que tu ne peux l’imaginer. Elle est arrivée sur sa (ou son ?) fidèle Bourrique, bien avant tout le monde. Un véritable parcours de santé, si ce n’est que Bourrique n’en pouvait plus. Sa volonté de fer l’a mise au pas. Ou au galop, si on veut jouer sur les mots.
Je regrette de ne pas avoir pu participer, mais cela nous laisse encore un an pour convaincre ton père de t’y inscrire la prochaine fois.
En attendant, sois vaillante,
Astrée

Lili
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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » lun. 26 juillet 2021 à 12h08

24 Tombeglace de l'an 961

Mon très cher frère,

Peut-être as-tu entendu parler de la peur qui gagne nos côtes ? Je dois rencontrer ce soir quelques représentants des villes portuaires, j'espère les convaincre de prendre la mer. Que n'ai-je appris à naviguer moi-même par le passé ? Bien qu'il ne soit pas trop tard, je doute que trouver un professeur par ces temps sera chose aisée. Les récits que l'on m'a rapportés sont tout bonnement horrifiants, mais comme nous le savons, le peuple aime les monstres ; aussi je veux constater par moi-même.
Souhaite-moi bon vent.
Astrée
25 Tombeglace de l'an 961

Mon très cher frère,

La réunion était fort instructive, il y avait parmi nous plusieurs capitaines, et c'est toujours plaisant d'écouter une personne qui sait de quoi elle parle. C'est l'hôtel Vernalis qui nous a accueillis, et j'ai également pu mesurer l'abondance qu'ils génèrent en ces temps de disette, j'ai grandement apprécié Nörir et Ginit, qui en sont membres et à qui Giran a confié la gestion de cette affaire maritime. J'ai trouvé qu'ils avaient tous les deux un grand souci de l'efficacité, et Éva sait comme je chéris cette qualité. Nous prendrons la mer sous quinzaine, c'est décidé. J'espère que notre expédition sera fructueuse, puisqu'après tout, la mer est vaste.
Astrée
29 Tombeglace de l'an 961

Mon très cher frère,

Est-il possible que tu t'ennuies ? Je rentre d'une expédition dans les terres Sombres, et je prenais un peu de recul sur ces derniers mois, ou ces dernières années ? ‒ quand il m'est apparu que je ne serais probablement jamais lassée de cette vie. Je connais les raisons de ta décision, et tu sembles toujours très heureux dans tes lettres ou lors de mes visites, mais après avoir connu cette vie trépidante, n'y a-t-il pas de courts instants, une infime seconde pendant laquelle ton esprit y retourne ? Est-ce qu'il l'appelle comme un nouveau loup solitaire appelle à lui sa future meute ?
Quoiqu'il en soit, nous avons visité aujourd'hui l'école des arts occultes près de Shel'Oloth, puisqu'il semble qu'il s'agit de l'épicentre des secousses (tremblements ?) qui sont à l'origine de l'effondrement de la cité.
Je parcours mes anciens brouillons et constate que je ne t'ai pas entretenu d'autres éléments : l'enquête qui nous a amenés jusqu'à cette expédition, et qui nous a prodigieusement mis sur les nerfs. Est-ce qu'il vaut encore la peine de narrer ces détails puisque je les efface déjà de mon cœur pour n'en retenir que l'essence ? Je peux résumer néanmoins. Des ouvriers attelés à la restauration de Shel'Oloth nous ont indiqué qu'un Sombre passablement âgé pourrait nous aider. Nous l'avons trouvé à Gevurah, et lui-même par son témoignage, nous a indiqué de nous rendre à l'École.
Nous sommes donc à l'École et nous trouvons du Néant, et finalement quelqu'un propose de verser de l'antidote dessus. Et le Néant disparait aussi vite que du sucre se dissout dans l'eau. C'était très étrange à voir. Nous fouillons les alentours sans rien trouver de concluant, hormis une vieille hache sur le retour qui a fait le bonheur de notre archéologue, sire Jodian. Bref, ce fut si simple que nous en sortîmes tous éberlués et je méditai longuement cela sur le chemin du retour. Mais après tout, quel est le problème avec les choses simples ?
Bien à toi,
Astrée
18 Souffleglace de l'an 961

