Victor

[Aiwa]

Ma famille habite un tout petit village dont le nom importe peu car il n’est composé que de ma famille et d’elle seule. C’est, en quelque sorte, un lieu-dit qui a pris le nom de la famille qui vit là, notamment celui de mon père, Milleperthuis.
Mes parents y vivent, mes frères y vivent, mes oncles, mes tantes, mes cousins dont le nombre est incertain tant ils sont nombreux…Nul ne connaît le nombre d’habitants mais si vous demandez après un Milleperthuis, je vous conseille de connaître du moins son prénom, sinon son surnom, car il est fort possible que dix personnes se présentent à vous.
Mon nom est Victor, Victor Milleperthuis mais, comme de bien entendu, je ne suis pas le seul Victor dans mon village, ce serait trop simple. On m’a surnommé « Le Magicien » mais ce surnom n’est pas, lui non plus, unique, loin de là. Mon grand-père s’appelle ainsi mais lui ce n’est pas Victor, non c’est juste Juste…oui Juste Milleperthuis, dit Juste le magicien.
Vous le connaissez ?
C’est lui qui m’a appris tout ce que je sais, au grand damne de mon père qui aurait tant aimé que je reprenne la ferme. Mais, hélas pour lui, j’avais un don qu’on ne pouvait ignorer –au vue du nombre de fois où j’ai déclenché des catastrophes telles l’incendie de la grange des Paterne, il y a de cela quelques années -et ma mère préféra, de loin, que mon grand-père prenne les choses en main plutôt que de voir le village se consumait, littéralement à petits feux au fil de mes maladresses.
Et puis hier arriva ce qui devait arriver…
Mes parents, mon grand-père, mes oncles, mes tantes, mes cousins cousines, en fin bref, le village a été convoqué dans la grande salle du village pour « parlementer ».
Tout le monde est là, même le petit dernier de la cousine Anna qui est né la semaine dernière, tous ….sauf mon père. Je le cherche du regard, tente en vain d’accrocher le regard de ma mère qui semble, justement fuir le mien…mes frères se sont assis à l’autre bout de la salle comme si j’étais devenu un paria.
Je ne comprends pas.
Que se passe-t-il ?
Puis entre une personne que je ne connais pas.
Elle est belle à en couper le souffle, sa couleur de peau est loin d’être claire, ce qui la rend encore plus éblouissante et d’autant plus mystérieuse. Son port de tête fait penser à celui d’une reine si tant est que je connaisse une reine, elle me regarde…j’en rougis…Quel imbécile, je fais !!! Elle parle, je suis suspendu à ses lèvres…
-Bonjour, je suis Morathi, des Corsaires de Sirius.
Murmure dans la salle….
-Je sais que vous ne me connaissez pas, mais moi, je vous connais, du moins Juste Milleperthuis dit Juste le Magicien.
Je regarde mon grand-père qui acquiesce avec un sourire malicieux.
Que me cache-t-il ?
-Je suis venue en ce village pour chercher une personne, qui, même si elle ne le sait pas pour l’instant, a une valeur inestimable pour les miens.
Je sais que vous vous demandez de quel droit je me permets de disposer ainsi de l’un des vôtres mais l’un d’entre vous, son grand-père, notamment, et tous les regards se tournèrent vers l’aïeul, nous a beaucoup aidé à une époque où les Silmarils, mon alliance, étaient dans l’embarras et étaient menacés. C’est grâce à son dévouement et à sa loyauté, que notre Alliance a su survivre et croître, nous ne serons jamais assez reconnaissants envers lui et je l’en remercie encore aujourd’hui. Sur ce, elle lui adresse un magnifique sourire qui en aurait fait rougir plus d’un …Et mon grand-père, de lui lancer un clin d’œil !! Je n’en crois pas mes yeux.
J’ose espérer que vous me pardonnerez mon outrecuidance et que vous comprendrez ma requête.
Morathi se tourna alors vers moi et sans un mot m’invita à la suivre.
Je regardai ma famille, mon grand-père qui me répondit avec un regard confiant qui disait :
« Fonce, petit c’est la chance de ta vie… »ma mère sembla détourner le regard pour ne pas me montrer qu’elle pleurait, je respectais sa pudeur, mon père, quant à lui, arriva juste au moment où Morathi m’invitait à la suivre, il ne laissa rien transparaître et je lui en fus gré.
Sans plus attendre, et sans rien prendre avec moi, c’est ainsi que je quittai mon village et suivis Morathi sans mot dire…
A suivre…