Jessom le voleur.

[Elios]

Ce matin, le conseiller du baron se levait à l'aube de ce nouveau jour dans sa chambre personnelle habituelle. Et comme à son habitude, le page frappa à la porte juste au bon moment pour lui apporter le petit déjeuner. Après être entré et avoir posé le plateau sur la table du conseiller, celui-ci lui indiqua d'un geste l'autorisation de prendre congé. Le jeune garçon partit donc de la chambre tout en s'inclinant. L'homme prit place à son siège favori et commença à manger. Se délectant d'un délicieux nectar de fruits fraîchement pressés, ainsi que de deux œufs au poivre encore chauds, le conseiller se demandait bien si les assassins qu'il avait employés avaient déjà fini leur tâche. Après s'être restauré, il s'habilla de ses vêtements flamboyants et sortit de sa chambre pour se diriger vers le salon du baron.

Jessom frappa à la porte. Corrino l'invita à entrer, ce qu'il fit immédiatement. La salle du baron était imposante, comme à l'accoutumée, tant par ses multiples tapisseries qui décoraient les murs, que par les sublimes armures qui entouraient la porte. Le sol de marbre supportait plusieurs chaises de bois verni dont le coussin de velours était d'un rouge écarlate. Le roi salua son conseiller.
-Bonjour Jessom.
-Bonjour votre altesse.
Corrino était d'humeur impatiente aujourd’hui.
-J'ai enfin reçu la lettre de la duchesse Irulan. Lis-la moi veux-tu?
-Tout de suite votre altesse.
Jessom prit la lettre cachetée du sceau d'Oren. Après l'avoir délicatement décacheté, il se racla la gorge avant d'en entreprendre la lecture.
-Moi, Irulan, duchesse d'Oren, vous adresse mes remerciements les plus distingués pour votre aimable lettre envoyée il y a deux semaines. Votre proposition de mariage pour unir nos deux peuples me laissa pensive quelques temps. Et après moult réflexions, je me suis finalement décidée à refuser cette offre. Nos terres sont actuellement en paix, et le resteront pour longtemps. C'est pour cette raison que je n'ai guère l'envie de m'unir à vous. J'espère cependant ne pas vous offenser. J'ai juré sur la tombe de mon père que je serai capable de gouverner. Et je compte y arriver seule, sans aucune aide. Sur ces dernières paroles, je vous dis Adieu, baron de Dion.

Jessom craignait la réaction de Corrino. Celui-ci avait écouté la lettre en entier sans broncher. Et lorsque le conseiller était sur le point de craquer sous ce lourd silence, ses craintes furent avérées juste lorsqu'il vit s'écraser contre le mur le précieux vase coûtant plusieurs millions d'adenas. Sans plus de cérémonies, le roi tempêta :
-Allez me faire préparer mon cheval! Et vite!
Sans un mot, Jessom se précipita vers les écuries du roi pour y donner ses ordres. Après que le meilleur cheval fut sellé et bridé, Celimus ouvrit la porte à la volée, accompagné d'une dizaine d'hommes pour le monter et partir vers le Nord comme un possédé. Jessom avait le pressentiment que la duchesse d'Oren n'avait pas fini d'entendre parler du baron de Dion.

Cette guerre froide dura plusieurs années durant lesquelles Jessom était le souffre-douleur de Corrino. Pour lui, le roi était devenu fou. C'est pourquoi, après des années de bon et loyaux services, Jessom quitta le palais sans prévenir, pour aller vivre une autre vie, ailleurs. Désormais, plus jamais il ne donnerait ni recevrait d'ordres. La vie de pacha était terminée. Plus jamais il ne goûterait aux délicieux fruits du jardin du baron, servis sur un plateau par un page à son entier service. Etait fini le temps où il était le bras droit du baron, car dorénavant, il serait son pire ennemi. Car pour avoir écrasé la vie de ce conseiller durant trois longues années, la vengeance serait dévastatrice.