Mon très cher frère,

Comme promis, je vous reviens du front contre Laëb. Je le dois probablement à Eliadus, avec qui je peux former une bonne équipe, je crois ; et Liarvet qui a toujours peur que je meurs alors qu’il est présent et qu’on puisse l’en tenir pour responsable (et puisqu’il est celui qui veille le plus sur moi dans ces moments, n’oublie pas plutôt de le récompenser, quoiqu’il n’aimerait pas cela), ainsi qu’Aether qui est un très bon chef de guerre, évidemment.
Mais plus que ce triptyque, je remercie Eva et le destin qu’elle continue de filer entre ses douces mains. Je sais que je peux avoir toute confiance en elle. La veille, j’avais rejoint les deux inséparables, Eliadus et Aether, sur le front. Ils étaient très surpris de m’y trouver, Aether laisse toujours entendre sa désapprobation, mais y’a-t-il seulement une chose qu’il ne désapprouve pas à mon sujet, hormis ma race ? J’aurais probablement fait une bonne Humaine à ses yeux. Tu me dirais de ne pas m’appesantir, alors passons pour en venir au point que je voulais évoquer : nous avons terminé par échanger sur nos croyances. Eliadus déclarant du bout des lèvres son scepticisme, je sais que ton esprit est aussi ouvert que le mien, aussi je ne crois pas le trahir en te le rapportant. Et je ne saurais dire pourquoi mais ce demi-aveu, puisqu’il n’en fait pas un secret si j’y pense bien, m’a emplie d’une infinie tristesse pour lui. Mais c’est finalement peut-être un signe de son grand courage. Car après tout, la foi ne change pas le monde, mais elle change l'état d'esprit de son acteur par la prise en charge de l'aléatoire, de l'impuissance et la canalisation des émotions sur un objectif. Elle n'a pas d'efficacité instrumentale, mais une efficacité symbolique qui n’est plus à prouver. La foi, c'est cet espace que nous créons dans notre esprit qui nous permet de prendre en charge notre force, et par conséquent ce qui nous donne confiance. Ainsi Eliadus n’aurait besoin de rien d’autre que lui-même pour trouver cette paix de l’esprit face au chaos. La première fois que je l’ai rencontré, je lui ai prédit un grand destin, mais je m’étonne moi-même aujourd’hui des leçons que je peux tirer de ses expériences.
Je divague du sujet initial, mais à quoi bon parler de ce Diable qui n’est qu’une poussière dans l’infini, n’est-ce pas ?
Embrasse mon neveu et ma nièce pour moi.
Astrée
10 Blancheterre de l'an 961

Mon très cher frère,

La Tour d’Ivoire a été libérée. Je n’ose y mettre les pieds, j’ai peur que sa transformation ne me brise le cœur. Je préfère en garder le souvenir que j’ai gravé dans ma rétine lors de ma visite dans mes premières décennies.
Comme tu le sais, je n’ai pas pu prendre part à cet exploit, mais je me le suis fait conter. Et le croiras-tu, la Tour renfermerait à l’intérieur un autre Arbre Mère. Un aïeul, un fils ? Personne n’a su le dire. Les témoignages ne parlent que de son rayonnement.
Il y a longtemps que je ne suis pas allée jusqu’au pied de l’Arbre, peut-être que nous pourrions y aller lors de ma prochaine visite, qu’en dis-tu ? Je pourrais te parler du reste de vive voix, car je sens la fatigue me gagner déjà.
Je t’embrasse,
Astrée
18 Blancheterre de l'an 961

