La Plume de Marquise : Nouvelles

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Morwen
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La Plume de Marquise : Nouvelles

Message par Morwen » dim. 10 juin 2007 à 12h43

Bien, j'ai aussi comme grande passion les mots que j'aime à manier et allier.
Je vous fais donc partager quelques uns de mes écrits, section nouvelles.

La totale sur mon forum Croisons La Plume
Dernière modification par Morwen le mer. 14 mai 2008 à 13h44, modifié 1 fois.
Mais de blessures en écritures
J’exalte mes douleurs, j’exorcise mes peurs
Sous l’œil de glace de mes angoisses

Morwen
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Message par Morwen » dim. 10 juin 2007 à 12h44

Rencontre

C’était une ces nuits sombres et ténébreuses que la lune même ne sait pas éclairer …

Sa mélancolie grandissante nuisait à son sommeil, elle décidait de se lever et de marcher. Après avoir enfilé une robe de soie noire et des escarpins elle se faufilait dans la moiteur de la nuit, tout était calme et la terre se reposait du soleil de plomb qui l’avait brûlée tout le jour durant … Elle se délectait du silence et du puissant parfum des Bougainvilliers.

Elle passait devant cette magnifique villa Victorienne qui la fascinait tant, elle semblait inoccupée … Cette fois elle se décida à en pousser le lourd portail de fer forgé qui grinça sous son geste … elle hésita un instant puis parcourut la volée de marches qui menait au perron, son cœur battait un peu vite, elle écouta un instant mais le silence nocturne était toujours intact.

Elle tourna la poignée et la porte céda révélant une entrée immense et un grand escalier face à elle … à peine eut-elle mis un pied dans la villa que la porte se referma derrière elle, elle sursauta un peu avant de rire tout haut de son angoisse. Etrangement cette villa n’avait pas été pillée, on aurait dit que tous ces habitants avaient dû la quitter précipitamment et que tout était resté figé depuis lors … seules la poussière, les toiles d’araignées et le style victorien laissait paraître que l’époque de gloire de l’endroit était révolue …

Les chandeliers étaient encore intacts, bougies à peine entamées, elle se félicita pour une fois de ne pas avoir réussi à arrêter de fumer, elle sortit son briquet et en alluma quelques uns.
Poussée par la curiosité, elle saisit un des candélabres et grimpa rapidement l’escalier et se trouva dans un couloir assez sombre …

La première pièce semblait être la suite d’une femme, un magnifique lit à baldaquin trônait dans la chambre, une odeur de renfermé régnait mais elle n’était pas plus gênante que cela … Elle s’installa devant la coiffeuse prés de la fenêtre et s’observait dans le miroir un instant, une brosse d’époque était posée sur la table, il y avait aussi des flacons de différents soins et parfum, un poudrier également et quelle ne fût pas sa surprise de trouver des bijoux … Etrange se dit-elle tout haut, rien n’est pillé ou détérioré ici et pourtant tout semble à l’abandon depuis des siècles …

Une lumière semblait émaner de l’autre pièce mais lorsqu’elle en ouvrit la porte elle aussi était dans l’obscurité totale, elle posa le bougeoir sur le bureau massif de chêne … Il y avait comme une odeur de feu de bois récent, sans doute se faisait-elle des idées, l’âtre était froid et vide. Elle poussa un cri d’émerveillement en découvrant une grande bibliothèque de divers ouvrages … sur le bureau attendaient d’être sollicités une plume et son encrier, un lit richement décoré occupait le mur du fond et dans l’armoire restée ouverte quelques chemises à jabot pourrissaient abandonnées à leur sort …

Elle cru entendre des pas dans l’entrée, elle ne bougea plus et tenta d’écouter encore mais les battements affolés de son cœur et sa respiration haletante l’en empêchaient …

Dans un éclair de courage elle descendit le grand escalier et regagna le vestibule, elle se dirigea dans la salle tout prés qui était un grand salon, elle n’avait jamais vu cela, une pièce immense, sur la droite une longue table était dressée dans l’attente d’au moins 40 convives … la vaisselle était intacte et semblait prête à revivre sous la couche de poussière … Sur la gauche une salle de bal, un lustre à bougies d’époque immense et magnifique la dominait de toute sa splendeur.
Elle alluma les chandeliers disposés sur la cheminée de marbre blanc et posa le bougeoir. Elle avança grisée par sa découverte, faisant claquer doucement ses talons sur le parquet de la salle …

