Lolita

[Traigo]

A l’issue de la guerre de la barbe qui a déchiré la fragile entente entre les nains et les elfes, un grand nombre de familles naines fut jeté sur les routes. Certains se réfugièrent au tréfonds des cavernes des mines de charbon abandonnées, d’autres dans les galeries des mines de mithril. Les moins chanceux furent éparpillés aux quatre vents.

Candine, une naine de bien faible état, décida de se rendre dans le Nord et de se mettre au service de gros nains industrieux, gros étant un doux euphémisme. Sa fille Lolita était encore toute jeune et également bien malingre. Elle serait un poids pendant son voyage. Candine au cours de sa pérégrination vers le nord remarqua une auberge tenue par une famille de nains à la sortie de Schuttgart. La pancarte indiquait « Auberge la Nainsomnie ». Candine trouvait l’hostellerie accueillante et décida de s’y arrêter.
La dame aubergiste était fort prévenante, le tavernier attentionné et leurs filles invitèrent Lolita à leurs jeux.
Des larmes perlèrent le long des joues de Candine.
- Eh bien ma bonne dame, que nous vaut ce chagrin ? s’enquit Ten en rajustant sa généreuse poitrine. Ardier ressert donc cette pauvrette.
Ardier remplit la coupe d’hydromel de sa confection.
- Goutez moi ça, c’est une pure merveille
Le liquide sirupeux rendit quelques couleurs à Candine.
- Je marche depuis 5 lunes avec ma fille Lolita. Nous approchons du but mais je ne sais comment je pourrai forer aux mines sachant ma fille isolée dans une hutte à la merci des rôdeurs. Je vous observe et votre joie, votre affection me touchent.
- Ben dame, reprit Ardier, s’il ne s’agit que de ça je veux bien veiller sur vot’ Lolita. Vous pourrez la visiter fréquemment. Vous n’aurez plus d’inquiétudes et vous pourrez vous concentrer sur vot’ ouvrage.
Candine sourit. Vous êtes un bien brave nain en ces temps perturbés. Je vous payerai une mensualité pour couvrir vos frais. 500 adenas ça ira ?
- Dame je n’ai pas de tarif mais ma foi on peut essayer comme ça pour commencer, je vous informerai d’éventuels faux frais ultérieurs si jamais.

Candine repris le chemin du Nord, le cœur serré, l’âme en peine, et l’estomac noué en songeant à Lolita. Elle se ressaisit imaginant le calvaire et le danger qu’aurait encouru Lolita autrement.

- Lolita as-tu briqué l’auge à cochons ? hurla Ardier
- Lolita nettoie le purin de la fosse, articulant avec condescendance Ten

Tapie dans l’ombre d’un recoin de l’auberge, un humain élancé, Brad observait la scène.
Il n’éprouvait aucune pitié pour la petite naine. Il y voyait une sombre opportunité. Il avait besoin de dociles serviteurs pour mener à bien son noir dessein. Or qu’avait il sous les yeux un être détruit, sans espoir, servile à souhait et ne rechignant pas à la tâche. Il avait besoin d’une naine comme cette Lolita qui endormirait la méfiance de celle cher au cœur du Prince Marko.

Brad rattrapa Lolita sur le chemin menant à la fosse. La forêt épaisse n’était guère rassurante. La lune projetait des ombres effrayantes.
- Lolita ?
- Oui Messire
- Je tiens un palace à Heine et je cherche du personnel. J’offre 10,000 adenas par semaine, le gîte et le couvert.
- Rhooo c’est beaucoup d’argent ! dit ravie Lolita
- Pour cette somme, il te faudra m’obéir sans coup férir et me rendre tous les services que je te demanderai
Songeant à sa mère malade, il n’y avait aucune hésitation dans l’esprit de Lolita. Pour une telle somme elle irait à la forge des Dieux décapiter Lavazarus.
- Tout ce que vous demanderez Messire…
- Messire Brad
- Tout ? vraiment tout ?
Lolita s’attendait au pire, mais le pire elle l’avait déjà subit chez Ten et Ardier.
- Je suis prête à tout
- Même jouer de vilains tours à mes ennemis ?
Elle ne prendrait aucun plaisir à faire souffrir autrui ni aucun remords non plus, tant que sa paye était assurée.
- Peu me chaut le sort de vos ennemis tant que le mien s’améliore
Cette remarque rassura Brad qui lui tendit un badge.
- Tiens porte ça et soit dorénavant des nôtres.

PS : Tout rapprochement avec un autre personnage réel ou imaginaire serait purement « fortuit »