Mon très cher frère,

Je rentre de l’expédition en mer. Nous sommes partis le 14, j’étais notamment accompagnée d’Eliadus et son frère, Faldor. Car Eliadus a un frère : il en a toujours eu un, mais il le pensait disparu. Et le voici finalement, en chair et en os. Plutôt beau garçon pour ce que je peux en juger ! Ne se croirait-on pas dans un bon roman ? J’arrive avec le supplément de terreur nécessaire à toutes les histoires extraordinaires. Mais avant cela, note qu’Eliadus a les voyages maritimes en horreur, sa peur devait donc être équivalent à mille fois la mienne.
Bref, nous avons navigué, avec un très bon capitaine et un très bon équipage. Tout avait commencé comme une joyeuse croisière et nous avions décidé de suivre la côte avant de nous enfoncer dans l’océan. Lorsque nous eûmes l’impression de n’être plus qu’un petit croûton de pain oublié et flottant au milieu d’une soupe, notre regard ne rencontrant que l’étendue de l’océan peu importe où il se portait, il se trouva que le marin dans le nid de pie annonça une terre en vue. Elle n’était pas sur la carte. Tous s’étonnaient. Je me disais que nous allions soit découvrir un nouvel endroit vierge de toute exploration, soit trouver que tous les marins déclarés disparus en mer avaient en fait décidé d’élire domicile sur cette île loin de tout et vivre selon l’état de nature. Pourquoi pas. Mais cette… île. Était un immense bâtiment. Comment te le représenter ? Si tu te trouves en bas de la chaîne de montagnes qui borde Aden et que tu espères apercevoir le sommet du plus haut mont, c’était la même chose pour nous et ce bateau. Nous cessions toute activité en espérant ne pas attirer son attention (car nous avions alors tous ce sentiment inné d’une proie face à son prédateur, et aucun de nous n’a proposé d’aborder, n’est-ce pas ?) et je me demandais comment il pourrait bien nous remarquer, mais c’était sous-estimer, ou méconnaître, ce à quoi nous avions à faire. Nous entendîmes quelques plongeons, puis un grand silence. Alors, le capitaine demande à son équipage de ramer pour s’éloigner, mais le bateau resta figé sur place. Les rameurs insistèrent et insistèrent, leurs mains et leurs visages crispés dans l’effort, sans que rien n’y fasse. Je me risquai alors à un œil par-dessus bord et manquai de m’évanouir d’horreur. Cette vision me remue encore l’estomac et elle me hantera probablement pendant encore des siècles : un charnier de masses vivantes et néanmoins informes bloquait notre coque, il remuait comme les vers grouillent dans la pourriture. L’insistance des manœuvres combinées aux incantations finirent par nous débloquer et nous prîmes la direction de la côte la plus proche. L’équipage guidé par son instinct de survie et peut-être aussi le désespoir ne cessa de ramer alors que nous étions pris en chasse par un étrange brouillard. Mais la chance fut de notre côté et notre poursuivant finit par se désintéresser de nous avant que nous retrouvions la terre ferme. C’est donc ainsi que nous avons tous rencontré, si l’on peut dire, Zaken pour la première fois. Je pense que je vais terminer là-dessus, même s’il me reste encore beaucoup à dire. Nous monterons bientôt un plan. Tes remarques seront les bienvenues car je n’ai honnêtement aucune idée de comment nous devrions affronter une créature mythique telle que celle-ci. Un diable ou le Néant, passe encore. C’est entendu.
Astrée
10 Fondgivre de l'an 961

Mon très cher frère,

L’Elfe Bizarre est peut-être le meilleur d’entre nous. Je devrais d’ailleurs faire l’effort d’apprendre son prénom et de l’utiliser. Je voudrais pouvoir t’écrire ce qu’il s’est passé mais je suis si déçue de moi-même que l’inscrire sur du papier m’est insupportable.
Astrée
1 d'Astrée de l'an 961