Sur un des fauteuils victoriens elle aperçu un chapeau haut-de-forme et une cape, malgré elle, elle s'empara du chapeau qu'elle tint instant dans ses mains, vision palpable d’une autre époque …

Le lustre avait été allumé et éclairait la pièce de sa lumière chatoyante et flavescente, un orchestre jouait sur l’estrade en bout de salle, de cette musique baroque qui vous envoûte, les couples se mouvaient avec harmonie tels des danseurs célestes glissant sur le parquet vernis de la salle avec une grâce de porcelaine …

Les femmes dans leurs corsets serrés et leurs robes ressemblaient à une multitudes de fleurs différentes, l’une arborait une tenue d’un rouge carmin magnifique, quand l’autre se pâmait dans une toilette d’un bleu royal … Sa tête lui tournait devant tant de beauté et d’allure, un bal invraisemblable dans un univers féerique … Les hommes chatoyaient tout autant que ces dames dans leurs costumes queue-de-pie, des gilets de soie, de jolies chemises à jabot, capes, chapeaux haut-de-forme et cannes pour certains …

C’est alors qu’elle l’aperçu, de l’autre côté de la pièce, il semblait l’observer à travers les danseurs … Oui c’était bien elle qu’il regardait de ses yeux d’un vert intense, il sourit un instant quand elle posa les yeux sur la créature, il était grand, son allure était féline, la mâchoire était virile et douce en même temps, animal et androgyne à la fois … Quel homme délicieusement étrange, ses longs cheveux d’ébène descendaient en cascade sur ses épaules. Il portait un pantalon noir délicieusement moulant et une chemise à jabot, son gilet bordeaux était du même tissu que la pochette de sa veste queue-de-pie. Elle l’observait, fascinée, tout en tordant, sans s’en rendre compte, le chapeau entre ses mains … Il lui parlait semblait-il, il lui montrait le chapeau ... son, chapeau …

Elle laissa d’un coup tomber le chapeau à terre, la pièce était sombre et froide, les bougies arrivaient en fin de vie …

Elle sortit à toutes jambes, bouleversée par ce qu’elle venait de vivre, imagination fertile se disait-elle, une fois le cimetière dépassé elle ralentit son allure et quand elle fût enfin calmée de sa course effrénée, elle entendit en adéquation avec le rythme saccadé de ses talons sur les pavés d’autres pas … Elle se retourna mais ne vit personne, quand elle entreprit de reprendre son chemin c’est nez à nez avec lui qu’elle tomba, sortant du cimetière …

Lui qu’elle avait cru imaginer quelques instants plus tôt, fidèle à sa vision, magnifique et arrogant, sensuel et élégant … Il posa son doigt sur ses lèvres pour la faire taire, elle retint son souffle, elle ne savait pas crier, ne pouvait pas fuir, n’avait pas envie de fuir … elle était sous le charme, qui était-il …
« Belle et imprudente enfant » dit-il, ses yeux verts pénétrèrent son âme et dans un sourire il dévoila ses canines acérées …
Elle n’arrivait pas à le craindre, elle restée fascinée, figée là sans un mot.
« Vous êtes venue à moi, vous m’avez éveillé, soyez maintenant ma cavalière pour le grand bal de l’éternité ».
Doucement il embrassa ses lèvres et glissant jusqu’à son cou il pénétra tendrement la chair se délectant de son sang parfumé … Elle enlaça son rêve vivant, lui offrant son âme et son cœur, livrant sa vie à sa vision qui se voulait d’éternité … Oui elle lui appartiendrait à jamais …

2 avril 2005
Dernière modification par Morwen le jeu. 15 mai 2008 à 15h35, modifié 1 fois.
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Message par Morwen » dim. 10 juin 2007 à 12h46

L'Elfe et le vampire

L’histoire d’un regard, d’un soupir. Une rencontre à la lune naissante, lorsque la nuit étend son manteau sombre sur le monde.

La faim se fait sentir, le tenaille et le tiraille … Beaucoup trop loin de la ville, la frénésie guette. Puis les sens en alerte il perçoit cette saveur étrange. Un être vivant, oui. Etancher sa soif.
Il se laisse guider par ses sens et débouche dans la clairière.

