Une fleur fane, sa beauté disparaît et ses pétales tombent doucement sur l'humus.
Mais cette flétrissure inéluctable donnera lieu à de nouveaux bourgeons et la fleur n'en sera que plus belle.
I- L'enfance
A la faible lueur du crépuscule, une petite chose pointe le bout de son nez. De grands yeux turquoises s’ouvrent sur le monde pour la première fois. Pas de pleur, juste un regard perçant qui se fixe sur celui qui était devenu père pour la première fois.
…
Des rires, des cris et des bruits de pas précipités sur les feuilles fraichement tombées de l’automne. Tapis de feu, ciel bleu et jeux d’enfants. Elhiniss Edhel est heureux en compagnie de sa femme et de petite fille dans cette jolie forêt en cette fin d’après midi.
L'enfant arbore un sourire éternel. Ineffaçable, inaltérable, seule la joie se lit dans ses grands yeux en amande.
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Un objet. Rectangulaire. Etrange. Il semble quand on l’ouvre enfermer une sorte de magie bienveillante qui permet à son papa de raconter d’incroyables histoires. Esthesia caresse la couverture cartonnée de l’objet en écoutant son papa lui raconter une fois encore l’histoire de la marionette-petit-garçon-qui-prend-vie.
La petite est tombée amoureuse des livres.
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II - L'adolescence
Le premier amour. Innocent, pure et puissant. Esthesia se love dans les bras de Therihl. Le jeune elfe lui caresse les cheveux en lui disant qu’il l’aimerait pour toujours.
Les yeux de la jeune fille se ferment…
Ils s’ouvrent emplis de larmes. Les bras qui l’entourent sont ceux de son père à présent. Le jeune Therihl a quitté ce monde, incapable de maintenir dans son corps le sang qui s’écoule de la plaie profonde de son cou. Esthesia sent un vide immense en elle.
…
Ce vide doit être rempli. Il le faut. La nature ne peut l’accepter, elle en a horreur. Alors le cœur de l’adolescente se rempli de haine, d’une haine sans limite, comme une lame de fond elle balaye tout sur son passage : la douceur héritée de sa mère, l’empathie de son père, la tolérance apprise par l’éducation, les rêves apportés par ses livres. Non, il ne reste plus rien d’autre que …
LA HAINE
L'astre d'argent se révèle quand le ciel se déchire. La nuit pose son manteau sur le village de Gludio. La jeune elfe attend.
Son informateur lui a révélé l'identité de l'abjecte immondice qui lui a volé l'amour de sa vie. Il ne devrait plus tarder.
Tant d'année à ne penser qu'à sa vengeance, tant d'année de recherche et d’enquête pour connaître le nom de l'assassin de Therihl. La haine l'a nourrie pendant tout ce temps. Aiguisant sa volonté comme une pierre aiguise un couteau. Pas de place pour la compassion, le dialogue ou l'empathie. Son aveuglement est total.
Soudain, une silhouette se dessine. C'est lui : il correspond à la description. Esthesia surgit de sa cachette, longe les murs d'enceinte de la cité et piste l'homme encapuchonné. Au moment où celui-ci tourne dans une ruelle sans surveillance des gardes, la jeune elfe bondit et renverse l'individu. Les deux adversaires roulent à terre Esthesia finissant sur lui, un couteau sous la gorge de l'assassin.
- Tu vas payer pour ton crime horrible! Comment as-tu pu me l'enlever!
- Quoi? De qui parlez-vous? Laissez-moi je n'ai rien fait de mal! répondit l'homme.
- Inutile de mentir, je sais qui tu es : Erik Larguss. Je sais ce que tu as fais. Et tu vas périr pour cela!
Mais alors que l'elfe s’apprêtait à commettre l'irréparable, Elhiniss intervint. Le père de la jeune elfe évita de justesse que la lame ne s'enfonce dans la gorge de l'homme et lui permit de s'enfuir.
- Pourquoi tu m'en as empêché? Pourquoi avoir protégé cet... abjecte assassin! Je te hais père!
Avec douceur Elhiniss prit la main de sa fille et d'une voix douce lui expliqua.
- Parce que tuer cet homme ne te rendra pas ton amour perdu. Parce que tu n'avais pas le bon coupable sous ta lame. Parce que tu es ma fille chérie et que je ne supporte plus de te voir ainsi transformée.
- Mais alors... J'ai failli prendre la vie d'un innocent? répondit-elle la voix tremblante.
- oui ma chérie.
Le père prit sa fille qui s'effondra en larmes dans les bras. Toute la colère, toute la haine et toute la rancœur qui l'habitaient quittèrent Esthesia la laissant sans force. Elle perdit connaissance.
Elhiniss ramena sa fille au village tandis que les premières lueurs du jour déchirait la nuit comme pour annoncer une renaissance.
III - L'âge adulte.
Cet événement traumatisant semblait avoir fait renaître la jeune Esthesia. Comme un vaccin, il semblait avoir immunisé l'elfette contre le mal et la colère. La jeune fille avait retrouvé toute sa douceur et sa gentillesse. Bien entendu elle porterait toujours en elle la cicatrice de la perte de cet être tant aimé, mais elle ne serait plus jamais l'esclave de ses pulsions de ses sentiments ou de ses afflictions.
Elle avait même développé depuis ce jour une empathie et une incroyable force pour apporter le bien autour d'elle.
Elle avait un but dans la vie qui la faisait avancer sans craindre la mort, la haine ou le conflit. Elle serait un soldat du bien, de la tolérance et de l'amour. Pour venir en aide à ceux qui comme elle autrefois avait failli basculer dans l'obscurité, elle serait la lumière qui ramène dans le droit chemin les âmes égarées.
Première étape de son projet : quitter le village pour s'installer dans une grande ville et pourquoi ouvrir une librairie. Elle utiliserait l'art de la littérature pour instiller en chacun la sagesse que ses parents lui avait transmise.
(BG terminé)