Mon très cher frère,

Je ne supporte plus la présence d’Aether. Non pas pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il me rappelle. Je ne parviens ni à me pardonner ni à formuler les éléments qui pourraient signer ma délivrance. Et en cela, je suis encore davantage une piètre amie car cette expérience l’a profondément bouleversé, et il a aujourd’hui besoin d’aide. Je vois qu’il peut compter sur Eliadus, mais je crains que son empathie ne soit limitée par ses croyances. Je prie Eva pour qu’elle lui envoie un signe d’espoir, à défaut de pouvoir mieux faire à ce jour.
Je voudrais pouvoir te rendre visite bientôt. Je ne saurais dire si ce sont les récents événements, ma profonde déception ou juste le temps qui commence à s’étirer, mais je me sens extrêmement lasse, tout me coûte bien plus d’énergie que cela ne le devrait. J’ai encore quelques réunions et rencontres fixées, mais peut-être que je pourrais venir pour mon anniversaire ?
Je t’embrasse,
Astrée
6 d'Astrée de l'an 961

Mon très cher frère,

Je sors tout juste de la réunion à Giran où nous avons échafaudé un plan et réuni toute l’aide possible pour affronter Zaken. Je crois que tout ira bien. Mais c’est peut-être le vin de Nörir qui me monte à la tête car mon cerveau est comme un brasier. Je regagne Heine et partirai dès demain pour vous rejoindre. Il me tarde.
Astrée

Lili
Fairy Queen Timiniel
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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » lun. 26 juillet 2021 à 12h10

J’étais à la préfecture. Quelqu’un me mit dans les mains une lettre. J’essayai de la lire, mais les mots se dérobaient en dansant sous mon regard. Quand je levai la main pour me frotter les yeux, mes doigts chatouillèrent mon visage. Ils étaient couverts de fourrure. Je vis mon reflet dans la lame en argent du coupe papier. Au-dessus de mon col bâillait une mâchoire de loup aux poils fauves, nantie d’incisives et de canines énormes. Pour cacher cette affreuse métamorphose, je levai en hâte la lettre devant mon visage et regardait subrepticement par-dessus si quelqu’un s’était aperçu de quelque chose.

La préfecture était en plein chaos. Les membres du conseil avaient des visages de singes et se balançaient aux lustres en jacassant. Montrant les dents comme un rongeur, un membre disputait quelque chose à un rival à la tête de crapaud. Un autre renversait des ouvrages en gesticulant et engloutissait toutes les pages qu’il parvenait à arracher et qui passaient à la portée de son bec de pélican. Un rideau prit feu quand quelqu’un laissa tomber une bougie, mais personne ne fit mine de l’éteindre. La fumée ne fit que provoquer d’autres hurlements, rugissements, sifflements et cris stridents.

Je tentai de garder mon sang-froid et parvins à quitter la pièce. Je cherchai la sortie, cependant, chaque fois que j’atteignais le palier, je réintégrai la salle du Conseil où la situation empirait. D’abord les conseillers avaient arraché leurs vêtements. Ils se traînaient par terre ou gambadaient les bras nus, et leurs visages déformés évoquaient des espèces que je n’avais encore jamais vues, dont certains arboraient un front couronné d’écailles ou des défenses monstrueuses. La seconde fois, les membres presque nus ondulaient dans des flaques humides, dardant une langue de lézard.

À mon troisième essai, une voix m’appela par mon nom. Nuzä était à côté de moi. En la voyant, j’éprouvai une bouffée d’espoir mêlée de terreur. Elle semblait normale, jusqu’à ce que la peau de son visage se fendille en révélant les écailles qui se cachaient dessous. J’attrapai sa main pour l’entraîner dans ma fuite. Il n’y avait pas de pièce derrière la porte, mais une terrible chute d’eau écumeuse qui me happa et m’engloutit. Un bruit résonnait dans mes oreilles, et j’eus du mal à reconnaître les battements de mon propre cœur. On aurait cru que quelqu’un était en train de battre un tapis. Ma langue et ma gorge étaient sèches comme du papier. Je luttais contre cette obscurité, cette chute éperdue, et ma lutte n’était que terreur.


