Elizabeth

[Alessa]

« Plus haute votre garde Elizabeth ! Plus haute ! »

L’instructeur hurlait ses recommandations envers sa jeune élève qui, très honnêtement n’en avait que faire. Elizabeth était une épéiste d’exception doublée d’une fine stratège. Elle observait son adversaire droit dans les yeux, la position de son corps dans l’espace d’entraînement. De’hang n’en était pas non plus à son premier coup d’essai et Elizabeth était pour lui un adversaire de taille.

Cela faisait maintenant plus de cinq ans qu’ils combattaient régulièrement l’un contre l’autre sans jamais avoir pu se départager. Etaient ils de force égale ? Certes non. Mais Elizabeth jouait sur un autre registre. La finesse de son corps, sa rapidité naturelle et sa ruse lui avaient toujours permis d’aller au devant de la défaite.

De’hang savait qu’il devait être précis cette fois car là l’Instructeur ne leur donnait pas un cour habituel mais il sélectionnait les futurs partant pour « le monde », et chacun d’eux désirait ardemment en faire partie. Il tenta un dépassement par la droite, rapière au poing.

Elizabeth attendait cette faute tactique de sa part et c’est pour cela qu’elle restait en garde basse. Elle esquiva sans peine le coup qui aurait pu lui être fatal, et repoussa son assaillant d’un revers de la main. De’hang perdit l’équilibre et lorsqu’il se releva il pu sentir la froideur du métal sur sa nuque. Elle ne pu se retenir, elle avait gagné:

« Enfin ! Vois tu mon ami, la finesse l’emportera toujours sur la force brute ! »

Oui, elle souriait peut être pour la première fois de sa vie. La victoire était grisante surtout contre lui. De’hang, bien que déçu, savait aussi reconnaître la défaite et il alla saluer sa rivale, la féliciter.

« Tu as bien progressé durant tout ce temps… félicitation c’est toi qui va partir mais je te préviens, tu as intérêt d’être à la hauteur de notre race. »

« Tu oses encore en douter ? » Dit elle un léger rictus encore visible. « Je ne sais pas ce que nous allons trouver las bas….Adversaires, ennemis, peut être des Géants survivants, je n’en sais fichtre rien et je pense que c’est cela qui me motive. »

Car Elizabeth était curieuse. Quand elle ne peaufinait pas sa maîtrise de l’arme, elle étudiait la stratégie, la biologie, la théologie et les arts martiaux dans leur plus pure généralité.

Elle s’essuya le visage et arrangea sa chevelure afin d’être présentable. Comment recevoir la récompense suprême qu’elle attendais tant dans un état pitoyable ? elle se présenta devant l’Instructeur, droite, fière de tout son chemin.

« Repos ! C’est du beau travail soldat ! toutefois ne vous réjouissez pas trop vite, je ne suis pas celui qui vous donnera l’autorisation de quitter notre île. Je ne suis que celui qui peut dire si vous êtes apte et vous l’êtes ! A présent reposez vous vous l’avez bien mérité ! Rompez ! »

L’Instructeur tourna les talons et quitta la pièce d’un pas lourd et sonore sur le dallage de marbre du couloir.

« Ne prend pas cet air dépité Liza… ne me dit pas que tu perds patience alors que toi même tu dis que la patience est la quintessence du bon stratège. »

« Ne te moque pas de moi je te prie…. J’ai travaillé dur pour cet instant et il me laisse comme un arrière goût d’inachèvement. »

« Que veux tu de plus ? Tu es parfaite…moi je suis bon mais pas parfait sinon j’aurais gagné tout à l’heure… »

« Nous nous en tiendrons à la version selon laquelle tu m’as laisser gagner ».

Elle n’en pensait pas un mot mais elle savait aussi qu’un soldat incapable de vaincre n’avait aucune utilité et elle respectait son ami.

Comme chaque soir, elle se posta sur les remparts de la Cité pour y voir les ombres des côtes de ce monde qu’elle voulait fouler, qu’elle voulait étudier pour mieux le dominer. Ce soir elle dormirait bien car oui, son cas sera enfin étudié sérieusement.

« De la finesse dans un monde de brute….C’est plutôt une belle conception de ce que je vous réserve. Bientôt ce monde sera à nous, avec ou sans vous. »

Ses mains devinrent légèrement moites … Etait ce de l’excitation ? Ou juste de l’anxiété quand à la décision qui allait être prise ? Elle n’en savait rien et ça n’avait pas d’importance. L’important c’était juste d’être prête au bon endroit, au bon moment.

Et elle l’était...