Méditation troublée, une présence … Elle le sent. Ses yeux scrutent la pénombre. Observée, angoissée … D’un geste lent elle se saisit de la dague à sa botte.
Le ruban glisse, libérant la cascade soyeuse de sa chevelure couleur du manteau nocturne.

Il hume l’air, l’observe. Une elfe … Si riche élixir sans doute. Décidé il pénètre la lumière laiteuse de la lune. Dévoilant sa silhouette fine et élégante. D’un part vif et décidé il s’approche, prêt à frapper.

Sa main serre fermement la dague, elle sursaute malgré elle … Puis pénètre son regard de jais de ses yeux de jade.

Il se laisse captiver, erreur fatale. Hypnose, symbiose … Elle a capturé son âme, le chasseur est devenu proie.

Silence oppressant … Les souffles s’accélèrent. Elle approche, arme au poing.
Sourire carnassier … Envoûté.
Pas un mot, pas un cri …

Le ballet commence, les âmes s’attirent et se repoussent, les corps se frôlent.
Danger.

D’une main ferme, sa taille enlacée. La dague tombe sans un bruit dans l’herbe perlée de rosée.
Souffle chaud contre son cou. Peur et désir, attirance et répulsion.

Elle pénètre les tréfonds de son âme. Aimanté, les effluves du cou le torturent mais c’est à ses lèvres qu’il cède. Arôme subtile …

La nuit décline, chassée par l’aube … Une dernière fois ses yeux dans les siens. Chasseur apprivoisé.

Sourire gracieux, le soleil bientôt.

Il a disparu. Seule au milieu de la clairière, elle médite.

24 novembre 2006
Dernière modification par Morwen le jeu. 15 mai 2008 à 15h38, modifié 1 fois.
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Message par Morwen » dim. 10 juin 2007 à 12h47

A l'ombre de la bataille

Les corps de ses compagnons mêlés à ceux de leurs adversaires gisaient au sol, démembrés, disloqués parfois même amputés … L’odeur de la mort flottait, lourde et écœurante comme celle d’un fruit trop mûr abandonné au soleil. Les corbeaux volaient déjà au-dessus du charnier, croassant à la vue du festin qui s’offrait à eux.

Lui seul avait survécu à l’embuscade, malgré sa blessure à la cuisse il avait trouvé le courage de se battre, tel un dragon enragé, il avait frappé et entaillé ses ennemis. Il avait cessé le combat ivre de joie d’avoir réduit à néant leurs assaillants mais la douleur vint vite le cueillir en constatant que le reste de son groupe avait faillit au combat.

Maintenant il était épuisé, le soleil était haut dans le ciel, brûlant sa peau déjà basanée. Il décida alors de se diriger vers la forêt, à la recherche d’un peu de fraîcheur et se disant qu’il lui faudrait se reposer à l’abri en attendant de pouvoir voyager jusqu’au château.
La forêt était fraîche, il marcha un moment pour se rendre prés de la rivière …

Il observa ses mains et son armure, poisseuses de sang … Dans un certain effort il ôta celles-ci, laissa également à terre sa cote de mailles et ses bottes, abandonnant ses braies pour entrer nu dans l’eau délicieusement froide du ruisseau.
Malgré le silence apaisant de la nature, il entendait toujours retentir dans sa tête les bruits du combat, le choc du fer contre le fer, les cris de rage et de douleur … les cris de peurs, les pleurs de douleur …
Il sortit de l’eau et se laissa tomber sur la berge, il pris sa tête entre ses mains … pleurant tout ce sang versé et ses amis perdus.

Lorsqu’il s’éveilla le soleil se couchait, une légère brise nocturne commençait à se lever léchant sa peau frissonnante.
Il allait se revêtir lorsqu’il l’aperçue avant de l’entendre, vision céleste d’un autre monde …

Elle était là dans la rivière, se baignant en chantonnant d’une voix cristalline … Sa peau était d’une blancheur extrême, elle brillait presque plus que les éclats du soleil couchant dans l’eau où elle se trouvait. Sa chevelure de feu descendait en cascade indomptable sur ses hanches, s’arrêtant au dessus de ses fesses hautes et rondes.
Il resta tapis dans l’herbe à l’observer … une elfe … jamais encore il n’avait eu à en rencontrer …
Jamais il n’avait vu femme aussi parfaite, des traits délicats … Ses yeux d’un vert intense donnaient à son visage une expression espiègle, un nez aquilin dominait des lèvres charnues d’un rose semblable aux framboises, sucrées et juteuses … Des seins hauts et fiers, pleins et généreux et une voix … la voix des anges …
Il était en extase, laissant un soupir s’échapper de ses lèvres tant le spectacle qui s’offrait à lui le subjuguait.

