Oceane

[Siegfried]

- Yionis ! Yionis, attends-moi !

La petite naine en question, Yionis, lui sourit, silencieuse.

- S’il te plait Yionis ! ‘me laisse pas !

Elle se retourne, et s’en va doucement.

- Yionis… ! Non… ! YIONIIIIIIIIS !


Une naine se réveille en sursaut, puis restant ainsi quelques secondes le temps de prendre conscience d’où elle était, elle descend de son lit, et se dirige vers la fenêtre. Le ciel est encore sombre, elle observe la pleine lune.

Elle est vêtue d’une robe de nuit faite pour elle, ses cheveux d’un rouge bordeaux, sont ornés de deux couettes.

- Encore ce cauchemar…

A ce moment entrent ses parents. En ce qui concerne leur physique, ils n’ont rien à envier à quelconque nain, et la traditionnelle barbe est présente sur le visage de son père, tressée.

- Qu’y a-t-il ma chérie ?

La naine se retourne et se blottit dans les bras de sa mère en commençant à pleurer.

- Maman… Maman dis moi pourquoi elle est partie Yionis… ? Elle m’aimait plus ?
- Oceane, mon petit cœur…, dit-elle en lui essuyant les larmes. Je suis sûre qu’elle t’aime encore, là où elle est.
- Mais pourquoi… Pourquoi elle… ? Elle était jeune, et c’était ma copine…

A ces mots, le père s’avança et posa une main sur l’épaule de sa fille :

- Ecoute Oceane… Je pense qu’il y a quelque chose que tu dois savoir…

Son père respira un bon coup, et lui raconta la véritable histoire… Yionis n’était pas morte lors de l’éboulement. Elle n’y était pas. Seuls ses parents étaient présents sur les lieux… Cette dernière, se retrouvant orpheline, avait été adoptée alors par une sombre qui depuis quelques temps habitait avec sa famille…

Oceane resta silencieuse, écarquillant légèrement les yeux.

- Je suis désolé, mon petit ange… Mais comme vous étiez très bonnes amies… nous ne voulions pas te dire qu’elle était partie… En plus, elle venait de perdre ses parents… si elle t’avait dit « Au revoir », elle aurait perdu une personne de plus… Nous avons pensé que c’était mieux ainsi… Pardonne-nous ma chérie…

Le père ne put s’empêcher de laisser couler quelques larmes qui vinrent humidifier légèrement sa longue barbe, qu’il essuya rapidement. C’est alors que, contre toute attente, Oceane fit un large sourire.

- Yionis… n’est pas… morte ?
- Non ma puce… Elle est sûrement quelque part sur ces terres…, lui répondit sa mère, étonnée.

La fille se retira rapidement des bras de sa mère, et se mit à valser rapidement de droite à gauche dans la maison, portant toujours de plus en plus d’objets qu’elle déposait sur son lit.

- Une pioche, des bottes, des vêtements, une petite bourse, une plume, des feuilles, du pain, un peigne, une poêle… Oceane, ma chérie… Que fais-tu… ?

La petite répondit vivement :

- Bah, c’est facile ! Je vais retrouver Yionis !
- PARDON ? Non mais oh ! Au lit jeune fille !
- Mais Papaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
- AU LIT !

Oceane fronça les sourcils, rangea le tout dans le sac qu’elle avait sorti au préalable, et le posa au pied de son lit, puis se remit dans son lit, se couvrant totalement de sa couverture.

- Hmmm hm…
- Quoi ?
- HMMM HM…
- Que dis tu ma chérie ?

Cette dernière fit dépasser sa tête de la couverture :

- J’ai dit : Bonne nuit !
- Bonne nuit, lui répondit sa mère en riant.

Ils sortirent de sa chambre et retournèrent se coucher. Oceane attendit une heure ainsi - cette heure lui sembla interminable – et elle sortit doucement ensuite de son lit pour s’habiller. Le soleil commençait gentiment à se montrer. Elle alla écrire une lettre qu’elle déposa soigneusement sur son lit, et prenant son sac, elle sortit par la fenêtre en marmonnant :

- Comme si j’allais rester là moi… Pour qui ils se pre…euh….Aah….AAAAH !

La petite venait de trébucher, et était tombée depuis l’étage de sa chambre juste devant la porte d’entrée, provoquant un grand brouhaha à cause des objets qu’elle emmenait…

- Aie aie aie…, dit-elle en se frottant les cheveux d’une main, les larmes aux yeux.

Elle entendit alors ses parents se réveiller, et ramassa rapidement les quelques affaires qui étaient tombées.

- ‘Faut pas que je me fasse prendre !

Elle courut rapidement, d’un air ridicule à cause de ses affaires sous ses bras, son sac rempli pleinement, et les larmes encore aux yeux, son visage crispé.

A cause du boucan qu’elle avait causé, ses parents tombèrent rapidement sur la lettre suivante :

« Papa, Maman,
Je sais que vous allez être en colère, mais si vous lisez cette lettre, c’est que je ne suis plus là ! Je suis désolée d’être partie discrètement, mais je veux retrouver ma copine. C’est comme ma sœur… Je croyais qu’elle était morte, moi !

Je comprendrai que vous soyez en colère… mais pas trop hein ?...

J’enverrai de l’argent à la maison, vu que je ne serai plus là pour t’aider Papa, promis !

Je vous aime.

Votre petite fille,
Oceane. »

Son père soupira et dit :

- Tu vois, je t’avais bien dit qu’elle partirait.
- Oui, aussi discrètement que toi… on sait de qui elle tient son caractère au moins, dit elle en riant.
- Et c’est bien pour cela qu’elle ferait une artisane très douée !

Ils rirent et descendirent à la cuisine.

- C’est pas tout… mais c’est le matin… et avant de me mettre au boulot… une bonne boisson s’impose !