Je marchais dans une forêt à minuit. Les arbres étaient tout blancs et s’élevaient très haut au-dessus de ma tête, disparaissaient dans une obscurité bleu noir. Bien qu’il n’y eût pas de vent, les feuilles blanches comme neige frissonnaient et chuchotaient.
Levant la main pour écarter un feuillage tombant, je sentis du papier sous mes doigts. Les arbres étaient plats et pâles. Des fougères hérissées, coupantes comme du papier, blessaient mes mains avec une cruauté sournoise. Je n’étais pas seule.

À côté de moi marchait une silhouette familière, réconfortante. J’entendais craquer les feuilles sous de lourdes bottes. Puis je reconnus mon compagnon. Du coin de l’œil, je distinguai l’étoffe couleur prune de sa cape. La clarté de la lune était si irrégulière que je la voyais à peine. Il était parfaitement plat. Vu de côté, il était aussi fin qu’une feuille de papier. En proie à une appréhension soudaine, je l’attrapai par le bras et le forçai à me regarder. Les yeux du Marionnettiste étaient deux éclaboussures d’encre, sa bouche une tache souriante. Le clair de lune intermittent éclairait ses grosses mains pataudes et les spirales grossières qui retenaient sa cape. Il n’était tout entier qu’un dessin d’enfant, mais cela ne l’empêchait pas de plisser ses yeux d’encre et de se pencher vers moi pour me dévisager.

Je serrai son bras plus fort et le sentit se froisser sous mes doigts avec horreur. Le lâchant aussitôt, je reculai, mais il émit un sifflement assourdi et tendit vers moi ses longs bras parcheminés, dont l’un était maintenant tout chiffonné. Ma peur se mua en colère et je frappai si violemment son bras qu’il se déchira. Sa silhouette chancelante était tellement horrible et difforme que je le frappai encore et encore, en le mettant en pièces à force de le déchirer. Des fragments du Marionnettiste voltigèrent dans l’air comme des flocons de neige ou des serpentins. Il ne resta bientôt de lui qu’une bouche en papier, s’agitant comme un papillon. Je la saisis entre mes doigts, la pinçai cruellement et faillit la couper en deux à force de l’étirer.

« Pourquoi ? » articulai-je.

Mais je tirai trop fort sur la bouche grimaçante, qui se déchira. Lançant un regard éperdu autour de moi, j’aperçus au loin une autre silhouette familière. À cette vue, un chagrin brûlant m’envahit, mais sur le moment je ne me rappelai pas pourquoi.

« Suriel ! » criai-je.

Je courus à travers la forêt de papier pour rejoindre la silhouette qui s’éloignait. Suriel semblait se mouvoir plus vite que je ne parvenais à courir. Il paraissait glisser, et j’eus l’impression troublante qu’il ne bougeait pas les jambes.

« Suriel ! Attends-moi ! Quelque chose ne va pas ! Nous ne sommes pas censés être ici. »

Je crus qu’il allait ralentir, se retourner, mais il n’en fit rien. En revanche, les feuillages se mirent soudain à s’agiter. Il y eut une pluie de feuilles de papier, puis une main d’ombre se tendit, immense, vers le paysage boisé. Je hurlai un avertissement. Même après que je n’eus plus de souffle pour hurler, mon appel sembla se propager sans fin. La tête de Suriel était écrasée entre un pouce et un index géants. L’espace d’un instant, je le vis tituber tandis que sa tête se déchirait à moitié. Puis la main referma son poing sur lui et l’entraîna vers le ciel, trop haut pour que je puisse le voir.

« Non ! Hurlai-je en courant. Ramenez-le ! »

À ce moment, j’entendis au-dessus de ma tête un bruit de papier déchiré.