Aujourd'hui, Jessom a 26 ans, et n'engage plus des gens pour faire le sale boulot, il le fait lui-même, entre autres choses. C'est à présent un voleur que l'on engage en échange de bourses bien remplies. Au final, cette situation ne lui déplaisait pas tant. Quelques années auparavant elle lui aurait semblée repoussante. Mais dorénavant, c'est lui qui volerait les objets précieux, lui qui découvrirait les trésors enfouis dans de sinistres donjons. C'était devenu un homme à tout faire. Espionnage, vol, assassinat, persuasion, et autres travaux manuels et intellectuels.

Un jour, alors qu'il revenait d'une chasse fructueuse, une elfe noire l'interpella discrètement. Elle portait un masque noir, et visiblement, elle avait un travail pour lui. Impatient de découvrir sa nouvelle mission, il triturait sa dague d'un air satisfait. la jeune femme lui dit tous les détails de celle-ci, et, bien évidemment, Jessom accepta. L'objectif : voler un objet précieux, dont la valeur était apparemment à couper le souffle, à un elfe noir toujours accoutré d'un costume chic. Celui-ci prenait des airs supérieurs et avait de l'assurance dans son attitude. Le voleur proposa le prix de la mission à un million d'adenas. L'elfe noire lui versa donc un acompte de 25 mille pour confirmer l'accord.

Alors qu'il se demandait bien comment trouver cet elfe noir aux "airs supérieurs", son attention fut attirée par une affiche dont plusieurs exemplaires se trouvaient affichés dans les rues. A la lecture de celle-ci, les battements de son coeur se ffirent plus rapides. Corrino, l'ancien baron de Dion, venait d'être détrôné. La vengeance de Jessom allait devoir être reportée...

[Elios]

Chapitre premier : A la recherche d'un autre noble

Jessom triturait sa dague, l'oeil mauvais. Cette soudaine nouvelle de la "succession" du baron Corrino en temps que seigneur de Dion le mettait dans une colère noire. Mais en mêm temps, cela ajoutait une touche de défi à cette vengeance à laquelle il s'était tant préparé. Selon lui, le baron n'était pas mort, loin de là. Il était persuadé que celui-ci aurait préféré fuir que mourir. Mais où aurait-il bien pu aller? Cela restait un mystère pour Jessom. Désormais, il lui faudrait réfléchir intensément afin de trouver des pistes pour enfin aboutir au meurtre de Corrino, ancien baron de Dion. Pour commencer, y avait-il dans sa famille un membre que Jessom connaîssait? Quelqu'un qui savait tout de lui? A part Jessom lui-même... Quoique... il y avait bien cet homme. Quel était son nom déjà? Narrost, c'est ainsi qu'il s'appelait. Il habitait une résidence privée à Aden. Il préférait la solitude et le calme paisible et luxueux de cette noble cité aux soucis constants de la vie de château. Bien, voila déjà une première piste à explorer. Jessom entreprit donc d'aller voir ce fameux Narrost à Aden.

Lorsqu'il arriva devant ladite résidence privée, qulques souvenirs se bousculaient dans son esprit. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas venu ici. Mais à présent, il ne devait plus douter car faire marche arrière impliquerait l'impossibilité d'accomplir sa vengeance. Il s'avança donc sur les marches de marbre avant de frapper aux portes blanches aux poignées d'or. Narrost ayant préféré vivre seul, il ne possédait aucun serviteur à sa solde dans l'enceinte de sa demeure. Et ce fut donc à lui d'ouvrir les portes pour constater que c'était ce bon vieux Jessom qui venait lui rendre une visite de courtoisie. Celui-ci ne manqua pas de noter combien son visage avait vieilli depuis leur dernière rencontre. De plus, ses traits montraient sa fatigue ainsi que la lassitude du temps qui passe.Il montraient également que soncaractère s'était adouci depuis ses dernières années et qu'il n'en était devenu que plus sage. Lorsqu'il s'aperçut Jessom sur le pas de ses portes, il en fut heureux et sourit, laissant au soin de celui-ci de découvrir quelques rides aux recoins de sa bouche.