Elle se retourna d’un mouvement vif, le fixant elle tenta tant bien que mal de cacher de sa main la douce toison de feu entre ses cuisses, portant son autre main à sa poitrine.
« Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? »
Elle couru sur la berge et enfila sa robe moirée sans quitter l’homme des yeux.
Elle le fixa de son regard intense … « Répondez ! »

Il sortit de sa torpeur, prenant conscience de sa nudité.
« Je ne vous veux aucun mal, je … je, ils sont tous morts. » dit-il avant de s’écrouler à nouveau.

Elle aperçut la blessure à sa cuisse et sentit aux tréfonds de son être que cet homme venait de vivre quelque chose de terrible … Elle percevait des cris, de la douleur … et l’ombre de la mort.
Elle s’approcha de lui, s’asseyant dans l’herbe à ses côtés … Elle caressa son front, dégageant ses mèches brunes. Elle inspecta la plaie, fit une moue et se leva.
« Restez ici, je reviens »

La nuit n’eu pas le temps d’arriver qu’elle était à nouveau là. Dans ses mains, un bol et un petit pilon ainsi que de nombreuses herbes qu’il aurait été incapable de reconnaître. Elle semblait concocter un onguent, mêlant les plantes entre elles d’une manière experte.
« Ne bougez pas, je vais vous appliquer cela, l’entaille n’est pas profonde, je n’ai pas besoin de refermer la plaie mais elle risque de s’infecter et de rester douloureuse si nous n’agissons pas de suite. Cela va sans doute vous brûler, ce sont les plantes qui agissent pour cicatriser la lésion.»

Il la regarda faire, ses mains laiteuses contrastant sur son hâle … Infinie douceur, ses cheveux soyeux caressaient parfois son ventre lorsqu’elle se penchait un peu. Sa peau avait l’odeur de l’herbe fraîche … Il la regardait émerveillé, occultant la douleur qui le tenaillait. Elle enveloppa sa cuisse dans de grandes feuilles, liant le tout avec une sorte de liane.
Elle lui sourit lorsqu’elle aperçu la façon dont il la regardait …
« J’ai fait de mon mieux pour les blessures du corps mais il vous reste à guérir celle de votre âme et de votre cœur, là. » dit-elle en posant sa main sur son torse perlé de sueur.
« J’ai allumé un feu, il faut dormir maintenant. »

Elle se leva, récita quelques phrases en un dialecte inconnu.
« Un sort de protection. La forêt veillera sur vous cette nuit et vous n’aurez pas à craindre les bêtes sauvages. »
Il se releva un peu.
« Mais, qui êtes-vous ? Votre prénom ? »
Mais elle avait déjà disparue entre les arbres.
« Merci … » murmura-t-il

Elle resta à l’observer un instant, sa peau semblait de bronze à la lueur des flammes, ses cheveux raides et bruns tombaient sur ses épaules … Une mâchoire carrée, des lèvres fines mangées par un bouc à la mode guerrière … Des yeux noirs, qu’elle ne pourrait jamais oublier. Elle partit en courant à travers les bois.

L’astre du jour l’éveilla, le feu était éteint, ses vêtements qu’elle avait lavés dans la rivière avaient eu le temps de sécher, la journée était déjà avancée … Une biche s’abreuvait au ruisseau et partit en gambadant de l’autre côté de celui-ci.
Il pensait avoir tout rêvé, il alors porta la main à sa blessure, rencontrant les feuilles retenant le baume … Il n’avait pratiquement plus mal. Il s’habilla, regardant tout autour de lui, cherchant trace de sa déesse des bois … Rien … Elle n’avait même pas répondu à sa question mais pourtant il savait qu’elle se nommait Ilienda.

Alors, depuis cette bataille, chaque jour, au coucher du soleil, il se rendait dans la forêt, sur les berges de la rivière, caressant l’espoir de revoir un jour Ilienda qui lui avait volé son cœur.