« Je vais vous tuer ! Vous tuer ! »

Il y eut un silence. En tendant le cou, je ne réussis à distinguer qu’une énorme silhouette noire au milieu des arbres, se détachant sur le ciel étoilé. Au-dessus de ma tête, le feuillage bruissait. Des branches craquaient et claquaient. Une pluie de feuilles blanches desséchées tomba sur mon visage : la main allait de nouveau s’abattre.

C’est alors, et seulement alors, que je fus saisie d’une terreur aveugle. Baissant les yeux, je vis pour la première fois nettement mon propre corps. J’étais en papier, une poupée en lambeaux couverte de griffonnages à l’encre noire. Il serait si simple de me déchirer. J’avais commis une terrible erreur.

Je me laissai tomber sur le sol obscur et me faufilai sous les fougères blanches, non sans tressaillir en sentant mon corps de froisser et se déchirer légèrement. Je me figeai sur place pendant que la main géante explorait la forêt à tâtons, à la recherche de la source du hurlement menaçant. À ma recherche.

Les secondes se dilatèrent jusqu’à l’extrême limite. Les battements de mon cœur parurent ralentir mais leur rumeur s’enfla au point que le sol se mit à vibrer. La masse pâle des arbres trembla, se dissipa, tandis que les ombres gagnaient du terrain. Puis, quelque part dans les hauteurs, la lune s’éteignit en tremblotant, et tout sombra dans les ténèbres.

Lili
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Re: [BG Elfe] Astrée Alcar

Message par Lili » lun. 26 juillet 2021 à 12h14

Entre Astrée et Rougefeuille 961

Mon très cher frère,

Je suis vivante, mais te supplie de ne pas venir. Ils ont diagnostiqué la scarlatine et je mourrais, si ce n’est de cette maladie, de contaminer quiconque. D’ailleurs, je perds chaque cellule de peau à la façon des lépreux et suis si affreuse que je ne souffrirai aucun regard. Critique ma superficialité, je n’aurais pas la force d’argumenter. Je m’endors déjà. Nuzä veille sur moi, ne t’inquiètes de rien sinon de mon neveu et de ma nièce que j’embrasse fort.
Astrée
Mon très cher frère,

Comment te portes-tu ? Quelles sont les nouvelles du monde extérieur ? Écris-moi. Voudras-tu bien relever mon courrier à la préfecture ? Je ne crois pas qu’il soit encore sûr de nous rencontrer, mais au moins je lirai tes mots avec le son de ta voix dans ma tête.
Astrée
Mon très cher frère,

Je viens de te lire et digère encore la nouvelle de la disparition du Gouverneur. Si c’est bien le nom que l’on doit donner à cette absence. Peut-être a-t-il lui aussi la scarlatine ? Je n’ai pas fait de grande annonce auprès de la préfecture, mais personne n’a pensé que j’étais disparue ou morte. Enfin j’espère. S’il y avait eu des obsèques en mon honneur et qu’un nouveau préfet fût élu, tu me l’aurais dit, n’est-ce pas ? (Au grand regret de te rappeler que je ne souhaite aucune cérémonie !) Ton pli n’était accompagné d’aucun courrier, or j’entretiens tant de correspondances que je ne peux pas croire qu’il n’y a eu personne pour m’écrire.
Enfin, donne-moi des nouvelles des villes portuaires et de Zaken. Ou est-ce la fin du monde au-dehors et Cérulys demeure un doux paradis préservé de ceux qui ignorent son emplacement, telle une région mythique ? Si c’était le cas, - je voulais écrire une boutade ironique, mais rien ne me vient tant mon esprit est englué. La répartie n’était pas mon fort, mais je crains que ce ne soit pire. Si tu n’envoies pas mon courrier, rédige-moi au moins un questionnaire que l’on teste mes dernières capacités intellectuelles, cela me divertira.