-Oh... mais qui voila? C'est toi Jessom?
-Oui c'est moi... Pourrait-on parler à l'intérieur s'il te plaît?
-Bien sûr, entre donc.

La décoration de la salle avait quelque peu changée. Comme àson habitude elle était remplie de tableaux, sculptures et broderies en tous genres. Jessom reconnaîssait la plupart de toutes ces babioles coûteuses. Depuis sa dernière visite, la seule chose dechangée était le nombre de ces fameuses babioles. Il y avait également ce charmant vase qui contenait toujours de magnifiques roses rouges et ce divan au velours cramoisi. Sans oublier cette si spéciale cheminée qui s'allumait en "un coup". Quoi qu'il en soit, Jessom avait l'impression de se sentir comme chez lui dans cette demeure. il était... dans son élément.

-Viens donc t'asseoir. J'ai préparé du thé, tu en veux? Tu te souviens, celui au citron et à la menthe. Comme quoi il y a des choses qui ne changeront pas, ajouta-t-il dans un sourire.
-Je te remercie Narrost. Je constate qu'il y a beaucoup de choses ici qui n'ont pas changé.
-Comme tu peux le voir, je n'ai fait que continuer à amasser des chefs d'oeuvres.
-Tu as peut-être gardé tes habitudes... Mais à mes yeux tu as... changé.
-Tu sais, personne n'y échappe. un jour ou l'autre, il faut bien se préparer à changer. Tout comme toi n'est-ce pas?
-Oui, il est vrai que j'ai aussi subi un grand changement.

Tous deux avaient évité d'aborder le sujet jusqu'à présent. Ce fut Narrost qui commença à en parler.

-Tu es au courant n'est-ce pas?
-Pour le détrônement de Corrino? Oui je le suis.
-Je suppose que tu as trouvé une autre occupation à laquelle t'atteler?
-C'est vrai... Mais pour te dire la vérité, je souhaiterais le retrouver à présent.

Narrost faillit renverser son thé lorsqu'il en but.

-Tu sais Jessom...
-Je suis conscient que cela peut s'avérer difficile et que tu ne seras peut-être pas d'accord. Je suis aussi conscient des risques que je prends. Mais il faut absolument que je le retrouve. C'est un but que je me suis fixé et je compte bien y mettre le prix qu'il faut. Je suis venu te trouver pour cette raison.
-Eh bien... Si tu y tiens tant... Je peux te renseigner sur la route qu'il aurait été succeptible de prendre. Cependant je ne peux rien te garantir.
-Je comprends parfaitement.
-Toutefois, comme tu l'as si bien précisé toi-même, il va falloir y mettre le prix...
-Je técoute...
-Tu n'es pas sans savoir que je suis depuis toujours à la recherche d'exotisme, de reliques anciennes ainsi que d'oeuvres célèbres. Toute babiole onéreuse est bonne à prendre sur ces terres.
-En effet, je ne le sais que trop bien, dit-il en esquissant un sourire.
-Bien... Le marché est simple. Si tu peux me ramener de quoi me satisfaire, les renseignements que tu convoîtes tant seront à toi.
-C'est d'accord. Je te ramènerai une autre babiole inutile. Prépare-toi à faire de la place.
-Fort bien, dit-il dans un faible rire.
-A présent, il me faut prendre congé si tu n'y vois pas d'inconvénient.
-Bien sûr, tu peux partir à présent.

Tous deux se levèrent puis se dirigèrent vers les portes de la demeure. Narroste les ouvrit à son invité.

-Ce fut un réel plaisir de te revoir Jessom.
-A moi aussi Narrost. A moi aussi...

Ce fut sur ces dernières paroles que les portes se refermèrent. A présent, le but premier était de trouver un objet rare et coûteux. En ressassant ce nouvel objectif il se rappela la mission qu'on lui avait donnée. Quelle était-elle déjà? Ah oui... voler un objet précieux à un noble elfe noir...