19 juin 2005
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Message par Morwen » dim. 10 juin 2007 à 12h48

Fidèles larmes

Le sommeil ne vient pas, l’affichage digital du réveil indique 2h00 …
Ma main s’attarde un instant sur la place déserte à mes côtés, 3 semaines déjà, elles me semblent une éternité.
Ma tête me fait souffrir, j’ai encore trop pleuré … je me sens si vide …
Je décide de me lever, j’ajuste un peu ma nuisette de satin noir.
Je rejoins le salon, le feu crépite encore dans l’âtre et embaume l’air de son parfum spécifique.
J’approche de la fenêtre, le temps semble être en suspend, la lune est pleine cette nuit et la terre n’en n’est que plus sublimée encore, son blanc manteau scintillant sous la lumière spectrale.
Je me maudis de rester souvent là à espérer apercevoir les phares de sa voiture s’engager dans l’allée … il est partit, il me l’a dit, il ne reviendra pas.
Je voudrais m’arracher le cœur, je l’aime si fort …
Mes yeux s’emplissent de larmes, je frissonne malgré le feu de bois …

Je m’approche de la chaîne et la mets en route.
Mes yeux parcourent les différents CDs qui trônent sur l’étagère …
Celui-ci sera parfait, le voici en place et l’appareil se met en route.
Une voix claire et torturée emplit la maison, elle chante son amour perdu …

Je me dirige dans la salle de bain, j’aime toujours autant ce style marbre noir, même s’il est salissant …
Je rassemble quelques bougies parfumées que j’installe autour de la baignoire, j’ouvre le robinet, j’aime les bains brûlants.
Il me semble avoir encore quelques pétales de fleurs quelque part … je mets enfin la main sur le petit panier en osier, un mélange de fleurs blanches, délicieusement parfumé, j’en jette quelques poignées dans l’eau chaude, la vapeur emplit la pièce et l’odeur des fleurs n’en n’est que plus tenace, mêlée aux bougies à la cannelle.
J’entre dans l’eau et me laisse glisser au fond de la baignoire … je soupire, je n’ai pas allumé l’interrupteur, aucune envie de cette lumière froide et artificielle, j’observe les flammes des bougies vaciller, elles dansent lentement …
Je ferme les yeux un instant et son visage m’apparaît, nos moments complices, sa douceur, sa tendresse, son sourire et nos éclats de rire … Mes belles illusions et mes grands projets … Les larmes coulent encore, fidèles … Le premier regard, le premier baiser … Le parfum de sa peau, son grain sous mes doigts … Nos moments intimes, lorsque les corps ne font qu’un, notre amour sublimé, la fusion de nos êtres, le mélange des flux, le désir, le plaisir … Je l’aime encore, je l’aimerai toujours … Les larmes coulent encore, fidèles …
J’observe la lame tentatrice entre mes mains, mes doigts sont déjà fripés par l’eau brûlante.
Je respire profondément … soupire …
La chanteuse entame un solo à vous crever le cœur, les larmes coulent encore, fidèles …
Je laisse glisser la lame sur ma peau nue …
Oublie la douleur, tu as connu bien pire, qu’est-elle face à la douleur de ton âme, de ton cœur, au vide de ton existence … tu y as encore cru, idiote !
La lame pénètre tendrement la chair, la plaie se dessine sous mes yeux embrumés par les larmes.
Mes mouvements se répètent sur l’autre poignet … la lame tombe au fond de la baignoire.
L’eau brûlante se teint de rose … puis de rouge, les jolis fleurs blanches et odorantes deviennent pourpres …
La chanteuse pleure la mort de son amour, la vie me quitte, les larmes coulent encore, fidèles …

24 février 2005
Mais de blessures en écritures
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Message par Morwen » ven. 28 mars 2008 à 09h39

[ image externe ]


A 7h tapantes, le radio-réveil brisa le silence de la pièce.
« Un auto-stoppeur a été retrouvé ce matin sur la route…. »

D’un geste las, Justine arrêta la voix nasillarde de l’appareil.
« Quelle idiote … j’ai oublié de désarmer ce fichu réveil »

Elle soupira puis roula sur le côté afin d’essayer de se rendormir. Sa tête semblait lourde et son corps endolori.

Elle gémit puis se rappela les évènements du parc.
Justine s’occupait des loups dans le parc naturel départemental, celui-ci était en pleine forêt, il reprenait le système de la semi-liberté.
Elle était passionnée par le loup et travaillait là depuis bien 5 ans, elle y avait été embauchée à la fin de ses études.
Cette nuit là, elle était restée car Nala était prête à mettre bas, elle ne voulait pour rien au monde manquer l’événement et surtout être présente en cas de difficulté.
Le mâle alpha acceptait à présent Justine, non comme un membre de la meute mais elle était tolérée voire respectée par ses membres.
Orage et toute la meute semblaient nerveux, sans doute savaient-ils que de nouveaux membres allaient bientôt agrandir leurs rangs.