Ennuyeusement,
Astrée
Mon très cher frère,

Aether sollicite une autorisation pour fouiller la demeure d’Euria et Sandales, apparemment personne n’a eu signe de leur personne depuis des semaines. Si Euria est partie seule à la recherche d’Elion, c’est une folie… Je préfère penser qu’ils s’en sont allés tous les deux vers de nouvelles aventures. En tout cas, les nouvelles me parviennent plus vite qu’à toi, c’est dire à quel point tu vis en reclus ! Je devrais probablement choisir un autre indicateur, je suis désolée de te l’annoncer. Tes seules qualités reposent sur ton écriture étonnamment agréable et les récits de ta famille que j’adore plus que tout. Enfin, comble du comble, je t’apprends que le plan d’attaque contre Zaken sera bientôt mis à exécution. Je t’en prie, rejoins la civilisation une journée pour me tenir informée ; ne pas être présente m’est odieux et je ne veux pas solliciter Aether.

Je t’embrasse de façon non contagieuse,
Astrée
Mon très cher frère,

J’ai la permission de quitter ma cage ! J’adore Cérulys, mais l’idée de revoir enfin le vrai ciel me donne des palpitations d’excitation. Et entendre des voix. Et sentir le soleil. Le vent. Je suis cette personne qui redécouvre la joie pure et simple de respirer à plein poumon par le nez après un rhume. À deux doigts d’en écrire un poème, mais suite aux piètres résultats à ton questionnaire (diabolique), je vais m’en abstenir.
Enfin, je t’épargne de te mêler à la foule. J’espère croiser Eliadus, il est toujours dans toutes les aventures et sait raconter les histoires en version synthétique sans démontrer la moindre émotion, ce qui est parfait pour un spectateur pragmatique souhaitant se forger son propre jugement : moi.
Je t’embrasse,
Astrée
Mon très cher frère,

J’ai été navrée d’apprendre que Nörir et l’Elfe Bizarre (je n’ai toujours pas appris son prénom, mais comme tu le sais, je n’ai pas beaucoup sociabiliser ces derniers jours) ont été blessés pendant l’affrontement. J’ai fait porter un présent à mon ami et lui ai rendu visite avec Eliadus. J’étais si folle de joie de retrouver toute ma liberté que je crains d’avoir pris quelques risques et entraîné mes compagnons dans une balade futile. Mais Nörir semblait apprécier, et je ne crois pas qu’il en gardera de séquelles, c’est ce qui compte, n’en déplaise à un certain moralisateur.
Puis-je vous rendre visite ? Je voudrais tout te raconter, mais je ne supporte plus d’écrire.
Je t’embrasse,
Astrée
Mon très cher frère,

J’étais heureuse de vous revoir tous ensemble. Mille mercis à vous.
Astrée
Mon très cher frère,

J’ai enfin fait la rencontre de celle qui est parvenue à illuminer la sombre mine d’Aether. Eliadus n’avait pas menti et elle m’a fait forte impression. Elle possède ce charisme des prêtres de haut rang, une sorte d’aura apaisante comme si elle était elle-même l’Arbre Mère. Elle parle peu, mais avec sagesse. D’une certaine façon, elle me rappelle un peu Euria.
C’est étrange de me tenir ici sans la croiser. J’ai d’ailleurs appris que plusieurs autres personnes n’avaient pas reparu durant mon absence. Elion, évidemment, Euria, Sandales, Revel, Aërya, Asharim ; mais aussi Enguéran et Hortense. Je n’ai pas eu le loisir de voir Valdian non plus depuis ma convalescence, mais c’est un être si épris de liberté que je ne veux pas lui faire l’insulte de quémander. Mes pensées sont avec lui, en tout cas, comme je sais que les siennes sont tournées vers moi ; sans doute est-ce suffisant.
Enfin, pour revenir à Elérinna, j’espère la revoir souvent, j’ai le sentiment qu’elle sera une alliée précieuse. Elle a d’ailleurs évoqué à nouveau la cérémonie de Cefedellen, si elle a lieu, pourrais-je emmener mon neveu et ma nièce ?
À très vite,
Astrée
Mon très cher frère,