Dans la pénombre des sous-bois, Justine n’avait qu’une lampe pour éclairer la scène, les loups semblaient de plus en plus nerveux .. Le travail était bien entamé et Nala serait bien libérée de ses fardeaux à quatre pattes.
Les minutes s’écoulaient telles des heures et la tension se faisait bien présente, puis enfin, le premier louveteau vint au monde.

Nala mettait bas le troisième larron lorsque Orage se redressa, grognant et humant l’air. Certes le vieil alpha était caractériel mais Justine sentait qu’il se tramait quelque chose …Aucun bruit pourtant ne venait troubler le calme de la forêt et la jeune femme avait beau scruter la pénombre environnante elle ne remarqua rien et concentra à nouveau son attention sur la louve.

Soudain, un éclair de fourrure brun sombre passa près d’elle, d’un bond Orage s’était déplacé.
Justine n’a pas eu le temps de réaliser ce qui arrivait que la meute était aux abois. Un loup énorme à la fourrure longue, d’un brun intense se dressait face à l’alpha.
Son regard se posa sur Nala puis sur l’humaine, lorsqu’il tentait de les atteindre, Orage se jeta sur lui dans un grognement intimidateur ; cependant cet animal était si massif, ses mâchoires semblaient pouvoir fracasser les os de leur assaillant sans peine aucune.

Dans son demi sommeil, Justine gémissait, les larmes roulant sur ses joues rougies par la peur.

Terrorisée, elle ne pouvait détourner son regard de l’importante silhouette mettant Orage à mort.
Quand il en fût fini du vieil alpha, le loup s’approcha d’elle. Elle reprit ses esprits afin de protéger Nala et les petits, elle hurla encore et encore.
« Laisse nous ! Laisse nous ! Oh mon dieu Orage, Orage !!! »
La peur et les larmes marquaient son visage. L’animal la toisa un instant puis sauta sur elle.
Par réflexe elle se protégea la tête du bras et crû perdre connaissance lorsqu’elle senti ses crocs s’enfoncer dans sa chair.

Elle se souvient avoir hurlé de douleur et de terreur.

Lorsqu’elle revint à elle, l’aube pointait son nez et sa première pensée fût pour la louve et les petits.
Tous étaient en vie … Etrangement …
Le cadavre d’Orage gisait un peu plus loin et c’est Vairon, son frère, qui semblait avoir pris la tête de la meute.
Nala avait mis cinq louveteaux au monde.

C’est son collègue Roman qui la trouva là, il était venu tôt la rejoindre afin de voir les nouveaux nés, quelle ne fût pas sa stupeur de la découvrir à même le sol, un bras ensanglanté et le cadavre d’Orage non loin. Il la crû même morte un instant.

Justine avait dû raconter son histoire au directeur du parc, aux pompiers, au médecin et à moult personnes encore.
Elle avait l’impression qu’on la prenait pour une dingue mais pourtant … Elle ne l’a pas inventée cette touffe de poils bruns dans sa main !
Elle les avait arrachés à l’animal en tentant de se débattre mais on ne cessait de lui répéter que sans doute un chien errant l’avait attaquée.

« Comme si un chien errant aurait la folie de venir s’attaquer à des loups ! C’est vraiment n’importe quoi ! Il est vrai que je n’y connais rien en loups, bande d’idiots ! »

Suite à cet évènement on l’avait mise en vacances forcées afin qu’elle récupère de ses émotions et de sa blessure au bras.

La journée elle arrivait à penser à autre chose mais la nuit … La créature ne cessait de hanter ses rêves et hier c’était plus fort encore.
Elle se rappelait son rêve comme si elle l’avait vécu. Elle courait dans la forêt, ne sentait ni les broussailles, ni les branches sous ses pieds nus … Appréciant la fraîcheur de la nuit, humant la moindre odeur, fouillant du regard les fourrés et apercevant le moindre lièvre, le moindre son …

« Je deviens complètement barge »

Décidément, le sommeil ne reviendrait pas. Elle se redressa dans son lit, puis se leva péniblement, ne prenant même pas la peine d’ouvrir les volets.
Son appartement était dans la pénombre depuis six jours, il empestait le renfermé et le tabac froid.