Pourras-tu me faire suivre ce satané courrier que j’ai oublié chez toi ? Je n’ai même pas pu parcourir les sollicitations et cela me joue des tours. J’ai revu aujourd’hui une personnalité très intriguante dont je t’ai déjà parlée : le Chevalier Loran. Il maîtrise une forme de magie qui intéresserait sûrement Eliadus, mais malheureusement leurs deux tempéraments semblent inconciliables. Je remarque d’ailleurs qu’il s’entend avec assez peu de monde. En tout cas, j’ai appris aujourd’hui auprès de lui à adouber une personne, et je me sens une nouvelle passion pour la chevalerie. J’aurais plaisir à lui faire rencontrer Kyon à ce titre, et peut-être que pour une fois sa conversation ne me semblerait pas ennuyeuse, mais je n’ai pas revu Lodyl depuis des siècles. J’espère qu’il va bien.
Bref : envoie-moi mon courrier.
Astrée
Mon très cher frère,

Le conseil de Heine compte un nouveau membre. Je sais que tu l’avais déjà deviné maintenant que c’est accompli et que je relis une de tes réponses. Je suis ravie de cette nouvelle venue, en tout cas. Elle a pu assister à une première réunion au débotté, sur le perron du Temple d’Oren, ce qui m’a valu une vague de colère de la part d’Aether. Il me trouve trop pragmatique, au détriment du respect. Je te raconterai plus en détails si tu veux, mais ce reproche me hante car j’ai toujours considéré mon pragmatisme comme une grande qualité, et je n’ai jamais pensé avoir manqué de respect à quiconque. Je lui ai adressé une lettre pour m’excuser, j’espère que cela apaisera les tensions, je nourris déjà tellement de regrets à son encontre que je ne pourrais pas supporter de savoir qu’il nourrit un grief me concernant. Je n’ai jamais suivi ton conseil de nous expliquer. D’une part, car j’étais malade après que tu me l’avais suggéré, et d’autre part parce que les missions que nous menons côte à côte surpassent de loin mon petit ego. Mais il est probablement temps.
Un conseil ?
Astrée
Mon très cher frère,

Je me suis longuement entretenue avec Aether aujourd’hui et je suis si soulagée que je pourrais en pleurer. Bon, je mets de côté toute la partie où il critique mes choix de vie, j’aurais probablement pu démentir ou lui confier certaines choses, mais une partie de moi ne souhaite tout simplement pas le contenter sur ce point. C’est tout à coup comme si je m’adressais à notre père et que je voulais lui prouver que je suis capable de faire mes propres choix, merci beaucoup. Et cette simple réaction me rappelle que le chemin de la sagesse est encore long, moi qui pensais avoir acquis un certain recul et une paix de l’esprit.
Enfin j’ai senti une pointe d’incompréhension de la part d’Aether quant à la politique, et j’admets ne pas avoir réussi à l’expliquer. Je suis moi-même assez ébranlée dans mes convictions depuis quelques temps, je ne sais si c’est cette longue période de réclusion, ou si cela était apparu avant. La vision ne me semble plus aussi forte, plus aussi présente. Il m’arrive de me demander si elle n’a pas été inventée, enrichie à travers les années. Je ne suis d’ailleurs même pas au quart de ma vie. On pourrait dire que j’ai vécu deux vies d’Humain, mais si je me compare avec Eliadus, je n’ai même pas accompli la moitié du chemin qu’il a parcouru. Ne pas comparer, je t’entends déjà. Mais, pour une fois, comparons. Et je me demande : si je ne fais plus ce que je fais, que puis-je faire d’autre ? Que voudrais-je faire d’autre, même ?
As-tu connu pareil moment de doute, mon frère ?
Astrée

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