Elle lança un CD dans le lecteur du salon.
]« Justine s'initie au secret
Une fleur dans la bouche
Elle entrevoit sa destinée
Justine qui se couche
Elle s'ennuie à trembler les sourds
Et compte les abattus du jour tout bas
Justine touche l'émoi
Justine obéit
Aurait elle trahi ou subi
Justine saignera
Une lueur rouge caresse son corps
Ce n'est rien juste qu'une petite mort
Et c'est ici que tout finira
Au paradis elle aura tout ce qu'elle voudra
Par ici plus personne ne sait couvrir ses plaies
Elle sacrifie toutes ses envies à l'infini
Elle dort comme un château hanté
Justine qui se doute qu'un prince viendra la réveiller
Justine qui attend
Elle deviendra ce qu'elle voudra
Une fée, un ange, n'importe quoi et c'est ici que tout finira
Au paradis, elle aura ce qu'elle voudra
Par ici plus personne ne sait couvrir ses plaies
Elle sacrifie toutes ses envies à l'infini
Et c'est ici que tout finira
Au paradis, elle aura ce qu'elle voudra
Elle deviendra ce qu'elle voudra
Là-bas une fée, un ange, n'importe quoi ce qu'elle voudra... »


« T’es bien gentil Nico mais cela fait un bail que je ne crois plus aux contes de fées, alors bon ton prince charmant et tutti quanti … »

Elle se dirigea vers la cuisine, mis le café en route et alluma une cigarette … Il semblait pleuvoir dehors, elle entrouvrit alors les volets pour profiter du spectacle se disant en prime que ça ne ferait pas de mal d’aérer l’appart qui sent bien moins bon que l’odeur de la terre après la pluie.

C’est alors que son regard balaya le sol, se fixant sur ses pieds. Ils étaient recouverts de boue, d’humus … une feuille morte y était encore accrochée.
Justine pinça les lèvres …
« Cette fois c’est la bonne, je suis complètement barge ! Je sais qu’il m’arrive de me laisser-aller mais l’hygiène corporelle ne manque jamais merde, je me suis douchée hier soir ! »

Contrariée et ayant l’impression de perdre la raison, Justine décida de se remettre en selle, elle ouvrit tous les volets, les fenêtres pour aérer.
Elle fila discrètement jusque la boîte aux lettres afin de lire le journal en buvant son café.

Enfin elle s’assied, dégustant son café brûlant elle crû halluciner en lisant les gros titres.
« Rambouillet : Un auto-stoppeur tué sauvagement par un animal sauvage
Un promeneur ce matin, trouva le cadavre déchiqueté d’un jeune homme.
Bastien, 16 ans, avait fugué depuis la veille, n’emportant avec lui qu’un peu de nourriture, il était facilement reconnaissable grâce à ce bandana rouge qu’il portait constamment autour du cou. C’est grâce à ce détail sur les avis de recherche que le promeneur l’a identifié, il portait encore son bandana, déchiqueté pendant l’attaque certainement.
On ignore encore quel animal a pu faire un tel carnage, la possibilité que ça puisse être un chien enragé a été écartée, les plaies sont trop profondes.
Nous n’ignorons pas la présence de loups dans le parc départemental, seulement aucune des clôtures ne semble avoir été endommagée et d’après les experts les loups de nos forêts ne pourraient causer de tels dégâts.
Une enquête est ouverte.
Si vous vivez dans la région et que vous avez aperçu n’importe quelle chose vous paraissant suspecte, n’hésitez pas à contacter la police.
»

Justine reposa sa tasse de café.
« Bah merde alors, mais c’est tout près d’ici, mais c’est mon loup ! Je ne suis pas dingue ! Il faut à tous prix que j’aille voir les flics. »

Elle fila sous la douche, passa dans sa chambre et s’habilla.
Les rideaux ouverts elle remarqua que ses draps étaient plein de boue, d’herbe et d’humus … Bien que n’y comprenant rien du tout, elle se décida à les mettre au sale, c’est ainsi qu’elle trouva parmi les draps un morceau d’étoffe déchirée …

Un morceau de bandana rouge …

Morwen, 23 janvier 2008
Mais de blessures en écritures
J’exalte mes douleurs, j’exorcise mes peurs
Sous l’œil de glace de mes angoisses